Le Monastère des frères noirs

CHAPITRE IX.

Depuis long-temps le jour brillait, et le soleil était monté sur l’horizon, quand nos héros s’arrachèrent au sommeil ; à peine avaient-ils quitté leur lit, qu’un bruit de verroux leur annonça la venue de quelque personnage du monastère ; et les deux frères lais de la veille, accompagnant le jeune religieux, se montrèrent alors ; celui-ci s’adressant aux pélerins : « Vous avez peut-être, leur dit-il, éprouvé quelque impatience d’avoir été renfermés jusqu’à ce moment ; et selon toute apparence, vous eussiez voulu de meilleure heure continuer votre route : mais je vous prie de nous excuser, nous avons été distrait de nos soins ordinaires par plusieurs événemens. Notre père abbé a voulu partir inopinément pour aller visiter des domaines de notre dépendance, situés aux environs de Taormina, et il a emmené avec lui le père hospitalier chargé de nous donner ses soins.

» Ce n’est que depuis peu qu’on est venu m’en instruire, et je me suis empressé de vous rendre la liberté, vous engageant auparavant à vous rafraîchir et à prendre votre part du déjeûner de la maison. »

Il dit, et les frères lais garnissent la table de quelques frugales productions. Les pélerins apprirent avec joie le départ de l’abbé dont ils se méfiaient avec raison ; ils crurent son absence favorable à leur projet ; et Lorédan répondit à celui qui venait de parler :

» Il est vrai que nous aurions cherché à partir de meilleure heure, si je n’eusse pas senti s’augmenter le mal qui me tourmente depuis notre débarquement en Sicile. Je souffre beaucoup d’une extrême faiblesse dans les nerfs de ma jambe gauche ; ils me refusent leur secours, et ce sera avec peine que je pourrai faire quelques pas ; ne serait-il pas possible, vénérable religieux, d’obtenir de la charité de vos supérieurs, la faveur de prolonger notre séjour dans ce saint monastère, pour donner à mes forces épuisées par un long voyage, le temps de se remettre comme j’en ai bon besoin ; excusez ma prière si elle est indiscrète, et croyez qu’elle est l’expression de l’impérieuse nécessité. »

Le religieux, à ces mots, laissa errer sur ses lèvres un fin sourire dont les voyageurs prétendus apprécièrent le motif ; puis il répliqua en ces termes.

» Notre institution nous oblige, pélerins pieux, à recevoir et à soigner dans leurs maladies, ceux qui viennent nous visiter. À Dieu ne plaise que par un refus barbare, nous autorisions davantage les bruits injurieux répandus sur notre compte dans toute la Sicile. L’institution des Frères Noirs est mal connue ; et nous ne mériterons jamais, je l’espère, l’animadversion du chef suprême de la monarchie. Puisque votre santé s’est affaiblie, demeurez ici pour la soigner, nous chercherons à la rendre meilleure, et j’en prendrai un soin plus particulier, étant le premier infirmier ; mais dans le moment vous devez changer de demeure vous devez venir en un lieu où plus facilement on vous prodiguera des secours ; et si vos nerfs vous le permettent, vous devez vous rendre à l’infirmerie avec moi. Quant à votre compagnon, la nuit, il habitera cette chambre ; le jour, il pourra demeurer près de vous. Je vais, en conséquence, tout disposer, dans le moment, par une rencontre singulière, nous n’avons aucun malade ; déjeûnez tranquillement ; reposez-vous ; on ne tardera pas à venir vous chercher.

Lorédan se confondit en excuses ; il remercia humblement le religieux ; et quand celui-ci fut parti, voyant que les frères lais ne s’éloignaient pas, il convia le prétendu Marcilio (c’était le nom de convention porté par Grimani), à se mettre à table ; et tous les deux, par un déjeûner arrosé d’excellent vin, songèrent à prendre des forces ; car il pouvait arriver qu’ils en eussent besoin. Le repas se passa à répandre des bénédictions sur l’obligeante hospitalité exercée dans le monastère de Santo-Génaro. Ils avaient achevé leur repas, et les frères desservaient la table, quand un nouveau personnage se présenta ; c’était ce Jacomo qui avait déjà par deux fois paru aux regards de Francavilla ; la première quand il était venu dans Altanéro réclamer de la part de l’ennemi secret de Lorédan les tablettes mystérieuses ; la seconde dans la cabane de Stéphano.

