Le Sous-marin « JULES-VERNE »

Le Sous-marin « JULES-VERNE »

de Gustave Le Rouge

Partie 1
UN DRAME DE LA HAINE

 

Chapitre 1 UN CONCOURS ORIGINAL

 

Dans la chambrette, simplement meublée d’une table, d’un lit et de deux chaises, qu’il occupait au cinquième étage d’une maison de la Canebière, à Marseille, l’ingénieur Goël Mordax était en train de mettre au net une épure des plus compliquées, lorsqu’on frappa timidement à sa porte.

– Au diable le raseur !s’écria-t-il… Il y a vraiment des gens qui ont du temps à perdre !…

Tout en maugréant, Goël avait ouvert. Sa moue rechignée eut vite fait de se transformer en un sympathique sourire à l’aspect du visiteur inattendu.

– Comment, c’est toi, mon vieux Lepique,dit-il. Il y a au moins trois semaines que l’on ne t’a vu !…

– Au moins, si tu m’apportais des nouvelles de notre belle inconnue ! …

– Ah ! Ah ! s’écria le nouveau venu en souriant, il s’agit bien d’elle et de son automobile endiablée… J’ai mieux que cela à t’annoncer.

– Aurais-tu trouvé quelque nouvellevariété de lézard ? répliqua l’ingénieur… À propos, comment vata ménagerie ?

– Très bien… Mais il n’est pas questionde cela… Tu n’as donc pas lu les journaux ?

– Tu sais bien que je ne les lisjamais.

– C’est un tort. Sans cela, tu ne seraispas là, tranquillement assis devant ta table… Ou plutôt, si, tu yserais…

– Voyons, explique-toi, cesse de parlerpar énigmes.

– Lis toi-même, dit Lepique en tendant unjournal à son ami… Lis et réjouis-toi !

Le jeune ingénieur prit la feuille et ladéplia négligemment.

Puis il poussa un cri de surprise, ets’absorba dans sa lecture.

Pendant ce temps, M. Lepique sedébarrassait d’une énorme boite verte de botaniste, tirait de sespoches une série de marteaux et de ciseaux de différentes formes,déposait dans un coin un filet à papillons, et s’asseyait enfin,après avoir soigneusement essuyé ses lunettes avec son mouchoir depoche.

M. Lepique était un garçon de vingt-cinqans. Il était maigre et long. La figure ébahie et ronde, encadréede favoris taillés en côtelettes, lui donnait l’air d’un apprentisubstitut. Son nez de chercheur, étroit et mince, était surmonté delunettes bleues. Ses cheveux blond sale disparaissaienthabituellement sous un chapeau de feutre gris à larges bords.Enfin, il était vêtu d’une longue houppelande, de couleur indécise,poussiéreuse et couverte de taches, de laquelle émergeaient deuxjambes maigres et deux pieds énormes, chaussés de souliers àclous.

On ne pouvait le regarder sans rire.

Passionné pour l’histoire naturelle, surtoutpour l’entomologie, il avait installé dans un hangar, en dehors dela ville, toute une ménagerie d’insectes et de reptiles, dont ilétudiait les mœurs.

Tous les jours, il arpentait la campagne, àgrandes enjambées, à la recherche de grenouilles et d’insectes,dont il nourrissait ses pensionnaires.

Il était très connu dans son quartier, et lescommères se plaisaient, le soir, sur le seuil de leurs portes, à serappeler ses bizarreries ou quelques-unes de ses distractionsdevenues légendaires.

Il faisait le contraste le plus parfait avecson camarade de collège, l’ingénieur Goël Mordax.

Celui-ci était à peu près de son âge. Petit ettrapu, il avait de larges épaules. Sa figure énergique étaitencadrée d’une courte barbe noire. Le type de sa physionomieannonçait son origine bretonne.

Sorti l’un des premiers de l’Écolepolytechnique, il avait suivi les cours de l’École des mines. Sondiplôme d’ingénieur obtenu, il avait refusé la brillante positionque lui offrait la routine administrative, et était entré, à demaigres appointements, au service d’une compagnie de transports. Samodeste situation lui laissait des loisirs, dont il profitait pourse livrer, avec acharnement, à l’étude des problèmes les plus ardusde la mécanique et de la chimie.

Le journal dont la lecture absorbait si fortl’attention du jeune ingénieur, portait en manchette :

Sensationnel Concours

entre les ingénieurs du monde entier

Un milliardaire philanthrope

Sous-marin gigantesque

Un Prix de cinq millions-or

« Jusqu’ici, disait le journal, lessous-marins n’ont été que de coûteux engins destinés surtout à laguerre.

« Malgré les magnifiques travaux desconstructeurs du Narval, du Goubet, duHolland, du Gymnote et du Gustave-Zédé,les mystérieux abîmes des océans demeuraient inaccessibles auxinvestigations des savants et des pêcheurs de trésors.

