La Chanson de Roland

CCXXVII

 

TRÈS noblement l’empereur chevauche. Sur sapoitrine, hors de la brogne, il a étalé sa barbe. Pour l’amour delui, les autres font de même ; par là se reconnaîtront lescent mille Français de son corps de bataille. Ils passent les montset les hauteurs rocheuses, les vaux profonds, les défilés pleinsd’angoisse. Ils sortent des ports et de la région inculte. Ils ontpénétré en Espagne et s’établissent au milieu d’une plaine. VersBaligant reviennent ses avant-gardes. Et voici qu’un Syrien lui ditson message : « Nous avons vu l’orgueilleux roi Charles.Ses hommes sont fiers ; ils ne sauraient lui faillir.Armez-vous, sur l’heure vous aurez la bataille. » Baligantdit : « Elle s’annonce belle. Sonnez vos clairons, pourque mes païens le sachent ! »

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