La Philosophie dans le boudoir ou Les Instituteurs immoraux

TROISIÈME DIALOGUE

La scène est dans un boudoirdélicieux.

MME DE SAINT-ANGE, EUGÉNIE,DOLMANCÉ

EUGÉNIE, très surprise de voir dans ce cabinet un hommequ’elle n’attendait pas&|160;: Oh dieu, ma chère amie, c’estune trahison&|160;!

MME DE SAINT-ANGE, également surprise&|160;: Par quelhasard ici, monsieur, vous ne deviez ce me semble arriver qu’àquatre heures&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: On devance toujours le plus qu’on peut lebonheur de vous voir, madame&|160;; j’ai rencontré monsieur votrefrère, il a senti le besoin dont serait ma présence aux leçons quevous devez donner à mademoiselle, il savait que ce serait ici lelycée où se ferait le cours, il m’y a secrètement introduit,n’imaginant pas que vous le désapprouvassiez, et pour lui, comme ilsait que ses démonstrations ne seront nécessaires qu’après lesdissertations théoriques, il ne paraîtra que tantôt.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: En vérité, Dolmancé, voilà un tour…

EUGÉNIE&|160;: Dont je ne suis pas la dupe, ma bonne amie, toutcela est ton ouvrage…, au moins fallait-il me consulter…, me voilàd’une honte à présent qui, certainement, s’opposera à tous nosprojets.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Je te proteste, Eugénie, que l’idée decette surprise n’appartient qu’à mon frère&|160;; mais qu’elle net’effraie pas, Dolmancé que je connais pour un homme fort aimable,et précisément du degré de philosophie qu’il nous faut pour toninstruction, ne peut qu’être très utile à nos projets&|160;; àl’égard de sa discrétion, je te réponds de lui comme de moi.Familiarise-toi donc, ma chère, avec l’homme du monde le plus enétat de te former, et de te conduire dans la carrière du bonheur etles plaisirs que nous voulons parcourir ensemble.

EUGÉNIE, rougissant&|160;: Oh&|160;! je n’en suis pasmoins d’une confusion…

DOLMANCÉ&|160;: Allons, belle Eugénie, mettez-vous à votre aise…la pudeur est une vieille vertu dont vous devez, avec autant decharmes, savoir vous passer à merveille.

EUGÉNIE&|160;: Mais la décence…

DOLMANCÉ&|160;: Autre usage gothique, dont on fait bien peu casaujourd’hui. Il contrarie si fort la nature.

Dolmancé saisit Eugénie, la presse entre ses bras et labaise.

EUGÉNIE, se défendant&|160;: Finissez donc,monsieur…&|160;; en vérité, vous me ménagez bien peu.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Eugénie, crois-moi, cessons l’une etl’autre d’être prudes avec cet homme charmant&|160;; je ne leconnais pas plus que toi, regarde pourtant comme je me livre à lui(elle le baise lubriquement sur la bouche)&|160;;imite-moi.

EUGÉNIE&|160;: Oh&|160;! je le veux bien&|160;; de quiprendrais-je de meilleurs exemples&|160;!

Elle se livre à Dolmancé qui la baise ardemment langue enbouche.

DOLMANCÉ&|160;: Ah&|160;! l’aimable et délicieuse créature.

MME DE SAINT-ANGE, la baisant de même&|160;: Crois-tudonc, petite friponne, que je n’aurai pas également montour&|160;?

Ici Dolmancé les tenant l’une et l’autre dans ses bras, leslangote un quart d’heure toutes deux, et toutes deux se le rendentet le lui rendent.

DOLMANCÉ&|160;: Ah&|160;! voilà des préliminaires qui m’enivrentde volupté&|160;! Mesdames, voulez-vous m’en croire, il faitextraordinairement chaud, mettons-nous à notre aise, nous jaseronsinfiniment mieux.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: J’y consens&|160;; revêtons-nous de cessimarres de gaze&|160;; elles ne voileront de nos attraits que cequ’il faut cacher au désir.

EUGÉNIE&|160;: En vérité, ma bonne, vous me faites faire deschoses…

MME DE SAINT-ANGE, l’aidant à se déshabiller&|160;:Tout à fait ridicules, n’est-ce pas&|160;?

EUGÉNIE&|160;: Au moins bien indécentes, en vérité… eh&|160;!comme tu me baises&|160;!

MME DE SAINT-ANGE&|160;: La jolie gorge… c’est une rose à peineépanouie.

DOLMANCÉ, considérant les tétons d’Eugénie sans lestoucher&|160;: Et qui promet d’autres appas… infiniment plusestimables.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Plus estimables&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Oh&|160;! oui, d’honneur&|160;!

En disant cela, Dolmancé fait mine de retourner Eugénie pourl’examiner par-derrière.

EUGÉNIE&|160;: Oh&|160;! non, non, je vous en conjure.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Non, Dolmancé…, je ne veux pas que vousvoyiez encore… un objet dont l’empire est trop grand sur vous, pourque l’ayant une fois dans la tête, vous puissiez ensuite raisonnerde sens-froid[1] . Nous avons besoin de vos leçons,donnez-nous-les, et les myrtes que vous voulez cueillir formerontensuite votre couronne.

DOLMANCÉ&|160;: Soit, mais pour démontrer, pour donner à ce belenfant les premières leçons du libertinage, il faut bien au moinsvous, madame, que vous ayez la complaisance de vous prêter.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: À la bonne heure… Eh bien&|160;! tenez,me voilà toute nue, dissertez sur moi autant que vous voudrez.

DOLMANCÉ&|160;: Ah&|160;! le beau corps… C’est Vénus, elle-même,embellie par les grâces&|160;!

EUGÉNIE&|160;: Oh&|160;! ma chère amie, que d’attraits,laissez-moi les parcourir à mon aise, laissez-moi les couvrir debaisers.

Elle exécute.

DOLMANCÉ&|160;: Quelles excellentes dispositions&|160;! Un peumoins d’ardeur, belle Eugénie, ce n’est que de l’attention que jevous demande pour ce moment-ci.

EUGÉNIE&|160;: Allons, j’écoute, j’écoute… C’est qu’elle est sibelle… si potelée, si fraîche&|160;: ah&|160;! comme elle estcharmante, ma bonne amie, n’est-ce pas, monsieur&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Elle est belle, assurément… parfaitementbelle&|160;; mais je suis persuadé que vous ne le lui cédez enrien… Allons, écoutez-moi, jolie petite élève, ou craignez que, sivous n’êtes pas docile, je n’use sur vous des droits que me donneamplement le titre de votre instituteur.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Oh&|160;! oui, oui, Dolmancé, je vousla livre, il faut la gronder d’importance si elle n’est passage.

DOLMANCÉ&|160;: Je pourrais bien ne pas m’en tenir auxremontrances.

EUGÉNIE&|160;: Oh, juste ciel&|160;! vous m’effrayez… etqu’entreprendriez-vous donc, monsieur&|160;?

DOLMANCÉ, balbutiant et baisant Eugénie sur labouche&|160;: Des châtiments… des corrections, et ce jolipetit cul pourrait bien me répondre des fautes de la tête.

Il le lui frappe au travers de la simarre de gaze dont estmaintenant vêtue Eugénie.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Oui, j’approuve le projet, mais non pasle geste. Commençons notre leçon, ou le peu de temps que nous avonsà jouir d’Eugénie va se passer ainsi en préliminaires, etl’instruction ne se fera point.

DOLMANCÉ (il touche à mesure, surMme&|160;de&|160;Saint-Ange, toutes les parties qu’ildémontre)&|160;: Je commence.

Je ne parlerai point de ces globes de chair, vous savez aussibien que moi, Eugénie, que l’on les nomme indifféremment gorge,seins, tétons&|160;; leur usage est d’une grande vertu dans leplaisir, un amant les a sous les yeux en jouissant, il les caresse,il les manie, quelques-uns en forment même le siège de lajouissance, et leur membre se nichant entre les deux monts deVénus, que la femme serre et comprime sur ce membre, au bout dequelques mouvements, certains hommes parviennent à répandre là lebaume délicieux de la vie, dont l’écoulement fait tout le bonheurdes libertins… Mais ce membre sur lequel il faudra disserter sanscesse, ne serait-il pas à propos, madame, d’en donner unedissertation à notre écolière&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Je le crois de même.

DOLMANCÉ&|160;: Eh bien&|160;! madame, je vais m’étendre sur cecanapé, vous vous placerez près de moi, vous vous emparerez dusujet, et vous en expliquerez vous-même les propriétés à notrejeune élève.

Dolmancé se place et Mme&|160;de&|160;Saint-Angedémontre.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Ce sceptre de Vénus, que tu vois soustes yeux, Eugénie, est le premier agent des plaisirs de l’amour, onle nomme membre par excellence&|160;: il n’est pas une seule partiedu corps humain dans lequel il ne s’introduise&|160;; toujoursdocile aux passions de celui qui le meut, tantôt il se niche là(elle touche le con d’Eugénie), c’est sa route ordinaire…,la plus usitée, mais non pas la plus agréable&|160;; recherchant untemple plus mystérieux, c’est souvent ici (elle écarte sesfesses et montre le trou de son cul) que le libertin cherche àjouir&|160;: nous reviendrons sur cette jouissance la plusdélicieuse de toutes&|160;; la bouche, le sein, les aisselles luiprésentent souvent encore des autels où brûle son encens&|160;; etquel que soit enfin celui de tous les endroits qu’il préfère, on levoit, après s’être agité quelques instants, lancer une liqueurblanche et visqueuse dont l’écoulement plonge l’homme dans undélire assez vif pour lui procurer les plaisirs les plus doux qu’ilpuisse espérer de sa vie.

EUGÉNIE&|160;: Oh&|160;! que je voudrais voir couler cetteliqueur&|160;!

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Cela se pourrait par la simplevibration de ma main&|160;; vois comme il s’irrite à mesure que jele secoue, ces mouvements se nomment pollution et, enterme de libertinage, cette action s’appelle branler.

EUGÉNIE&|160;: Oh&|160;! ma chère amie, laisse-moi branler cebeau membre.

DOLMANCÉ&|160;: Je n’y tiens pas&|160;! laissons-la faire,madame, cette ingénuité me fait horriblement bander.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Je m’oppose à cette effervescence,Dolmancé, soyez sage, l’écoulement de cette semence, en diminuantl’activité de vos esprits animaux ralentirait la chaleur de vosdissertations.

EUGÉNIE, maniant les testicules de Dolmancé&|160;:Oh&|160;! que je suis fâchée, ma bonne amie, de la résistance quetu mets à mes désirs… Et ces boules, quel est leur usage, etcomment les nomme-t-on&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Le mot technique estcouilles,… testicules est celui de l’art. Ces boulesrenferment le réservoir de cette semence prolifique dont je viensde te parler, et dont l’éjaculation dans la matrice de la femme,produit l’espèce humaine&|160;; mais nous appuierons peu sur cesdétails, Eugénie, plus dépendants de la médecine que dulibertinage. Une jolie fille ne doit s’occuper que defoutre et jamais d’engendrer. Nous glisserons surtout ce qui tient au plat mécanisme de la population, pour nousattacher principalement et uniquement aux voluptés libertines dontl’esprit n’est nullement populateur.

EUGÉNIE&|160;: Mais, ma chère amie, lorsque ce membre énorme,qui peut à peine tenir dans ma main, pénètre, ainsi que tum’assures que cela se peut, dans un trou aussi petit que celui deton derrière, cela doit faire une bien grande douleur à lafemme.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Soit que cette introduction se fassepar-devant, soit qu’elle se fasse par-derrière, lorsqu’une femmen’y est pas encore accoutumée, elle y éprouve toujours de ladouleur. Il a plu à la Nature de ne nous faire arriver au bonheurque par des peines&|160;; mais, une fois vaincue, rien ne peutrendre les plaisirs que l’on goûte, et celui qu’on éprouve àl’introduction de ce membre dans nos culs, est incontestablementpréférable à tous ceux que peut procurer cette même introductionpar-devant&|160;; que de dangers, d’ailleurs, n’évite pas une femmealors&|160;! moins de risques pour sa santé, et plus aucuns pour lagrossesse. Je ne m’étends pas davantage à présent sur cettevolupté&|160;: notre maître à toutes deux, Eugénie, l’analyserabientôt amplement, et joignant la pratique à la théorie, teconvaincra, j’espère, ma toute bonne, que de tous les plaisirs dela jouissance, c’est le seul que tu doives préférer.

DOLMANCÉ&|160;: Dépêchez vos démonstrations, madame, je vous enconjure, je n’y puis plus tenir, je déchargerai malgré moi, et ceredoutable membre réduit à rien, ne pourrait plus servir à vosleçons.

EUGÉNIE&|160;: Comment&|160;! il s’anéantirait, ma bonne, s’ilperdait cette semence dont tu parles… Oh&|160;! laisse-moi la luifaire perdre, pour que je voie comme il deviendrait… et puisj’aurais tant de plaisir à voir couler cela.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Non, non, Dolmancé, levez-vous, songezque c’est là le prix de vos travaux, et que je ne puis vous lelivrer qu’après que vous l’aurez mérité.

DOLMANCÉ&|160;: Soit&|160;; mais pour mieux convaincre Eugéniede tout ce que nous allons lui débiter sur le plaisir, quelinconvénient y aurait-il que vous la branliez devant moi, parexemple&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Aucun, sans doute, et j’y vais procéderavec d’autant plus de joie, que cette épisode lubrique ne pourraqu’aider nos leçons. Place-toi sur ce canapé, ma toute bonne.

EUGÉNIE&|160;: Oh dieu&|160;! la délicieuse niche&|160;! Maispourquoi toutes ces glaces&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: C’est pour que, répétant les attitudesen mille sens divers, elles multiplient à l’infini les mêmesjouissances aux yeux de ceux qui les goûtent sur cetteottomane&|160;; aucune des parties de l’un ou l’autre corps ne peutêtre cachée par ce moyen, il faut que tout soit en vue, ce sontautant de groupes rassemblés autour de ceux que l’amour enchaîne,autant d’imitateurs de leurs plaisirs, autant de tableaux délicieuxdont leur lubricité s’enivre, et qui servent bientôt à la compléterelle-même.

EUGÉNIE&|160;: Que cette invention est délicieuse&|160;!

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Dolmancé, déshabillez vous-même lavictime.

DOLMANCÉ&|160;: Cela ne sera pas difficile, puisqu’il ne s’agitque d’enlever cette gaze pour distinguer à nu les plus touchantsattraits. (Il la met nue, et ses premiers regards se portentaussitôt sur le derrière.) Je vais donc le voir ce cul divinet précieux que j’ambitionne avec tant d’ardeur… Sacredieu&|160;!que d’embonpoint et de fraîcheur, que d’éclat et d’élégance&|160;!…Je n’en vis jamais un plus beau.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Ah&|160;! fripon, comme tes premiershommages prouvent tes plaisirs et tes goûts&|160;!

DOLMANCÉ&|160;: Mais peut-il être au monde rien qui vaillecela&|160;? Où l’Amour aurait-il de plus divins autels&|160;?…Eugénie… sublime Eugénie, que j’accable ce cul des plus doucescaresses.

Il le manie et le baise avec transport.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Arrêtez, libertin, vous oubliez qu’àmoi seule appartient Eugénie, unique prix des leçons qu’elle attendde vous&|160;; ce n’est qu’après les avoir reçues qu’elle deviendravotre récompense&|160;: suspendez cette ardeur, ou je me fâche.

DOLMANCÉ&|160;: Ah&|160;! friponne&|160;; c’est de la jalousie…Eh bien, livrez-moi le vôtre, je vais l’accabler des mêmeshommages. (Il enlève la simarre deMme&|160;de&|160;Saint-Ange et lui caresse lederrière.) Ah&|160;! qu’il est beau, mon ange… qu’il estdélicieux aussi, que je les compare… que je les admire l’un près del’autre, c’est Ganymède à côté de Vénus. (Il les accable debaisers tous deux.) Afin de laisser toujours sous mes yeux lespectacle enchanteur de tant de beautés, ne pourriez-vous pas,madame, en vous enchaînant l’une à l’autre, offrir sans cesse à mesregards ces culs charmants que j’idolâtre&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: À merveille… Tenez, êtes-voussatisfait&|160;?

Elles s’enlacent l’une dans l’autre, de manière à ce queleurs deux culs soient en face de Dolmancé.

DOLMANCÉ&|160;: On ne saurait davantage&|160;: voilà précisémentce que je demandais&|160;; agitez maintenant ces beaux culs de toutle feu de la lubricité&|160;; qu’ils se baissent et se relèvent encadence, qu’ils suivent les impressions dont le plaisir va lesmouvoir… Bien, bien, c’est délicieux&|160;!

EUGÉNIE&|160;: Ah&|160;! ma bonne, que tu me fais de plaisir…Comment appelle-t-on ce que nous faisons là&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Se branler, ma mie,… se donnerdu plaisir&|160;; mais, tiens, changeons de posture, examine moncon… c’est ainsi que se nomme le temple de Vénus&|160;;cet antre que ta main couvre, examine-le bien, je vaisl’entrouvrir&|160;; cette élévation dont tu vois qu’il est couronnés’appelle la motte&|160;; elle se garnit de poilscommunément à quatorze ou quinze ans, quand une fille commence àêtre réglée. Cette languette qu’on trouve au-dessous se nomme leclitoris. Là gît toute la sensibilité des femmes, c’est lefoyer de toute la mienne&|160;; on ne saurait me chatouiller cettepartie sans me voir pâmer de plaisir… Essaie-le… Ah&|160;! petitefriponne, comme tu y vas… On dirait que tu n’as fait que cela touteta vie…, arrête… arrête… Non, te dis-je, je ne veux pas me livrer…Ah contenez-moi, Dolmancé, sous les doigts enchanteurs de cettejolie fille, je suis prête à perdre la tête.

DOLMANCÉ&|160;: Eh bien&|160;! pour attiédir, s’il se peut, vosidées en les variant, branlez-la vous-même&|160;; contenez-vous, etqu’elle seule se livre… Là, oui, dans cette attitude&|160;; sonjoli cul, de cette manière, va se trouver sous mes mains&|160;; jevais le polluer légèrement d’un doigt… Livrez-vous,Eugénie, abandonnez tous vos sens au plaisir, qu’il soit le seuldieu de votre existence&|160;; c’est à lui seul qu’une jeune filledoit tout sacrifier, et rien à ses yeux ne doit être aussi sacréque le plaisir.

