Le Mystérieux Docteur Cornélius – Tome I

Le Mystérieux Docteur Cornélius – Tome I

de Gustave Le Rouge

PREMIER ÉPISODE – L’énigme du« Creek Sanglant »

CHAPITRE PREMIER – Le rubis volé

Vers la fin de l’année 190…, un groupe de capitalistes yankees avait décidé la fondation d’une ville, en plein Far West, au pied même des montagnes Rocheuses. Un mois ne s’était pas écoulé que la nouvelle cité, encore sans maisons, était déjà reliée par trois lignes au réseau ferré de l’Union ; dès l’origine, on l’avait baptisée Jorgell-City, du nom du président du trust qui la créait, le milliardaire Fred Jorgell.

Les travailleurs accouraient de toutes parts ; dès le deuxième mois, trois églises étaient édifiées et quatre théâtres étaient en pleine exploitation.

Autour d’une place où subsistaient quelques beaux arbres, espoir d’un square pittoresque, les carcasses d’acier des maisons à trente étages commençaient à s’aligner. C’était une vraie forêt de poutres métalliques, bruissantes nuit et jour de la cadence des marteaux, du grincement des treuils et du halètement des machines. En Amérique, on commence les murailles par en haut,une fois le bâti d’acier mis en place et les ascenseurs installés.

C’était un spectacle fantastique que celui deces logis aériens, juchés, comme des nids d’oiseau, au sommet desgéantes poutrelles d’acier, pendant que les ouvriers achevaientfiévreusement de combler avec des rangs de briques, parfois mêmeavec de simples plaques d’aluminium, les interstices de lacharpente métallique.

Plus loin, on coulait en quelques heures,d’après le procédé d’Edison, des édifices entiers en bétonarmé.

De la terrasse de son palais, où il passait delongues heures, Fred Jorgell prenait un indicible plaisir à voirsortir de terre avec une rapidité magique la ville nouvelle, écloseen plein désert, au soleil de ses milliards.

Par une sorte de superstition, le milliardaireavait voulu que la première pierre de « sa ville » fûtposée le jour de l’anniversaire de la naissance de sa fille, detelle sorte qu’on célébrât du même coup la première année deJorgell-City et les vingt ans de miss Isidora.

Les réjouissances furent d’une somptuositéinouïe, presque extravagante, dignes enfin de la colossale fortunede l’amphitryon. Après le dîner servi dans le jardin d’hiver aumilieu des massifs de citronniers, de magnolias, dejasmins et d’orchidées, il y eut bal sur les pelouses du parcilluminé ; mais la principale attraction, c’étaient lescadeaux envoyés à miss Isidora et exposés dans un petit salonattenant au jardin d’hiver. Ils étaient d’un luxe royal :c’était un ruissellement de joyaux dont le plus humble avait coûtéune fortune.

Entre toutes ces merveilles, on remarquait unrubis « sang de pigeon » dont la grosseur et l’éclatétaient incomparables. Cette gemme eût été digne du diadème d’uneimpératrice ; aucune des jeunes milliardaires présentes n’enpossédait qui pût lui être comparée ; d’ailleurs, d’habilesdétectives vêtus avec élégance et mêlés à la foule des invitésdevaient veiller sur les trésors étalés, en apparence siinsoucieusement.

Cependant la brillante cohue qui se pressaiten face du grand rubis ne tarda pas à devenir plus clairsemée. Onavait admiré la pierre précieuse, on n’y songeait déjà plus, lesaccents endiablés d’un orchestre de cinquante musiciensentraînaient invinciblement les invités du côté du bal. Lesdomestiques, confiants dans la vigilance des détectives, s’étaientéclipsés. Bientôt les quatre policiers – ils étaient quatre –demeurèrent seuls dans le salon aux cadeaux.

Au milieu de l’allégresse et de l’animationgénérales, ils commençaient à s’ennuyer formidablement : tousquatre bâillaient à qui mieux mieux.

– J’ai une idée de génie, dit tout à coupl’un d’eux : puisqu’il n’y a plus personne ici, nous n’avonspas besoin d’être quatre.

