Il ne faut jurer de rien

ACTE TROISIÈME

SCÈNE PREMIÈRE

[Un chemin.

Entrent VAN BUCK etVALENTIN, qui frappe à une auberge.

VALENTIN.

Holà ! hé ! y a-t-il quelqu’un icicapable de me faire une commission ?

UN GARÇON, sortant.

Oui, monsieur, si ce n’est pas troploin ; car vous voyez qu’il pleut à verse.

VAN BUCK.

Je m’y oppose de toute mon autorité, et au nomdes lois du royaume.

VALENTIN.

Connaissez-vous le château de Mantes, iciprès ?

LE GARÇON.

Que oui, monsieur ; nous y allons tousles jours. C’est à main gauche ; on le voit d’ici.

VAN BUCK.

Mon ami, je vous défends d’y aller, si vousavez quelque notion du bien et du mal.

VALENTIN.

Il y a deux louis à gagner pour vous. Voilàune lettre pour mademoiselle de Mantes, que vous remettrez à safemme de chambre, et non à d’autres, et en secret. Dépêchez-vous etrevenez.

LE GARÇON.

Ô monsieur ! n’ayez pas peur.

VAN BUCK.

Voilà quatre louis si vous refusez.

LE GARÇON.

Ô monseigneur ! il n’y a pas dedanger.

VALENTIN.

En voilà dix ; et si vous n’y allez pas,je vous casse ma canne sur le dos !

LE GARÇON.

Ômon prince ! soyez tranquille ; je serai bientôtrevenu.

Il sort.

VALENTIN.

Maintenant, mon oncle, mettons-nous àl’abri ; et si vous m’en croyez, buvons un verre de bière.Cette course à pied doit vous avoirfatigué.][ix]

Ils s’assoient sur un banc.

VAN BUCK.

Sois-en certain, je ne te quitterai pas !j’en jure par l’âme de feu mon frère et par la lumière du soleil.Tant que mes pieds pourront me porter, tant que ma tête sera surmes épaules, je m’opposerai à cette action infâme et à seshorribles conséquences.

VALENTIN.

Soyez-en sûr, je n’en démordrai pas ;j’en jure par ma juste colère et par la nuit qui me protégera. Tantque j’aurai du papier et de l’encre, et qu’il me restera un louisdans ma poche, je poursuivrai et achèverai mon dessein, quelquechose qui puisse en arriver.

VAN BUCK.

N’as-tu donc plus ni foi ni vergogne, et sepeut-il que tu sois mon sang ? Quoi ! ni le respect pourl’innocence, ni le sentiment du convenable, ni la certitude de medonner la fièvre, rien n’est capable de te toucher !

VALENTIN.

N’avez-vous donc ni orgueil ni honte, et sepeut-il que vous soyez mon oncle ? Quoi ! ni l’insulteque l’on nous fait, ni la manière dont on nous chasse, ni lesinjures qu’on vous a dites à votre barbe, rien n’est capable devous donner du cœur !

VAN BUCK.

Encore si tu étais amoureux ! si jepouvais croire que tant d’extravagances partent d’un motif qui eûtquelque chose d’humain ! Mais non, tu n’es qu’un Lovelace, tune respires que trahisons, et la plus exécrable vengeance est taseule soif et ton seul amour.

VALENTIN.

Encore si je vous voyais pester ! si jepouvais me dire qu’au fond de l’âme vous envoyez cette baronne etson monde à tous les diables ! Mais non, vous ne craignez quela pluie, vous ne pensez qu’au mauvais temps qu’il fait, et le soinde vos bas chinés est votre seule peur et votre seul tourment.

VAN BUCK.

Ah ! qu’on a bien raison de dire qu’unepremière faute mène à un précipice ! Qui m’eût pu prédire cematin, lorsque le barbier m’a rasé et que j’ai mis mon habit neuf,que je serais ce soir dans une grange, crotté et trempé jusqu’auxos ! Quoi ! c’est moi ! Dieu juste ! à mon âge,il faut que je quitte ma chaise de poste où nous étions si bieninstallés, il faut que je coure à la suite d’un fou à traverschamps en rase campagne ! Il faut que je me traîne à sestalons, comme un confident de tragédie, et le résultat de tant desueurs sera le déshonneur de mon nom !

VALENTIN.

C’est au contraire par la retraite que nouspourrions nous déshonorer, et non par une glorieuse campagne dontnous ne sortirons que vainqueurs. Rougissez, mon oncle Van Buck,mais que ce soit d’une noble indignation. Vous me traitez deLovelace : oui, par le ciel ! ce nom me convient. Comme àlui, on me ferme une porte surmontée de fières armoiries ;comme lui, une famille odieuse croit m’abattre par unaffront ; comme lui, comme l’épervier, j’erre et je tournoieaux environs ; mais comme lui je saisirai ma proie, et, commeClarisse, la sublime bégueule, ma bien-aimée m’appartiendra.

[VAN BUCK.

