Le Kama Sutra

de Vatsyayana

Préambule

Salutation à Dharma, Artha et Kama

Au commencement, le Seigneur des Êtres créa les hommes et les femmes, et, sous forme de commandements en cent mille chapitres,traça les règles de leur existence par rapport à Dharma qui est l’acquisition du mérite religieux, Artha qui est l’acquisition de la richesse, de la propriété, etc. et Kama qui est l’amour, la jouissance, le plaisir sensuel. On a conservé partout ces trois mots. On peut aussi les définir par venu, richesse et plaisir,trois choses dont il est continuellement question dans les Lois de Manou.

Quelques-uns de ces commandements, ceux, par exemple, qui traitent de Dharma, furent écrits séparément par Swayambhou Manou;ceux qui regardent Artha furent compilés par Brihaspati; et ceux qui ont trait à Kama furent exposés par Nandi, disciple de Mahadeva, en mille chapitres.

Plus tard, ces Kama Sutra (aphorismes sur l’amour), écrits par Nandi en mille chapitres, furent reproduits par Shvetaketou, fils d’Uddvalaka, sous une forme abrégée, en cinq cents chapitres; le même ouvrage fut également reproduit sous une forme abrégée, en cent cinquante chapitres, par Babhravya, héritier de la région de Punchala (au sud de Delhi). Ces cent cinquante chapitres étaient réunis sous les sept titres ou divisions que voici ::

Sadharana (questions générales). Samprayogika (embrassements,etc.). Kanya Samprayuktaka (union du mâle et de la femelle).Bharyadhikarika (sur sa propre épouse). Paradarika (sur les épouses d’autrui). Vaisika (sur les courtisanes). Aupamishadika (sur les arts de la séduction, les médecines toniques, etc.). \\

La sixième partie de ce dernier ouvrage fut séparément exposée par Dattaka à la requête des femmes publiques de Pataliputra(Patna); de même la première partie, par Charayana. Les autres parties, savoir la deuxième, la troisième, la quatrième, la cinquième et la septième furent chacune séparément exposées par:

Suvamanabha (deuxième partie) ;

Ghotakamukha (troisième partie) ;

Gonardiya (quatrième partie) ;

Gonikaputra (cinquième partie) ;

Kuchumara (septième partie).

Ainsi rédigé en parties séparées par différents auteurs,l’ouvrage était presque impossible à trouver complet ; et comme les parties exposées par Dattaka et les autres ne traitaient que des matières spéciales dont chacune d’elles était le sujet ; comme, d’ailleurs, l’œuvre originale de Babhravya n’était pas d’une étude facile, à cause de son étendue, Vatsyayana,par ces diverses raisons, a composé le présent ouvrage, d’un volume restreint, en guise de résumé de tous les travaux des susdits auteurs.

Partie 1
Questions générales
Chapitre 1 Observations sur les trois acquisitions terrestres : Vertu,Richesse, Amour.

L’homme, dont la période de vie est de cent années, doitpratiquer Dharma, Artha et Kama à différentes époques, et de tellemanière qu’ils puissent s’harmoniser entre eux sans le moindredésaccord. Il doit acquérir de l’instruction dans sonenfance ; dans la jeunesse et l’âge mûr, il s’occupera d’Arthaet de Kama, et dans la vieillesse il poursuivra Dharma, s’efforçantainsi de gagner Moksha, c’est-à-dire la dispense de transmigrationultérieure. Ou, étant donné l’incertitude de la vie, il peutpratiquer ces trois choses aux époques qui lui seront spécifiées.Mais une chose à noter, c’est qu’il doit mener la vie d’un étudiantreligieux jusqu’à ce qu’il ait fini son éducation. Dharma estl’obéissance au commandement des Shastra ou Écriture Sainte desHindous, de faire certaines choses, telles que des sacrifices,lesquelles ne sont pas généralement faites, parce qu’ellesn’appartiennent pas à ce monde et ne produisent pas d’effetvisible ; et de ne pas faire d’autres choses, comme de mangerde la viande, ce qui se fait souvent parce que cela est de ce mondeet a des effets visibles.

Dharma est enseigné par le Shruti (Écriture Sainte) et par ceuxqui l’expliquent.

Artha est l’acquisition des arts, terres, or, bétail, richesses,équipages et amis. C’est, en outre, la protection de ce qui estacquis, et l’accroissement de ce qui est protégé. Artha estenseigné par les officiers du Roi, et par les négociants versésdans le commerce. Kama est la jouissance d’objets appropriés, parles cinq sens de l’ouïe, du toucher, de la vue, du goût et del’odorat, assistés de l’esprit uni à l’âme. Le point essentiel enceci est un contact spécial entre l’organe du sens et son objet, etla conscience du plaisir qui en résulte s’appelle Kama.

Kama est enseigné par les Kama Sutra (aphorismes sur l’amour) etpar la pratique des citoyens.

Quand tous les trois, Dharma, Artha et Kama, sont réunis, lePrécédent est meilleur que le suivant ; c’est-à-dire, Dharmaest meilleur qu’Artha, et Artha meilleur que Kama. Mais Artha doittoujours être pratiqué d’abord par le Roi, car c’est d’Artha seulque dépend la subsistance du peuple. De même, Kama étantl’occupation des femmes publiques, elles doivent le préférer auxdeux autres. Ce sont là les exceptions à la règle générale.

1. Première objection

Plusieurs savants hommes disent que Dharma se rapportant à deschoses qui ne sont pas de ce monde, il peut convenablement en êtretraité dans un livre ; comme aussi d’Artha, parce que lapratique en est possible seulement par l’application de certainsmoyens, dont la connaissance ne s’acquiert que par l’étude et leslivres. Mais Kama, étant une chose pratiquée même par la créationbrute et qui se voit partout, n’a aucunement besoin d’un livre pourl’enseigner.

2. Réponse

Cela n’est pas exact. Le commerce sexuel étant une chosedépendante de l’homme et de la femme, il requiert l’application de certains moyens enseignés par les Kama Shastra. La non-applicationde moyens spéciaux, que nous remarquons dans la création brute, estdue à ce que les animaux n’ont pas d’entraves ; à ce que leurs femelles ne sont propres au commerce sexuel qu’à certaines saisons,sans plus ; enfin, à ce que leur rapprochement n’est précédé d’aucune sorte de pensée.

3. Deuxième objection

Les Lokayatikas disent : « Les commandements religieux ne doivent pas être observés, car ils portent un fruit à venir, simême, ce qui est douteux, ils portent un fruit quelconque. Qui serait assez fou pour laisser aller dans les mains d’un autre ce qu’il a dans ses propres mains ? D’ailleurs, il est préférable d’avoir un pigeon aujourd’hui qu’un paon demain ; et une pièce de cuivre que nous avons la certitude d’obtenir est meilleure qu’une pièce d’or dont la possession est douteuse. »

4. Réponse

Cela n’est pas exact.

L’Écriture Sainte, qui ordonne la pratique de Dharma, ne permet aucun doute. Les sacrifices, qu’on fait pour la destruction des ennemis, ou pour avoir de la pluie, ont un fruit visible. Le soleil, la lune, les étoiles, les planètes et autres corps célestes, paraissent opérer intentionnellement pour le bien du monde. c’étaient certainement des matérialistes qui semblaient croire qu’un oiseau dans la main en vaut deux dans le buisson.L’existence du monde est assurée par l’observation des règles concernant les quatre classes d’hommes et leurs quatre stages de vie. Nous voyons qu’on sème de la graine dans la terre avecl’espoir d’une moisson future.

Vatsyayana, en conséquence, est d’avis qu’il faut obéir aux commandements de la religion.

5. Troisième objection

Ceux qui croient que le Destin est le premier moteur de toutes choses disent : « Nous ne devons pas nous efforcer d’acquérir la richesse, car souvent on ne l’acquiert pas en dépit de tous les efforts, tandis que d’autres fois elle nous vient sans aucun effort de notre part.

Conséquemment, toute chose est au pouvoir du  Destin, qui est le maître du gain et de la perte, du succès et du désastre, du plaisir et de la peine. Ainsi avons-nous vu Bali élevé au trône d’Indra parle Destin, puis renversé par le même pouvoir, et c’est le Destin seul qui peut le réinstaller. »

6. Réponse

Ce raisonnement n’est pas juste. Comme l’acquisition d’un objet quelconque Présuppose dans tous les cas un certain effort de la part de l’homme, application de moyens convenables peut être considérée comme la cause de toutes nos acquisitions, et cette application de moyens convenables étant dès lors nécessaire (même quand une chose doit fatalement arriver), il s’ensuit qu’une personne qui ne fait rien ne goûtera aucun bonheur.

7. Quatrième objection

Ceux qui inclinent à penser qu’Attira est le principal objet à se procurer raisonnent ainsi : « Il ne faut pas rechercher les plaisirs, parce qu’ils font obstacle à la pratique de Dharma etd’Attira, qui tous les deux leur sont supérieurs, et qu’ils sont méprisés par les Personnes de mérite. Les plaisirs conduisent l’homme à sa détresse, et ce mettre en contact avec des gens de peu ; ils lui font commettre des actes irréguliers et le rendent impur, lui inspirent l’insouciance de l’avenir, et encouragent la dissipation et la légèreté. Il est notoire,d’ailleurs, qu’une foule d’hommes exclusivement adonnés au plaisir se sont pas dus, eux, leurs familles et leurs amis.

Ainsi le roi Dandakya, de la dynastie Bhoja, fi avait enlevé une fille de Brahmane dans une mauvaise intention, et bientôt ruiné et perdit son royaume. Indra, qui avait violé la chasteté d’Ahalya, enfut sévèrement puni. De même le puissant Kichaka, qui avait essayé de séduire Draujadi, et Ravana, qui avait voulu abuser de Sita,furent châtiés pour leurs crimes. Ces personnages et beaucoup d’autres furent les victimes de leurs plaisirs. »

8. Réponse

Cette objection ne tient pas, car les plaisirs, étant aussi nécessaires que la nourriture à l’existence et au bien-être du corps, sont par suite également légitimes. Ils sont, de plus, les résultats de Dharma et d’Artha. D’ailleurs, il convient d’apporter dans les plaisirs de la  modération et de la prudence. Personne ne s’abstient de cuire des aliments parce qu’il y a des mendiants pour les demander, ou de semer des grains parce qu’il y a des bêtes pour détruire le blé quand il est mûr. Donc un homme qui pratique Dharma, Artha et Kama goûte le bonheur à la fois dans ce monde et dans le monde à venir. Les gens de bien pratiquent les actes dont le résultat ne leur instruire aucune crainte pour le monde à venir,et qui n’offrent aucun danger pour leur bien-être. Tout acte qui conduit à la pratique de Dharma, Artha et Kama réunis, ou de deux,ou même d’un seul, doit être exécuté ; mais il faut s’abstenir d’un acte qui conduirait à la pratique d’un seul aux dépens des deux autres.

Chapitre 2 De l’étude des soixante-quatre Arts.

L’homme doit étudier les Kama Sutra et les arts et sciences qui s’y rattachent, concurremment avec les arts et sciences relatifs à Dharma et Artha. Les jeunes filles doivent aussi étudier les KamaSutra, ainsi que les arts et sciences accessoires, avant leur mariage, puis continuer cette étude avec le consentement de leurs maris. Ici des savants interviennent, disant que les femmes,auxquelles il est interdit d’étudier aucune science, ne doivent pas étudier les Kama Sutra.

Mais Vatsyayana est d’avis que cette objection ne tient pas :car les femmes connaissent déjà la pratique des Kalqa Sutra,pratique qui dérive des Kama Shastra, ou de la science de Kama lui-même. En outre, ce n’est pas seulement dans ce cas particulier,mais dans beaucoup d’autres, que, la pratique de la science étant connue de tous, que quelques uns seulement connaissent les règles et les lois sur lesquelles la science est basée. Ainsi les Yadnikasou sacrificateurs, quoique ignorants de la grammaire, emploient des mots appropriés en s’adressant aux différentes Divinités, et ne savent pas comment ces mots s’écrivent. Ainsi encore telles et telles personnes remplissent leurs devoirs à tels ou tels jours propices fixés par l’astrologie, sans être initiées à la science astrologique. De même les conducteurs de chevaux et d’éléphants entraînent ces animaux sans connaître la science de l’entraînement,mais uniquement par la pratique. Pareillement encore le peuple des provinces les plus éloignées obéit aux lois du royaume par pratique, et parce qu’il y a un roi au-dessus de lui, sans autre raison. Et nous savons par expérience que certaines femmes, telles que les filles des princes et de leurs ministres, et les femmes publiques, sont réellement versées dans les Kama Shastra.

Une femme, conséquemment, doit apprendre les Kama Shastra, ou tout au moins une partie, en étudiant leur pratique sous la direction de quelque amie intime. Elle doit étudier seule, en son particulier, les soixante-quatre pratiques qui appartiennent aux Kama Shastra. Son institutrice sera l’une des personnes suivantes,savoir : la fille de sa nourrice qui aura été élevée avec elle et sera déjà mariée, ou une amie digne de toute confiance, ou la sœur de sa mère (c’est-à-dire sa tante maternelle), ou une vieille servante, ou une mendiante qui aura Précédemment vécu dans la famille, ou sa propre sœur, à qui elle peut toujours se confier.

Elle devra étudier les arts suivants, de concert avec les Kamasutra :

Le chant. La musique instrumentale. La danse. L’association de la danse, du chant et de la musique instrumentale. L’écriture et le dessin. Le tatouage. L’habillement et la parure d’une idole avec du riz et des fleurs. La disposition et l’arrangement de lits ou couches de fleurs, ou de fleurs sur le sol. loris et leur peinture.La fixation de verres de couleur sur un plancher. L’art de faire les lits et d’étendre les tapis et coussins pour reposer. Le jeu de verres musicaux remplis d’eau. L’emmagasinage et l’accumulation de l’eau dans les aqueducs, citernes et réservoirs. La peinture,l’arrangement et la décoration. La confection de rosaires,colliers, guirlandes et couronnes. Le façonnage de turbans et de chapelets, d’aigrettes et nœuds de fleurs. Les représentations scéniques. Les exercices de théâtre. La confection d’ornements d’oreilles. La préparation de parfums et d’odeurs. L’habit et arrangement des bijoux et décorations, et la parure dans l’habillement. La magie ou sorcellerie. L’agilité ou adresse de la main. L’art culinaire. La préparation de limonades, sorbets,boissons acidulées et extraits spiritueux avec parfums et coloris convenables. L’art du tailleur et la couture. La confection de perroquets, fleurs, aigrettes, glands, bouquets, balles, nœuds,etc., en laine ou en fil. La solution d’énigmes, logogriphes, mots couverts, jeux de mots et questions énigmatiques. Un jeu, qui consiste à répéter des vers : lorsqu’une personne a fini, une autre personne doit commencer aussitôt, en répétant un autre vers dont la première lettre doit être la même que la dernière du vers par où a fini le précédent récitateur ; quiconque manque de répéter est considéré comme perdant et obligé de payer un forfait ou de laisser son enjeu. L’art de la mimique ou imitation. La lecture, y compris le chant et l’intonation. L’étude des phrases difficiles à prononcer. C’est un exercice qui sert d’amusement surtout aux femmes et aux enfants : étant donné une phrase difficile, qu’il faut répéter rapidement, les mots sont souvent transposés ou mal prononcés. L’exercice de l’épée, du bâton simple, du bâton de défense, de l’arc et des flèches. L’art de tirer des inférences, de raisonner ou inférer. La menuiserie, ou l’art du menuisier.L’architecture, ou l’art de bâtir. La connaissance des monnaies d’or et d’argent, des bijoux et pierres précieuses. La chimie et la minéralogie. Le coloriage des bijoux, pierres précieuses et perles.La connaissance des mines et carrières. Le jardinage ; l’art de traiter les maladies des arbres et des plantes, de les entretenir et de déterminer leur âge. La conduite des combats de coqs, de cailles, de béliers. L’art d’instruire à farter les perroquets et les sansonnets. L’art d’appliquer des onguents parfumés sur le corps, d’imprégner les cheveux de pommades et de parfums et de les tresser. L’intelligence des écritures chiffrées et l’écriture des mots sous différentes formes. L’art de parler en changeant la forme des mots. Cela se fait de diverses manières. Les uns changent le commencement et la fin des mots ; les autres intercalent des lettres parasites entre chaque syllabe d’un mot,etc. La connaissance des langues et des dialectes provinciaux.L’art de dresser des chariots de fleurs. L’art de tracer des diagrammes mystiques, ou de préparer des charmes et enchantements,et de nouer des bracelets. Les exercices d’esprit, tels que decompléter des stances ou des versets dont vous n’avez qu’unepartie ; ou de suppléer une, deux ou trois lignes lorsque lesautres lignes ont été prises au hasard dans différents versets, demanière à faire du tout un verset complet pour le sens ; oud’arranger les mots d’un verset qu’on aurait irrégulièrement écriten séparant les voyelles des consonnes ou en les omettant tout àfait ; ou de mettre en vers ou en Prose des phrasesreprésentées par des signes ou des symboles. Il y a une fouled’exercices de ce genre. La composition des poèmes. La connaissancedes dictionnaires et vocabulaires. L’art de changer et de déguiserl’apparence des personnes. L’art de changer l’apparence des choses,comme de faire prendre du coton pour de la soie, des objetsgrossiers et communs pour des objets fins et rares. Les différentessortes de jeu. L’art d’acquérir la propriété d’autrui par voie demuntras ou enchantements. L’adresse aux exercices juvéniles. Laconnaissance des usages sociaux, et l’art de présenter aux autresses respects et compliments. La science de la guerre, des armes,des armées, etc. L’art de la gymnastique. L’art de deviner lecaractère d’un homme par les traits de son Visage. L’art de scanderou de construire des vers. Les récréations arithmétiques. Laconfection des fleurs artificielles. La confection de figures etimages en argile.

Une femme publique, douée de bonnes dispositions, ayant de labeauté jointe à d’autres attraits, et, aussi, versée dans les artsci dessus, reçoit le nom de Ganika, ou femme publique de hautequalité ; elle a droit, dans une société d’hommes, à un sièged’honneur. Toujours respectée par le Roi et louangée par leslettrés, ayant ses faveurs recherchées de tous, elle devientl’objet de la considération universelle. Pareillement, la filled’un roi, comme celle d’un ministre, si elle possède les artsci-dessus, peut s’assurer la préférence de son époux, alors mêmeque celui-ci aurait des milliers d’autres femmes. Ajoutez à celaque si une femme vient à être séparée de son mari et tombe endétresse, elle peut gagner aisément sa vie, même à l’étranger,grâce à la connaissance de ces arts. Leur connaissance seule est unattrait pour une femme, bien que leur pratique soit seulementpossible dans telles ou telles circonstances. Un homme versé dansces arts, parlant agréablement et au fait des procédés de lagalanterie, conquiert vite le cœur des femmes, même après un tempstrès court de relations.

Chapitre 3La vie d’un citoyen.

Un homme instruit de la sorte, et possesseur d’une fortune qu’ilpeut avoir acquise par don, conquête, opérations de commerce, dépôtou héritage de ses ancêtres, doit devenir chef de maison, et menerla vie de citoyen. Il prendra une maison dans une ville ou un grandvillage, ou dans le voisinage d’honnêtes gens, ou dans un lieufréquenté par un grand nombre de personnes. Cette résidence serasituée près d’un cours d’eau, et divisée en différentscompartiments pour divers objets. Elle sera entourée d’un jardin,et contiendra deux appartements, l’un extérieur, l’autre intérieur.L’appartement intérieur sera occupé par les femmes ; l’autre,embaumé de riches parfums, renfermera un lit, moelleux, agréable àl’œil, couvert d’un drap de parfaite blancheur, jeu élevé vers lemilieu, surmonté de guirlandes et de faisceaux de fleurs, avec unbaldaquin au-dessus, et deux oreillers, l’un à la tête, l’autre aupied. Il y aura aussi une sorte de sofa ou lit de repos, et à latête une crédence où seront placés les onguents parfumés pour lanuit, des fleurs, des pots de collyre et autres substancesodoriférantes, les essences servant à parfumer la bouche et desécorces de citron commun. Près de ce sofa, sur le plancher, uncrachoir, une boîte à parures, et aussi un lit pendu à une défensed’éléphant, une table à dessiner, un pot de parfums, quelqueslivres et des guirlandes d’amarantes jaunes. Un peu plus loin, etsur le plancher, il doit y avoir un siège rond, une boîte à jeux etune table à jouer aux dés ; en dehors de l’appartementextérieur seront des volières , et une salle séparée pour filer,sculpter le bois et autres semblables divertissements. Dans lejardin, il y aura une balançoire tournante et une ordinaire ;puis un berceau de plantes grimpantes couvert de fleurs, avec unbanc de gazon pour s’asseoir.

Levé dès le matin, le chef de maison, après s’être occupé desdevoirs indispensables, se lavera les dents, s’appliquera sur lecorps, en quantité modérée, des onguents et des parfums, mettra ducollyre sur ses paupières et sous ses yeux, colorera ses lèvresavec de l’alacktaka, et se regardera dans le miroir. Puis, ayantmangé des feuilles de bétel et d’autres choses qui parfument labouche, il vaquera à ses affaires habituelles. Chaque jour, ilprendra un bain, de deux jours l’un s’oindra le corps avec del’huile, tous les trois jours s’appliquera sur le corps unesubstance mousseuse, se fera raser la tête (visage compris) tousles quatre jours, et les autres parties du corps tous les cinq oudix jours . Tout cela doit être ponctuellement exécuté ; ilaura soin, également, de faire disparaître la sueur des aisselles.Il prendra ses repas dans la matinée, dans l’après-midi, et encorele soir, comme le prescrit Charayana. Après déjeuner, il s’occuperad’apprendre à parer à des perroquets et autres oiseaux ; puisviendront les combats de coqs, de cailles et de béliers. Un tempslimité sera consacré à des divertissements avec des Pithamardas,des Vitas et des Vidushakas ; ensuite il fera la sieste demidi. Puis, le chef de maison, s’étant revêtu de ses habits etornements, passera l’après-midi à converser avec ses amis. Le soir,on chantera. Enfin, le chef de maison, en compagnie l’un ami,attendra dans sa chambre, Préalablement décorée et Parfumée, lavenue de la femme qui peut lui être attachée, ou bien lui enverraune messagère, ou ira lui-même la trouver. Lorsqu’elle seraarrivée, lui et son ami lui souhaiteront la bienvenue et larécréeront par des propos aimables et plaisants. Telle sera ladernière occupation du jour.

Voici les divertissements et amusements auxquels on se livrerade temps à autre :

Festivals en l’honneur de différentes Divinités. Réunions desociété des deux sexes. Parties à boire. Pique-niques. Autresdivertissements de société.

1. Festivals

À certain jour particulièrement propice, une assemblée decitoyens devra se tenir dans le temple de Saraswati. Ce sera alorsl’occasion d’éprouver le talent des chanteurs ou autres artistesqui auront pu venir dans la ville, et le lendemain il y auratoujours une distribution de récompenses. On pourra ensuite lesretenir ou les renvoyer, selon que l’assemblée aura ou non goûtéleurs exercices. Les membres de l’assemblée devront agir de concerten temps de détresse comme en temps de prospérité ; et c’estaussi le devoir de ces citoyens de donner l’hospitalité auxétrangers qui auront pu venir dans l’assemblée. Ceci s’applique,bien entendu, à tous les autres festivals qui peuvent être célébrésen l’honneur des différentes Divinités, conformément aux présentesrègles.

2. Réunions de société

Lorsque des hommes de même âge, dispositions et talents, ayantle goût des mêmes plaisirs, avec le même degré d’éducation, seréunissent en compagnie de femmes publiques, ou dans une assembléede citoyens, ou au domicile d’un des deux, pour y tenir ensembled’agréables conversations, cela s’appelle une réunion de société.On s’y amuse notamment à compléter des vers à moitié composés pard’autres, et à éprouver l’instruction de chacun dans les différentsarts.

Les femmes d’une grande beauté, ayant des goûts analogues à ceuxdes hommes et des attraits propres à captiver les cœurs, nemanquent pas d’être honorées dans ces réunions.

3. Parties à boire

Hommes et femmes doivent boire dans les maisons les uns desautres. Et alors les hommes feront boire aux femmes publiques, etboiront eux-mêmes des liqueurs telles que le Madhou, l’Aireya, leSara et l’Asawa, qui sont de goût amer et sur ; et aussid’autres boissons faites avec les écorces de différents arbres, desfruits et des feuilles sauvages.

4. Promenades aux jardins, oupique-niques

Dans la matinée, les hommes, après s’être habillés, se rendrontà cheval aux jardins, accompagnés de femmes publiques et suivis dedomestiques. Ils vaqueront à aux exercices convenables, Passerontle temps en agréables distractions, telles que combats de cailles,de coqs et de béliers, et autres spectacles ; puis ils s’enretourneront chez eux dans l’après-midi, en rapportant des bouquetsde fleurs, etc. De la même façon, en été, ils iront se baigner dansune eau dont préalablement on aura retiré les animaux méchants oudangereux, et qui aura été empierrée de tous côtés.

5. Autres divertissements de société

Passer les nuits à jouer aux dés. Se promener au clair de lune.Célébrer une fête en honneur du printemps. Cueillir les bourgeonset les fruits du manguier. Manger les fibres du lotus. Manger lesépis le blé tendres. Faire des piqueniques dans les forêts quandles arbres revêtent leur nouveau feuillage. L’Udakakshvedika, ouexercice dans l’eau. Se décorer mutuellement avec les fleurs decertains arbres. Se battre avec les fleurs de l’arbreKadamba ; et une foule d’autres exercices connus dans tout lepays, ou particuliers à certaines provinces. Ces amusements etd’autres semblables seront toujours en usage parmi les citoyens.Ils seront, notamment, goûtés par un homme qui se divertit seulavec une courtisane, ou bien par une courtisane qui se récrée demême en compagnie de servantes ou de citoyens.

Un Pithamarda est un homme sans fortune, seul dans le monde,font l’unique propriété consiste dans son Mallika, quelquesubstance mousseuse, et un habit rouge ; qui vient d’une bonnecontrée, et qui est habile dans tous les arts : en enseignant cesarts, il est repu dans la compagnie des citoyens et dans lesdemeures des femmes publiques.

Un Vita est un homme qui jouit des avantages de la fortune :

Compatriote des citoyens avec lesquels il se lie, possédant lesqualités d’un chef de maison, ayant sa femme avec lui, il esthonoré dans l’assemblée des citoyens et dans les demeures desfemmes publiques, dont l’assistance le fait vivre.

Le rire est un personnage versé seulement dans quelques arts, unamuseur bien vu de tout le monde.

Ces différentes personnes servent d’intermédiaires dans lesquerelles et réconciliations entre citoyens et femmespubliques.

Cette remarque s’applique aussi aux mendiantes, aux femmes àtête rasée, aux femmes adultères, et aux vieilles femmes publiqueshabiles dans tous les arts. Ainsi un citoyen qui réside dans saville ou dans son village, respecté de tous, entretiendra desrelations avec les personnes de sa caste qui méritent d’êtrefréquentées. Il conversera dans leur compagnie et sera jouir sesamis de sa société ; en leur rendant des services, il lesinduira, par son exemple, à s’obliger de même les uns lesautres.

Il y a, sur ce sujet, quelques versets dont voici le texte :

« Un citoyen qui converse dans une société sur certainstopiques, sans employer exclusivement la langue sanskrite, ni lesdialectes du pays, s’attire un grand respect. Le sage ne doit pass’affilier à une société que le public méprise, qui n’est gouvernéepar aucune règle, et qui tend à la destruction des autres. Mais unhomme savant, allié à une société dont les actes sont au gré dupeuple et qui a pour unique objet le plaisir, est hautementrespecté dans ce monde. »

Moins d’entrain et d’ingénuité ; parfois, il y souffre deson intervention. D’après la définition technique de ses attributs,il doit, par sa contenance, son âge, son habillement, être ridiculede façon à provoquer la gaieté.

Chapitre 4Des sortes de femmes fréquentées par les citoyens, des amis etmessagers

Lorsque Kama est pratiqué par des hommes des quatre castes,conformément aux règles de la Sainte Écriture (c’est-à-dire parmariage légal), avec des vierges de leur propre caste, c’est unmoyen d’acquérir une postérité légale et une bonne réputation, etce n’est pas non plus opposé aux usages du monde. Au contraire, lapratique de Kama avec les femmes de castes plus élevées, et aveccelles dont d’autres ont déjà joui, quoiqu’elles soient de la mêmecaste, est prohibée. Mais la pratique de Kama avec des femmes descastes inférieures, avec des femmes excommuniées de leur Proprecaste, avec des femmes publiques, et avec des femmes deux foismariées, n’est ni ordonnée ni prohibée. La pratique de Kama avec detelles femmes n’a pour objet que le plaisir.

Les Nayikas, donc, sont de trois sortes : filles, femmes deuxfois mariées, et femmes publiques. Gonikaputra a émis l’opinionqu’il existe une quatrième sorte de Nayika, savoir : une femme àqui l’on s’adresse par une occasion spéciale, même si elle est déjàmariée à un autre. Ces occasions spéciales naissent, pour un homme,de l’un ou de l’autre des raisonnements ci-après :

Soit cette femme est volontaire, et beaucoup d’autres en ont joui avant moi. Je puis, en conséquence, m’adresser à elle comme àune femme publique quoiqu’elle appartienne à une caste plus élevée que la mienne, et, ce faisant, je ne violerai pas les commandements de Dharma.

Ou bien :

{[ b ] Cette femme est deux fois mariée, et d’autres en ont jouiavant moi ; rien ne m’empêche, en conséquence, de m’adresser à elle.

Ou bien :

{[ c ] Cette femme a gagné le cœur de son grand et puissant époux, et elle exerce de l’empire sur lui, qui est l’ami de mon ennemi ; si donc elle se lie avec moi, elle obtiendra de son mari qu’il abandonne mon ennemi.

Ou bien :

{[ d ] Cette femme fera tourner en sa faveur l’esprit de son mari, qui est très puissant, et lui, étant mal disposé pour moi en ce moment-ci, projette de me faire quelque mal.

Ou bien :

{[ e ] En me liant avec cette femme, je tuerai son mari, et je mettrai ainsi la main sur ses immenses richesses que je convoite.

Ou bien :

{[ f ] L’union de cette femme avec moi ne présente aucun danger,et elle m’apportera une fortune dont j’ai très grand besoin, vu ma pauvreté et mon impuissance à me soutenir. Ce sera donc un moyen de m’approprier ses grandes richesses sans aucune difficulté.

Ou bien :

{[ g ] Cette femme m’aime ardemment, et elle connaît mes côtés faibles. Si, en conséquence, je refuse de m’unir à elle, elle publiera mes défauts, de façon à ternir mon caractère et ma réputation. Ou encore elle portera contre moi quelque grosse accusation, dont il me sera difficile de me débrouiller, et je serai ruiné. Ou peut-être elle détachera de moi son mari, qui est puissant et sur qui elle a de l’empire, et elle lui fera prendre le parti de mon ennemi, ou elle même s’alliera avec ce dernier.

Ou bien :

{[ h ] Le mari de cette femme a violé la chasteté de mes femmes: je lui rendrai donc cette injure en séduisant les siennes.

Ou bien :

{[ i ] Avec l’assistance de cette femme, je tuerai un ennemi du Roi qui a cherché asile près d’elle et que le Roi m’a ordonné de détruire.

Ou bien :

{[ j ] La femme que j’aime est sous la domination de cette autre femme. Je pourrai, au moyen de celle-ci, me faire accueillir de la première.

Ou bien :

{[ k ] Cette femme me procurera une fille, riche et belle, mais qu’il est difficile d’aborder parce qu’elle est sous la domination d’un autre.

Ou, enfin :

{[ f ] Mon ennemi est l’ami du mari de cette femme. Je pourrai la faire mettre en relations avec lui et causer ainsi de l’inimitié entre son mari et lui.

Pour ces raisons et autres semblables, on peut s’adresser aux femmes d’autrui, mais il doit être bien entendu que cela est seulement permis pour des raisons spéciales, et non pour la pure satisfaction d’un désir charnel.

Charayana pense que, ceci étant donné, il y a encore une cinquième sorte de Nayika, savoir : une femme entretenue par unministre, ou qui le visite de temps à autre ; ou une veuve qui favorise le dessein d’un homme auprès de celui qu’elle fréquente. Suvamanabha ajoute qu’une femme qui vit en ascète et dans l’état deveuvage peut être considérée comme une sixième sorte de Nayika.

Ghota amukha dit que la fille d’une femme publique, et une servante, qui sont encore vierges, forment une septième sorte de Nayikas.

Gonardiya prétend que toute femme issue d’une bonne famille,lorsqu’elle est en âge, est une huitième sorte de Nayika.

Mais ces quatre dernières sortes de Nayikas ne diffèrent pas beaucoup des quatre premières, car il n’existe pas de raisons spéciales pour s’adresser à elles. En conséquence, Vatsyayana ne reconnaît que quatre sortes de Nayikas, savoir : la fille, la femme deux fois mariée, la femme publique, et la femme à qui l’on s’adresse pour un objet spécial.

On ne doit pas jouir des femmes suivantes :

Une lépreuse ; Une lunatique ; Une femme chassée de sa caste ; Une femme qui révèle des secrets ; Une femme qui exprime publiquement son désir du commerce sexuel ; Une femme extrêmement blanche ; Une femme extrêmement noire ; Une femme qui sent mauvais ; Une femme qui est votre proche parente ; Une femme qui vous est liée d’amitié ; Une femme qui vit en ascète ; Et, enfin, la femme d’un parent,d’un ami, d’un Brahmane lettré, ou du Roi.

Les disciples de Babhravya disent qu’il est permis de jouir d’une femme dont cinq hommes ont déjà joui. Mais Gonikaputra est d’avis que, même dans ce cas, il faut excepter les femmes d’un parent, d’un Brahmane lettré ou d’un roi.

Voici maintenant les différentes sortes d’amis :

Celui qui a joué avec vous dans la poussière, c’est-à-dire dans l’enfance ; Celui qui vous est lié par une obligation ;Celui qui a les mêmes dispositions et les mêmes goûts ; Celui qui est un de vos camarades d’études ; Celui qui est au faitde vos secrets et de vos défauts, et dont les défauts et les secrets vous sont aussi connus ; Celui qui est l’enfant de votre nourrice ; Celui qui a été élevé avec vous ; Celui qui est un ami héréditaire.

Ces amis doivent posséder les qualités suivantes :

Ils doivent dire la vérité ; Ils ne doivent pas changer avec le temps ; Ils doivent favoriser vos desseins ; Ils doivent être fermes ; Ils doivent être exempts de convoitise ; Ils doivent être incapables de se laisser gagner par d’autres ; Ils ne doivent pas révéler vos secrets.

Charayana dit que les citoyens entretiennent des relations d’amitié avec des blanchisseurs, des arbiers, des vachers, des fleuristes, des droguistes, des marchands de feuilles de bétel, des cabaretiers, des mendiants, des Pithamardas, Vitas et Vidushakas,aussi bien qu’avec les femmes de tous ceux-ci.

Un messager doit posséder les qualités suivantes :

Adresse ; Audace ; Connaissance de l’intention des hommes par leurs signes extérieurs ; Absence de confusion,c’est-à-dire pas de timidité ; Connaissance de ce que signifient exactement les actes et les paroles des autres ; Bonnes manières ; Connaissance des temps et lieux convenables pour faire différentes choses ; Loyauté en affaires ; Intelligence vive ; Prompte application des remèdes,c’est-à-dire abondance et promptitude de ressources.

Et cette partie finit par un verset :

« L’homme ingénieux et sage, qui est assisté par un ami, et qui connaît les intentions des autres, comme aussi le temps et le lieu convenables Pour faire chaque chose, peut triompher, très aisément,même d’une femme très difficile à obtenir.

