LES PRÉCÉDENTS, ROSALINDE
ROSALINDE, survenant.
Salut ! je suis
Alors, puisqu’il le faut décidément, depuis
Tous ces étonnements où notre cœur se joue,
A votre chariot la cinquième roue.
Je vous rends vos serments anciens et les nouveaux
Et les récents, les vrais aussi bien que les faux.
MYRTIL, au bras de Chloris et protestant comme par manière d’acquit.
ROSALINDE
Vous n’avez pas besoin de vous défendre,
Car me voici l’amie intime de Sylvandre.
SYLVANDRE, ravi, surpris et léger.
O doux Charybde après un aimable Scylla !
Mais celle-ci va faire ainsi que celle-là
Sans doute, et toutes deux, adorables coquettes
Dont les caprices sont bel et bien des raquettes,
Joueront avec mon cœur, je le crains, au volant.
CHLORIS, à Sylvandre.
ROSALINDE, au même.
MYRTIL, au même.
SYLVANDRE, à Myrtil.
Quand à cet insolent »,
Ami cher, mes griefs sont au moins réciproques,
Et, s’il est vrai que nous te vexions, tu nous choques.
(À Rosalinde et à Chloris.)
Mesdames, je suis votre esclave à toutes deux,
Mais mon cœur qui se cabre aux chemins hasardeux
Est un méchant cheval réfractaire à la bride,
Qui devant tout péril connu s’enfuit, rapide,
A tous crins, s’allât-il rompre le col plus loin.
Or, donc, si vous avez, Rosalinde, besoin
Pour un voyage au bleu pays des fantaisies
D’un franc coursier, gourmand de provendes choisies
Et quelque peu fringant, mais jamais rebuté,
Chevauchez à loisir ma bonne volonté.
MYRTIL
La déclaration est un tant soit peu roide,
Mais, bah ! chat échaudé craint l’eau, fût-elle froide,
N’est-ce pas, Rosalinde, et vous le savez bien,
Que ce chat-là surtout, c’est moi.
ROSALINDE
MYRTIL
Et puisqu’en ce conflit où chacun se rebiffe
Chloris aussi veut bien m’avoir pour hippogriffe
De ses rêves devers la lune ou bien ailleurs,
Me voici tout bridé, couvert d’ailleurs de fleurs
Charmantes aux odeurs puissantes et divines
Dont je sentirai tôt ou tard les épines,
CHLORIS
Taisez-vous et m’aimez.
Adieu, Sylvandre !
ROSALINDE
MYRTIL, à Rosalinde.
SYLVANDRE, à Chloris.
ROSALINDE
CHLORIS
(Sortent Sylvandre et Rosalinde.)