Ah ciel ! que ne suis-je à Anvers, assisdevant mon comptoir, sur mon fauteuil de cuir, et dépliant montaffetas ! Que mon frère n’est-il mort garçon, au lieu de semarier à quarante ans passés ! Ou plutôt que ne suis-je mortmoi-même le premier jour que la baronne de Mantes m’a invité àdéjeuner !

VALENTIN.

Ne regrettez que le moment où, par une fatalefaiblesse, vous avez révélé à cette femme le secret de notretraité. C’est vous qui avez causé le mal ; cessez dem’injurier, moi qui le réparerai. Doutez-vous que cette petitefille, qui cache si bien les billets doux dans les poches de sontablier, ne fût venue au rendez-vous donné ? Oui, à coup sûrelle y serait venue ; donc elle viendra encore mieux cettefois. Par mon patron ! je me fais une fête de la voirdescendre, en peignoir, en cornette et en petits souliers, de cettegrande caserne de briques rouillées ! Je ne l’aime pas ;mais je l’aimerais, que la vengeance serait la plus forte, ettuerait l’amour dans mon cœur. Je jure qu’elle sera ma maîtresse,mais qu’elle ne sera jamais ma femme ; il n’y a maintenant niépreuve, ni promesse, ni alternative ; je veux qu’on sesouvienne à jamais dans cette famille du jour où l’on m’en achassé.

L’AUBERGISTE, sortant de sa maison.

Messieurs, le soleil commence à baisser :est-ce que vous ne me ferez pas l’honneur de dîner chezmoi ?

VALENTIN.

Si fait : apportez-nous la carte, etfaites-nous allumer du feu. Dès que votre garçon sera revenu, vouslui direz qu’il me donne réponse. Allons ! mon oncle, un peude fermeté ; venez et commandez le dîner.

VAN BUCK.

Ils auront du vin détestable, je connais lepays ; c’est un vinaigre affreux.

L’AUBERGISTE.

Pardonnez–moi ; nous avons du champagne,du chambertin, et tout ce que vous pouvez désirer.

VAN BUCK.

En vérité ! dans un trou pareil ?c’est impossible ; vous nous en imposez.

L’AUBERGISTE.

C’est ici que descendent les messageries, etvous verrez si nous manquons de rien.

VAN BUCK.

Allons ! tâchons donc de dîner ; jesens que ma mort est prochaine, et que dans peu je ne dîneraiplus.

Ils sortent.

SCÈNE II

Au château. Un salon.

EntrentLA BARONNE et L’ABBÉ.

LA BARONNE.

Dieu soit loué, ma fille est enfermée. !Je crois que j’en ferai une maladie.

L’ABBÉ.

Madame, s’il m’est permis de vous donner unconseil, je vous dirai que j’ai grandement peur. Je crois avoir vuen traversant la cour un homme en blouse et d’assez mauvaise mine,qui avait une lettre à la main.

LA BARONNE.

Le verrou est mis ; il n’y a rien àcraindre. Aidez-moi un peu à ce bal ; je n’ai pas la force dem’en occuper.

L’ABBÉ.

Dans une circonstance aussi grave, nepourriez-vous retarder vos projets ?

LA BARONNE.

Êtes-vous fou ? Vous verrez que j’auraifait venir tout le faubourg Saint-Germain de Paris, pour leremercier et le mettre à la porte ! Réfléchissez donc à ce quevous dites.

L’ABBÉ.

Je croyais qu’en telle occasion on aurait pu,sans blesser personne…

LA BARONNE.

Et au milieu de ça, je n’ai pas debougies ! Voyez donc un peu si Dupré est là.

L’ABBÉ.

Je pense qu’il s’occupe des sirops.

LA BARONNE.

Vous avez raison : ces maudits sirops,voilà encore de quoi mourir. Il y a huit jours que j’ai écritmoi-même, et ils ne sont arrivés qu’il y a une heure. Je vousdemande si on va boire ça !

L’ABBÉ.

Cet homme en blouse, madame la baronne, estquelque émissaire, n’en doutez pas. Il m’a semblé, autant que je mele rappelle, qu’une de vos femmes causait avec lui. Ce jeune hommed’hier est mauvaise tête, et il faut songer que la manière assezverte dont vous vous en êtes délivrée…

LA BARONNE.

Bah ! des Van Buck ? des marchandsde toile ? qu’est-ce que vous voulez donc que ça fasse ?Quand ils crieraient, est-ce qu’ils ont voix ? Il faut que jedémeuble le petit salon ; jamais je n’aurai de quoi asseoirmon monde.

L’ABBÉ.

Est-ce dans sa chambre, madame, que votrefille est enfermée ?

LA BARONNE.

Dix et dix font vingt ; les Raimbaut sontquatre ; vingt, trente. Qu’est-ce que vous dites,l’abbé ?

L’ABBÉ.

Je demande, madame la baronne, si c’est danssa belle chambre jaune que mademoiselle Cécile estenfermée ?