« L’audacieuse tentative d’un richissimeNorvégien, M. Ursen Stroëm, va, d’ici peu, changer toutcela.

« D’ici quelques années, d’ici quelquesmois peut-être, l’on pourra recueillir, sans péril et sans peine,les trésors perdus au fond des mers : il sera faciled’engranger la riche moisson des productions sous-marines, lescoraux arborescents, les éponges, les nacres opalines, les blocsd’ambre gris, les perles. On pourra exploiter les riches gisementsde houille, d’or, de fer et de nickel, que recèlent les abîmesocéaniques.

« Le travail des plongeurs qui succombentà l’asphyxie et aux congestions, et qui deviennent la proie desrequins, sera désormais sans danger. L’éponge, le corail, lebyssus, l’huître perlière seront cultivés et mis en coupe, commeles plantes de nos jardins.

« Toutes les sciences, de lapaléontologie à la zoologie, réaliseront de gigantesques progrès.L’intelligence et le bien-être de l’homme se trouveront tout à coupdoublés par la possession des royaumes sub-océaniques… »

Alléché par ce préambule, Goël Mordaxcontinua :

« M. Ursen Stroëm, avec une sagacitévraiment géniale, s’est rendu compte de cette vérité, simple, maispourtant bien peu comprise, que la lenteur du progrès humain tientsurtout à la dispersion de l’effort.

« Si, chaque fois qu’il se présente, enscience, un problème ardu, s’est-il dit, tous les hommes compétentsdu monde entier s’y attelaient, le problème serait sans douterapidement résolu.

« Mais, comment intéresser tous lessavants à une même question ?… La tâche eût été difficile pourtout autre que le milliardaire Ursen Stroëm… Car l’appât del’énorme somme de cinq millions de francs-or, offerte en prime àl’heureux vainqueur du concours, décidera les plus hésitants, etéveillera toutes les convoitises.

« L’ingénieur qui fournira le plan leplus parfait de sous-marin non militaire, capable de descendre auxplus grandes profondeurs, aura donc à toucher cinq millions defrancs-or, soit un million de dollars, soit deux cent mille livressterling. »

– Eh bien, mon bonhomme, que dis-tu decela ? demanda M. Lepique, qui, tout en baguenaudant parla chambre, avait trouvé le moyen de renverser un godet d’encre deChine sur l’épure commencée par son ami.

– Je dis que tu es un fichumaladroit !

– Ce n’est pas cela que je te demande,fit le naturaliste d’un air piteux… Je te parle du fameux concoursde sous-marins.

– C’est tout simplement stupéfiant… Mais,de grâce, laisse-moi lire tranquille… J’en suis aux conditions duconcours, que le journal reproduit in extenso.

M. Lepique ouvrit la fenêtre et se mit àsiffloter, en regardant dans la rue, pendant que Goël continuait àlire :

« Dans un but d’humanité et decivilisation, M. Ursen Stroëm ouvre donc, à ses frais, unconcours pour l’élaboration d’un sous-marin, d’une jauge d’au moinshuit cents tonneaux, d’une vitesse de dix-huit nœuds, et d’unedurée d’immersion aussi longue que possible.

« Toute latitude est laissée auxconcurrents en ce qui concerne les mécanismes de direction, deplongée, d’éclairage, etc.

« Chaque concurrent devra faire parvenirà M. Ursen Stroëm une étude complète, comprenant :

« 1° Une note des vues d’ensemble duprojet et des conditions qu’il devra réaliser ;

« 2° Un plan des formes dusous-marin ;

« 3° Les diverses coupes définissant lacharpente du vaisseau, et permettant de le mettre àexécution ;

« 4° Un devis des échantillons ;

« 5° Des calculs de résistance,établissant l’indéformabilité de la coque ;

« 6° Un devis des poids ;

« 7° Un plan des aménagements ;

« 8° Des plans d’ensemble de l’appareilmoteur appuyés du calcul des dimensions principales de cetappareil ;

« 9° Des plans détaillés des appareils dedragage, d’extraction, etc. ;

« 10° Des plans détaillés des appareilsspéciaux que l’inventeur croira devoir proposer pour tel ou tel butparticulier.

« Les plans d’ensemble à l’échelle de 0 m05 par mètre, et les plans de détail au dixième.

« Les projets devront être adressés àM. Ursen Stroëm, à sa villa des Glycines, à Marseille, dans ledélai d’un an à partir de ce jour. Ils ne devront porter qu’uneseule signature, même s’ils sont le résultat de la collaboration deplusieurs savants, et le prix ne pourra être partagé.

« Pour présenter toutes garanties auxconcurrents, le jury sera choisi parmi les savants les plusillustres du monde entier.