Partie 2
De l’union sexuelle

Chapitre 1 Sortes d’unions

Des sortes d’union sexuelle, suivant :

{(a) Les dimensions ;

{(b) La force du désir ou la passion ;

{(c) Le temps

1. Sortes d’unions

L’homme est divisé en trois classes, savoir : l’homme-lièvre,l’homme-taureau et l’homme-cheval, suivant la grandeur de son Lingam.

La femme aussi, suivant la profondeur de son yoni, est une biche, une jument, ou un éléphant femelle.

Il s’ensuit qu’il y a trois unions égales entre personnes de dimensions correspondantes, et six unions inégales, quand les dimensions ne correspondent pas ; soit neuf en tout, comme on le voit dans le tableau suivants.

2. Égales


Lièvre [col] Taureau [col] Cheval


Biche [col] Jument [col] Éléphant


Dans ces unions inégales, lorsque l’homme surpasse la femme en dimensions, son union avec la femme qui, sous ce rapport, vient immédiatement après lui, s’appelle haute union, et elle est de deux sortes ; tandis que son union avec la femme la plus éloignée de lui pour les dimensions s’appelle très haute union, et n’est que d’une sorte.

Par contre, lorsque la femme surpasse l’homme en dimensions, son union avec l’homme qui vient immédiatement après elle s’appelle Basse union, et elle est de deux sortes ; tandis que son union avec l’homme le plus éloigné d’elle s’appelle très basse union, et n’est que d’une sorte.

En d’autres termes, le cheval et la jument, le taureau et la biche, forment la haute union, tandis que le cheval et la biche forment la très haute union. Du côté des femmes, l’éléphant et le taureau, la jument et le lièvre, forment la basse union, tandis que l’éléphant et le lièvre forment la très basse union.

Il y a donc neuf sortes d’unions suivant les dimensions. De ces unions, les égales sont les meilleures ; celles d’un degré superlatif, c’est-à-dire les très hautes et les très basses, sontles pires ; les autres sont de moyenne qualité, et parmicelles-ci les hautes sont meilleures que les basses.

Il y a aussi neuf sortes d’unions suivant la force de la passion ou désir charnel, ci après

4. Hommes

Petite, Moyenne, Intense

5. Femmes

Petite Moyenne Intense

Hommes

Petite Petite Moyenne Moyenne Intense Intense

Femmes

Moyenne Intense Petite Intense Petite Moyenne

On dit de quelqu’un que c’est un homme de petite passion lorsque son désir au moment sexuel n’est pas vif, que son sperme est peu abondant, et qu’il ne peut supporter les chaudes étreintes de la femme.

Ceux qui ont un meilleur tempérament sont appelés hommes de passion moyenne ; et ceux qui sont pleins de désir, hommes de passion intense.

De même, les femmes sont supposées avoir les trois degrés de passion, comme il est spécifié plus haut.

Enfin, suivant le temps employé, il y a trois catégories d’hommes et de femmes, savoir : ceux ou celles qui emploient peu de temps, ceux ou celles qui emploient un temps modéré, et ceux ou celles qui emploient un long temps ; et de là résultent, comme dans les combinaisons précédentes, neuf sortes d’unions.

Mais, sur ce dernier point, les opinions diffèrent au sujet de la femme, et il faut le constater.

Uddalaka dit : « Les femmes n’émettent pas comme les hommes.  Les hommes assouvissent simplement leur désir, tandis que les femmes, dans leur conscience du prurit, ressentent une certaine sorte de plaisir qui leur est agréable, mais il leur est impossible de vous dire quelle sorte de plaisir elles ressentent. Un fait qui rend ceci évident, c’est que, dans le coït, les hommes s’arrêtent d’eux mêmes après les hautes unions sont réputées meilleures que les basses, car, dans les premières, il est aisé à l’homme de satisfaire sa passion sans faire de mal à la femme, tandis que,dans les secondes, il est difficile que la femme soit entièrement satisfaite.

L’émission, et sont satisfaits, mais qu’il n’en est pas ainsi pour les femmes. » Cette opinion, toutefois, se heurte à une objection : c’est que si l’homme fait durer l’acte longtemps, la femme l’aime davantage, et que s’il le fait trop vite, elle est mécontente de lui. Et cette circonstance, disent quelques-uns,prouverait que la femme émet aussi.

Mais cette opinion n’est pas fondée ; car s’il faut un longtemps pour calmer le désir d’une femme, et que durant ce temps elle ressente un grand plaisir, il est tout à fait naturel qu’elle souhaite de le voir durer. Et là-dessus il y a un verset dont voici le texte :

« Par l’union avec les hommes, la lubricité, le désir ou la passion des femmes sont satisfaits, et le plaisir qu’elles en ressentent est appelé leur satisfaction. » Les disciples deBabhravya, d’un autre côté, disent Que le sperme des femmes continue à tomber du commencement à la fin de l’unionsexuelle ; et cela doit être, car si elles n’avaient pas desperme, il n’y aurait pas d’embryon. Ici encore on objecte : Audébut du coït la passion de la femme est moyenne et elle a peine à soutenir les vigoureuses poussées de son amant ; mais par degrés sa passion s’accroît jusqu’à ce qu’elle n’ait plus conscience de son corps, et alors enfin elle éprouve le désir de cesser le coït.

Cette objection, toutefois, est sans valeur ; car même dans les choses ordinaires qui se meuvent avec une grande force, comme une roue de potier, ou une toupie, la motion, pour commencer, est lente, mais par degrés devient très rapide. De même, la passion d’une femme s’étant graduellement accrue, elle éprouve le désir de cesser le coït quand tout son sperme est écoulé. Et il y a là-dessus un verset dont voici le texte :

« L’émission du sperme de l’homme a lieu seulement à la fin du coït, tandis que le sperme de la femme s’écoule d’une manière continue ; et quand le sperme de l’un et de l’autre est tout entier écoulé, alors ils éprouvent le désir de cesser le coït. »Enfin, Vatsyayana est d’avis que le sperme de la femme s’écoule de la même façon que celui de l’homme.

Maintenant, que qu’un pourra demander ici : Si l’homme et la femme sont des êtres de même espèce et concourent tous deux au même résultat, pourquoi ont-ils chacun des fonctions différentes à remplir ?

Vatsyayana répond qu’il en est ainsi parce que les manières d’opérer, aussi bien que la conscience du plaisir, sont différentes chez l’homme et chez la femme. La différence dans les manières d’opérer, l’homme étant agent et la femme patiente, est due à la nature du mâle et de la femelle : autrement l’agent pourrait être quelquefois le patient, et vice versa. Et de cette différence dans les manières d’opérer suit une différence dans la conscience du plaisir, car l’homme pense :

« Cette femme m’est unie », et la femme pense : « Je suis unie à cet homme. »

On peut observer : Si les manières d’opérer sont différentes chez l’homme et chez la femme, pourquoi n’y aurait-il pas une différence dans le plaisir même qu’ils ressentent et qui est le résultat de ces manières d’opérer ?

Mais cette objection est sans fondement : car l’agent et le patient étant des personnes de différente sorte, il y a là une raison pour qu’ils opèrent de différentes manières ; mais il n’y a pas de raison pour qu’il y ait une différence quelconque dans le plaisir qu’ils ressentent, parce que ce Plaisir dérive naturellement pour tous deux de l’acte qu’ils accomplissent.

Là. dessus encore, quelques uns pourront dire : Lorsque différentes personnes sont occupées au même ouvrage, nous voyons qu’elles concourent au même but ou objet ; tandis qu’au contraire, dans l’union de l’homme et de la femme, chacun deux poursuit son but séparément, ce qui est illogique. Mais l’observation n’est pas juste ; car nous voyons quelquefois deux choses faites en même temps, comme dans le combat de béliers, où les deux béliers reçoivent, chacun en même temps, le choc sur leur tête. De même, lorsqu’on lance l’une contre l’autre deux boules à jouer, et encore dans un combat ou lutte d’athlètes. Si l’on observe que, dans ce cas, les éléments employés sont de même sorte, on répondra que, dans le cas de l’homme et de la femme, la nature des deux personnes est aussi la même. Et comme la différence dans leur manière d’opérer provient seulement de leur différence de conformation, il s’ensuit que les hommes éprouvent la même sorte de plaisir que les femmes.

Il y a aussi là-dessus un verset dont voici le texte : « Les hommes et les femmes étant de même nature, trouvent la même sorte de plaisir ; et conséquemment un homme doit épouser une femme qui puisse l’aimer toujours dans la suite. » Étant prouvé que le plaisir des hommes et des femmes est de même sorte, il s’ensuit que, par rapport au temps, il y a neuf sortes de commerce sexuel,de même qu’il y en a neuf sortes par rapport à la force de la passion.

Et comme il existe ainsi neuf sortes d’unions par rapport aux dimensions, à la force de la passion et au temps, la combinaison de toutes ces sortes en produirait d’innombrables. conséquemment, dans chaque sorte particulière d’union sexuelle, les hommes doivent employer tels moyens qu’ils jugeront convenables pour l’occasion.

La première fois qu’a lieu l’union sexuelle, la Passion de l’homme est intense, et le temps qu’il y met, court ; mais dans les unions subséquentes de la même journée, c’est le contraire qui arrive. Il en est tout autrement de la femme, car, à la première fois, sa passion est faible, et le temps qu’elle y met,long ; mais aux reprises subséquentes de la même journée, sa passion est intense et le temps court, jusqu’à ce qu’elle soit pleinement satisfaite.

Des différente sortes d’amour Les hommes versés dans les humanités sont d’avis qu’il y a quatre sortes d’amour, savoir :

Amour résultant d’une habitude continue.   L’amour résultant de l’exécution constante et continue de tel ou tel acte est dit amour acquis par pratique et habitudes constantes : comme, par exemple, l’amour du commerce sexuel, l’amour de la chasse, l’amour de la boisson, l’amour du jeu, etc. Amour résultant de l’imagination.   L’amour ressenti pour des choses auxquelles on n’est pas habitué, et qui procède entièrement des idées, est dit amour résultant de l’imagination : comme, par exemple, l’amour que certains hommes, femmes et eunuques éprouvent jour l’Auparishtaka ou congrès buccal, et celui que tout le monde éprouve pour des actes tels que d’embrasser, et baiser, etc. Amour résultant de la foi.\\ L’amour réciproque des deux Parts, et dont la sincérité n’est pas douteuse, quand chacun voit dans l’autre une moitié de soi-même, est dit amour résultant de la foi par expérience. Amour résultant de la Perception d’objets extérieurs.\\ L’amour résultant de la perception d’objets extérieurs est bien évident et bien connu de tout le monde, car le plaisir qu’il procure est supérieur au plaisir des autres sortes d’amour, qui n’existent que par lui.

Ce qui est dit dans ce chapitre au sujet de l’union sexuelle est suffisant pour l’homme instruit ; mais pour l’édification de l’ignorant, ce même sujet va être maintenant traité au long et en détail et à leurs femmes. Une foule d’hommes sont dans la plus complète ignorance des sentiments de leur femme, et ne s’inquiètent nullement si elle est bien ou mal disposée. Pour posséder à fond le sujet, il est absolument nécessaire de l’étudier ; on saura alors que, comme pour faire du pain il faut préparer la pâte, demême il faut préparer sa femme pour le commerce sexuel, si on veutqu elle en tire satisfaction.

Chapitre 2 De l’embrassement.

Cette partie des Kama Shastra, qui traite de l’union sexuelle,est aussi appelée « Soixante quatre » Chatushshashti. Certains vieux auteurs disent qu’on l’appelle ainsi parce qu’elle contient oixante-quatre chapitres. Suivant d’autres, l’auteur de cettepartie étant un personnage nommé Panchala, et celui qui récitait la partie des Rig Veda dite Dashatapa, qui contient soixante-quatre versets, se nommait aussi Panchala, le nom de « Soixante-quatre » a été donné à cette partie de l’ouvrage en l’honneur des Iôg Veda. D’un autre côté, les disciples de Babhravya disent que cette partie renferme huit sujets, savoir : l’embrassement, le baiser, l’égratignure avec les ongles ou les doigts, la morsure, le coucher, la production de différents sons, la femme jouant le rôle de l’homme, et l’Auparishtaka, ou congrès buccal. Chacun de ces sujets ayant huit divisions, et huit multiplié par huit donnant soixante-quatre, cette partie est en conséquence appelée «Soixante-quatre ». Mais Vatsyayana affirme que cette partie contenant aussi les sujets suivants, savoir : les coups, les cris, les actes de l’homme durant le congrès, les différentes sortes de congrès, et d’autres encore, c’est par hasard seulement Que ce nom de « Soixante-quatre » lui a été donné. On dit, par exemple : cet arbre est « Saptapama », ou à sept feuilles ; cette offrande de riz est « Panchavama », ou de cinq couleurs, quoique l’arbre n’ait pas sept feuilles, ni le riz cinq couleurs.

Quoi qu’il en soit, il est ici traité de cette partie «Soixante-quatre », et l’on va s’occuper du premier sujet, l’embrassement.

Or l’embrassement, qui indique l’amour mutuel de l’homme et de la femme réunis, est de quatre sortes, savoir :

L’action, dans chaque cas, est déterminée par le sens du mot qui la désigne.

Touchant.

Lorsqu’un homme, sous un prétexte ou sous un autre, va au-devant ou à côté d’une femme et touche son corps avec le sien, c’est l’embrassement touchant.

Persant.

Lorsqu’une femme, dans un endroit solitaire, se penche comme pour ramasser quelque chose, et perce, pour ainsi dire, un homme assis ou debout, avec ses seins, dont l’homme s’empare aussitôt,c’est l’embrassement persant.

Les deux sortes d’embrassements ci.dessus n’ont lieu qu’entre personnes qui ne se parlent pas encore librement.

Frottant.

Lorsque deux amants se promènent lentement ensemble, dans l’obscurité, dans un lieu fréquenté ou dans un endroit solitaire,et se frottent le corps l’un contre l’autre, c’est l’embrassement frottant.

Pressant.

Lorsque, en pareille occasion, l’un d’eux presse le corps de l’autre avec force contre un mur ou un pilier, c’est l’embrassement pressant.

Ces deux derniers embrassements sont particuliers à ceux qui savent leurs intentions réciproques.

Au moment de la rencontre, quatre sortes d’embrassements sont usités, savoir :

Jataveshtitaka, ou l’enlacement du reptile.

Lorsqu’une femme, se cramponnant à un homme comme un reptile s’enlace à un arbre, attire sa tête vers la sienne dans l’intention de le baiser, et, faisant entendre un léger son de soûtt soûtt, l’embrasse et le regarde avec amour, cet embrassement s’appelle l’enlacement du reptile.

Vrikshadhirudhaka, ou le grimpement à l’arbre.

Lorsqu’une femme, ayant placé un pied sur le Pied de son amant,et l’autre sur une de ses cuisses, passe un de ses bras sur ses reins et l’autre sur ses épaules, chantonne à mi-voix comme si elle roucoulait, et veut, en quelque sorte, grimper sur lui pour avoir un baiser, cet embrassement s’appelle le grimpement à l’arbre.

Ces deux sortes d’embrassements ont lieu lorsque l’amant est debout.

Tila.Tandulaka, ou le mélange de graines de sésame et de riz.

Lorsque les amants sont couchés dans un lit, et s’embrassent si étroitement que les bras et les cuisses de l’un sont enlacés parles bras et les cuisses de l’autre, dans une sorte de frottement réciproque, cet embrassement s’appelle le mélange de graines de sésame et de riz.

Kshiraniraka, ou l’embrassement lait et eau.

Lorsqu’un homme et une femme s’aiment violemment, et, sans s’inquiéter de se faire mal, s’embrassent comme s’ils voulaient pénétrer dans le corps l’un de l’autre, que la femme soit assise sur les genoux de l’homme, ou devant lui, ou sur un lit, cet embrassement s’appelle le mélange de lait et d’eau.

Ces deux sortes d’embrassements ont lieu au moment de l’union sexuelle.

Telles sont les huit sortes d’embrassements que nous a relatées Babhravya.

Suvamanabha nous donne, en outre, quatre manières d’embrasser de simples membres du corps, qui sont :

L’embrassement des cuisses.

Lorsque l’un des deux amants Presse avec force une des cuisses de l’autre, ou toutes les deux, contre a sienne ou les siennes propres, cela s’appelle l’embrassement des cuisses.

L’embrassement du jaghana, c’est-à-dire de la partie du corps entre le nombril et les cuisses.

Lorsque l’homme presse le jaghana ou partie médiane du corps de la femme contre le sien, et monte sur elle soit pour l’égratigner avec les ongles ou les doigts, soit pour la mordre, ou la frapper,ou la baiser, la chevelure de la femme étant dénouée et flottante,cela s’appelle l’embrassement du jaghana.

L’embrassement des seins.

Lorsqu’un homme applique sa poitrine contre les seins d’une femme et l’en presse, cela s’appelle l’embrassement des seins.

L’embrassement du front.

Lorsqu’un des amants applique sa bouche, ses yeux et son front sur la bouche, les yeux et le front de l’autre, cela s’appelle l’embrassement du front.

Suivant quelques-uns, le massage aussi est une sorte d’embrassement, parce qu’il implique un contact de deux corps. Mais Vatsyayana pense que le massage a lieu à un autre moment et dans un but différent, et comme, de plus, il est d’un autre caractère, on ne peut pas dire qu’il soit compris dans les embrassements.

Il y a aussi, là-dessus, quelques versets dont voici le texte:

« Le sujet tout entier de l’embrassement est de telle nature,que les hommes qui s’en enquièrent, ou qui en entendent parler, ouqui en parlent, éprouvent par cela seul un désir de jouissance.Certains embrassements non mentionnés dans les Kama Shastra doivent être néanmoins pratiqués au moment de la jouissance sexuelle, s’ils peuvent de façon ou d’autre Procurer un accroissement d’amour. Les règles des Shastra sont applicables aussi longtemps que la passionde l’homme est moyenne ; mais une fois la roue d’amour mise enmotion, il n’y a plus ni Shastra ni règles. »

Chapitre 3 Du baiser.

Quelques-uns prétendent qu’il n’y a pas d’ordre ni de temps fixé pour l’embrassement, le baiser, et la pression ou égratignure avec les ongles ou les doigts, mais que toutes ces choses doivent avoir lieu généralement avant l’union sexuelle : tandis que les coups et l’émission de différents sons accompagnent généralement cette union. Vatsyayana, quant à lui, pense que tout est on à un moment quelconque, l’amour n’ayant souci ni d’ordre ni de temps.

À l’occasion du premier congrès, il faut user modérément du baiser et des autres pratiques ci-dessus mentionnées, ne pas les continuer longtemps, et les alterner. Mais, aux reprises suivantes,c’est le contraire qui est de saison, et la modération n’est plus nécessaire ; on peut les continuer longtemps et, afind’attiser l’amour, les exercer toutes à la fois.

Le baiser portera sur les Parties suivantes : le front, les yeux, les joues, la gorge, la poitrine, les seins, les lèvres et l’intérieur de la bouche. Les gens du pays de Lat baisent aussi les endroits suivants : les jointures des cuisses, les bras et le nombril. Mais Vatsyayana est d’avis que, si ces gens pratiquent ainsi le baiser par excès d’amour et conformément aux coutumes deleur province, il n’est pas convenable de tous de les imiter.

Maintenant, lorsqu’il s’agit d’une jeune fille, trois sortes de baisers sont en usage, savoir :

Le baiser nominal.

Lorsqu’une fille touche seulement la bouche de son amant avec la sienne, mais sans rien faire elle même, cela s’appelle le baiser nominal.

Le baiser palpitant.

Lorsqu’une fille, mettant un peu de côté sa pudeur, veut toucher sa lèvre qui presse sa bouche et, dans ce but, fait mouvoir salèvre inférieure, mais non la supérieure, cela s’appelle le baiser palpitant.

Le baiser touchant.

Lorsqu’une fille touche la lèvre de son amant avec sa langue, et fermant les yeux, met ses mains dans celles de son amant, cela s’appelle le baiser touchant.

D’autres auteurs décrivent quatre sortes de baisers, savoir:

Le baiser droit.

Lorsque les lèvres de deux amants sont directement mises contact les unes avec les autres, cela s’appelle un baiser droit.

Le baiser penché.

Lorsque les têtes de deux amants sont penchées l’une l’autre etque, dans cette position, ils se donnent un baiser, s’appelle un baiser penché.

Le baiser tourné.

Lorsque l’un d’eux fait tourner le visage de l’autre en lui la tête et le menton, et lui donne alors un baiser, cela s’appelle baiser tourné.

Le baiser pressé.

Enfin, lorsque la lèvre inférieure est pressée avec force, s’appelle un baiser pressé.

Il y a aussi une cinquième sorte de baiser, qu’on appelle le grandement pressé. On le pratique en tenant la lèvre inférieure deux doigts, puis, après l’avoir touchée avec la langue, on la très fort avec la lèvre.

En matière de baiser, on peut jouer à qui s’emparera des lèvres de l’autre. Si la femme perd, elle fera mine de écartera son amant en battant des mains, lui tournera le dos et cherchera querelle en disant : « Donne-moi la revanche. » Si elle une seconde fois, elle paraîtra doublement affligée ; et amant sera distrait ou endormi, elle s’emparera de sa lèvre et la tiendra entre ses dents, de façon qu’elle ne puisse puis elle éclatera de rire, fera grand bruit, se moquera de lui, tout autour, et dira ce qui lui passera par la tête, en remuant sourcils et en roulant les yeux. Tels sont, les jeux et les querelles accompagnent le baiser, mais on peut les associer aussi à la ou égratignure avec les ongles et les doigts, à la morsure et à verbération. Toutefois, ces pratiques ne sont familières qu’aux hommes et aux femmes de passion intense.

Lorsqu’un homme baise la lèvre supérieure d’une femme, et celle-ci, en retour, baise la lèvre inférieure de son amant, cela est le baiser de la lèvre supérieure.

Lorsque l’un d’eux prend entre ses lèvres les deux lèvres de cela s’appelle un baiser sernant. Mais cette sorte de baiser n’est par une femme que sur un homme sans moustaches. Et si, de ce baiser, l’un des amants touche avec sa langue les dents, et le palais de l’autre, cela s’appelle le combat de la langue. Il y a de pratiquer, de la même manière, la pression des dents de l’un la bouche de l’autre.

Le baiser est de quatre sortes, savoir : modéré, contracté, etdoux, suivant les différentes parties du corps car différentes sortes de baisers sont appropriées du corps.

Lorsqu’une femme regarde le visage de son amant pendant sommeil,et le baise. Pour montrer son intention ou désir, cela s’appelle un baiser qui attise l’amour.

Lorsqu’une femme baise son amant pendant qu’il est en affaires,ou qu’il a querelle, ou qu’il regarde quelque autre chose, de façon à distraire son esprit, cela s’appelle un baiser qui distrait.

Lorsqu’un amant, rentré tard la nuit, baise sa maîtresse endormie sur son lit afin de lui montrer son désir, cela s’appelle un baiser qui éveille. En pareille occasion, la femme peut faire semblant de dormir à l’arrivée de son amant, de sorte qu’elle puisse connaître son intention et obtenir son respect.

Lorsqu’une personne baise l’image de la personne aimée, réfléchie dans un miroir, dans l’eau, ou sur un mur, cela s’appelle un baiser qui montre l’intention.

Lorsqu’une personne baise un enfant assis sur ses genoux, ou une peinture, ou une image, ou une figure, en présence de la personne aimée, cela s’appelle un baiser transféré.

Lorsque la nuit, au théâtre, ou dans une réunion de caste, un homme allant au-devant d’une femme baise un doigt de sa main si elle est debout, ou un orteil de son pied si elle est assise ; ou lorsqu’une femme, en massant le coys de son amant, met son visage sur sa cuisse, comme si elle vouait dormir, de manière à enflammer sa passion, et baise sa cuisse ou son gros orteil, cela s’appelle un baiser démonstratif Il y a aussi, sur ce sujet, universel dont voici le texte :

« Toute chose, quelle qu’elle soit, que l’un des amants fait à l’autre, celui-ci doit la lui rendre ; c’est-à-dire, si lafemme baise l’homme, l’homme doit la baiser en retour ; si elle le frappe, il doit de même la frapper en retour.

Chapitre 4 De la pression, ou marque, ou égratignure avec les ongles.

Lorsque l’amour devient intense, c’est le cas de pratiquer la pression ou l’égratignure du corps avec les ongles. Cette pratique a lieu dans les occasions suivantes : lors de la première visite ; au moment de partir pour un voyage ; au retour d’un voyage ; au moment de la réconciliation avec un amant irrité ; et enfin, lorsque la femme est ivre., Mais la pression avec les ongles n’est familière qu’aux amants à passion intense. Ceux qui s’y plaisent associent cette pratique à la morsure.

La pression avec les ongles est de huit sortes, suivant la forme des marques qui en résultent, savoir :

Sonore.  Lorsqu’une personne presse le menton, les seins, la lèvre inférieure ou le jaghana d’une autre, si doucement qu’il n’en reste aucune marque ou égratignure, et que le poil seul se dresse sur le corps au contact des ongles, qui eux-mêmes rendent un son, cela s’appelle une pression sonore avec les ongles. Cette pression est usitée à l’égard d’une jeune fille, lorsque son amant la masse,lui gratte la tête, et veut la troubler ou l’effrayer.
Demi-lune. La marque courbe avec les ongles, qui est imprimée sur le cou et les seins, s’appelle la demi-lune.
Cercle.   Lorsque les demi-lunes sont imprimées l’une contre l’autre, cela s’appelle un cercle. Cette marque avec les ongles se fait généralement sur le nombril, sur les petites cavités à l’entour des fesses, et sur les jointures des cuisses.
Ligne.  Une marque en forme de petite ligne, qu’on peut faire sur n’importe quelle Partie du corps,s’appelle une ligne.
Griffe de tigre.   La même ligne, si elle est courbe, et tracée sur la poitrine, s’appelle une griffe de tigre.
Patte de paon.   Lorsqu’on trace une ligne courbe sur la poitrine au moyen des cinq ongles, cela s’appelle une patte de paon. On fait cette marque dans le but d’en tirer honneur, car il faut beaucoup d’adresse pour l’exécuter proprement.
Saut de lièvre.   Lorsque cinq marques avec les ongles sont faites l’une près de l’autre aux environs de la mamelle, cela
Feuille de lotus bleu.   Une marque faite sur la poitrine ou sur les hanches en forme de feuille de lotus bleu s’appelle la feuille de lotus bleu.

Lorsqu’une personne, au moment de partir en voyage, fait une marque sur les cuisses ou sur la poitrine, cela s’appelle un signe de souvenir. Il est d’usage, en pareille occasion, d’imprimer trois ou quatre lignes l’une près de l’autre avec les ongles.

Les endroits sur lesquels doit porter cette pression avec les ongles sont : le creux de l’aisselle, la gorge, les seins, les lèvres, le jafhana ou partie médiane du corps, et les cuisses. Mais Suvamanabla est d’avis que, si l’impétuosité de la passion est excessive, il n’y a pas à se préoccuper de l’endroit.

Les qualités requises pour de bons ongles, c’est qu’ils soient brillants, bien plantés, propres, entiers, convexes, doux et polis.Les ongles sont de trois sortes, suivant leur grandeur, savoir:

Petits.

Moyens.

Grands.

Les grands ongles, qui donnent de la grâce aux mains et attirent, par leur apparence, le cœur des femmes, sont possédés par les Bengalis.

Les petits ongles, dont on peut se servir de diverses manières,mais seulement pour donner du plaisir, sont possédés par les gens des districts méridionaux.

Les ongles moyens, qui ont les propriétés des deux autres sortes, appartiennent au peuple de Maharashtra.

Ici finit la marque avec les ongles. On peut encore, par leur moyen, taire d’autres marques que celles ci-dessus décrites ;car, suivant l’observation des anciens auteurs, autant sont innombrables les degrés l’adresse parmi les hommes, Qui tous connaissent la pratique de cet art, autant sont innombrables les manières de faire ces marques. Et comme la pression ou la marqueavec les ongles dépendent de l’amour, Personne ne peut dire avec certitude combien de sortes différentes il en existe réellement. La raison de ceci, pour Vatsyayana, c’est que, si la variété est nécessaire en amour, l’amour doit être produit par la variété des moyens. Voilà pourquoi les courtisanes, qui font bien au fait des diversités de voies et moyens, sont si désirables ; Car cette variété que l’on recherche dans tous les arts et amusements, tels que le tir à l’arc et autres exercices, à combien plus forte raison doit-on la rechercher en matière d’amour ?

Les marques d’ongles ne doivent pas être faites sur des femmes mariées ; mais on peut imprimer, sur leurs parties secrètes, des sortes particulières de marques, pour remémorer ou accroître l’amour.

Il y a aussi, sur ce sujet, quelques versets dont voici le texte:

« L’amour d’une femme qui voit des marques d’ongles sur les parties secrètes de son corps, même si elles sont anciennes et Presque effacées, se ravive et se renouvelle. S’il n’y a pas demarques longues pour rappeler à une personne le passage de l’amour, alors l’amour diminue comme il arrive lorsqu’on laisse passer un long temps sans qu’il y ait d’union. » Lorsqu’un étranger aperçoit,même de loin, une jeune femme avec des marques d’ongles sur les seins, (Il paraîtrait, d’après ceci, que dans les anciens temps lesfemmes avaient les seins découverts ; c’est ce qu’on voit dans les peintures de l’Ajunta et autres caveaux, où les seins des grandes dames et des princesses de sang royal sont représentés à nu. ) il est saisi pour elle d’amour et de respect.

Pareillement, un homme qui porte des marques d’ongles ou de dents sur certaines Parties de son corps, influence l’esprit d’une femme, si ferme qu’il soit d’ailleurs. Bref, rien n’est puissant pour accroître l’amour comme les marques d’ongles ou de morsures.

Chapitre 5 De la morsure, et des moyens à employer à l’égard des femmes de différents pays.

Tous les endroits du corps qui peuvent être baisés sont aussi les endroits qui peuvent être mordus, sauf la lèvre supérieure, l’intérieur de la bouche et les yeux.

Les qualités requises pour de bonnes dents, c’est qu’elles soient égales, d’un brillant agréable à l’œil, susceptibles d’être coloriées, de proportions convenables, intactes, et que l’extrémité en soit fine.

Par contre, sont défectueuses : les dents ébréchées,déchaussées, rudes, molles, grandes, ou mal plantées.

Les différentes sortes de morsures sont comme suit :

La morsure cachée.

La morsure qui ne se révèle que par l’excessive rougeur de la peau mordue s’appelle la morsure cachée.

La morsure enflée.

Lorsque la peau est déprimée des deux côtés, cela s’appelle la morsure enflée.

Le Point.

Lorsqu’une petite portion de la peau est mordue avec deux dents seulement, cela s’appelle le Point.

La ligne de Points.

Lorsque de petites portions de la peau sont mordues avec toutes les dents, cela s’appelle la ligne de points.

Le corail et le joyau.

La morsure qui` est faite avec les dents et les lèvres réunies s’appelle le corail et le joyau. La lèvre est le corail, et les dents le joyau.

La ligne de joyaux.

Lorsque la morsure est faite avec toutes les dents, cela s’appelle la ligne de joyaux.

Le nuage brisé.

La morsure dont les marques en forme de cercle sont inégales, ce Qui provient de l’espacement des dents, s’appelle le nuage irisé.On l’imprime sur les seins.

La morsure du sanglier.

La morsure qui consiste en plusieurs larges rangées de marques,l’une près de l’autre, et avec des intervalles rouges, s’appelle la morsure du sanglier. On l’imprime sur les seins et sur les épaules.Ces deux derniers modes de morsure sont particuliers aux personnes de passion intense.

C’est sur la lèvre inférieure que se font la morsure cachée, la morsure enflée et le point ; la morsure enflée se fait encore sur la joue, ainsi que le corail et le joyau. Le baiser, la pression avec les ongles et la morsure sont les ornements de la joue gauche ; et quand il est question de joue, c’est la joue gauche qu’il faut entendre.

La ligne de points et la ligne de joyaux doivent toutes deux être imprimées sur la gorge, l’aisselle et les jointures des cuisses ; mais la ligne de points seule doit être imprimée sur le front et les cuisses.

Si l’on marque avec les ongles, ou si l’on mord les objets suivants, savoir : un ornement du front, un ornement d’oreille, un bouquet de fleurs, une feuille de bétel ou une feuille de tamala, qui sont portés par une femme aimée ou lui appartiennent, cela signifie désir de jouissance.

Ici finissent les différentes sortes de morsures.

En matière d’amour, un homme doit s’étudier à faire des choses agréables aux femmes des divers pays.

Les femmes des contrées centrales (c’est-à-dire entre le Gange et le Djoumnah) sont d’un caractère noble, non accoutumées auxpratiques désagréables ; elles répugnent à la pression des ongles et à la morsure.

Les femmes du pays de Balhika se laissent gagner par qui les frappe.

Les femmes d’Avantika aiment les plaisirs grossiers, et n’ont pas de bonnes mœurs.

Les femmes du Maharashtra aiment à pratiquer les soixante-quatre arts ; elles articulent des mots bas et malsonnants et veulentqu’on leur parle de même ; elles sont enragées de jouissance.

Les femmes de Pataliputra (c’est-à-dire la moderne Patna) sont du même tempérament que celles du Maharashtra, mais elles n’expriment leurs désirs qu’en secret.

Les femmes du pays de Dravida, si bien frottées et comprimées qu’elles puissent être au moment de la jouissance sexuelle, ont l’émission du sperme très lente : c’est-à-dire qu’elles sont très lentes à parfaire le coït.

Les femmes de Vanavasi sont modérément. passionnées ; elles aiment toute espèce d’amusement, couvrent leurs corps, et réprimandent ceux qui disent des mots bas, grossiers et malsonnants.

Les femmes d’Avanti haïssent le baiser, la marque avec les ongles et la morsure ; mais elles affectionnent différentes sortes d’unions sexuelles.

Les femmes de Malwa aiment l’embrassement et le baiser, mais sans blessure, et elles se laissent gagner par qui les frappe.

Les femmes d’Abhira, et celles du pays entre l’Indus et les cinq rivières (c’est-à-dire le Pendjab), sont folles de l’Auparishtakaou congrès buccal.

Les femmes d’Aparatika sont pleines de passion ; elles font entendre lentement le son de « Sitt ».

Les femmes du pays de Lat ont les désirs plus violents encore,et elles font aussi entendre le son de « Sitt ».

Les femmes du Stri Rajya et de Koshola (Oude) sont pleines d’impétueux désirs ; leur sperme s’émet en grande quantité, et elles aiment à se droguer pour faciliter cette émission.

Les femmes du pays d’Andhra ont des corps tendres ; elles aiment à se divertir et sont portées aux plaisirs sensuels.

Les femmes de Ganda ont le cœur tendre et parlent doucement.

Maintenant, si l’on s’en rapporte à Suvamana ha, les convenances de nature de telle ou telle personne, prise en particulier, importent plus que les usages généraux du pays entier, et conséquemment ces usages ne doivent pas être suivis dans tel ou tel cas donné. Les divers plaisirs, l’habillement, les exercices et divertissements d’un pays finissent par être empruntés par un autre, et l’on doit, dans le cas en question, les considérer comme originaires de ce pays même.

Des choses mentionnées plus haut, savoir : l’embrassement, le baiser, etc., on doit faire d’abord celles qui accroissent la passion ; on fera ensuite celles qui n’ont pour objet que l’amusement ou la variété.

Il y a aussi, là-dessus, quelques versets dont voici le texte:

« Quand un homme mord violemment une femme, elle doit le lui rendre furieusement avec deux fois autant de force. Ainsi, pour un point elle rendra une ligne de points, et Pour une ligne de Points un nuage basé ; et si elle est très surexcitée, elle entamera immédiatement une querelle d’amour. En même temps elle saisira son amant par les cheveux, lui fera courber la tête, baisera sa lèvre inférieure, et alors, enragée d’amour, fermant les yeux, elle le mordra en divers endroits.

