Le Loup blanc

Le Loup blanc

de Paul Féval (père)

Chapitre 1 La chanson

Il n’y a pas encore bien longtemps, le voyageur qui allait de Paris à Brest, de la capitale du royaume à la première de nos cités maritimes, s’endormait et s’éveillait deux fois, bercé par les cahots de la diligence, avant d’apercevoir les maigres moissons, les pommiers trapus et les chênes ébranlés de la pauvre Bretagne. Il s’éveillait la première fois dans les fertiles plaines du Perche, tout près de la Beauce, ce paradis des négociants en farine : il se rendormait poursuivi par l’aigrelet parfum du cidre de l’Orne et par le patois nasillard des naturels de la Basse-Normandie. Le lendemain matin, le paysage avait changé ; c’était Vitré, la gothique momie, qui penche ses maisons noires et les ruines chevelues de son château sur la pente raide de sa colline ; c’était l’échiquier de prairies plantées çà et là de saules et d’oseraies où la Vilaine plie et replie en mille détours son étroit ruban d’azur. Le ciel, bleu la veille, était devenu gris ; l’horizon avait perdu son ampleur,l’air avait pris une saveur humide. Au loin, sur la droite,derrière une série de monticules arides et couverts de genêts, on apercevait une ligne noire. C’était la forêt de Rennes.

La forêt de Rennes est bien déchue de sa gloire antique. Les exploitations industrielles ont fait, depuis ce temps, un terrible massacre de ses beaux arbres.

MM. de Rohan, de Montbourcher, de Châteaubriant y couraient le cerf autrefois, en compagnie des seigneurs de Laval, invités tout exprès, et de M. l’intendant royal, dont on se serait passé volontiers. Maintenant, c’est à peine si les commis rougeauds des maîtres de forges y peuvent tuer à l’affût, de temps à autre, quelque chétif lapereau ou un chevreuil étique que le spleen porte à braver cet indigne trépas.

On n’entend plus, sous le couvert, leséclatantes fanfares ; le sabot des nobles chevaux ne frappeplus le gazon des allées ; tout se tait, hormis les marteauxet la toux cyclopéenne de la pompe à feu.

Certains se frottent les mains à l’aspect dece résultat. Ils disent que les châteaux ne servaient à rien et queles usines font des clous. Nous avons peut-être, à ce sujet, uneopinion arrêtée, mais nous la réserverons pour une occasionmeilleure.

Quoi qu’il en soit, au lieu de quelqueskilomètres carrés, grevés de coupes accablantes, et dont les troisquarts sont à l’état de taillis, la forêt de Rennes avait, il y acent cinquante ans, onze bonnes lieues de tour, et des tenues defutaie si haut lancées, si vastes et si bien fourrées de plantes àla racine, que les gardes eux-mêmes y perdaient leur chemin.

En fait d’usines, on n’y trouvait que dessaboteries dans les « fouteaux » ; et aussi, dansles châtaigneraies, quelques huttes où l’on faisait des cerclespour les tonneaux. Au centre des clairières, dix à douze logesgroupées et comme entassées servaient de demeures aux charbonniers.Il y en avait un nombre fort considérable, et, en somme, lapopulation de la forêt passait pour n’être point au-dessous dequatre à cinq mille habitants.

C’était une caste à part, un peuple à demisauvage, ennemi-né de toute innovation, et détestant par instinctet par intérêt tout régime autre que la coutume, laquelle luiaccordait tacitement un droit d’usage illimité sur tous lesproduits de la forêt, sauf le gibier.

De temps immémorial, sabotiers, tonneliers,charbonniers et vanniers avaient pu, non seulement ignorer jusqu’aunom d’impôt, mais encore prendre le bois nécessaire à leurindustrie sans indemnité aucune. Dans leur croyance, la forêt étaitleur légitime patrimoine : ils y étaient nés ; ilsavaient le droit imprescriptible d’y vivre et d’y mourir. Quiconqueleur contestait ce droit devenait pour eux un oppresseur.

Or ils n’étaient point gens à se laisseropprimer sans résistance.