LA BARONNE.

Non ; c’est là, dans labibliothèque ; c’est encore mieux, je l’ai sous la main. Je nesais ce qu’elle fait, ni si on l’habille, et voilà la migraine quime prend.

L’ABBÉ.

Désirez-vous que je l’entretienne ?

LA BARONNE.

Je vous dis que le verrou est mis ; cequi est fait est fait ; nous n’y pouvons rien.

L’ABBÉ.

Je pense que c’était sa femme de chambre quicausait avec ce lourdaud. Veuillez me croire, je vous ensupplie ; il s’agit là de quelque anguille sous roche qu’ilimporte de ne pas négliger.

LA BARONNE.

Décidément il faut que j’aille àl’office ; c’est la dernière fois que je reçois ici.

Elle sort.

L’ABBÉ, seul.

Il me semble que j’entends du bruit dans lapièce attenante à ce salon. Ne serait-ce point la jeunefille ? Hélas ! ceci est inconsidéré !

CÉCILE, en dehors.

Monsieur l’abbé, voulez-vousm’ouvrir ?

L’ABBÉ.

Mademoiselle, je ne le puis sans autorisation préalable.

CÉCILE, de même.

La clef est là, sous le coussin de lacauseuse ; vous n’avez qu’à la prendre, et vousm’ouvrirez.

L’ABBÉ, prenant la clef.

Vous avez raison, mademoiselle, la clef s’ytrouve effectivement ; mais je ne puis m’en servir d’aucunefaçon, bien contrairement à mon vouloir.

CÉCILE, de même.

Ah, mon Dieu ! je me trouvemal !

L’ABBÉ.

Grand Dieu ! rappelez vos esprits. Jevais quérir madame la baronne. Est-il possible qu’un accidentfuneste vous ait frappée si subitement ? Au nom du ciel !mademoiselle, répondez-moi, que ressentez-vous ?

CÉCILE, de même.

Je me trouve mal ! je me trouvemal !

L’ABBÉ.

Je ne puis laisser expirer ainsi une sicharmante personne. Ma foi ! je prends sur moi d’ouvrir ;on en dira ce qu’on voudra.

Il ouvre la porte.

CÉCILE.

Ma foi, l’abbé, je prends sur moi de m’enaller ; on en dira ce qu’on voudra.

Elle sort en courant.

SCÈNE III

Un petit bois.

EntrentVAN BUCK et VALENTIN.

VALENTIN.

La lune se lève et l’orage passe. Voyez cesperles sur les feuilles : comme ce vent tiède les faitrouler ! À peine si le sable garde l’empreinte de nospas ; le gravier sec a déjà bu la pluie.

VAN BUCK.

Pour une auberge de hasard, nous n’avons pastrop mal dîné. J’avais besoin de ce fagot flambant ; mesvieilles jambes sont ragaillardies. Eh bien ! garçon,arrivons-nous ?

VALENTIN.

Voici le terme de notre promenade ; mais,si vous m’en croyez, à présent vous pousserez jusqu’à cette fermedont les fenêtres brillent là-bas. Vous vous mettrez au coin dufeu, et vous nous commanderez un grand bol de vin chaud avec dusucre et de la cannelle.

VAN BUCK.

Ne te feras-tu pas trop attendre ?Combien de temps vas-tu rester ici ? Songe du moins à toutestes promesses, et à être prêt en même temps que leschevaux.]

VALENTIN.

Je vous jure de n’entreprendre ni plus nimoins que ce dont nous sommes convenus. Voyez, mon oncle, comme jevous cède, et comme en tout je fais vos volontés. Au fait, dînerporte conseil, et je sens bien que la colère est quelquefoismauvaise amie. Capitulation de part et d’autre. Vous me permettezun quart d’heure d’amourette, et je renonce à toute espèce devengeance. La petite retournera chez elle, nous à Paris, et toutsera dit. Quant à la détestée baronne, je lui pardonne enl’oubliant.

VAN BUCK.

C’est à merveille ! et n’aie pas decrainte que tu manques de femmes pour cela. Il n’est pas dit qu’unevieille folle fera tort à d’honnêtes gens qui ont amassé un bienconsidérable, et qui ne sont point mal tournés. Vrai Dieu ! ilfait beau clair de lune ; cela me rappelle mon jeunetemps.

VALENTIN.

Ce billet doux que je viens de recevoir n’estpas si niais, savez-vous ? Cette petite fille a de l’esprit,et même quelque chose de mieux ; oui, il y a du cœur dans cestrois lignes ; je ne sais quoi de tendre et de hardi, devirginal et de brave en même temps ; le rendez-vous qu’ellem’assigne est, du reste, comme son billet. Regardez ce bosquet, ceciel, ce coin de verdure dans un lieu si sauvage. Ah ! que lecœur est un grand maître ! on n’invente rien de ce qu’iltrouve, et c’est lui seul qui choisit tout.

VAN BUCK.