EUGÉNIE&|160;: Ah&|160;! rien au moins n’est aussi délicieux, jel’éprouve… Je suis hors de moi… Je ne sais plus ce que je dis, nice que je fais… quelle ivresse s’empare de mes sens&|160;!

DOLMANCÉ&|160;: Comme la petite friponne décharge… Son anus seresserre à me couper le doigt… Qu’elle serait délicieuse à enculerdans cet instant&|160;!

Il se lève et présente son vit au trou du cul de la jeunefille.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Encore un moment de patience. Quel’éducation de cette chère fille nous occupe seule… Il est si douxde la former.

DOLMANCÉ&|160;: Eh bien&|160;! Tu le vois, Eugénie, après unepollution plus ou moins longue, les glandes séminales se gonflentet finissent par exhaler une liqueur dont l’écoulement plonge lafemme dans le transport le plus délicieux. Cela s’appelledécharger, quand ta bonne amie le voudra, je te ferai voirde quelle manière plus énergique et plus impérieuse cette mêmeopération se fait dans les hommes.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Attends, Eugénie, je vais maintenantt’apprendre une nouvelle manière de plonger une femme dans la plusextrême volupté, écarte bien tes cuisses… Dolmancé, vous voyez quede la façon dont je la place son cul vous reste, gamahuchez-le-luipendant que son con va l’être par ma langue, et faisons-la pâmerentre nous, ainsi, trois ou quatre fois de suite, s’il se peut. Tamotte est charmante, Eugénie, que j’aime à baiser ce petit poilfollet… Ton clitoris, que je vois mieux maintenant, est peu formé,mais bien sensible… Comme tu frétilles… Laisse-moi t’écarter…Ah&|160;! tu es bien sûrement vierge, dis-moi l’effet que tu vaséprouver dès que nos langues vont s’introduire, à la fois, dans tesdeux ouvertures.

On exécute.

EUGÉNIE&|160;: Ah&|160;! ma chère. C’est délicieux, c’est unesensation impossible à peindre&|160;; il me serait bien difficilede dire laquelle de vos deux langues me plonge mieux dans ledélire.

DOLMANCÉ&|160;: Par l’attitude où je me place, mon vit est trèsprès de vos mains, madame&|160;; daignez le branler, je vous prie,pendant que je suce ce cul divin. Enfoncez davantage votre langue,madame, ne vous en tenez pas à lui sucer le clitoris, faitespénétrer cette langue voluptueuse jusque dans la matrice, c’est lameilleure façon de hâter l’éjaculation de son foutre.

EUGÉNIE, se roidissant&|160;: Ah&|160;! je n’en peuxplus, je me meurs, ne m’abandonnez pas, mes amis, je suis prête àm’évanouir.

Elle décharge au milieu de ses deux instituteurs.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Eh bien&|160;! ma mie, comment tetrouves-tu du plaisir que nous t’avons donné&|160;?

EUGÉNIE&|160;: Je suis morte, je suis brisée…, je suis anéantie…Mais expliquez-moi, je vous prie, deux mots que vous avez prononcéset que je n’entends pas&|160;; d’abord que signifiematrice&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: C’est une espèce de vase ressemblant àune bouteille dont le cou embrasse le membre de l’homme, et quireçoit le foutre produit chez la femme par le suintement desglandes, et, dans l’homme, par l’éjaculation que nous te feronsvoir&|160;; et du mélange de ces liqueurs naît le germe qui produittour à tour des garçons ou des filles.

EUGÉNIE&|160;: Ah&|160;! j’entends&|160;; cette définitionm’explique en même temps le mot foutre que je n’avais pasd’abord bien compris. Et l’union des semences est-elle nécessaire àla formation du fœtus&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Assurément, quoiqu’il soit néanmoinsprouvé que ce fœtus ne doive son existence qu’au foutre del’homme&|160;; élancé seul, sans mélange avec celui de la femme, ilne réussirait cependant pas&|160;; mais celui que nous fournissonsne fait qu’élaborer, il ne crée point, il aide à la création, sansen être la cause&|160;; plusieurs naturalistes modernes prétendentmême qu’il est inutile, d’où les moralistes, toujours guidés par ladécouverte de ceux-ci, ont conclu, avec assez de vraisemblance,qu’en ce cas l’enfant formé du sang du père ne devait de tendressequ’à lui. Cette assertion n’est point sans apparence, et, quoiquefemme, je ne m’aviserais pas de la combattre.

EUGÉNIE&|160;: Je trouve dans mon cœur la preuve de ce que tu medis, ma bonne, car j’aime mon père à la folie, et je sens que jedéteste ma mère.

DOLMANCÉ&|160;: Cette prédilection n’a rien d’étonnant&|160;;j’ai pensé tout de même&|160;; je ne suis pas encore consolé de lamort de mon père, et lorsque je perdis ma mère, je fis un feu dejoie… je la détestais cordialement. Adoptez, sans crainte, cesmêmes sentiments, Eugénie, ils sont dans la nature. Uniquementformés du sang de nos pères, nous ne devons absolument rien à nosmères, elles n’ont fait d’ailleurs que se prêter dans l’acte, aulieu que le père l’a sollicité&|160;; le père a donc voulu notrenaissance pendant que la mère n’a fait qu’y consentir&|160;; quelledifférence pour les sentiments&|160;!

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Mille raisons de plus sont en tafaveur, Eugénie&|160;; s’il est une mère au monde qui doive êtredétestée, c’est assurément la tienne, acariâtre, superstitieuse,dévote, grondeuse… et d’une pruderie révoltante&|160;; je gageraisque cette bégueule n’a pas fait un faux pas dans sa vie&|160;;ah&|160;! ma chère, que je déteste les femmes vertueuses… mais nousy reviendrons.

DOLMANCÉ&|160;: Ne serait-il pas nécessaire, à présent,qu’Eugénie, dirigée par moi, apprît à rendre ce que vous venez delui prêter, et qu’elle vous branlât sous mes yeux&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: J’y consens, je le crois même utile, etsans doute que, pendant l’opération, vous voulez aussi voir moncul, Dolmancé&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Pouvez-vous douter, madame, du plaisir aveclequel je lui rendrai mes plus doux hommages&|160;?

MME DE SAINT-ANGE, lui présentant les fesses&|160;: Ehbien&|160;! me trouvez-vous comme il faut ainsi&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: À merveille, je puis au mieux vous rendre, decette manière, les mêmes services dont Eugénie s’est si bientrouvée. Placez-vous à présent, petite folle, la tête bien entreles jambes de votre amie, et rendez-lui, avec votre jolie langue,les mêmes soins que vous venez d’en obtenir. Comment donc&|160;!mais par l’attitude je pourrai posséder vos deux culs, je manieraidélicieusement celui d’Eugénie, en suçant celui de sa belle amie…Là, bien… Voyez comme nous sommes ensemble.

MME DE SAINT-ANGE, se pâmant&|160;: Je me meurs,sacredieu&|160;!… Dolmancé, que j’aime à toucher ton beau vit,pendant que je décharge… Je voudrais qu’il m’inondât de foutre…Branlez… sucez-moi, foutredieu&|160;! Ah&|160;! que j’aime à fairela putain quand mon sperme éjacule ainsi… C’est fini, jen’en puis plus… vous m’avez accablée tous les deux, je crois que demes jours je n’eus tant de plaisir.

EUGÉNIE&|160;: Que je suis aise d’en être la cause&|160;; maisun mot, chère amie, un mot vient de t’échapper encore, et je nel’entends pas. Qu’entends-tu par cette expression deputain&|160;? Pardon, mais tu sais que je suis ici pourm’instruire.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: On appelle de cette manière, ma toutebelle, ces victimes publiques de la débauche des hommes, toujoursprêtes à se livrer à leur tempérament ou à leur intérêt&|160;;heureuses et respectables créatures, que l’opinion flétrit, maisque la volupté couronne, et qui, bien plus nécessaires à la sociétéque les prudes, ont le courage de sacrifier pour la servir, laconsidération que cette société ose leur enlever injustement.Vivent celles que ce titre honore à leurs yeux&|160;! Voilà lesfemmes vraiment aimables, les seules véritablementphilosophes&|160;! Quant à moi, ma chère, qui depuis douze anstravaille à le mériter, je t’assure que loin de m’en formaliser, jem’en amuse&|160;; il y a mieux, j’aime qu’on me nomme ainsi quandon me fout, cette injure m’échauffe la tête.

EUGÉNIE&|160;: Oh&|160;! je le conçois, ma bonne, je ne seraispas fâchée non plus que l’on me l’adressât, encore bien moins d’enmériter le titre&|160;; mais la vertu ne s’oppose-t-elle pas à unetelle inconduite, et ne l’offensons-nous pas en nous comportantcomme nous le faisons&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Ah&|160;! renonce aux vertus, Eugénie, est-il unseul des sacrifices qu’on puisse faire à ces fausses divinités, quivaille une minute des plaisirs que l’on goûte en lesoutrageant&|160;? Va, la vertu n’est qu’une chimère dont le cultene consiste qu’à des immolations perpétuelles, qu’à des révoltessans nombre contre les inspirations du tempérament&|160;; de telsmouvements peuvent-ils être naturels&|160;? la Natureconseille-t-elle ce qui l’outrage&|160;? Ne sois pas la dupe,Eugénie, de ces femmes que tu entends nommer vertueuses, ce ne sontpas, si tu veux, les mêmes passions que nous qu’elles servent, maiselles en ont d’autres, et souvent bien plus méprisables… C’estl’ambition, c’est l’orgueil, ce sont des intérêts particuliers,souvent encore la froideur seule d’un tempérament qui ne leurconseille rien&|160;; devons-nous quelque chose à de pareils êtres,je le demande&|160;? n’ont-elles pas suivi les uniques impressionsde l’amour de soi&|160;? Est-il donc meilleur, plus sage, plus àpropos de sacrifier à l’égoïsme qu’aux passions&|160;? Pour moi, jecrois que l’un vaut bien l’autre, et qui n’écoute que cettedernière voix, a bien plus de raison sans doute, puisqu’elle estseule l’organe de la Nature, tandis que l’autre n’est que celle dela sottise et du préjugé. Une seule goutte de foutre éjaculée de cemembre, Eugénie, m’est plus précieuse que les actes les plussublimes d’une vertu que je méprise.

EUGÉNIE (Le calme s’étant un peu rétabli pendant cesdissertations, les femmes revêtues de leurs simarres, sont à demicouchées sur le canapé, et Dolmancé auprès d’elles dans un grandfauteuil)&|160;: Mais il est des vertus de plus d’une espèceque pensez-vous, par exemple, de la piété&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Que peut être cette vertu pour qui ne croit pasà la religion&|160;? et qui peut croire à la religion&|160;?Voyons, raisonnons avec ordre, Eugénie, n’appelez-vous pas religionle pacte qui lie l’homme à son Créateur, et qui l’engage à luitémoigner, par un culte, la reconnaissance qu’il a de l’existencereçue de ce sublime auteur&|160;?

EUGÉNIE&|160;: On ne peut mieux le définir.

DOLMANCÉ&|160;: Eh bien&|160;! s’il est démontré que l’homme nedoit son existence qu’aux plans irrésistibles de la Nature&|160;;s’il est prouvé qu’aussi ancien sur ce globe que le globe même, iln’est, comme le chêne, comme le lion, comme les minéraux qui setrouvent dans les entrailles de ce globe, qu’une productionnécessitée par l’existence du globe, et qui ne doit la sienne à quique ce soit&|160;; s’il est démontré que ce Dieu, que les sotsregardent comme auteur et fabricateur unique de tout ce que nousvoyons, n’est que le nec plus ultra de la raison humaine,que le fantôme créé à l’instant où cette raison ne voit plus rien,afin d’aider à ses opérations&|160;; s’il est prouvé quel’existence de ce Dieu est impossible, et que la Nature, toujoursen action, toujours en mouvement, tient d’elle-même ce qu’il plaîtaux sots de lui donner gratuitement&|160;; s’il est certain qu’àsupposer que cet être inerte existât, ce serait assurément le plusridicule de tous les êtres, puisqu’il n’aurait servi qu’un seuljour, et que depuis des millions de siècles il serait dans uneinaction méprisable&|160;; qu’à supposer qu’il existât, comme lesreligions nous le peignent, ce serait assurément le plus détestabledes êtres, puisqu’il permettrait le mal sur la terre, tandis que satoute-puissance pourrait l’empêcher&|160;; si, dis-je, tout cela setrouvait prouvé, comme cela l’est incontestablement, croyez-vousalors, Eugénie, que la piété qui lierait l’homme à ce Créateurimbécile, insuffisant, féroce et méprisable, fût une vertu biennécessaire&|160;?

EUGÉNIE, àMme&|160;de&|160;Saint-Ange&|160;: Quoi&|160;!réellement, mon aimable amie, l’existence de Dieu serait unechimère&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Et des plus méprisables, sansdoute.

DOLMANCÉ&|160;: Il faut avoir perdu le sens pour y croire&|160;;fruit de la frayeur des uns et de la faiblesse des autres, cetabominable fantôme, Eugénie, est inutile au système de la terre, ily nuirait infailliblement, puisque ses volontés, qui devraient êtrejustes, ne pourraient jamais s’allier avec les injusticesessentielles aux lois de la nature, qu’il devrait constammentvouloir le bien, et que la nature ne doit le désirer qu’encompensation du mal qui sert à ses lois, qu’il faudrait qu’il agîttoujours, et que la nature, dont cette action perpétuelle est unedes lois, ne pourrait que se trouver en concurrence et enopposition perpétuelle avec lui. Mais dira-t-on à cela que dieu etla nature sont la même chose, ne serait-ce pas une absurdité&|160;?La chose créée ne peut être égale à l’être créant&|160;; est-ilpossible que la montre soit l’horloger&|160;? Eh bien,continuera-t-on, la nature n’est rien, c’est dieu qui est tout,autre bêtise&|160;; il y a nécessairement deux choses dansl’univers, l’agent créateur, et l’individu créé&|160;; or, quel estcet agent créateur, voilà la seule difficulté qu’il faut résoudre,c’est la seule question à laquelle il faille répondre. Si lamatière agit, se meut, par des combinaisons qui nous sontinconnues, si le mouvement est inhérent à la matière, si elle seuleenfin peut, en raison de son énergie, créer, produire, conserver,maintenir, balancer dans les plaines immenses de l’espace tous lesglobes dont la vue nous surprend et dont la marche uniforme,invariable, nous remplit de respect et d’admiration, quel sera lebesoin de chercher alors un agent étranger à tout cela, puisquecette faculté active se trouve essentiellement dans la natureelle-même, qui n’est autre chose que la matière en action, votrechimère déifique éclaircira-t-elle quelque chose&|160;? Je défiequ’on puisse me le prouver&|160;; à supposer que je me trompe surles facultés internes de la matière, je n’ai du moins devant moiqu’une difficulté&|160;; que faites-vous en m’offrant votreDieu&|160;? vous m’en donnez une de plus, et comment voulez-vousque j’admette pour cause de ce que je ne comprends pas quelquechose que je comprends encore moins&|160;? Sera-ce au moyen desdogmes de la religion chrétienne que j’examinerai… que je mereprésenterai votre effroyable dieu, voyons un peu comme elle me lepeint, que vois-je dans le dieu de ce culte infâme, si ce n’est pasun être inconséquent et barbare, créant aujourd’hui un monde, de laconstruction duquel il se repent demain&|160;; qu’y vois-je, qu’unêtre faible qui ne peut jamais faire prendre à l’homme le pli qu’ilvoudrait. Cette créature quoique émanée de lui le domine, elle peutl’offenser et mériter par là des supplices éternels, quel êtrefaible que ce dieu-là&|160;! Comment, il a pu créer tout ce quenous voyons, et il lui est impossible de former un homme à saguise&|160;! Mais, me répondez-vous à cela, s’il l’eût créé tel,l’homme n’eût pas eu de mérite, quelle platitude&|160;! et quellenécessité y a-t-il à ce que l’homme mérite de son Dieu&|160;? En leformant tout à fait bon il n’aurait jamais pu faire le mal, et dece moment seul l’ouvrage était digne d’un Dieu, c’est tenterl’homme que de lui laisser un choix&|160;; or Dieu par saprescience infinie savait bien ce qu’il en résulterait&|160;; de cemoment c’est donc à plaisir qu’il perd la créature que lui-même aformée, quel horrible dieu que ce dieu-là, quel monstre&|160;! quelscélérat plus digne de notre haine et de notre implacablevengeance&|160;? Cependant, peu content d’une aussi sublimebesogne, il noie l’homme pour le convertir, il le brûle, il lemaudit, rien de tout cela ne le change, un être plus puissant quece vilain dieu, le Diable, conservant toujours son empire,pouvant toujours braver son auteur, parvient sans cesse par sesséductions à débaucher le troupeau que s’était réservé l’Éternel,rien ne peut vaincre l’énergie de ce démon sur nous&|160;;qu’imagine alors, selon vous, l’horrible dieu que vous prêchez, iln’a qu’un fils, un fils unique qu’il possède de je ne sais quelcommerce, car comme l’homme fout, il a voulu que son dieufoutît également&|160;; il détache du ciel cetterespectable portion de lui-même&|160;; on s’imagine peut-être quec’est sur des rayons célestes, au milieu du cortège des anges, à lavue de l’univers entier que celle sublime créature va paraître… Pasun mot&|160;; c’est dans le sein d’une putain juive&|160;; c’est aumilieu d’une étable à cochons que s’annonce le dieu qui vientsauver la terre&|160;; voilà la digne extraction qu’on luiprête&|160;; mais son honorable mission nousdédommagera-t-elle&|160;? Suivons un instant le personnage, quedit-il&|160;? que fait-il&|160;? quelle sublime missionrecevons-nous de lui&|160;? quel mystère va-t-il révéler&|160;?quel dogme va-t-il nous prescrire&|160;? dans quels actes enfin sagrandeur va-t-elle éclater&|160;? Je vois d’abord une enfanceignorée, quelques services, très libertins sans doute, rendus parce polisson, aux prêtres du temple de Jérusalem&|160;; ensuite unedisparution[2] de quinze ans, pendant laquelle le friponva s’empoisonner de toutes les rêveries de l’école égyptienne qu’ilrapporte enfin en Judée&|160;; à peine y reparaît-il que sa démencedébute par lui faire dire qu’il est le fils de dieu, égal à sonpère, il associe à cette alliance un autre fantôme qu’il appellel’esprit saint, et ces trois personnes assure-t-il, ne doivent enfaire qu’une&|160;; plus ce ridicule mystère étonne la raison, plusle faquin assure qu’il y a du mérite à l’adopter… de dangers àl’anéantir. C’est pour nous sauver tous, assure l’imbécile, qu’il apris chair, quoique dieu, dans le sein d’un enfant deshommes&|160;; et les miracles éclatants qu’on va lui voir opérer enconvaincront bientôt l’univers&|160;; dans un souper d’ivrognes, eneffet, le fourbe change, à ce qu’on dit, l’eau en vin&|160;; dansun désert il nourrit quelques scélérats avec des provisions cachéesque ses sectateurs préparèrent. Un de ses camarades fait le mort,notre imposteur le ressuscite. Il se transporte sur une montagne,et là, seulement devant deux ou trois de ses amis, il fait un tourde passe-passe dont rougirait le plus mauvais bateleur de nosjours. Maudissant d’ailleurs avec enthousiasme tous ceux qui necroient pas en lui, le coquin promet les cieux à tous les sots quil’écouteront&|160;; il n’écrit rien vu son ignorance, parle fortpeu vu sa bêtise, fait encore moins vu sa faiblesse, et lassant àla fin les magistrats, impatientés de ses discours séditieux,quoique fort rares, le charlatan se fait mettre en croix aprèsavoir assuré les gredins qui le suivent que, chaque fois qu’ilsl’invoqueront, il descendra vers eux pour s’en faire manger&|160;;on le supplicie, il se laisse faire&|160;; monsieur son Papa, ceDieu sublime, dont il ose dire qu’il descend, ne lui donne pas lemoindre secours, et voilà le coquin traité comme le dernier desscélérats, dont il était si digne d’être le chef. Ses satellitess’assemblent&|160;; «&|160;Nous voilà perdus, disent-ils, et toutesnos espérances évanouies, si nous ne nous sauvons par un coupd’éclat. Enivrons la garde qui entoure Jésus, dérobons son corps,publions qu’il est ressuscité, le moyen est sûr&|160;; si nousparvenons à faire croire cette friponnerie, notre nouvelle religions’étaie, se propage, elle séduit le monde entier…Travaillons&|160;»&|160;: le coup s’entreprend, il réussit&|160;; àcombien de fripons la hardiesse n’a-t-elle pas tenu lieu de mériteLe corps est enlevé, les sots, les femmes, les enfants crient, tantqu’ils le peuvent, au miracle, et cependant dans cette ville où desi grandes merveilles viennent de s’opérer, dans cette ville,teinte du sang d’un Dieu, personne ne veut croire à ce Dieu&|160;;pas une conversion ne s’y opère, il y a mieux&|160;: le fait est sipeu digne d’être transmis, qu’aucun historien n’en parle. Les seulsdisciples de cet imposteur pensent à tirer parti de la fraude, maisnon pas dans le moment, cette considération est encore bienessentielle&|160;; ils laissent écouler plusieurs années avant defaire usage de leur fourberie&|160;; ils érigent enfin sur ellel’édifice chancelant de leur dégoûtante doctrine&|160;; toutchangement plait aux hommes. Las du despotisme des empereurs, unerévolution devenait nécessaire&|160;: on écoute ces fourbes, leurprogrès devient très rapide, c’est l’histoire de toutes leserreurs. Bientôt les autels de Vénus et de Mars sont changés enceux de Jésus et de Marie, on publie la vie de l’imposteur, ce platroman trouve des dupes, on lui fait dire cent choses auxquelles iln’a jamais pensé&|160;; quelques-uns de ses propos saugrenusdeviennent aussitôt la base de sa morale, et comme cette nouveautése prêchait à des pauvres, la charité en devient la première vertu,des rites bizarres s’instituent sous le nom de sacrements,dont le plus indigne et le plus abominable de tous est celui parlequel un prêtre, couvert de crimes, a néanmoins, par la vertu dequelques paroles magiques, le pouvoir de faire arriver Dieu dans unmorceau de pain. N’en doutons pas, dès sa naissance même ce culteindigne eût été détruit sans ressource, si l’on n’eût employécontre lui que les armes du mépris qu’il méritait&|160;; mais ons’avisa de le persécuter, il s’accrut, le moyen était inévitable.Qu’on essaie encore aujourd’hui de le couvrir de ridicule, iltombera&|160;: l’adroit Voltaire n’employait jamais d’autres armes,et c’est de tous les écrivains celui qui peut se flatter d’avoirfait le plus de prosélytes. En un mot, Eugénie, telle estl’histoire de Dieu et de la religion&|160;; voyez le cas que cesfables méritent, et déterminez-vous sur leur compte.

