CCLXXIII
DEVANT le roi, Ganelon se tient debout. Il ale corps gaillard, le visage bien coloré : s’il était loyal,on croirait voir un preux. Il regarde ceux de France, et tous lesjugeurs, et trente de ses parents qui tiennent pour lui, puis ils’écrie à voix haute et forte : « Pour l’amour de Dieu,barons, entendez-moi ! Seigneurs, je fus à l’armée avecl’empereur. Je le servais en toute foi, en tout amour. Roland, sonneveu, me prit en haine et me condamna à la mort et à la douleur.Je fus envoyé comme messager au roi Marsile : par mon adresse,je parvins à me sauver. Je défiai le preux Roland et Olivier, ettous leurs compagnons : Charles et ses nobles baronsentendirent mon défi. Je me suis vengé, mais ce ne fut pastrahison. » Les Francs répondent : « Nous irons entenir conseil. »