Contes d’Aventures

Contes d’Aventures

de Sir Arthur Conan Doyle
LES DÉBUTS DU BIMBASHI JOYCE

Titre original :The Debut of Bimbashi Joyce (1900).

Ceci se passait à l’époque où la marée du mahdisme qui avait balayé les grands lacs et le Darfour jusqu’aux confins de l’Égypte commençait enfin à être étale, et même à montrer des signes de reflux. Terrible à son origine, elle avait englouti l’armée de Hick, pris Khartoum, où Gordon trouva la mort,roulé sur les arrières des troupes anglaises pendant qu’elles se repliaient en descendant le fleuve, et projeté des rezzous jusqu’à Assouan au nord. Puis elle avait atteint d’autres buts à l’est et à l’ouest, vers l’Afrique centrale et l’Abyssinie, avant de se retirer légèrement sur le flanc de l’Égypte. Une accalmie dura dix ans. Les garnisons de la frontière se contentèrent de surveiller de loin les collines bleutées du Dongola. Derrière les brumes violettes qui les coiffaient s’étendait un pays de sang et d’horreurs. De temps à autre, un aventurier tenté par le caoutchouc et l’ivoire se hasardait vers le sud en direction de ces montagnes ; aucun n’en revint jamais. Une fois, un Égyptien mutilé, une autre fois une Grecque, tous deux fous de soif et de terreur, parvinrent jusqu’aux avant-postes, ce furent les seuls rescapés de cette région de ténèbres. Parfois, le soleil couchant transformait les brumes lointaines en un nuage cramoisi, les sommets sombres se posaient sur lui comme des îles sur une mer de sang. Ce paysage du ciel méridional semblait sinistre aux occupants des forts de Ouadi Halfa, tout proches.

Après dix années de convoitise à Khartoum etde travail silencieux au Caire, la civilisation pouvait repartir enexcursion vers le sud dans un convoi militaire, comme elle lefaisait volontiers. Tout était prêt, jusqu’au dernier bât dudernier chameau. Et pourtant personne ne le soupçonnait, tant sontréels les avantages d’un gouvernement inconstitutionnel. Un grandadministrateur avait discuté, prévu, convaincu ; un grandsoldat avait tout organisé en faisant faire aux piastres le travailde la livre. Un soir, ces deux hommes éminents avaient tenu uneconférence, après une poignée de main, le soldat avait disparu pourune tâche de son ressort. Au lendemain de ce départ, le bimbashiHilary Joyce, détaché du Royal Mallows et temporairement affecté au9e soudanais, fit sa première apparition au Caire.

Napoléon avait dit, et Hilary Joyce l’avaitnoté, que c’était seulement en Orient que s’établissaient lesgrandes réputations. Il se trouvait donc en Orient, avec quatremalles en fer-blanc, un sabre, un revolver et un exemplaire del’Introduction à l’Étude de l’Arabe de Green. Avec cebagage et le sang de la jeunesse qui bouillonnait dans ses veines,tout paraissait facile. Il avait un peu peur du général ; ilavait entendu parler de sa sévérité envers les jeunes officiersmais il espérait qu’avec du tact et de la souplesse il s’entirerait. Aussi, ayant laissé ses bagages à l’Hôtel Shepheard, ilalla se présenter au quartier général.

Ce ne fut pas le général qui le reçut,puisqu’il était parti, mais le chef du service des renseignements.Hilary Joyce se trouva en présence d’un officier petit et gros,dont la voix aimable et l’expression placide masquaient uneintelligence remarquablement alerte et un tempérament pleind’énergie. Avec son sourire tranquille et ses manières candides, ilavait mis dans sa poche des Orientaux très malins. Tenant unecigarette entre ses doigts, il dévisagea le nouvel arrivant.

– J’ai su que vous étiez arrivé. Désolé que legénéral ne soit pas ici pour vous recevoir. Il est allé à lafrontière, vous savez.

– Mon régiment est à Ouadi Halfa. Je suppose,monsieur, que je dois le rejoindre immédiatement ?

– Non. J’ai des ordres pour vous…

Il se dirigea vers une carte murale et indiquaun point du bout de sa cigarette.

