HISTOIRE QUE RACONTA LE MARCHANDCHRÉTIEN.
« Sire, avant que je m’engage dans lerécit que votre majesté consent que je lui fasse, je lui ferairemarquer, s’il lui plaît, que je n’ai pas l’honneur d’être né dansun endroit qui relève de son empire : je suis étranger, natifdu Caire en Égypte, Copte de nation et chrétien de religion. Monpère était courtier, et il avait amassé des biens assezconsidérables qu’il me laissa en mourant. Je suivis son exemple etembrassai sa profession. Comme j’étais un jour au Caire, dans lelogement public des marchands de toutes sortes de grains, un jeunemarchand très-bien fait et proprement vêtu, monté sur un âne, vintm’aborder ; il me salua, et ouvrant un mouchoir où il y avaitune montre[47] de sésame : « Combien vaut,me dit-il, la grande mesure de sésame de la qualité de celui quevous voyez ? »
Scheherazade, apercevant le jour, se tut encet endroit ; mais elle reprit son discours la nuit suivante,et dit au sultan des Indes :