– Que veux-tu dire ? firent lestrois autres en se rapprochant, très intéressés.

– Ceci tout simplement : deuxd’entre nous peuvent parfaitement aller faire un petit tour aubuffet.

La proposition fut adoptée à l’unanimité etd’acclamation ; un va-et-vient s’organisa entre le petit salonet le buffet installé en plein air dans le parc. Rapidement lesdétectives étaient devenus de la plus joyeuse humeur, ils nebâillaient plus, mais, en revanche, leurs visages devenaientcramoisis et, à chaque nouveau voyage au buffet, ils perdaient unpeu plus de leur impeccable correction.

Maintenant, le gilet déboutonné, la cravate detravers, ils sifflaient des airs de gigue avec un parfaitsans-gêne.

Il vint un moment où les deux qui étaientdemeurés à la garde du rubis ne virent plus revenir leurs camaradespartis se rafraîchir.

Très inquiets, ils allèrent les chercher et,naturellement, ne revinrent pas non plus.

Le petit salon demeura vide.

La fête battait son plein et les premièresfusées du feu d’artifice éclataient au-dessus de la pièce d’eaulorsqu’une rumeur vola de proche en proche, semant partout laconsternation.

– On a volé le grand rubis !

– Mais c’est impossible ! s’écria unjeune milliardaire, l’ingénieur Harry Dorgan, il n’y a ici que desgentlemen parfaitement honorables !

Le fait était pourtant exact, il fallut biense rendre à l’évidence, le grand rubis avait disparu.

C’était un domestique de confiance, le vieuxPaddock, qui s’était aperçu du vol et en avait immédiatementinformé son maître.

Cette nouvelle jeta le plus grand désarroidans la fête, les danses s’arrêtèrent, l’orchestre même cessa dejouer. Les questions, les exclamations de stupeur et d’étonnementse croisaient dans un véritable brouhaha :

– Sait-on qui a fait le coup ?

– Il faut trouver le voleur !…

– Oui ! oui ! À tout prix.

– C’est cela, cherchons le voleur !Personne de nous ne tient à être soupçonné.

– Qu’on ferme les portes, qu’on nousfouille, s’il le faut !

– Qu’on nous déshabille même, ajouta unevieille lady en rougissant pudiquement.

Bientôt Fred Jorgell et miss Isidora setrouvèrent entourés d’un cercle d’invités qui réclamaient à grandscris une enquête immédiate.

On chercha les détectives ; on lesdécouvrit, à grand-peine, ivres de champagne et ronflant à poingsfermés dans les bosquets du parc. On les jeta honteusement à laporte et Fred Jorgell leur promit en guise d’adieu de faire, enpersonne, dès le lendemain, les démarches nécessaires pour obtenir,dans le plus bref délai possible, leur révocation.

Cette exécution accomplie, le milliardaire setourna vers la foule des invités et, demandant le silence d’ungeste plein d’autorité :

– Ladies et gentlemen, dit-il, je suissûr de la haute probité de toutes les personnes ici présentes, jesuis sûr également de l’honnêteté de tous mes serviteurs. Je nesoupçonne personne, absolument personne. Permettez-moi de ne pasattrister cette joyeuse réunion par la présence des policemen etpar l’ignominieuse opération de la fouille. Veuillez donc, je vousprie, oublier ce larcin qui n’a pour moi, d’ailleurs, qu’une fortminime importance.

Miss Isidora ajouta gracieusement :

– C’est un petit malheur et dont je suisdéjà consolée ; il ne faut pas, pour une semblable bagatelle,interrompre nos amusements.

Et la jeune fille se tourna en souriant versle chef d’orchestre qui, levant son bâton d’ébène, donna le signalaux cinquante musiciens installés dans une tribune de feuillage.Ils attaquèrent aussitôt avec maestria un tango dont le rythmeenragé eut bientôt dispersé en une trombe trépidante et tournoyantel’étincelante cohue des cavaliers et des valseuses.

Miss Isidora avait accepté le bras d’un jeunemilliardaire, célèbre par son élégance, et donnait l’exemple.