« Vous voyez cet endroit ? C’estl’oasis de Kurkur, un peu calme, j’en ai peur, mais l’air y estexcellent. Vous allez vous y rendre le plus vite possible. Vous ytrouverez une compagnie du 9e et un demi-escadron decavalerie. Vous en prendrez le commandement.

Hilary Joyce regarda le nom imprimé àl’intersection de deux lignes noires ; il n’y avait pasd’autre point sur la carte à moins de plusieurs centimètres.

– C’est un village, monsieur ?

– Non. Un puits. L’eau n’y est pas fameuse,mais vous vous y habituerez vite. C’est un poste important, à lajonction de deux routes de caravanes. Certes, toutes les routessont maintenant fermées, mais on ne sait jamais.

– Nous sommes là, je pense, pour empêcher lesrazzias ?

– De vous à moi, il n’y a vraiment rien àrazzier. Vous êtes là pour intercepter des messagers. Ilss’arrêtent obligatoirement aux puits. Naturellement, vous ne faitesqu’arriver, mais vous en savez déjà assez, je suppose, sur l’étatdu pays pour ne pas ignorer qu’un certain mécontentement se faitjour, et que le calife essaie de se maintenir en rapport avec sespartisans. D’autre part, Senoussi habite par là…

Il déplaça sa cigarette vers l’ouest.

« Il est donc possible que le calife luidépêche des messagers par cette route. De toute manière, votredevoir consiste à arrêter tout voyageur et à lui tirer les vers dunez avant de le relâcher. Vous ne parlez pas arabe,probablement ?

– Je suis en train de l’apprendre,monsieur.

– Bien, bien ! Vous aurez le temps del’étudier à fond. Vous bénéficierez du concours d’un officierindigène, Ali je ne sais quoi, qui parle anglais et qui vousservira d’interprète. Voilà. Au revoir. Je dirai au général quevous vous êtes présenté ici. Rejoignez votre poste sans perdre uneheure.

Chemin de fer jusqu’à Baliani. Bateau postejusqu’à Assouan. Deux jours à dos de chameau dans le désert deLibye avec un guide et trois chameaux insupportablement lents. Letroisième soir cependant, du sommet d’une colline noire comme uncrassier qui s’appelait Jebel Kurkur, Hilary Joyce aperçut unepalmeraie, et il se dit que cette tache verte et fraîche dans undécor de noirs et de jaunes était le plus bel effet de couleursqu’il eût jamais vu. Une heure plus tard, il pénétra dans lecampement, la garde lui rendit les honneurs, son adjoint indigènele salua en un anglais excellent. Tout allait bien.

Pour une résidence de longue durée, l’endroitne prêtait guère à rire. Une sorte de grande cuvette herbeusedescendait vers trois fosses d’eau brune et saumâtre. La palmeraieétait très belle à regarder, mais assez désolante si l’on songeaitque la nature avait disposé ses arbres les moins feuillus là oùl’ombre était le plus nécessaire. Un acacia, unique en son genre etassez ample, faisait ce qu’il pouvait pour rétablir un justeéquilibre. Pendant la grande chaleur, Hilary Joyce sommeillait,quand la fraîcheur tombait, il passait en revue ses Soudanais. Ilsavaient des épaules carrées, des mollets de coq, un visage noir etjoyeux, et ils étaient coiffés d’un petit bonnet de police aplatien rond. Joyce, à l’exercice, se montra à cheval sur la discipline,mais les Noirs aimaient faire l’exercice, et ils adoptèrent leurbimbashi avec enthousiasme. Hélas ! les jours se suivaient etse ressemblaient ! Le temps, le paysage, les occupations, lanourriture ne comportaient aucune variante. Au bout de troissemaines, Joyce eut l’impression qu’il était là depuis quantitéd’années. Enfin un événement exceptionnel se produisit.