Même le jour et dans un lieu fréquenté, si son amant lui montre quelque marque qu’elle peut avoir imprimée sur son corps, elle sourira à cette vue, et, tournant son visage comme si elle allait l’invectiver, elle lui montrera d’un air irrité, sur son propre corps, les marques que lui-même a pu y faire. Ainsi donc, si hommes et femmes agissent au gré les uns des autres, leur amour mutuel n esubira aucune diminution, fût-ce pendant un siècle. »

Chapitre 6 Des différentes manières de se coucher, et des diverses sortes de congrès.

Dans le cas d’un haut congrès, la femme Mrigi (Biche) devra se coucher de façon à élargir son yoni ; tandis que, dans un bas congrès, la femme Hastini (Éléphant) se couchera de manière à contracter le sien. Mais, dans un congrès égal, elles se coucheront dans la position naturelle. Ce qui vient d’être dit de la Mrigi et de la Hastini s’applique aussi à la femme Vadawa (Jument). Dans un bas congrès, les femmes feront particulièrement usage de drogues,pour que leurs désirs soient promptement satisfaits.

Il y a pour la femme-biche, trois manières de se coucher, savoir:

La position largement ouverte.

Lorsqu’elle baisse la tête et lève la partie médiane de son corps, cela s’appelle la position largement ouverte. À ce moment, l’homme doit appliquer Quelque onguent pour rendre l’entrée plus facile.

La position béante.

Lorsqu’elle lève ses cuisses et les tient toutes grandes écartées, puis engage le congrès, cela s’appelle la position béante.

La position de la femme d’Indra.

Lorsqu’elle ramène ses cuisses, avec ses jambes repliées dessus,sur ses côtés, et dans cette posture engage le congrès, cela s’appelle la position d’Indrani ; la pratique seule peutl’apprendre. Cette position convient aussi dans le cas d’un très haut congrès.

La position serrante est usitée dans le bas congrès et dans le très bas congrès, concurremment avec la position pressante, la position liante et la position de la jument.

Lorsque les jambes de l’homme et de la femme sont étendues droites l’une contre l’autre, cela s’appelle la position serrante. Elle est de deux sortes : la position de côté et la position de dos, suivant la manière dont ils sont couchés. Dans la position de côté, l’homme doit invariablement se coucher sur le côté gauche et faire coucher la femme sur le côté droit ; cette règle est à observer avec toutes sortes de femmes.

Lorsque, le congrès ayant commencé dans la position serrante, la femme presse son amant avec ses cuisses, cela s’appelle la position pressante.

Lorsqu’une femme place une de ses cuisses en travers de la cuisse de son amant, cela s’appelle la position liante.

Lorsque la femme retient de force le Lingam dans son yoni, cela s’appelle la position de la jument. La pratique peut seule l’apprendre ; elle est surtout connue chez les femmes du pays d’Andhra.

Telles sont les différentes manières de se coucher mentionnées par Babhravya. Toutefois il y en a d’autres qu’indique Suvamanabha,et que voici :

Lorsque la femme lève ses deux cuisses toutes droites, cela s’appelle la position levante.

Lorsqu’elle lève ses deux jambes et les place sur les épaules de son amant, cela s’appelle la position béante.

Lorsque les jambes sont contractées et maintenues ainsi par l’amant devant sa poitrine, cela s’appelle la position pressée.

Lorsqu’une des jambes seulement est étendue, cela s’appelle la position demi-pressée.

Lorsque la femme place une de ses jambes sur l’épaule de son amant et étend l’autre, puis met celle-ci à son tour sur l’épaule et étend la première, et ainsi de suite alternativement, cela s’appelle la fente du bambou.

Lorsqu’une des jambes est placée sur la tête et l’autre étendue,cela s’appelle la pose d’un clou. La pratique seule peut l’apprendre.

Lorsque les deux jambes de la femme sont contractées et placées sur son estomac, cela s’appelle la position du crabe.

Lorsque les cuisses sont élevées et placées l’une sur l’autre,cela s’appelle la position en paquet.

Lorsque les jambes sont placées l’une sur l’autre, cela s’appelle la position en forme de lotus.

Lorsqu’un homme, pendant le congrès, tourne en rond et jouit de la femme sans la quitter, la femme lui tenant toujours les reins embrassés, cela s’appelle la position tournante ; elle ne s’apprend que par la pratique.

Au dire de Suvarnanabha, ces différentes positions, couchée,assise et debout, doivent être pratiquées dans l’eau, parce qu’elles y sont plus faciles. Mais Vatsyayana est d’avis que le congrès dans l’eau n’est pas convenable, étant prohibé par la loi religieuse.

Lorsqu’un homme et une femme s’appuient sur le corps l’un de l’autre, ou sur un mur, ou sur un pilier, et se tenant ainsi debout engagent le congrès, cela s’appelle le congrès appuyé.

Lorsqu’un homme s’appuie contre un mur, et que la femme, assisesur les mains de l’homme réunies sous elle, passe ses bras autourde son cou et, collant ses cuisses le long de sa ceinture, se remue au moyen de ses pieds dont elle touche le mur contre lequel l’homme s’appuie, cela s’appelle le congrès suspendu.

Lorsqu’une femme se tient sur ses mains et ses pieds comme un quadrupède, et que son amant monte sur elle comme un taureau, cela s’appelle le congrès de la vache. À cette occasion, il y a lieu de faire sur le dos tout ce qui se fait ordinairement sur la poitrine.

On peut opérer de même le congrès du chien, le congrès de la chèvre, le congrès de la biche, le violent assaut de l’âne, le congrès du chat, le bond du tigre, la pression de l’éléphant, le frottement du sanglier et l’assaut du cheval. Et, dans tous lescas, on doit imiter les allures de chacun de ces différents animaux.

Lorsqu’un homme jouit en même temps que deux femmes, qui l’aiment également toutes deux, cela s’appelle le congrès uni.

Lorsqu’un homme jouit en même temps de plusieurs femmes, cela s’appelle le congrès du troupeau de vaches.

Les sortes de congrès suivantes, savoir : l’exercice dans l’eau, ou congrès d’un éléphant avec plusieurs éléphants femelles qu’on dit n’avoir lieu que dans l’eau, le congrès du troupeau de chèvres,le congrès du troupeau de biches, s’opèrent à l’imitation de cesanimaux.

À Gramaneri, plusieurs jeunes gens jouissent d’une femme qui peut être mariée à l’un d’eux, soit l’un après l’autre, soit tous en même temps. Ainsi l’un la tient, l’autre en jouit, un troisième s’empare de sa bouche, un quatrième de son ventre ; et de cette façon ils jouissent alternativement de chacune de ses parties.

Même chose peut se faire quand plusieurs hommes se trouvent en compagnie d’une courtisane. Et les femmes du harem du Roi, de leur côté, peuvent en faire autant quand par hasard elles mettent la main sur un homme.

Les gens des contrées méridionales ont aussi un congrès dans l’anus, qui s’appelle le congrès inférieur.

Ainsi finissent les diverses sortes de congrès. Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte :

« Une personne ingénieuse doit multiplier les sortes de congrès,en imitant les différentes espèces de bêtes et d’oiseaux.

« Ces différentes sortes de congrès, opérées suivant les usagesde chaque pays et la fantaisie de chaque individu, engendren tl’amour, l’amitié et le respect dans le cœur des femmes. »

Chapitre 7 Des diverses manières de frapper et des sons appropriés.

Le commerce sexuel peut être comparé à une querelle, à cause des contrariétés de l’amour et de sa tendance à tourner en dispute. L’endroit que l’on frappe avec passion est le corps, et sur le corps les endroits spéciaux sont :

Les épaules.

La tête.

L’espace entre les seins.

Le dos.

Le jaghana, ou partie médiane du corps.

Les côtés.

Il y a quatre manières de frapper, savoir :

Frapper avec le dos de la main.

Frapper avec les doigts un peu contractés.

Frapper avec le poing.

Frapper avec la paume de la main ouverte.

Les coups produisant de la douleur, il en résulte le son sifflant, qui est de diverses sortes, et les huit sortes de plaintes, savoir :

Le son Hinn.

Le son tonnant.

Le son roucoulant.

Le son pleurant.

Le son Phoutt.

Le son Phâtt.

Le son Soûtt.

Le son Plâtt.

Outre cela, il y a aussi des mots qui ont un sens, tels que : «Ma mère ! », et ceux qui expriment prohibition, suffisance,désir de libération, douleur ou louange, auxquels on peut joindre des sons comme ceux de la colombe, du coucou, du pigeon vert, du perroquet, de l’abeille, du moineau, du flamant, du canard et de la caille, qui tous sont usités dans telle ou telle occasion.

Les coups de poing doivent être donnés sur le dos de la femme,pendant qu’elle est assise sur les genoux de l’homme ; elle doit lui rendre ses coups, en l’invectivant comme si elle était en colère, avec accompagnement des sons roucoulant et pleurant. Lorsque le congrès est engagé, on frappe l’espace entre les seins avec le dos de la main, lentement d’abord, puis de plus en plus vite suivant que l’excitation augmente, jusqu’à la fin.

À ce moment on émettra les sons Hinn et autres, alternativementou comme on voudra, suivant la coutume. Lorsque l’homme, faisant entendre le son Phâtt, frappe la femme sur la tête avec ses doigtsun peu contractés, cela s’appelle Prasritaka, ce qui veut dire :frapper avec les doigts un peu contractés. Dans ce cas, les sons appropriés seront le son roucoulant, le son Phâtt et le son Phouttdans l’intérieur de la bouche, et, à la fin du congrès, les sons soutirant et pleurant.

Le son Phâtt est une imitation du bruit que produit la cassure du bambou ; le son Phoutt ressemble au bruit une chose quitombe dans l’eau. À chaque fois qu’on lui donne un baiser ou qu’onlui fait une caresse quelconque, la femme doit répondre par un sonsifflant. Pendant l’action, si la femme n’est pas habituée à être frappée, elle murmure continuellement des mots qui expriment prohibition, suffisance ou désir de libération, ou des mots telsque : « Mon père ! » « Ma mère ! », entrecoupés de sons soupirant, pleurant et tonnant!. Vers la fin du congrès, l’homme Pressera fortement, avec la paume des mains ouvertes, les seins, lejagnana et les côtés de la femme, et cela jusqu’à la fin ; et la femme fera alors entendre des sons tels que ceux de la caille ou de l’oie.

Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte:

« Les caractéristiques du sexe masculin sont, dans l’opinion générale, la rudesse et l’impétuosité ; tandis que la faiblesse, la tendresse, la sensibilité, et une inclination à éviter les choses déplaisantes, sont les marques distinctives du sexe féminin. L’excitation de la passion et certaines particularités d’habitude peuvent quelquefois produire, en apparence, des résultats contraires ; mais l’état naturel tant toujours par reprendre le dessus. » Aux quatre manières de frapper mentionnées plus haut, on peut ajouter l’emploi du coin sur la poitrine, des ciseaux sur la tête, de l’instrument perçant sur les joues, et des pinces sur les seins et les côtés, ce qui donne en tout huit manières. Mais ces quatre manières de frapper avec des instruments sont particulières aux gens des contrées méridionales,et l’on en voit les marques sur les seins de leurs femmes. Ce sont des particularités locales, mais Vatsyayana est d’avis que la pratique en est douloureuse, barbare, vile, et qu’elle n’est pas du tout à imiter.

En règle générale, tout ce qui est particularité locale ne doit pas adopté ailleurs sans examen ; et, même dans les pays où la pratique est prévalente, il faut toujours en éviter l’abus. Voici des exemples du danger de ces pratiques : Le roi des Panchalas tua la courtisane Madhavasena en se servant d’un coin pendant le congrès.

Shatakami Shatavahana, roi des Kuntalas, fit perdre la vie à sa grande reine Malayavati par l’emploi d’une paire de ciseaux ;et Naradeva, dont la main était déformée, aveugla une jeune danseuse avec un instrument perçant mal dirigé.

Il existe aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte:

« Relativement à ces choses, il ne peut y avoir ni énumération ni règle définie. Une fois le congrès commencé, la passion seule régit tous les actes des parties. » Ces actions passionnées, ces gestes ou mouvements amoureux, qui naissent de l’excitation du moment, dans le congrès, ne sauraient être définis : ils sont irréguliers comme des songes. Un cheval qui a une fois atteint le cinquième degré de motion poursuit sa course avec une vitesse aveugle, sans regarder aux trous, aux fossés, aux poteaux qui peuvent barrer sa route : ainsi deux amants, dans la chaleur du congrès ; la passion les aveugle, ils vont, ils vont toujours,avec furie, sans s’inquiéter en rien des excès. Pour cette raison,l’homme qui possède à fond la science d’amour, et qui connaît sapropre force, comme aussi la tendresse, l’ardeur et la force de samaîtresse, agira en conséquence. Les différents modes de jouissance ne sont pas pour tous les temps ni pour toutes les personnes : on doit, pour les appliquer, consulter le temps, le pays et l’endroit.

Chapitre 8 Des femmes qui jouent le rôle de l’homme et du travail de l’homme.

Lorsqu’une femme voit son amant fatigué par un congrès prolongé,sans qu il ait assouvi son désir, elle doit, avec sa permission, le renverser sur le dos et lui venir en aide en jouant son rôle. Elle peut le faire aussi pour satisfaire la curiosité de l’homme, ou son propre désir de nouveauté.

Il y a deux façons d’opérer : la femme, pendant le congrès, tourne en rond et monte sur son amant, de manière à continuer l’action sans interrompre le plaisir ; ou bien elle joue lerôle de l’homme dès le commencement. Alors, sa chevelure dénouée mêlée de fleurs, souriante et haletante à la fois, elle appuiera les seins sur la poitrine de son amant, et, baissant fréquemment la tête, lui rendra ce qu’il lui faisait tout à l’heure, ses coups,ses invectives ; elle lui dira : « Tu m’as renversée, tu m’as moulue ; à mon tour de te renverser, de te moudre. » Puis elle aura des semblants de pudeur, se prétendra fatiguée, voudra cesser le congrès. Et elle fera ainsi le travail de l’homme, que nous allons maintenant exposer.

Tout ce que fait un homme pour donner du plaisir à une femme s’appelle le travail de l’homme, et voici en quoi il consiste :

La femme étant couchée sur le lit, et en quelque sorte absorbée par sa conversation, il dénouera sa jupe de dessous, et, si elle commence à l’invectiver, la fera taire en la couvrant de baisers. Alors, son Lingam mis en érection, il promènera ses mains sur divers endroits et maniera délicatement certaines parties du corps. Si la femme est honteuse, et que ce soit la première fois qu’ils se rencontrent, l’homme glissera ses mains entre les cuisses, qu’elle voudrait probablement tenir serrées ; si c’est une très jeune fille, il devra d’abord s’emparer de ses seins, qu’elle voudrait probablement couvrir de ses propres mains, puis il lui passera les bras sous les aisselles et sur le cou. Si, au contraire, c’est une femme expérimentée, il fera ce qui pourra être agréable à l’un et à l’autre et Approprié à la circonstance. Ensuite il saisira sa chevelure, et lui tiendra le menton dans ses doigts pour lui donner des baisers. Là-dessus, si c’est une jeune fille, elle deviendra honteuse et fermera les yeux. Quel que soit le cas, la contenance de la femme lui indiquera ce qu’il devra faire pour lui rendre le congrès agréable.

Ici Suvamanabha observe que, tout en faisant à la femme ce qu’il juge le plus convenable pendant le congrès, l’homme doit toujours avoir soin de presser les parties de son corps sur lesquelles elle tourne les yeux.

Les signes de jouissance et de satisfaction de la femme sont les suivants : son corps se relâche, elle ferme les jeux, oublie toute pudeur, et montre un désir croissant d’unir les deux organes aussi étroitement que possible. D’un autre côté, voici les signes auxquels on reconnaît qu’elle ne jouit pas et n’est pas satisfaite: elle choque ses mains, ne laisse pas l’homme se lever, semble abattue, mord l’homme, le frappe, et continue à s’agiter après que l’homme a fini.

En pareil cas, l’homme doit lui frotter le yoni avec sa main et ses doigts (comme l’éléphant frotte avec sa trompe) avant de réengager le congrès, jusqu’à ce que l’irritation soit calmée ; puis, il s’occupera d’introduire son Lingam.

Voici les actes que doit faire un homme :

Pousser en avant.

Lorsque les organes sont rapprochés convenablement et directement, cela s’appelle pousser en avant.

Frictionner ou baratter.

Lorsqu’on tient le Lingam avec la main, et qu’on le fait tourner tout autour dans le yoni, cela s’appelle baratter.

Percer.

Lorsque le yoni est abaissé et que le Lingam en frappe la partie supérieure, cela s appelle percer.

Frotter.

Lorsque même chose est faite sur la partie inférieure, celas’appelle frotter.

Presser.

Lorsque le yoni est longtemps pressé par le Lingam, cela s’appelle presser.

Donner un coup.

Lorsque le Lingam est retiré à une certaine distance du yoni, et qu’il y rentre ensuite avec force, cela s’appelle donner uncoup.

Le coup du sanglier.

Lorsque le Lingam ne frotte qu’un côté seulement du yoni, cela s’appelle le coup du sanglier.

Le coup du taureau.

Lorsque les deux côtés du yoni sont ainsi frottés, cela s’appelle le coup du taureau.

La chasse au moineau.

Lorsque le Lingam est dans le yoni, et qu’on l’y agite avec un rapide mouvement de va-et-vient, sans le retirer, cela s’appelle lachasse au moineau. C’est le dernier acte du congrès.

Quand une femme joue le rôle de l’homme, elle doit, en sus desneuf opérations ci-dessus, faire les trois suivantes :

La paire de pincettes.

Lorsque la femme tient le Lingam dans son yoni, l’y attire, leserre et le garde ainsi longtemps, ce a s’appelle la paire depincettes.

La toupie.

Lorsque, pendant le congrès, elle tourne en rond comme une roue,cela s’appelle la toupie. La pratique seule peut l’apprendre.

La balançoire.

Lorsque, en pareil cas, l’homme soulève a partie médiane de soncorps, et que la femme tourne en rond sur sa partie médiane à elle,cela s’appelle la balançoire.

Si la femme est fatiguée, elle posera son front sur celui de sonamant, et restera ainsi sans interrompre l’union des organes. Puis,quand elle sera reposée, l’homme se retournera et recommencera lecongrès.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte:

« Si réservée que soit une femme, et si bien caché qu’elletienne ce qu’elle ressent, toutefois, lorsqu’elle monte sur unhomme, elle trahit tout son amour et toute sa passion. Lacontenance de la femme doit faire connaître à l’homme sesdispositions, et la manière dont elle veut qu’on jouisse d’elle. Lafemme qui est dans ses menstrues, la femme qui a récemmentaccouché, et la femme grosse, ne doivent pas être autorisées àjouer le rôle de l’homme. »

Chapitre 9De l’auparishtakai ou congrès buccal.

Il y a deux sortes d’eunuques, les uns déguisés en hommes, lesautres en femmes. Les eunuques déguisés en femmes imitent celles-cien tout : costume, parler, gestes, gentillesse, timidité,simplicité, douceur et modestie. Les actes qui s’opèrent sur lejaghana ou partie médiane des femmes se font dans la bouche de ceseunuques : c’est ce qu’on appelle Aupahshtaka. Ces eunuquestrouvent dans le congrès buccal un plaisir d’imagination, en mêmetemps qu’un gagne pain, et ils mènent la vie des courtisanes,surtout ceux qui sont déguisés en femmes.

Les eunuques déguisés en hommes tiennent leurs pratiquessecrètes, et quand ils veulent exercer une profession, ilschoisissent celle de masseur. Sous prétexte de vous masser, uneunuque de cette sorte embrasse et attire à lui les cuisses de sonclient, puis il lui touche les attaches des cuisses et le jaghana,ou les parties centrales du corps.

Si, alors, il trouve le Lingam en érection, il le presse de sesmains et le frotte pour le maintenir dans cet état. Si, après celaet connaissant son intention, le client ne dit pas à l’eunuque decontinuer, celui-ci prend sur lui de le faire et commence lecongrès. Si, au contraire, le client lui ordonne d’agir, il s’yrefuse et ne consent enfin qu’avec difficulté.

Suit alors une série de huit opérations pratiquées l’une aprèsl’autre par l’eunuque, savoir :

Cette pratique paraît avoir été usitée très anciennement danscertaines parties de l’Inde. Le Shushnata, un ouvrage de médecinequi remonte à deux mille ans, décrit, au nombre des maladies dontil traite, la blessure faite au Lingam par les dents. On trouve destraces de cette pratique jusque dans le VIIe siècle ; ilexiste, en effet, des scènes d’Aupahshtaka dans les sculptures deplusieurs temples de Shaiva à Bhuvaneshwara, près de Kattak, dansl’Orissa, qui ont été construits vers cette époque. De tellesscultures sur de tels édifices donnent à penser que cette pratiqueétait alors très populaire dans certaines régions. Il ne paraît pasqu’elle soit aussi en faveur aujourd’hui dans l’Hindoustan : elle apeut-être cédé la place à la sodomie, introduite depuis la périodemahométane.

Congrès nominal. \\ Lorsque, tenant le Lingam de l’homme avecsa main, et le plaçant entre ses lèvres, l’eunuque le frôle de sabouche, cela s’appelle congrès nominal. Mordillage des côtés. \\Lorsque, couvrant l’extrémité du Lingam avec ses doigts rassemblésen forme de bouton de fleur, l’eunuque en presse les côtés avec seslèvres, en se servant aussi des dents, cela s’appelle Mordillagedes côtés. Pression extérieure. \\ Lorsque, sollicité de continuer,l’eunuque presse le bout du Lingam avec ses lèvres serrées et lebaise comme s’il voulait le tirer, cela s’appelle pressionextérieure. Pression intérieure. \\ Lorsque, sur une nouvelleinvitation de poursuivre, il introduit le Lingam plus avant dans sabouche, le presse avec ses lèvres et ensuite le fait sortir, celas’appelle pression intérieure. Baiser. \\ Lorsque, tenant le Lingamdans sa main, l’eunuque le baise comme s’il faisait la lèvreinférieure, cela s’appelle baiser. Polissage. \\ Lorsque, aprèsl’avoir baisé, il le caresse partout avec sa langue, etparticulièrement sur l’extrémité, cela s’appelle polissage. Succionde la mangue. \\ Lorsque, continuant de la sorte, il en introduitla moitié dans sa bouche, le baise et le suce avec force, celas’appelle succion de la manque. Absorption. \\ Et enfin, lorsque,du consentement de l’homme, l’eunuque introduit le Lingam toutentier dans sa bouche et le presse jusqu’à la racine comme s’ilallait l’avaler, cela s’appelle absorption.

Chacune de ces opérations terminée, l’eunuque exprime son désird’en rester là ; malgré la première, le client veut laseconde, puis la troisième, et ainsi de suite.

On peut aussi, pendant cette espèce de congrès, frapper,égratigner, etc.

L’Auparishtaka est également pratiqué par des femmes dissolueset libertines, et par des servantes non mariées, qui vivent de laprofession de masseuse.

Les Acharyas (anciens et vénérables auteurs) sont d’avis que cetAuparishtaka est l’affaire d’un chien et non celle d’un homme,parce que c’est une pratique basse et prohibée par la SainteÉcriture, et parce que l’homme lui-même souffre en mettant sonLingam en contact avec les bouches des eunuques et des femmes. MaisVatsyayana soutient que les prohibitions de la Sainte Écriture nes’appliquent pas à ceux qui fréquentent les courtisanes, et que lapratique de l’Auparishtaka n’est défendue qu’avec les femmesmariées. Quant au mal qui peut être fait à l’homme, il est aisémentremédiable.

Les gens de l’Inde orientale ne s’adressent pas aux femmes quipratiquent l’Auparishtaka.

Les gens d’Ahichhatra s’adressent à ces femmes, maiss’abstiennent de tout commerce avec la bouche.

Les gens de Saketa ont avec ces femmes toute espèce de commercebuccal, tandis que ceux de Nagara s’en abstiennent, mais font toutle reste.

Les gens du pays de Shurasena, sur la rive méridionale duDjoumnah, font tout sans hésitation, car, disent-ils, les femmesétant malpropres de nature, personne ne peut être certain de leurcaractère, de leur pureté, de leur conduite, de leurs pratiques, deleurs confidences ou de leurs discours. Il n’y a Pas lieu, pourcela, de les délaisser ; en effet, la loi religieuse, surl’autorité de laquelle elles sont réputées pures, établit que lepis d’une vache est propre au moment où on la trait, quoique labouche d’une vache, et aussi la bouche de son veau, soientconsidérées comme malpropres par les Hindous. De même un chien estpropre lorsque à la chasse il s’empare d’une biche, quoique lanourriture touchée par un chien soit d’ailleurs considérée commetrès malpropre. Un oiseau est propre quand il fait tomber un fruitd’un arbre en le becquetant, quoique les objets mangés par descorbeaux ou autres oiseaux soient considérés comme malpropres. Labouche d’une femme, aussi, est propre pour donner ou recevoir desbaisers, et pour d’autres actes semblables au moment du commercesexuel. Vatsyayana, en fin de compte, estime que, dans toutes cesmatières d’amour, chacun doit agir conformément aux usages de sonpays et à sa propre inclination.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte:

« Les serviteurs mâles de certains hommes pratiquent avec leursmaîtres le congrès buccal. Il y a aussi des citoyens qui, seconnaissant bien les uns les autres, le pratiquent entre eux.Certaines femmes du harem, lorsqu’elles sont amoureuses, agissentde la bouche sur les Yonis l’une de l’autre, et certains hommesfont la même chose avec les femmes. Pour faire ceci (c’est-à-direpour baiser le yoni), on imitera le baiser sur la bouche. Lorsqu’unhomme et une femme sont couchés en sens inverse, c’est-à-dire latête de l’un vers les pieds de l’autre, et se livrent à cetteespèce de congrès, cela s’appelle le congrès du corbeau. » Cessortes de choses passionnent tellement certaines courtisanes,qu’elles abandonnent des amants distingués, honnêtes et instruits,pour s’attacher à des personnes de basse condition, telles que desesclaves et des conducteurs d’éléphants. L’Auparishtaka, ou congrèsbuccal, ne doit jamais être pratiqué par un Brahmane lettré, par unministre chargé des affaires d’un État, par un homme de bonneréputation ; car, si la pratique en est permise par lesShastra, il n’y a pas de raison pour qu’on la mette en œuvre, si cen’est dans les cas particuliers. Ainsi, par exemple, on mentionnedans les livres de médecine le goût, la force et les qualitésdigestives de la viande de chien, mais il ne s’ensuit pas que lesage doive en manger. Par contre, il y a des hommes, des lieux etdes temps à l’égard desquels on peut user de ces pratiques. Unhomme doit, en conséquence, considérer le lieu, le temps et lapratique qu’il s’agit d’opérer, si elle convient à sa nature et àlui-même ; après quoi il pourra ou non s’y livrer, selon lescirconstances. Mais après tout, ces choses étant faites secrètementet l’esprit de l’homme étant variable, comment savoir ce que feraune personne dans tel ou tel temps et pour tel ou telobjet ?

Chapitre 10De la manière de commencer et de finir le congrès ; différentessortes de congrès et querelles d’amour.

Dans la chambre de plaisir, décorée de fleurs et embaumée deparfums, le citoyen, en compagnie de ses amis et serviteurs,recevra sa femme, Qui viendra baignée et parée, et il l’invitera àse rafraîchir et à boire librement. Il la fera ensuite asseoir à sagauche ; puis, prenant sa chevelure et touchant l’extrémité etle nœud de son vêtement, il l’embrassera délicatement avec son brasdroit. Ils se livreront alors à une plaisante conversation surdifférents sujets, et pourront aussi parler, à mots couverts, dechoses qui seraient considérées comme peu séantes en société. Ilspourront chanter, avec ou sans gesticulations, jouer desinstruments de musique, causer de beaux arts, et s’exciter l’unl’autre à boire. Enfin, lorsque la femme n’en pourra plus d’amouret de désir, le citoyen renverra le monde qui sera autour de lui,donnant à chacun des fleurs, des onguents, des feuilles debétel ; et lorsqu’ils seront enfin seuls tous les deux, ilsprocéderont comme il a été écrit dans les précédents chapitres.

Tel est le commencement de l’union sexuelle. À la fin ducongrès, les amants, avec modestie et sans se regarder l’unl’autre, iront séparément au cabinet de toilette. Ensuite, assis àleurs mêmes places, ils mangeront quelques feuilles de bétel, et lecitoyen appliquera de sa propre main sur le corps de la femme unonguent de pur santal ou de quelque autre essence. Il l’embrasseraalors de son bras Gauche et, avec des paroles aimables, la feraboire dans une coupe qu’il tiendra dans sa propre main, où il luidonnera de l’eau à boire. Ils pourront manger des sucreries ouautres choses, à leur fantaisie, et boire des jus frais, du potage,du gruau, des extraits de viande, des sorbets, du jus de manguier,de l’extrait de jus de citron mêlé de sucre, ou toute autre chosequi soit au goût du pays et connue pour être douce, agréable etpure. Les amants peuvent aussi s’asseoir sur la terrasse du palaisou de la maison, pour y jouir du clair de lune et se livrer à uneagréable conversation. À ce moment aussi, la femme étant couchéesur ses genoux, le visage tourné vers la lune, le citoyen luimontrera les différentes planètes, l’étoile du matin, l’étoilePolaire, et les sept Rishis ou la Grande Ourse.

Ainsi finit l’union sexuelle.

Le congrès est de différentes sortes, comme suit :

Congrès d’amour.

Lorsqu’un homme et une femme qui s’aiment depuis un certaintemps se trouvent enfin réunis après de Grandes difficultés ;ou lorsque l’un d’eux revient de voyage ; ou lorsqu ils seréconcilient après s’être séparés à la suite d’une querelle, leurcongrès s’appelle le congrès d’amour. Il se pratique suivant lafantaisie des amants, et aussi longuement qu’il leur plaît.

Congrès d’amour subséquent.

Lorsque deux personnes se réunissent, leur amour mutuel étantencore dans l’enfance, leur congrès s’appelle le congrès d’amoursubséquent.

Congrès d’amour artificiel.

Lorsqu’un homme pratique le congrès en s’excitant lui même aumoyen des soixante-quatre manières, telles que le baiser,etc. ; ou lorsqu’un homme et une femme ont commerce ensemble,quoique chacun d’eux aime une personne différente, leur congrèss’appelle congrès d’amour artificiel. En pareil cas, il fautemployer tous les procédés et moyens indiqués par les KamaShastra.

Congrès d’amour transféré.

Lorsqu’un homme, du commencement à la fin du congrès, tout enopérant sur la femme, ne cesse de penser qu’il jouit d’une autrequi a son affection, cela s’appelle le congrès d’amourtransféré.

Congrès à l’instar des eunuques.

Le congrès entre un homme et une porteuse d’eau ou une servantede caste inférieure à la sienne, qui dure seulement jusqu’à ce quele désir soit satisfait, s’appelle congrès à l’instar des eunuques.On doit s’abstenir, dans ce cas, des attouchements extérieurs, desbaisers et des diverses manipulations.

Congrès décevant.

Le congrès entre une courtisane et un paysan, celui entrecitoyens et villageoises ou femmes de banlieue s’appellent congrèsdécevant.

Congrès d’amour spontané.

Le congrès entre deux personnes attachées l’une à l’autre, etqui s’effectue au gré de leur fantaisie, s’appelle congrès d’amourspontané.

Ainsi finissent les sortes de congrès.

Nous allons parler maintenant les querelles d’amour.

Une femme qui aime passionnément un homme ne peut souffrird’entendre prononcer le nom de sa rivale, ni d’avoir aucuneconversation à son sujet, ni d’être appelée de son nom parinadvertance. Si pareille chose arrive, alors commence une grandequerelle : la femme pleure, se met en colère, agite sa chevelure,frappe son amant, tombe de son lit ou de son siège, et jetant àdroite et à gauche guirlandes et ornements, s’étend de son long parterre.

L’amant, alors, doit essayer de l’apaiser par des parolesconciliantes, et en même temps, il la relèvera avec précaution etla mettra sur son lit. Mais elle, sans répondre à ses questions,avec une colère toujours croissante, courbera la tête de son amanten tirant ses cheveux, et, après l’avoir frappé une fois, deuxfois, trois fois sur les bras, la tête, la poitrine ou le dos, sedirigera vers la porte de la chambre.

Suivant Dattaka, elle doit alors s’asseoir, l’air courroucé,près de la porte, et verser des larmes ; mais elle ne doit passortir, pour éviter de se mettre dans son tort. Au bout d’uncertain temps, lorsqu’elle juge que son amant a dit et fait tout cequ’il pouvait pour se réconcilier, elle doit l’embrasser en luifaisant d’amers reproches, mais aussi en lui laissant voir un vifdésir du congrès.

Lorsque la femme est dans sa Propre maison et qu’elle s’estquerellée avec son amant, elle doit aller à lui et lui témoignertoute sa colère, puis le quitter. Mais ensuite, le citoyen luiayant envoyé le Vita, le Vidushaka ou le Pithamardal pourl’apaiser, elle doit revenir avec eux à la maison et passer la nuitavec son amant. Ainsi finissent les querelles d’amour.

Chapitre 11 En résumé

Un homme qui emploie les soixante quatre moyens indiqués par Babhravya atteint son but et s’assure la jouissance d’une femme de la plus haute qualité. Il aura beau disserter savamment sur d’autres sujets, s’il ne connaît pas les soixante-quatre divisions,il n’obtiendra que peu d’estime dans l’assemblée des lettrés. Un homme, dépourvu d’autre savoir, mais bien au courant des soixante-quatre divisions, aura la prééminence dans toute société d’hommes et des femmes. Comment ne pas respecter les soixante-quatre parties, si l’on considère qu’elles ont le respect des lettrés, des savants et des courtisanes ? C’est à raison de ce respect attaché aux soixante-quatre parties, du charme qu’elles possèdent et des mérites qu’elles ajoutent aux attraits naturels des femmes, que les Acharyas les appellent chères aux femmes. Un homme versé dans les soixante-quatre parties est chéri de sa propre femme, des femmes des autres et des courtisanes.

Partie 3
De l’acquisition d’une épouse

Chapitre 1Du mariage.

Lorsqu’une fille de la même caste, et qui est vierge, se marie conformément aux préceptes de la Sainte Écriture, les résultats de cette union sont : l’acquisition de Dharma et d’Artha, lapostérité, l’affinité, l’accroissement du nombre des amis, et un amour sans nuages. Pour cette raison, l’homme doit choisir une fille de bonne famille, dont les parents soient vivants, et qui ait trois ans ou plus de moins que lui. Il faut qu’elle appartienne àune famille hautement respectable, riche, en bonne position, entourée de nombreux parents et amis. Elle doit aussi être belle, bien douée, avec des signes de bon augure sur le corps ; les ongles, les dents, les oreilles, les yeux, les seins seront réguliers, tels qu’ils doivent être, ni plus ni moins, et au complet ; le corps jouira d’une bonne santé. L’homme,naturellement, doit posséder lui-même ces qualités. Mais il ne faut point, dit Ghotakamukha, aimer une fille qui a déjà été unie à d’autres (c’est-à-dire, qui n’est plus vierge), car ce serait une action répréhensible.

Maintenant, pour mener à bonne fin un projet de mariage avec une fille telle qu’on vient de la décrire, les parents et les amis de l’homme doivent faire tous leurs efforts, aussi bien que les amis des deux côtés dont l’assistance pourra être réclamée. Ces amis révéleront aux parents de la fille les défauts, présents et futurs,de tous les autres hommes qui peuvent la courtiser, et, en mêmetemps, ils exalteront jusqu’à l’hyperbole les mérites de leur amisous le rapport de ses ancêtres et de sa famille, de manière à le faire aimer des Parents, et surtout de ceux qui peuvent être en meilleurs termes avec la mère de la fille. Un des amis pourra aussise déguiser en astrologue, et pronostiquer l’heureuse fortune et la richesse future de son ami, en affirmant qu’il a pour lui tous lesprésages et signes de bonheur : bonne influence des planètes, entrée favorable du Soleil dans tel ou tel signe du zodiaque, étoiles propices, marques de bon augure sur son corps.