Je me souviens qu’étant à la Haye, j’eus uneéquipée de ce genre. C’était, ma foi, un beau brin de fille :elle avait cinq pieds et quelques pouces, et une vraie moissond’appas. Quelles Vénus que ces Flamandes ! On ne sait ce quec’est qu’une femme à présent ; dans toutes vos beautésparisiennes, il y a moitié chair et moitié coton.

VALENTIN.

Il me semble que j’aperçois des lueurs quierrent là-bas dans la forêt. Qu’est-ce que cela voudraitdire ? nous traquerait-on à l’heure qu’il est ?

VAN BUCK.

C’est sans doute le bal qu’on prépare ;il y a fête ce soir au château.

VALENTIN.

Séparons-nous pour plus de sûreté ; dansune demi-heure, à la ferme.

VAN BUCK.

C’est dit. Bonne chance, garçon ; tu meconteras ton affaire, et nous en ferons quelque chanson ;c’était notre ancienne manière, pas de fredaine qui ne fit uncouplet.

Il chante.

Eh ! vraiment, oui, mademoiselle,

Eh ! vraiment, oui, nous serons trois.

Valentin sort. On voit des hommes qui portent des torches rôderà travers la forêt. Entrent la baronne et l’abbé.

LA BARONNE.

C’est clair comme le jour, elle est folle.C’est un vertige qui lui a pris.

L’ABBÉ.

Elle me crie : « Je me trouve mal ; » vousconcevez ma position.

VAN BUCK, chantant.

Il est donc bien vrai,

Charmante Colette,

Il est donc bien vrai

Que, pour votre fête,

Colin vous a fait…

Présent d’un bouquet.

LA BARONNE.

Et justement, dans ce moment-là, je voisarriver une voiture. Je n’ai eu que le temps d’appeler Dupré. Duprén’y était pas. On entre, on descend. C’était la marquise deValangoujar et le baron de Villebouzin.

L’ABBÉ.

Quand j’ai entendu ce premier cri, j’aihésité ; mais que voulez-vous faire ? Je la voyais là,sans connaissance, étendue à terre ; elle criait à tue-tête,et j’avais la clef dans ma main.

VAN BUCK, chantant.

Quand il vous l’offrit,

Charmante brunette,

Quand il vous l’offrit,

Petite Colette,

On dit qu’il vous prit…

Un frisson subit.

LA BARONNE.

Conçoit-on ça ? Je vous le demande. Mafille qui se sauve à travers champs, et trente voitures qui entrentensemble ! Je ne survivrai jamais à un pareil moment.

L’ABBÉ.

Encore si j’avais eu le temps, je l’auraispeut-être retenue par son châle, … ou du moins, … enfin, par mesprières, par mes justes observations.

VAN BUCK, chantant.

Dites à présent,

Charmante bergère,

Dites à présent

Que vous n’aimez guère

Qu’un amant constant…

Vous fasse un présent.

LA BARONNE.

C’est vous, Van Buck ? Ah ! mon cherami, nous sommes perdus ; qu’est-ce que ça veut dire ? Mafille est folle, elle court les champs ! Avez-vous idée d’unechose pareille ? J’ai quarante personnes chez moi ; mevoilà à pied par le temps qu’il fait. Vous ne l’avez pas vue dansle bois ? Elle s’est sauvée, c’est comme un rêve ; elleétait coiffée et poudrée d’un côté, c’est sa fille de chambre quime l’a dit. Elle est partie en souliers de satin blanc ; ellea renversé l’abbé qui était là, et lui a passé sur le corps. J’envais mourir ! Mes gens ne trouvent rien ; et il n’y a pasà dire, il faut que je rentre. Ce n’est pas votre neveu, parhasard, qui nous jouerait un tour pareil ? Je vous ai brusqué,n’en parlons plus. Tenez ! aidez-moi et faisons la paix. Vousêtes mon vieil ami, pas vrai ? Je suis mère, Van Buck.Ah ! cruelle fortune ! cruel hasard ! que t’ai-jedonc fait ?

Elle se met à pleurer.

VAN BUCK.

Est-il possible, madame la baronne ? vousseule à pied ! vous, cherchant votre fille ! GrandDieu ! vous pleurez ! Ah ! malheureux que jesuis !

L’ABBÉ.

Sauriez-vous quelque chose, monsieur ? Degrâce, prêtez-nous vos lumières.

VAN BUCK.

Venez, baronne, prenez mon bras, et Dieuveuille que nous les trouvions ! Je vous dirai tout ;soyez sans crainte. Mon neveu est homme d’honneur, et tout peutencore se réparer.

LA BARONNE.

Ah bah ! c’était un rendez-vous ?Voyez-vous la petite masque ! À qui se fierdésormais ?

Ils sortent.][x]

SCÈNE IV

[Une clairière dans lebois.]

EntrentCÉCILE et VALENTIN.

VALENTIN.

Qui est là ? Cécile, est-cevous ?

