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PAR tout le champ ceux de France mettent piedà terre : plus de cent mille s’adoubent à la fois. Ils ont deséquipements à leur gré, des chevaux vifs, et leurs armes sontbelles. Puis, ils se mettent en selle [… ] Si l’heure en vient, ilscomptent soutenir la bataille. Leurs gonfanons pendent jusqu’àtoucher les heaumes. Quand Charles voit leur contenance si belle,il appelle Jozeran de Provence, Naimes le duc, Antelme deMayence : « Sur de tels vaillants on doit se reposer.Bien fou qui, au milieu d’eux, se tourmente ! Si les Arabes nerenoncent pas à venir, je leur vendrai cher, je crois, la mort deRoland. » Le duc Naimes répond : « Que Dieu nousl’accorde ! »