D’autres enfin pourront éveiller la jalousie de la mère, en lui disant que son ami a des chances de trouver ailleurs encore mieux que sa fille.

Il convient de prendre une fille pour épouse, ou de la donner en mariage, lorsqu’on est pleinement satisfait de la fortune, dessignes, des présages et des paroles des autres, car, dit Ghotakamukha, un homme ne doit pas se marier au premier caprice qui lui en vient. On ne doit pas épouser une fille qui dort, quipleure, ou qui est sortie de la maison au moment où on la demande en mariage, ou qui est fiancée à un autre. On doit aussi éviter les suivantes :

Celle qui est tenue cachée.

Celle qui a un nom malsonnant.

Celle qui a le nez déprimé.

Celle qui a la narine relevée.

Celle qui a des formes de garçon.

Celle qui est courbée.

Celle qui a les cuisses tortues.

Celle qui a le front Proéminent.

Celle qui a la tête chauve.

Celle qui n’aime pas la pureté.

Celle qui a été Polluée par d’autres.

Celle qui est affectée du Gulma.

Celle qui est défigurée d’une façon quelconque.

Celle qui est arrivée à pleine puberté.

Celle qui est une amie.

Celle qui est une plus jeune sœur.

Celle qui est une Vars akar.

De même encore, une fille qui porte le nom d’une des vingt-sept étoiles, ou le nom d’un arbre, d’une rivière, passe pour ne rien valoir, comme aussi une fille dont le nom finit par un r ou un l. Mais, au dire de quelques auteurs, on ne peut être heureux qu’en épousant une fille à laquelle on s’attache, et, conséquemment, on ne doit pas épouser d’autre fille que celle qu’on aime.

Lorsqu’une fille devient bonne à marier, ses parents doivent l’habiller coquettement, et la produire partout où elle puisse être aisément vue de tous. Chaque après-midi, après l’avoir habillée et parée avec élégance, ils l’enverront avec ses jeunes compagnes aux sports, sacrifices et cérémonies de mariage, la faisant voir ainsi à son avantage, attendu Qu’elle est une sorte de marchandise. Ils devront aussi accueillir, avec de bonnes paroles et des témoignages d’amitié, les personnes de favorable apparence que leurs parents ou leurs amis leur amèneraient en vue du mariage de leur fille ;ils l’habilleront alors élégamment, sous un prétexte ou un autre, et la leur présenteront. Cela fait, ils attendront le bon plaisir de la fortune, et feront tel ou tel jour pour décider du mariage.Ce jour-là, lorsque les personnes seront arrivées, les parents dela fille les inviteront à se baigner et à dîner, et leur diront : «Tout viendra en son temps » ; et, sans donner immédiatement suite à la demande, ils renverront l’affaire à plus tard.

Lorsqu’un homme a de la sorte fait l’acquisition d’une fillesuivant l’usage du pays, ou d’après son propre désir, il doitl’épouser en se conformant aux préceptes de la Sainte Écrituretouchant l’une des quatre sortes de mariages.

Ainsi finit le mariage.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte:

« Les amusements de société, tels que de compléter des verscommencés par d’autres, les mariages et les cérémoniespropitiatoires, ne doivent avoir lieu ni avec des supérieurs, niavec des inférieurs, mais avec nos égaux. On dit qu’il y a hautealliance lorsqu’un homme, après avoir épousé une fille, est obligéensuite de la servir, elle et ses Parents, comme un domestique, etune telle alliance est blâmée Par les gens de bien. D’un autrecôté, les sages qualifient de basse alliance, en la condamnant, lemariage d’un homme qui, de concert avec ses parents, agit endespote envers sa femme. Mais lorsque l’homme et la femme serendent mutuellement agréables l’un à l’autre, et que les parentsdes deux côtés les respectent également, cela s’appelle unealliance dans le propre sens du mot. Un homme, donc, ne doitcontracter ni une haute alliance qui l’obligerait ensuite às’abaisser devant les parents, ni une basse alliance que tout lemonde réprouve. »

Chapitre 2 De la confiance à inspirer à la fille.

Pendant les trois premiers jours qui suivront le mariage,l’homme et la femme coucheront sur le plancher, s’abstiendront deplaisirs sexuels, et prendront leur nourriture en l’assaisonnantd’alca ou de sel. Les sept jours suivants, ils se baigneront au sonde joyeux instruments de musique, se pareront, dîneront ensemble,et feront des politesses à leurs parents et aux personnes quiauront pu assister à leur mariage. Ceci est applicable aux gens detoutes les castes. Le soir du dixième jour, l’homme commencera àparler doucement à sa jeune femme, seul à seule, de façon à luiinspirer confiance. Quelques auteurs prétendent que, pour la gagnerentièrement, il ne doit pas lui parler de trois jours ; mais,observent les disciples de Babhravya, si un homme reste muetpendant trois jours, il est à craindre que la jeune femme ne sedégoûte de le voir aussi inerte qu’un pilier, et, désenchantée, nevienne à le mépriser comme un eunuque. Vatsyayana est d’avis quel’homme doit commencer par la gagner et lui inspirer confiance,mais qu’il doit s’abstenir d’abord des plaisirs sexuels. Lesfemmes, étant de nature douce, veulent qu’on les aborde avecdouceur ; si elles ont à subir un assaut brutal d’hommesqu’elles connaissent à peine, elles en conçoivent quelquefois lahaine de l’union sexuelle, quelquefois même la haine du sexe mâle.L’homme doit, en conséquence, approcher la jeune femme avec lesménagements qu’elle désire, et l’emploiera les procédés capables delui inspirer de plus en plus confiance. Ces procédés sont lessuivants :

Il l’embrassera pour la première fois de la façon qui lui plairale mieux, parce que cela ne dure pas longtemps.

Il l’embrassera avec la partie supérieure de son corps, parceque c’est plus facile et plus simple. Si la fille est d’un certainâge, ou si l’homme la connaît depuis quelque temps, il peutl’embrasser à la lueur d’une lampe ; mais s’il ne a connaîtpas bien, ou si c’est une toute jeune fille, il doit alorsl’embrasser dans l’obscurité.

Lorsque la fille aura consenti à l’embrassement, l’homme luimettra dans la bouche un tambula ou morceau de noix de bétel et desfeuilles de bétel ; et si elle refuse de les prendre, il devral’y engager par des paroles conciliantes, des prières, desserments ; enfin il s’agenouillera à ses pieds, car il est derègle que, si ombrageuse ou irritée que soit une femme, elle n’estjamais intraitable pour un homme à genoux devant elle. Au moment oùil lui donnera ce tambula, il lui baisera la bouche doucement etgracieusement, sans émettre aucun son. Ce premier point obtenu, illa fera parler, et pour l’y engager, il lui adressera des questionssur des choses qu’il ne connaîtra pas ou prétendra ne pasconnaître, et qui n’exigeront qu’une courte réponse. Si elle ne luiparle pas, il se gardera de la brusquer, mais il lui fera denouveau les mêmes questions sur un ton conciliant. Si alors elle nelui parle pas davantage, il la pressera de répondre, car, observeGhotakamu que toutes les filles écoutent ce que les hommes leurdisent, mais elles mêmes souvent ne disent pas un seul mot ». Ainsiimportunée, la fille répondra enfin par un mouvement de tête ;tandis que, si l’homme la querellait, elle ne ferait pas même cela.Lorsque l’homme lui demandera s’il lui plaît et si elle l’aime,elle gardera longtemps le silence à la fin, pressée de s’expliquer,elle répondra affirmativement par un signe de tête. Si l’homme laconnaissait avant le mariage, il devra s’entretenir avec elle parl’intermédiaire d’une amie qui peut lui être favorable, et qui,ayant la confiance de l’un et de l’autre, tiendra la conversationdes deux côtés. En pareille occasion, la fille sourira, la têtebaissée ; et si l’amie en dit plus de sa part qu’elle nedésire, elle la grondera et lui cherchera dispute. L’amie dira parplaisanterie telle ou telle chose que la fille ne voudra pas êtredite, en ajoutant : « Elle dit cela » ; sur quoi la fille diraPrestement et gentiment : « Oh ! non, je n’ai pas dit cela» ; et alors elle sourira et jettera sur l’homme un coup d’œilfurtif.

Si la fille est familière avec l’homme, elle placera près delui, sans rien dire, le tambula, l’onguent ou la guirlande qu’ilpeut avoir demandés, ou bien elle pourra les enfermer dans sonvêtement de dessus.

Pendant ce temps-là, l’homme lui touchera ses jeunes seins enpratiquant la pression sonore avec les ongles, et si elle veut l’enempêcher, il lui dira : « Je ne le ferai plus, si vous m’embrassez», et il l’amènera de cette façon à l’embrasser. Tandis qu’ellel’embrassera, il passera sa main à diverses reprises sur tout soncorps. Puis, tout doucement, il la mettra sur ses genoux et tâcherade plus en plus d’obtenir son consentement ; et si elle neveut pas céder, il l’a frappera en disant :

« Je vais imprimer les marques de mes dents et de mes ongles survos lèvres et sur vos seins ; je ferai des marques semblablessur mon propre corps, et je dirai à mes amis que c’est vous qui lesavez faites.

Que direz-vous alors ? » C’est de cette manière ou à peuprès que se créent la crainte et la confiance dans l’esprit desenfants, et l’homme devra ainsi obtenir de la fille ce qu’ildésire.

La seconde et la troisième nuit, lorsque la confiance se seraencore accrue, il lui touchera le corps tout entier avec ses mains,et le baisera partout ; il mettra aussi ses mains sur sescuisses et les massera ; et s’il y réussit, il lui masseraalors les jointures des cuisses. Si elle veut l’en empêcher, il luidira : « Quel mal y a-t-il à cela ? » et il lui persuadera dele laisser faire. Ce point gagné, il lui touchera ses partiessecrètes, dénouera sa ceinture et le nœud de sa robe, et, relevantsa jupe de dessous, lui massera les jointures de ses cuisses nues.Il fera toutes ces choses sous différents prétextes, mais il nedevra pas encore commencer le congrès réel. Ensuite il luienseignera les soixante quatre arts, lui dira combien il l’aime etquelles espérances il caressait depuis longtemps à son égard. Illui promettra aussi de lui être fidèle, dissipera toutes sescraintes au sujet de rivales, et enfin, après avoir vaincu satimidité, il se mettra en devoir de jouir d’elle de manière à nepas l’effrayer.

Telle est la façon d’inspirer confiance à la jeune femme.

Il y a en outre, sur ce sujet, quelques versets dont voici letexte :

« Un homme qui agit conformément aux inclinations d’une filledoit essayer de l’apprivoiser de telle sorte qu’elle puisse l’aimeret lui donner sa confiance. On ne réussit ni en suivant aveuglémentl’inclination d’une fille, ni en s’y opposant tout à fait, mais ilfaut adopter un moyen terme. Celui qui sait se faire aimer desfemmes, soigner leur honneur et leur inspirer confiance, celui-làest assuré de leur amour. Mais celui qui néglige une fille, parcequ’elle lui semble trop timide, n’obtient que son mépris : elle leregarde comme une bête qui ne sait pas gouverner l’esprit d’unefemme. En outre, une fille possédée de force par un homme qui neconnaît pas le cœur féminin, devient nerveuse, inquiète,abattue ; elle se prend soudain à détester l’homme qui l’aviolentée, et alors, son amour n’étant pas compris ni payé deretour, elle tombe dans le désespoir, et devient l’ennemie du sexemâle tout entier ; ou, si elle déteste particulièrement sonmari, elle a recours à d’autres hommes. »

Chapitre 3De la cour, et de la manifestation des sentiments par signes etactes extérieurs.

Un homme pauvre, doué de bonnes qualités, un homme né d’unefamille de bas étale et doué de médiocres qualités, un voisinriche, et un homme sous a dépendance de son père, de sa mère ou deses frères, ne doivent pas se marier sans avoir eu soin de se faireaimer et estimer de la fille, dès son enfance. Ainsi un garçonséparé de ses parents et qui vit dans la maison de son oncleessaiera de gagner la fille de son oncle, ou quelque autre fille,lors même qu’elle aurait été précédemment fiancée à un autre. Etcette façon de gagner une fille, dit Ghotakamukha, estirréprochable, parce qu’on peut ainsi acquérir Dharma, aussi bienque par toute autre espèce de mariage.

Lorsqu’un garçon aura de la sorte commencé à courtiser la fillequ’il aime, il passera son temps avec elle et l’amusera pardifférents jeux et divertissements convenables à son âge et à sacondition, tels que de cueillir et de rassembler des fleurs,tresser des guirlandes de fleurs, jouer le rôle de membre d’unefamille fictive, faire cuire des aliments, jouer aux dés, auxcartes, à pair ou impair, à reconnaître le doigt du milieu, aux sixcailloux, et autres jeux semblables qui pourront être en faveurdans le pays et plaire à la jeune fille. Il organisera, en outre,d’autres jeux auquels participeront plusieurs personnes, tels quede jouer à cache-cache, aux graines, à cacher des objets dansdifférents petits tas de blé et à les chercher, à colinmaillard ; et divers exercices gymnastiques ou autres jeux demême sorte, en compagnie de la jeune fille, de ses amies et de sesservantes. L’homme devra aussi marquer une grande bienveillancepour telle ou telle femme que la jeune fille jugera digne deconfiance, et il fera aussi de nouvelles connaissances ; mais,avant tout, il s’attachera par son amabilité et par de petitsservices la fille de la nourrice de sa préférée : car, s’il peut lagagner, lors même qu’elle viendrait à deviner son dessein, elle n’ymettra pas obstacle, et pourra plutôt faciliter l’union entre lajeune file et lui. Et, tout en connaissant son véritable caractère,elle ne cessera de parler de ses bonnes qualités aux parents de lajeune fille, sans même Qu’il l’en ait priée.

L’homme fera donc tout ce qui sera le plus agréable à la jeunefille, et il lui procurera tout ce qu’elle peut désirer deposséder. Ainsi il lui donnera des jouets que la plupart de sescompagnes ne connaîtront pas. Il pourra aussi lui faire voir uneboule revêtue de diverses couleurs, et d’autres curiosités de mêmesorte ; il lui donnera des poupées en drap, en bois, en cornede buffle, en ivoire, en cire, en pâte ou en terre ; desustensiles pour cuire les aliments, des figurines en bois, tellesqu’un homme et une femme debout, une paire de béliers, de chèvresou de moutons ; aussi des temples en terre, en bambou, enbois, consacrés à différentes déesses ; des cages àperroquets, coucous, sansonnets, cailles, coqs et perdrix ;des vases à eau de formes élégantes et variées, des machines àlancer de l’eau, des guitares, des supports à images, destabourets, de la laque, de l’arsenic rouge, de longuent jaune, duvermillon et du collyre ; enfin du bois de santal, du safran,des noix de bétel et des feuilles de bétel. Il lui donnera ceschoses à différentes fois, lorsqu’il aura une bonne occasion de larencontrer, et quelques-unes en particulier, quelques unes enpublic, selon les circonstances. Bref, il essaiera par tous lesmoyens de lui persuader qu’il est prêt à faire tout ce qu’elledésire.

Ensuite il obtiendra d’elle un rendez-vous dans quelque endroitretiré, et alors il lui dira que, s’il lui a donné des présents ensecret, c’était dans la crainte de déplaire à ses parents et auxsiens ; il ajoutera que ce qu’il lui a donné, d’autresl’avaient grandement désiré. Lorsque la jeune fille lui paraîtral’aimer davantage, il lui racontera des histoires amusantes, sielle en exprime le désir. Ou bien, si elle prend plaisir aux toursde main, il l’émerveillera par quelques bons tours depasse-passe ; ou, si elle semble très curieuse de voir unessai des différents arts, il lui montrera son adresse à lespratiquer. Si elle aime le chant, il lui fera de la musique ;et, à certains jours, lorsqu’ils iront ensemble aux foires etfestivals de clair de lune, ou lorsqu’elle rentrera chez elle aprèsune absence, il lui offrira des bouquets de fleurs, des ornementsde tête et d’oreilles, des anneaux, car c’est en pareillesoccasions que se doivent faire ces présents.

Il enseignera aussi à la fille de la nourrice, dans leurtotalité, les soixante-quatre moyens de plaisir pratiqués par leshommes, et, sous ce prétexte, il lui fera connaître combien il esthabile dans l’art de la jouissance sexuelle. Pendant tout ce tempsil portera un habit élégant et aura aussi bel air que possible, carles jeunes femmes aiment les hommes qui vivent avec elles et quisont beaux, bien tournés et bien habillés. Quant à dire que, touten ressentant de l’amour, les femmes ne font pas elles-mêmesd’efforts pour conquérir l’objet de leur affection, il seraitoiseux d’insister là dessus.

Maintenant, voici les signes et actes extérieurs par lesquels setrahit invariablement l’amour d une jeune fille :

Elle ne regarde jamais l’homme en face, et rougit lorsqu’il laregarde ; sous un prétexte ou un autre elle lui fait voir sesmembres ; elle le retarde secrètement lorsqu’il s’éloigned’elle ; baisse la tête lorsqu’il lui fait une question, etlui répond par des mots indistincts et des phrases sanssuite ; se plaît à rester longtemps dans sa compagnie ;parle à ses servantes sur un ton particulier, dans l’espoird’attirer son attention, lorsqu’il se trouve à une certainedistance ; ne veut pas quitter le lieu où il est ; sousun prétexte ou sous un autre le fait regarder différenteschoses ; lui raconte des fables et des histoires trèslentement, de manière à prolonger la conversation ; baise etembrasse devant lui un enfant assis sur ses genoux ; dessinedes marques ornementales sur le front de ses servantes ;exécute des mouvements vifs et gracieux lorsque ses servantes luiparlent gaiement en présence de son amoureux ; se confie auxamis de son amant, leur montre respect et déférence ; estbonne pour ses domestiques, cause avec eux, les engage à faire leurdevoir comme si elle était leur maîtresse, et les écouteattentivement lorsqu’ils parlent de son amant à quelque autrepersonne ; entre dans sa maison lorsque la fille de sanourrice l’y invite, et, par son assistance, s’arrange pour causeret jouer avec lui ; évite d’être vue de son amant lorsqu’ellen’est pas habillée et parée ; lui envoie, par l’entremise deson amie, ses ornements d’oreilles, son anneau et sa guirlande defleurs, suivant le désir qu’il aura exprimé de les voir ;porte continuellement quelque objet qu’il peut lui avoirdonné ; montre de la tristesse quand ses parents lui parlentd’un autre prétendu, et ne se mêle pas à a société des personnesqui prennent parti ou soutiennent les vues de ce dernier.

Il y a aussi, sur ce sujet, quelques versets dont voici le texte:

« Un homme qui s’est aperçu et s’est rendu compte des sentimentsd’une fille à son égard, et qui a remarqué les signes et mouvementsextérieurs auxquels on reconnaît ces sentiments, doit faire toutson possible pour s’unir avec elle. Il doit s’attacher une toutejeune fille par des jeux enfantins, une demoiselle plus âgée parson habileté dans les arts, et une fille qui l’aime en ayantrecours aux personnes qui ont sa confiance. »

Chapitre 4Des choses que l’homme doit faire seul pour s’assurer l’acquisitionde la fille ; pareillement, de ce que doit faire la fille pourdominer l’homme et se l’assujettir.

Or, quand la jeune fille commence à montrer son amour par dessignes et mouvements extérieurs, ainsi qu’il est décrit dans leprécédent chapitre, l’amant doit essayer de la conquérirentièrement par différents moyens, tels que les suivants :

Au cours des jeux et divertissements auxquels tous deuxprendront part, il lui tiendra la main avec intention. Ilpratiquera sur elle les différentes sortes d’embrassements, parexemple, l’embrassement touchant, et autres dont il est parlé dansun précédent chapitre (IIe Partie, Chapitre II). Il lui fera voirune couple de figurines humaines découpées dans une feuilled’arbre, et autres choses de même genre, par intervalles. Dans lessports aquatiques, il plongera à une certaine distance d’elle, etreparaîtra tout près. Il se montrera épris du nouveau feuillage desarbres, et d’autres choses semblables. Il lui décrira les tourmentsqu’il endure pour elle. Il lui racontera le beau rêve qu’il a faità l’occasion d’autres femmes. Dans les parties et assemblées de sacaste, il s’assiéra près d’elle et la touchera sous un prétexte ousous un autre ; et, après avoir placé son pied sur le sien, iltouchera lentement chaque orteil et pressera les extrémités desongles ; s’il y réussit, il saisira son pied avec la main etrépétera la même chose. Il pressera aussi entre ses orteils undoigt de sa main, lorsque la jeune fille se lavera les pieds ;et, chaque fois qu’il lui fera un cadeau ou en recevra d’elle, sacontenance et ses regards lui exprimeront l’intensité de sonamour.

Il répandra sur elle l’eau qu’il aura reçue pour rincer sabouche ; et, s’il se trouve avec elle dans un lieu solitaire,ou dans l’obscurité, il lui fera l’amour, et lui dira le véritableétat de son esprit sans l’affliger d’aucune façon.

Chaque fois qu’il sera assis avec elle sur le même siège ou lemême lit, il lui dira : « J’ai quelque chose à vous dire enparticulier », et alors, si elle consent à l’écouter dans unendroit tranquille, il lui exprimera son amour par des gestes etdes signes plutôt que par des paroles.

Lorsqu’il connaîtra bien ses sentiments à son égard, il seprétendra malade et la fera venir chez lui pour lui parler. Alorsil lui prendra intentionnellement la main et la portera sur sesjeux et sur son front, et, sous le prétexte de se préparer quelquemédecine, il la priera de se charger de l’ouvrage, en ces termes :« C’est à vous de faire cette besogne, à vous, et à nul autre. »Quand elle devra se retirer, il la laissera partir, en la priantvivement de revenir le voir. Ce semblant de maladie sera continuépendant trois jours et trois nuits. Dans la suite, comme elleprendra habitude de venir souvent le voir, il tiendra avec elle delongues conversations, car, dit Ghotakamukha, « si passionnémentqu’un homme aime une fille, il ne vient jamais à bout d’entriompher sans une grande dépense de paroles ». Enfin, lorsquel’homme trouve la fille entièrement conquise, il peut alorscommencer à en jouir. Quant à dire que les femmes se montrent moinstimides qu’à l’ordinaire le soir, la nuit et dans l’obscurité,qu’elles sont à ces moments-là désireuses du congrès, qu’elles nes’opposent plus aux hommes et qu’il faut en jouir seulement à cesheures-là, c’est pur bavardage.

Lorsqu’un homme ne pourrait, par lui seul, arriver à ses fins,il devra, au moyen de la fille de la nourrice ou d’une amie en quielle a confiance, se faire amener la jeune fille sans lui révélerson dessein, et il procédera de la manière ci-dessus décrite. Oubien, dès le début, il enverra sa propre servante vivre avec ellecomme demoiselle de compagnie, et celle-ci lui en facilitera laconquête.

À la fin, lorsqu’il sera édifié sur ses sentiments par sacontenance extérieure et par sa conduite envers lui dans lescérémonies religieuses, les cérémonies de mariage, les foires, lesfestivals, les théâtres, les assemblées publiques et autresoccasions semblables, il devra commencer à en jouir Quand elle setrouvera seule ; car Vatsyayana Pose en principe que, si l’ons’adresse aux femmes en temps convenable et en lieu convenable,elles ne sont jamais infidèles à leurs amants.

Une jeune fille, douée de bonnes qualités et bien élevée,quoique née d’une famille de classe inférieure ou sans fortune, etqui n’est pas en conséquence recherchée de ses égaux ; ou bienune orpheline, privée de ses parents, mais observant les règles desa famille et de sa caste, doit, lorsqu’elle est venue à l’âged’être mariée et qu’elle songe à s’établir, faire des efforts pours’attacher un jeune homme fort et de bonne apparence, ou tel autrequ’elle croira pouvoir l’épouser, par faiblesse d’esprit, et mêmesans le consentement de ses parents. Elle emploiera dans ce but lesmoyens propres à s’en faire aimer, et cherchera toutes lesoccasions de le voir et de le rencontrer. Sa mère aussi nenégligera rien pour les réunir au moyen de ses amies et de la fillede sa nourrice. La jeune fille elle-même s’arrangera pour setrouver seule avec son bien-aimé dans quelque endroit tranquille,et tantôt elle lui donnera des fleurs, tantôt une noix de bétel,des feuilles de bétel et des parfums. Elle lui montrera aussi sonadresse dans la pratique des arts, dans le massage, l’égratignureet la pression des ongles. Enfin elle l’entretiendra es sujetsqu’il affectionne, et discutera avec lui des voies et moyens àemployer pour conquérir l’amour d’une jeune fille.

Mais, suivant d’anciens auteurs, si ardente que soit l’affectiond’une jeune fille pour un homme, elle ne doit pas s’offrirelle-même ni faire les premières ouvertures, car une fille qui agitde la sorte s’expose à être méprisée et rebutée. Seulement, lorsquel’homme paraît désirer d’en jouir, elle doit lui être favorable, nemontrer aucun changement de contenance lorsqu’il l’embrasse, etrecevoir toutes les manifestations de son amour, comme si elleignorait à quoi il veut en venir.

Lorsqu’il voudra lui donner des baisers, toutefois, elle siopposera ; lorsqu’il la priera de lui permettre l’unionsexuelle, elle le laissera tout au plus toucher ses partiessecrètes, et encore avec beaucoup de difficulté ; et, quellesque soient ses importunités, elle ne lui cédera pas de son pleingré, mais résistera aux efforts qu’il fait pour l’avoir. C’estseulement quand elle sera certaine qu’elle est vraiment aimée, queson amant lui est tout à fait dévoué et qu’il ne changera pas,qu’elle s’abandonnera à lui, en lui persuadant de l’épouserpromptement.

Après avoir perdu sa virginité, elle en fera confidence à sesamies intimes.

Ainsi finissent les efforts d’une jeune fille pour conquérir unhomme.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte:

« Une fille qui est très recherchée doit épouser l’homme qu’elleaime, et qu’elle pense devoir lui être obéissant et capable de luidonner du plaisir. Mais si, dans un but intéressé, des parentsmarient leur fille à un homme riche sans se préoccuper du caractèreet de l’apparence du fiancé ; ou encore s’ils a donnent à unhomme qui a plusieurs femmes, elle ne s’attache jamais à son mari,lors même qu’il serait doué de bonnes qualités, obéissant, actif,robuste, sain de corps et désireux de lui plaire de toutes façons.Un mari obéissant, mais toutefois maître de lui-même, encore bienqu’il soit pauvre et n’ait pas bonne apparence, est préférable àtel autre qui est commun à plusieurs femmes, si beau et siattrayant que soit ce dernier. Les femmes mariées à des hommesriches, qui ont beaucoup de femmes, ne leur sont généralement pasattachées et ne leur donnent pas leur confiance ; et, bienqu’elles jouissent de tous les agréments extérieurs de la vie,elles n’en ont pas moins recours à d’autres hommes. Un hommed’esprit grossier, ou tombé de sa position sociale, ou trop porté àvoyager, ne mérite pas qu’on l’épouse ; de même celui qui abeaucoup de femmes et d’enfants, ou qui aime passionnément lessports et les jeux et ne vient trouver sa femme que rarement, quandcela lui plaît. De tous les amants d’une fille, celui-là seul estson vrai mari qui possède les qualités par elle préférées, et untel mari aura seul une véritable supériorité sur elle, parce quec’est le mari d’amour. »

Chapitre 5De certaines formes de mariage.

Lorsqu’une jeune fille ne peut voir souvent son amant enparticulier, elle doit lui envoyer la fille de sa nourrice, étantbien entendu qu’elle a confiance en elle et qu’elle l’apréalablement gagnée à ses intérêts. Dans sa conversation avecl’homme, la fille de la nourrice lui vantera la naissance de lajeune fille, son heureux caractère, sa beauté, ses talents, sonadresse, sa maturité d’esprit et son affection, mais de façon à nepas lui laisser soupçonner qu’elle vient de sa part ; elleexcitera ainsi dans le cœur de l’ homme de l’amour pour la jeunefille. À celle ci, en retour, elle parlera des excellentes qualitésde l’homme, et spécialement de celles qu’elle sait lui êtreagréables.

Elle parlera aussi, en termes défavorables, des autres amants dela jeune fille, critiquera l’avarice et l’indiscrétion de leursparents, le peu de consistance de leurs familles. Elle citera desexemples de filles des anciens temps, telles que Sacountala etd’autres, qui, s’étant unies avec des amants de leur propre casteet de leur propre choix, furent toujours heureuses dans leursociété. Elle parlera aussi d’autres filles qui, mariées dans degrandes familles et bientôt tourmentées par des épouses rivales,devinrent misérables et, finalement, furent abandonnées. Enfin,elle parlera de l’heureuse fortune, de la prospérité inaltérable,de la chasteté, de l’obéissance et de l’affection de l’homme, et sila jeune fille en devient amoureuse, elle s’efforcera de rassurersa pudeur, de dissiper ses craintes ou ses soupçons relativement àquelque malheur qui pourrait résulter de son mariage. En un mot,elle remplira exactement le rôle d’une messagère en instruisant lajeune fille de tout ce qu’elle saura de l’amour de l’homme, desendroits qu’il fréquente, des efforts qu’il a faits pour larencontrer, et en lui répétant souvent :

« Tout ira au mieux si l’homme vous enlève de force et àl’improviste. »

1. Formes de mariage

Lorsqu’une jeune fille sera conquise et se comporteraouvertement avec l’homme comme si elle était sa femme, l’homme feravenir du feu de la maison d’un Brahmane, et après avoir semé sur laterre de l’herbe Kusha et offert un sacrifice au feu, il l’épouserasuivant les préceptes de la loi religieuse. Ensuite il informera dufait ses parents ; car, dans l’opinion d’anciens auteurs, unmariage solennellement contracté en présence du feu ne peut êtreultérieurement annulé.

Après la consommation du mariage, les parents de l’homme serendront graduellement compte de l’affaire ; et les parents dela fille seront aussi informés, avec les ménagements propres àgagner leur consentement et à leur faire oublier la manière dont lemariage a été conclu. Ce point obtenu, on achèvera laréconciliation par d’aimables présents et des procédés respectueux.C’est ainsi que l’homme doit épouser une fille, conformément à laforme Gandharva de mariage.

Si une jeune fille ne peut se décider, ou si elle ne veut pasexprimer qu’elle est prête à se marier, l’homme en viendra à sesfins par l’un les moyens suivants :

À la Première occasion favorable, et sous quelque prétexte, ildevra, par l’intermédiaire d’une amie qu’il connaît bien et àlaquelle il peut se fier, et qui est aussi bien connue de la jeunefille, la faire amener inopinément chez lui. Alors il ira chercherdu feu dans la maison d’un Brahmane, et procédera comme il estdécrit plus haut. Si le mariage de la jeune fille avec quelqueautre personne s’annonce comme prochain, l’homme fera tous sesefforts pour discréditer le futur époux dans l’esprit de la mère.Alors, ayant obtenu de la mère d’emmener la jeune fille dans unemaison voisine, il ira chercher du feu dans la maison d’unBrahmane, et procédera comme ci-dessus. L’homme devra se faire legrand ami du frère de la jeune fille, ledit frère étant du même âgeque lui, adonné aux courtisanes et occupé d’intrigues avec lesfemmes d’autrui ; il lui prêtera son assistance en tout celaet, à l’occasion, lui fera aussi des présents. Il lui dira alorscombien il est épris de sa sœur ; et l’on sait que les jeunesgens sont prêts à tout sacrifier, même leur vie, pour ceux quipeuvent avoir leur âge, leurs habitudes et leurs goûts. Ensuite, ilse fera amener la jeune fille, par le moyen de son frère, dansquelque endroit sûr, où, après avoir été chercher du feu dans lamaison d’un Brahmane, il procédera comme ci-dessus. À l’occasiondes festivals, l’homme fera donner à la jeune fille, par la fillede sa nourrice, quelque substance enivrante, et alors il la feravenir dans un lieu sûr sous un prétexte quelconque ; et là,après en avoir joui avant que son ivresse soit dissipée, ilapportera du feu de la maison d’un Brahmane, et procédera commeplus haut. L’homme, de connivence avec la fille de sa nourrice,enlèvera la jeune fille de sa maison pendant qu’elle estendormie ; et alors, après en avoir joui avant son réveil, ilapportera du feu de la maison d’un Brahmane, et procédera commeplus haut. Si la jeune fille se rend à un jardin, ou à quelquevillage des environs, l’homme, assisté de ses amis, tombera sur sesgardiens et, les ayant tués ou mis en fuite, il l’enlèvera de forceet procédera comme ci-dessus.

Il y a, sur ce sujet, des versets dont voici le texte :

« Pour les formes de mariage indiquées dans le présent chapitre,celle qui précède est meilleure que celle qui suit, parce qu’elles’accorde davantage avec les préceptes de la religion, et, enconséquence, c’est seulement lorsqu’il est impossible de pratiquerla première qu’il est permis de recourir à la seconde. Comme lefruit de tout bon mariage est l’amour, la forme de mariageGandharva est respectée, lors même qu’elle aurait été pratiquéedans des circonstances défavorables, parce qu’elle remplit le butqu’on se propose.

Une cause de mariage attribuée à la forme de mariage Gandharva,c’est qu’elle procure le bonheur, occasionne moins d’embarras queles autres formes, et qu’elle est essentiellement le résultat d’unamour préalable. »

Partie 4
De l’épouse

Chapitre 1De la manière de vivre d’une femme vertueuse et de sa conduitependant l’absence de son mari.

Une femme vertueuse, qui a de l’affection pour son mari, doitagir selon ses désirs, comme s’il était un être divin ; avecson consentement, elle prendra sur elle toute la charge de lafamille. Elle tiendra la maison entière bien propre ; ydisposera, dans les différentes pièces, des fleurs de sortes etnuances variées, et rendra le plancher uni et poli, de manière àdonner au tout un air de propreté et de décence.

Autour de la maison elle entretiendra un jardin, où elledéposera, toutes prêtes à être utilisées, les matières requisespour les sacrifices du matin, de midi et du soir. En outre, ellehonorera elle-même, dans leur sanctuaire, les dieuxdomestiques ; car, observe Gonardiya, « rien n’attache le cœurd’un chef de maison à sa femme comme la scrupuleuse observation desrègles ci-dessus fixées ».

À l’égard des parents, alliés, amis, sœurs et domestiques de sonmari, elle agira suivant leurs mérites. Dans le jardin, elleplantera des couches de légumes verts, des bouquets de canne àsucre, des corbeilles de figuiers, du sénevé, du persil, dufenouil, et le xanthochymus pictorius. Elle y cultivera aussidifférentes fleurs, telles que la trapa bispinosa, le jasmin, legasminum grandiflorum, l’amarante jaune, le jasmin sauvage, latabemamontana coronaria, le nadyawona, la rose de Chine, et autres.Il y aura également le gazon parfumé andropogon schœnanthus, et laracine parmée de la plante andropogon miricatus. Enfin le jardincontiendra des arbres et des sièges, et, au milieu, un puits,bassin ou réservoir.