EUGÉNIE&|160;: Mon choix n’est pas embarrassant, je méprisetoutes ces rêveries dégoûtantes, et ce Dieu même auquel je tenaisencore par faiblesse ou par ignorance, n’est plus pour moi qu’unobjet d’horreur.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Jure-moi bien de n’y plus penser, de net’en occuper jamais, de ne l’invoquer en aucun instant de ta vie,et de n’y revenir de tes jours.

EUGÉNIE, se précipitant sur le sein deMme&|160;de&|160;Saint-Ange&|160;: Ah&|160;! j’enfais le serment dans tes bras, ne m’est-il pas facile de voir quece que tu exiges est pour mon bien, et que tu ne veux pas que depareilles réminiscences puissent jamais troubler matranquillité.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Pourrais-je avoir d’autremotif&|160;?

EUGÉNIE&|160;: Mais, Dolmancé, c’est, ce me semble, l’analysedes vertus qui nous a conduits à l’examen des religions&|160;;revenons-y. N’existerait-il pas dans cette religion, toute ridiculequ’elle est, quelques vertus prescrites par elle, et dont le cultepût contribuer à notre bonheur&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Eh bien&|160;! examinons. Sera-ce la chasteté,Eugénie, cette vertu que vos yeux détruisent, quoique votreensemble en soit l’image&|160;? Révérerez-vous l’obligation decombattre tous les mouvements de la nature, les sacrifierez-voustous au vain et ridicule honneur de n’avoir jamais unefaiblesse&|160;? Soyez juste, et répondez, belle amie&|160;:croyez-vous trouver dans cette absurde et dangereuse pureté d’âmetous les plaisirs du vice contraire&|160;?

EUGÉNIE&|160;: Non, d’honneur, je ne veux point de celle-là, jene me sens pas le moindre penchant à être chaste, et la plus grandedisposition au vice contraire&|160;; mais, Dolmancé, lacharité, la bienfaisance, ne pourraient-elles pasfaire le bonheur de quelques âmes sensibles&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Loin de nous, Eugénie, les vertus qui ne fontque des ingrats&|160;; mais ne t’y trompe point d’ailleurs, macharmante amie&|160;; la bienfaisance est bien plutôt un vice del’orgueil, qu’une véritable vertu de l’âme&|160;; c’est parostentation qu’on soulage ses semblables, jamais dans la seule vuede faire une bonne action&|160;; on serait bien fâché que l’aumônequ’on vient de faire n’eût pas toute la publicité possible&|160;;ne t’imagine pas non plus, Eugénie, que cette action ait d’aussibon effets qu’on se l’imagine&|160;; je ne l’envisage, moi, quecomme la plus grande de toutes les duperies&|160;; elle accoutumele pauvre à des secours qui détériorent son énergie, il netravaille plus quand il s’attend à vos charités, et devient, dèsqu’elles lui manquent, un voleur ou un assassin. J’entends detoutes parts demander les moyens de supprimer la mendicité, et l’onfait pendant ce temps-là tout ce qu’on peut pour la multiplier.Voulez-vous ne pas avoir de mouches dans une chambre, n’y répandezpas de sucre pour les attirer. Voulez-vous ne pas avoir de pauvresen France, ne distribuez aucune aumône, et supprimez surtout vosmaisons de charité&|160;: l’individu né dans l’infortune, se voyantalors privé de ces ressources dangereuses, emploiera tout lecourage, tous les moyens qu’il aura reçus de la nature, pour setirer de l’état où il est né, il ne vous importunera plus&|160;;détruisez, renversez sans aucune pitié ces détestables maisons oùvous avez l’effronterie de receler les fruits du libertinage de cepauvre, cloaques épouvantables vomissant chaque jour dans lasociété un essaim dégoûtant de ces nouvelles créatures qui n’ontd’espoir que dans votre bourse&|160;; à quoi sert-il, je ledemande, que l’on conserve de tels individus avec tant desoin&|160;? A-t-on peur que la France ne se dépeuple&|160;?Ah&|160;! n’ayons jamais cette crainte&|160;! Un des premiers vicesde ce gouvernement consiste dans une population beaucoup tropnombreuse, et il s’en faut bien que de tels superflus soient desrichesses pour l’État. Ces êtres surnuméraires sont comme desbranches parasites qui, ne vivant qu’aux dépens du tronc, finissenttoujours par l’exténuer. Souvenez-vous que toutes les fois que,dans un gouvernement quelconque, la population sera supérieure auxmoyens de l’existence, ce gouvernement languira&|160;; examinezbien la France, vous verrez que c’est ce qu’elle vous offre, qu’enrésulte-t-il&|160;? On le voit. Le Chinois, plus sage que nous, segarde bien de se laisser dominer ainsi par une population tropabondante&|160;; point d’asile pour les fruits honteux de sadébauche, on abandonne ces affreux résultats comme les suites d’unedigestion. Point de maisons pour la pauvreté, on ne la connaîtpoint en Chine. Là, tout le monde travaille, là, tout le monde estheureux, rien n’altère l’énergie du pauvre, et chacun y peut direcomme Néron&|160;: Quid est pauper&|160;?

EUGÉNIE, àMme&|160;de&|160;Saint-Ange&|160;: Chère amie, monpère pense absolument comme Monsieur, de ses jours il ne fit unebonne œuvre, il ne cesse de gronder ma mère des sommes qu’elledépense à de telles pratiques&|160;: elle était de la SociétéMaternelle, de la Société Philanthropique, je nesais de quelle association elle n’était point&|160;; il l’acontrainte à quitter tout cela, en l’assurant qu’il la réduirait àla plus modique pension si elle s’avisait de retomber encore dansde pareilles sottises.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Il n’y a rien de plus ridicule, et enmême temps de plus dangereux, Eugénie, que toutes cesassociations&|160;; c’est à elles, aux écoles gratuites et auxmaisons de charité que nous devons le bouleversement horrible danslequel nous voici maintenant. Ne fais jamais d’aumône, ma chère, jet’en supplie.

EUGÉNIE&|160;: Ne crains rien, il y a longtemps que mon père aexigé de moi la même chose, et la bienfaisance me tente trop peupour enfreindre sur cela ses ordres… les mouvements de mon cœur, ettes désirs.

DOLMANCÉ&|160;: Ne divisons pas cette portion de sensibilité quenous avons reçue de la nature, c’est l’anéantir que del’étendre&|160;; que me font à moi les maux des autres, n’ai-jedonc point assez des miens, sans aller m’affliger de ceux qui mesont étrangers, que le foyer de cette sensibilité n’allume jamaisque nos plaisirs&|160;; soyons sensibles à tout ce qui les flatte,absolument inflexibles sur tout le reste, il résulte de cet état del’âme une sorte de cruauté qui n’est quelquefois pas sans délices,on ne peut pas toujours faire le mal, privés du plaisir qu’ildonne, équivalons au moins cette sensation par la méchancetépiquante de ne jamais faire le bien.

EUGÉNIE&|160;: Ah&|160;! Dieu, comme vos leçons m’enflamment, jecrois qu’on me tuerait plutôt maintenant que de me faire faire unebonne action.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Et s’il s’en présentait une mauvaise,serais-tu de même prête à la commettre&|160;?

EUGÉNIE&|160;: Tais-toi, séductrice, je ne répondrai sur celaque lorsque tu auras fini de m’instruire&|160;; il me paraît que,d’après tout ce que vous me dites, Dolmancé, rien n’est aussiindifférent sur la terre que d’y commettre le bien ou le mal&|160;;nos goûts, notre tempérament doivent seuls être respectés.

DOLMANCÉ&|160;: Ah&|160;! n’en doutez pas, Eugénie, ces mots device et de vertu ne nous donnent que des idéespurement locales, il n’y a aucune action, quelque singulière quevous puissiez la supposer, qui soit vraiment criminelle, aucune quipuisse réellement s’appeler vertueuse&|160;: tout est en raison denos mœurs, et du climat que nous habitons, ce qui fait crime ici,est souvent vertu quelque cent lieues plus bas, et les vertus d’unautre hémisphère pourraient bien réversiblement être des crimespour nous&|160;; il n’y a pas d’horreur qui n’ait été divinisée,pas une vertu qui n’ait été flétrie. De ces différences, purementgéographiques, naît le peu de cas que nous devons faire de l’estimeou du mépris des hommes, sentiments ridicules et frivoles au-dessusdesquels nous devons nous mettre au point même de préférer sanscrainte leur mépris pour peu que les actions qui nous le méritentsoient de quelque volupté pour nous.

EUGÉNIE&|160;: Mais il me semble pourtant qu’il doit y avoir desactions assez dangereuses, assez mauvaises en elles-mêmes pouravoir été généralement considérées comme criminelles, et puniescomme telles d’un bout de l’univers à l’autre.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Aucune, mon amour, aucune, pas même leviol, ni l’inceste, pas même le meurtre ni le parricide.

EUGÉNIE&|160;: Quoi&|160;! ces horreurs ont pu s’excuser quelquepart&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Elles y ont été honorées, couronnées,considérées comme d’excellentes actions, tandis qu’en d’autreslieux, l’humanité, la candeur, la bienfaisance, la chasteté, toutesnos vertus, enfin, étaient regardées comme des monstruosités.

EUGÉNIE&|160;: Je vous prie de m’expliquer tout cela&|160;;j’exige une courte analyse de chacun de ces crimes, en vous priantde commencer par m’expliquer d’abord votre opinion sur lelibertinage des filles, ensuite sur l’adultère des femmes.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Écoute-moi donc, Eugénie, il estabsurde de dire qu’aussitôt qu’une fille est hors du sein de samère, elle doive, de ce moment, devenir la victime de la volonté deses parents, pour rester telle jusqu’à son dernier soupir. Ce n’estpas dans un siècle où l’étendue et les droits de l’homme viennentd’être approfondis avec tant de soins, que de jeunes filles doiventcontinuer à se croire l’esclave de leurs familles, quand il estconstant que les pouvoirs de ces familles sur elle sont absolumentchimériques&|160;; écoutons la nature sur un objet aussiintéressant, et que les lois des animaux, bien plus rapprochéesd’elle, nous servent un moment d’exemples&|160;; les devoirspaternels s’étendent-ils chez eux au-delà des premiers besoinsphysiques, les fruits de la jouissance du mâle et de la femelle nepossèdent-ils pas toute leur liberté, tous leurs droits&|160;?Sitôt qu’ils peuvent marcher et se nourrir seuls, dès cet instantles auteurs de leurs jours les connaissent-ils&|160;? et euxcroient-ils devoir quelque chose à ceux qui leur ont donné lavie&|160;? Non, sans doute. De quel droit les enfants des hommessont-ils donc astreints à d’autres devoirs&|160;? et qui lesfondent ces devoirs, si ce n’est l’avarice ou l’ambition despères&|160;? Or je demande s’il est juste qu’une jeune fille quicommence à sentir et à raisonner, se soumette à de telsfreins&|160;? N’est-ce donc pas le préjugé tout seul qui prolongeces chaînes&|160;? Et y a-t-il rien de plus ridicule que de voirune jeune fille de quinze ou seize ans, brûlée par des désirsqu’elle est obligée de vaincre, attendre dans des tourments, piresque ceux des Enfers, qu’il plaise à ses parents, après avoir rendusa jeunesse malheureuse, de sacrifier encore son âge mûr, enl’immolant à leur perfide cupidité, en l’associant, malgré elle, àun époux, ou qui n’a rien pour se faire aimer, ou qui a tout pourse faire haïr&|160;! Eh&|160;! non, non, Eugénie, de tels lienss’anéantiront bientôt&|160;; il faut que, dégageant dès l’âge deraison la jeune fille de la maison paternelle, après lui avoirdonné une éducation nationale, on la laisse maîtresse, à quinzeans, de devenir ce qu’elle voudra&|160;: donnera-t-elle dans levice&|160;? Eh qu’importe&|160;! Les services que rend une jeunefille, en consentant à faire le bonheur de tous ceux quis’adressent à elle, ne sont-ils pas infiniment plus importants queceux qu’en s’isolant elle offre à son époux&|160;? La destinée dela femme est d’être comme la chienne, comme la louve&|160;; elledoit appartenir à tous ceux qui veulent d’elle&|160;; c’estvisiblement outrager la destination que la nature impose auxfemmes, que de les enchaîner par le lien absurde d’un hymensolitaire. Espérons qu’on ouvrira les yeux, et qu’en assurant laliberté de tous les individus, on n’oubliera pas le sort desmalheureuses filles&|160;; mais si elles sont assez à plaindre pourqu’on les oublie, que, se plaçant d’elles-mêmes au-dessus del’usage et du préjugé, elles foulent hardiment aux pieds les fershonteux dont on prétend les asservir, elles triompheront bientôtalors de la coutume et de l’opinion&|160;; l’homme devenu plussage, parce qu’il sera plus libre, sentira l’injustice qu’il yaurait à mépriser celles qui agiront ainsi et que l’action de céderaux impulsions de la nature, regardée comme un crime chez un peuplecaptif, ne peut plus l’être chez un peuple libre. Pars donc de lalégitimité de ces principes, Eugénie, et brise tes fers à quelqueprix que ce puisse être&|160;; méprise les vaines remontrancesd’une mère imbécile à qui tu ne dois légitimement que de la haineet que du mépris&|160;; si ton père qui est un libertin te désire,à la bonne heure, qu’il jouisse de toi, mais sanst’enchaîner&|160;; brise le joug s’il veut t’asservir, plus d’unefille ont agi de même avec leur père. Fous, en un mot, fous, c’estpour cela que tu es mise au monde&|160;; aucunes bornes à tesplaisirs, que celles de tes forces ou de tes volontés&|160;; aucuneexception de lieux, de temps et de personnes&|160;; toutes lesheures, tous les endroits, tous les hommes doivent servir à tesvoluptés&|160;; la continence est une vertu impossible dont lanature, violée dans ses droits, nous punit aussitôt par millemalheurs. Tant que les lois seront telles qu’elles sont encoreaujourd’hui, usons de quelques voiles, l’opinion nous ycontraint&|160;; mais dédommageons-nous en silence de cettechasteté cruelle que nous sommes obligées d’avoir en public. Qu’unejeune fille travaille à se procurer une bonne amie qui, libre etdans le monde, puisse lui en faire secrètement goûter lesplaisirs&|160;; qu’elle tâche, au défaut de cela, de séduire lesargus dont elle est entourée, qu’elle les supplie de la prostituer,et leur promettant tout l’argent qu’ils pourront retirer de savente, ou ces argus par eux-mêmes, ou des femmes qu’ils trouveront,et qu’on nomme Maquerelles, rempliront bientôt les vues dela jeune fille&|160;; qu’elle jette alors de la poudre aux yeux detout ce qui l’entoure, frères, cousins, amis, parents, qu’elle selivre à tous, si cela est nécessaire pour cacher sa conduite&|160;;qu’elle fasse même, si cela est exigé, le sacrifice de ses goûts etde ses affections&|160;; une intrigue qui lui aura déplu, et danslaquelle elle ne se sera livrée que par politique, la mènerabientôt dans une plus agréable, et la voilà lancée.