Un quart d’heure ne s’était pas écoulé que levol du grand rubis était déjà complètement oublié. Le bal sepoursuivait avec un entrain et une verve joyeuse.

Parmi les rares personnes qui ne dansaientpas, on remarquait Baruch Jorgell, le frère de miss Isidora. Lefils aîné du milliardaire, Baruch, avait les traits profondémentaccentués, les mâchoires fortes, les lèvres minces et le regardméprisant… Il donnait au premier aspect l’impression d’un hommetrès énergique, mais orgueilleux et taciturne.

En ce moment, il savourait une coupe dechampagne avec deux personnages de mine grave, auxquels il semblaitmontrer une déférence toute particulière.

– Alors, docteur, dit-il à l’un d’eux, ilest à peu près certain que vous aurez demain ma visite.

– Bien, fit l’autre en baissant lavoix ; mais j’ai encore quelques recommandations à vousfaire…

– L’on n’est pas très bien ici pourparler de ses affaires, objecta le troisième interlocuteur.

– Nous pourrions aller dans le parc,proposa Baruch.

Les deux autres acquiescèrent et le trio seperdit dans une allée déserte.

Pendant ce temps des serviteurs de confianceavaient transporté dans les appartements de miss Isidora les objetsprécieux offerts à la jeune fille. Le petit salon modern style oùils avaient été exposés était maintenant vide et désert.

C’est à ce moment qu’un jeune homme à la minepensive y pénétra. Absorbé dans ses réflexions, le nouveau venu separlait à lui-même, sans se soucier qu’il pût ou non êtreentendu.

– Il est impossible, murmura-t-il, que levoleur n’ait pas eu une idée aussi simple… Si j’avais eu àm’emparer du rubis, je n’aurais pas agi autrement… Voyons, ilserait curieux que j’eusse deviné juste…

Le jeune homme avançait avec précaution, lamain au-dessous de la monumentale table sculptée et dorée surlaquelle avaient été exposés les bijoux.

Tout à coup, il poussa une exclamation.

– Je l’aurais parié ! s’écria-t-il,le voleur a tout bonnement fixé le rubis sous la table avec un peude glu. Il était bien sûr que personne n’aurait la pensée d’allerregarder là !…

Machinalement il avait pris la pierreprécieuse ; mais, toutes réflexions faites, il la replaça làoù il l’avait trouvée, et le visage rayonnant de satisfaction, ils’élança dans le jardin d’hiver.

Une minute après, il accostait FredJorgell.

– Un mot, sir, lui dit-il à l’oreille,j’ai à vous faire une communication très intéressante.

– À votre disposition, monsieur HarryDorgan, répondit le milliardaire. De quoi s’agit-il ?

– Eh ! parbleu, du rubis !

– Vous avez des indices ?

– Mieux que cela : je sais où est lapierre précieuse… Venez avec moi.

D’un geste autoritaire, il entraînait lemilliardaire jusqu’au salon modern style, et lui montrait lerubis.

Mr. Jorgell ouvrait de grands yeux.

– Je vous remercie, fit-il, je suis ravique la pierre soit retrouvée, aussi bien pour mes invités que pourma chère Isidora.

Et il ajouta facétieusement :

– Il est vraiment regrettable que votrepère, l’honorable William Dorgan, soit milliardaire, vous auriezfait un détective de premier ordre.

– N’est-ce pas ? ce sera uneressource en cas de revers de fortune. Mais nous n’avons rempli quela moitié de notre tâche. Le rubis est retrouvé, il s’agitmaintenant de pincer le voleur.

– Comment vous y prendrez-vous ?

– C’est tout simple. Il n’y a qu’àlaisser le rubis où il est. Quand notre filou jugera le momentpropice, il viendra ramasser son butin.

– Parfait ! Je veux me donner leplaisir de contribuer moi-même à cette arrestation. Cachons-nousderrière le piano.

– C’est cela, et baissonsl’électricité.

L’ingénieur Harry Dorgan tourna lecommutateur ; l’obscurité envahit le salon. Immobiles, la mainsur la crosse de leurs brownings, les deux policiers improvisésattendaient avec patience.

