Enfances célèbres

Enfances célèbres

de Louise Colet

Partie 1
PRÉFACE

C’est un des privilèges des hommes de génie de faire participer leurs ancêtres et leurs descendants à l’intérêt qu’ils inspirent ; on aime à remonter aux sources de ces grandes intelligences et à pressentir leur venue. On se plaît à ensuivre le courant, à savoir si les fils ont dignement continué le père, ou si rien de vivant n’est resté de ces races fameuses.

La famille contemporaine des hommes illustres éveille toujours notre curiosité ; nous voulons connaître le père et la mère de l’enfant prédestiné ; il nous est doux de nous initier aux scènes de sa jeunesse, de le voir aimé par une sœur ou par un frère, et nous donnons nous-mêmes aux parents qui le chérissent une part de notre admiration et de notre sympathie.

En offrant à nos lecteurs certains traits dramatiques ou touchants de l’enfance de quelques hommes célèbres,il nous a semblé que nous éveillerons dans de jeunes esprits le désir de connaître les travaux ou les nobles actions de ces vies glorieuses, d’en rechercher les détails dans l’histoire et d’étendre la connaissance d’un fait isolé à l’ensemble d’une carrière. Une lecture amusante deviendrait ainsi pour les enfants le début d’une instruction solide et variée, où ils trouveraient à la fois des exemples et un attrait.

Partie 2
PIC DE LA MIRANDOLE

NOTICE SUR PIC DE LA MIRANDOLE.

Jean Pic de La Mirandole, enfant, célèbre etsavant universel, descendait de François Pic de La Mirandole, quifut podestat de Modène, en 1312, et chef du parti gibelin. Ilnaquit à la Mirandole, en 1463. C’était le troisième fils deJean-François, seigneur de La Mirandole et comte de Concordia. Ilpassait, à dix ans, pour le poëte et l’orateur le plus distingué detoute l’Italie. Sa mère, persuadée que la Providence avait des vuessur lui, ne voulut céder à personne le soin de sa premièreéducation, dont elle se chargea elle-même. Elle le confia ensuiteaux maîtres les plus habiles, sous lesquels il fit de rapidesprogrès. À quatorze ans, il alla étudier le droit canon à Bologne,puis passa sept ans à parcourir les plus célèbres universités de laPéninsule et de la France. Revenu à Rome, en 1486, il publia uneliste de neuf cents propositions sur tout ce qu’on pouvaitsavoir (De omni re scibili), et il s’engagea à les soutenirpubliquement contre quiconque voudrait les attaquer ; maisquelques hauts personnages, jaloux de la réputation que cettepublication lui avait acquise, lui firent défendre toute discussionpublique, et déférèrent au pape plusieurs de ses propositions, quifurent condamnées. Il retourna alors en France, puis se retira àFlorence, où il mourut en 1494, le jour même de l’entrée deCharles VIII dans cette ville.

L’illustration de cette famille, qui avaitcommencé lors des guerres des Guelfes et des Gibelins, dans lapremière partie du seizième siècle, prit fin en 1688, époque àlaquelle Marie, le dernier des ducs de La Mirandole, fut dépouilléde ses États par l’empereur Joseph Ier, et seretira en France, où ses descendants existent peut-être encore.

La dernière et la plus complète édition desœuvres de Jean Pic de La Mirandole est celle de Bâle, en seizevolumes in-folio.

Son neveu Pic, qui a écrit son histoire,prétend qu’au moment de sa naissance on vit des tourbillons deflammes s’arrêter au-dessus de la chambre à coucher de sa mère,puis s’évanouir aussitôt. « Ce phénomène, dit-il, eut lieusans doute pour prouver que son intelligence brillerait comme cesflammes, et que lui serait semblable à ce feu ; qu’ilparaîtrait pour disparaître bientôt, et étonnerait le monde parl’excellence et l’éclat de son génie ; que son éloquenceserait des traits de flamme qui célébreraient le Dieu deschrétiens, qui lui-même est le véritable feu inspirateur. On aremarqué, en effet, qu’à la naissance ou à la mort des hommesdoctes et saints, des signes extraordinaires se sont produits pourindiquer que c’étaient des créatures à part, qu’il y avait en euxquelque chose de divin, et qu’ils étaient destinés à de grandeschoses. Pour n’en pas citer d’autres, je ne parlerai que du grandsaint Ambroise. Un essaim d’abeilles se posa sur sa bouche, s’yintroduisit, et en sortant aussitôt, s’envola au plus haut desairs, se cacha dans les nues, et disparut aux yeux de ses parentset de tous ceux qui étaient présents à ce spectacle. »

Nous citons ce fragment sans attacher nicréance ni importance au phénomène dont il est question, maisseulement pour donner une idée de l’opinion qu’avaient sur lui lescontemporains de Pic de La Mirandole.

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