Un soir, alors que le soleil déclinait, HilaryJoyce monta à cheval et sortit sur la vieille piste des caravanes.Elle le fascinait, cette route étroite qui serpentait parmi degrosses pierres, car il se rappelait avoir vu sur la carte qu’ellese prolongeait jusqu’au cœur inconnu de l’Afrique. D’innombrablespattes de chameaux s’y étaient doucement appuyées au cours dessiècles, maintenant encore, inutilisée et abandonnée, ellecontinuait de s’étirer, large d’un pied mais longue peut-être detrois mille kilomètres. Joyce était en train de se demander depuiscombien de temps elle n’avait pas été fréquentée par un voyageur duSud quand il leva les yeux et vit un homme s’avancer vers lui.

Pendant quelques secondes, Joyce crut qu’ils’agissait de l’un de ses soldats, mais un examen plus attentif ledétrompa. L’inconnu était vêtu de la robe flottante des Arabes etnon de l’uniforme kaki des militaires. Il était de haute stature,avec son turban il avait l’air d’un géant. Il marchait d’un pasrapide et il levait la tête comme un homme qui n’avait rien àcraindre.

Qui pouvait être ce géant formidablesurgissant de l’inconnu ? Peut-être le précurseur d’une hordede sauvages. Et d’où venait-il ? Le puits le plus proche étaitsitué à plus de cent cinquante kilomètres de là. En aucun cas leposte frontière de Kurkur ne pouvait s’offrir le luxe d’accueillirdes hôtes d’occasion. Hilary Joyce fit pivoter son cheval, galopavers le camp et donna l’alerte. Puis, suivi de vingt cavaliers, ilressortit en reconnaissance.

L’homme continua d’avancer, en dépit de cespréparatifs hostiles. Il hésita un moment quand il aperçut lacavalerie, mais comme il n’avait aucune chance de lui échapper, ilalla au-devant de l’escouade, faisant contre mauvaise fortune boncœur. Il n’offrit aucune résistance et ne protesta pas quand lesmains de deux soldats se posèrent sur ses épaules, il marchatranquillement entre les cavaliers qui l’emmenèrent au camp. Despatrouilles rentrèrent peu après, elles n’avaient trouvé nulletrace de derviches. L’homme était un isolé. À une certaine distancede la piste, elles avaient découvert le cadavre d’un magnifiquechameau trotteur. Le mystère de l’arrivée de l’inconnu s’expliquaitainsi. Mais pourquoi voyageait-il ? D’où venait-il ?Telles étaient les questions auxquelles un officier zélé devaittrouver une réponse.

Hilary Joyce fut déçu quand il apprit qu’iln’y avait pas de derviches dans les environs. Une petite actionmilitaire menée dans son secteur aurait constitué pour luid’excellents débuts dans l’armée égyptienne. Mais, en tout état decause, il tenait une splendide occasion d’impressionner sessupérieurs. Il allait montrer ses capacités au chef du service desrenseignements, et plus encore à ce général sévère qui n’oubliaitjamais un succès mais qui ne pardonnait jamais une faiblesse. Larobe et l’allure du prisonnier attestaient qu’il était unpersonnage d’importance. Des vagabonds ne voyagent pas à dos d’unchameau trotteur de pure race. Joyce s’inonda la tête d’eau froide,but une tasse de café fort, se coiffa d’un tarbouche imposant, etse constitua lui-même en tribunal à l’ombre de l’acacia.

Il aurait aimé que les siens le vissent,encadré par deux plantons noirs, avec son officier indigène à côtéde lui. Il s’assit derrière une table du camp, il ordonna que leprisonnier, sous bonne garde, lui fût amené. L’Arabe était belhomme ; il avait de hardis yeux gris et une longue barbenoire.

– Comment ! s’exclama Joyce. Ce bandit mefait de l’œil ?

Une contraction bizarre avait traversé levisage du prisonnier, mais si rapidement qu’il pouvait s’agir d’untic nerveux. À présent, il personnifiait la gravité orientale.

« Demandez-lui qui il est, et ce qu’ilvient faire par ici.

L’officier indigène traduisit ces questionsmais l’inconnu ne répondit rien. Simplement la même petitecontraction passa encore une fois sur sa figure.

« Voilà bien ma chance ! s’écriaJoyce. Je suis tombé sur le plus impudent des Arabes ! Il mefait de l’œil, décidément ! Qui es-tu, bandit ? Dis-nousqui tu es ! Entends-tu ?