Louis XIV était mort. Philippe d’Orléans, aumépris du testament du monarque défunt, tenait la régence. Bien quece prince, pour qui l’histoire a eu de sévères condamnations, mîtvolontairement en oubli la grande politique de son maître, cettepolitique subsistait par sa force propre, partout où des mainsmalhabiles ou perfides ne prenaient point à tâche de la minersourdement.

En Bretagne, la longue et vaillante résistancedes États avait pris fin.

Un intendant de l’impôt avait été installé àRennes, et le pacte d’Union, violemment amendé, ne gardait plus sesfières stipulations en faveur des libertés de la province. Le partibreton était donc vaincu ; la Bretagne se faisait France endéfinitive : il n’y avait plus de frontière.

Mais autre chose était de consentir une mesureen assemblée parlementaire, autre chose de faire passer cettemesure dans les mœurs d’un peuple dont l’entêtement est devenuproverbial. M. de Pontchartain, le nouvel intendant royalde l’impôt, avait l’investiture légale de ses fonctions ; illui restait à exécuter son mandat, ce qui n’était point chosefacile.

Partout on accusa les États deforfaiture : on résistait partout.

Lors de la conspiration de Cellamare, ce futen Bretagne que la duchesse du Maine réunit ses plus hardissoldats. Les Chevaliers de la Mouche à miel qui senommaient aussi les Frères bretons, formaient unevéritable armée dont les chefs, MM. de Pontcallec, deTalhoët, de Rohan-Polduc et autres eurent la tête tranchée sous leBouffay de Nantes, en 1718.

Ce fut un rude coup. La conspiration rentrasous terre.

Mais la ligue des Frères bretons, antérieure àla conspiration, et qui, en réalité, n’avait plus d’objetpolitique, continua d’exister et d’agir quand la conspiration futmorte.

C’est le propre des assemblées secrètes devivre sous terre. Les Frères bretons refusèrent d’abord l’impôt lesarmes à la main, puis ils cédèrent à leur tour, mais, tout encédant, ils vécurent.

Vingt ans après l’époque où se passèrent lesévénements que nous allons raconter, et qui forment le prologue denotre récit, nous retrouverons leurs traces. Le mystère est dans lanature de l’homme. Les sociétés secrètes meurent cent fois.

En 1719, presque tous les gentilshommess’étaient retirés de l’association, mais elle subsistait parmi lebas peuple des villes et des campagnes.

Ce qui restait de frères nobles étaitl’objet d’un véritable culte.

Les châteaux où se retranchaient ces partisansinflexibles de l’indépendance devenaient des centres autourdesquels se groupaient les mécontents. Ceux-ci étaient peut-êtreimpuissants déjà pour agir sur une grande échelle, mais leuropposition (qu’on nous passe l’anachronisme) se faisait entoute sécurité.

Il eût fallu, pour les réduire, mettre à feuet à sang le pays où ils avaient des attaches innombrables.

D’après ce que nous avons dit de la forêt deRennes, on doit penser qu’elle était un des plus actifs foyers dela résistance. Sa population entièrement composée de gens pauvres,ignorants et endurcis aux plus rudes travaux, était dans desconditions singulièrement favorables à cette résistance, dont lefond est une négation pure et simple, soutenue par la forced’inertie. Assez nombreux et assez unis pour combattre si nulleautre ressource ne pouvait être employée, les gens de la forêtattendaient, confiants dans les retraites inaccessibles qu’offrait,à chaque pas, le pays, confiants surtout dans la connaissanceparfaite qu’ils avaient de leur forêt, cet immense et sombrelabyrinthe dont les taillis reliaient la campagne de Rennes auxfaubourgs de Fougères et de Vitré.

Dans ces trois villes, ils avaient desadhérents. Le premier coup de mousquet tiré sous le couvert devaitarmer la plèbe déguenillée des basses rues de Rennes, leshistoriques bourgeois de Vitré, qui portaient encore brassards,hauberts et salades, comme des hommes d’armes, du XVesiècle, et les habiles braconniers de Fougères. Avec tout cela, ilétait raisonnable d’espérer que les sergents deM. de Pontchartrain pourraient ne point avoir beaujeu.

