Les Mille et une nuits

LXXXIII NUIT.

Sire, le grand vizir Giafar continuant deraconter l’histoire de Bedreddin Hassan : « Quand lanouvelle mariée, poursuivit-il, vit que son père lui reprochait lajoie qu’elle faisait paraître, elle lui dit : « Seigneur,ne me faites point, de grâce, un reproche si injuste ; cen’est pas le bossu, que je déteste plus que la mort, ce n’est pasce monstre que j’ai épousé : tout le monde lui a fait tant deconfusion qu’il a été contraint de s’aller cacher et de faire placeà un jeune homme charmant qui est mon véritable mari. – Quellefable me contez-vous ? interrompit brusquement SchemseddinMohammed. Quoi ! le bossu n’a pas couché cette nuit avecvous ? – Non, seigneur, répondit-elle, je n’ai point couchéavec d’autre personne qu’avec le jeune homme dont je vous parle,qui a de gros yeux et de grands sourcils noirs. » À cesparoles, le vizir perdit patience et se mit dans une furieusecolère contre sa fille. « Ah ! méchante, lui dit-il,voulez-vous me faire perdre l’esprit par le discours que vous metenez ? – C’est vous, mon père, repartit-elle, qui me faitesperdre l’esprit à moi-même par votre incrédulité. – Il n’est doncpas vrai, répliqua le vizir, que le bossu…… – Hé ! laissons làle bossu, interrompit-elle avec précipitation, maudit soit lebossu ! Entendrai-je toujours parler du bossu ! Je vousle répète encore, mon père, ajouta-t-elle, je n’ai point passé lanuit avec lui, mais avec le cher époux que je vous dis, et qui nedoit pas être loin d’ici. »

« Schemseddin Mohammed sortit pourl’aller chercher ; mais au lieu de le trouver, il fut dans unesurprise extrême de rencontrer le bossu, qui avait la tête en bas,les pieds en haut, dans la même situation où l’avait mis le génie.« Que veut dire cela ? lui dit-il ; qui vous a misen cet état ? » Le bossu, reconnaissant le vizir, luirépondit : « Ah ! ah ! c’est donc vous quivouliez me donner en mariage la maîtresse d’un buffle, l’amoureused’un vilain génie ? Je ne serai pas votre dupe, et vous ne m’yattraperez pas. »

Scheherazade en était là lorsqu’elle aperçutla première lumière du jour ; quoiqu’il n’y eût pas longtempsqu’elle parlât, elle n’en dit pas davantage cette nuit. Lelendemain, elle reprit ainsi la suite de sa narration, et dit ausultan des Indes :

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