La maîtresse de maison devra toujours éviter la compagnie desmendiantes, bouddhistes ou autres, des femmes débauchées etfourbes, des diseuses de bonne aventure et des sorcières. Pour lesrepas, elle tiendra toujours compte de ce que son mari aime oun’aime point, de ce qui lui fait du bien et de ce qui lui fait dumal. Aussitôt qu’elle entend le bruit de ses pas lorsqu’il rentre àla maison, elle doit se lever, prête à faire ce qu’il luiordonnera, et commander à ses servantes de lui laver les pieds, sielle ne les lui lave elle-même. Toutes les fois qu’elle sortiraavec lui, elle mettra ses ornements ; et ce ne sera jamaissans son consentement qu’elle donnera ou acceptera des invitations,assistera aux mariages et aux sacrifices, siégera en compagnie deses amies, ou visitera les temples des dieux. Et si elle désireparticiper à un jeu ou sport quelconque, elle consultera toujourssa volonté. De même, elle s’assiéra toujours après lui et se lèveraavant lui, et ne l’éveillera jamais lorsqu’il dormira. La cuisinesera située dans une pièce tranquille et retirée, de façon que lesétrangers n’y aient point accès, et elle aura toujours un air depropreté.

Au cas où son mari se serait mal conduit, elle ne devra pas leblâmer avec excès, quel que puisse être son déplaisir. Elle n’userapas envers lui d’un langage injurieux, mais lui fera des reprochesmêlés de paroles conciliantes, qu’il soit avec des amis ou seul. Etsurtout, elle ne sera pas querelleuse, car, dit Gonardiya, « il n’ya rien qui dégoûte un mari comme ce travers chez une femme ». Elleévitera de lui parler, de regarder en dessous, de causer à part, derester devant la porte à épier les passants, de bavarder dans lespromenades publiques, et de séjourner longtemps dans un endroitsolitaire ; et, finalement, elle tiendra toujours son corps,ses dents, ses cheveux et tout ce qui lui appartient, nets,élégants et propres.

Lorsque la femme désirera s’approcher de son mari enparticulier, elle aura un costume richement orné, avec différentessortes de fleurs, et une robe de couleurs variées ; elleexhalera de bonnes odeurs d’onguents et de parfums. Mais soncostume de tous les jours consistera dans une robe légère, d’untissu serré, avec quelques fleurs et ornements, et un peu d’odeurs,sans excès. Elle doit observer les jeûnes et les vœux de son mari,et s’il essaie de l’en empêcher, elle doit lui persuader de lalaisser faire.

À certaines époques de l’année, lorsque ces objets seront à bonmarché, elle achètera de la terre, des bambous, du bois à brûler,des peaux, des vases en fer, et aussi de l’huile et du sel. Lessubstances odorantes, les vaisseaux faits du fruit de la plantewàghtea antidysenterica, ou wàghtea à feuilles ovales, lesmédicaments et autres objets dont on a constamment besoin, serontachetés en temps convenable et serrés dans un endroit secret de lamaison. Les graines de radis, de patate, de betterave commune,d’absinthe indienne, de manguier, de concombre, d’aubergine, dekushmanda, de citrouille, de surana, de bignonia indica, de bois desantal, de premna spinosa, d’ail, d’oignon, et autres légumesseront achetées et semées dans leur saison.

La femme mariée ne devra pas dire aux étrangers le montant de safortune, ni les secrets que son mari lui aura confiés. Ellesurpassera toutes les femmes de son rang par son adresse, son bonair, sa connaissance de la cuisine, la dignité de sa tenue et samanière de servir son mari. La dépense de l’année sera réglée surles profits. Le lait restant après les repas sera converti enbeurre clarifié. L’huile et le sucre seront préparés à lamaison ; on y filera, on y tissera ; et on y auratoujours une provision de cordes et de ficelles, ainsi que desécorces d’arbres à tresser en cordes. Elle s’occupera aussi dupilage et de l’épuration du riz, dont elle emploiera les petitsgrains et la paille à divers usages. Elle paiera les salaires desdomestiques, surveillera la culture des champs, les troupeaux, laconstruction des véhicules et prendra soin des béliers, coqs,cailles, perroquets, sansonnets, coucous, paons, singes etbiches ; et, finalement, elle arrêtera le revenu et la dépensedu jour. Elle donnera les vêtements usés aux domestiques qui aurontbien travaillé, pour leur faire voir qu’elle apprécie leursservices, ou bien elle en fera tel ou tel autre usage. Ellevisitera, soigneusement les vaisseaux dans lesquels on prépare levin, aussi bien que ceux où on le renferme, et elle les mettra aurebut le cas échéant. Elle surveillera aussi toutes les ventes ettous les achats. Elle accueillera gracieusement les amis de sonmari en leur offrant des fleurs, des onguents, de l’encens, desfeuilles de bétel et des noix de bétel. Elle aura pour son beaupère et sa belle mère les égards qui leur sont dus, condescendanttoujours à leur volonté, ne les contredisant jamais, leur parlanten peu de mots, mais sans sécheresse, ne riant pas bruyamment enleur présence, et agissant avec leurs amis ou leurs ennemis commeavec les siens propres. En outre, elle ne devra pas être vaine, nitrop préoccupée de ses plaisirs. Elle sera libérale envers sesdomestiques, et les récompensera les jours de fêtes et defestivals ; enfin, elle ne donnera rien sans en avoir d’abordinformé son mari. Ainsi finit la manière de vivre d’une femmevertueuse.

Pendant l’absence de son mari en voyage, la femme vertueuse negardera sur elle que ses ornements porte bonheur, et elle observerales jeunes en l’honneur des dieux. Si anxieuse qu’elle soit d’avoirdes nouvelles de son mari, elle n’en sera pas moins attentive auxsoins du ménage. Elle dormira dans le voisinage des femmes les plusâgées de la maison, et s’appliquera à leur être agréable. Ellesoignera et tiendra en bon état les objets affectionnés par sonmari, et continuera les ouvrages qu’il aura commencés. Elle n’irachez ses parents et amis qu’à l’occasion d’une réjouissance, oud’un deuil, et alors elle s’y rendra dans son costume ordinaire devoyage, accompagnée des serviteurs de son mari, et n’y restera paslongtemps. Elle observera les jeûnes et les fêtes avecl’assentiment des plus âgés de la maison. Elle augmentera lesressources en faisant des achats et des ventes suivant la pratiquedes marchands, et au moyen d’honnêtes domestiques, qu’ellesurveillera elle-même. Le revenu sera augmenté, et la dépensediminuée autant que possible. Et lorsque son mari reviendra devoyage, elle le recevra d’abord dans son costume ordinaire, defaçon qu’il puisse voir comment elle s’est tenue pendant sonabsence, et elle lui apportera quelques présents, comme aussi desmatières pour les sacrifices à offrir aux dieux.

Ainsi finit ce qui a trait à la conduite d’une femme pendantl’absence de son mari en voyage.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte:

« La femme, qu’elle soit une fille de famille noble, ou uneveuve vierge remariée, ou une concubine, doit mener une vie chaste,être dévouée à son mari, et ne rien négliger pour son bien-être.Les femmes qui agissent ainsi acquièrent Dharma, Artha et Kama,obtiennent une haute position, et s’attachent généralement le cœurde leurs maris. »

Chapitre 2De la conduite de la plus ancienne épouse envers les autres épousesde son mari, et de la plus jeune épouse envers les plus anciennes ;de la conduite d’une veuve vierge remariée ; d’une épouse rebutéepar son mari ; des femmes dans le harem du roi ;

Les causes de nouveau mariage pendant la vie d’une femme sontles suivantes :

La folie ou le mauvais caractère de la femme. Le dégoût queson mari éprouve pour elle. Le défaut de postérité. La naissancecontinuelle de filles. L’incontinence du mari.

Dès le début du mariage, une femme doit faire tous ses effortspour s’attacher le cœur de son mari, en se montrant toujoursdévouée, de bonne humeur et sage. Si, toutefois, elle ne procurepas d’enfants, elle doit conseiller elle-même à son mari d’épouserune autre femme. Et lorsque la seconde femme est épousée etinstallée à la maison, la première lui donnera une positionsupérieure à la sienne propre, et la regardera comme une sœur. Lematin, la plus ancienne forcera la plus jeune à se parer enprésence de leur mari, et elle ne sera nullement jalouse desattentions que le mari aura pour elle. Si la plus jeune faitquelque chose qui déplaise au mari, la plus ancienne ne lanégligera pas, mais elle sera toujours prête à lui donner sesmeilleurs avis, et lui apprendra à faire différentes choses enprésence du mari. Elle traitera ses enfants comme les sienspropres ; aura plus d’égards pour ses servantes que pour lessiennes ; sera aimante et bonne pour ses amis, et honoreragrandement ses parents.

S’il y a plusieurs autres femmes en outre d’elle-même, la plusancienne épouse s’alliera avec celle qui vient immédiatement aprèselle en rang et en age, et excitera la femme qui a récemment jouides faveurs du mari à chercher querelle à la favorite du jour. Puiselle la plaindra, et après avoir réuni les autres femmes, elle lesengagera à dénoncer la favorite comme une femme intrigante etméchante, mais sans toutefois se commettre en rien. Si la favoritevient à se quereller avec le mari, alors la plus ancienne épouseprendra son parti et lui donnera de faux encouragements, de façon àenvenimer la querelle. Si la querelle n’est que très légère, ellefera en sorte de l’agraver. Mais si, après tout cela, elle voit quele mari continue à aimer sa favorite, elle changera de tactique ets’efforcera d’amener entre eux une réconciliation afin d’éviter ledéplaisir du mari.

Ainsi finit la conduite de la plus ancienne épouse.

La plus jeune femme regardera la plus ancienne épouse de sonmari comme sa mère, et ne donnera rien, même à ses parents, sansl’en avoir informée. Elle lui fera part de tout ce qui la concerne,et n’approchera du mari qu’avec sa permission. Elle ne révélera àpersonne ses secrets que la plus ancienne épouse lui confiera, etelle prendra des enfants de celle-ci un soin plus grand encore quedes siens propres. Lorsqu’elle sera seule avec son mari, elle leservira bien, mais ne lui parlera pas du chagrin que lui faitéprouver l’existence d’une rivale. Elle pourra aussi obtenirsecrètement du mari quelques marques de son affection particulière,et lui dira qu’elle ne vit que pour lui et pour les égards qu’illui témoigne. Elle ne confiera à personne son amour pour son mari,ni l’amour de son mari pour elle, soit par orgueil, soit parcolère ; car une femme qui révèle les secrets de son épouxencourt son mépris. Quant à chercher à obtenir les faveurs de sonmari, Gonardiya dit que cela doit toujours se faire en particulier,par crainte de la plus ancienne femme. Si la plus ancienne femmeest rebutée de son mari, ou stérile, elle lui marquera de lasympathie, et priera le mari d’être bon Pour elle ; mais elles’efforcera de la surpasser en menant la vie d’une chasteépouse.

Ainsi finit la conduite de la plus jeune femme envers la plusancienne.

Une veuve pauvre ou de faible nature, et qui s’allie de nouveauà un homme, s’appelle une veuve remariée.

Les disciples de Babhraya disent qu’une veuve vierge ne doit pasépouser un homme qu’elle pourrait être obligée de quitter, soit acause de son mauvais caractère, soit parce qu’il serait dépourvudes qualités essentielles de l’homme. Gonardiya est d’avis que, siune veuve se remarie, c’est dans l’espoir d’être heureuse ; etcomme le bonheur dépend surtout des excellentes qualités du mari,jointes à l’amour du plaisir, le mieux pour elle est de choisirtout d’abord un homme qui possède ces qualités. Vatsyayana,toutefois, estime qu’une veuve peut épouser qui lui plaît, et quilui paraît capable de la rendre heureuse.

Au moment du mariage, la veuve doit demander à son mari l’argentnécessaire pour défrayer les parties à boire, les pique niques avecles parents, les cadeaux à leur donner ainsi qu’aux amis ; oubien, si elle préfère, elle fera tout cela à ses propres amis. Demême elle pourra porter soit les ornements de son mari, soit lessiens. Quant aux présents d’affection à échanger mutuellement avecson mari, il n’y a pas là-dessus de règle fixe. Si, après lemariage, elle quitte son mari de son Propre mouvement, elle devralui restituer tout ce qu’il lui aura donné, l’exception desprésents mutuels. Mais si elle était chassée de la maison par sonmari, elle n’aurait rien à lui rendre.

Après le mariage, elle vivra dans la maison de son mari comme undes principaux membres de la famille ; mais elle traitera lesautres femmes avec bonté, les domestiques avec générosité, et tousles amis de la maison avec familiarité et bonne humeur. Elle feravoir qu’elle est plus instruite dans les soixante quatre arts queles autres femmes de la maison ; et si elle a une querelleavec son mari, elle ne le rudoiera pas, mais, en particulier, seprêtera à tout ce qu’il désire et mettra en œuvre les soixantequatre façons de jouissance. Elle sera obligeante pour les autresfemmes de son mari, donnera des cadeaux à leurs enfants, leurservira de maîtresse et leur fera des ornements et des jouets. Elleaura plus de confiance dans les amis et les serviteurs de son marique dans ses autres femmes ; et, finalement, elle seratoujours empressée pour les parties à boire, les pique-niques, lesfoires et les festivals, et pour toutes sortes de jeux etd’amusements.

Ainsi finit la conduite de la veuve vierge remariée.

Une femme que son mari n’aime pas et que les autres femmespersécutent et font souffrir, doit s’allier avec la femme préféréedu mari et qui l’assiste plus assidûment que les autres, et luienseigner tous les arts qu’elle connaît elle même. Elle servira denourrice aux enfants de son mari, et, après s’être concilié sesamis, lui fera savoir par leur entremise à quel point elle lui estdévouée. Dans les cérémonies religieuses, les vœux, les jeunes,elle prendra l’initiative, sans concevoir elle-même une trop bonneopinion. Lorsque son mari sera couché sur son lit, elle n’ira letrouver que si cela lui est agréable, ne lui fera jamais dereproches, et ne lui montrera aucune mauvaise humeur. Si le mariest en querelle avec une de ses autres femmes, elle lesréconciliera, et s’il désire voir quelque femme secrètement, elles’occupera de ménager le rendez-vous. Elle cherchera en outre à serendre compte des points faibles du caractère de son mari, maiselle les tiendra toujours secrets et, en général, se conduira detelle façon qu’il puisse la considérer comme une femme bonne etdévouée.

Ici finit la conduite de la femme qui n’est pas aimée de sonmari.

On voit, dans les paragraphes ci-dessus, comment doivent seconduire toutes les femmes du sérail du Roi ; nous n’avonsdonc plus à parler séparément que du Roi.

Les femmes employées dans le harem, aux quelles on donne lesnoms particuliers de Kanchukiyas, Mahallari as et Mahallikas,doivent offrir au Roi, de la part de ses épouses, des fleurs, desonguents et des habits, et le Roi, après avoir reçu ces objets, enfera des cadeaux aux servantes, ainsi que des objets qu’il auraportés le jour précédent.

Dans l’après-midi, le Roi, habillé et revêtu de ses ornements,visitera les femmes du harem, qui seront aussi habillées et paréesde leurs bijoux. Alors, après avoir assigné à chacune telle outelle place et leur avoir séparément marqué ses égards, suivantl’occasion et leur mérite personnel, il entretiendra avec elles uneagréable conversation.

Ensuite il visitera celles de ses femmes qui peuvent être desveuves vierges remariées, et, après elles, les concubines et lesdanseuses. Toutes les visites, pour ces trois dernières catégories,auront lieu dans la chambre particulière de chacune.

Lorsque le Roi s’éveille de sa sieste de midi, la femme qui apour mission de lui indiquer celle de ses épouses qui devra passerla nuit avec lui vient le trouver, accompagnée des suivantes decette épouse, dont le tour peut être régulièrement arrivé, de celledont le tour peut avoir été passé par erreur, et de celle qui a puse trouver indisposée au moment de son tour. Ces suivantes déposentdevant le Roi les onguents et parfums envoyés par chacune de cesépouses et scellés de leur anneau ; elles lui disent leursnoms, et les motifs qui leur font envoyer ces onguents. Là-dessus,le Roi accepte l’onguent de l’une d’elles, qui en est informée etsait ainsi que son jour est arrivé.

Aux festivals, exercices de chant et cérémonies publiques,toutes les épouses du Roi doivent être traitées avec respect, et illeur sera servi des boissons.

Mais il ne doit pas être permis aux femmes du harem de sortirseules, et aucune femme étrangère au harem ne pourra y pénétrer, sice n’est celles dont le caractère sera bien connu. Enfin, l’ouvrageque les épouses du Roi ont à faire ne doit pas être tropfatigant.

Ainsi finit la conduite du Roi envers les femmes de son harem,et la conduite des femmes à son égard. Un homme qui a plusieursépouses doit agir loyalement envers toutes. Il ne sera niindifférent ni trop indulgent pour leurs défauts, et il ne révélerapas à l’une d’elles l’amour, la passion, les imperfectionscorporelles, ni les défectuosités secrètes de l’autre. Il ne leurlaissera aucune occasion de lui parler de leurs rivales, et sil’une d’elles commence à mal parler d’une autre, il la reprendra enlui disant qu’elle a exactement les mêmes défauts de caractère. Ilplaira à l’une par des confidences intimes, à une autre par deségards particuliers, à une troisième par quelque flatterie secrète,et à toutes en allant aux jardins, en les amusant, en leur faisantdes cadeaux, honorant leur famille, leur disant des secrets, etenfin en ayant du goût pour les unions. Une jeune femme de bonnehumeur, et qui se conduit suivant les préceptes de l’ÉcritureSainte, s’assure l’attachement de son mari et l’emporte sur sesrivales.

Ainsi finit la conduite d’un mari qui a plusieurs épouses.

Partie 5
Des épouses d’autrui

Chapitre 1Des caractéristiques des hommes et des femmes. Pourquoi les femmesrésistent aux poursuites des hommes. Des hommes qui ont du succèsauprès des femmes, et des femmes dont la conquête est facile.

On peut s’adresser aux épouses d’autrui dans les occasions déjàénumérées au Chapitre V de la Ier Partie de cet ouvrage ; maisavant tout il convient d’examiner la possibilité de leuracquisition, leur aptitude à cohabitation, le danger de s’unir avecelles, et l’effet consécutif de ces unions. Un homme peuts’adresser à l’épouse d’autrui afin de sauver sa propre vie,lorsqu’il s’aperçoit que son amour pour elle augmente graduellementd’intensité. Ces degrés d’intensité sont au n’ombre de dix, et sereconnaissent aux symptômes suivants :

Amour de l’œil. Attachement de l’esprit. Réflexion constante.Absence de sommeil. Émaciation du corps. Dégoût des plaisirs etdivertissements. Mise à l’écart de la pudeur. Folie. Défaillance.Mort.

D’anciens auteurs disent qu’un homme doit se rendre compte desdispositions, de la sincérité, de la pureté et des instincts d’unejeune femme, comme aussi de l’intensité ou de la faiblesse de sespassions, an observant la forme de son corps et certains signes oumarques caractéristiques. Mais Vatsyayana est d’avis que la formedu corps et les signes ou marques caractéristiques ne sont ici quedes indices trompeurs, et qu’il faut juger les femmes d’après leurconduite, l’expression extérieure de leurs pensées et lesmouvements de leur corps.

Maintenant, en règle générale, Gonikaputra dit qu’une femmes’éprend d’amour pour tout bel homme qu’elle voit, et de même faitun homme à la vue d’une belle femme ; mais souvent ils ne vontpas plus loin, par divers motifs. En amour, les circonstancesconsécutives sont particulières à la femme. Elle aime sans regarderau juste ou à l’injuste, et n’essaie pas de conquérir un homme pouratteindre simplement tel ou tel objet. De plus, si un hommel’aborde le premier, elle s’en éloigne naturellement, alors mêmequ’elle serait disposée à s’unir avec lui. Mais si les efforts del’homme pour la gagner sont répétés et renouvelés, elle finit parconsentir. L’homme, au contraire, a beau s’être d’abord épris amour: il maîtrise ses sentiments par des considérations de moralité etde sagesse, et, quoiqu’il pense souvent à la femme, il ne cède pas,même aux efforts qu’elle fait pour le gagner. Quelquefois, il faitde son côté un effort pour conquérir l’objet de ses affections, et,s’il échoue, il ne s’en occupe plus. Il arrive aussi que, la femmeune fois gagnée, il devient indifférent pour elle. Quant à direqu’un homme ne se soucie pas de ce qui est aisément gagné, et nedésire que ce qu’il ne peut obtenir sans peine, il serait oiseuxd’insister.

Les causes qui font repousser à une femme les poursuites d’unhomme sont les suivantes :

Affection pour son mari. Désir de Postérité légale. Manqued’occasion. Colère d’être abordée trop familièrement par un homme.Différence des rangs sociaux. Manque de certitude, à cause del’habitude qu’a l’homme de voyager. Soupçon que l’homme puisse êtreattaché à quelque autre personne. Crainte que l’homme ne tienne passes intentions secrètes. Pensée que l’homme est trop dévoué à sesamis, et qu’il a trop de condescendance pour eux. Appréhensionqu’il ne soit pas sérieux. Sorte de honte parce que c’est un hommeillustre. Crainte qu’il ne soit puissant, ou d’une passionimpétueuse, dans le cas de la femme-biche. Sorte de honte parcequ’il est trop habile. Souvenir d’avoir vécu avec lui en termesamicaux seulement. Mépris de son manque de connaissance du monde.Défiance de son vil caractère. Indignation de ce qu’il ne paraîtpas s’apercevoir de son amour pour lui. Dans le cas d’une femmeéléphant, supposition que c’est peut être un homme-lièvre, ou defaible passion. Crainte qu’il ne lui arrive quelque malheur à causede sa passion. Défiance d’elle-même et de ses propresimperfections. Peur d’être découverte. Désillusion en lui voyantles cheveux gris ou l’air mesquin. Crainte qu’il ne soit poussé parson mari pour éprouver sa chasteté. Supposition qu’il ne soit tropscrupuleux en fait de moralité.

Quelle que soit la cause que l’homme arrive à deviner, il doit,dès le début, s’efforcer de la détruire. Ainsi, la honte quepeuvent produire sa grande position ou ses talents, il la combattraen faisant preuve l’un amour passionné. Si la femme allègue lemanque d’occasion ou la difficulté de pénétrer jusqu’à lui, il luiindiquera quelque moyen l’accès facile. Si elle a pour lui unrespect excessif, il l’enhardira en se faisant très familier. Sielle le soupçonne d’avoir un caractère vil, lui prouvera sa valeuret sa sagesse. À l’accusation de négligence il opposera un surcroîtd’attentions, et à la crainte les encouragements propres à ladissiper.

Les hommes qui obtiennent généralement du succès auprès desfemmes sont les suivants :

Les hommes très versés dans la science d’amour. Les hommeshabiles à raconter des histoires. Les hommes familiarisés avec lesfemmes depuis leur enfance. Les hommes qui ont captivé leurconfiance. Les hommes qui leur font des présents. Les hommes quiparlent bien. Les hommes qui font des choses à leur goût. Leshommes qui n’ont pas précédemment aimé d’autres femmes. Les hommesqui jouent le rôle de messagers. Les hommes qui connaissent leurscôtés faibles. Les hommes qui sont désirés par d’honnêtes femmes.Les hommes qui sont en relations avec leurs amies. L,es hommes quiont bon air. Les hommes qui ont été élevés avec elles. Les hommesqui sont leurs voisins. Les hommes qui sont adonnés aux plaisirssexuels, encore bien que ce soient leurs propres domestiques. Lesamants des filles de leur nourrice. Les hommes récemment mariés.Les hommes qui aiment les pique-niques et parties de plaisir. Leshommes d’un caractère libéral. Les hommes connus pour être trèsforts (hommes taureaux). Les hommes entreprenants et braves. Leshommes qui surpassent leur mari en savoir et en bon air, en bonnesqualités et en libéralité. Les hommes dont l’habillement et lamanière de vivre sont magnifiques.

Les femmes qui sont aisément conquises sont les suivantes :

Les femmes qui se tiennent à la porte de leur maison. Lesfemmes qui sont toujours à regarder dans la rue. Les femmes quipassent leur temps à bavarder dans la maison du voisin. Une femmequi a constamment les yeux sur vous. Une messagère. Une femme quivous regarde de côté. Une femme ont le mari a pris une autre femmesans juste cause. Une femme qui déteste son mari, ou qui en estdétestée. Une femme qui n’a personne pour la surveiller et lamaintenir. Une femme qui n’a pas eu d’enfants. Une femme dont lafamille ou caste n’est pas bien connue. Une femme dont les enfantssont morts. Une femme qui aime beaucoup la société. Une femme quiest, en apparence, très affectionnée pour son mari. La veuve d’unacteur. Une veuve. Une femme pauvre. Une femme qui aime lesplaisirs. La femme d’un homme qui a plusieurs frères plus jeunesque lui. Une femme vaniteuse. Une femme dont le mari lui estinférieur en rang et en talents. Une femme qui est fière de sonadresse dans les arts. Une femme dont l’esprit est troublé par lafolie de son mari. Une femme qui, dans son enfance, a été mariée àun homme riche, et Qui ne l’aimant pas lorsqu’elle grandit, désireun homme plus à son goût par ses qualités de caractère, ses talentset sa sagesse. Une femme que son mari maltraite sans cause. Unefemme qui n’est pas respectée d’autres femmes, ses égales en rangou en beauté. Une femme dont le mari passe son temps à voyager. Lafemme d’un joaillier. Une femme jalouse. Une femme cupide. Unefemme immorale. Une femme stérile. Une femme paresseuse. Une femmelâche. Une femme bossue par derrière. Une femme naine. Une femmecontrefaite. Une femme vulgaire. Une femme qui sent mauvais. Unefemme malade. Une vieille femme.

Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte:

« Le désir, inspiré par la nature, accru par l’art, et dont lasagesse écarte tout danger, devient ferme et sûr. Un homme adroit,confiant dans son habileté, qui observe soigneusement les idées etles sentiments des femmes, et qui sait détruire les causes de leuréloignement des hommes, est généralement heureux avec elles. »

Chapitre 2Des moyens d’aborder une femme et des efforts à faire pour laconquérir.

D’anciens auteurs sont d’avis que les jeunes filles se laissentmoins facilement séduire par l’entremise de messagères, que parl’action personnelle de l’homme ; mais que les femmes mariées,au contraire, cèdent plus facilement aux intermédiaires qu’àl’amant lui-même. Vatayana, lui, estime que, toutes les fois quecela est possible, l’homme doit agir de son propre chef, et c’estseulement lorsqu’il y a impossibilité absolue de ce faire qu’ondoit recourir à l’office des messagères.

Quant à dire que les femmes qui agissent hardiment et librementcèdent aux efforts personnels de l’homme, et que celles qui nepossèdent pas ces qualités cèdent à des messagères, c’est pureplaisanterie. Or, quand un homme agit lui-même, en cette matière,il doit, avant tout, faire la connaissance de la femme qu’il aime,de la manière suivante :

Il s’arrangera pour être vu de la femme dans quelque occasionnaturelle ou spéciale. L’occasion est naturelle, lorsque l’un d’euxse rend à la maison de l’autre ; elle est spéciale, lorsqu’ilsse rencontrent soit chez un ami, ou un compagnon de caste, ou unministre, ou un médecin, soit aux cérémonies de mariage, auxsacrifices, aux festivals, aux funérailles et aux parties dejardin. Quel que soit le moment où ils se rencontrent, l’homme doitavoir soin de regarder la femme de telle façon qu’elle puissedeviner l’état de son esprit ; il tirera sa moustache,produira un son avec ses ongles, fera tinter ses bijoux, mordra salèvre inférieure, et fera d’autres signes de même sorte.Lorsqu’elle le regardera, il parlera d’elle et d’autres femmes àses amis, et il se montrera libéral, ami des plaisirs. S’il estassis à côté d’une femme de sa connaissance, il bâillera, setortillera le corps, contractera ses sourcils, parlera trèslentement comme s’il était fatigué, et l’écoutera avecindifférence. Il pourra aussi entretenir, avec un enfant ou quelqueautre personne, une conversation à double sens, qui paraîtra seraporter à une tierce personne, mais qui, en réalité, aura pourobjet la femme qu’il aime ; et de cette façon il lui feraconnaître son amour, en ayant l’air de s’occuper des autres plusque d’elle même. Il fera sur la terre, avec ses ongles ou avec unbâton, des marques qui s’adresseront à elle ; il embrassera etbaisera un enfant en sa Présence, lui donnera avec sa langue lemélange de noix de bétel et de feuilles de bétel, et lui presserale menton avec ses doigts d’une manière caressante. Il fera toutcela en temps et lieu convenables. L’homme caressera un enfantassis sur les genoux de la femme, et lui donnera quelque jouet,qu’il lui reprendra ensuite. Il pourra ainsi entretenir avec elleune conversation au sujet de cet enfant, et de la sorte il sefamiliarisera graduellement avec elle ; il s’étudiera aussi àse rendre agréable à ses parents. La connaissance, une fois faite,deviendra un prétexte pour la visiter souvent dans sa maison ;et alors il causera de quelque sujet d’amour, elle absente, maisassez près cependant pour qu’elle puisse l’entendre. L’intimitégrandissant, il lui confiera une sorte de dépôt ou gage, dont ilretirera de temps à autre une petite portion ; ou bien il luidonnera quelques substances parfumées, ou des noix de bétel, pourqu’elle les lui garde. Après cela, il fera son possible pour lamettre en bonnes relations avec sa propre femme, les engagera àcauser confidentiellement et à s’asseoir ensemble dans des lieuxsolitaires. Afin de la voir fréquemment, il s’arrangera de manièreque les deux familles aient le même orfèvre, le même joaillier, lemême vannier, le même teinturier et le même blanchisseur. Et il luifera ouvertement de longues visites, sous le prétexte de quelqueaffaire qu’il traite avec elle ; et une affaire en amènera uneautre de façon à les maintenir toujours en relations. Si elledésire quelque chose, si elle a besoin d’argent, ou si elle veutacquérir de l’adresse dans tel ou tel art, il lui insinuera qu’il ala volonté et le pouvoir de taire tout ce qu’elle désire, de luidonner de l’argent, ou de lui enseigner tel ou tel art, tout celaétant dans ses moyens. Il entretiendra avec elle des discussions,en compagnie d’autres personnes, parlera de ce qui a été dit etfait par d’autres, examinera différents objets, tels que desjoyaux, des pierres précieuses, etc. À ces occasions, il luimontrera certaines choses qu elle pourra ne point connaître ;et si elle vient à être en désaccord avec lui sur les choses ellesmêmes ou sur leur valeur, il ne la contredira pas, mais assureraqu’il est de son avis sur tous les points.

Ainsi finissent les manières de faire connaissance avec la femmequ’on désire.

Maintenant, lorsqu’une jeune fille est familiarisée avec unhomme ainsi qu’il est décrit plus haut, et qu’elle lui a manifestéson amour par les différents signes extérieurs et les mouvements deson corps, l’homme doit faire tous ses efforts pour la posséder.Mais comme les jeunes filles n’ont pas d’expérience de l’unionsexuelle, il convient de les traiter avec la plus grandedélicatesse, et l’homme devra user de grandes précautions. Celan’est pas nécessaire, bien entendu, avec les autres femmes qui sontaccoutumées au commerce sexuel. Lorsque les intentions de la jeunefille ne seront plus douteuses et qu’elle aura mis de côté sa peur,l’homme commencera à faire usage de son argent et ils échangerontensemble des vêtements, des anneaux et des fleurs. En cela, l’hommeprendra un soin tout particulier à ce que ses cadeaux soient beauxet précieux. Elle lui donnera aussi un mélange de noix de bétel etde feuilles de bétel, et s’il se rend à quelque partie de plaisir,il lui demandera la fleur qu’elle a aux cheveux ou celle qu’elleporte à la main. Si c’est lui même qui lui donne une fleur, elleaura un doux parfum et sera marquée de signes qu’il y aura imprimésavec ses ongles ou ses dents. Progressivement et graduellement ildissipera ses craintes, et finira par la conduire dans quelque lieusolitaire, où il l’embrassera et la baisera. Enfin, à l’occasiond’une noix de bétel qu’il lui donnera, ou qu’il en recevra, ou d’unéchange de fleurs qu’ils feront ensemble, il lui touchera etpressera les parties secrètes, donnant ainsi à ses efforts uneconclusion satisfaisante.

Lorsqu’un homme a entrepris de séduire une femme, il ne doit pasessayer d’en séduire une autre dans le même temps. Mais après avoirréussi avec la première, et en avoir jouir durant un laps de tempsconsidérable, il peut entretenir son affection en lui faisant descadeaux qui lui plaisent, et commencer dès lors le siège d’uneautre femme.

Si un homme voit le mari d’une femme qu’il aime aller à quelqueendroit près de sa maison, il s’abstiendra de jouir de la femme,lors même qu’elle pourrait être facilement gagnée à ce moment là.Un homme sage, et qui a le souci de sa réputation, ne songera pas àséduire une femme peureuse, timide, de caractère léger, biensurveillée, ou qui possède un beau père ou une belle mère.

Chapitre 3Examen de l’état d’esprit d’une femme.

Lorsqu’un homme essaie de séduire une femme, il doit examinerson état d’esprit, et agir comme il va être dit :

Si elle l’écoute, sans toutefois lui manifester en aucunemanière ses propres intentions, il essaiera de la gagner au moyend’une entremetteuse.

Si elle le rencontre une fois, et qu’elle vienne de nouveau à lerencontrer, mieux habillée qu’auparavant, ou si elle va le trouverdans quelque endroit solitaire, il peut être certain qu’avec un peude violence il arrivera à ses fins. Une femme qui laisse un hommelui faire la cour, mais ne lui cède pas, même après un long temps,Peut être considérée comme une tricheuse en amour ; cependant,vu l’inconstance de l’esprit humain, il sera possible de triompherd’une telle femme, si l’on entretient toujours avec elle d’étroitesrelations.

Lorsqu’une femme évite les attentions d’un homme et, soit parrespect pour lui, soit par orgueil personnel, ne veut ni lerencontrer n’y l’approcher, on pourra cependant, quoique avecdifficulté, en venir à bout, soit en s’efforçant de se familiariseravec elle, soit en se servant d’une très habile entremetteuse.

Lorsqu’un homme fait la cour à une femme, et qu’elle le repousseavec des mots injurieux, il doit sur le-champ y renoncer.

Lorsqu’une femme repousse un homme, mais en même temps luitémoigne par ses actes de l’affection, il faut lui faire l’amour detoute manière.

Une femme qui rencontre un homme dans des endroits solitaires,et qui le laisse la toucher de son pied, tout en ayant l’air, àcause de l’indécision de son esprit, de ne pas s’en apercevoir,pourra être gagnée avec de la patience et des efforts persévérants,comme il va être dit :

S’il arrive qu’elle dorme dans son voisinage, il l’enlacera deson bras gauche, et, à son réveil, il observera si elle le repoussesérieusement, ou seulement de façon à laisser voir qu’elle nedemande pas mieux qu’il recommence. Et ce qui se fait avec le braspeut aussi se faire avec le pied. Si l’homme réussit en ce point,il l’embrassera plus étroitement ; et si elle ne veut pasrester embrassée et se lève, mais le conduit avec lui de même sortele jour suivant, il en conclura qu’elle n’est pas éloignée de luicéder. Si toutefois elle ne reparaissait pas, l’homme essaierait dela gagner au moyen d’une entremetteuse ; et si, après avoirdisparu quelque temps, elle reparaît de nouveau et se conduit aveclui comme ordinaire, il en conclura qu’elle n’a plus d’objection às’unir à lui.