Ils n’eurent pas longtemps à attendre.

Il y avait à peine un quart d’heure qu’ilsétaient en embuscade lorsqu’un personnage de haute taille se glissaavec précaution par la porte entrebâillée, et glissant, telle uneombre silencieuse, sur le tapis de haute laine, se dirigealentement vers la table.

Sa marche était incertaine et hésitante ;à chaque pas il se retournait avec inquiétude, on eût dit qu’unmystérieux instinct l’avertissait de la présence de ceux quil’épiaient. Enfin, rassuré par l’obscurité et le silence, ils’enhardit.

Ce fut d’une allure rapide comme celle d’unfauve qu’il atteignit la table et se pencha pour glisser sa main endessous.

– Il y est !… je l’ai !…balbutia-t-il d’une voix rauque.

Une seconde, malgré les ténèbres, le grandrubis étincela d’une pâle lueur sanglante entre ses doigts.

Mais au même moment Harry Dorgan lui sauta àla gorge, pendant que Fred Jorgell, tournant le commutateur,inondait le salon d’une aveuglante clarté.

Deux cris partirent en même temps :

– Baruch !…

– Mon père !…

L’homme qui se débattait sous la poigned’acier d’Harry Dorgan n’était autre que Baruch Jorgell.

D’un geste instinctif, Harry avait lâché sonprisonnier ; entre les trois hommes, il y eut quelquessecondes d’un poignant silence. Le vieux milliardaire demeuraitinerte, affaissé, frappé en plein cœur.

Baruch, livide de rage et de honte, jetait surson père et sur Harry des regards venimeux, puis, tout à coup,reprenant son sang-froid, il envoya rouler sur la table le rubisqu’il tenait encore dans sa main crispée et il marcha vers laporte.

Son père lui barra le passage.

– Tu ne t’en iras pas ainsi ! luicria-t-il d’une voix terrible. Non, tu ne passeras pas !…Monsieur Dorgan, veuillez sonner, que l’on aille chercher lespolicemen !…

Harry s’était avancé. En un éclair, il venaitd’entrevoir le moyen de sauver la situation.

– Sir, dit-il en se tournant vers levieux gentleman, n’exagérons pas la portée d’une plaisanterie unpeu osée peut-être…

Baruch avait compris, il n’avait qu’à saisirla planche de salut qui lui était tendue. Un mielleux sourirerasséréna ses traits, qui perdirent leur expression de haine et dedureté inflexible.

– Calmez-vous, mon père, fit-il avec unrire qui sonna faux, et laissez, je vous prie, messieurs lespolicemen où ils sont. Comme l’a tout de suite devinéM. Dorgan, c’est une simple farce que j’ai voulu faire àIsidora, qui est vraiment par trop vaniteuse de tous sescolifichets. J’avoue que c’était peut-être un peu osé, mais tousles rieurs auraient été de mon côté. Le déshabillage des ladiesjeunes et vieilles par une détective eût été une chose tout à faitdrolatique. C’eût été une attraction de plus, un véritable cloupour votre fête… Puis comment admettre que moi – votre fils – j’aievoulu m’emparer d’un bijou dont je n’ai que faire et qu’il m’auraitété d’ailleurs impossible de vendre ? C’est tout simplementridicule !

« C’était, ajouta-t-il, l’ivrognerie desdétectives qui lui avait donné l’idée de cette mystification, àlaquelle il espérait bien que son père n’attacherait pas plusd’importance qu’il n’en avait attaché lui-même. »

Il continua longtemps cette espèce deplaidoyer que Fred Jorgell et Harry écoutaient d’un airdistrait.

– D’un autre, dit sévèrement levieillard, je croirais peut-être tout ce que vous venez dedire ; malheureusement, Baruch, je vous connais trop bien…

– Mon père !…

– Eh bien, soit ! interrompit FredJorgell d’un ton sec, admettons l’explication que vous a sicharitablement fournie Mr. Dorgan ; mais, maintenant, ilme reste le devoir de faire connaître à nos invités que le rubisest retrouvé…

– Je ne puis pourtant pas raconter à toutle monde…

– Permettez-moi de vous dire, interrompitl’ingénieur, qu’il y a un moyen tout simple de tourner ladifficulté. Nous n’avons qu’à supposer que la femme de chambre deconfiance de miss Isidora aura pris l’initiative, dès lecommencement de la soirée, de reporter dans le coffre-fort le grandrubis, cela paraîtra très vraisemblable.