Lui, de son côté, si le déguisement du marquis ne lui permettait pas de le reconnaître en cette qualité, du moins vit-il en lui et en son compagnon les deux pélerins avec lesquels il avait causé la veille ; aussi, leur parlant avec quelque gaîté : « Ah ! vous voilà donc mes saints voyageurs, leur dit-il ; vous avais-je trompé lorsque, hier chez Stéphano, je vous engageai à vous diriger vers notre couvent ? certes, avais-je tort de vous vanter la réception que vous pouviez y espérer ; et ne direz-vous pas de nous que, pour être noirs nous ne sommes pas si diables. »

– « Ce ne fut jamais notre pensée, répondit Lorédan ; et maintenant moins que jamais elle pourrait nous être inspirée ; ce n’est pas à ceux qui sont comblés par vos respectables pères à les outrager, et plus que jamais nous acquérons la certitude qu’il ne faut pas se fier aux apparences. »

– « Oh ! reprit Jacomo, quand bien même vous nous eussiez jugés sur notre réputation, vous n’auriez pas eu grand tort ; elle est assez mal établie. »

– « Vous tairez-vous Jacomo, dit alors un des frères Lais, le même qui la veille avait répondu si grossièrement à la simple question de Grimani ; êtes vous chargé de décrier le monastère, et sera-t-il impossible de clouer votre langue ; je ne sais à quoi songe notre révérend abbé quand il emploie un inconséquent de votre sorte ; faites votre devoir sans vous mêler d’autre chose ; on vous a chargé de conduire les pélerins à l’infirmerie, obéissez à l’ordre qu’on vous a intimé, et soyez assuré que s’il vous échappe une parole indiscrète de plus, je me fais fort, une heure après, de vous faire descendre dans le grand caveau qui est sous la grosse tour de l’occident.

– « Là ! là ! signor Barbaro, répondit Jacomo, soyez moins sévère je vous prie, on vous a choisi, vous, pour vous taire, et moi, pour agir ; remplissons chacun notre rôle ; vous, espionnez dans l’intérieur, tandis que, s’il le faut, j’irai au dehors me faire casser la tête pour la plus grande gloire de notre illustre abbé. »

Cette réponse, aussi comique que ferme, parut intimider un peu le frère lais, il ne répliqua rien, et se contenta de lever les épaules ; puis s’adressant aux pélerins : « Allez, leur dit-il, à l’infirmerie où l’on a marqué votre place ; suivez ce fier-à-bras qui ne sait pas vous expliquer ce qu’on lui avait recommandé de vous dire. »

– « Va, Barbaro, dit son camarade, je voudrais te voir en plaine au milieu des bandits de la forêt, lorsqu’il y a un engagement avec les gendarmes de quelque haut baron, pour savoir si tu ne perdrais pas à ton tour la mémoire, à mesure néanmoins que tu retrouverais tes jambes ; va, ce ne sera jamais toi qu’on qualifiera de fier-à-bras ; tout au plus te désignera-t-on sous le sobriquet de fine-oreille. »

Malgré l’embarras de leur situation, les deux cousins ne purent s’empêcher de rire en écoutant le démêlé dont Jacomo leur parut remporter tout l’avantage ; ils se préparèrent à le suivre, et lui, faisant une mine comique a Barbaro, marcha devant eux. Lorédan, en cet instant, se rappela ce que le vieux Stéphano lui avait dit ; aussi, choisissant la minute où ils traversaient tous les trois un long corridor, il dit à demi-voix, mais de manière à être entendu de son conducteur ces mots mystérieux : « Les glaces de l’Etna sont éternelles comme ses flammes. »

À ces mots le bandit s’arrêta ; il regarda Lorédan avec stupéfaction ; mais celui-ci n’eut pas l’air de s’apercevoir de sa surprise ; il se contenta une seconde fois de répéter les mêmes paroles ; et pour lors Jacomo, s’inclinant devant lui, répondit plus bas encore : « Les glaces et le feu seront la punition du méchant. » Puis il ajouta, après avoir soigneusement regardé autour de lui ; « Diantre, vous devez être de grands amis de Stéphano, pour qu’il vous ait confié ce mot de passe ; avec lui vous me ferez faire tout ce que vous voudrez ; mais par Dieu point d’imprudence au moins… »

Peut-être en eût-il dit davantage ; mais il aperçut venir à lui le père Prieur, celui qui la veille était monté dans la chambre des hôtes, pour interroger les voyageurs ; ce nouveau personnage parut surpris de rencontrer les pélerins ; il demanda à Jacomo où il les conduisait.

« Révérend père, lui répliqua-t-il, le plus âgé de ces bons pélerins étant tombé malade dans la nuit, par suite des fatigues de son voyage, a sollicité la faveur de se reposer plus long-temps dans votre insigne monastère ; et d’après les ordres du frère Luciani je le mène à l’infirmerie. »

– « Voilà, dit le prieur, une indisposition bien subite, cependant il ne faut rien négliger pour la dissiper ; allez, pélerins, allez où l’on vous attend ; et toi, Jacomo, engage le frère Luciani à venir me parler lorsqu’il en aura le temps. » Une inclination respectueuse apprit au religieux qu’on exécuterait son ordre ; il s’éloigna ; mais par deux fois il se retourna pour examiner la démarche de nos héros, tant, malgré leur attention à la rendre ordinaire, il s’y montrait de la noblesse et de l’élégance.