Lorsqu’une femme offre à un homme une occasion et lui manifesteson amour, il se mettra en devoir d’en jouir. Les manières dont unefemme manifeste son amour sont les suivantes :

Elle s’adresse à un homme sans qu’il lui ait parlé le premier.Elle se montre à lui dans des endroits secrets. Elle lui parle entremblant et avec des mots inarticulés. Elle a les doigts de lamain et les orteils des pieds moites de transpiration, et sonvisage rayonne de plaisir. Elle s’occupe à lui masser le corps et àlui presser la tête. En le massant, elle ne travaille que d’unemain seulement, et avec l’autre elle touche certaines parties deson corps. Elle reste les deux mains placées sur son corps, sansremuer, comme si quelque chose l’avait surprise ou si elle étaitépuisée de fatigue. De temps en temps elle penche son visage surses cuisses, et s’il la prie de les lui masser, elle n’y manifesteaucune répugnance. Elle place une de ses mains tout à fait sansmouvement sur son corps, et quoique l’homme la tienne pressée entredeux de ses membres, elle ne la retire pas pour autant. Enfin,lorsqu’elle a résisté à tous les efforts de homme pour en venir àbout, elle revient le trouver le jour suivant pour lui masser denouveau le corps.

Lorsqu’une femme ne donne point encouragement à un homme et nel’évite pas non plus, mais se tient cachée ans quelque endroitsolitaire, on pourra la gagner au moyen d’une servante de sonvoisinage. Si, appelée par l’homme, elle tient la même conduite, ilfaudra recourir alors à une habile entremetteuse. Mais si ellerefuse de rien faire dire à l’homme, il devra bien réfléchir avantde continuer ses poursuites.

Ainsi finit l’examen de l’état d’esprit d’une femme.

Un homme doit s’introduire le premier auprès d’une femme, etalors tenir avec elle une conversation. Il lui fera quelquesouvertures d’amour, et si, d’après ses réponses, il s’aperçoitqu’elle accueille favorablement ces ouvertures, il se mettra àl’œuvre pour en venir à ses fins, sans aucune crainte. Une femmequi, à la première entrevue, trahit son amour par des signesextérieurs, devra être gagnée très aisément. De même une femmelascive qui, si on lui parle amoureusement, répond aussitôt par desparoles où se révèle l’amour, doit être considérée comme gagnée àl’instant même. À l’égard de toutes les femmes, qu’elles soientsages, simples ou confiantes, il est de principe que celles quimanifestent ouvertement leur amour sont aisément gagnées.

Chapitre 4Des devoirs d’une entremetteuse.

Si une femme a manifesté son amour ou son désir par des signesou des mouvements de son corps, et qu’ensuite elle ne se laisseplus loir que rarement ou pas du tout, ou s’il s’agit d’une femmerencontrée pour la première fois, l’homme doit employer uneentremetteuse pour s’approcher d’elle.

Or l’entremetteuse, après s’être insinuée dans la confiance dela femme en agissant suivant ses dispositions, essaiera de luifaire haïr ou mépriser son mari en tenant avec elle d’artificieusesconversations en lui parlant de médecines pour avoir des enfants,en lui racontant les contes de diverses sortes sur les voisins, deshistoires sur les femmes des autres, et en célébrant sa beauté, sasagesse, sa générosité, son bon naturel. Elle lui dira : « C’est envérité bien dommage que vous, une femme si excellente sous tous lesrapports, soyez sous la domination d’un tel mari. Belle dame, iln’est pas fait même pour vous servir. » L’entremetteuse parleraensuite à la femme de la faible passion de son mari, de sajalousie, de sa coquinerie, de son ingratitude, de son aversionpour les plaisirs, de sa sottise, de sa mesquinerie, et de tous lesautres défauts qu’il peut avoir et qu’elle pourra bien connaître.Elle insistera particulièrement sur tel défaut ou imperfection quilui paraîtra devoir être plus sensible à la femme. Si l’épouse estune femme-biche, et le mari un homme-lièvre, il n’y a rien àdire ; mais s’il était un homme-lièvre, et elle unefemme-jument ou une femme-éléphant, alors elle lui ferait sentir ladisproportion.

Gonikaputra est d’avis que, dans le cas où la femme en est à sapremière intrigue, ou qu’elle n’a fait connaître son amour qu’avectoutes sortes de réticences, l’homme doit alors se procurer et luienvoyer une entremetteuse qui la connaisse déjà et en qui elle faitconfiance.

Mais revenons à notre sujet. L’entremetteuse parlera à la femmedu dévouement et de l’amour de l’homme, et lorsqu’elle verragrandir sa confiance et son affection, elle lui dira alors cequ’elle devra faire, le la manière suivante : « Écoutez ceci, belledame ; voilà un homme, de bonne famille, qui vous a vue, etqui en perd la tête. Le pauvre jeune homme, d’une nature sisensible ! il n’a jamais été aussi rudement éprouvé, et jecrains bien qu’il ne succombe à son affliction, qu’il ne finissepar en mourir ! » Si la femme prête à ces paroles oreillefavorable, alors, le jour suivant, l’entremetteuse, qui observé dessignes de bon augure sur son visage, dans ses yeux dans saconversation, lui Parera de nouveau de l’homme, et contera leshistoires d’Ahaffa et d’Indra, de Sacountala et hyanti, ou d’autressemblables qui pourront s’adapter à l’occasion.

Elle lui vantera la force de l’homme, ses talents, son habiletédans soixante-quatre sortes de plaisirs mentionnées par Babhravya,bonne mine, et sa liaison avec quelque noble dame, n’importe que cedernier point soit vrai ou non.

De plus, l’entremetteuse notera avec soin la conduite de lafemme à son égard. Si elle lui est favorable, voici quels serontses procédés :

Elle l’accueillera d’un air souriant, s’assiéra tout prèsd’elle, et lui demandera : « Où avez-vous été ? Qu’avez-vousfait ? Où avez-vous dîné? Où avez-vous dormi ? Où vousêtes-vous assise ? » Elle ira aussi trouver l’entremetteusedans des endroits solitaires ; là, elle lui contera deshistoires, bâillera contemplativement, poussera de longs soupirs,lui donnera des présents, la fera ressouvenir de quelque joyeusejournée, et la renverra en souhaitant de la revoir, et en luidisant d’un air enjoué : « Oh ! jolie parleuse, pourquoim’avez-vous dit ces méchantes paroles ? » Puis elle observeraque ce serait péché d’avoir commerce avec cet homme ; et ellene dira rien des rendez-vous ou conversations qu’elle aura déjà puavoir avec lui, mais désirera qu’on l’interroge là-dessus, et enfinrira de la passion de l’homme, mais sans lui en faire un crime.

Ainsi finit la conduite de la femme avec l’entremetteuse.

Lorsque la femme aura manifesté son amour comme il vient d’êtredit, l’entremetteuse l’attisera en lui apportant des gages amoureuxde la part de l’homme. Mais si la femme ne le connaît pas bienpersonnellement, l’entremetteuse l’amènera à ses fins en célébrantet en exaltant ses bonnes dualités, et en lui contant des histoiresde son amour pour elle. Uddalaka dit à ce propos que si un homme etune femme ne se connaissent pas personnellement, et s’ils ne sesont pas montré l’un à l’autre des signes d’affection, l’emploid’une entremetteuse est inutile.

Les disciples de Babhravya, d’un autre côté, affirment que s’ilsse sont montré l’un à l’autre des signes d’affection, quoique ne seconnaissant pas personnellement, il y a lieu d’employer uneentremetteuse. D’après Gonikaputra, cet emploi est de saison pourvuqu’ils se connaissent, lors même qu’il n’y aurait pas eu de signesd’affection.

Vatsyayana, lui, établit que même s’ils ne se connaissent paspersonnellement et ne se sont montré l’un à l’autre aucun signed’affection, tous les deux cependant peuvent donner leur confianceà une entremetteuse.

Or l’entremetteuse fera voir à la femme les présents, tels quenoix de bétel et feuilles de bétel, parfums, fleurs et anneaux, quel’homme pourra lui avoir donnés pour elle, et sur ces présentsseront imprimées les marques des dents et des ongles de l’homme,avec d’autres signes.

Sur l’étoffe qu’il pourra lui envoyer, il dessinera avec dusafran ses jeux mains jointes ensemble, pour signifier son ardenteprière.

L’entremetteuse fera voir aussi à la femme des figuresornementales de différentes sortes découpées dans des feuilles,ainsi que des ornements d’oreilles et des chapelets de fleurscontenant des lettres d’amour où sera exprimé le désir de l’homme,et elle la déterminera à lui envoyer en retour des présentsaffectueux. Une fois ces présents acceptés de part et d’autre,l’entremetteuse, de sa propre initiative, arrangera entre eux unrendez -vous.

Les disciples de Babhravya disent que ce rendez-vous doit avoirlieu à l’époque où l’on visite le temple une divinité, ou àl’occasion de foires, parties de jardin, représentationsthéâtrales, mariages, sacrifices, festivals et funérailles, ouencore lorsqu’on va se baigner à la rivière, ou bien en temps decalamités naturelles, d’incursions de brigands ou d’invasion dupays par l’ennemi.

Gonikaputra est d’avis que ces rendez-vous doivent de préférencele donner dans les demeures de femmes amies, de mendiants,d’astrologues et d’ascètes. Mais Vatsyayana décide que le seul lieuconvenable à ce sujet est celui dont l’entrée et la sortie sontfaciles, où il a été pris des dispositions Pour éviter toutaccident, et où l’homme, ayant une fois pénétré dans la maison,peut la quitter au moment voulu sans risquer une rencontrefâcheuse.

Maintenant, voici quelles sont les différentes sortesd’entremetteuses ou messagères :

Une entremetteuse qui prend sur elle le fardeau de l’affaire.Une femme qui, après avoir observé la passion mutuelle d’un hommeet d’une femme, les met en rapport et mène l’intrigue par la seulePuissance de son intellect, s’appelle une entremetteuse qui prendsur elle tout le fardeau de l’affaire. Cette espèce d’entremetteuseest principalement employée lorsque l’homme et la femme seconnaissent déjà et ont déjà conversé ensemble ; dans ce cas,elle n’est pas envoyée seulement par l’homme (ce qui a toujourslieu dans tous les autres cas), mais aussi par la femme. On donneaussi ce nom à une entremetteuse qui, s’apercevant que tel homme ettelle femme se conviennent l’un à l’autre, essaie de les unirquoiqu’ils ne se connaissent pas encore. Une entremetteuse quiexécute seulement une partie limitée de l’affaire. Uneentremetteuse qui, après s’être aperçue qu’une partie de l’affaireétait déjà faite, ou que l’homme a déjà risqué ses avances, secharge de parfaire le reste, s’appelle une entremetteuse quiexécute seulement une partie limitée de affaire. Une entremetteusequi porte simplement une lettre. Une entremetteuse qui portesimplement des messages entre un homme et une femme qui s’aiment,mais sans pouvoir se rencontrer souvent, s’appelle une porteuse delettre ou message. On donne aussi ce nom à celle qui est envoyéepar l’un des amants, pour informer l’autre de l’heure et du lieud’un rendez-vous. Une entremetteuse qui agit pour son proprecompte. Une femme qui va trouver un homme et lui dit qu’elle agoûté l’union sexuelle avec lui dans un rêve ; qui lui exprimesa colère de ce que sa femme l’a querellé pour l’avoir appelée lenom de sa rivale au lieu du sien propre ; lui donne un objetquelconque portant les marques de ses dents et de ses ongles ;lui déclare que depuis longtemps elle savait être désirée de lui,et lui demande en particulier laquelle a meilleure mine, de safemme ou d’elle même : une telle personne s’appelle uneentremetteuse pour son propre compte. L’homme ne doit lui donnerdes rendez-vous et converser avec elle qu’en particulier etsecrètement. On donne aussi ce nom à une femme qui, après avoirpromis à une autre d’agir pour elle, conquiert l’homme pour sonpropre compte en faisant personnellement sa connaissance, et causeainsi l’échec de l’autre femme. De même à un homme qui s’affirmantcomme entremetteur pour un autre et ne connaissant pas la femmeauparavant, la conquiert pour lui et cause ainsi l’échec del’autre. L’entremetteuse d’une jeune femme innocente. Une femme quia gagné la confiance de l’innocente jeune femme d’un homme et qui,possédant ses secrets sans avoir exercé aucune pression sur sonesprit, connaît d’après ses confidences la manière dont son mari secomporte avec elle, pourra lui enseigner l’art de se faire aimer deson mari, en la parant de manière à exprimer son amour, et en luiapprenant comment et quand se mettre en colère, ou en fairemine ; puis, après avoir fait elle-même des marques d’ongleset de dents sur le corps de la jeune femme, elle l’engagera à fairevenir son mari pour lui montrer ces marques et l’exciter ainsi à lajouissance : une telle femme s’appelle l’entremetteuse d’une jeunefemme innocente. Dans ce cas, le mari répondra à sa femme parl’intermédiaire de la même personne. Une femme mariée servantd’entremetteuse à son mari. Lorsqu’un homme emploie sa propre femmepour gagner la confiance d’une femme qu’il veut posséder, etl’envoie chez elle pour lui vanter la sagesse et l’habileté de sonmari, on appelle la première une femme mariée qui sertd’entremetteuse. Dans ce cas, la femme courtisée fera aussiconnaître à l’homme ses sentiments par l’intermédiaire de sa proprefemme. Une entremetteuse muette. Lorsqu’un homme envoie une jeunefille ou une servante chez une femme sous un prétexte ou sous unautre, et cache une lettre dans son bouquet de fleurs, ou dans sesornements d’oreilles, ou fait sur elle quelque marque avec sesdents ou ses ongles, cette jeune fille ou cette servante s’appelleune entremetteuse muette. Dans ce cas, l’homme doit attendre uneréponse de la femme par l’intermédiaire de la même personne. Uneentremetteuse qui joue le rôle du vent. Une personne qui porte àune femme un message à double sens, au relatif à quelque faitpassé, ou inintelligible à d’autres, s’appelle une entremetteusequi joue le rôle du vent. Dans ce cas, on doit demander une réponsepar l’intermédiaire de la même femme. Ainsi finissent lesdifférentes sortes d’entremetteuses. Une femme astrologue, uneservante, une mendiante ou une femme artiste sont bien au courantdu métier d’entremetteuse, et réussissent vite à gagner laconfiance des autres femmes. Chacune d’elles peut à volonté exciterl’inimitié entre deux personnes, ou exalter l’amabilité de telle outelle femme dont elle prend l’intérêt, ou décrire les artspratiqués par d’autres femmes dans l’union sexuelle. Elles peuventaussi parler en termes pompeux de l’amour d’un homme, de sonadresse dans les plaisirs sexuels, de la passion que d’autresfemmes, plus belles encore que celle à qui elles s’adressent,ressentent pour lui, et expliquer les difficultés qui peuvent leretenir dans sa maison. Enfin, une entremetteuse, par l’artifice desa conversation, peut rapprocher une femme d’un homme, lors mêmeque la femme n’y aurait pas songé, ou que l’homme l’aurait crueau-dessus de ses prétentions. Elle peut aussi ramener à une femmeun homme qui, pour une cause ou une autre, s’en seraitséparé.

Chapitre 5De l’amour des personnes en charge pour les épouses d’autrui.

Les rois et leurs ministres n’ont pas d’accès dans les demeuresdes citoyens, et, de plus, leur manière de vivre est constammentsurveillée, observée et imitée par la multitude : exactement commele monde animal, voyant le soleil se lever, se lève avec lui, etlorsqu’il se couche le soir, se couche de nouveau à son imitation.Les personnes en charge doivent donc éviter de faire en publicaucun acte blâmable, que leur position leur interdit et qui seraitdigne de censure. Mais si un tel acte paraît nécessaire, ellesdoivent alors employer les moyens convenables, tels qu’ils sontdécrits ci.après :

Le principal d’un village, l’officier du Roi y préposé, etl’homme dont le travail consiste à glaner du blé, peuvent séduiredes villageoises en leur faisant une simple demande. Aussi lesvoluptueux donnent-ils le nom de ribaudes à cette catégorie defemmes.

L’union des hommes sus-mentionnés avec cette catégorie de femmesa lieu à l’occasion d’un travail non Payé, de l’emmagasinage desrécoltes dans leurs greniers, de l’entrée dans la maison ou de lasortie d’objets, du nettoyage des maisons, du travail des champs,de l’achat du coton, de la laine, du lin, du chanvre, du fil, etdans la saison de l’achat, vente et échange de divers autresarticles, comme aussi au moment où se font divers autres travaux.De la même façon, les surveillants de parcs aux vaches jouissentdes femmes dans ces parcs ; et les officiers qui ont lasurveillance des veuves, des femmes sans appui et de celles qui ontquitté leurs maris, ont avec ces femmes un commerce sexuel. Lesplus adroits font leur besogne en rôdant la nuit dans le village.Il y a aussi des villageois qui entretiennent des relations avecles femmes de leurs fils, étant la plupart du temps seuls avecelles. Enfin les surveillants des marchés ont fort affaire auxvillageoises, lorsque celles-ci viennent au marché pour leursachats.

Durant le festival de la huitième lune, c’est-à-dire, durant labrillante moitié du mois de Nargashirsha, comme aussi durant lefestival de clair de lune du mois de Kartika, et le festival deprintemps de Chaitra, les femmes des villes et des cités visitentgénéralement les femmes du harem du Roi, dans le palais royal. Cesvisiteuses, étant connues des femmes du harem, sont admises dansleurs appartements particuliers ; elles y passent la nuit enconversations, en sports et en amusements à leur goût, et s’en vontle matin. À cette occasion, une servante du Roi, qui saura d’avancela femme pue le Roi désire, accostera, en ayant l’air de flâner,telle ou telle femme qui s’apprête à rentrer chez elle, etl’invitera à venir voir les curiosités du palais.

Avant même ces festivals, elle peut avoir fait dire à cettefemme qu’à l’occasion du festival elle veut lui montrer toutes leschoses intéressantes du palais. Et, effectivement, elle lui feravoir le berceau de plantes grimpantes en forme de corail, la maisondu jardin avec son plancher incrusté de pierres précieuses, leberceau de grappes de raisin, l’édifice sur l’eau, les passagessecrets dans les murs du palais, les peintures, les animaux dechasse et de sport, les machines, les oiseaux, et les cages auxlions et aux tigres. Ensuite, étant seule avec elle, elle luiparlera de l’amour que lui porte le Roi et lui vantera l’heureusefortune que lui procurerait son union avec le Roi, l’assurantd’ailleurs d’un secret strictement gardé. Si la femme accepte cetteoffre, elle l’en récompensera par de jolis présents dignes du Roi,et, après l’avoir accompagnée à quelque distance, la congédieraavec de grandes marques d’affection.

Il peut arriver aussi que les femmes du Roi, ayant fait laconnaissance du mari de la femme que le Roi désire, invitent cettefemme à venir les visiter dans le harem ; et alors, uneservante du Roi, envoyée là tout exprès, agira comme il est ditci-dessus.

Ou bien une des femmes du Roi fera la connaissance de la femmeque le Roi désire, en lui envoyant une de ses suivantes qui,devenue plus intime avec elle, l’engagera à venir voir le palaisroyal. Puis, lorsqu’elle aura visité le harem et pris confiance,une a l’idée du Roi, envoyée tout exprès, agira comme il est ditci-dessus.

Ou bien la femme du Roi invitera celle que le Roi désire à venirau palais royal, Pour voir pratiquer l’art dans lequel la femme duRoi peut exceller, et lorsqu’elle sera venue au harem, une servantedu Roi, envoyée tout exprès, agira comme il est dit ci.dessus.

Ou bien une mendiante, d’accord avec la femme du Roi, dira à lafemme que le Roi désire, et dont le mari peut avoir perdu safortune ou avoir quelque chose à craindre du Roi : « Cette femme duRoi a de l’influence sur lui ; elle est, de plus,naturellement bienveillante ; c’est à elle, par conséquent,que nous devons avoir recours en cette affaire.

Je me charge de vous faire entrer au harem, et elle écarteratoute cause de danger et de crainte de la part du Roi. » Si la femmeaccepte cette offre, la mendiante la conduira deux ou trois fois auharem, et la femme du Roi lui promettra sa protection. Ensuite,lorsque la femme, enchantée de l’accueil et de la protectionpromise, retournera au harem, une servante du Roi, envoyée toutexprès, agira comme il a été dit.

Ce qu’on vient de dire au sujet de la femme d’un homme qui aquelque chose à craindre du Roi s’applique aussi aux femmes de ceuxqui sollicitent du service auprès du Roi, ou qui sont opprimés parles ministres du Roi, ou qui sont pauvres, ou qui ne sont passatisfaits de leur position, ou qui désirent gagner la faveur duRoi, ou qui veulent devenir fameux parmi le peuple, ou qui sontopprimés par les membres de leur propre caste, ou qui veulent faireaffront à leurs compagnons de caste, ou qui agissent en espions duRoi, ou qui ont quelque objet à atteindre.

Enfin, si la femme que le Roi désire vit avec un homme qui n’estpas son mari, alors le Roi peut la faire arrêter, et l’ayantréduite en esclavage, à cause de son délit, la placer dans leharem. Ou encore, le Roi ordonnera à son ambassadeur de chercherquerelle au mari de la femme qu’il désire, et il emprisonneracelle-ci comme la femme d’un ennemi du Roi, pour la placer ensuitedans le harem.

Ainsi finissent les moyens de gagner secrètement les épousesd’autrui.

Les moyens ci-dessus mentionnés de gagner les épouses d’autruise pratiquent généralement dans les palais des Rois. Mais un Roi nedoit jamais pénétrer dans le domicile d’une autre personne ;car Abhira, roi des Kottas, fut tué par un blanchisseur tandisqu’il était dans une maison étrangère, et Jajasana, roi des Kashis,fut massacré en pareille occasion sur l’ordre de ses cavaliers.

Mais, suivant les coutumes de quelques pays, les Rois ontcertaines facilités de faire l’amour aux femmes d’autres hommes.Ainsi, dans le pays des Andhras, les nouvelles mariées ont l’usagede se présenter au harem du Roi, avec des présents, le dixième jourde leur mariage ; puis, après avoir été possédées par le Roi,elles sont congédiées. Dans le pays des Vatsagulmas, les femmes desPremiers ministres vont trouver le Roi le soir et se mettent à sonservice. Dans le pays des Vaidharbas, les belles femmes desindigènes passent un mois dans le harem du Roi, sous prétexte deleur affection pour sa personne.

Dans le pays des Aparatakas, les citoyens envoient en présentsleurs belles femmes aux ministres et aux Rois. Et enfin, dans lepays des Saurashtras, les femmes de la ville et de la campagne serendent au harem royal pour le plaisir du Roi, soit ensemble, soitséparément.

Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets, doit voici le texte:

« Les procédés ci-dessus décrits, et d’autres semblables, sontles moyens employés par le Roi à l’égard des épouses d’autrui. Maisun Roi, qui est préoccupé du bien être de son peuple, ne doit enaucun cas les mettre en pratique. » « Un Roi, qui a triomphé des sixennemis de l’humanité, que sont la Luxure, la Colère, l’Avarice,l’Ignorance spirituelle, l’Orgueil et l’Envie, devient le maître dumonde entier. »

Chapitre 6Des femmes du harem royal et de la garde de sa propre épouse.

Les femmes du harem royal ne peuvent voir ni rencontrer aucunhomme, tant elles sont strictement gardées ; et leurs désirsne sauraient d’ailleurs être satisfaits, leur unique mari étantcommun à tant de femmes. Pour cette raison, elles se donnent entreelles du plaisir de différentes façons, ainsi qu’il va être dit:

Elles habillent en hommes les filles de leurs nourrices, ouleurs amies, ou leurs servantes, et accomplissent alors leur objetau moyen de bulbes, racines et fruits qui ont a forme duLingam ; ou bien elles se couchent sur une statue ont leLingam est apparent et en érection.

Certains Rois compatissants prennent ou s’appliquent desmédicaments qui leur permettent de jouir de plusieurs femmes dansla même nuit, quoique peut-être ils n’y soient guère portés de leurpropre mouvement. D’autres jouissent avec celles de leurs femmesseulement qui ont leur préférence ; d’autres enfin prennentchacune de leurs femmes à tour de rôle, régulièrement. Tels sontles moyens de jouissance qui prévalent dans les contrées de l’Est,et ce qui est dit de la jouissance de la femme est aussi applicableà l’homme.

Toutefois, par l’entremise de leurs servantes, les dames duharem royal reçoivent assez souvent dans leurs appartements deshommes déguisés en femmes. Leurs servantes et les filles de leursnourrices, qui sont au fait de tous les secrets du lieu, ont pourmission d’engager les hommes à pénétrer ainsi dans le harem, enleur parlant de la bonne fortune qui les y attend, des facilitésd’entrée et de sortie, de la grande étendue du palais, de lanégligence des sentinelles, et de la condescendance dessurveillants pour la personne des épouses royales. Mais ces femmesne doivent (mais, au moyen de mensonges, décider un homme à entrerdans le harem, car ce serait probablement occasionner sa perte.

Quant à l’homme lui même, il fera mieux de renoncer à pénétrerdans le harem, si aisé qu’en soit l’accès, à cause des nombreuxdésastres auxquels il s’y trouvera exposé. Si cependant il veut yentrer, il doit premièrement s’assurer s’il existe une sortiefacile, s’il est partout entouré du jardin de plaisance, s’il y adifférents compartiments qui en dépendent, si les sentinelles sontnégligentes, si le Roi en est absent ; et alors, au moment oùles femmes du harem lui font signe, il observera soigneusement leslocalités et entrera par le chemin qui lui sera indiqué. Si lachose lui est possible, il rôdera chaque jour autour du harem, sefamiliarisera, sous un prétexte ou sous un autre, avec lessentinelles, et se montrera aimable pour les servantes du harem quipourront connaître son dessein, et auxquelles il exprimera sonregret de ne pouvoir encore atteindre le but e ses désirs. Enfin,il laissera tout l’office d’entremetteuse à la femme qui aura accèsdans le harem, et il s’étudiera à reconnaître les émissaires duRoi.

S’il n’y a pas d’entremetteuse qui ait accès dans le harem,l’homme, alors, se tiendra dans quelque endroit où il puisse voirla femme qu’il aime et qu’il désire posséder.

Si cet endroit est occupé par les sentinelles du Roi, il sedéguisera en servante de la dame qui vient dans ledit endroit, ouqui y passe.

Lorsqu’elle le regardera, il lui fera connaître ses sentimentspar des signes et gestes extérieurs, et lui montrera des peintures,des objets à double sens, des chapelets de fleurs, des anneaux. Ilnotera soigneusement la réponse qu’elle lui fera, par mots ou parsignes ou gestes, et essaiera alors de pénétrer dans le harem. S’ilest certain qu’elle doit venir dans quelque lieu particulier, ils’y cachera, et au moment voulu entrera avec elle mêlé à sesgardes. Il peut aussi aller et venir, caché dans un lit replié, oudans une couverture de lit ; ou mieux encore, il se rendra lecorps invisible au moyen d’applications extérieures, comme celledont voici la recette :

Brûlez ensemble, sans laisser partir la fumée, le cœur d’unichneumon, le fruit de la courge longue (tumbi), et les yeux d’unserpent ; broyez les cendres et mêlez dans une égale quantitéd’eau. En se mettant sur les yeux cette mixture, un homme peutaller et venir sans être vu.

Il y a d’autres moyens d’invisibilité prescrits par lesBrahmanes de Duyana et les Jogas iras.

Un homme peut aussi entrer dans le harem durant le festival dela huitième lune, dans le mois de Nargashirsha, et durant lesfestivals de clair de lune, alors que les surveillantes du haremsont très occupées ou tout à la fête.

Voici, sur le sujet, les principes posés en règle :

L’entrée de jeunes gens dans le harem et leur sortie ontgénéralement lieu quand on introduit des objets dans le palais, ouqu’on en fait sortir, ou au moment des festivals à boire, oulorsque les surveillantes sont excédées de besogne, ou lorsqu’unedes épouses royales change de résidence, ou lorsque les femmes duRoi vont aux jardins ou aux foires, ou lorsqu’elles rentrent aupalais, ou enfin lorsque le Roi est absent pour un long pèlerinage.Les femmes du harem royal connaissent les secrets les unes desautres, et n’ayant qu’un seul objet en vue, elles se prêtentmutuellement assistance. Un jeune homme qui les possède toutes, etqui leur est commun à toutes, peut continuer à en jouir aussilongtemps que la chose reste secrète et qu’elle ne transpire pasau-dehors.

Maintenant, dans le pays des Aparatakas, les épouses du Roi nesont pas bien gardées, et beaucoup de jeunes gens pénètrent dans leharem au moyen des femmes qui ont accès au palais royal. Les femmesdu roi de Ahira font leur affaire avec les sentinelles du harem,Qu’on nomme Kshtriyas. Les épouses du Roi, dans le pays des Vatsagumas, font entrer dans le harem, en même temps que leurs messagères,les hommes qui leur conviennent. Dans le pays des Vaidharbas, lesfils des épouses du Roi entrent dans le harem à leur volonté, etjouissent des femmes, à l’exception de leurs propres mères. Dans leStri Rajya, les femmes du Roi s’abandonnent à ses compagnons decaste et à ses parents. Dans le Ganda, les femmes du Roi sont à ladiscrétion des Brahmanes, de leurs amis, de leurs domestiques et deleurs esclaves.

Dans le Samdhava, les domestiques, les frères de lait et autrespersonnes de même sorte jouissent des femmes du harem. Dans le paysdes Haimavatas, d’aventureux citoyens corrompent les sentinelles etpénètrent dans le harem. Dans le pays des Vanyas et des Kalmyas,les Brahmanes, au su du Roi, entrent dans le harem sous le prétextede donner des fleurs aux dames, causent avec elles derrière unrideau, et arrivent ensuite à les posséder. Enfin, les femmes duharem du Roi des Prachyas tiennent caché dans le harem un jeunehomme, par chaque série de neuf ou dix femmes.

Ainsi font les épouses d’autrui.

Pour ces raisons, chaque mari doit veiller sur sa femme. Devieux auteurs disent qu’un Roi doit choisir, pour sentinelles dansson harem, des hommes bien connus pour n’avoir pas de désirscharnels. Mais ces hommes, quoique affranchis eux-mêmes de désirscharnels, peuvent, par crainte ou avarice, introduire d’autrespersonnes dans le harem ; ce qui fait dire à Gonikaputra queles Rois doivent placer dans le harem des hommes à l’abri desdésirs charnels, de la crainte et de l’avarice. Enfin Vatsyayanaobserve qu’il peut entrer des hommes sous l’influence de D’arma, eten conséquence il faut choisir des gardiens également inaccessiblesaux désirs charnels, à la crainte, à l’avarice et à Dharma.

Les disciples de Babhravya disent qu’un mari doit faire lier safemme avec une autre, qui lui rapportera les secrets du voisinage,et le renseignera sur la chasteté de sa femme. Mais Vatsyayanarépond que des personnes malintentionnées réussissent toujours avecles femmes, et qu’un mari ne doit pas exposer son innocente épouseà se corrompre dans la compagnie d’une coquine.

La chasteté d’une femme se perd par l’une des causes ci-après:

Fréquentation assidue des sociétés et compagnies.

Absence de retenue.

Débauche du mari.

Manque de précautions dans ses relations avec d’autreshommes.

Absences fréquentes et prolongées du mari.

Séjour en pays étranger.

Destruction, par son mari, de son amour et de sa délicatesse desentiments.

Société de femmes dissolues.

Jalousie du mari.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte:

« Un homme habile, qui a appris dans les Shastra les moyens deréduire les épouses d’autrui, n’est jamais trompé dans le cas deses propres femmes. Personne, toutefois, ne doit faire usage de cesmoyens pour séduire les épouses d’autrui, parce qu’ils neréussissent pas toujours et, de plus, occasionnent souvent lesdésastres, et la destruction de Dharma et d’Artha. Ce livre, dontl’objet est le bien-être ]es citoyens, et qui leur enseigne lesmoyens de garder leurs propres femmes, ne doit pas servirsimplement de guide pour débaucher les épouses d’autrui. »

Partie 6
Des Courtisanes

Cette Sixième Partie, sur les Courtisanes, a été rédigée parVatsyayana d’après un traité sur la matière, écrit par Dattaka pourles femmes de Pataliputra (la moderne Patna), il y a environ deuxmille ans. Il ne paraît pas que l’ouvrage de Dattaka existeencore ; mais l’abrégé de Vatsyayana est très remarquable.

On a beaucoup écrit au sujet de la courtisane : nulle partcependant on n’en saurait trouver un portrait plus fidèle, ni unedescription plus vraie de ses débuts, de ses idées, du travail deson esprit, que dans les pages suivantes.

Des détails de la vie domestique et sociale des anciens Hindousne seraient pas complets si l’on passait sous silence la courtisane: aussi la Sixième Partie est-elle entièrement consacrée à cesujet. Les Hindous ont toujours eu le bon sens de reconnaître lescourtisanes comme un élément de la société humaine, et aussilongtemps qu’elles se sont conduites avec décence et modestie,elles ont été entourées d’une sorte de respect. Elles n’ont jamais,en tout cas, été traitées en Orient avec cette brutalité et cemépris si communs dans notre Occident ; et leur éducation atoujours été supérieure à celle des autres femmes dans les contréesorientales.

Si l’on remonte aux époques les plus reculées, la jeune danseuseet la courtisane hindoue bien élevée ressemblaient à l’hétaïre desGrecs ; instruites et aimables, elles faisaient des compagnesde beaucoup préférables à la généralité des femmes mariées ou nonmariées. De tout temps et dans tous les pays, les femmes chastes etcelles qui ne le sont pas ont toujours eu ensemble une certainerivalité. Mais s’il y a des femmes qui sont nées courtisanes, etqui suivent les instincts de leur nature dans toutes les classes dela société, il est incontestable, comme l’ont dit plusieursauteurs, que chaque femme a dans sa nature une tendance pour laprofession, et qu’en règle générale elle fait de son mieux pourplaire au sexe mâle.

La subtilité des femmes, leur étonnant pouvoir de perception,leur connaissance et leur appréciation intuitive des hommes et deschoses, tout cela est exposé dans les pages suivantes, qu’on peutconsidérer comme l’essence concentrée ce qui a été produit endétail par une foule d’écrivains, sur tous les points du globe.

Chapitre 1Pourquoi une courtisane s’adresse aux hommes ; des moyens des’attacher l’homme désiré, et de l’espèce d’homme qu’il estdésirable de s’attacher.

En ayant commerce avec les hommes, les courtisanes se procurentdes plaisirs sexuels, aussi bien que leur propre subsistance.Maintenant, lorsqu’une courtisane accueille un homme par amour,l’action est naturelle ; mais si elle s’adresse à lui pourgagner de l’argent, alors l’action est artificielle ou forcée. Mêmedans ce cas cependant, elle doit se conduire comme si elle aimaitnaturellement, car les hommes s’attachent aux femmes qui ont l’airde les aimer. En faisant connaître à l’homme son amour, ellemontrera qu’elle est entièrement exempte d’avarice, et, dansl’intérêt de son crédit futur, elle s’abstiendra de lui soutirer del’argent par des moyens déloyaux.

Une courtisane, bien habillée et parée de ses ornements, doit setenir assise ou debout à la porte de sa maison, et sans trop semettre en évidence, elle regardera dans la rue de façon à être vuepar les passants, attendu qu’elle est en quelque sorte un objetexposé en vente. Elle formera des amitiés avec telles ou tellespersonnes qui pourraient l’aider à brouiller les hommes avecd’autres femmes ; elle se les attachera en vue de réparer sesmalheurs, d’acquérir de la richesse, et de se garantir de mauvaistraitements ou d’insultes de la part de gens à qui elle aurait euaffaire de façon ou d’autre.

Ces personnes sont :

Les gardiens de la ville, ou la police.

Les officiers des cours de justice.

Les astrologues.

Les hommes pauvres, ou intéressés.

Les savants.

Les professeurs des soixante-quatre arts.

Les Pithamardas ou confidents.

Les Vitas ou parasites.

Les Vidushakas ou bouffons.

Les marchands de fleurs.

Les parfumeurs.

Les marchands de spiritueux.

Les blanchisseurs.

Les barbiers.

Les mendiants.

Et telles autres personnes qui peuvent lui être utiles pourl’objet qu’elle a en vue.

