XCII
OLIVIER dit : « Je n’ai pas le cœuraux paroles. Votre olifant, vous n’avez pas daigné le sonner, etCharles, vous ne l’avez pas. Il ne sait mot de ces choses, lepreux, et la faute n’est pas sienne, et les vaillants que voici neméritent, eux non plus, aucun blâme. Or donc, chevauchez contreceux-là de tout votre courage ! Seigneurs barons, tenezfermement en bataille ! Je vous en prie pour Dieu, soyezrésolus à bien frapper, coup rendu pour coup reçu ! Etn’oublions pas le cri d’armes de Charles. » A ces mots lesFrançais poussent le cri d’armes. Qui les eût ouïs crier :« Montjoie ! » aurait le souvenir d’une bellevaillance. Puis ils chevauchent Dieu ! si fièrement, et, pouraller au plus vite, enfoncent les éperons, et s’en vont frapper,qu’ont-ils à faire d’autre ? et les Sarrasins les reçoiventsans trembler. Francs et païens, voilà qu’ils se sont joints.