Les Cinq Filles de Mrs Bennet (Orgueil et Préjugés)

Les Cinq Filles de Mrs Bennet (Orgueil et Préjugés)

de Jane Austen

INTRODUCTION

Les intrigues sont simples, quoique nourries d’incidents multiples et variés. Contemporaine des débuts du romantisme, Jane Austen y est restée à peu près étrangère. Elle ne se complaît pas dans la peinture des situations tragiques ni des passions violentes. Observatrice avant tout, elle cherche seulement dans l’intrigue l’occasion de provoquer le jeu des sentiments, de mettre en lumière l’évolution des principaux caractères, et de marquer les traits saillants des autres. C’est par là que ses personnages de premier plan attirent, intéressent et captivent le lecteur. Elle pousse le dédain du pittoresque jusqu’à ne pas nous faire connaître leur aspect physique, mais elle arrive si bien à nous les représenter « du dedans » qu’ils vivent vraiment sous nos yeux. Ses héroïnes ne se montrent ni très sentimentales,ni très passionnées, mais elles ont bien du charme. Leurs natures sont très différentes : Anne Elliot, plus tendre et un peu secrète, Elinor Dashwood, raisonnable et mesurée, Emma Woodhouse,pleine de confiance en elle-même, désireuse de mener à son idée, et pour le plus grand bien de tous, le petit monde qui l’entoure ; Elizabeth Bennet, spontanée, spirituelle et gaie,portant partout sa franchise et son indépendance de jugement.Chacune a ses qualités, ses défauts, ses erreurs d’appréciation,ses préventions. Ce qu’elles ont de commun entre elles, c’est une intelligence fine, pénétrante, et une certaine maturité d’esprit qui donne de la valeur à toutes leurs réflexions.

Miss Austen n’a pas moins soigné ses personnages secondaires, et nombreux parmi eux sont ceux qui ont excité sa verve et son sens aigu du ridicule : bourgeoises vulgaires, mères enragées de marier leurs filles, dames de petite noblesse gonflées de leur importance et flattées lourdement parleurs protégés, « baronets » férus de leur titre, que lavue de leur arbre généalogique remplit chaque jour d’unesatisfaction inlassable, jeunes filles hautaines et prétentieuses,petites écervelées dont l’imagination ne rêve que bals, flirts etenlèvements, se meuvent autour des personnages principaux etforment un ensemble de types comiques dont aucun ne nous laisseindifférents. De même qu’un lecteur de David Copperfieldn’oubliera pas Mr. Micawber et Uriah Heep, celui qui a lu Prideand Préjudice conserve toujours le souvenir de lady Catherineet de Mr. Collins. Au milieu de tout ce monde qui s’agite, quelquesobservateurs, judicieux comme Mr. Knightley, ou ironiques commeM. Bennet, portent des jugements savoureux, incisifs, dontleur entourage ne fait pas toujours son profit.

Ces récits qui se développent à loisir dansune langue claire, souple et aisée, coupés de dialogues animés, ontprovoqué les éloges de plusieurs grands écrivains anglais. WalterScott enviait la délicatesse de touche avec laquelle Jane Austendonnait de l’intérêt aux incidents les plus ordinaires. Macaulayl’a comparée à Shakespeare pour sa facilité à créer des caractères.Thackeray reconnaissait que tous ces petits détails vécus, tous cesmenus faits d’observation rendent un son si naturel qu’ilsrappellent l’art de Swift. Lewes déclarait qu’il aimerait mieuxêtre l’auteur de Pride and Prejudice que d’avoir écrittous les romans de Walter Scott. Et les critiques de notre époquecontinuent à témoigner à Jane Austen l’admiration qu’elle mérite etdont elle a si peu joui de son vivant.

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