Les hommes qu’une courtisane peut cultiver, simplement pourgagner de l’argent, sont les suivants :

Les hommes d’un revenu indépendant.

Les jeunes gens.

Les hommes libres de tous liens.

Les hommes en charge sous le Roi.

Les hommes qui se sont assuré leurs moyens d’existence sansdifficulté.

Les hommes qui possèdent des sources certaines de revenu.

Les hommes qui se croient beaux.

Les hommes qui aiment à se vanter.

Un eunuque qui veut se faire passer pour homme.

Un homme qui déteste ses égaux.

Un homme qui est naturellement libéral.

Un homme qui a de l’influence sur le Roi ou ses ministres.

Un homme qui est toujours heureux.

Un homme qui est fier de sa fortune.

Un homme qui désobéit aux ordres de ses aînés.

Un homme sur qui les membres de sa caste ont l’œil ouvert.

Un fils unique dont le père est riche.

Un ascète qui est intérieurement troublé par le désir.

Un homme brave.

Un médecin du Roi.

D’anciennes connaissances.

D’un autre côté, elle s’adressera, par amour ou dans l’intérêtde sa réputation, à des hommes doués d’excellentes qualités, telsque les suivants :

Les hommes de haute naissance, connaissant bien le monde etfaisant des choses convenables en temps convenables ; lespoètes ; les conteurs de bonnes histoires ; les hommeséloquents ; les hommes énergiques, adroits dans différentsarts, prévoyant l’avenir, doués d’un grand Pouvoir de persévérance,d’une dévotion ferme, exempts de colère, libéraux, affectionnéspour leurs parents et ayant du goût pour toutes les réunions desociété, habiles à compléter les vers composés par d’autres et aucourant des différents sports, exempts de toute maladie, d’un corpsparfaitement constitué, robustes, non livrés à la boisson,infatigables aux exercices d’amour, sociables, aimant les femmes ets’attirant leurs cœurs, mais sans se livrer complètement,possesseurs de moyens d’existence indépendants, exempts d’envie,et, enfin, exempts le soupçon.

Telles sont les bonnes qualités d’un homme.

La femme aussi doit se distinguer par les caractéristiquessuivantes :

Elle doit être belle, aimable, et avoir sur le corps des signesde bon augure. Elle aimera les bonnes qualités chez les autres, etaura du goût pour la richesse. Elle se délectera aux unionssexuelles résultante de l’amour, aura l’esprit ferme, et, en ce quiconcerne la jouissance sexuelle, sera de la même catégorie quel’homme.

Elle sera toujours désireuse d’acquérir de l’expérience et dusavoir, sera exempte d’avarice, et aura toujours du goût pour lesréunions de société et pour les arts.

Les qualités générales de toutes les femmes sont les suivantes:

Intelligence, on naturel et bonnes manières ; conduiterégulière ; caractère reconnaissant ; prévoyance del’avenir avant de rien entreprendre ; activité ; bonnetenue ; connaissance des temps et des lieux convenables pourchaque chose ; langage correct ; sans rire grossier, nimalignité, ni colère ; pas d’avarice, de sottise ni destupidité ; connaissance des Kama Sutra ; adresse dansles arts qui s’y rattachent.

L’absence de l’une ou de l’autre des qualités ci-dessusconstitue les défauts des femmes.

Les courtisanes doivent éviter les catégories d’hommes ci-aprèsmentionnées :

Celui qui est atteint de consomption ; celui qui est detempérament maladif ; celui qui a des vers dans labouche ; celui dont l’haleine a l’odeur des excrémentshumains ; celui qui aime sa femme ; celui qui parledurement ; celui qui est toujours soupçonneux ; celui quiest avare ; celui qui est sans pitié ; un voleur ;un rat ; celui qui a du goût pour la sorcellerie ; celuiqui se moque d’être respecté ou non ; celui que ses ennemiseux-mêmes peuvent corrompre avec de l’argent ; et enfin, celuiqui est excessivement pudibond.

D’anciens auteurs sont d’avis qu’en s’adressant aux hommes, lescourtisanes obéissent à l’un des mobiles suivants : amour, crainte,argent, plaisir, acte quelconque de vengeance à exécuter,curiosité, chagrin, habitude, D’arma, célébrité, compassion, désird’avoir un ami, honte, ressemblance de l’homme avec quelquepersonne aimée, recherche de bonheur, envie de rompre avec unautre, conformité de catégorie avec l’homme pour l’union sexuelle,cohabitation dans un même lieu, constance, et pauvreté. MaisVatsyayana pose en principe que le désir de la richesse, larecherche du bien-être, et l’amour, sont les seules causes quipoussent les courtisanes à s’unir aux hommes.

Maintenant, une courtisane ne doit pas sacrifier de l’argentpour son amour, attendu que l’argent est la principale chosequ’elle doit avoir en vue. Mais, dans les cas de crainte, etc.,elle pourra avoir égard à la force et aux autres qualités de sonamant. De plus, bien qu’elle soit invitée par un homme à s’unir àlui, elle ne doit pas y consentir tout de suite, car les hommes ontune tendance à mépriser ce qu’ils obtiennent facilement. À cesoccasions, elle enverra d’abord les masseurs, les chanteurs, lesbouffons, qu’elle peut avoir à son service, ou, en leur absence,les Pithamardas ou confidents, et d’autres, pour tâter l’état deses sentiments et de son esprit. Au moyen de ces personnes, ellesaura si l’homme est pur ou impur, bien disposé ou non, capabled’attachement ou indifférent, libéral ou avare ; et si elle letrouve à son goût, elle emploiera alors le Vita et d’autrespersonnes pour se l’attacher.

En conséquence, le Pithamarda amènera l’homme chez elle, sous leprétexte de voir des combats de cailles, de coqs, de béliers,d’entendre le maina (sorte de sansonnet), ou d’assister à unspectacle, ou à la pratique d’un art ; ou bien, il pourraconduire la femme à la demeure de l’homme. Ensuite, lorsque l’hommesera venu dans sa maison, la femme lui donnera un objet capabled’exciter sa curiosité et de le rendre amoureux, tel qu’un présentd’amour, qu’elle lui dira spécialement destiné à son usage. Ellel’amusera aussi longtemps, en lui contant telles histoires et enfaisant telles choses qui pourront lui être le plus agréables.Lorsqu’il sera parti, elle lui enverra souvent une de sesservantes, habile à tenir une conversation enjouée, et en mêmetemps elle lui fera remettre un petit cadeau. Quelquefois aussi,elle ira elle-même le trouver, sous le prétexte d’une affairequelconque, et accompagnée du Pithamarda.

Ainsi finissent les moyens, pour la courtisane, de s’attacherl’homme qu’elle désire.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte:

« Lorsqu’un galant se présente chez elle, la courtisane doit luidonner un mélange de feuilles de bétel et de noix de bétel, desguirlandes de fleurs et des onguents parfumés ; puis, en luimontrant son adresse dans les arts, tenir avec qui une longueconversation. Elle doit aussi lui donner des présents d’amour,échanger avec lui différents objets, et, en même temps, lui fairevoir son expérience dans les exercices sexuels. Une fois unie de lasorte avec son amant, la courtisane doit s’étudier à lui êtretoujours agréable par des dons amicaux, par sa conversation et parson habileté à varier les modes de jouissance. »

Chapitre 2De la courtisane vivant maritalement avec un homme.

Lorsqu’une courtisane vit avec son amant comme si elle étaitmariée, elle doit se conduire en femme chaste et le satisfaire entout.

Son devoir, en deux mots, est de lui donner du plaisir ;mais il ne faut pas qu’elle s’attache à lui, bien qu’elle seconduise comme si elle lui était réellement attachée.

Or voici la manière dont elle doit procéder pour réaliserl’objet en question. Elle aura une mère dépendante d’elle, qu’ellepuisse représenter comme très âpre au pain et uniquement préoccupéed’amasser de l’argent. Si elle n a pas de mère, elle fera jouer cerôle à une vieille nourrice ou femme de confiance. La mère ou lanourrice, pour leur art, se montreront mal disposées pour l’amant,et lui retireront la fille de force. Quant à celle-ci, elleaffectera, dans ces occasions, de la colère, de l’abattement, de lacrainte et de la honte ; mais en aucun cas elle ne désobéira àla mère ou à la nourrice.

Elle dira à la mère ou à la nourrice que l’homme est atteintd’une indisposition, et, sous ce prétexte, elle ira le voir. Voici,de plus, les différentes choses qu’elle devra faire pour s’assurerla faveur de l’homme :

Elle enverra sa servante chercher les fleurs qui lui aurontservi la veille, afin de s’en servir elle-même en signed’affection ; elle demandera également le mélange de noix debétel et de feuilles de bétel qu’il n’aura pas mangé ; elleexprimera son étonnement de l’expérience dont il aura fait preuvedans le commerce sexuel et dans les divers modes de jouissancequ’il aura employés ; elle apprendra de lui lessoixante-quatre sortes de plaisirs énumérées par Babhravya ;pratiquera continuellement les moyens de jouissance qu’il lui auraenseignés, en se conformant à sa fantaisie ; gardera sessecrets ; lui confiera ses propres désirs et secrets ;dissimulera sa colère ; ne le négligera jamais au litlorsqu’il tournera son visage de son côté ; touchera, suivantson caprice, une partie quelconque de son corps ; le baiseraet l’embrassera pendant son sommeil ; le regardera d’un aird’anxiété lorsqu’il sera songeur, ou qu’il pensera à quelque autreobjet qu’à elle-même ; ne montrera ni complète indifférence niexcessive émotion, lorsqu’il la rencontrera ou que, de la rue, illa verra debout sur la terrasse de sa maison ; haïra sesennemis ; aimera ceux qui lui sont chers ; montrera dugoût pour ce qu’il aime ; sera gaie ou triste, suivant qu’ille sera lui-même ; exprimera le désir de voir sesfemmes ; ne restera pas longtemps en colère ; affecterade soupçonner que les marques et égratignures, faites par elle-mêmesur son corps avec ses ongles et ses dents, aient été faites parquelque autre femme ; ne manifestera pas son amour pour luipar des paroles, mais par des actes, des signes, desdemi-mots ; restera silencieuse lorsqu’il sera endormi, ivreou malade ; écoutera attentivement le récit qu’il pourra fairede ses bonnes actions, et les répétera ensuite à sa louange ;lui répondra avec vivacité et gaieté lorsqu’elle le verrasuffisamment familiarisé ; prêtera l’oreille à tout ce qu’ilracontera, sauf ce qui concernera ses rivales ; exprimera sessentiments d’abattement et de chagrin s’il soupire, bâille ous’évanouit ; s’il éternue, prononcera aussitôt les mots de »longue vie ! » ; se prétendra malade, ou désireuse d’êtreenceinte, lorsqu’elle sentira de l’ennui ; s’abstiendra delouer les bonnes qualités de personne autre, et de censurer ceuxqui auront les mêmes défauts que son amant ; portera n’importequel objet qu’il pourra lui avoir donné ; évitera de revêtirses ornements et s’abstiendra de manger lorsqu’il sera souffrant,malade, découragé, ou atteint de quelque malheur, le consolant etpartageant avec lui son affliction ; demandera del’accompagner, s’il lui arrive de quitter le pays volontairement ous’il en est banni par le Roi ; exprimera le désir de ne paslui survivre ; lui dira que le seul objet, le seul vœu detoute sa vie était d’être unie à lui ; offrira à la divinitéles sacrifices promis d’avance, lorsqu’il acquerra de la richesseou obtiendra satisfaction de quelque désir, ou lorsqu’il serarétabli de quelque infirmité ou maladie ; mettra chaque jourses ornements ; n’agira pas trop librement avec lui ;mêlera son nom et celui de sa famille ans ses chansons ;placera sa main sur ses reins, sa poitrine et son front, et tomberapâmée du plaisir qu’elle aura ressenti à ses attouchements ;s’assiéra sur ses genoux et s’y endormira ; voudra avoir unenfant de lui ; ne désirera pas vivre plus longtemps quelui ; s’abstiendra de révéler ses secrets le dissuadera desvœux et des jeûnes, en lui disant : « Laissez le péché pour moncompte » ; observera avec lui les vœux et les jeûnes, lorsqu’illui sera impossible de changer sa détermination à ce sujet ;lui dira que les vœux et les jeûnes sont difficiles à observer,même par elle, lorsqu’elle aura à leur propos quelque discussionavec lui ; s’occupera de sa propre fortune et de la sienne,sans distinction ; s’abstiendra de paraître sans lui auxassemblées Publiques, et l’accompagnera s’il en exprime ledésir ; se plaira à employer des choses déjà employées parlui, et à manger de la nourriture qu’il aura laissée ;respectera sa famille, son caractère, son habileté ans les arts, sacaste, sa couleur, son pays natal, ses amis, ses bonnes qualités,son naturel aimable ; le priera de chanter, et de faired’autres choses de ce genre, s’il en est capable ; ira letrouver sans crainte aucune, et sans s’inquiéter du froid, de lachaleur ou de la pluie ; à l’égard de l’autre monde, lui diraque, là encore, elle sera sa maîtresse ; réglera ses propresgoûts et ses actions suivant son désir ; s’abstiendra desorcellerie ; se querellera continuellement avec sa mère ausujet des visites à lui rendre, et si sa mère l’entraîne de forcedans un autre endroit, menacera de s’empoisonner, de se laissermourir de faim, de se percer avec une arme quelconque, ou de sependre ; enfin, lui inspirera, au moyen de ses agents, uneconfiance entière dans sa constance et son amour ; et tout enrecevant elle-même de l’argent, évitera toute discussion avec samère sur des affaires d’intérêt.

Si l’homme se met en route pour un voyage, elle lui fera jurerqu’il reviendra promptement, et, en son absence, négligera ses vœuxd’adoration à la divinité, et ne mettra d’autres ornements que ceuxqui portent bonheur. Si le temps fixé pour son retour est passé,elle essaiera d’en connaître l’époque réelle d’après certainsprésages, les propos de ses voisins, et d’après la position desplanètes, de la lune et des étoiles. À l’occasion de quelqueamusement ou de quelque songe le bon augure, elle dira : « Puissé-jelui être bientôt réunie ! » Et si elle se sent de lamélancolie, ou voit un mauvais présage, elle accomplira quelquecérémonie pour apaiser la divinité.

Lorsque l’homme sera de retour, elle adorera le dieu Kama(c’est-à-dire le Cupidon indien), et fera des oblations aux autresdivinités ; puis, s’étant fait apporter par ses amis un vaseplein d’eau, elle honorera le corbeau qui mange les offrandes quenous faisons aux mânes de nos parents décédés. Après la premièrevisite, elle priera son amant l’accomplir aussi certains rites, cequ’il fera s’il lui est suffisamment attaché.

Or on dit qu’un homme est suffisamment attaché à une femmelorsque son amour est désintéressé ; lorsqu’il a en vue lemême objet que sa bien-aimée ; lorsqu’il est entièrementexempt de soupçons ; et lorsqu’il ne compte pas avec elle enmatière d’argent.

Telle est la manière dont une courtisane doit vivre maritalementavec un homme : elle est établie ici pour lui servir de guide,d’après les règles de Dattaka. Ce qui n’est pas indiqué ici devraêtre pratiqué suivant la coutume et la nature de chaqueindividu.

Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte:

« L’étendue de l’amour des femmes n’est pas connue, même de ceuxqui sont les objets de leur affection, à cause de sa subtilité, etaussi de l’avarice et de la finesse naturelle du sexe féminin. » »Les femmes ne sont presque jamais connues sous leur vrai jour soitqu’elles aiment les hommes, ou qu’elles leur deviennentindifférentes ; qu’elles leur procurent de la jouissance, oules abandonnent ; ou qu’elles réussissent à en tirer toute lafortune qu’ils possèdent. »

Chapitre 3Des moyens de gagner de l’argent. Des signes qu’un amant commence àse fatiguer, et des moyens de s’en débarrasser.

L’argent s’obtient d’un amant de deux façons, à savoir :

Par moyens naturels et légaux, et par artifices. De vieuxauteurs sont d’avis que, si une courtisane peut tirer de son amantautant d’argent qu’il lui en faut jour ses besoins, elle ne doitpas user d’artifice.

Mais Vatsyayana établit que si elle peut obtenir de l’argent pardes moyens naturels, en usant d’artifice elle obtiendra le double,et conséquemment, elle aura recours à l’artifice pour lui extorquerde l’argent de toute manière. Or les artifices à employer pourtirer de l’argent d’un amoureux sont les suivants :

Elle lui demandera de l’arpent à différentes occasions, pouracheter certains articles, tels que ornements, nourriture,boissons, fleurs, parfums et vêtements ; et elle ne lesachètera pas du tout, ou les achètera moins cher. Elle lui vanteraen face son intelligence. Elle se prétendra obligée de faire descadeaux à l’occasion de festivals ayant pour sujet des vœux, desarbres, des jardins, des temples ou des réservoirs. Elle prétendraqu’en allant chez lui, elle a eu ses bijoux enlevés soit par lesgardes du Roi, soit par des voleurs. Elle alléguera que sapropriété a été détruite par le feu, par l’effondrement de samaison, ou par la négligence de ses domestiques. Elle prétendraavoir perdu les ornements de son amant avec les siens. Elle luifera dire, par d’autres personnes, les frais que lui aurontoccasionnés ses déplacements pour aller le voir. Elle contracterades dettes au nom de son amant. Elle se querellera avec sa mère ausujet de quelque dépense faite par elle pour son amant, et quin’était pas approuvée de la mère. Elle n’ira pas aux parties oufêtes qui se donneront chez ses amis, faute de présents à leuroffrir, ayant d’abord informé son amant des riches cadeaux qu’ellea reçus de ces mêmes amis. Elle n’accomplira pas certainescérémonies, sous le prétexte qu’elle n’a pas d’argent pour yvaquer. Elle engagera des artistes pour faire quelque chose aucompte de son amant. Elle entretiendra des médecins et desministres en vue de quelque objet. Elle assistera ses amis et sesbienfaiteurs, soit à l’occasion des fêtes, soit dans l’infortune.Elle observera les rites domestiques. Elle prétendra avoir à payerles frais de mariage du fils d’une amie. Elle aura à satisfaire desenvies durant sa grossesse. Elle se dira malade et surchargera lanote du traitement. Elle voudra tirer un ami d’embarras. Ellevendra quelques uns de ses bijoux, pour faire un cadeau à sonamant. Elle fera semblant de vendre une partie de ses ornements, deses meubles, ou de ses ustensiles de cuisine, à un marchand quiaura été préalablement averti du rôle à jouer dans cette affaire.Elle aura besoin d’acheter des ustensiles de cuisine de plus grandevaleur que ceux du commun, afin qu’ils puissent être plus aisémentdistingués et ne risquent pas d’être changés contre d’autres dequalité inférieure. Elle rappellera les premières libéralités deson amant, et en fera continuellement parler par ses amies et sessuivantes. Elle vantera à son amant les gros bénéfices réalisés pard’autres courtisanes. Elle décrira devant celle ci, en présence deson amant, ses propres bénéfices, qu’elle dira plus grands même queles leurs, quoique ce puisse ne pas être vrai. Elle résisteraouvertement à sa mère, si celle-ci veut la persuader de prendre deshommes qu’elle aurait précédemment connus, à cause des grosbénéfices qu’il y aurait à en tirer. Enfin elle fera remarquer àson amant la libéralité de ses rivaux.

Ainsi finissent les moyens de gagner de l’argent.

Une femme doit toujours reconnaître l’état l’esprit, lessentiments et la disposition de son amant à son égard, d’après leschangements de son caractère, sa contenance, et la couleur de sonvisage.

La conduite d’un amant qui se refroidit est la suivante :

Il donne à la femme moins que ce qui est nécessaire à sesbesoins, ou, parfois, autre chose que ce qu’elle demande. Il latient en haleine par des promesses. Il annonce qu’il fera unechose, et en fait une autre. Il ne satisfait pas ses désirs. Iloublie ses promesses, ou fait autre chose que ce qu’il a promis. Ilcause avec ses propres domestiques d’une façon mystérieuse. Ilpasse la nuit dans une autre maison, sous le prétexte d’avoirquelque chose à faire pour un ami. Enfin, il cause en particulieravec les suivantes d’une femme qu’il connaissaitprécédemment.

Or quand une courtisane s’aperçoit d’un changement dans lesdispositions de son amant, elle doit mettre la main sur tout cequ’elle possède de plus précieux avant qu’il ne puisse connaîtreses intentions, et elle le laissera prendre de force à un créanciersupposé, en paiement de quelque dette imaginaire. Ensuite, sil’amant est riche et qu’il se soit toujours bien conduit avec elle,elle continuera de le traiter avec respect ; mais s’il estpauvre et sans ressources, elle s’en débarrassera comme si elle nel’avait jamais vu auparavant.

Les moyens de se débarrasser d’un amant sont les suivants :

Elle représentera les habitudes et les vices de l’amant commedésagréables et odieux, en ricanant du bout des lèvres et enfrappant du pied. Elle lui parlera d’une affaire qu’il ne connaîtpas. Elle ne montrera pas d’admiration pour son savoir, et lecritiquera plutôt. Elle rabaissera son orgueil. Elle recherchera lacompagnie d’hommes qui lui sont supérieurs en savoir et en sagesse.Elle témoignera de son dédain pour lui en différentes occasions.Elle critiquera les hommes qui ont les mêmes défauts que lui. Elleexprimera son déplaisir pour les modes de jouissance qui lui sontfamiliers. Elle ne lui donnera pas sa bouche à baiser. Elle luirefusera l’accès de son jaghana, c’est-à-dire de la partie de soncorps entre le nombril et les cuisses. Elle montrera du dégoût pourles blessures faites par ses ongles et ses dents. Elle ne seserrera pas contre lui lorsqu’il l’embrassera. Elle restera lesmembres immobiles pendant le congrès. Elle voudra qu’il jouissed’elle lorsqu’il sera fatigué. Elle rira de son attachement pourelle. Elle ne répondra pas à ses embrassements. Elle s’éloignera delui lorsqu’il voudra l’embrasser. Elle fera semblant d’avoirsommeil. Elle sortira en visite, ou ira rejoindre une compagnie,lorsqu’elle le verra désireux de rester avec elle toute la journée.Elle affectera de mal comprendre ses paroles. Elle rira sans aucunmotif, ou, s’il dit quelque plaisanterie, elle rira d’autre chose.Elle regardera de côté ses propres servantes, et claquera des mainslorsqu’il parlera. Elle l’interrompra au milieu de ses récits, etse mettra elle même à raconter d’autres histoires. Elle divulguerases défauts et ses vices, les déclarant incurables. Elle dira à sesservantes des mots calculés pour piquer au vif le cœur de sonamant. Elle aura soin de ne pas le regarder lorsqu’il viendra lavoir. Elle lui demandera ce qu’il ne pourrait lui accorder. Et,finalement, elle le renverra.

Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte:

« Le devoir d’une courtisane consiste à nouer des relations avec]es hommes convenables, après mûr examen ; à s’attacher celuiavec lequel elle s’est unie ; à obtenir de la richesse decelui qui lui est attaché, et à le renvoyer ensuite, après l’avoirdépouillé de toute sa fortune. » « Une courtisane, qui mène ainsi lavie d’une femme mariée, n’a as l’embarras d’un grand nombred’amants, et elle n’en tire pas moins abondance et richesse. »

Chapitre 4D’une nouvelle union avec un ancien amant.

Lorsqu’une courtisane abandonne son amant après lui avoirsoutiré sa fortune, elle doit penser à une nouvelle union avec unancien amant.

Mais elle n’ira le retrouver que s’il est redevenu riche, ous’il lui reste de la fortune, et s’il lui est encore attaché. Ets’il arrive que cet homme,à ce moment même, vive avec une autrefemme, elle réfléchira bien avant d’agir.

Or un tel homme ne peut être que dans l’une des six positionssuivantes, savoir :

Il peut avoir quitté la première femme de son propremouvement, et même en avoir quitté une autre depuis. Or, si l’hommea quitté les deux femmes de son propre mouvement, il n’y a pas lieud’aller le retrouver, vu l’inconstance de son esprit et sonindifférence pour les belles qualités de ces deux femmes. Il peutavoir été éconduit par les deux femmes. Quant à l’homme qui peutavoir été éconduit par les deux femmes, s’il l’a été par ladernière dans l’espoir qu’avait celle-ci de tirer plus d’argentd’un autre homme, alors il y a lieu d’aller le retrouver ;car, s’il est encore attaché à la première femme, il lui donneraplus d’argent, par vanité et afin de éviter l’autre femme. Maiss’il en a été éconduit pour sa pauvreté ou son avarice, il n’y apas lieu d’aller le retrouver. Il peut avoir quitté l’une es deuxfemmes de son propre mouvement, et avoir été éconduit par l’autre.Dans le cas où l’homme aurait volontairement quitté l’une desfemmes et aurait été éconduit Par l’autre, s’il consent à revenir àla première et lui donne d’avance beaucoup d’argent, alors il y alieu de l’accueillir. Il peut avoir quitté l’une des femmes de sonpropre mouvement, et vivre avec une autre. Dans le cas où l’hommeaurait volontairement quitté l’une des femmes, et vivrait avec uneautre, la première, si elle désire le reprendre, doit d’abords’assurer s’il l’a quittée dans l’espoir de trouver chez l’autrefemme quelque qualité exceptionnelle, et si, n’ayant pas trouvé cequ’il espérait, il est disposé à lui revenir et à lui donnerbeaucoup d’argent, en considération de sa conduite et del’affection qu’il a encore pour elle. Ou bien, si, ayant découvertmaints défauts chez l’autre femme, il a une tendance à trouvermaintenant chez la première plus de qualités même qu’elle n’en aréellement, et s’il est disposé à lui donner beaucoup d’argent pources qualités. Ou enfin elle examinera si c’est un homme faible, ouqui aime à jouir de beaucoup de femmes, ou qui aimait une femmepauvre, ou lui n’a jamais rien fait pour la femme avec laquelle ilvivait. Tout cela bien considéré, elle s’adressera ou non à lui,selon les circonstances. Il peut avoir été éconduit par l’une, etavoir quitté l’autre de son propre mouvement. ••••?2; Quant àl’homme qui peut avoir été éconduit par l’une des femmes et avoirvolontairement quitté l’autre, la première femme, si elle désire lereprendre, devra d’abord s’assurer s’il a encore de l’affectionpour elle et si, en conséquence, il dépenserait pour elle beaucoupl’argent ; ou si, tout en aimant ses excellentes qualités, ila cependant le goût pour une autre femme ; ou si, ayant étééconduit par elle avant d’avoir complètement satisfait ses désirssexuels, il ne désire pas lui revenir dans le but de vengerl’injure qu’il en a reçue ; ou encore, s’il ne désire pas luiinspirer confiance, et lui reprendre alors sa fortune qu’elle lui asoutirée, et finalement la ruiner ; ou, enfin, s’il n’a pasl’intention de la faire rompre avec son amant et de briser ensuitelui-même. Si, tout cela considéré, elle croit que ses intentionssont réellement pures et honnêtes, elle peut contracter avec luiune nouvelle union. Mais si elle le soupçonne de mauvaises idées,elle devra y renoncer. Il peut avoir été éconduit par l’une desfemmes, et vivre avec une autre.

Dans le cas où l’homme aurait été éconduit par une femme etvivrait avec une autre, s’il fait des ouvertures pour revenir à lapremière, la courtisane réfléchira bien avant d’agir, et pendantque l’autre femme sera occupée à se l’assurer, elle essaiera à sontour, tout en restant cachée derrière la scène, de le reconquérir,en se faisant à elle-même les raisonnements ci-après :

Il a été éconduit injustement et sans cause ; etmaintenant qu’il s’est adressé à une autre femme, je dois fairetous mes efforts pour le ramener à moi. Si seulement il causait unefois avec moi, il briserait avec l’autre femme. Grâce à mon ancienamant, je rabaisserais l’orgueil de celui que j’ai aujourd’hui. Ilest devenu riche, occupe une belle position et remplit une chargeélevée sous le Roi. Il est séparé de sa femme. Il est maintenantindépendant. Il vit à part de son père ou de son frère. En faisantla paix avec lui, je mettrai la main sur un homme très riche, quemon présent amant empêche seul de me revenir. Comme sa femme ne lerespecte pas, je pourrai maintenant l’en séparer. L’ami de cethomme aime ma rivale, qui me déteste cordialement : ce sera uneoccasion de séparer l’homme de sa maîtresse. Et, enfin, je jetteraisur lui du discrédit en le ramenant à moi, car je montrerai ainsil’inconstance de son esprit. Lorsqu’une courtisane est résolue àreprendre un ancien amant, son Pithamarda ou d’autres domestiqueslui diront que, s’il a été précédemment éconduit, c’est grâce à améchanceté de la mère ; que la fille l’aimait autant et plusque le premier jour, mais qu’elle a dû céder par déférence à lavolonté de sa mère ; qu’elle souffre de son union avec sonprésent amant, et qu’elle le déteste au possible. Ils chercheront,de plus, à lui inspirer confiance en lui parlant de son ancienamour pour lui, et feront allusion à telle ou telle marque de cetamour dont elle s’est toujours souvenue. Cette marque d’amour luirappellera une sorte de plaisir qu’il aura pu pratiquer, comme, parexemple, sa manière de la baiser, ou sa manière d’opérer le congrèsavec elle.

Ainsi finissent les moyens de former une nouvelle union avec unancien amant.

Lorsqu’une femme peut choisir entre deux amants, dont l’un luiétait précédemment uni et l’autre lui est étranger, les Acharyas(sages) sont d’avis que le premier est préférable, parce que, sesgoûts et son caractère lui étant bien connus par l’observationqu’elle en a faite, elle pourra aisément lui plaire et lecontenter. Mais Vatsyayana pense qu’un ancien amant, qui a déjàdépensé une Grande partie de sa fortune, ne peut ou ne veut pasdonner encore de l’argent, et qu’il mérite, par conséquent, moinsde confiance qu’un étranger. Il peut, toutefois, se présenter descas en contradiction avec cette règle générale, suivant lesdifférentes natures des hommes.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte:

« Une nouvelle union avec un ancien amant peut être désirable, envue de séparer telle ou telle femme de tel ou tel homme, ou tel outel homme de telle ou telle femme, ou encore de produire un certaineffet sur le présent amant. » « Lorsqu’un homme est excessivementattaché à une femme, il redoute de la voir en contact avec d’autreshommes ; il est alors tout à fait aveugle pour ses défauts, etil lui donne beaucoup d’argent, de peur qu’elle ne l’abandonne. » »Une courtisane doit être aimable pour l’homme qui lui est attaché,et rebuter celui qui n’a pas d’attentions pour elle. Si, pendantqu’elle vit avec un homme, il lui arrive un messager de la partd’un autre homme, elle peut soit se refuser à toute négociation,soit lui indiquer un jour où elle ira le voir ; mais elle nedoit pas quitter l’homme avec lequel elle vit et qui lui estattaché. » « Une femme sage, avant de reprendre sa liaison avec unancien amant, doit s’assurer que cette nouvelle union aura pouraccompagnement le bonheur, le gain, l’amour et l’amitié. »

Chapitre 5Des différentes sortes de gain.

Si une courtisane peut réaliser chaque jour beaucoup d’argent,grâce à une nombreuse clientèle, elle ne doit pas s’attacher à unseul amant ; dans ce cas, elle fixera son prix pour une nuit,après avoir bien considéré le lieu, la saison, les ressources deses clients, ce qu’elle à de bonnes qualités, sa bonne mine, etaussi en comparant ses prix avec ceux d’autres courtisanes. Ellepourra informer de son tarif ses amants, amis et connaissances. Si,cependant, elle a la chance d’obtenir un gros gain d’un seul amant,elle pourra s’attacher à lui seul et vivre maritalement aveclui.

Maintenant, les Sages sont d’avis que, si une courtisane a lachance l’un gain égal de la part de deux amants à la fois, elledoit préférer celui qui lui donnerait précisément la chose dontelle a besoin. Mais Vatsyayana dit qu’elle oit préférer celui quilui donne de l’or, parce que l’or ne peut pas être repris commed’autres objets, qu’on le reçoit facilement, et que c’est un moyende se procurer tout ce qu’on désire.

De toutes ces choses : or, argent, cuivre, métal de cloche, fer,vases, meubles, lits, vêtements de dessus, vêtements de dessous,substances parfumées, vaisseaux faits avec des gourdes, huile, blé,bestiaux, etc., première, c’est-à-dire l’or, est supérieure àtoutes les autres.

Si la conquête des deux amants exige la même peine, ou si l’oneut obtenir a même chose de chacun d’eux, il conviendra de s’enapporter pour le choix à une amie ; ou bien l’on se déciderad’après leurs qualités personnelles, ou encore d’après les signesde bonne ou mauvaise fortune qu’ils pourront porter sur eux.

S’il y a deux amants, ont l’un est attaché à la courtisane, etl’autre est simplement très généreux, les Sages disent qu’il fautdonner la préférence à l’amant généreux ; mais Vatsyayana estd’avis qu’il vaut lieux préférer celui qui est attaché à lacourtisane, parce qu’il Peut devenir généreux : en effet, un avaremême donne de l’argent s’il est pris d’une femme, tandis qu’unhomme simplement généreux. aimera jamais avec attachement. Mais si,parmi ceux qui lui sont attachés, il y en a un pauvre et un riche,elle donnera naturellement préférence au dernier.

S’il y a deux amants, dont l’un est généreux, et l’autre prêt àrendre un service quelconque à la courtisane, certains Sages disentqu’il faut préférer celui qui est prêt à rendre le service ;mais, dans l’opinion Vatsyayana, un homme qui rend un service croitavoir tout gagné une fois la chose faite, tandis qu’un hommegénéreux ne pense plus à qu’il a donné. Ici même, la courtisane sedécidera d’après l’utilité de bénéfices que pourra lui procurer sonunion avec ou l’autre.

Si l’un des deux amants est reconnaissant, et l’autre libéral,certains Sages disent qu’il faut préférer le libéral ; mais,dans l’opinion de Vatsyayana, c’est le premier qu’il faut choisir,car les hommes libéraux sont généralement hautains, brusques enparoles et sans égards pour les autres. Ces hommes libéraux aurontbeau avoir été longtemps liés avec la courtisane, s’ils viennent àlui découvrir quelque défaut, ou si une autre femme leur en dit dumal, ils n’ont cure des services passés et rompent subitement.L’homme reconnaissant, au contraire, ne brise pas tout d’un coupavec elle : il a égard à la peine qu’elle peut s’être donnée pourlui plaire. Ici encore, le choix sera déterminé par lesprobabilités de l’avenir.

Lorsque la courtisane trouve à la fois une occasion desatisfaire à la requête d’un ami, et une chance de gagner del’argent, les Sages disent qu’elle doit avant tout s’occuper degagner de l’argent. Mais Vatsyayana est d’avis que l’argent peut seretrouver demain aussi bien Qu’aujourd’hui, mais que, si l’onnéglige une fois la requête peut en garder rancune. Ici encore, lechoix sera déterminé par le meilleur résultat à obtenir. Enpareille occasion, toutefois, la courtisane pourra apaiser son amien lui disant qu’elle a quelque chose à faire et qu’elle satisferaà sa requête le jour suivant : de cette manière, elle ne perdrapoint la chance de gagner l’argent qu’on lui offrait.

Si la chance de gagner de l’argent et celle d’éviter quelquedésastre se présentent à la fois, les Sages sont d’avis qu’il fautpréférer la chance de gagner de l’argent ; mais Vatsyayana ditque l’importance limitée, tandis qu’un désastre, une fois évité,peut ne plus revenir. Ici, au surplus, ce qui doit déterminer lechoix, c’est laideur ou l’insignifiance du désastre.

