Les Mille et une nuits

LXXXV NUIT.

Le lendemain, Scheherazade ayant repris laparole, dit à Schahriar : Sire, le vizir Schemseddin Mohammedétant revenu de son évanouissement par le secours de sa fille etdes femmes qu’elle avait appelées : « Ma fille, dit-il,ne vous étonnez pas de l’accident qui vient de m’arriver. La causeen est telle qu’à peine y pourrez-vous ajouter foi. Cet époux qui apassé la nuit avec vous est votre cousin, le fils de Noureddin Ali.Les mille sequins qui sont dans cette bourse me font souvenir de laquerelle que j’eus avec ce cher frère ; c’est sans doute leprésent de noce qu’il vous fait. Dieu soit loué de toutes choses,et particulièrement de cette aventure merveilleuse qui montre sibien sa puissance ! » Il regarda ensuite l’écriture deson frère, et la baisa plusieurs fois en versant une grandeabondance de larmes. « Que ne puis-je, disait-il, aussi bienque je vois ces traits qui me causent tant de joie, voir iciNoureddin lui-même et me réconcilier avec lui ! »

Il lut le cahier d’un bout à l’autre : ily trouva les dates de l’arrivée de son frère à Balsora, de sonmariage, de la naissance de Bedreddin Hassan, et lorsque, aprèsavoir confronté à ces dates celles de son mariage et de lanaissance de sa fille au Caire, il eut admiré le rapport qu’il yavait entre elles et fait enfin réflexion que son neveu était songendre, il se livra tout entier à la joie. Il prit le cahier etl’étiquette de la bourse, les alla montrer au sultan, qui luipardonna le passé, et qui fut tellement charmé du récit de cettehistoire, qu’il la fit mettre par écrit avec toutes sescirconstances, pour la faire passer à la postérité.

Cependant le vizir Schemseddin Mohammed nepouvait comprendre pourquoi son neveu avait disparu ; ilespérait néanmoins le voir arriver à tous moments, et ill’attendait avec la dernière impatience pour l’embrasser. Aprèsl’avoir inutilement attendu pendant sept jours, il le fit chercherpar tout le Caire ; mais il n’en apprit aucune nouvelle,quelques perquisitions qu’il en pût faire. Cela lui causa beaucoupd’inquiétude. « Voilà, disait-il, une aventure biensingulière ! jamais personne n’en a éprouvé unepareille. »

Dans l’incertitude de ce qui pouvait arriverdans la suite, il crut devoir mettre lui-même par écrit l’état oùétait alors sa maison, de quelle manière les noces s’étaientpassées, comment la salle et la chambre de sa fille étaientmeublées. Il fit aussi un paquet du turban, de la bourse et dureste de l’habillement de Bedreddin, et l’enferma sous la clé… Lasultane Scheherazade fut obligée d’en demeurer là parce qu’elle vitque le jour paraissait. Sur la fin de la nuit suivante ellepoursuivit cette histoire dans ces termes :

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