– Oui, cela arrange tout, murmura lemilliardaire. De la sorte on croira à une simple méprise.

Puis, s’adressant à Baruch :

– Quant à vous, lui dit-il d’un tonglacial, j’ai à vous parler sérieusement. Je vous attendrai demainsoir, à neuf heures, dans mon cabinet de travail.

– Je serai exact, mon père, réponditarrogamment Baruch.

Il ajouta, non sans ironie, en se tournantvers Harry Dorgan :

– Au revoir, monsieur, tous mesremerciements pour vos bonnes idées.

Et il salua et sortit.

Fred Jorgell, après avoir chaleureusementexprimé à l’ingénieur toute sa reconnaissance, le pria de garder leplus profond silence sur les événements de la soirée, puis tousdeux rentrèrent dans le bal.

Harry Dorgan regrettait presque d’êtreintervenu dans l’affaire du rubis volé ; il se rendait comptequ’il avait désormais un ennemi mortel dans la personne du frèred’Isidora, mais il ne voulut pas s’arrêter à cette pensée, il étaittout au plaisir d’aller annoncer lui-même à la jeune fille que lapierre précieuse avait été retrouvée.

Miss Isidora l’accueillit d’autant mieux que,parmi les nombreux jeunes gens de son entourage, Harry était un desrares pour qui elle éprouvât une réelle sympathie.

En quittant son père, Baruch était allérejoindre dans une allée déserte du parc les deux gentlemen aveclesquels nous l’avons déjà vu en conversation.

– Quelles nouvelles ? lui demanda leplus âgé en baissant la voix.

– Rien ! grommela Baruch avec unesourde colère, l’affaire est manquée.

– C’est regrettable, reprit froidementl’autre, la pierre était belle.

– Rien à faire de ce côté, mais j’aiautre chose en vue.

– De quoi s’agit-il ?

– Permettez-moi, jusqu’à nouvel ordre, devous garder le secret.

– C’est votre affaire, répondit ledeuxième gentleman, vous savez à quelles conditions nous consentonsà vous prêter notre appui.

C’est sur ces paroles mystérieuses que Baruchprit congé de ses deux interlocuteurs. Il était humilié etexaspéré. Rageusement il regagna le petit pavillon situé au fond duparc, et qui lui servait de laboratoire et de bibliothèque, carBaruch Jorgell, très ignorant sur d’autres points, était un assezbon chimiste.

Peu de temps après son départ, Harry Dorgan etmiss Isidora se trouvèrent au buffet près des deux gentlemen queBaruch venait de quitter.

– Quels sont donc ces deuxpersonnages ? demanda-t-il à la jeune fille, leur physionomieastucieuse et rusée ne me revient guère, je vous l’avoue.

– Je crois, master Harry, que vospréventions sont injustes, répondit-elle, ces gentlemen – ce sontles deux frères – sont honorablement connus dansJorgell-City ; le plus âgé, celui qui a le visage complètementrasé et qui porte des lunettes d’or, est le célèbre docteurCornélius Kramm, celui qu’on a surnommé le sculpteur de chairhumaine.

– J’ai entendu parler de ses prodigieuxtravaux, on disait de lui le plus grand bien ; maisl’autre ?

– C’est son frère Fritz Kramm, richemarchand de tableaux et d’objets d’art.

Harry Dorgan en resta là de ses questions.

À ce moment les premiers rayons du soleilperçaient la coupole des feuillages, faisant pâlir lesilluminations, et montrant les faces blêmes et lasses desvalseuses. Ce fut une débandade générale. Pendant que lesmusiciens, exténués, exécutaient sans enthousiasme un derniermorceau, les invités du milliardaire se hâtaient de regagner leursautos alignées devant le perron de la cour d’honneur.

La fête était terminée.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer