Les Mille et une nuits

XCI NUIT.

Sur la fin de la nuit suivante, Scheherazadeadressant la parole au sultan des Indes : Sire, dit-elle, legrand vizir Giafar poursuivit ainsi l’histoire de BedreddinHassan : « Bedreddin, dit-il, continua d’exercer saprofession de pâtissier à Damas, et son oncle Schemseddin Mohammeden partit trois jours après son arrivée. Il prit la route d’Emesse,d’où il se rendit à Hamah, et de là à Halep, où il s’arrêta deuxjours. D’Halep il alla passer l’Euphrate, entra dans laMésopotamie, et après avoir traversé Mardin, Moussoul, Sengiar,Diarbekir et plusieurs autres villes, arriva enfin à Balsora, oùd’abord il fit demander audience au sultan, qui ne fut pas plus tôtinformé du rang de Schemseddin Mohammed, qu’il la lui donna. Il lereçut même très-favorablement et lui demanda le sujet de son voyageà Balsora. « Sire, répondit le vizir Schemseddin Mohammed, jesuis venu pour apprendre des nouvelles du fils de Noureddin Ali monfrère, qui a eu l’honneur de servir votre majesté. – Il y alongtemps que Noureddin Ali est mort, reprit le sultan. À l’égardde son fils, tout ce qu’on vous en pourra dire, c’est qu’environdeux mois après la mort de son père, il disparut tout à coup, etque personne ne l’a vu depuis ce temps-là, quelque soin que j’aiepris de le faire chercher. Mais sa mère, qui est fille d’un de mesvizirs, vit encore. » Schemseddin Mohammed lui demanda lapermission de la voir et de l’emmener en Égypte, et le sultan yayant consenti, il ne voulut pas différer au lendemain à se donnercette satisfaction : il se fit enseigner où demeurait cettedame, et se rendit chez elle à l’heure même, accompagné de sa filleet de son petit-fils.

« La veuve de Noureddin Ali demeuraittoujours dans l’hôtel où avait demeuré son mari jusqu’à sa mort.C’était une très-belle maison, superbement bâtie et ornée decolonnes de marbre ; mais Schemseddin Mohammed ne s’arrêta pasà l’admirer. En arrivant, il baisa la porte et un marbre sur lequelétait écrit en lettres d’or le nom de son frère. Il demanda àparler à sa belle-sœur, dont les domestiques lui dirent qu’elleétait dans un petit édifice en forme de dôme, qu’ils luimontrèrent, au milieu d’une cour très-spacieuse. En effet, cettetendre mère avait coutume d’aller passer la meilleure partie dujour et de la nuit dans cet édifice, qu’elle avait fait bâtir pourreprésenter le tombeau de Bedreddin Hassan, qu’elle croyait mortaprès l’avoir si longtemps attendu en vain. Elle y était alorsoccupée à pleurer ce cher fils, et Schemseddin Mohammed la trouvaensevelie dans une affliction mortelle.

« Il lui fit son compliment, et aprèsl’avoir suppliée de suspendre ses larmes et ses gémissements, illui apprit qu’il avait l’honneur d’être son beau-frère, et lui ditla raison qui l’avait obligé de partir du Caire et de venir àBalsora. »

En achevant ces mots, Scheherazade, voyantparaître le jour, cessa de poursuivre son récit ; mais elle enreprit le fil de cette sorte sur la fin de la nuitsuivante :

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