CÉCILE.

C’est moi. Que veulent dire ces torches et cesclartés dans la forêt ?

VALENTIN.

Je ne sais ; qu’importe ? Ce n’estpas pour nous.

CÉCILE.

Venez là, où la lune éclaire[ ; là, où vous voyez cerocher].

VALENTIN.

Non, venez là, où il fait sombre[ ; là, sous l’ombre de cesbouleaux]. Il est possible qu’on vouscherche, et il faut échapper aux yeux.

CÉCILE.

Je ne verrais pas votre visage ; venez,Valentin, obéissez.

VALENTIN.

Où tu voudras, charmante fille ; où tuiras, je te suivrai. [Ne m’ôte pascette main tremblante, laisse mes lèvres larassurer.]

CÉCILE.

Je n’ai pas pu venir plus vite. Y a-t-illongtemps que vous m’attendez ?

VALENTIN.

Depuis que la lune est dans le ciel ;regarde cette lettre trempée de larmes ; c’est le billet quetu m’as écrit.

CÉCILE.

Menteur ! C’est le vent et la pluie qui ont pleuré sur cepapier.

VALENTIN.

Non, ma Cécile, c’est la joie et l’amour,c’est le bonheur et le désir. Qui t’inquiète ? Pourquoi cesregards ? que cherches-tu autour de toi ?

CÉCILE.

C’est singulier ! je ne me reconnais pas.Où est votre oncle ? Je croyais le voir ici.

VALENTIN.

[Mon oncle estgris de chambertin ;] ta mèreest loin, et tout est tranquille. [Celieu est celui que tu as choisi, et que ta lettrem’indiquait.]

CÉCILE.

Votre oncle est gris ? – Pourquoi, cematin, se cachait-il dans la[charmille][xi] ?

VALENTIN.

Ce matin ? où donc ? que veux-tudire ? [Je me promenais seuldans le jardin.]

CÉCILE.

Ce matin, quand je vous ai parlé, votre oncleétait derrière [unarbre][xii].Est-ce que vous ne le saviez pas ? Je l’ai vu en détournantl’allée.

VALENTIN.

Il faut que tu te sois trompée ; je ne mesuis aperçu de rien.

CÉCILE.

Oh ! je l’ai bien vu ;[il écartait desbranches ;] c’était peut-êtrepour nous épier.

VALENTIN.

Quelle folie ! tu as fait un rêve. N’enparlons plus. Donne-moi un baiser.

CÉCILE.

Oui, mon ami, et de tout mon cœur ;asseyez-vous là près de moi. – Pourquoi donc, dans votre lettred’hier, avez-vous dit du mal de ma mère ?

VALENTIN.

Pardonne-moi : c’est un moment de délire,et je n’étais pas maître de moi.

CÉCILE.

Elle m’a demandé cette lettre, et je n’osaisla lui montrer ; je savais ce qui allait arriver. Mais quiest-ce donc qui l’avait avertie ? Elle n’a pourtant rien pudeviner ; la lettre était là, dans ma poche.

VALENTIN.

Pauvre enfant ! on t’a maltraitée ;c’est ta femme de chambre qui t’aura trahie.[À qui se fier en pareilcas ?]

CÉCILE.

Oh non ! ma femme de chambre estsûre ; il n’y avait que faire de lui donner de l’argent. Maisen manquant de respect pour ma mère, vous deviez penser que vous enmanquiez pour moi.

VALENTIN.

N’en parlons plus, puisque tu me pardonnes. Negâtons pas un si précieux moment. Ô ma Cécile ! que tu esbelle, et quel bonheur repose en toi ! Par quels serments, parquels trésors puis-je payer tes douces caresses ?[Ah ! la vie n’y suffirait pas.Viens sur mon cœur ; que le tien le sente battre, et que cebeau ciel les emporte àDieu !]

CÉCILE.

Oui, Valentin, mon cœur est sincère.[Sentez mes cheveux comme ils sontdoux ; j’ai de l’iris de ce côté-là, mais je n’ai pas pris letemps d’en mettre de l’autre.] –Pourquoi donc, pour venir chez nous, avez-vous caché votrenom ?

VALENTIN.

Je ne puis le dire : c’est un caprice,une gageure que j’avais faite.

CÉCILE.

Une gageure ! Avec qui donc ?

VALENTIN.

Je n’en sais plus rien. Qu’importent cesfolies ?

CÉCILE.

Avec votre oncle peut-être ; n’est-cepas ?

VALENTIN.

Oui. Je t’aimais, et je voulais te connaître,et que personne ne fut entre nous.

CÉCILE.

Vous avez raison. À votre place j’aurais voulu faire commevous.

VALENTIN.

Pourquoi es-tu si curieuse, et à quoi bontoutes ces questions ? Ne m’aimes-tu pas, ma belleCécile ? Réponds-moi oui, et que tout soit oublié.

CÉCILE.