Mais le grand Arabe était aussi imperméable àl’anglais qu’à l’arabe. L’Égyptien essaya à plusieurs reprises dele faire parler. Le prisonnier regardait Joyce avec des yeuximpénétrables ; par intermittence, un spasme déformait sestraits ; mais il n’ouvrit pas la bouche. Stupéfait, lebimbashi se gratta la tête.

« Voyons ! Mahomet Ali, il faut quenous tirions quelque chose de ce gaillard. Vous m’avez dit qu’iln’avait pas de papiers sur lui ?

– Aucun papier, monsieur.

– Aucun indice quelconque ?

– Il vient de loin, monsieur. Un chameautrotteur ne meurt pas facilement. Il vient au moins du Dongola.

– Il faut que nous le fassions parler.

– Peut-être est-il sourd et muet ?

– Certainement pas. Il n’a rien d’un hommeaccablé d’infirmités.

– Vous pourriez l’envoyer à Assouan.

– Et reporter sur un autre le crédit del’affaire ? Non, merci ! Cet oiseau-là m’appartient. Maiscomment l’aiderons-nous à trouver sa langue ?

Les yeux sombres de l’Égyptien firent le tourdu campement et s’arrêtèrent sur le feu du cuisinier.

– Peut-être, dit-il, si le bimbashi yconsent…

Il désigna successivement le prisonnier et lebois qui brûlait.

– Non, voyons ! Non, par Jupiter, ceserait aller trop loin !

– Rien qu’un petit peu…

– Non. Ici cela passerait encore, mais quellehistoire si la presse l’apprenait ! Par exemple, nouspourrions lui faire un peu peur. Il n’y aurait aucun mal àcela.

– Non, monsieur.

– Dites aux plantons de défaire sa gandoura.Donnez des ordres pour faire rougir à blanc un fer à cheval.

Le prisonnier assista à ces préparatifs avecun visage plus amusé qu’apeuré. Il ne sourcilla pas quand lesergent noir s’approcha avec le fer brûlant tenu sur deuxbaïonnettes.

– Parleras-tu, maintenant… cria férocement lebimbashi.

Le prisonnier sourit avec infiniment degentillesse et se frappa la barbe.

–… Oh ! retirez-moi ce fer àcheval ! soupira Joyce. Ce n’est pas la peine d’essayer debluffer un type pareil. Il sait que nous ne le torturerons pas.Mais je peux le fustiger d’importance, et je le ferai. Dites-lui dema part que si demain matin il n’a pas retrouvé sa langue, je luipèlerai le dos, aussi sûr que je m’appelle Joyce !… Vous lelui avez dit ?

– Oui, monsieur.

– Eh bien ! dors là-dessus, monbonhomme ! Et tâche de faire de beaux rêves !

Il leva l’audience. Le prisonnier, toujoursaussi imperturbable, fut convié par ses gardes à prendre un plat deriz à l’eau.

Hilary Joyce avait bon cœur. Il dormit mal. Laperspective de la punition qu’il avait juré d’infliger le lendemaintroubla son sommeil. Il espérait que la vue du chat à neuf queuesprévaudrait sur l’obstination du prisonnier. Ce châtiment neserait-il pas terriblement choquant pour le cas où l’Arabe, aprèstout, serait muet ? Il en envisagea l’hypothèse avec beaucoupde sérieux, et, au moment où il décidait de l’envoyer préalablementà Assouan, Ali Mahomet se précipita dans sa tente.

– Monsieur ! s’écria-t-il. Le prisonniers’est évadé !

– Évadé ?

– Oui, monsieur. Et votre meilleur chameautrotteur a disparu. Il a fendu la toile de tente ; il s’estfaufilé par là au petit matin.

Le bimbashi réagit énergiquement. Desdétachements de cavalerie s’élancèrent sur les diversespistes ; des éclaireurs examinèrent le sable pour déceler destraces du fugitif, mais tout se révéla inutile. L’Arabe s’étaitvolatilisé. Le cœur gros, Hilary Joyce écrivit un rapport officielsur l’affaire et le fit parvenir à Assouan. Cinq jours plus tard,il reçut du général un ordre bref d’avoir à se présenter auquartier général. Il redouta le pire, car son chef ne badinait passur les principes.