Mais qu’elle ne revienne plus sur les préjugés de son enfance,menaces, exhortations, devoirs, vertus, religion, conseils, qu’ellefoule tout aux pieds, qu’elle rejette et méprise opiniâtrement toutce qui ne tend qu’à la renchaîner, tout ce qui ne vise point, en unmot, à la livrer au sein de l’impudicité. C’est une extravagance denos parents, que ces prédictions de malheurs dans la voie dulibertinage&|160;; il y a des épines partout, mais les roses setrouvent au-dessus d’elles dans la carrière du vice&|160;; il n’y aque dans les sentiers bourbeux de la vertu que la nature n’en faitjamais naître. Le seul écueil à redouter dans la première de cesroutes, c’est l’opinion des hommes&|160;; mais quelle est la filled’esprit qui, avec un peu de réflexion, ne se rendra pas supérieureà cette méprisable opinion&|160;? Les plaisirs reçus par l’estime,Eugénie, ne sont que des plaisirs moraux, uniquement convenables àcertaines têtes&|160;; ceux de la fouterie plaisent àtous, et ces attraits séducteurs dédommagent bientôt de ce méprisillusoire auquel il est difficile d’échapper en bravant l’opinionpublique, mais dont plusieurs femmes sensées se sont moquées aupoint de s’en composer un plaisir de plus. Fous, Eugénie, fousdonc, mon cher ange, ton corps est à toi, à toi seule, il n’y a quetoi seule au monde qui aies le droit d’en jouir et d’en faire jouirqui bon te semble&|160;; profite du plus heureux temps de tavie&|160;; elles ne sont que trop courtes ces heureuses années denos plaisirs&|160;! Si nous sommes assez heureux pour en avoirjoui, de délicieux souvenirs nous consolent, et nous amusent encoredans notre vieillesse&|160;; les avons-nous perdus&|160;?… Desregrets amers, d’affreux remords nous déchirent, et se joignent auxtourments de l’âge pour entourer de larmes et de ronces lesfunestes approches du cercueil… Aurais-tu la folie del’immortalité&|160;? Eh bien c’est en foutant, ma chère, que turesteras dans la mémoire des hommes&|160;; on a bientôt oublié lesLucrèce, tandis que les Théodore et les Messaline font les plusdoux entretiens et les plus fréquents de la vie. Comment donc,Eugénie, ne pas préférer un parti qui, nous couronnant de fleursici-bas, nous laisse encore l’espoir d’un culte bien au-delà dutombeau&|160;? Comment, dis-je, ne pas préférer ce parti à celuiqui, nous faisant végéter imbécilement sur la terre, ne nous prometaprès notre existence que du mépris et de l’oubli&|160;?

EUGÉNIE, àMme&|160;de&|160;Saint-Ange&|160;: Ah&|160;! cheramour, comme ces discours séducteurs enflamment ma tête etséduisent mon âme, je suis dans un état difficile à peindre… Et,dis-moi, pourras-tu me faire connaître quelques-unes de ces femmes…(troublée) qui me prostitueront, si je leur dis&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: D’ici à ce que tu aies plusd’expérience, cela ne regarde que moi seule, Eugénie, rapporte-t’enà moi de ce soin, et plus encore à toutes les précautions que jeprendrai pour couvrir tes égarements&|160;; mon frère, et cet amisolide qui t’instruit, seront les premiers auxquels je veux que tute livres&|160;; nous en trouverons d’autres après&|160;; net’inquiète pas, chère amie, je te ferai voler de plaisirs enplaisirs, je te plongerai dans une mer de délices, je t’encomblerai, mon ange, je t’en rassasierai.

EUGÉNIE, se précipitant dans les bras deMme&|160;de&|160;Saint-Ange&|160;: Oh&|160;! mabonne, je t’adore&|160;; va, tu n’auras jamais une écolière plussoumise que moi&|160;; mais il me semble que tu m’as fait entendredans nos anciennes conversations, qu’il était difficile qu’unejeune épouse se jette dans le libertinage, sans que l’époux qu’elledoit prendre après ne s’en aperçoive&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Cela est vrai, ma chère, mais il y ades secrets qui raccommodent toutes ces brèches. Je te promets det’en donner connaissance, et alors eusses-tu foutu commeAntoinette, je me charge de te rendre aussi vierge que le jour quetu vins au monde.

EUGÉNIE&|160;: Ah&|160;! tu es délicieuse, allons, continue dem’instruire, presse-toi donc en ce cas de m’apprendre quelle doitêtre la conduite d’une femme dans le mariage&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Dans quelque état que se trouve unefemme, ma chère, soit fille, soit femme, soit veuve, elle ne doitjamais avoir d’autre but, d’autre occupation, d’autre désir, que dese faire foutre du matin au soir. C’est pour cette unique fin quel’a créée la nature&|160;; mais si, pour remplir cette intention,j’exige d’elle de fouler aux pieds tous les préjugés de sonenfance, si je lui prescris la désobéissance la plus formelle auxordres de sa famille, le mépris le plus constaté de tous lesconseils de ses parents&|160;; tu conviendras, Eugénie, que de tousles freins à rompre, celui dont je lui conseillerai le plus tôtl’anéantissement, sera bien sûrement celui du mariage. Considère,en effet, Eugénie, une jeune fille à peine sortie de la maisonpaternelle ou de sa pension, ne connaissant rien, n’ayant nulleexpérience, obligée de passer subitement de là dans les bras d’unhomme qu’elle n’a jamais vu, obligée de jurer à cet homme aux piedsdes autels, une obéissance, une fidélité d’autant plus injuste,qu’elle n’a souvent au fond de son cœur que le plus grand désir delui manquer de parole. Est-il au monde, Eugénie, un sort plusaffreux que celui-là&|160;? Cependant la voilà liée, que son marilui plaise ou non, qu’il ait, ou non, pour elle de la tendresse oudes procédés, son honneur tient à ses serments, il est flétri sielle les enfreint&|160;; il faut qu’elle se perde ou qu’elle traînele joug, dût-elle en mourir de douleur. Eh&|160;! non, Eugénie,non, ce n’est point pour cette fin que nous sommes nées, ces loisabsurdes sont l’ouvrage des hommes, et nous ne devons pas nous ysoumettre. Le divorce même est-il capable de nous satisfaire, non,sans doute&|160;; qui nous répond de trouver plus sûrement dans deseconds liens le bonheur qui nous a fuies dans les premiers&|160;;dédommageons-nous donc en secret de toute la contrainte de nœuds siabsurdes, bien certaines que nos désordres en ce genre, à quelqueexcès que nous puissions les porter, loin d’outrager la nature, nesont qu’un hommage sincère que nous lui rendons&|160;: c’est obéirà ses lois, que de céder aux désirs qu’elle seule a placés dansnous, ce n’est qu’en lui résistant que nous l’outragerions&|160;;l’adultère que les hommes regardent comme un crime…, qu’ils ont osépunir comme tel en nous arrachant la vie, l’adultère, Eugénie,n’est donc que l’acquit d’un droit à la nature, auquel lesfantaisies de ces tyrans ne sauraient jamais nous soustraire. Maisn’est-il pas horrible, disent nos époux, de nous exposer à chérircomme nos enfants, à embrasser, comme tels, les fruits de vosdésordres&|160;? C’est l’objection de Rousseau, c’est, j’enconviens, la seule un peu spécieuse dont on puisse combattrel’adultère&|160;; eh&|160;! n’est-il pas extrêmement aisé de selivrer au libertinage sans redouter la grossesse&|160;? n’est-ilpas encore plus facile de la détruire, si par imprudence elle alieu&|160;? Mais, comme nous reviendrons sur cet objet, ne traitonsmaintenant que le fond de la question, nous verrons que l’argument,tout spécieux qu’il paraît d’abord, n’est cependant quechimérique.

Premièrement, tant que je couche avec mon mari, tant que sasemence coule au fond de ma matrice, verrais-je dix hommes en mêmetemps que lui, rien ne pourra jamais lui prouver que l’enfant quinaîtra ne lui appartienne pas&|160;; il peut être à lui comme n’ypas être, et dans le cas de l’incertitude, il ne peut ni ne doitjamais (puisqu’il a coopéré à l’existence de cette créature) sefaire aucun scrupule d’avouer cette existence. Dès qu’elle peut luiappartenir, elle lui appartient, et tout homme qui se rendramalheureux par des soupçons sur cet objet, le serait de même quandsa femme serait une vestale&|160;; parce qu’il est impossible derépondre d’une femme, et que celle qui a été sage dix ans, peutcesser de l’être un jour&|160;: donc, si cet époux est soupçonneux,il le sera dans tous les cas, jamais alors il ne sera sûr quel’enfant qu’il embrasse est véritablement le sien. Or, s’il peutêtre soupçonneux dans tous les cas, il n’y a aucun inconvénient àlégitimer quelquefois des soupçons&|160;; il n’en serait, pour sonétat de bonheur ou de malheur moral, ni plus ni moins&|160;; doncil vaut tout autant que cela soit ainsi&|160;; le voilà donc, je lesuppose, dans une complète erreur, le voilà caressant le fruit dulibertinage de sa femme, où donc est le crime à cela&|160;? Nosbiens ne sont-ils pas communs&|160;; en ce cas, quel mal fais-je enplaçant dans le ménage un enfant qui doit avoir une portion de cesbiens&|160;? Ce sera la mienne qu’il aura, il ne volera rien à montendre époux&|160;; cette portion dont il va jouir, je la regardecomme prise sur ma dot&|160;; donc ni cet enfant, ni moi, neprenons rien à mon mari&|160;: à quel titre, si cet enfant eût étéde lui, aurait-il eu part dans mes biens&|160;? N’est-ce point enraison de ce qu’il serait émané de moi&|160;? Eh bien&|160;! il vajouir de cette part en vertu de cette même raison d’allianceintime. C’est parce que cet enfant m’appartient, que je lui doisune portion de mes richesses.

Quel reproche avez-vous à me faire&|160;? il en jouit. Mais voustrompez votre mari, cette fausseté est atroce&|160;; non, c’est unrendu, voilà tout&|160;; je suis dupe la première des liens qu’ilm’a forcée de prendre, je m’en venge, quoi de plus simple&|160;!Mais il y a un outrage réel fait à l’honneur de votre mari&|160;:préjugé que cela, mon libertinage ne touche mon mari en rien, mesfautes sont personnelles, ce prétendu déshonneur était bon il y aun siècle, on est revenu de cette chimère aujourd’hui, et mon marin’est pas plus flétri de mes débauches, que je ne saurais l’êtredes siennes&|160;; je foutrais avec toute la terre sans lui faireune égratignure&|160;; cette prétendue lésion n’est donc qu’unefable dont l’existence est impossible&|160;: de deux chosesl’une&|160;; ou mon mari est un brutal, un jaloux, ou c’est unhomme délicat&|160;; dans la première hypothèse, ce que je puisfaire de mieux est de me venger de sa conduite&|160;; dans laseconde, je ne saurais l’affliger&|160;; puisque je goûte desplaisirs, il en sera heureux s’il est honnête&|160;; il n’y a pointd’homme délicat qui ne jouisse au spectacle du bonheur de lapersonne qu’il adore. Mais si vous l’aimiez, voudriez-vous qu’il enfît autant&|160;? Ah&|160;! malheur à la femme qui s’avisera d’êtrejalouse de son mari, qu’elle se contente de ce qu’il lui donne sielle l’aime&|160;; mais qu’elle n’essaie pas de le contraindre, nonseulement elle n’y réussirait pas, mais elle s’en ferait bientôtdétester. Si je suis raisonnable, je ne m’affligerai donc jamaisdes débauches de mon mari, qu’il en fasse de même avec moi, et lapaix régnera dans le ménage.

Résumons&|160;: Quels que soient les effets del’adultère, dût-il même introduire dans la maison des enfants quin’appartinssent pas à l’époux&|160;; dès qu’ils sont à la femme ilsont des droits certains à une partie de la dot de cettefemme&|160;; l’époux, s’il est instruit, doit les regarder commedes enfants que sa femme aurait eus d’un premier mariage&|160;;s’il ne sait rien, il ne saurait être malheureux, car on ne sauraitl’être d’un mal qu’on ignore&|160;; si l’adultère n’a point desuite, et qu’il soit inconnu du mari, aucun jurisconsulte nesaurait prouver, en ce cas, qu’il pourrait être un crime&|160;;l’adultère n’est plus de ce moment qu’une action parfaitementindifférente pour le mari qui ne le sait pas, parfaitement bonnepour la femme qu’elle délecte&|160;; si le mari découvrel’adultère, ce n’est plus l’adultère qui est un mal alors, car ilne l’était pas tout à l’heure, et il ne saurait avoir changé denature&|160;; il n’y a plus d’autre mal que la découverte qu’en afaite le mari&|160;; or, ce tort-là n’appartient qu’à lui seul, ilne saurait regarder la femme&|160;; ceux qui jadis ont punil’adultère étaient donc des bourreaux, des tyrans, des jaloux qui,rapportant tout à eux, s’imaginaient injustement qu’il suffisait deles offenser pour être criminelle, comme si une injure personnelledevait jamais se considérer comme un crime, et comme si l’onpouvait justement appeler crime une action qui, loin d’outrager lanature et la société, sert évidemment l’une et l’autre&|160;; ilest cependant des cas où l’adultère, facile à prouver, devient plusembarrassant pour la femme, sans être pour cela pluscriminel&|160;; c’est, par exemple, celui où l’époux se trouve, oudans l’impuissance, ou sujet à des goûts contraires à lapopulation. Comme elle jouit, et que son mari ne jouit jamais, sansdoute alors ses déportements deviennent plus ostensibles, maisdoit-elle se gêner pour cela&|160;? non sans doute. La seuleprécaution qu’elle doive employer est de ne point faire d’enfants,ou de se faire avorter si ces précautions viennent à letromper&|160;; si c’est par raison de goûts antiphysiques qu’elleest contrainte à se dédommager des négligences de son mari, il fautd’abord qu’elle le satisfasse sans répugnance dans ses goûts dequelque nature qu’ils puissent être, qu’ensuite elle lui fasseentendre que de pareilles complaisances méritent bien quelqueségards, qu’elle demande une liberté entière en raison de ce qu’elleaccorde&|160;; alors le mari refuse ou consent&|160;; s’il consent,comme a fait le mien, on s’en donne à l’aise en redoublant de soinset de condescendances à ses caprices&|160;; s’il refuse on épaissitles voiles et l’on fout tranquillement à leur ombre. Est-ilimpuissant, on se sépare, mais dans tous les cas on s’en donne, onfout dans tous les cas, cher amour, parce que nous sommes nées pourfoutre, que nous accomplissons les lois de la nature en foutant, etque toute loi humaine qui contrarierait celles de la nature neserait faite que pour le mépris&|160;; elle est bien dupe la femmeque des nœuds aussi absurdes que ceux de l’hymen empêchent de selivrer à ses penchants, qui craint ou la grossesse, ou les outragesà son époux, ou les taches plus vaines encore à sa réputation. Tuviens de le voir, Eugénie, oui, tu viens de sentir comme elle estdupe… comme elle immole bassement aux plus ridicules préjugés, etson bonheur, et tous les délices de la vie. Ah&|160;! qu’ellefoute, qu’elle foute impunément, un peu de fausse gloire, quelquesfrivoles espérances religieuses la dédommageront-elles de sessacrifices&|160;? Non, non, et la vertu, le vice, tout se confonddans le cercueil&|160;; le public, au bout de quelques années,exalte-t-il plus les uns qu’il ne condamne les autres&|160;?Eh&|160;! non, encore une fois, non, non, et la malheureuse ayantvécu sans plaisir, expire hélas sans dédommagement.

EUGÉNIE&|160;: Comme tu me persuades, mon ange, comme tutriomphes de mes préjugés&|160;! comme tu détruis tous les fauxprincipes que ma mère avait mis en moi&|160;! Ah&|160;! je voudraisêtre mariée demain pour mettre aussitôt tes maximes en usage.Qu’elles sont séduisantes&|160;! qu’elles sont vraies, et combienje les aime&|160;! Une chose seulement m’inquiète, chère amie, dansce que tu viens de me dire, et comme je ne l’entends point, je tesupplie de me l’expliquer. Ton mari, prétends-tu, ne s’y prend pas,dans la jouissance, de manière à avoir des enfants, que te fait-ildonc je t’en prie&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Mon mari était déjà vieux quand jel’épousai&|160;; dès la première nuit de ses noces, il me prévintde ses fantaisies, en m’assurant que de son côté, jamais il negênerait les miennes&|160;; je lui jurai de lui obéir, et nousavons toujours, depuis ce temps-là, vécu tous deux dans la plusdélicieuse liberté&|160;; le goût de mon mari consiste à se fairesucer, et voici le très singulier épisode qu’il y joint&|160;;pendant que, courbée sur lui mes fesses à plomb sur son visage, jepompe avec ardeur le foutre de ses couilles, il faut que je luichie dans la bouche… Il avale.

EUGÉNIE&|160;: Voilà une fantaisie bien extraordinaire.

DOLMANCÉ&|160;: Aucune ne peut se qualifier ainsi, ma chère,toutes sont dans la nature, elle s’est plu, en créant les hommes, àdifférencier leurs goûts comme leurs figures, et nous ne devons pasplus nous étonner de la diversité qu’elle a mise dans nos traits,que [de] celle qu’elle a placée dans nos affections. La fantaisiedont vient de vous parler votre amie est on ne saurait plus à lamode&|160;; une infinité d’hommes, et principalement ceux d’uncertain âge, y sont prodigieusement adonnés&|160;; vous yrefuseriez-vous, Eugénie, si quelqu’un l’exigeait devous&|160;?

EUGÉNIE, rougissant&|160;: D’après les maximes qui mesont inculquées ici, puis-je donc refuser quelque chose&|160;? jene demande grâce que pour ma surprise, c’est la première fois quej’entends toutes ces lubricités, il faut d’abord que je lesconçoive&|160;; mais de la solution du problème à l’exécution duprocédé, je crois que mes instituteurs doivent être sûrs qu’il n’yaurait jamais que la distance qu’ils exigeront eux-mêmes. Quoiqu’il en soit, ma chère, tu gagnas donc ta liberté parl’acquiescement à cette complaisance&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: La plus entière, Eugénie&|160;; je fisde mon côté tout ce que je voulus, sans qu’il y mît d’obstacles,mais je ne pris point d’amant&|160;; j’aimais trop le plaisir pourcela, malheur à la femme qui s’attache, il ne faut qu’un amant pourla perdre, tandis que dix scènes de libertinage, répétées chaquejour, si elle le veut, s’évanouiront dans la nuit du silenceaussitôt qu’elles seront consommées. J’étais riche, je payais desjeunes gens qui me foutaient sans me connaître&|160;; jem’entourais de valets charmants, sûrs de goûter les plus douxplaisirs avec moi s’ils étaient discrets, certains d’être renvoyéss’ils disaient un mot. Tu n’as pas d’idée, cher ange, du torrent dedélices dans lequel je me suis plongée de cette manière. Voilà laconduite que je prescrirai toujours à toutes les femmes quivoudront m’imiter&|160;; depuis douze ans que je suis mariée, j’aipeut-être été foutue par plus de dix ou douze mille individus… eton me croit sage dans mes sociétés&|160;; une autre aurait eu desamants, elle se serait perdue au second.

EUGÉNIE&|160;: Cette maxime est la plus sûre, ce sera biendécidément la mienne&|160;; il faut que j’épouse, comme toi, unhomme riche, et surtout un homme à fantaisies… mais, ma chère, tonmari, strictement lié à ses goûts, n’exigea jamais autre chose detoi&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Jamais, depuis douze ans, il ne s’estpas démenti un seul jour, excepté lorsque j’ai mes règles. Une trèsjolie fille, qu’il a voulu que je prenne avec moi me remplacealors, et les choses vont le mieux du monde.

EUGÉNIE&|160;: Mais il ne s’en tient pas là, sans doute,d’autres objets concourent extérieurement à diversifier sesplaisirs&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: N’en doutez pas, Eugénie, le mari de madame estun des plus grands libertins de son siècle&|160;; il dépense plusde cent mille écus par an aux goûts obscènes que votre amie vientde vous peindre tout à l’heure.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: À vous dire le vrai je m’en doute, maisque me font ses déportements, puisque leur multiplicité autorise etvoile les miens.

EUGÉNIE&|160;: Suivons, je t’en conjure, le détail des manièrespar lesquelles une jeune personne, mariée ou non, peut se préserverde la grossesse, car je t’avoue que cette crainte m’effarouchebeaucoup, soit avec l’époux que je dois prendre, soit dans lacarrière du libertinage&|160;; tu viens de m’en indiquer une en meparlant des goûts de ton époux&|160;; mais cette manière de jouir,qui peut être fort agréable pour l’homme, ne me semble pas l’êtreautant pour la femme, et ce sont nos jouissances, exemptes desrisques que j’y crains, dont je désire que tu m’entretiennes.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Une fille ne s’expose jamais à faired’enfants qu’autant qu’elle se le laisse mettre dans le con,qu’elle évite avec soin cette manière de jouir&|160;; qu’elle offreà la place indistinctement sa main, sa bouche, ses tétons ou letrou de son cul&|160;; par cette dernière voie elle prendra toutautant de plaisir, et même beaucoup davantage qu’ailleurs&|160;;par les autres manières elle en donnera&|160;; on procède à lapremière de ces façons, je veux dire celle de la main, ainsi que tul’as vu tout à l’heure, Eugénie&|160;; on secoue comme si l’onpompait le membre de son ami, au bout de quelques mouvements lesperme s’élance, l’homme vous baise, vous caresse pendant cetemps-là, et couvre de cette liqueur la partie de votre corps quilui plaît le mieux. Veut-on le faire mettre entre les seins, ons’étend sur le lit, on place le membre viril au milieu des deuxmamelles, on l’y presse, et au bout de quelques secousses l’hommedécharge de manière à vous inonder les tétons et quelquefois levisage. Cette manière est la moins voluptueuse de toutes, et nepeut convenir d’ailleurs qu’à des femmes dont la gorge, à force deservice, a déjà acquis assez de flexibilité pour serrer le membrede l’homme en se comprimant sur lui. La jouissance de la bouche estinfiniment plus agréable tant pour l’homme que pour la femme&|160;;la meilleure façon de la goûter est que la femme s’étende àcontresens sur le corps de son fouteur, il vous met le vit dans labouche, et, sa tête se trouvant entre vos cuisses, il vous rend ceque vous lui faites en vous introduisant sa langue dans le con ousur le clitoris&|160;; il faut, lorsqu’on emploie cette attitude,se prendre, s’empoigner les fesses, et se chatouillerréciproquement le trou du cul, épisode toujours nécessaire aucomplément de la volupté. Des amants chauds et pleins d’imaginationavalent alors le foutre qui s’exhale dans leur bouche, et jouissentdélicatement ainsi du plaisir voluptueux de faire mutuellementpasser dans leurs entrailles cette précieuse liqueur méchammentdérobée à sa destination d’usage.

DOLMANCÉ&|160;: Cette façon est délicieuse, Eugénie, je vous enrecommande l’exécution. Faire perdre ainsi les droits de lapropagation, et contrarier de cette manière ce que les sotsappellent les lois de la nature, est vraiment plein d’appas, lescuisses, les aisselles servent quelquefois aussi d’asiles au membrede l’homme, et lui offrent des réduits où sa semence peut se perdresans risque de grossesse.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Quelques femmes s’introduisent deséponges dans l’intérieur du vagin qui, recevant le sperme,l’empêchent de s’élancer dans le vase qui le propagerait, d’autresobligent leurs fouteurs de se servir d’un petit sac de peau deVenise, vulgairement nommé condom, dans lequel leur semence coulesans risquer d’atteindre le but&|160;; mais de toutes ces manières,celle du cul est la plus délicieuse, sans doute. Dolmancé, je vousen laisse la dissertation, qui doit mieux peindre que vous un goûtpour lequel vous donneriez vos jours, si on les exigeait pour sadéfense&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: J’avoue mon faible, il n’est, j’en conviens,aucune jouissance au monde qui soit préférable à celle-là, jel’adore dans l’un et l’autre sexe&|160;; mais le cul d’un jeunegarçon, il en faut convenir, me donne encore plus de volupté quecelui d’une fille. On appelle Bougres ceux qui se livrentà cette passion&|160;; or, quand on fait tant que d’être bougre,Eugénie, il faut l’être tout à fait. Foutre des femmes en cul,n’est l’être qu’à moitié&|160;; c’est dans l’homme que la natureveut que l’homme serve cette fantaisie, et c’est spécialement pourl’homme qu’elle nous en a donné ce goût. Il est absurde de dire quecette manie l’outrage, cela se peut-il, dès qu’elle nousl’inspire&|160;? Peut-elle dicter ce qui la dégrade&|160;? Non,Eugénie, non, on la sert aussi bien là qu’ailleurs, et peut-êtreplus saintement encore&|160;; la propagation n’est qu’une tolérancede sa part. Comment pourrait-elle avoir prescrit pour loi un actequi la prive des droits de sa toute-puissance&|160;? puisque lapropagation n’est qu’une suite de ses premières intentions, et quede nouvelles constructions refaites par sa main, si notre espèceétait absolument détruite, redeviendraient des intentionsprimordiales, dont l’acte serait bien plus flatteur pour sonorgueil et sa puissance.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Savez-vous, Dolmancé, qu’au moyen de cesystème vous allez jusqu’à prouver que l’extinction totale de larace humaine ne serait qu’un service rendu à la nature&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Qui en doute, madame&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Oh, juste ciel&|160;! les guerres, lespestes, les famines, les meurtres, ne seraient plus que desaccidents nécessaires des lois de la nature, et l’homme agent oupatient de ces effets ne serait donc pas plus criminel dans l’undes cas, qu’il ne serait victime dans l’autre&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Victime, il l’est, sans doute, quand il fléchitsous les coups du malheur&|160;; mais criminel, jamais. Nousreviendrons sur toutes ces choses, analysons, en attendant, pour labelle Eugénie, la jouissance sodomite qui fait maintenant l’objetde notre entretien. La posture la plus en usage pour la femme danscette jouissance, est de se coucher à plat ventre sur le bord dulit, les fesses bien écartées, la tête la plus basse possible, lepaillard, après s’être un instant amusé de la perspective du beaucul que l’on présente, après l’avoir claqué, manié, quelquefoismême fouetté, pincé, mordu, humecte de sa bouche le trou mignonqu’il va perforer, et prépare l’introduction avec le bout de salangue, il mouille de même son engin avec de la salive ou de lapommade, et le présente doucement au trou qu’il veut percer, il leconduit d’une main, de l’autre il écarte les fesses de sajouissance&|160;; dès qu’il sent son membre pénétrer, il faut qu’ilpousse avec ardeur, en prenant bien garde de perdre duterrain&|160;; quelquefois la femme souffre alors, si elle estneuve et jeune&|160;; mais sans aucun égard pour des douleurs quivont bientôt se changer en plaisirs, le fouteur doit pousservivement son vit par gradations, jusqu’à ce qu’il ait enfin atteintle but, c’est-à-dire jusqu’à ce que le poil de son engin frotteexactement les bords de l’anus de l’objet qu’il encule. Qu’ilpoursuive alors sa route avec rapidité, toutes les épines sontcueillies&|160;; il ne reste plus que des roses. Pour achever demétamorphoser en plaisirs les restes de douleur que son objetéprouve encore, si c’est un jeune garçon, qu’il lui saisisse le vitet le branle&|160;; qu’il chatouille le clitoris, si c’est unefille, les titillations du plaisir qu’il fera naître, enrétrécissant prodigieusement l’anus du patient, doubleront lesplaisirs de l’agent, qui, comblé d’aise et de volupté, darderabientôt au fond du cul de sa jouissance, un sperme aussi abondantqu’épais, qu’auront déterminé tant de lubriques détails. Il en estd’autres qui ne veulent pas que le patient jouisse, c’est ce quenous expliquerons bientôt.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Permettez qu’un moment je sois écolièreà mon tour, et que je vous demande, Dolmancé, dans quel état ilfaut, pour le complément des plaisirs de l’agent, que se trouve lecul du patient&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Plein, très assurément&|160;; il est essentielque l’objet qui sert, ait alors la plus complète envie de chier,afin que le bout du vit du fouteur, atteignant l’étron, s’y enfonceet y dépose plus chaudement et plus mollement le foutre quil’irrite et qui le met en feu.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Je craindrais que le patient y prîtmoins de plaisir.

DOLMANCÉ&|160;: Erreur&|160;! Cette jouissance est telle qu’ilest impossible que rien lui nuise, et que l’objet qui la sert nesoit transporté au troisième ciel en la goûtant&|160;: aucune nevaut celle-là, aucune ne peut aussi complètement satisfaire l’un etl’autre des individus qui s’y livrent&|160;; il est difficile queceux qui l’ont goûtée puissent revenir à autre chose&|160;: tellessont, Eugénie, les meilleures façons de goûter le plaisir avec unhomme, sans courir les risques de la grossesse&|160;; car on jouit,soyez-en bien sûre, non seulement à prêter le cul à un homme, ainsique je viens de vous l’expliquer, mais aussi à le sucer, à lebranler, etc., etc., etc. et j’ai connu des femmes libertines quimettaient souvent plus de charmes à ces épisodes qu’aux jouissancesréelles, l’imagination est l’aiguillon des plaisirs&|160;; dansceux de cette espèce elle règle tout, elle est le mobile detout&|160;; or n’est-ce pas par elle que l’on jouit, n’est-ce pasd’elle que viennent les voluptés les plus piquantes&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Soit&|160;: mais qu’Eugénie y prennegarde, l’imagination ne nous sert que quand notre esprit estabsolument dégagé de préjugés&|160;; un seul suffit à larefroidir&|160;; cette capricieuse portion de notre esprit est d’unlibertinage que rien ne peut contenir&|160;; son plus grandtriomphe, ses délices les plus éminents consistent à briser tousles freins qu’on lui oppose, elle est ennemie de la règle, idolâtredu désordre et de tout ce qui porte les couleurs du crime&|160;;voilà d’où vient la singulière réponse d’une femme à imagination,qui foutait froidement avec son mari. «&|160;Pourquoi tant deglace, lui disait celui-ci&|160;? – Eh vraiment, lui répondit cettesingulière créature, c’est que ce que vous me faites est toutsimple.&|160;»

EUGÉNIE&|160;: J’aime à la folie cette réponse… Ah&|160;! machère, quelles dispositions je me sens à connaître ces élans divinsd’une imagination déréglée&|160;! Tu n’imaginerais pas, depuis quenous sommes ensemble,… seulement depuis cet instant, non, non, machère bonne, tu ne concevrais pas toutes les idées voluptueuses quemon esprit a caressées… Oh&|160;! comme le mal est maintenantcompris par moi&|160;! combien il est désiré de mon cœur&|160;!

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Que les atrocités, les horreurs, queles crimes les plus odieux ne t’étonnent pas davantage, Eugénie, cequ’il y a de plus sale, de plus infâme et de plus défendu est cequi irrite le mieux la tête&|160;;… c’est toujours ce qui nous faitle plus délicieusement décharger.

EUGÉNIE&|160;: À combien d’écarts incroyables vous avez dû vouslivrer l’un et l’autre&|160;! que j’en voudrais connaître lesdétails.

DOLMANCÉ, baisant et maniant la jeune personne&|160;:Belle Eugénie, j’aimerais cent fois mieux vous voir éprouver toutce que je voudrais faire, que de vous raconter ce que j’aifait.

EUGÉNIE&|160;: Je ne sais s’il ferait trop bon pour moi de meprêter à tout.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Je ne te le conseillerais pas,Eugénie.

EUGÉNIE&|160;: Eh bien&|160;! je fais grâce à Dolmancé de sesdétails, mais toi, ma bonne amie, dis-moi, je t’en conjure, ce quetu as fait de plus extraordinaire en ta vie.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: J’ai fait la chouette à quinzehommes&|160;; je fus foutue quatre-vingt-dix fois en vingt-quatreheures, tant par-devant que par-derrière.

EUGÉNIE&|160;: Ce ne sont que des débauches cela, des tours deforce&|160;; je gage que tu as fait des choses plussingulières&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: J’ai été au bordel.

EUGÉNIE&|160;: Que veut dire ce mot&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: On appelle ainsi des maisons publiques où,moyennant un prix convenu, chaque homme trouve de jeunes et joliesfilles toutes prêtes à satisfaire ses passions.

EUGÉNIE&|160;: Et tu t’es livrée là, ma bonne&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Oui, j’y ai été comme une putain, j’yai satisfait pendant une semaine entière les fantaisies deplusieurs paillards, et j’ai vu là des goûts bien singuliers&|160;;par un égal principe de libertinage, comme la célèbre impératriceThéodora, femme de Justinien[3] , j’airaccroché au coin des rues… dans les promenades publiques, et j’aimis à la loterie l’argent venu de ces prostitutions.

EUGÉNIE&|160;: Ma bonne, je connais ta tête, tu as été beaucoupplus loin encore.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Cela se peut-il&|160;?

EUGÉNIE&|160;: Oh&|160;! oui, oui, et voici comme je le conçois,ne m’as-tu pas dit que nos sensations morales les plus délicieusesnous venaient de l’imagination&|160;?

MME DE&|160;SAINT-ANGE&|160;: Je l’ai dit.

EUGÉNIE&|160;: Eh bien&|160;! en laissant errer cetteimagination, en lui donnant la liberté de franchir les dernièresbornes que voudraient lui prescrire la religion, la décence,l’humanité, la vertu, tous nos prétendus devoirs&|160;; enfin,n’est-il pas vrai que ces écarts seraient prodigieux&|160;?

MME DE&|160;SAINT-ANGE&|160;: Sans doute.

EUGÉNIE&|160;: Or, n’est-ce pas en raison de l’immensité de sesécarts qu’elle nous irritera davantage&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Rien de plus vrai.

EUGÉNIE&|160;: Si cela est, plus nous voudrons être agitées,plus nous désirerons nous émouvoir avec violence, plus il faudradonner carrière à notre imagination sur les choses les plusinconcevables&|160;; notre jouissance alors s’améliorera en raisondu chemin qu’aura fait la tête, et…

DOLMANCÉ, baisant Eugénie&|160;: Délicieuse.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Que de progrès la friponne a faits enpeu de temps&|160;! mais sais-tu, ma charmante, qu’on peut allerloin par la carrière que tu nous traces&|160;?

EUGÉNIE&|160;: Je l’entends bien de cette manière, et puisque jene me prescris aucun frein, tu vois où je suppose que l’on peutaller.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Aux crimes, scélérate, aux crimes lesplus noirs et les plus affreux.

EUGÉNIE, d’une voix basse…, et entrecoupée&|160;: Maistu dis qu’il n’en existe pas… et puis ce n’est que pour embraser satête&|160;: on n’exécute point.

DOLMANCÉ&|160;: Il est pourtant si doux d’exécuter ce qu’on aconçu.

EUGÉNIE, rougissant&|160;: Eh bien&|160;! on exécute…Ne voudriez-vous pas me persuader, mes chers instituteurs, que vousn’avez jamais fait ce que vous avez conçu&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Il m’est quelquefois arrivé de lefaire.

EUGÉNIE&|160;: Nous y voilà.

DOLMANCÉ&|160;: Quelle tête&|160;!

EUGÉNIE, poursuivant&|160;: Ce que je te demande, c’estce que tu as conçu, et ce que tu as fait après avoirconçu&|160;?

MME DE SAINT-ANGE, balbutiant&|160;: Eugénie, je teraconterai ma vie quelque jour&|160;; poursuivons notreinstruction…, car tu me ferais dire des choses…

EUGÉNIE&|160;: Allons, je vois que tu ne m’aimes pas assez pourm’ouvrir à ce point ton âme, j’attendrai le délai que tu meprescris&|160;; reprenons nos détails&|160;: dis-moi, ma chère,quel est l’heureux mortel que tu rendis le maître de tesprémices&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Mon frère&|160;: il m’adorait depuisl’enfance, dès nos plus jeunes ans, nous nous étions souvent amuséssans atteindre le but, je lui avais promis de me livrer à lui dèsque je serais mariée&|160;; je lui tins parole&|160;; heureusementque mon mari n’avait rien endommagé, il cueillit tout. Nouscontinuons de nous livrer à cette intrigue, mais sans nous gêner nil’un ni l’autre, nous ne nous en plongeons pas moins tous les deux,chacun de notre côté, dans les plus divins excès du libertinage,nous nous servons même mutuellement, je lui procure des femmes, ilme fait connaître des hommes.

EUGÉNIE&|160;: Le délicieux arrangement&|160;; mais l’incesten’est-il pas un crime&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Pourrait-on regarder comme tel les plus doucesunions de la nature&|160;? celles qu’elle nous prescrit, et nousconseille le mieux&|160;? Raisonnez un moment, Eugénie, commentl’espèce humaine, après les grands malheurs qu’éprouva notre globe,put-elle autrement se reproduire que par l’inceste&|160;? n’entrouvons-nous pas l’exemple et la preuve, même dans les livresrespectés par le christianisme, les familles d’Adam[4] et de Noé purent-elles autrement seperpétuer que par ce moyen&|160;? Fouillez, compulsez les mœurs del’univers, partout vous y verrez l’inceste autorisé, regardé commeune loi sage et faite pour cimenter les liens de la famille. Sil’amour, en un mot, naît de la ressemblance, où peut-elle être plusparfaite qu’entre frère et sœur, qu’entre père et fille&|160;? Unepolitique mal entendue, produite par la crainte de rendre certainesfamilles trop puissantes, interdisit[5] l’incestedans nos mœurs&|160;; mais ne nous abusons pas au point de prendrepour loi de la nature ce qui n’est dicté que par l’intérêt ou parl’ambition&|160;; sondons nos cœurs, c’est toujours là où jerenvoie nos pédants moralistes&|160;; interrogeons cet organesacré, et nous reconnaîtrons qu’il n’est rien de plus délicat quel’union charnelle des familles&|160;; cessons de nous aveugler surles sentiments d’un frère pour sa sœur, d’un père pour sa fille. Envain l’un et l’autre les déguisent-ils sous le voile d’une légitimetendresse, le plus violent amour est l’unique sentiment qui lesenflamme, tel est le seul que la nature ait mis dans leurs cœurs.Doublons, triplons donc sans rien craindre ces délicieux incestes,et croyons que plus l’objet de nos désirs nous appartiendra deprès, plus nous aurons de charmes à en jouir. Un de mes amis vithabituellement avec la fille qu’il a eue de sa propre mère, il n’ya pas huit jours qu’il dépucela un garçon de treize ans, fruit deson commerce avec cette fille&|160;; dans quelques années ce mêmejeune homme épousera sa mère, ce sont les vœux de mon ami, il leurfait un sort analogue à ces projets, et ses intentions, je le sais,sont de jouir encore des fruits qui naîtront de cet hymen&|160;; ilest jeune et peut l’espérer. Voyez, tendre Eugénie, de quellequantité d’incestes et de crimes se serait souillé cet honnête ami,s’il y avait quelque chose de vrai dans le préjugé qui nous faitadmettre du mal à ces liaisons. En un mot, sur toutes ces choses,je pars, moi, toujours d’un principe&|160;; si la nature défendaitles jouissances sodomites, les jouissances incestueuses, lespollutions, etc., permettrait-elle que nous y trouvassions autantde plaisirs&|160;? Il est impossible qu’elle puisse tolérer quil’outrage véritablement.

EUGÉNIE&|160;: Oh mes divins instituteurs, je vois bien que,d’après vos principes, il est très peu de crimes sur la terre, etque nous pouvons nous livrer en paix à tous nos désirs, quelquesinguliers qu’ils puissent paraître aux sots qui s’offensant ets’alarmant de tout prennent imbécilement les institutions socialespour les divines lois de la nature&|160;; mais cependant, mes amis,n’admettez-vous pas au moins qu’il existe de certaines actionsabsolument révoltantes, et décidément criminelles, quoique dictéespar la nature&|160;? Je veux bien convenir avec vous que cettenature, aussi singulière dans les productions qu’elle crée, quevariée dans les penchants qu’elle nous donne, nous portequelquefois à des actions cruelles&|160;; mais si, livrés à cettedépravation, nous cédions aux inspirations de cette bizarre nature,au point d’attenter, je le suppose, à la vie de nos semblables,vous m’accorderez bien, au moins je l’espère, que cette actionserait un crime.

DOLMANCÉ&|160;: Il s’en faut bien, Eugénie, que nous puissionsnous accorder une telle chose. La destruction étant une despremières lois de la nature, rien de ce qui détruit ne saurait êtreun crime. Comment une action qui sert aussi bien la naturepourrait-elle jamais l’outrager&|160;? Cette destruction, dontl’homme se flatte, n’est d’ailleurs qu’une chimère&|160;; lemeurtre n’est point une destruction, celui qui le commet ne faitque varier les formes, il rend à la nature des éléments dont lamain de cette nature habile se sert aussitôt pour récompenserd’autres êtres&|160;; or, comme les créations ne peuvent être quedes jouissances pour celui qui s’y livre, le meurtrier en préparedonc une à la nature, il lui fournit des matériaux qu’elle emploiesur-le-champ, et l’action que des sots ont eu la folie de blâmer,ne devient plus qu’un mérite aux yeux de cette agence universelle.C’est notre orgueil qui s’avise d’ériger le meurtre en crime, nousestimant les premières créatures de l’univers nous avons sottementimaginé que toute lésion qu’endurerait cette sublime créaturedevrait nécessairement être un crime énorme&|160;; nous avons cruque la nature périrait si notre merveilleuse espèce venait às’anéantir sur ce globe, tandis que l’entière destruction de cetteespèce, en rendant à la nature la faculté créatrice qu’elle nouscède, lui redonnerait une énergie que nous lui enlevons enpropageant&|160;; mais quelle inconséquence, Eugénie&|160;! Ehquoi&|160;! un souverain ambitieux pourra détruire à son aise etsans le moindre scrupule les ennemis qui nuisent à ses projets degrandeur…&|160;? Des lois cruelles, arbitraires, impérieusespourront de même assassiner chaque siècle des millions d’individus,et nous, faibles et malheureux particuliers, nous ne pourrons passacrifier un seul être à nos vengeances ou à nos caprices&|160;?Est-il rien de si barbare, de si ridiculement étrange, et nedevons-nous pas, sous le voile du plus profond mystère, nous vengeramplement de cette ineptie[6] &|160;?

EUGÉNIE&|160;: Assurément… Oh&|160;! comme votre morale estséduisante, et comme je la goûte&|160;!… Mais, dites-moi… Dolmancé…là, bien en conscience, ne vous seriez-vous pas quelquefoissatisfait en ce genre&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Ne me forcez pas à vous dévoiler mes fautes,leur nombre et leur espèce me contraindraient trop à rougir. Jevous les avouerai peut-être un jour.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Dirigeant le glaive des lois, lescélérat s’en est souvent servi pour satisfaire à ses passions.

DOLMANCÉ&|160;: Puissé-je n’avoir pas d’autres reproches à mefaire&|160;!

MME DE SAINT-ANGE, lui sautant au col&|160;: Hommedivin…, je vous adore, qu’il faut avoir d’esprit et de courage pouravoir, comme vous, goûté tous les plaisirs&|160;; c’est à l’hommede génie seul qu’est réservé l’honneur de briser tous les freins del’ignorance et de la stupidité&|160;; baisez-moi, vous êtescharmant.

DOLMANCÉ&|160;: Soyez franche, Eugénie, n’avez-vous jamaissouhaité la mort à personne&|160;?

EUGÉNIE&|160;: Oh&|160;! oui, oui, et j’ai sous mes yeux chaquejour une abominable créature que je voudrais voir depuis longtempsau tombeau.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Je gage que je devine.

EUGÉNIE&|160;: Qui soupçonnes-tu&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Ta mère.

EUGÉNIE&|160;: Ah&|160;! laisse-moi cacher ma rougeur dans tonsein&|160;!

DOLMANCÉ&|160;: Voluptueuse créature&|160;! je veux t’accabler àmon tour des caresses qui doivent être le prix de l’énergie de toncœur et de ta délicieuse tête. (Dolmancé la baise sur tout lecorps, et lui donne de légères claques sur les fesses, ilbande&|160;; Mme&|160;de&|160;Saint-Ange empoigne etsecoue son vit&|160;; ses mains, de temps en temps, s’égarent aussisur le derrière de Mme&|160;de&|160;Saint-Ange qui lelui prête avec lubricité&|160;; un peu revenu à lui, Dolmancécontinue&|160;:) Mais cette idée sublime, pourquoi nel’exécuterions-nous pas&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Eugénie, j’ai détesté ma mère toutautant que tu hais la tienne, et je n’ai pas balancé.

EUGÉNIE&|160;: Les moyens m’ont manqué.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Dis le courage.

EUGÉNIE&|160;: Hélas, si jeune encore&|160;!

DOLMANCÉ&|160;: Mais à présent, Eugénie, queferiez-vous&|160;?

EUGÉNIE&|160;: Tout… Qu’on me donne les moyens, et l’onverra.

DOLMANCÉ&|160;: Vous les aurez, Eugénie, je vous le promets,mais j’y mets une condition.

EUGÉNIE&|160;: Quelle est-elle, ou plutôt quelle est celle queje ne sois prête à accepter&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Viens, scélérate, viens dans mes bras, je n’ypuis plus tenir&|160;; il faut que ton charmant derrière soit leprix du don que je te promets, il faut qu’un crime paie l’autre,viens… ou plutôt accourez toutes deux éteindre par des flots defoutre le feu divin qui nous enflamme.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Mettons, s’il vous plaît, un peud’ordre à ces orgies, il en faut même au sein du délire et del’infamie.

DOLMANCÉ&|160;: Rien de si simple, l’objet majeur, ce me semble,est que je décharge, en donnant à cette charmante petite fille leplus de plaisir que je pourrai&|160;; je vais lui mettre mon vitdans le cul, pendant que courbée dans vos bras vous la branlerez devotre mieux&|160;; au moyen de l’attitude où je vous place, ellepourra vous le rendre, vous vous baiserez l’une et l’autre&|160;;après quelques courses dans le cul de cette enfant, nous varieronsle tableau. Je vous enculerai, madame, Eugénie au-dessus de vous,votre tête entre ses jambes m’offrira son clitoris à sucer, je luiferai perdre ainsi du foutre une seconde fois&|160;; je mereplacerai ensuite dans son anus, vous me présenterez votre cul aulieu du con qu’elle m’offrait, c’est-à-dire que vous prendrez,comme elle viendra de le faire, sa tête entre vos jambes, jesucerai le trou de votre cul&|160;; comme je viendrai de lui sucerle con, vous déchargerez, j’en ferai autant, pendant que ma main,embrassant le joli petit corps de cette charmante novice, ira luichatouiller le clitoris pour la faire pâmer également.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Bien, mon cher Dolmancé, mais il vousmanquera quelque chose&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Un vit dans le cul&|160;; vous avez raison,madame.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Passons-nous-en pour ce matin, nousl’aurons ce soir, mon frère viendra nous aider, et nos plaisirsseront au comble&|160;; mettons-nous à l’œuvre.

DOLMANCÉ&|160;: Je voudrais qu’Eugénie me branlât un moment.(Elle le fait.) Oui, c’est cela… un peu plus vite, moncœur&|160;; tenez toujours bien à nu cette tête vermeille, ne larecouvrez jamais&|160;; plus vous faites tendre le filet, mieuxvous décidez l’érection…, il ne faut jamais recalotter le vit qu’onbranle… Bon&|160;!… préparez ainsi vous-même l’état du membre quiva vous perforer&|160;; voyez-vous comme il se décide. Donnez-moivotre langue, petite friponne… que vos fesses posent sur ma maindroite, pendant que ma main gauche va vous chatouiller leclitoris.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Eugénie, veux-tu lui faire goûter deplus grands plaisirs&|160;?

EUGÉNIE&|160;: Assurément… je veux tout faire pour lui endonner.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Eh bien&|160;! prends son vit dans tabouche, et suce-le quelques instants.

EUGÉNIE le fait&|160;: Est-ce ainsi&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Ah&|160;! bouche délicieuse&|160;! quellechaleur&|160;! elle vaut pour moi le plus joli des culs… Femmesvoluptueuses et adroites, ne refusez jamais ce plaisir à vosamants, il vous les enchaînera pour jamais&|160;; ahsacredieu&|160;! foutredieu&|160;!

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Comme tu blasphèmes, mon ami&|160;!

DOLMANCÉ&|160;: Donnez-moi votre cul, madame… Oui,donnez-le-moi, que je le baise pendant qu’on me suce, et ne vousétonnez point de mes blasphèmes&|160;; un de mes plus grandsplaisirs est de jurer Dieu quand je bande&|160;; il me semble quemon esprit, alors mille fois plus exalté, abhorre et méprise bienmieux cette dégoûtante chimère&|160;: je voudrais trouver une façonou de la mieux invectiver, ou de l’outrager davantage, et quand mesmaudites réflexions m’amènent à la conviction de la nullité de cedégoûtant objet de ma haine, je m’irrite et voudrais pouvoiraussitôt réédifier le fantôme, pour que ma rage au moins portât surquelque chose. Imitez-moi, femme charmante, et vous verrezl’accroissement que de tels discours porteront infailliblement àvos sens. Mais, doubledieu&|160;!… je le vois, il faut, quel quesoit mon plaisir, que je me retire absolument de cette bouchedivine… j’y laisserais mon foutre… Allons, Eugénie, placez-vous,exécutons le tableau que j’ai tracé, et plongeons-nous tous troisdans la plus voluptueuse ivresse.

L’attitude s’arrange.

EUGÉNIE&|160;: Que je crains, mon cher, l’impuissance de vosefforts, la disproportion est trop forte.

DOLMANCÉ&|160;: J’en sodomise tous les jours de plusjeunes&|160;; hier encore un petit garçon de sept ans fut dépucelépar ce vit en moins de trois minutes… Courage, Eugénie,courage.

EUGÉNIE&|160;: Ah&|160;! vous me déchirez.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Ménagez-la, Dolmancé, songez que j’enréponds.

DOLMANCÉ&|160;: Branlez-la bien, madame, elle sentira moins ladouleur&|160;; au reste, tout est dit maintenant, m’y voilàjusqu’au poil.

EUGÉNIE&|160;: Oh ciel&|160;! ce n’est pas sans peine… Vois lasueur qui couvre mon front, cher ami… Ah, Dieu&|160;! jamais jen’éprouvai d’aussi vives douleurs&|160;!

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Te voilà à moitié dépucelée, ma bonne,te voilà au rang des femmes&|160;; on peut bien acheter cettegloire par un peu de tourment&|160;; mes doigts, d’ailleurs, ne tecalment-ils donc point&|160;?

EUGÉNIE&|160;: Pourrais-je y résister sans eux&|160;?…Chatouille-moi, mon ange, je sens qu’imperceptiblement la douleurse métamorphose en plaisir. Poussez, poussez, Dolmancé, je memeurs.

DOLMANCÉ&|160;: Ah, foutredieu&|160;! sacredieu&|160;!tripledieu&|160;! changeons, je n’y résisterais pas&|160;; votrederrière, madame, je vous en conjure, et placez-vous sur-le-champcomme je vous l’ai dit. (On s’arrange, et Dolmancécontinue.) J’ai moins de peine ici… Comme mon vit pénètre…Mais ce beau cul n’en est pas moins délicieux, madame.

EUGÉNIE&|160;: Suis-je bien ainsi, Dolmancé&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: À merveille&|160;! ce joli petit con vierges’offre délicieusement à moi&|160;; je suis un coupable, uninfractaire, je le sais&|160;; de tels attraits sont peu faits pournos yeux&|160;; mais le désir de donner à cette enfant lespremières leçons de la volupté l’emporte sur toute autreconsidération, je veux faire couler son foutre… je veux l’épuiser,s’il est possible.

Il la gamahuche.

EUGÉNIE&|160;: Ah&|160;! vous me faites mourir de plaisir, jen’y puis résister&|160;!

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Pour moi, je pars Ah&|160;! fous… fous,Dolmancé, je décharge&|160;!

EUGÉNIE&|160;: J’en fais autant, ma bonne… Ah&|160;! mon Dieu,comme il me suce&|160;!

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Jure donc, petite putain, juredonc.

EUGÉNIE&|160;: Eh bien&|160;! sacredieu&|160;! je décharge… Jesuis dans la plus douce ivresse.

DOLMANCÉ&|160;: Au poste, au poste, Eugénie, je serai ta dupe detous ces changements de main. (Eugénie se replace.) Ah,bien&|160;! me revoici dans mon premier gîte&|160;; montrez-moi letrou de votre cul, madame, que je le gamahuche à mon aise… Quej’aime à baiser un cul que je viens de foutre. Ah&|160;!faites-le-moi bien lécher pendant que je vais lancer mon sperme aufond de celui de votre amie. Le croiriez-vous, madame, il y estentré cette fois-ci sans peine&|160;; ah&|160;! foutre, foutre,vous n’imaginez pas comme elle le serre, comme elle lecomprime&|160;! Sacréfoutudieu, comme j’ai du plaisir&|160;!Ah&|160;! c’en est fait&|160;! je n’y résiste plus, mon foutrecoule… et je suis mort.

EUGÉNIE&|160;: Il me fait aussi mourir, ma chère bonne, je te lejure.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: La friponne&|160;! comme elle s’yhabituera promptement&|160;!

DOLMANCÉ&|160;: Je connais une infinité de jeunes filles de sonâge que rien au monde ne pourrait engager à jouirdifféremment&|160;; il n’y a que la première fois qui coûte&|160;;une femme n’a pas plutôt tâté de cette manière qu’elle ne veut plusfaire autre chose… Oh, ciel&|160;! je suis épuisé, laissez-moireprendre haleine au moins quelques instants.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Voilà les hommes, ma chère, à peinenous regardent-ils quand leurs désirs sont satisfaits, cetanéantissement les mène au dégoût, et le dégoût bientôt aumépris.

DOLMANCÉ, froidement&|160;: Ah&|160;! quelle injure,beauté divine&|160;! (Il les embrasse toutes deux.) Vousn’êtes faites l’une et l’autre que pour des hommages, quel que soitl’état où l’on se trouve.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Au reste, console-toi, mon Eugénie,s’ils acquièrent le droit de nous négliger, parce qu’ils sontsatisfaits, n’avons-nous pas de même celui de les mépriser quandleur procédé nous y force&|160;? Si Tibère sacrifiait à Caprée lesobjets qui venaient de servir ses passions[7] , Zingua,reine d’Afrique, immolait aussi ses amants[8] .

DOLMANCÉ&|160;: Ces excès parfaitement simples et très conçus demoi, sans doute, ne doivent pourtant jamais s’exécuter entre nous.«&|160;Jamais entre eux ne se mangent les loups&|160;», dit leproverbe et, tel trivial qu’il soit, il est juste. Ne redoutezjamais rien de moi, mes amies, je vous ferai peut-être fairebeaucoup de mal, mais je ne vous en ferai jamais.

EUGÉNIE&|160;: Oh&|160;! non, non, ma chère, j’ose enrépondre&|160;; jamais Dolmancé n’abusera des droits que nous luidonnons sur nous&|160;: je lui crois la probité des roués, c’est lameilleure&|160;; mais ramenons notre instituteur à ses principes,et revenons, je vous supplie, au grand dessein qui nous enflammaitavant que nous ne nous calmassions.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Quoi&|160;! friponne, tu y pensesencore, j’avais cru que ce n’était l’histoire que del’effervescence de ta tête.

EUGÉNIE&|160;: C’est le mouvement le plus certain de mon cœur,et je ne serai contente qu’après la consommation de ce crime.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Oh&|160;! bon, bon, fais-lui grâce,songe qu’elle est ta mère.

EUGÉNIE&|160;: Le beau titre&|160;!

DOLMANCÉ&|160;: Elle a raison&|160;; cette mère a-t-elle pensé àEugénie en la mettant au monde, la coquine se laissait foutre,parce qu’elle y trouvait du plaisir, mais elle était bien loind’avoir cette fille en vue&|160;; qu’elle agisse comme elle voudraà cet égard&|160;; laissons-lui la liberté tout entière, etcontentons-nous de lui certifier qu’à quelque excès qu’elle arriveen ce genre, elle ne se rendra jamais coupable d’aucun mal.

EUGÉNIE&|160;: Je l’abhorre, je la déteste, mille raisonslégitiment ma haine, il faut que j’aie sa vie, à quelque prix quece puisse être.

DOLMANCÉ&|160;: Eh bien&|160;! puisque tes résolutions sontinébranlables, tu seras satisfaite, Eugénie, je te le jure&|160;;mais permets-moi quelques conseils qui deviennent, avant qued’agir, de la première nécessité pour toi&|160;; que jamais tonsecret ne t’échappe, ma chère, et surtout agis seule&|160;; rienn’est plus dangereux que les complices&|160;; méfions-nous toujoursde ceux mêmes que nous croyons nous être le plus attachés&|160;:il faut, disait Machiavel, ou n’avoir jamais decomplices, ou s’en défaire dès qu’ils nous ont servi. Ce n’estpas tout&|160;: la feinte est indispensable, Eugénie, aux projetsque tu formes. Rapproche-toi plus que jamais de ta victime avantque de l’immoler, aie l’air de la plaindre ou de la consoler,cajole-la, partage ses peines, jure-lui que tu l’adores, fais plusencore, persuade-le-lui, la fausseté, dans de tels cas, ne sauraitêtre portée trop loin&|160;; Néron caressait Agrippine sur labarque même qui devait l’engloutir&|160;; imite cet exemple, use detoute la fourberie, de toutes les impostures que pourra te suggérerton esprit. Si le mensonge est toujours nécessaire aux femmes,c’est surtout lorsqu’elles veulent tromper, qu’il leur devient plusindispensable.

EUGÉNIE&|160;: Ces leçons seront retenues et mises en action,sans doute&|160;; mais approfondissons, je vous prie, cettefausseté que vous conseillez aux femmes de mettre en usage&|160;;croyez-vous donc cette manière d’être, absolument essentielle dansle monde&|160;?

DOLMANCÉ&|160;: Je n’en connais pas, sans doute, de plusnécessaire dans la vie&|160;; une vérité certaine va vous enprouver l’indispensabilité, tout le monde l’emploie, je vousdemande, d’après cela, comment un individu sincère n’échouera pastoujours au milieu d’une société de gens faux&|160;! Or s’il estvrai, comme on le prétend, que les vertus soient de quelque utilitédans la vie civile, comment voulez-vous que celui qui n’a ni lavolonté, ni le pouvoir, ni le don d’aucune vertu, ce qui arrive àbeaucoup de gens&|160;; comment voulez-vous, dis-je, qu’un tel êtrene soit pas essentiellement obligé de feindre pour obtenir à sontour un peu de la portion de bonheur que ses concurrents luiravissent&|160;? Et dans le fait, est-ce bien sûrement la vertu, ouson apparence, qui devient réellement nécessaire à l’hommesocial&|160;? Ne doutons pas que l’apparence seule luisuffise&|160;; il a tout ce qu’il faut en la possédant. Dès qu’onne fait qu’effleurer les hommes dans le monde, ne leur suffit-ilpas de nous montrer l’écorce&|160;? Persuadons-nous bien, ausurplus, que la pratique des vertus n’est guère utile qu’à celuiqui la possède, les autres en retirent si peu que, pourvu que celuiqui doit vivre avec nous paraisse vertueux, il devient parfaitementégal qu’il le soit en effet ou non&|160;; la fausseté, d’ailleurs,est presque toujours un moyen assuré de réussir, celui qui lapossède acquiert nécessairement une sorte de priorité sur celui quicommerce ou qui correspond avec lui&|160;; en l’éblouissant par defaux dehors, il le persuade, de ce moment il réussit&|160;:m’aperçois-je que l’on m’a trompé, je ne m’en prends qu’à moi, etmon suborneur a d’autant plus beau jeu encore, que je ne meplaindrai pas par orgueil&|160;; son ascendant sur moi seratoujours prononcé&|160;; il aura raison quand j’aurai tort&|160;;il s’avancera quand je ne serai rien&|160;; il s’enrichira quand jeme ruinerai&|160;; toujours enfin au-dessus de moi, il captiverabientôt l’opinion publique&|160;; une fois là, j’aurai beaul’inculper, on ne m’écoutera seulement pas. Livrons-nous donchardiment et sans cesse à la plus insigne fausseté&|160;;regardons-la comme la clé de toutes les grâces, de toutes lesfaveurs, de toutes les réputations, de toutes les richesses, etcalmons à loisir le petit chagrin d’avoir fait des dupes par lepiquant plaisir d’être fripon.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: En voilà, je le pense, infiniment plusqu’il n’en faut sur cette matière&|160;; Eugénie, convaincue, doitêtre apaisée, encouragée, elle agira quand elle voudra&|160;;j’imagine qu’il est nécessaire de continuer maintenant nosdissertations sur les différents caprices des hommes dans lelibertinage&|160;; ce champ doit être vaste, parcourons-le&|160;;nous venons d’initier notre élève dans quelques mystères de lapratique, ne négligeons pas la théorie.

DOLMANCÉ&|160;: Les détails libertins des passions de l’hommesont peu susceptibles, madame, de motifs d’instruction pour unejeune fille qui, comme Eugénie surtout, n’est pas destinée à fairele métier de femme publique&|160;; elle se mariera, et dans cettehypothèse, il y a à parier dix contre un que son mari n’aura pointces goûts-là&|160;; si cela était cependant, la conduite estfacile&|160;: beaucoup de douceur et de complaisance aveclui&|160;; d’autre part, beaucoup de fausseté et de dédommagementen secret, ce peu de mots renferme tout. Si votre Eugénie pourtantdésire quelques analyses des goûts de l’homme dans l’acte dulibertinage&|160;: pour les examiner plus sommairement, nous lesréduirons à trois&|160;: la sodomie, les fantaisies sacrilègeset les goûts cruels. La première passion est universelleaujourd’hui, nous allons joindre quelques réflexions à ce que nousen avons déjà dit&|160;; on la divise en deux classes, l’active etla passive&|160;: l’homme qui encule, soit un garçon, soit unefemme, commet la sodomie active&|160;; il est sodomite passif quandil se fait foutre. On a souvent mis en question laquelle de cesdeux façons de commettre la sodomie était la plusvoluptueuse&|160;; c’est assurément la passive, puisqu’on jouit àla fois de la sensation du devant et de celle du derrière&|160;; ilest si doux de changer de sexe, si délicieux de contrefaire laputain, de se livrer à un homme qui nous traite comme une femme,d’appeler cet homme son amant, de s’avouer sa maîtresse&|160;:ah&|160;! mes amies, quelle volupté&|160;! Mais, Eugénie,bornons-nous ici à quelques conseils de détails, uniquementrelatifs aux femmes qui, se métamorphosant en hommes, veulent jouirà notre exemple de ce plaisir délicieux. Je viens de vousfamiliariser avec ces attaques, Eugénie, et j’en ai assez vu pourêtre persuadé que vous ferez un jour bien des progrès dans cettecarrière. Je vous exhorte à la parcourir comme une des plusdélicieuses de l’île de Cythère, parfaitement sûr que vousaccomplirez ce conseil&|160;; je vais me borner à deux ou troisavis essentiels à toute personne décidée à ne plus connaître que cegenre de plaisirs, ou ceux qui leur sont analogues. Observezd’abord de vous faire toujours branler le clitoris quand on voussodomise&|160;; rien ne se marie comme ces deux plaisirs&|160;;évitez le bidet ou le frottement de linge quand vous venez d’êtrefoutue de cette manière&|160;; il est bon que la brèche soittoujours ouverte, il en résulte des désirs, des titillationsqu’éteignent aussitôt les soins de propreté&|160;; on n’a pasd’idée du point auquel les sensations se prolongent. Ainsi, quandvous serez dans le train de vous amuser de cette manière, Eugénie,évitez les acides, ils enflamment les hémorroïdes et rendent alorsles introductions douloureuses&|160;; opposez-vous à ce queplusieurs hommes vous déchargent de suite dans le cul, ce mélangede sperme, quoique voluptueux pour l’imagination, est souventdangereux pour la santé&|160;; rejetez toujours au-dehors cesdifférentes émissions à mesure qu’elles se font.

EUGÉNIE&|160;: Mais si elles étaient faites par-devant, neserait-ce pas un crime&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: N’imagine donc pas, pauvre folle, qu’ily ait le moindre mal à se prêter de telle manière que ce puisseêtre à détourner du grand chemin la semence de l’homme, parce quela propagation n’est nullement le but de la nature, elle n’en estqu’une tolérance&|160;; et lorsque nous n’en profitons pas, sesintentions sont bien mieux remplies&|160;: Eugénie, sois l’ennemiejurée de cette fastidieuse propagation, et détourne sans cesse,même en mariage, cette perfide liqueur dont la végétation ne sertqu’à gâter nos tailles, qu’à émousser dans nous les sensationsvoluptueuses, nous flétrir, nous vieillir et déranger notresanté&|160;; engage ton mari à s’accoutumer à ces pertes, offre-luitoutes les routes qui peuvent éloigner l’hommage du temple, dis-luique tu détestes les enfants, que tu le supplies de ne point t’enfaire. Observe-toi sur cet article, ma bonne, car, je te ledéclare, j’ai la propagation dans une telle horreur que jecesserais d’être ton amie à l’instant où tu deviendraisgrosse&|160;; si pourtant ce malheur t’arrive, sans qu’il y ait deta faute, préviens-moi dans les sept ou huit premières semaines, etje te ferai couler cela tout doucement&|160;; ne crains pointl’infanticide, ce crime est imaginaire, nous sommes toujours lesmaîtresses de ce que nous portons dans notre sein, et nous nefaisons pas plus de mal à détruire cette espèce de matière, qu’àpurger l’autre, par des médicaments, quand nous en éprouvons lebesoin.

EUGÉNIE&|160;: Mais si l’enfant était à terme&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Fût-il au monde, nous serions toujoursles maîtresses de le détruire. Il n’y a sur la terre aucun droitplus certain que celui des mères sur leurs enfants. Il n’est aucunpeuple qui n’ait reconnu cette vérité, elle est fondée en raison,en principes.

DOLMANCÉ&|160;: Ce droit est dans la nature… il estincontestable. L’extravagance du système déifique fut la source detoutes ces erreurs grossières, les imbéciles qui croyaient un dieu,persuadés que nous ne tenions l’existence que de lui, etqu’aussitôt qu’un embryon était en maturité, une petite âme, émanéede dieu, venait l’animer aussitôt&|160;; ces sots, dis-je, durentassurément considérer comme un crime capital la destruction decette petite créature, parce que, d’après eux, elle n’appartenaitplus aux hommes&|160;; c’était l’ouvrage de dieu&|160;; elle étaità dieu, en pouvait-on disposer sans crime&|160;! Mais depuis que leflambeau de la philosophie a dissipé toutes ces impostures, depuisque la chimère divine est foulée aux pieds, depuis que mieuxinstruits des lois et des secrets de la physique nous avonsdéveloppé le principe de la génération, et que ce mécanismematériel n’offre aux yeux rien de plus étonnant que la végétationdu grain de blé, nous en avons appelé à la nature de l’erreur deshommes&|160;; étendant la mesure de nos droits, nous avons enfinreconnu que nous étions parfaitement libres de reprendre ce quenous n’avions donné qu’à contre-cœur ou par hasard, et qu’il étaitimpossible d’exiger d’un individu quelconque de devenir père oumère s’il n’en a pas envie, que cette créature de plus ou de moinssur la terre n’était pas d’ailleurs d’une bien grande conséquence,et que nous devenions en un mot aussi certainement les maîtres dece morceau de chair quelque animé qu’il fût, que nous le sommes desongles que nous retranchons de nos doigts, des excroissances dechair que nous extirpons de nos corps, ou des digestions que noussupprimons de nos entrailles. Parce que l’un et l’autre sont denous, parce que l’un et l’autre sont à nous, et que nous sommesabsolument possesseurs de ce qui émane de nous. En vousdéveloppant, Eugénie, la très médiocre importance dont l’action dumeurtre était sur terre, vous avez dû voir de quelle petiteconséquence doit être également tout ce qui tient à l’infanticidecommis sur une créature déjà même en âge de raison&|160;; il estdonc inutile d’y revenir, l’excellence de votre esprit ajoute à mespreuves, la lecture de l’histoire des mœurs de tous les peuples dela terre, en vous faisant voir que cet usage est universel,achèvera de vous convaincre qu’il n’y aurait que de l’imbécillité àadmettre du mal à cette très indifférente action.

EUGÉNIE, d’abord à Dolmancé&|160;: Je ne puis vous direà quel point vous me persuadez&|160;; (s’adressant ensuite àMme&|160;de&|160;Saint-Ange&|160;:) mais dis-moi,ma toute bonne, t’es-tu quelquefois servie du remède que tum’offres pour détruire intérieurement le fœtus&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Deux fois, et toujours avec le plusgrand succès, mais je dois t’avouer que je n’en ai fait l’épreuveque dans les premiers temps&|160;; cependant deux femmes de maconnaissance ont employé ce même remède à mi-terme, et elles m’ontassuré qu’il leur avait également réussi. Compte donc sur moi dansl’occasion, ma chère, mais je t’exhorte à ne te jamais mettre dansle cas d’en avoir besoin, c’est le plus sûr. Reprenons maintenantla suite des détails lubriques que nous avons promis à cette jeunefille. Poursuivez, Dolmancé, nous en sommes aux fantaisiessacrilèges.