« Ont déjà accepté d’en fairepartie : MM. Edison, Claude, Holland, Forêt,Romazotti, etc, ainsi que quelques constructeurs et sportsmentels que MM. Ford, Bréguet, Renault, Citroën,etc.

Suivait un long éloge d’Ursen Stroëm, qui seterminait par cette phrase :

«Nous croyons savoir que la générosité duphilanthrope norvégien ne s’arrêtera pas là, et que le vainqueur duconcours pourrait bien, du même coup, toucher le prix de cinqmillions et hériter plus tard de la fortune colossale d’UrsenStroëm… On dit, en effet, que Mlle Edda Stroëm, la fille dumilliardaire, belle autant qu’originale, consentirait à épousersans déplaisir le vainqueur de ce concours. »

– Eh bien ! que penses-tu decela ? dit M. Lepique, en voyant son ami replier lejournal.

– Venant de tout autre, je pourraiscroire que ce concours n’est qu’un formidable canard.

– Alors ?

– Alors, je vais concourir. Toutsimplement. Tu es content ?

– Mon Dieu, oui…

– Hein ! mon gaillard, les cinqmillions te tentent ! … fit M. Lepique.

– Non… Je trouve une occasion unique devoir mes plans soigneusement examinés, et j’en profite… Tant mieuxpour moi, si je réussis.

Tout en parlant, le jeune ingénieur sepromenait de long en large. Il était plus ému qu’il ne voulait leparaître.

– Allons, mon vieux, fit M. Lepique,en reprenant son attirail de savant ambulant, du calme, du calme…Tiens, viens prendre un bock avec moi. Cela te remettra.

Les deux amis se rendirent sur la Canebière,orgueil et délices des Marseillais.

La nuit tombait ; les cafés présentaientune animation extraordinaire. Tout le monde commentait, avec degrands gestes et de grands éclats de voix le projet audacieux duNorvégien. Les crieurs de journaux encaissaient des recettesfantastiques.

Les deux camarades s’assirent, se firentservir un bock et feuilletèrent les journaux illustrés.

– Tiens, regarde donc, s’écria tout àcoup Goël… Reconnais-tu ce portrait ?

M. Lepique ajusta ses lunettes.

– Jolie fille, dit-il négligemment.

– Cela ne te rappelle rien ? fitGoël.

– Hum ! … Non… C’est-à-dire…Si ! … Elle ressemble étrangement à la belle inconnue qui afailli nous écraser l’autre jour.

– Eh bien ! c’est Mlle Stroëm… Voilàqui est bizarre !

– Par conséquent, la futureMme Mordax, ajouta M. Lepique avec un grand sérieux.

– À moins qu’elle ne soit lady TonyFowler, mon cher Goël ? dit soudain une voix à côté d’eux.

Les deux amis se retournèrent, ils setrouvèrent face à face avec un grand jeune homme, vêtu d’un completà carreaux verts et jaunes. Il portait en sautoir une jumelle, dansun étui de maroquin.

L’inconnu offrait le type le plus parfait duYankee. Il ne portait pas de barbe ; et la bouche, aux lèvresminces, était surmontée d’un nez fortement busqué. Les yeuxenfoncés sous l’arcade sourcilière, dénotaient une grandeénergie.

Il tendit franchement la main àGoël :

– Eh bien, vous ne me reconnaissezpas ?

– Si, si, mon cher Tony, répondit Goëlaprès un instant d’hésitation ; mais je ne m’attendais pas àvous rencontrer ici… Il y a bien cinq ans que je ne vous avais vu…Vous aviez disparu si soudainement que, ma foi, je vous avais crumort !

– Je suis, au contraire, on ne peut plusvivant, et très disposé à conquérir la main de la belle EddaStroëm.

– Bonne chance, messieurs, s’écriaM. Lepique. En cette occasion, je suis heureux, pour ma part,de ne pas être ingénieur. Car une jeune fille qui s’adjuge auconcours, merci !… Je souhaite bien du bonheur à quil’épousera ; mais je crains bien qu’elle ne soit plusdifficile à conduire qu’un torpilleur de haute mer.

Et M. Lepique se mit à rire â gorgedéployée, de cette plaisanterie qu’il jugeait excellente.

Goël Mordax allait prendre la défense de lajeune fille, quand un consommateur, qui avait entendu les dernièresparoles du naturaliste, se leva et se rapprocha des trois jeunesgens.

Une abondante chevelure, noire et frisée,s’échappait de dessous son feutre à longs poils. Ses moustacheslongues et brunes étaient soigneusement cosmétiquées. Il étaitsanglé dans une redingote du meilleur faiseur, et sa boutonnièreétait ornée d’une rosette multicolore, à prétention de rosace, oùles ordres étrangers les plus disparates se côtoyaient dans unetouchante fraternité.