Oui, cher, oui, Cécile vous aime, et ellevoudrait être plus digne d’être aimée ; mais c’est assezqu’elle le soit pour vous. Mettez vos deux mains dans les miennes.– Pourquoi donc m’avez-vous refusée tantôt quand je vous ai prié àdîner ?

VALENTIN.

Je voulais partir : j’avais affaire cesoir.

CÉCILE.

Pas grande affaire, ni bien loin, il mesemble ; car vous êtes descendu au bout de l’avenue.

VALENTIN.

Tu m’as vu ? comment lesais-tu ?

CÉCILE.

Oh ! je guettais. Pourquoi m’avez-vousdit que vous ne dansiez pas la mazourke ? je vous l’ai vudanser l’autre hiver.

VALENTIN.

Où donc ? je ne m’en souviens pas.

CÉCILE.

Chez madame de Gesvres, au bal déguisé.Comment ne vous en souvenez-vous pas ? Vous me disiez dansvotre lettre d’hier que vous m’aviez vue cet hiver ; c’étaitlà.

VALENTIN.

Tu as raison ; je m’en souviens. Regardecomme cette nuit est pure ![Comme ce vent soulève sur tesépaules cette gaze avare qui les entoure ! Prêtel’oreille : c’est la voix de la nuit, c’est le chant del’oiseau qui invite au bonheur. Derrière cette roche élevée, nulregard ne peut nous découvrir.] Toutdort, excepté ce qui s’aime. Laisse ma main écarter ce voile, etmes deux bras le remplacer.

CÉCILE.

Oui, mon ami. Puissé-je vous semblerbelle ! Mais ne m’ôtez pas votre main ; je sens que moncœur est dans la mienne, et qu’il va au vôtre par là. – Pourquoidonc vouliez-vous partir et faire semblant d’aller àParis ?

VALENTIN.

Il le fallait ; c’était pour mon oncle.Osais-je, d’ailleurs, prévoir que tu viendrais à cerendez-vous ? Oh ! que je tremblais-en écrivant cettelettre, et que j’ai souffert en l’attendant !

CÉCILE.

Pourquoi ne serais-je pas venue, puisque jesais que vous m’épouserez ?

Valentin se lève et fait quelques pas.

Qu’avez-vous donc ? qui vouschagrine ? Venez-vous rasseoir près de moi.

VALENTIN.

Ce n’est rien : j’ai cru, – j’ai cruentendre, – j’ai cru voir quelqu’un de ce côté.

CÉCILE.

Nous sommes seuls : soyez sans crainte.Venez donc. Faut-il me lever ? ai-je dit quelque chose quivous ait blessé ? votre visage n’est plus le même. Est-ceparce que j’ai gardé mon châle, quoique vous vouliez que jel’ôtasse ? [C’est qu’il faitfroid ; je suis en toilette de bal. Regardez donc mes souliersde satin. Qu’est-ce que cette pauvre Henriette vapenser ?] Maisqu’avez-vous ? vous ne répondez pas ; vous êtes triste.Qu’ai-je donc pu vous dire ? C’est par ma faute, je levois.

VALENTIN.

Non, je vous le jure, vous vous trompez ;c’est une pensée involontaire qui vient de me traverserl’esprit.

CÉCILE.

Vous me disiez « tu » tout àl’heure, et même, je crois, un peu légèrement. Quelle est donccette mauvaise pensée qui vous a frappé tout à coup ? Vousai-je déplu ? Je serais bien à plaindre ! Il me semblepourtant que je n’ai rien dit de mal. Mais si vous aimez mieuxmarcher, je ne veux pas rester assise.

Elle se lève.

Donnez-moi le bras, et promenons-nous.Savez-vous une chose ? Ce matin, je vous avais fait monterdans votre chambre un bon bouillon que Henriette avait fait. Quandje vous ai rencontré, je vous l’ai dit ; j’ai cru que vous nevouliez pas le prendre et que cela vous déplaisait. J’ai repassétrois fois dans l’allée, m’avez-vous vue ? Alors vous êtesmonté ; je suis allée me mettre devant le parterre, et je vousai vu par votre croisée ; vous teniez la tasse à deux mains,et vous avez bu tout d’un trait. Est-ce vrai ? l’avez-voustrouvé bon ?

VALENTIN.

Oui, chère enfant, le meilleur du monde[, bon comme ton cœur et commetoi].

CÉCILE.

Ah ! quand nous serons mari et femme, jevous soignerai mieux que cela. Mais, dites-moi, qu’est-ce que celaveut dire, de s’aller jeter dans un fossé ? risquer de setuer, et pourquoi faire ? Vous saviez bien être reçu cheznous. Que vous ayez voulu arriver tout seul, je le comprends ;mais à quoi bon le reste ? Est-ce que vous aimez lesromans ?

VALENTIN.

Quelquefois. Allons donc nous rasseoir.

Ils se rassoient.

CÉCILE.

