LXXIX
LES païens s’arment de hauberts sarrasins,presque tous à triple épaisseur de mailles, lacent leurs très bonsheaumes de Saragosse, ceignent des épées d’acier viennois. Ils ontde riches écus, des épieux de Valence et des gonfanons blancs etbleus et vermeils. Ils ont laissé mulets et palefrois, ils montentsur les destriers et chevauchent en rangs serrés. Clair est le jouret beau le soleil : pas une armure qui toute ne flamboie.Mille clairons sonnent, pour que ce soit plus beau. Le bruit estgrand : les Français l’entendirent. Olivier dit :« Sire compagnon, il se peut, je crois, que nous ayons affaireaux Sarrasins. » Roland répond : « Ah ! queDieu nous l’octroie ! Nous devons tenir ici, pour notre roi.Pour son seigneur on doit souffrir toute détresse, et endurer lesgrands chauds et les grands froids, et perdre du cuir et du poil.Que chacun veille à y employer de grands coups, afin qu’on nechante pas de nous une mauvaise chanson ! Le tort est auxpaïens, aux chrétiens le droit. Jamais on ne dira rien de moi quine soit exemplaire. »