Il y avait au monde un homme qu’ilsrespectaient tant que, si cet homme leur eût dit : payezl’impôt au roi de France, ils auraient peut-être obéi.

Mais cet homme n’avait garde.

Il était justement, cet homme, l’un des plusobstinés débris de l’association bretonne, et sa voix retentissaitencore de temps à autre dans la salle des États, pour protestercontre l’envahissement de l’ancien domaine des Riches ducspar les gens du roi de France.

Il avait nom Nicolas Treml de La Tremlays,seigneur de Boüexis-en-Forêt, et possédait, à une demi-lieue dubourg de Liffré, un domaine qui le faisait suzerain de presque toutle pays.

Son château de La Tremlays était l’un des plusbeaux qui fût dans la Haute-Bretagne ; son manoir de Bouëxisn’était guère moins magnifique. Il fallait deux heures pour serendre de l’un à l’autre, et tout le long du chemin on marchait surla terre de Treml.

M. Nicolas, comme on l’appelait, était unvieillard de grande taille et d’austère physionomie. Ses longscheveux blancs tombaient en mèches éparses sur le drap grossier deson pourpoint coupé à l’ancienne mode. L’âge n’avait point modéréla fougue de son sang. À le voir droit et ferme sur la selle,lorsqu’il chevauchait sous la futaie, les gens de la forêt sesentaient le cœur gaillard et disaient :

– Tant que vivra notre monsieur, il yaura un Breton dans la Bretagne, et gare aux sangsues de Paris.

Ils disaient vrai. Le patriotisme de NicolasTreml était aussi indomptable qu’exclusif. La décadence graduelledu parti de l’indépendance, loin de lui être un enseignement,n’avait fait que grandir son obstination. D’année en année, sescollègues des États écoutaient avec moins de faveur ses rudesprotestations ; mais il protestait toujours, et c’était lamain sur la garde de son épée qu’il fulminait ses menaçantesdiatribes contre le représentant de la couronne.

Un jour, pendant qu’il parlait, messieurs dela noblesse se prirent à rire et plusieurs voixmurmurèrent :

– Décidément, monsieur Nicolas a perdu latête.

Il s’arrêta tout à coup : une grandepâleur monta jusqu’à son front ; son œil lança un éclair. Ilse couvrit et gagna lentement la porte. Sur le seuil il croisa sesbras et envoya au banc de la noblesse un long regard de défi.

– Je remercie Dieu, dit-il d’une voixlente et durement accentuée qui pénétra jusqu’aux extrémités de lasalle, je remercie Dieu de n’avoir perdu que la tête, quandmessieurs mes amis, eux, ont perdu le cœur.

À ce sanglant outrage vous eussiez vu bondirsur leurs sièges tous ces fiers gentilshommes. Vingt rapièresfurent à l’instant dégainées. Nicolas Treml ne bougea pas.

– Laissez là vos épées, reprit-il. Moiaussi, je fus insulté ; pourtant je me retire. Ce n’est pointdu sang breton qu’il faut à ma colère. Adieu, messieurs. Je prieDieu que vos enfants oublient leurs pères et se souviennent deleurs aïeux. Je me sépare de vous et je vous renie. Vous avez misla Bretagne au tombeau ; moi, je mettrai du sang sur letombeau de la Bretagne. Quand il n’est plus temps de combattre, ilest temps encore de se venger et de mourir.

M. de La Tremlays monta sur son boncheval et prit la route de son domaine.

Ceux qui le rencontrèrent en chemin, cejour-là, ne purent deviner les pensées qui se pressaient dans sonesprit. Robuste de cœur autant que de corps, il savait garderau-dedans de lui sa colère. Son front restait calme, son regarderrait, vague et indifférent, sur le plat paysage des environs deRennes.

Lorsqu’il entra sous le couvert de la forêt,le soleil baissait à l’horizon. M. de La Tremlayscontempla plus d’une fois avec convoitise les retranchementsnaturels et imprenables qu’offrait à chaque pas le solvierge ; il comptait involontairement ces hommes vigoureux etvaillants qui le saluaient de loin avec une respectueuseaffection.

– La guerre, pensait-il, pourrait êtreterrible avec ces soldats et ces retraites.

Il arrêtait son cheval et devenait rêveur.Mais bientôt une idée tyrannique fronçait ses sourcils grisonnants.Il se redressait et son œil brillait d’un sauvage éclat.

– Point de guerre ! disait-il alors.Un duel ! Un seul coup, une seule mort !

Et M. de La Tremlays, enfonçant seséperons dans les flancs de son cheval, combinait un de ces plansdont l’extravagante hardiesse amène le sourire sur les lèvres deshommes de bon sens, et que le succès peut à peinesanctionner : un plan audacieux, chevaleresque, maisimpossible et fou, dont l’idée ne pouvait germer que dans uncerveau de gentilhomme campagnard, ignorant le monde et toisant laprose du présent à la poétique mesure du passé.

Il ne faudrait point pourtant se méprendre ettaxer Nicolas Treml de démence, parce que son entreprise dépassaitles bornes du possible. Il le savait et son enthousiasme ne luicachait point la profondeur de l’abîme.

Mais c’est un de ces hommes à cervelle debronze, qui voient le précipice ouvert et ne s’arrêtent point poursi peu en chemin.

Une seule circonstance eût pu le fairehésiter. La maison de La Tremlays n’avait qu’un héritier direct,Georges Treml, petit-fils du vieux gentilhomme. Que deviendrait cetenfant de cinq ans, frappé dans la personne de son aïeul etdépourvu de protecteur naturel ? Nicolas Treml supportaitimpatiemment cette objection que lui faisait sa conscience.

– Si je réussis, pensait-il, Georges auraun héritage de gloire ; si j’échoue, monsieur mon cousin deVaunoy lui gardera son patrimoine. Vaunoy est un bon chrétien et unloyal gentilhomme.

Comme il prononçait mentalement ces paroles,une voix grêle et lointaine lui apporta le refrain d’une chanson dupays, sorte de complainte dont l’air mélancolique accompagnait lerécit du trépas d’Arthur de Bretagne, méchamment mis à mort par sononcle Jean sans Terre.

M. de La Tremlays se sentit venir aucœur un pressentiment funeste en écoutant cela.

– Impossible ! murmura-t-ilpourtant ; M. de Vaunoy est un digne parent.

La voix se rapprochait, le chant semblaitprendre une nuance d’ironie.

– D’ailleurs, poursuivit le vieuxgentilhomme, mon petit Georges est breton ; son bonheur, commeson sang appartient à la Bretagne.

La voix se tut durant quelques secondes, puiselle éclata tout à coup juste au-dessus de M. de LaTremlays. Celui-ci leva brusquement la tête et aperçut, au hautd’un gigantesque châtaignier dont la couronne, dominant les arbresd’alentour, était vivement frappée par les rayons du soleilcouchant, un être d’apparence extraordinaire et presque diabolique.Son corps, ainsi éclairé, rayonnait une sorte de lueur blafarde. Siun voyageur l’eût rencontré dans les forêts du Nouveau Monde il nelui aurait certainement pas accordé le nom d’homme, et l’histoirenaturelle de M. de Buffon contiendrait un article deplus : le babouin blanc. Cette créature ressemblait en effet àun énorme singe de couleur blanchâtre, elle sautait d’une branche àl’autre avec une agilité merveilleuse, et à chaque saut, unfaisceau de menus roseaux tombait à terre.

Son chant continuait.

Il est à croire que ce n’était pas la premièrefois que M. de La Tremlays rencontrait ce personnageétrange, car il arrêta son cheval sans manifester la moindresurprise et siffla comme on fait pour appeler un chien.

Le chant cessa aussitôt, et la créatureperchée au sommet du châtaignier, dégringolant de branche enbranche, tomba aux pieds du vieux seigneur en poussant ungrognement amical et respectueux.

C’était bien un homme, et pourtant il étaitplus extraordinaire encore de près que de loin. Ses jambes nues,couvertes de poils incolores, supportaient gauchement un torsedifforme et de beaucoup trop court. Son cou, osseux et planté enbiseau sur sa creuse poitrine, était surmonté d’une face anguleuse,aux os de laquelle se collait une peau blême et semée de duvet. Sescheveux, ses sourcils, sa barbe naissante, tout était blanc, etc’était merveille de voir reluire son œil sanglant au milieu de celaiteux entourage.

Aucun signe certain, dans toute sa personne,ne pouvait servir à préciser son âge.

Peut-être était-ce un enfant, peut-êtreétait-ce un vieillard.

L’extrême agilité qu’il venait de déployeréloignait également néanmoins ces deux suppositions.

Il fallait la pleine jeunesse pour concentrertant de vigoureuse souplesse sous cette enveloppe chétive etmisérable.

Il se releva d’un bond et vint se planter aumilieu du chemin, devant la tête du cheval.

– Comment va ton père, Jean Blanc ?demanda M. de La Tremlays.

– Comment va ton fils, NicolasTreml ? répondit l’albinos en exécutant une cabriole.

Un nuage couvrit le front du vieillard. Cettebrusque question correspondait mystérieusement au sujet de sarêverie.

– Tu deviens insolent, mon garçon,grommela-t-il. Je suis trop bon envers vous autres vilains, et celavous donne de l’audace. Fais-moi place, et que je ne t’y prenneplus !

Au lieu d’obéir à cet ordre, prononcé d’un tonsévère, Jean Blanc saisit la bride du cheval et se mit à souriretranquillement.

– Tu te trompes, monsieur Nicolas, dit-ild’une voix douce et triste. Ce n’est pas avec nous pauvres gens,que tu es trop bon, c’est avec d’autres que tu aimes et qui tedétestent.

– Paix ! fou que tu es ! voulutinterrompre M. de La Tremlays.

L’albinos ne lâcha point la bride etcontinua :

– Le père de Jean Blanc va bien. JeanBlanc veillait hier auprès de lui ; auprès de lui il veillerademain. Hier tu veillais sur Georges Treml : veilleras-tu surlui demain, monsieur Nicolas ?

– Que veux-tu dire ?

– C’est une belle chanson que la chansond’Arthur de Bretagne… Écoute : je sais ramper sous le couvert,tout aussi bien que grimper au faîte des châtaigniers. Je t’aisuivi longtemps dans la forêt, tu causais avec ta conscience ;j’ai compris, et j’ai chanté la chanson d’Arthur.

– Quoi ! s’écria M. de LaTremlays, tu m’as entendu ! tu sais tout !

– Non, pas tout. Tu as dit trop de foliespour que j’aie pu comprendre. Mais, crois-moi, ne laisse pas notrepetit monsieur Georges à la merci d’un cousin. Si tu veux t’enaller bien loin, prends ton petit-fils en croupe : si tu ne lepeux pas, tue-le, mais ne l’abandonne pas. Et maintenant je vaiscouper des branches pour faire des cercles de barrique, monsieurNicolas. Que Dieu te bénisse !

L’albinos lâcha la bride et grimpa comme unchat le long du tronc noueux d’un châtaignier. La nuit commençait àtomber. Le costume de cet être bizarre, formé de peaux d’agneaux etblanc comme sa personne, se distinguait à travers les branchesqu’il franchissait avec une indescriptible prestesse.

M. de La Tremlays se remit en route,tout pensif.

– C’est un pauvre insensé, sedisait-il.

Mais son cœur se serrait de plus en plus, etlorsque la voix de Jean Blanc, se faisant de nouveau entendre, luijeta, par-dessus les têtes touffues de grands chênes, les noteslugubres de la complainte d’Arthur de Bretagne, le vieuxgentilhomme eut froid à l’âme et prononça en frémissant le nom deson petit-fils.

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