Ses pressentiments se réalisèrent le soir deson arrivée. Derrière une table encombrée de papiers et de cartes,le célèbre général et son chef du service des renseignementsétaient plongés dans des calculs et des plans. Leur accueil futplutôt frais.

– Je crois, capitaine Joyce, commença legénéral, que vous avez laissé un prisonnier très important glisserentre vos doigts.

– Je le regrette, monsieur.

– Bien entendu. Mais vos regrets ne réparentrien. Aviez-vous tiré quelque chose de lui avant sonévasion ?

– Non, monsieur.

– Comment cela ?

– Je n’ai pas pu le faire parler,monsieur.

– Avez-vous essayé ?

– Oui, monsieur. J’ai fait tout ce que j’aipu.

– C’est-à-dire ?

– Eh bien ! monsieur, j’ai menacé d’userde contrainte physique.

– Qu’a-t-il dit alors ?

– Il n’a rien dit.

– À quoi ressemblait-il ?

– C’était un homme de grande taille, monsieur.Un tempérament de fanatique, je pense.

– Aucun indice qui nous permette del’identifier ?

– Une grande barbe noire, monsieur. Des yeuxgris. Et un tic nerveux.

– Eh bien ! capitaine Joyce, dit legénéral de sa voix sévère et inflexible, je ne peux pas vousféliciter de votre premier exploit dans l’armée égyptienne. Vousn’êtes pas sans savoir que les officiers anglais qui servent danscette armée sont tous des sujets d’élite. L’armée anglaise entièreest à ma disposition pour que j’y puise les meilleurs. Il est doncindispensable que j’obtienne de mes subordonnés un maximumd’efficacité. Je commettrais une injustice à l’égard des autres sije fermais les yeux sur un manque évident de zèle oud’intelligence. Vous êtes détaché des Royal Mallows, m’a-t-ondit ?

– Oui, monsieur.

– Je pense que votre colonel sera heureux devous récupérer dans son unité…

Hilary Joyce avait le cœur trop lourd pourparler. Il se tut.

– Je vous ferai connaître ma décisiondéfinitive demain matin…

Joyce salua et pivota sur ses talons.

– Eh bien ! dors là-dessus, monbonhomme ! Et tâche de faire de beaux rêves !

Joyce se retourna, stupéfait. Où avait-ilentendu ces mots-là ? Qui les avait prononcés ?

Le général s’était levé. Il riait. Et le chefdu service des renseignements riait également. Joyce contempla,ahuri, la haute stature du général, les yeux gris…

– Mon Dieu ! balbutia-t-il.

– Allons, capitaine Joyce, nous voilàquittes ! dit le général, en lui tendant la main. Vous m’avezfait passer dix mauvaises minutes avec votre fer à cheval rougi àblanc. Je vous les ai rendues. Je ne crois pas que nous puissionsnous priver si tôt de vos services et vous expédier aux RoyalMallows avant quelque temps.

– Mais, monsieur ! Mais…

– Moins vous me poserez de questions, mieuxcela vaudra. Mais naturellement vous devez être assez étonné.J’avais une petite affaire personnelle en train de l’autre côté dela frontière. Il fallait que j’y aille moi-même. J’y suis allé, etje suis revenu en passant par votre poste. Je n’ai pas cessé decligner de l’œil pour vous faire comprendre que je désirais vousparler seul à seul.

– Oui. Je commence à deviner.

– Je ne pouvais pas me trahir devant tous cesNoirs. Autrement, je n’aurais plus jamais pu me resservir de mafausse barbe et de ma gandoura. Vous m’avez placé dans unesituation très délicate. Finalement, j’ai pu dire deux mots en têteà tête avec votre officier égyptien, il a parfaitement manigancémon évasion.

– Lui ! Mahomet Ali !

– Je lui avais donné l’ordre de ne rien vousdire. J’avais un compte à régler avec vous. Mais nous dînons à huitheures, capitaine Joyce. Nous menons ici une existence frugale,néanmoins je pense pouvoir vous offrir un repas un peu plusabondant que celui que vous m’avez offert à Kurkur.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer