– Non... Je ne crois pas.
– Alors... c’est ce neveu qui doit hériter ?
– Je ne sais pas.
– Il était très riche, Vaudrec ?
– Oui, très riche.
– Sais-tu ce qu’il avait à peu près ?
– Non, pas au juste. Un ou deux millions,peut-être ?
Il ne dit plus rien. Elle souffla la bougie. Et ils
demeurèrent étendus côte à côte dans la nuit,
silencieux, éveillés et songeant.
Il n’avait plus envie de dormir. Il trouvait
maigres maintenant les soixante-dix mille francs
promis par Mme Walter. Soudain il crut que
Madeleine pleurait. Il demanda pour s’en
assurer :
– Dors-tu ?
– Non.
Elle avait la voix mouillée et tremblante. Il
reprit :
– J’ai oublié de te dire tantôt que ton ministre
nous a fichus dedans.
– Comment ça ?
Et il lui conta, tout au long, avec tous les
détails, la combinaison préparée entre Laroche et
Walter.
Quand il eut fini, elle demanda :
– Comment sais-tu ça ?
Il répondit :
– Tu me permettras de ne point te le dire. Tu
as tes procédés d’information que je ne pénètre
point. J’ai les miens que je désire garder. Je
réponds en tout cas de l’exactitude de mes
renseignements.
Alors elle murmura :
– Oui, c’est possible… Je me doutais qu’ils
faisaient quelque chose sans nous.
Mais Georges que le sommeil ne gagnait pas,
s’était rapproché de sa femme, et, doucement, il
lui baisa l’oreille. Elle le repoussa avec vivacité :
– Je t’en prie, laisse-moi tranquille, n’est-ce
pas ? Je ne suis point d’humeur à batifoler.
Il se retourna, résigné, vers le mur, et, ayant
fermé les yeux, il finit par s’endormir.
