Contes Humoristiques – Tome 1

Chapitre 5Le réveillon

Chaque année, à la Noël (c’était une vieille coutume de la plantation), el señor S. Cargo, le propriétaire, un mulâtre fort bel homme, réunissait à sa table tout le personnel de l’hacienda.

On soupait joyeusement à la santé du petit Jésus. On mangeait, on buvait, on trinquait, on disait des bêtises.Les personnes intempérantes avaient le droit, en cette nuit, de s’en fourrer jusque-là, et même un peu plus haut.

La belle Maria-Anna présidait, et Mathias ne la perdait pas de vue.

Pauvre Mathias ! Son rêve de la journée lui avait mis des fourmis un peu partout et c’étaient deux braises allumées qui lui servaient d’yeux.

Chaque fois que le regard de la jeune fille croisait le regard du nègre, chaque fois ses joues divines porphyre café au lait clair rosissaient davantage.

Au matin, Mathias, fortement encouragé par l’abus des liqueurs fermentées, alla trouver le señor S. Cargo et lui dit :

– Maître, vous savez l’homme que je suis.

– Je le sais, mon brave ami, et je n’ai qu’un mot à te dire, le mot de Mac-Mahon à un jeune homme de ta race : continue.

– Je continuerai, Maître, si vous me donnez Maria-Anna en mariage.

– Y songes-tu ? Toi, un nègre !

Et ce mot fut prononcé sur un tel ton que Mathias ne crut pas devoir insister.

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