Je vous avoue qu’ils ne me plaisentguère ; ceux que j’ai lus ne signifient rien. Il me semble quece ne sont que des mensonges, et que tout s’y invente à plaisir. Onn’y parle que de séductions, de ruses, d’intrigues, de mille chosesimpossibles. Il n’y a que les sites qui m’en plaisent ; j’enaime les paysages et non les tableaux. Tenez, par exemple, ce soir,quand j’ai reçu votre lettre et que j’ai vu qu’il s’agissait d’unrendez-vous dans le bois, c’est vrai que j’ai cédé à une envie d’yvenir qui tient bien un peu du roman ; mais c’est que j’y aitrouvé aussi un peu de réel à mon avantage. Si ma mère le sait, etelle le saura, vous comprenez qu’il faut qu’on nous marie. Quevotre oncle soit brouillé ou non avec elle, il faudra bien seraccommoder. J’étais honteuse d’être enfermée, et, au fait,pourquoi l’ai-je été ? L’abbé est venu, j’ai fait lamorte ; il m’a ouvert, et je me suis sauvée : voilà maruse ; je vous la donne pour ce qu’elle vaut.

VALENTIN, à part.

Suis-je un renard pris à son piège, ou un fouqui revient à la raison ?

CÉCILE.

Eh bien ! vous ne me répondez pas. Est-ceque cette tristesse va durer toujours ?

VALENTIN.

Vous me paraissez savante pour votre âge, eten même temps aussi étourdie que moi, qui le suis comme le premiercoup de matines.

CÉCILE.

Pour étourdie, j’en dois convenir ici ;mais, mon ami, c’est que je vous aime. Vous le dirai-je ? jesavais que vous m’aimiez, et ce n’est pas d’hier que je m’endoutais. Je ne vous ai vu que trois fois à ce bal ; mais j’aidu cœur et je m’en souviens. Vous avez valsé avec mademoiselle deGesvres, et, en passant contre la porte, son épingle à l’italiennea rencontré le panneau, et ses cheveux se sont déroulés sur elle.Vous en souvenez-vous maintenant ? Ingrat ! Le premiermot de votre lettre disait que vous vous en souveniez. Aussi commele cœur m’a battu ! Tenez ! croyez-moi, c’est là ce quiprouve qu’on aime, et c’est pour cela que je suis ici.

VALENTIN, à part.

Ou j’ai sous le bras le plus rusé démon quel’enfer ait jamais vomi, ou la voix qui me parle est celle d’unange ; et elle m’ouvre le chemin des cieux.

CÉCILE.

Pour savante, c’est une autre affaire ;[mais je veux répondre, puisque vousne dites rien. Voyons ! savez-vous ce que c’est quecela ?

VALENTIN.

Quoi ? cette étoile à droite de cetarbre ?

CÉCILE.

Non, celle-là qui se montre à peine et quibrille comme une larme.

VALENTIN.

Vous avez lu madame de Staël ?

CÉCILE.

Oui, ce mot de larme me plaît, je ne saispourquoi, comme les étoiles. Un beau ciel pur me donne envie depleurer.

VALENTIN.

Et à moi envie de t’aimer, de te le dire et devivre pour toi. Cécile, sais-tu à qui tu parles, et quel estl’homme qui ose t’embrasser ?

CÉCILE.

Dites-moi donc le nom de mon étoile. Vous n’enêtes pas quitte à si bon marché.

VALENTIN.

Eh bien ! c’est Vénus, l’astre del’amour, la plus belle perle de l’océan des nuits.

CÉCILE.

Non pas ; c’en est une plus chaste etbien plus digne de respect ; vous apprendrez à l’aimer unjour, quand vous vivrez dans les métairies et que vous aurez despauvres à vous : admirez-la, et gardez-vous de sourire ;c’est Cérès, déesse du pain.][xiii]

VALENTIN.

Tendre enfant ! je devine ton cœur ;tu fais la charité, n’est-ce pas ?

CÉCILE.

C’est ma mère qui me l’a appris ; il n’ya pas de meilleure femme au monde.

VALENTIN.

Vraiment ? je ne l’aurais pas cru.

CÉCILE.

Ah ! mon ami, ni vous ni bien d’autres,vous ne vous doutez de ce qu’elle vaut. Qui a vu ma mère un quartd’heure croit la juger sur quelques mots au hasard. Elle passe lejour à jouer aux cartes et le soir à faire du tapis ; elle nequitterait pas son piquet pour un prince ; mais que Duprévienne, et qu’il lui parle bas, vous la verrez se lever de table,si c’est un mendiant qui attend. [Quede fois nous sommes allées ensemble, en robe de soie, comme je suislà, courir les sentiers de la vallée, portant la soupe et lebouilli, des souliers, du linge, à de pauvresgens !] Que de fois j’ai vu, àl’église, les yeux des malheureux s’humecter de pleurs lorsque mamère les regardait ! Allez ! elle a droit d’être fière,et je l’ai été d’elle quelquefois !

[VALENTIN.