Il salua les trois jeunes gens d’un brusquecoup de chapeau ; et s’adressant à M. Lepique :

– Môssieu, dit-il d’une voix claironnantequi trahit immédiatement les origines bien marseillaises du nouveauvenu, vous parlez plus que légèrement de Mlle Edda Stroëm. Je nesaurais tolérer plus longtemps cet irrévérencieux langage.

M. Lepique demeurait confus.

– Mille pardons, monsieur, interrompitironiquement Tony Fowler ; à qui avons-nous l’honneur deparler ?

– Au célèbre Marius Coquardot, ditCantaloup, répondit l’autre en se rengorgeant.

– Votre célébrité doit être bien limitée,reprit le Yankee goguenard. C’est la première fois que j’entendsprononcer votre nom.

Un flot de sang monta aux joues duMarseillais. Il paraissait stupéfait de l’audace et de l’ignorancede son interlocuteur.

– Vous n’avez jamais entendu parler demoi ? s’écria-t-il enfin… De moi, le célèbre Cantaloup, connudans toutes les cours de l’Europe ! … De moi, qui me faisgloire d’être l’ami des plus grands souverains ! … Mais d’oùsortez-vous ? Il n’est personne ici qui ne rende hommage à magloire ! …

Et d’un geste large, il embrassa la salleentière du café. Mais le geste avait tant d’ampleur, tant demajesté, qu’il semblait englober la terre entière, et une bonnepartie des astres environnants.

Tous les consommateurs souriaient :Coquardot, était, en effet, très populaire à Marseille, sa villenatale.

– Mais cela ne m’apprend rien, ricanaTony Fowler.

– Eh bien, voici qui vousl’apprendra.

Et Coquardot tira d’un porte-carte en cuir deRussie, un bristol entièrement doré, portant cet extraordinairelibellé :

MARIUS COQUARDOT, dit CANTALOUP

Artiste culinaire

Officier de l’Instruction publique

Décoré de nombreux ordres étrangers

Membre de l’Académie nationale de cuisine

Ex-officier du service de la Bouche

de LL. MM, les Empereurs et Rois

d’Angleterre,

de Portugal,

d’Italie,

Maître d’hôtel particulier de M. Ursen Stroëm

Villa des Glycines Marseille (Bouches-du-Rhône).

L’Américain s’esclaffa.

– Ah ! vous êtes cuisinier !fit M. Lepique d’un air goguenard.

– Cuisinier ! Cuisinier !…claironna Cantaloup, en levant les bras au ciel… Artiste culinaire,monsieur ! Auteur d’une traduction du De reCoquinaria d’Apicius… Commentateur des œuvres de Marie-AntoineCarême, et de Grimod de la Reynière… descendant, par les femmes, del’illustre Vatel ! … Et vous osez m’appelercuisinier !

– C’est bon, répondit M. Lepique… Jesais qui vous êtes, et vous fais toutes mes excuses… Voulez-vous medonner la main ?

– Non, monsieur, répliqua dignementCoquardot-Cantaloup. Pas avant que vous n’ayez retiré les parolesblessantes pour l’honneur de Mlle Edda Stroëm, que vous avezprononcées tout à l’heure.

– Eh bien, je les retire… Êtes-voussatisfait, maintenant ?

– Vous avez bien fait, Sans cela, vous nesaviez pas à quoi vous vous exposiez.

Les sourcils froncés, Cantaloup se retiramajestueusement, après avoir salué les trois amis.

Cependant, la nuit était venue les globesélectriques étincelaient. Goël Mordax et M. Lepique seséparèrent de l’Américain après une cordiale poignée de main.

– Crois-tu que Tony Fowler ait deschances de remporter le prix ? demanda M. Lepique àGoël.

– Pourquoi pas ?… Il a fait desolides études.

– Est-ce un bon camarade ? ajoutatimidement M. Lepique.

– Mais certainement, fit Goël après unmoment d’hésitation.

– Je ne sais pas ; mais il m’a faitmauvaise impression… Je le croirais facilement jaloux de toi…

Goël haussa les épaules.

Les deux amis continuèrent à marcher, absorbésdans leurs pensées.

– Sapristi ! s’écria tout à coup lenaturaliste, j’ai laissé une couleuvre à la consigne… Allons lachercher.

Les deux amis se rendirent à la gare, où lereptile fut délivré.

Ils revenaient sur leurs pas, quand ils furentcroisés par une automobile filant à toute allure.

Au bruit qu’elle faisait, les deux jeunes gensrelevèrent la tête, et ils reconnurent, dans le véhicule, à lalueur du fanal électrique, la fine silhouette d’Edda Stroëm, lablonde inconnue qui, une fois déjà, avait failli les écraser. Elleleur apparut alors comme la vivante incarnation de la sciencemoderne, la Muse des temps futurs.

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