Enfin on parvint à la salle de l’infirmerie ; plusieurs lits y étaient placés avec ordre ; chacun avait une large ruelle avec des rideaux de drap vert, quelques frères se promenaient en silence dans cette vaste pièce. Luciani, ainsi se nommait le jeune religieux, vint au-devant des pélerins, montra à Lorédan le lit qu’il occuperait, et sans affectation lui dit ensuite : « Si vous voulez satisfaire à quelques nécessités, voilà une petite porte par laquelle vous pourrez passer. » En lui parlant ainsi, il le regarda fixement, et Francavilla comprit que cette issue ne lui était pas indiquée sans dessein.

Jacomo remplit auprès du grand infirmier la commission que lui avait donnée le père prieur ; et sur-le-champ le religieux se hâta de se rendre auprès de son supérieur. Jacomo le suivit peu de temps après ; et les frères continuant à se promener ou à lire des livres de piété, demeurèrent comme pour ne pas perdre de vue les deux pélerins.

Cette contrainte désagréable causait principalement un vif déplaisir à Amédéo ; il ne pouvait s’accoutumer à une surveillance perpétuelle ; et pour beaucoup il eût voulu en être délivré ; il prenait pourtant patience, espérant dans le retour du grand infirmier ou de Jacomo ; mais ni l’un ni l’autre ne paraissant, il ne put plus long-temps se contraindre ; et allant trouver celui qui paraissait être le chef des frères, il lui demanda s’il n’y avait pas moyen de se promener dans cette sainte maison.

« Oui da, mon frère, repartit le moine, la chose est bien facile ; vous avez dû remarquer combien la première cour est vaste ; et d’ailleurs, si l’espace vous paraissait par hasard trop borné, vous pouvez descendre dans la forêt et la parcourir tout à votre aise. » Il y avait tant de flegme dans cette réponse, qu’Amédéo hésita à juger si l’on avait voulu se moquer de lui ; sa vivacité, sa hauteur naturelle l’eussent ailleurs souffert peu de temps, mais ici force lui était de se soumettre, et il fut obligé de paraître s’en contenter.

Mais il n’avait pas la ferme résolution de demeurer tranquille ; l’inaction lui était trop contraire ; et d’ailleurs, il ne perdait pas de vue son projet de travailler à la délivrance de la belle inconnue, s’il pouvait parvenir à être instruit du lieu de sa détention.

Lorédan avait vu avec peine la demande indiscrète de son ami, et son extrême prudence lui faisait également comprendre le danger de ne pas y donner de suite. Alors l’envie exprimée, de parcourir le monastère, pouvait éveiller le soupçon, et il y avait tout à craindre à inquiéter la vigilance des Frères Noirs ; aussi, prenant à son tour la parole ; « Je sens bien, mon cher Marcillio, que vous eussiez voulu vous promener assez près de moi pour être à portée de me donner vos soins s’ils me devenaient nécessaires ; mais outre que la charité de ces bons religieux ne me laisse rien à désirer de ce côté, je ne suis pas d’ailleurs malade au point d’effrayer votre tendresse ; ne vous contraignez donc pas, je vous en conjure ; allez librement parcourir la forêt ; peut-être les beaux sites tous rappelleront-ils d’aimables souvenirs, en les comparant aux délicieuses campagnes qui environnent notre chère Syracuse. »

Amédéo voulait insister pour rester encore auprès de son prétendu frère ; mais il finit par se rendre sur les nouvelles prières de Lorédan, et il engagea un religieux de vouloir bien le conduire hors de l’enceinte intérieure des bâtimens ; l’un des infirmiers acquiesça à sa demande. Il lui fit traverser une foule de passages, descendre plusieurs escaliers ; et enfin, à sa grande satisfaction, ils parvinrent dans la première cour. Là, son conducteur donna ordre au frère portier de permettre au pélerin de sortir, et puis il se retira, laissant Grimani libre et en face de la nature.

Malgré lui, le noble jeune homme éprouva quelque joie en se voyant momentanément hors du pouvoir de ses ennemis, car, lui aussi, donnait ce titre aux Frères Noirs, par cela seul qu’il les accusait d’avoir pris part au rapt de la belle villageoise ; il descendit rapidement le sentier par lequel on arrivait à la plaine, et s’étant fait reconnaître au corps-de-garde de la tour, il acheva d’entrer dans la forêt.

Ce pouvait être alors la douzième heure du jour ; et, à ce moment, la chaleur est extrême dans la Sicile. Le soleil dardait ses rayons avec force, et Amédéo se hâta de chercher la fraîcheur à l’ombre des arbres antiques de la forêt ; il ne tarda pas à éprouver un changement extrême dans la température ; l’air continuellement agité par le balancement du feuillage, se dépouillait d’une partie de son ardeur. Tout était en repos dans le bois ; les oiseaux eux-mêmes, dans ce moment, cessaient leur ramage un calme universel régnait sur toute la nature, et la cigale seule faisait entendre son cri perçant.

Amédéo ayant entendu, murmurer quelque onde prochaine, courut de ce côté dans la pensée de se rafraîchir encore d’avantage dans ses flots ; il vit une petite rivière sortant avec impétuosité d’une vaste caverne, et qui, rencontrant d’énormes rochers en commençant son cours, était obligée de les surmonter pour les franchir ; et dès lors elle retombait en cascade écumante, sur les mousses le gazon et les jolies fleurs dont cet endroit était couvert ; mais si ce spectacle était ravissant, le peu de profondeur de la rivière ne pouvait convenir au dessein de Grimani ; il imagina de suivre le courant, certain d’arriver enfin à un endroit plus resserré ; et il prit avec plaisir ce but de promenade.

Depuis un quart d’heure il marchait, lorsque tout-à-coup ses yeux furent frappés par la vue d’un bâtiment assez considérable qui s’élevait dans la solitude de la forêt ; c’était une espèce de grosse tour carrée, flanquée dans ses angles de quatre tourelles, et environnée d’un fossé très-profond revêtu en pierres soigneusement taillées, et à sec ; mais précédé par les eaux de la petite rivière qui l’environnaient de toute part. On ne voyait point de porte qui put donner entrée dans cette forteresse ; seulement à une extrême élévation, on apercevait quelques fenêtres longues, étroites et soigneusement garnies de barres de fer.

La vue de ce bâtiment ainsi construit, qui paraissait d’ailleurs entretenu avec soin, donna à penser à Grimani ; il le considéra comme une dépendance nécessaire du couvent de Santo Génaro, et il lui vint dans la pensée que ce pouvait être le lieu où les brigands devaient renfermer leurs prisonniers. Tout le confirmait dans cette idée ; les précautions prises pour interdire l’approche de ce lieu de désolation ; les deux enceintes qui l’environnaient de leur double défense ; l’absence de toute porte, ce qui faisait présumer qu’on ne s’y introduisait que par une issue souterraine et communiquant au monastère.

Dès-lors, de nouveaux projets, se présentèrent à Grimani ; il brûlait déjà du désir de quitter la demeure de leurs ennemis, pour tourner ses attaques contre ce fort, et il ne voulait pas remarquer qu’à moins d’en faire l’attaque régulière, à la tête d’un corps nombreux de troupes, il paraissait impossible de dépasser ses remparts ; mais un cœur bien épris ne voit jamais les obstacles, ou s’il est contraint de les apercevoir, il se croit assez habile ou assez puissant pour les surmonter.

Amédéo oubliait en ce moment le dessein qui lui avait fait prolonger sa promenade ; il ne songeait point qu’il demeurait exposé aux rayons d’un soleil dévorant ; et peut-être à un péril plus dangereux encore, aux regards de quelque gardien de la forteresse ; car il n’était pas à présumer qu’un édifice de cette importance ne fût pas confié aux soins d’un ou de plusieurs geôliers.

Cependant, la chaleur continuant, força enfin notre aventurier à revenir à lui ; il pensa également aux ennemis que ce château pouvait renfermer, et, fâché d’avoir passé tant de temps à le regarder avec une attention qu’on eût pu remarquer, il s’éloigna de quelques pas ; rentra dans la forêt, et se cachant avec soin sous un taillis épais, il se décida à rester en sentinelle jusqu’à l’instant où le jour vers son déclin, lui ordonnerait de revenir au monastère ; il ne pouvait perdre l’espoir de faire en ce lieu une importante découverte.

Mais rien ne venait répondre à son attente ; il s’impatientait sans néanmoins se décourager ; et satisfait d’avoir trouvé un asile où on ne pouvait le découvrir, il s’abandonnait à toutes les rêveries d’un amour extravagant. Quel autre nom pouvait-on donner à la passion subite et extrême que lui avait inspirée la simple vue de la jeune inconnue.

Grimani rêvait à elle, quand il fut détourné du cours de ses idées par un nouvel incident ; un bruit assez considérable se fit auprès de lui ; il se tourna avec précaution, sans pouvoir deviner d’abord quelle en était la cause. Tout le feuillage le cachait bien de ce côté ; mais des voix s’élevèrent et il put alors apprécier l’étendue du danger qu’il courait ; plusieurs brigands venaient d’arriver par différentes routes à une espèce de salle de verdure qui se trouvait en cet endroit, et où sans doute ils avaient la coutume de se rencontrer.

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