Tu regardes toujours ta larme céleste ;et moi aussi, niais dans tes yeux bleus.

CÉCILE.

Que le ciel est grand ! que ce monde estheureux ! que la nature est calme et bienfaisante !

VALENTIN.

Veux-tu aussi que je te fasse de la science etque je te parle astronomie ? Dis-moi, dans cette poussière demondes, y en a-t-il un qui ne sache sa route, qui n’ait reçu samission avec la vie, et qui ne doive mourir enl’accomplissant ? Pourquoi ce ciel immense n’est-il pasimmobile ? Dis-moi, s’il y a jamais eu un moment où tout futcréé, en vertu de quelle force ont-ils commencé à se mouvoir, cesmondes qui ne s’arrêteront jamais ?

CÉCILE.

Par l’éternelle pensée.

VALENTIN.

Par l’éternel amour. La main qui les suspenddans l’espace n’a écrit qu’un mot en lettres de feu. Ils viventparce qu’ils se cherchent, et les soleils tomberaient en poussièresi l’un d’entre eux cessait d’aimer.

CÉCILE.

Ah ! toute la vie est là !

VALENTIN.

Oui, toute la vie, – depuis l’Océan qui sesoulève sous les pâles baisers de Diane jusqu’au scarabée quis’endort jaloux dans sa fleur chérie. Demande aux forêts et auxpierres ce qu’elles diraient si elles pouvaient parler. Elles ontl’amour dans le cœur et ne peuvent l’exprimer. Je t’aime !voilà ce que je sais, ma chère ; voilà ce que cette fleur tedira, elle qui choisit dans le sein de la terre les sucs quidoivent la nourrir ; elle qui écarte et repousse les élémentsimpurs qui pourraient ternir sa fraîcheur ! Elle sait qu’ilfaut qu’elle soit belle au jour, et qu’elle meure dans sa robe denoce devant le soleil qui l’a créée. J’en sais moins qu’elle enastronomie ; donne-moi ta main, tu en sais plus en amour.

CÉCILE.

J’espère, du moins, que ma robe de noce nesera pas mortellement belle.] Il mesemble qu’on rôde autour de nous.

VALENTIN.

Non, tout se tait. N’as-tu pas peur ?Es-tu venue ici sans trembler ?

CÉCILE.

Pourquoi ? De quoi aurais-je peur ?Est-ce de vous, ou de la nuit ?

VALENTIN.

Pourquoi pas de moi ? qui terassure ? Je suis jeune, tu es belle, et nous sommesseuls.

CÉCILE.

Eh bien ! quel mal y a-t-il àcela ?

VALENTIN.

C’est vrai, il n’y a aucun mal ;écoutez-moi, et laissez-moi me mettre à genoux.

CÉCILE.

Qu’avez-vous donc ? vous frissonnez.

VALENTIN.

Je frissonne de crainte et de joie, car jevais t’ouvrir le fond de mon cœur. Je suis un fou de la plusméchante espèce, quoique, dans ce que je vais t’avouer, il n’y aitqu’à hausser les épaules. [Je n’aifait que jouer, boire et fumer depuis que j’ai mes dents desagesse.] Tu m’as dit que les romanste choquent ; j’en ai beaucoup lu, et des plus mauvais. Il yen a un qu’on nomme Clarisse Harlowe ; je te le donnerai àlire quand tu seras ma femme. Le héros aime une belle fille commetoi, ma chère, et il veut l’épouser ; mais auparavant il veutl’éprouver. Il l’enlève et l’emmène à Londres ; après quoi,comme elle résiste, Bedfort arrive, … c’est-à-dire Tomlinson, uncapitaine, … je veux dire Morden, … non, je me trompe… Enfin, pourabréger, … Lovelace est un sot, et moi aussi, d’avoir voulu suivreson exemple… Dieu soit loué ! tu ne m’as pas compris ;…je t’aime, je t’épouse : il n’y a de vrai au monde que dedéraisonner d’amour.

Entrent Van Buck, la baronne, l’abbé et plusieurs domestiquesqui les éclairent.

LA BARONNE.

Je ne crois pas un mot de ce que vous dites.Il est trop jeune pour une noirceur pareille.

VAN BUCK.

Hélas ! madame, c’est la vérité.

LA BARONNE.

Séduire ma fille ! tromper unenfant ! déshonorer une famille entière ! Chanson !Je vous dis que c’est une sornette ; on ne fait plus de ceschoses-là. Tenez ! les voilà qui s’embrassent. Bonsoir, mongendre ; où diable vous fourrez-vous ?

L’ABBÉ.

Il est fâcheux que nos recherches soientcouronnées d’un si tardif succès ; toute la compagnie va êtrepartie.

[VAN BUCK.

Ah çà ! mon neveu, j’espère bien qu’avecvotre sotte gageure…

VALENTIN.

Mon oncle, il ne faut jurer de rien, et encoremoins défier personne.]

FIN.

 

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