DOLMANCÉ&|160;: Je suppose qu’Eugénie est trop revenue deserreurs religieuses pour ne pas être intimement persuadée que toutce qui tient à se jouer des objets de la piété des sots, ne peutavoir aucune sorte de conséquence, ces fantaisies en ont si peuqu’elles ne doivent, dans le fait, échauffer que de très jeunestêtes, pour qui toute rupture de frein devient unejouissance&|160;; c’est une espèce de petite vindicte qui enflammel’imagination, et qui, sans doute, peut amuser quelquesinstants&|160;; mais ces voluptés, ce me semble, doivent devenirinsipides et froides quand on a eu le temps de s’instruire et de seconvaincre de la nullité des objets dont les idoles que nousbafouons ne sont que la chétive représentation&|160;; profaner lesreliques, les images de saints, l’hostie, le crucifix, tout cela nedoit être, aux yeux du philosophe, que ce que serait la dégradationd’une statue païenne&|160;; une fois qu’on a dévoué ces exécrablesbabioles au mépris, il faut les y laisser sans s’en occuperdavantage, il n’est bon de conserver de tout cela que le blasphème,non qu’il ait plus de réalité, car dès l’instant où il n’y a plusde dieu, à quoi sert-il d’insulter son nom&|160;? Mais c’est qu’ilest essentiel de prononcer des mots forts, ou sales, dans l’ivressedu plaisir, et que ceux du blasphème servent assez bienl’imagination&|160;; il n’y faut rien épargner, il faut orner cesmots du plus grand luxe d’expressions, il faut qu’ils scandalisentle plus possible&|160;; car il est très doux de scandaliser, ilexiste là un petit triomphe pour l’orgueil qui n’est nullement àdédaigner, je vous l’avoue, mesdames, c’est une de mes voluptéssecrètes, il est peu de plaisirs moraux plus actifs sur monimagination&|160;; essayez-le, Eugénie, et vous verrez ce qu’il enrésulte&|160;; étalez surtout une prodigieuse impiété lorsque vousvous trouvez avec des personnes de votre âge qui végètent encoredans les ténèbres de la superstition. Affichez la débauche et lelibertinage, affectez de vous mettre en fille, de leur laisser voirvotre gorge&|160;; si vous allez avec elles dans les lieux secrets,troussez-vous avec indécence, laissez-leur voir avec affectationles plus secrètes parties de votre corps, exigez la même chosed’elles, séduisez-les, sermonnez-les, faites-leur voir le ridiculede leurs préjugés, mettez-les ce qui s’appelle à mal, jurez commeun homme avec elles, si elles sont plus jeunes que vous, prenez-lesde force, amusez-vous-en et corrompez-les soit par des exemples,soit par des conseils, soit par tout ce que vous pourrez croire, enun mot, de plus capable de les pervertir&|160;; soyez de mêmeextrêmement libre avec les hommes, affichez avec eux l’irréligionet l’impudence&|160;; loin de vous effrayer des libertés qu’ilsprendront, accordez-leur mystérieusement tout ce qui peut lesamuser sans vous compromettre, laissez-vous manier par eux,branlez-les, faites-vous branler, allez même jusqu’à leur prêter lecul&|160;; mais puisque l’honneur chimérique des femmes tient àleurs prémices antérieures, rendez-vous plus difficile sur cela,une fois mariée, prenez des laquais, point d’amant, ou payezquelques gens sûrs&|160;; de ce moment tout est à couvert, plusd’atteinte à votre réputation, et sans qu’on ait jamais pu voussuspecter, vous avez trouvé l’art de faire tout ce qui vous aplu.

Poursuivons&|160;:

Les plaisirs de la cruauté sont les troisièmes que nous noussommes promis d’analyser.

Ces sortes de plaisirs sont aujourd’hui très communs parmi leshommes, et voici l’argument dont ils se servent pour les légitimer.Nous voulons être émus, disent-ils, c’est le but de tout homme quise livre à la volupté, et nous voulons l’être par les moyens lesplus actifs&|160;; en partant de ce point, il ne s’agit pas desavoir si nos procédés plairont ou déplairont à l’objet qui noussert, il s’agit seulement d’ébranler la masse de nos nerfs par lechoc le plus violent possible&|160;; or il n’est pas douteux que ladouleur affectant bien plus vivement que le plaisir, les chocsrésultatifs sur nous de cette sensation produite sur les autres,seront essentiellement d’une vibration plus vigoureuse, retentirontplus énergiquement dans nous, mettront dans une circulation plusviolente les esprits animaux qui, se déterminant sur les bassesrégions par le mouvement de rétrogradation qui leur est essentielalors, embraseront aussitôt les organes de la volupté, et lesdisposeront au plaisir&|160;; les effets du plaisir sont toujourstrompeurs dans les femmes&|160;; il est d’ailleurs très difficilequ’un homme laid ou vieux les produise, y parvient-il&|160;? ilssont faibles, et les chocs beaucoup moins nerveux, il faut doncpréférer la douleur, dont les effets ne peuvent tromper, et dontles vibrations sont plus actives&|160;; mais, objecte-t-on auxhommes entichés de cette manie, cette douleur afflige le prochain,est-il charitable de faire du mal aux autres pour se délectersoi-même&|160;? les coquins vous répondent à cela, qu’accoutumésdans l’acte du plaisir à se compter pour tout, et les autres pourrien, ils sont persuadés qu’il est tout simple, d’après lesimpulsions de la nature, de préférer ce qu’ils sentent, à ce qu’ilsne sentent point&|160;; que nous font, osent-ils dire, les douleursoccasionnées sur le prochain, les ressentons-nous&|160;? non, aucontraire, nous venons de démontrer que de leur production résulteune sensation délicieuse pour nous&|160;; à quel titreménagerions-nous donc un individu qui ne nous touche en rien, àquel titre lui éviterions-nous une douleur qui ne nous coûterajamais une larme, quand il est certain que de cette douleur vanaître un très grand plaisir pour nous&|160;; avons-nous jamaiséprouvé une seule impulsion de la nature qui nous conseille depréférer les autres à nous&|160;? et chacun n’est-il pas pour soidans le monde&|160;? Vous nous parlez d’une voix chimérique decette nature qui nous dit de ne pas faire aux autres ce que nous nevoudrions pas qui nous fût fait&|160;; mais cet absurde conseil nenous est jamais venu que des hommes, et des hommes faibles, l’hommepuissant ne s’avisa jamais de parler un tel langage. Ce furent lespremiers chrétiens, qui journellement persécutés pour leur imbécilesystème, criaient à qui voulait l’entendre&|160;: «&|160;Ne nousbrûlez pas, ne nous écorchez pas, la nature dit qu’il ne fautpas faire aux autres ce que nous ne voudrions pas qu’il nous fûtfait.&|160;» Imbéciles, comment la nature qui nous conseilletoujours de nous délecter, qui n’imprime jamais dans nous d’autresmouvements, d’autres inspirations, pourrait-elle le moment d’après,par une inconséquence sans exemple, nous assurer qu’il ne fautpourtant pas nous aviser de nous délecter si cela peut faire de lapeine aux autres&|160;? ah&|160;! croyons-le, croyons-le, Eugénie,la nature, notre mère à tous, ne nous parle jamais que de nous,rien n’est égoïste comme sa voix, et ce que nous y reconnaissons deplus clair est l’immuable et saint conseil qu’elle nous donne denous délecter, n’importe aux dépens de qui. Mais les autres, vousdit-on à cela, peuvent se venger… À la bonne heure, le plus fortseul aura raison. Eh bien&|160;! voilà l’état primitif de guerre etde destruction perpétuelles pour lequel sa main nous créa, et danslequel seul il lui est avantageux que nous soyons.

Voilà, ma chère Eugénie, comme raisonnent ces gens-là, et moi,j’y ajoute, d’après mon expérience et mes études, que la cruauté,bien loin d’être un vice, est le premier sentiment qu’imprime ennous la nature&|160;: l’enfant brise son hochet, mord le téton desa nourrice, étrangle son oiseau bien avant que d’avoir l’âge deraison&|160;; la cruauté est empreinte dans les animaux chezlesquels, ainsi que je crois vous l’avoir dit, les lois de lanature se lisent bien plus énergiquement que chez nous. Elle estchez les sauvages bien plus rapprochée de la nature que chezl’homme civilisé&|160;; il serait donc absurde d’établir qu’ellefût une suite de la dépravation&|160;; ce système est faux, je lerépète, la cruauté est dans la nature, nous naissons tous avec unedose de cruauté que la seule éducation modifie&|160;; maisl’éducation n’est pas dans la nature, elle nuit autant aux effetssacrés de la nature que la culture nuit aux arbres. Comparez dansvos vergers l’arbre abandonné aux soins de la nature, avec celuique votre art soigne en le contraignant, et vous verrez lequel estle plus beau, vous éprouverez lequel vous donnera de meilleursfruits&|160;; la cruauté n’est autre chose que l’énergie de l’hommeque la civilisation n’a point encore corrompue, elle est donc unevertu et non pas un vice&|160;; retranchez vos lois, vos punitions,vos usages, et la cruauté n’aura plus d’effets dangereux,puisqu’elle n’agira jamais sans pouvoir être aussitôt repoussée parles mêmes voies&|160;; c’est dans l’état de civilisation qu’elleest dangereuse, parce que l’être lésé manque presque toujours, oude la force, ou des moyens de repousser l’injure&|160;; mais dansl’état d’incivilisation, si elle agit sur le fort, elle serarepoussée par lui, et si elle agit sur le faible, ne lésant qu’unêtre qui cède au fort par les lois de la nature, elle n’a pas lemoindre inconvénient.

Nous n’analyserons point la cruauté dans les plaisirs lubriqueschez les hommes&|160;; vous voyez à peu près, Eugénie, lesdifférents excès où ils doivent porter, et votre ardenteimagination doit vous faire aisément comprendre que, dans une âmeferme et stoïque, ils ne doivent point avoir de bornes. Néron,Tibère, Héliogabale immolaient des enfants pour se fairebander&|160;; le maréchal de Retz, Charolais l’oncle de Condé,commirent aussi des meurtres de débauche&|160;: le premier avouadans son interrogatoire qu’il ne connaissait pas de volupté pluspuissante que celle qu’il retirait du supplice infligé par sonaumônier et lui sur de jeunes enfants des deux sexes. On en trouvasept ou huit cents d’immolés dans un de ses châteaux de Bretagne.Tout cela se conçoit, je viens de vous le prouver. Notreconstitution, nos organes, le cours des liqueurs, l’énergie desesprits animaux, voilà les causes physiques qui font, dans la mêmeheure, ou des Titus ou des Néron, desMessaline ou des Chantal&|160;; il ne faut pasplus s’enorgueillir de la vertu, que se repentir du vice, pas plusaccuser la nature de nous avoir fait naître bon, que de nous avoircréé scélérat&|160;; elle a agi d’après ses vues, ses plans et sesbesoins, soumettons-nous. Je n’examinerai donc ici que la cruautédes femmes, toujours bien plus active chez elles que chez leshommes, par la puissante raison de l’excessive sensibilité de leursorganes. Nous distinguons en général deux sortes de cruauté&|160;;celle qui naît de la stupidité, qui jamais raisonnée, jamaisanalysée, assimile l’individu né tel, à la bête féroce&|160;:celle-là ne donne aucun plaisir, parce que celui qui y est enclinn’est susceptible d’aucune recherche, les brutalités d’un tel êtresont rarement dangereuses, il est toujours facile de s’en mettre àl’abri&|160;; l’autre espèce de cruauté, fruit de l’extrêmesensibilité des organes, n’est connue que des êtres extrêmementdélicats, et les excès où elle les porte ne sont que desraffinements de leur délicatesse&|160;; c’est cette délicatessetrop promptement émoussée à cause de son excessive finesse qui,pour se réveiller, met en usage toutes les ressources de lacruauté, qu’il est peu de gens qui conçoivent ces différences…Comme il en est peu qui les sentent, elles existent pourtant, ellessont indubitables&|160;; or, c’est ce second genre de cruauté dontles femmes sont le plus souvent affectées. Étudiez-les bien, vousverrez si ce n’est pas l’excès de leur sensibilité qui les aconduites là. Vous verrez si ce n’est pas l’extrême activité deleur imagination, la force de leur esprit qui les rend scélérateset féroces&|160;; aussi celles-là sont-elles toutes charmantes,aussi n’en est-il pas une seule de cette espèce qui ne fassenttourner des têtes quand elles l’entreprennent&|160;;malheureusement la rigidité, ou plutôt l’absurdité de nos mœurslaisse peu d’aliment à leur cruauté&|160;; elles sont obligées dese cacher, de dissimuler, de couvrir leur inclination par des actesde bienfaisance ostensibles qu’elles détestent au fond de leurcœur&|160;; ce ne peut plus être que sous le voile le plus obscur,avec les précautions les plus grandes, aidées de quelques amiessûres qu’elles peuvent se livrer à leurs inclinations&|160;; etcomme il en est beaucoup de ce genre, il en est par conséquentbeaucoup de malheureuses&|160;; voulez-vous les connaître&|160;?annoncez-leur un spectacle cruel, celui d’un duel, d’un incendie,d’une bataille, d’un combat de gladiateurs, vous verrez comme ellesaccourront mais ces occasions ne sont pas assez nombreuses pouralimenter leur fureur, elles se contiennent, et elles souffrent.Jetons un coup d’œil rapide sur les femmes de ce genre&|160;;Zingua, reine d’Angola, la plus cruelle des femmes, immolait sesamants dès qu’ils avaient joui d’elle&|160;; souvent elle faisaitbattre des guerriers sous ses yeux et devenait le prix duvainqueur&|160;; pour flatter son âme féroce, elle se divertissaità faire piler dans un mortier toutes les femmes devenues enceintesavant l’âge de trente ans[9] . Zoé,femme d’un empereur chinois, n’avait pas de plus grand plaisir quede voir exécuter des criminels sous ses yeux&|160;; à leur défaut,elle faisait immoler des esclaves pendant qu’elle foutait avec sonmari, et proportionnait les élans de sa décharge à la cruauté desangoisses qu’elle faisait supporter à ces malheureux. Ce fut ellequi, raffinant sur le genre de supplice à imposer à ces victimes,inventa cette fameuse colonne d’airain creuse que l’on faisaitrougir après y avoir enfermé le patient. Théodora, la femme deJustinien, s’amusait à voir faire des eunuques&|160;; et Messalinese branlait pendant que, par le procédé de la masturbation, onexténuait des hommes devant elle. Les Floridiennes faisaientgrossir le membre de leurs époux et plaçaient de petits insectessur le gland, ce qui leur faisait endurer des douleurs horribles,elles les attachaient pour cette opération, et se réunissaientplusieurs autour d’un seul homme pour en venir plus sûrement àbout&|160;; dès qu’elles aperçurent les Espagnols, elles tinrentelles-mêmes leurs époux pendant que ces barbares Européens lesassassinaient&|160;; la Voisin, la Brinvilliers empoisonnaient pourleur seul plaisir de commettre un crime. L’histoire en un mot nousfournit mille et mille traits de la cruauté des femmes, et c’est enraison du penchant naturel qu’elles éprouvent à ces mouvements queje voudrais qu’elles s’accoutumassent à faire usage de laflagellation active, moyen par lequel les hommes cruels apaisentleur férocité&|160;; quelques-unes d’entre elles en usent, je lesais, mais il n’est pas encore en usage, parmi ce sexe, au point oùje le désirerais, au moyen de cette issue donnée à la barbarie desfemmes, la société y gagnerait&|160;; car ne pouvant être méchantesde cette manière, elles le sont d’une autre, et, répandant ainsileur venin dans le monde, elles font le désespoir de leurs époux etde leur famille. Le refus de faire une bonne action, lorsquel’occasion s’en présente, celui de secourir l’infortune, donnentbien, si l’on veut, de l’essor à cette férocité où certaines femmessont naturellement entraînées&|160;; mais cela est faible etsouvent beaucoup trop loin du besoin qu’elles ont de faire pis. Ily aurait, sans doute, d’autres moyens par lesquels une femme, à lafois sensible et féroce, pourrait calmer ses fougueusespassions&|160;; mais ils sont dangereux, Eugénie, et je n’oseraisjamais te les conseiller… Oh ciel&|160;! qu’avez-vous donc, cherange&|160;?… Madame, dans quel état voilà votre élève&|160;?

EUGÉNIE, se branlant&|160;: Ah&|160;! sacredieu, vousme tournez la tête… Voilà l’effet de vos foutus propos.

DOLMANCÉ&|160;: Au secours, madame, au secours… laisserons-nousdonc décharger cette belle enfant sans l’aider&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Oh&|160;! ce serait injuste&|160;;(la prenant dans ses bras&|160;:) adorable créature, jen’ai jamais vu une sensibilité comme la tienne, jamais une tête sidélicieuse&|160;!

DOLMANCÉ&|160;: Soignez le devant, madame, je vais avec malangue effleurer le joli petit trou de son cul, en lui donnant delégères claques sur ses fesses il faut qu’elle décharge entre nosmains au moins sept ou huit fois de cette manière.

EUGÉNIE, égarée&|160;: Ah, foutre&|160;! ce ne sera pasdifficile.

DOLMANCÉ&|160;: Par l’attitude où nous voilà, mesdames, jeremarque que vous pourriez me sucer le vit tour à tour, excité decette manière, je procéderais avec bien plus d’énergie aux plaisirsde notre charmante élève.

EUGÉNIE&|160;: Ma bonne, je te dispute l’honneur de sucer cebeau vit.

Elle le prend.

DOLMANCÉ&|160;: Ah&|160;! quelles délices, quelle chaleurvoluptueuse&|160;!… Mais, Eugénie, vous comporterez-vous bien àl’instant de la crise&|160;?

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Elle avalera… elle avalera, je répondsd’elle, et d’ailleurs si, par enfantillage… par je ne sais quellecause, enfin… elle négligeait les devoirs que lui impose ici lalubricité…

DOLMANCÉ, très animé&|160;: Je ne lui pardonnerais pas,madame, je ne lui pardonnerais pas, une punition exemplaire… Jevous jure qu’elle serait fouettée… qu’elle le serait jusqu’au sang…Ah, sacredieu&|160;! je décharge, mon foutre coule… avale… avale,Eugénie, qu’il n’y en ait pas une goutte de perdue… Et vous,madame, soignez donc mon cul, il s’offre à vous… Ne voyez-vous doncpas comme il bâille, mon foutu cul&|160;?… ne voyez-vous donc pascomme il appelle vos doigts&|160;?… Foutredieu, mon extase estcomplète, vous les y enfoncez jusqu’au poignet… Ah&|160;!remettons-nous&|160;; je n’en puis plus… cette charmante fille m’asucé comme un ange.

EUGÉNIE&|160;: Mon cher et adorable instituteur, je n’en ai pasperdu une goutte&|160;; baise-moi, cher amour, ton foutre estmaintenant au fond de mes entrailles.

DOLMANCÉ&|160;: Elle est délicieuse…, et comme la petitefriponne a déchargé&|160;!

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Elle est inondée… Oh ciel&|160;!qu’entends-je… on frappe, qui peut venir ainsi noustroubler&|160;?… c’est mon frère… imprudent&|160;!

EUGÉNIE&|160;: Mais, ma chère, ceci est une trahison&|160;!

DOLMANCÉ&|160;: Sans exemple, n’est-ce pas&|160;; ne craignezrien, Eugénie, nous ne travaillons que pour vos plaisirs.

MME DE SAINT-ANGE&|160;: Ah&|160;! nous allons bientôt l’enconvaincre. Approche, mon frère, et ris de cette petite fille quise cache pour n’être pas vue de toi.

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