Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir
Partie 1
LES PROGRÈS D’UNE GARCE
d’après les dessins de M. Hogarth.
Chapitre 1L’Innocente trahie
Voyez cette fille de campagne : que ses regards sont innocents ! que ses habits sont propres quoique unis ! N’êtes-vous pas indigné de voir la maquerelle qui n’oublie rien pour la débaucher ? Elle couvre ses desseins sous le voile de la piété et ne parle que de prières et de dévotions, jusqu’à ce que la pauvrette soit vendue et livrée à Francisque.
Voyez ce vieux paillard, comme il lorgne labelle : il est l’emblème véritable d’un satyre impudique. Le curé de campagne arrive à la ville avec une méchante rosse. Jugezce qui l’amène : moins à faire et mieux payé.
Chapitre 2 Un juif l’entretient somptueusement
Débauchée d’abord et chassée ensuite, c’est lesort de toutes les putains de Francisque. La pauvre Polly (Pollyest un nom de baptême comme Margot) est obligée de battre du plâtrejusqu’à ce qu’elle rencontre un juif opulent.
Le circoncis lui donne tout. Examinez-la danstoute sa splendeur.
Elle a un singe et un Maure qui la suit.
Qu’un homme est sot de s’imaginer jouir seuld’une femme ! Car malgré tout ce qu’il pourra lui donner, ellene perdra pas une occasion favorable pour baiser avec d’autres.
Polly donc avait son amant dans le lit quandl’Hébreu arriva sans être attendu. Pour le faire évader, ellequerelle le juif, donne un coup de pied à la table, pendant que safemme de chambre fait sortir le galant.