Les gains de la plus riche et de la meilleure classe de serontaffectés aux dépenses suivantes :

À bâtir des temples, réservoirs et jardins ; à donner unmillier vaches à différents Brahmanes ; à pratiquer le cultedes dieux et célébrer des festivals en leur honneur ; et,enfin, qui pourront être dans leurs moyens. Les gains des autrescourtisanes seront dépensés comme suit :

À posséder un habillement blanc à porter chaque jour ; à securer nourriture et boisson en quantité suffisante pour apaiser etsoif ; à manger chaque jour un tambula parfumé, c’est-à-diremélangé de noix de bétel et de feuilles de bétel ; et à porterdes ornements rodés d’or. Les Sages disent que ces dépenses lesgains de toutes les classes moyennes et inférieures de courtisanesmais Vatsyayana est d’avis que leurs gains ne peuvent être fixés enaucune façon, attendu qu’ils dépendent des conditions du lieu, dela coutume du peuple, de leur propre physionomie, et de biend’autres choses.

Si une courtisane veut empêcher un homme de s’adresser à uneautre femme ; ou si elle veut le détacher d’une autre femmeavec laquelle il est lié ; ou priver une femme des gainsqu’elle en a tirés ; ou si elle croit qu’elle élèverait saposition, gagnerait de gros bénéfices et se rendrait désirable àtous les hommes en s’unissant avec celui-là ; ou bien si elledésire se procurer son aide pour éviter quelque malheur ; ousi elle lui est réellement attachée et l’aime d’amour ; ou sielle a en vue de faire du tort à quelqu’un par son moyen ; ousi elle a égard à quelque faveur qu’elle en a précédemmentreçue ; ou si, pour s’unir à lui, elle n’est poussée que parle désir : dans n’importe lequel des cas ci-dessus, elle ne luidemandera qu’une petite somme d’argent, et d’une manièreamicale.

Si une courtisane a l’intention d’abandonner un amant en titreet d’en prendre un autre ; ou si elle a des raisons de croireque son amant va la quitter bientôt et retourner à sesfemmes ; ou qu’il a dissipé tout son argent et se retrouvesans le sou, et que son tuteur, ou son maître, de son frère vavenir le reprendre ; ou que son amant est sur le point deperdre sa position ; ou enfin, qu’il est d’humeur volage :dans tous ]es cas elle devra essayer de tirer de lui le plus tôtpossible autant l’arpent qu’elle pourra.

D’un autre côté, si la courtisane pense que son amant est sur lepoint de recevoir de beaux présents ; ou d’obtenir une chargeauprès du Roi ; ou d’hériter d’une fortune ; ou qu’il a,tout près d’arriver, un navire chargé de marchandises ; ouqu’il possède de grands stocks de blé et d’autres denrées ; ouque, si elle fait quelque chose pour lui, ce ne sera pas peineperdue ; ou bien, qu’il est toujours fidèle à sa parole :alors elle prendra conseil de son bien-être à venir, et vivra aveclui comme une femme mariée.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte:

« En vue de ses bénéfices présents et de son bien-être à venir,une courtisane doit éviter les hommes qui ont gagné avec beaucoupde peine leurs moyens de subsistance, comme aussi ceux qui sontdevenus égoïstes et durs en obtenant les faveurs du Roi. » « Ellefera tous ses efforts pour s’unir avec des personnages fortunés etlibéraux, et avec ceux qu’il serait dangereux d’éviter oud’offenser en quoi que ce soit. Même au prix de quelque sacrifice,elle se fera avec des hommes énergiques et généreux, qui, une foissatisfaits, qui donneront beaucoup d’argent, voire pour un trèspetit service, ou pour fort peu de chose. »

Chapitre 6Des gains et des pertes, gains et pertes accessoires, doutes ; etenfin, des différentes sortes de courtisanes.

Il arrive assez souvent que, lorsqu’on court après des gains ouqu’on espère en obtenir, tous les efforts n’aboutissent qu’à despertes.

Les causes de ces pertes sont :

Faiblesse d’intelligence.

Amour excessif.

Excès d’orgueil.

Excès d’égoïsme.

Excessive simplicité.

Excès de confiance.

Excès de colère.

Paresse.

Insouciance.

Influence d’un mauvais génie.

Circonstances accidentelles.

Ces pertes ont pour résultats :

Des frais sans aucune compensation.

La ruine du bien être futur.

La perte de gains qu’on allait réaliser.

L’aigrissement du caractère.

La misanthropie.

L’altération de la santé.

La Perte des cheveux ; et d’autres accidents.

Or le gain est de trois sortes, savoir : gain de fortune, gainde mérite religieux, et gain de plaisir ; et, pareillement, laperte est de trois sortes, savoir : perte de fortune, perte demérite religieux, et perte de plaisir. Si, au moment où l’onpoursuit des gains, d’autres gains viennent s’y ajouter, on appelleceux-ci gains accessoires. Si le gain est incertain, le doute sursa nature s’appelle un simple doute. Lorsqu’il y a doute surlaquelle de deux choses arrivera ou non, cela s’appelle un doutemixte. Si, d’une chose qui se fait, il sort deux résultats, celas’appelle une combinaison de deux résultats ; et si la mêmeaction produit plusieurs résultats, cela s’appelle une combinaisonde résultats multiples.

Nous allons en donner des exemples : \\

Comme il a été dit, le gain est de trois sortes, et la perte,qui est l’opposé du gain, est aussi de trois sortes. \\

a. Lorsque, en vivant avec un grand personnage, une courtisaneacquiert de la richesse dans le présent, et qu’en même temps ellese lie avec d’autres personnes, de manière à se procurer deschances de bien-être à venir et un accroissement de richesse, etdevient ainsi universellement désirable, cela s’appelle un gain derichesse accompagné d’aucun gain. \\

b. Lorsque, en vivant avec un homme, une courtisane gagnesimplement de l’argent, cela s’appelle un gain de richesse nonaccompagné d’autre gain. \\

c. Lorsqu’une courtisane reçoit de l’argent d’autres personnesque de son amant, les résultats sont : la chance de perte du bienêtre à tenir que lui eût procuré son amant ; la chance dedésaffection d’un homme qui lui était sincèrement attaché ; lemépris de tous ; et enfin, la chance d’une liaison avecquelque individu de bas étage qui lui perdra son avenir. Ce gains’appelle un gain de richesse accompagné le perte. \\

d. Lorsqu’une courtisane, à ses propres frais et sans aucunrésultat en fait de gain, se lie avec un grand personnage ou unministre avare, dans le but d’éviter quelque malheur ou d’écarterquelque obstacle à la réalisation d’un gros gain, cette pertes’appelle une perte de richesse accompagnée de gains futurs qui enpeuvent résulter. \\

e. Lorsqu’une courtisane est bonne, même à ses dépens, pour unhomme très avare, ou fier de sa belle mine, ou pour un homme ingrathabitué à conquérir des cœurs, sans qu’il en résulte pour elle, enfin le compte, aucun bénéfice, cette perte s’appelle une perte derichesse non accompagnée d’aucun gain. \\

f. Lorsqu’une courtisane est bonne pour des hommes tels que ceuxrécrits ci-dessus, mais qui, en outre, sont des favoris du Roi,cruels et puissants, et cela sans aucun bon résultat final et avecla chance pour elle d’être mise sur la paille à tout moment, cetteperte s’appelle une perte de richesse accompagnée d’autres pertes.\\

De cette manière, les gains et es pertes, ainsi que les gains etpertes accessoires en mérite religieux et en plaisirs, sont exposésaux yeux du lecteur, qui peut en établir aussi différentescombinaisons.

Ainsi finissent les remarques sur les gains et les pertes et surles pains et pertes accessoires.

Nous arrivons maintenant aux doutes, qui sont encore de troissortes, savoir : doutes sur la richesse, doutes sur le méritereligieux, doutes sur les plaisirs.

En voici des exemples : \\

a. Lorsqu’une courtisane n’est pas certaine de ce qu’un hommepeut lui donner ou dépenser pour elle, cela s’appelle un doute surla richesse. \\

b. Lorsqu’une courtisane doute si elle est bien fondée àéconduire tout à fait un amant dont elle ne peut plus rien tirer,attendu qu’elle lui a pris toute sa fortune du premier coup, cedoute s’appelle un doute sur le mérite religieux. \\

c. Lorsqu’une courtisane ne peut posséder un amant à safantaisie, et ne sait si elle tirera jamais du plaisir d’un hommeentouré de sa famille, ou d’un individu de bas étage, celas’appelle un doute sur le plaisir. \\

d. Lorsqu’une courtisane ne sait si quelque personnage puissant,mais malintentionné, ne lui causera pas de la perte au cas où ellemanquerait pour lui de déférence, cela s’appelle un doute sur laperte de richesse. \\

e. Lorsqu’une courtisane doute si elle ne perdrait pas du méritereligieux en abandonnant un homme qui lui est attaché, sans luiaccorder la plus légère faveur, et en causant ainsi son malheurdans ce monde et dans l’autre, ce doute s’appelle un doute sur laperte de mérite religieux. \\

f. Lorsqu’une courtisane ne sait si elle ne courrait pas risquede perdre l’affection de son amant en s’ouvrant à lui et luirévélant son amour, et de manquer ainsi la satisfaction de sondésir, cela s’appelle un doute sur la perte de plaisir. \\

Ainsi finissent les remarques sur les doutes.

1. Doutes mixtes

a. Le commerce ou liaison avec un étranger, dont on ne connaîtpas les intentions, et qui peut avoir été introduit soit par unamant, soit par une personne en charge, est susceptible de produiredu gain ou de la perte ; et, conséquemment, cela s’appelle undoute mixte sur le gain ou la perte de richesse. \\

b. Lorsqu’une courtisane, sur la prière d’un ami ou par unsentiment de pitié, a commerce avec un Brahmane lettré, un étudiantreligieux, un sacrificateur, un dévot ou un ascète, qui peuventl’un ou l’autre s’être épris d’amour pour elle au point d’en êtremalades à mourir, ce faisant elle peut gagner ou perdre du méritereligieux ; et, conséquemment, cela s’appelle un doute mixtesur le gain ou la perte de mérite religieux. \\

c. Si une courtisane s’en rapporte uniquement au témoignage desautres, et aux on-dit, à l’égard d’un homme, et va le trouver sanss’assurer d’abord s’il possède ou non de bonnes qualités, elle peutou gagner ou perdre du plaisir, suivant que cet homme sera bon oumauvais ; et, conséquemment, cela s’appelle un doute mixte surle gain ou la perte de plaisir. \\

Uddalaka a décrit comme suit les gains et les pertes des deuxcôtés : \\

1. Les âmes des hommes qui meurent sans avoir eu leurs désirssatisfaits passent pour aller au monde des Mânes, et nondirectement à l’Esprit Suprême. \\

a. Si, en vivant avec un amant, une courtisane en tire à la foisrichesse et plaisir, cela s’appelle un gain des deux côtés. \\

b. Lorsqu’une courtisane vit avec un amant à ses propres frais,sans en tirer aucun profit, et que l’amant lui reprend même cequ’il peut lui avoir autrefois donné, cela s’appelle une perte desdeux côtés. \\

c. Lorsqu’une courtisane ne sait si un nouvel amant luideviendrait attaché, ou même si, lui devenant attaché, il luidonnerait quelque chose, cela s’appelle un doute des deux côtés surles gains. \\

d. Lorsqu’une courtisane ne sait si un ancien ennemi, dont ellese rapproche de son propre mouvement, ne voudra pas lui faire dumal pour satisfaire sa rancune ; ou si, lui devenant attaché,il ne pourra pas, dans un moment de colère, lui reprendre ce qu’ilpeut lui avoir donné, cela s’appelle un doute des deux côtés sur laperte. \\

Babhravya a ainsi décrit les gains et les pertes des deux côtés: \\

a. Lorsqu’une courtisane a chance de tirer de l’argent d’unhomme qu’elle Peut aller voir, et aussi d’un homme qu’elle peut nepas aller voir, ce a s’appelle un gain des deux côtés. \\

b. Lorsqu’une courtisane a des dépenses à faire pour aller voirun homme, mais aussi court le risque d’une perte irrémédiable sielle ne va pas le voir, cela s’appelle une perte des deux côtés.\\

c. Lorsqu’une courtisane ne sait si un homme qu’elle irait voirlui donnerait quelque chose, sans avoir elle-même à faire dedépense, ou si, en le négligeant, elle obtiendrait quelque chosed’un autre homme, cela s’appelle un doute des deux côtés sur legain. \\

d. Lorsqu’une courtisane ne sait si, en allant à ses frais voirun vieil ennemi, il ne lui reprendrait pas ce qu’il peut lui avoirdonné, ou si, en n’allant pas le voir, il ne lui attirerait pasquelque désastre, cela s’appelle un doute des deux côtés sur laperte. \\

En combinant les cas ci-dessus, on obtient six sortes derésultats mixtes, savoir : \\

a. Gain d’un côté, et perte de l’autre. \\

b. Gain d’un côté, et doute de gain de l’autre. \\

c. Gain d’un côté, et doute de perte de l’autre. \\

d. Perte d’un côté, et doute de pain de l’autre. \\

e. Doute de gain d’un côté, et doute de Perte de l’autre. \\

f. Doute de perte d’un côté, et perte de ‘autre. \\

Une courtisane, après avoir bien considéré tout ce qui précèdeet pris conseil de ses amis, doit agir de façon à s’assurer dugain, des chances de gros gains, et des garanties contre quelquegrand désastre.

Le mérite religieux et le plaisir peuvent aussi faire l’objet decombinaisons séparées comme celles de la richesse, et tous lestrois seront ensuite combinés l’un avec l’autre, de manière àformer de nouvelles combinaisons.

Lorsqu’une courtisane a commerce avec plusieurs hommes, elledoit tirer de chacun d’eux de l’arpent aussi bien que du plaisir. Àdes époques déterminées, telles que les festivals de printemps,etc., elle fera annoncer par sa mère à différentes personnes que,tel ou tel jour, sa fille passera son temps avec l’homme quisatisfera tel ou tel de ses désirs.

Lorsque des jeunes gens l’approchent tout ravis d’aise, elledoit réfléchir à ce qu’elle en peut tirer.

Les combinaisons de gains et de pertes de tous côtés sont : gaind’un seul côté, et perte de tous les autres ; perte d’un seulcôté et gain de tous les autres ; gain de tous côtés, perte detous côtés.

Une courtisane doit aussi peser les doutes sur le gain et lesdoutes sur la perte, en ce qui concerne la richesse, le méritereligieux et le plaisir.

Ainsi finit l’exposé du gain, de la perte, des gainsaccessoires, des pertes accessoires, et des doutes.

Les différentes sortes de courtisanes sont :

Une maquerelle.

Une servante.

Une femme dissolue.

Une danseuse.

Une ouvrière.

Une femme qui a quitté sa famille.

Une femme qui vit sur sa beauté.

Et finalement, une courtisane de profession.

Toutes ces sortes de courtisanes sont en relations avecdifférentes sortes d’hommes, et elles doivent songer aux moyensd’en tirer de l’argent, de leur plaire, de s’en séparer, et de seremettre avec eux.

Elles doivent aussi prendre en considération les gains et pertesparticuliers, les gains et pertes accessoires, et les doutes,suivant la condition de chacune.

Ainsi finit l’examen des courtisanes. \\

Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte :\\

« Les hommes veulent du plaisir, tandis que les femmes veulentde l’argent : elles doivent, en conséquence, étudier cette partie,qui traite des moyens de s’enrichir. » « Il y a des femmes quicherchent de l’amour, et il y en a d’autres qui cherchent del’argent : les unes apprendront, dans les premières parties de cetouvrage, ce qui concerne l’amour, et les autres trouveront danscelle-ci les moyens de gagner de l’argent, tels que les pratiquentles courtisanes. »

Partie 7
Des moyens de s’attacher les autres

Chapitre 1De la parure personnelle ; de la séduction des cœurs ; et desmédecines toniques.

orsqu’une personne ne réussit pas à obtenir l’objet de sesdésirs par l’un quelconque des moyens indiqués plus haut, elle doitalors recourir à d’autres moyens de s’attacher les autres.

Or une bonne mine, de bonnes qualités, de la jeunesse et de lalibéralité sont les moyens principaux et les plus naturels de serendre agréable aux yeux des autres. Mais, en leur absence, unhomme ou une femme aura recours à des moyens artificiels, ou àl’art ; et voici, en conséquence, quelques recettes qu’onpourra trouver utiles : \\

a. Un onguent, composé de tabemamontana coronaria, de costusspeciosus ou arabicus, et de flacourtia cataphracta, sera employécomme onguent de parure. \\

b. Faites, avec les plantes ci-dessus, une poudre fine que vousappliquerez sur la mèche d’une lampe où l’on brûle de l’huile devitriol bleu : le pigment noir ou noir de lampe qui en résultera,appliqué sur les cils, a la vertu de faire paraître aimable. \\

c. L’huile de hogweed, échite putescens, la plante sarina,l’amarante jaune et la feuille de nymphéa, appliquées sur le corps,ont la même vertu. \\

d. Un pigment noir provenant des mêmes plantes a un effetsemblable. \\

e. En mangeant de la poudre de nelumbrium speciosum, du lotusbleu, et du mesma roxburghii, avec du beurre clarifié et du miel,un homme devient aimable aux yeux des autres. \\

f. Les substances ci.-dessus, mêlées à la tabemamontanacoronaria et au xanthochymus pictorius, et réduites en onguent,produisent les mêmes résultats. \\

g. Un os de paon ou d’hyène, couvert d’or et attaché sur la maindroite, rend un homme aimable aux yeux des autres. \\

h. De même, en s’attachant à la main un chapelet fait de grainsde jujube ou de coquillages, et enchanté par les incantationsmentionnées au Véda Atharvana ou par les incantations de personnesversées dans la science magique, on obtiendra les mêmes résultatsque ci-dessus. \\

i. Lorsqu’une servante arrive à l’âge de puberté, son maîtredoit la tenir à part ; et lorsque, par suite de sa réclusionet de la difficulté de l’approcher, les hommes la désireront avecplus d’ardeur, il donnera sa main à celui qui lui assurera richesseet bonheur. \\

Cela est un moyen d’augmenter aux yeux des autres l’amabilitéd’une personne.

De même, lorsque la fille d’une courtisane arrive à l’âge depuberté, la mère assemblera un certain nombre de jeunes gens demême âge, disposition et savoir que sa fille, et leur dira qu’elleest prête à la donner en mariage à qui lui fera des présents detelle ou telle espèce.

Ensuite, la fille sera tenue aussi recluse que possible, et lamère la donnera en mariage à l’homme qui pourra être prêt à faireles présents convenus. Si la mère ne peut tout obtenir de l’homme,elle produira quelque objet à elle appartenant comme donné à safille par le fiancé.

Ou encore, la mère pourra permettre à sa fille d’épouser l’hommeprivément, comme si elle ignorait toute l’affaire, et alors,faisant semblant d’apprendre ce qui s’est passé, elle donnera sonconsentement à l’union.

La fille, aussi, se rendra aimable aux yeux des fils de citoyensriches, inconnus de sa mère, et, afin de se les attacher, lesrencontrera aux heures des leçons de chant, dans les endroits où sefera de la musique, dans des maisons étrangères ; et alorselle priera sa mère, par l’entremise d’une amie ou d’une servante,de lui permettre de s’unir à celui qui lui plaira le plus.

Lorsque la fille d’une courtisane est ainsi donnée à un homme,elle devra observer les obligations du mariage pendant une année,après quoi elle pourra faire ce qu’elle voudra. Mais, même cetteannée expirée, si son premier mari l’invite de temps en temps àvenir le voir, elle renoncera au gain du moment et ira passer lanuit avec lui.

Tel est le mode de mariage temporaire usité chez lescourtisanes, et la manière d’accroître leur amabilité. Ce qui en aété dit peut aussi bien s’entendre des filles de danseuses, queleurs mères donneront seulement à des hommes capables de leur êtreutiles de diverses façons.

Ainsi finissent les moyens de se rendre aimable aux yeux desautres. \\

a. Si un homme, après avoir frotté son Lingam avec un mélange depoudres de pomme épineuse, de poivre long, de poivre noir et demiel, a un commerce sexuel avec une femme, il la soumet entièrementà sa volonté. \\

b. L’application d’un mélange de feuilles de la plantevatodbhranta, de fleurs jetées sur un cadavre humain au moment oùon va le brûler, et de poudre d’os de paon ou de l’oiseaujiwanjiva, produit le même effet. \\

c. Les restes d’un milan mort de mort naturelle, réduits enpoudre et mêlés avec du cowach et du miel, ont aussi le même effet.\\

d. En se frottant avec un onguent fait de la plante emblicamyrabolans, on acquiert le pouvoir le soumettre les femmes à savolonté. \\

e. Coupez en menus morceaux les pousses de la plante vajnasunhi,plongez-les dans un mélange d’arsenic rouge et de soufre, etfaites-les sécher sept fois : en appliquant sur votre Lingam cettefoudre mêlée avec du miel, vous soumettrez une femme à votrevolonté dès que vous l’aurez possédée. Ou bien brûlez ces mêmespousses la nuit, et si, en regardant la fumée, vous voyez derrièreune lune d’or, vous êtes sûr de réussir avec n’importe quellefemme. Ou bien encore, mêlez de cette poudre avec les excrémentsd’un singe, et jetez-la sur une jeune fille vierge : elle ne seradonnée en mariage à personne autre que vous. \\

f. Accommodez des morceaux d’arris-root avec de l’huile demanque, et laissez-les pendant six mois au fond d’un trou pratiquédans le tronc de l’arbre sisu ; retirez-les ensuite etfaites-en un onguent que vous vous appliquerez sur le Lingam :c’est, dit-on, un moyen de subjuguer les femmes. \\

g. Plongez l’os d’un chameau dans le suc de la plante ecliptaprostata, puis brûlez-le et mettez le piment noir produit par lescendres dans une boîte faite aussi de l’os d’un chameau ; sivous vous l’appliquez avec de l’antimoine sur les cils, au moyend’un pinceau fait aussi de l’os d’un chameau, ce pigment passe pourêtre très pur, sain pour les yeux, et a la vertu de soumettre lesautres à celui qui en fait usage. \\

Un pigment noir fait d’os de faucons, vautours et paons, peutproduire le même effet.

Ainsi finissent les moyens de soumettre les autres à savolonté.

Maintenant, voici les moyens d’accroître la vigueur sexuelle :\\

a. Un homme acquiert de la vigueur sexuelle en buvant du laitmêlé avec du sucre, de la racine de la plante uchchata, du poivrechaba et de la réglisse. \\

b. Du lait sucré, où l’on a fait bouillir un testicule de bélierou de bouc, produit aussi de la vigueur. \\

c. Même effet produit par le suc du hedysarum gangeticum, dukuili et du kshirika mêlé avec du lait. \\

d. La graine de poivre long, celle du sanseviera roxburghiana etdu hedysarum gangeticum, le tout moulu ensemble et mêlé avec dulait, produisent un résultat semblable. \\

e. Suivant d’anciens auteurs, si un homme moud des graines oudes racines de trapa bispinosa, de kasurika, de jasmin toscan et deréglisse, avec du kshirakapoli (sorte d’oignon), et met la poudredans du lait mêlé de sucre et de ghee (beurre sacrifié) ;Puis, après avoir fait bouillir tout ce mélange sur un feu modéré,boit le sirop ainsi formé, il sera en mesure de jouir d’unequantité innombrable de femmes. \\

f. De même, si un homme mêle du riz avec des œufs de moineau,puis, après avoir fait bouillir dans du lait, y ajoute du ghee etdu miel et en boit autant qu’il est nécessaire, il obtiendra lemême résultat. \\

g. Si un homme prend des écorces de graines de sésame et lestrempe dans des œufs de moineau, puis, après les avoir faitbouillir dans du lait mêlé de sucre et de ghee, avec des fruits detrapa bispinosa et de kasurika, et y avoir ajouté de la farine defroment et de fèves, boit cette composition, il aura, dit-on, lepouvoir de jouir d’une infinité de femmes. \\

h. Mêlez ensemble du ghee, du sucre et de la réglisse en égalesquantités, puis du suc de fenouil et du lait : cette compositionnectaréenne est réputée sainte, précieuse pour la vigueur sexuelle,préservatrice de la vie et agréable au goût. \\

i. Buvez un sirop composé d’asparagus racemosus, des plantesshvadaushtra et juduchi, de poivre long et de réglisse, bouilliavec du lait, du miel et du ghee, au printemps : cela produit,dit-on, le même effet que ci-dessus. \\

j. Faites bouillir dans de l’eau de l’asparagus racemosus et dela plante shvadaushtra, avec des fruits écrasés de premna spinosa,et buvez cette composition : elle a, dit on, la même vertu. \\

k. Buvez du ghee bouilli, ou beurre clarifié, le matin pendantla saison du printemps : cela passe pour être sain, fortifiant etagréable au goût. \\

l. Mêlez ensemble, par parties égales, de la graine deshvadaushtra et des fleurs d’orge, et, chaque matin en vous levant,mangez en un peu, du poids de deux palas environ : cette recette ale même effet que la précédente. \\

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte:

« Les moyens de produire l’amour et la vigueur sexuelle sontenseignés par la science médicale, par les Védas, par les personnesqui sont initiées aux arts magiques, et par des parents ou amisintimes. On ne doit essayer d’aucun moyen d’un effet douteux,capable de détériorer le corps, impliquant la mort d’animaux etmettant en contact avec des choses impures. Les seuls moyens àemployer doivent être saints, efficaces, et approuvés par lesBrahmanes et les amis. »

Chapitre 2Des moyens d’exciter le désir. Expériences et recettesdiverses.

Lorsqu’un homme est incapable de satisfaire une femme Hastini,ou éléphant, il doit recourir à divers moyens pour éveiller chezelle le prurit. D’abord il lui frottera le yoni avec sa main ou sesdoigts, et n’en viendra au congrès que si elle est déjà excitée ouressent du plaisir. C’est là un des moyens d’exciter une femme.

Ou bien il fera usage de certains apadravyas, sortes d’objetsqu’on se met sur le Lingam ou autour, afin d’augmenter sa longueurou sa grosseur, de façon à remplir le yoni. D’après Babhravya, cesajadravyas doivent être faits en or, argent, cuivre, fer, ivoire,corne de buffle, bois de diverses sortes, étain ou plomb ; ilsdoivent être doux, frais, aptes à provoquer la vigueur sexuelle, ettout à fait propres au but proposé. Vatsyayana, toutefois, dit quechacun peut les façonner à sa fantaisie.

Voici les différentes sortes d’apadravyas :

Le brassard (valaya) : il doit être de la même grandeur que leLingam, et sa surface extérieure doit être semée d’aspérités. Lecouple (sanjhati), formé de deux brassards. Le bracelet (chudaka),fait de trois brassards, ou plus, joints ensemble, jusqu’à cequ’ils arrivent à la longueur de Lingam requise. Le braceletsimple, formé d’un simple fil de fer enroulé autour du Lingam,suivant ses dimensions. Le kantuka ou jalaka : c’est un tube ouvertaux deux extrémités, avec un trou dans toute sa longueur, raboteuxen dehors et semé de bosses douces, dont les dimensions sontcalculées sur celles du yoni ; on se l’attache à laceinture.

Si l’on n’a pas cet objet sous la main, on pourra faire usage d’untube façonné avec du bois de pommier, ou avec la tige tubulaired’une gourde, ou avec un roseau frotté d’huile et d’extraits deplantes ; on se l’attachera de même à la ceinture avec descordons. Des morceaux de bois polis, liés ensemble, peuvent aussiservir. Les engins ci-dessus peuvent être employés concurremmentavec le Lingam, ou en ses lieu et place. Les gens des contréesméridionales croient qu’il n’y a point de plaisir sexuel véritablesi le Lingam n’est perforé, et, en conséquence, ils se le fontpercer comme on perce les lobes des oreilles à un enfant pour ymettre des boucles d’oreilles. Or, si un jeune homme veut seperforer le Lingam, il doit le percer avec un instrument très aigu,puis se tenir dans l’eau aussi longtemps que le sang continue àcouler. Le soir, il aura un commerce sexuel, actif même, de manièreà nettoyer le trou. Après cela, il continuera à laver le trou avecdes décoctions, et il l’agrandira en y introduisant de petitsmorceaux de roseau et de la wrightia antidysenterica, quiélargiront Graduellement l’orifice. On peut aussi le laver avec dela réglisse mêlée de miel, et, pour agrandir le trou, employer latire du fruit du simapatra. Enfin, on devra oindre le trou avec unpeu d’ huile. Dans ce trou pratiqué au travers du Lingam, on peutmettre des apadravyas de diverses formes, tels que le rond, le rondd’un côté, le mortier de bois, la fleur, le brassard, l’os dehéron, l’aiguillon à éléphant, la collection de huit balles, lamèche de chevreaux, et d’autres objets dénommés suivant leur formeou la manière de s’en servir. Tous ces apadravyas doivent êtreraboteux au-dehors, selon leur objet particulier. Venons maintenantaux moyens de renforcer le Lingam. Lorsqu’un homme désire serenforcer le Lingam, il doit le frotter avec les poils de certainsinsectes qui vivent dans les arbres ; puis, après l’avoirgraissé avec des huiles pendant dix nuits, il frictionnera denouveau avec les mêmes poils comme précédemment. En continuant dela sorte, il obtiendra un gonflement graduel du Lingam, et alors ildevra se coucher sur un lit volant, et laisser pendre son Lingampar un trou pratiqué dans ce lit. Après cela, il fera disparaître,au moyen de décoctions fraîches, toute la douleur que lui auracausée le ronflement. Ce gonflement, qu’on appelle suka, et qu’onrencontre fréquemment chez les habitants du pays de Dravida, durepour la vie. Si l’on se frotte le Lingam avec les choses suivantes,savoir : la plante physalis flexuosa, la plante shavarakandaka, laplante jalasuka, le fruit de la plante aux œufs, le beurre debufflonne, la plante hasti-charma, et le suc de la plantevajra-rasa, on obtiendra un gonflement qui durera un mois. En lefrottant avec de l’huile bouillie dans des décoctions des chosesci-dessus, on obtiendra le même effet, mais pour six mois. On feraaussi grossir le Lingam en le frottant ou lotionnant avec del’huile bouillie sur un feu modéré, à laquelle on aura mêlé desgraines de grenadier et de concombre, et les sucs de la plantevaluka, de la plante hasti-charma et de la plante aux œufs. Enoutre de ce qui précède, on pourra se faire enseigner d’autresmoyens par des personnes expérimentées et sûres. Voici, enfin,diverses expériences et recettes : \\ a. Si un homme, après avoirmêlé de la poudre de plante de haie laiteuse et de plante antalaavec des excréments de singe et de la racine moulue de la plantelanjalika, jette ce mélange sur une femme, elle n’aimera pluspersonne d’autre. \\ b. Si un homme fait une sorte de gelée avec lejus des fruits de la cassia fistula et de l’eufenia jambolina, enle mêlant avec de la poudre de la plante soma, de la vemoniaanthelmintica, de l’eclipta prostata et de la lohopa-jihirka, etapplique cette composition sur le yoni d’une femme, avec laquelleil a ensuite un commerce sexuel, son amour pour cette femme cesseraaussitôt. \\ c. Même effet si un homme a commerce avec une femmequi s’est baignée dans le lait de beurre d’une bufflonne, mêlé avecde la poudre de la plante gopalika, de la plante bana-padika et del’amarante jaune. \\ d. Un onguent composé des fleurs de la naucleacadamba, de la prune à porc et de l’eugenia jambolina, et employépar une femme la fait détester de son mari. \\ e. Des guirlandesfaites avec les mêmes fleurs, et portées par une femme, produisentle même effet. \\ f. Un onguent fait avec le fruit del’asteracantha longifolia (koki-laksha) contracte le yoni d’unefemme Hastini ou éléphant, et cette contraction dure une nuit. \\g. Un onguent fait avec les racines moulues du nelumbrium speciosumet du lotus bleu, et avec la poudre de la plante physalis flexuosamêlée de ghee et de miel, dilate le yoni de la femme Mrigi oubiche. \\ h. Un onguent composé avec le fruit de l’emblicamyrobolans trempé dans le suc laiteux de la plante à lait, de laplante soma, de la calotropis jigantea, et dans le jus du fruit dela vemonia anthelmintica, fera blanchir les cheveux. \\ i. Le sucdes racines de la plante madayantika, de l’amarante jaune, de laplante anjanika, de la clitoria temateea et de la plante shlaksh.napami, employé comme lotion, fera pousser les cheveux. \\ j. Unonguent composé avec les susdites racines bouillies dans del’huile, et employé comme friction, noircira les cheveux, et feraaussi repousser graduellement ceux qui sont tombés. \\ k. Si l’ontrempe de la laoue sept fois, jusqu’à saturation, dans la sueur dutesticule d’un cheval blanc, et qu’on l’applique sur une lèvrerouge, cette lèvre deviendra blanche. \\ l. La couleur des lèvrespourra se rétablir au moyen de la madayantika et autres plantesmentionnées plus haut, au paragraphe 1. \\ m. Une femme qui entendun homme jouer d’un chalumeau trempé dans les sucs de la plantebahupadika, et la tabemamontana coronaria, du costus speciosus ouarabicus, du pinus deodora, de l’euphorbia antiquorum, et desplantes vajra et kantaka, devient son esclave. \\ n. Si l’onmélange des aliments avec le fruit du pommier épineux (datura), ilen résulte un empoisonnement. \\ o. Si l’on mélange de l’eau avecde l’huile et avec les cendres d’une herbe quelconque, sauf l’herbeKusha, cette eau prend la couleur du lait. \\ p. Si l’on moudensemble la myrobolans jaune, la prune à porc, la plante shrawanaet la plante priyangu, et qu on applique cette poudre sur des vasesen fer, ces vases deviendront routes. \\ q. Si, ayant allumé unelampe remplie d’huile extraite des plantes shrawana et priyangu, etdont la mèche est faite avec de la toile et des languettes de peaude serpent, on place auprès de longs morceaux de bois, ces morceauxde bois ressembleront à autant de serpents. \\ r. Boire du laitd’une vache blanche qui a un veau blanc à ses pieds est de bonaugure, donne bonne renommée et conserve la vie. \\ s. Lesbénédictions propitiatoires de vénérables Brahmanes ont le mêmeeffet. \\ Il y a aussi quelques versets, pour conclusion : \\ «C’est ainsi que j’ai écrit en peu de mots la Science d’amour, aprèsavoir lu les textes d’anciens auteurs, et en observant les moyensde jouissance y mentionnés. » « Celui qui connaît bien les véritablesprincipes de cette science prend conseil de Dharma, Artha, Kama,ainsi que de sa propre expérience et des enseignements d’autrui, etil n’agit pas simplement au pré de sa fantaisie. Quant aux erreursdans la science d’amour que j’ai mentionnées au cours de cetouvrage, de ma propre autorité comme auteur, je les ai,immédiatement après, soigneusement censurées et prohibées. » \\ «Un acte ne doit jamais être excusé pour la simple raison que lascience l’autorise ; car il faut bien se rappeler que, dansl’intention de la science, c’est seulement dans des cas particuliers que ses règles sont applicables. Après avoir lu etmédité es ouvrages de Babhravya et d’autres anciens auteurs, et bien examiné le sens les règles par eux édictées, Vatsyayana acomposé les Kama Sutra, conformément aux préceptes de la Sainte Écriture, pour le bénéfice du monde, alors qu’il menait la vie d’unétudiant religieux et qu’il était totalement absorbé dans la contemplation de la divinité. » \\ « Cet ouvrage n’a pas été faitpour servir de simple instrument à satisfaire nos désirs. Une personne qui, possédant les vrais principes de cette science,cultive avec soin son Dharma, son Artha et son Kama, et tient enconsidération les pratiques du peuple, est sûre d’arriver àmaîtriser ses sens. » « En résumé, une personne intelligente et prudente, qui s’occupe de Dharma et d’Artha, et aussi de Kama, sansdevenir l’esclave de ses passions, réussira dans toute chosequ’elle pourra entreprendre. »

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Tags: Vatsyayana