La rage de l’expression Francis Ponge

la foule narmes bées, porte loin
(( M Iraculeuse
MOmentanée
SAtisfaction !
MInute
MOusseuse
SAfranée ! »
Peignes découragés par la beauté
des poux d’or qui naissent de leurs
dents ! Basse-cour haute-cour d’autru-
ches enracinées, jaillissantes de poussins
d’or! Brève fortune, jeune millionnaire
la robe épanouie, liée par le bas, agitée
en bouquets! Houppette neuve, faibles
poussins de cygne, douce au contact et
très fort parfumée ! Geyser de plumes
poussinantes ! Panaches, de soleils sou-
tenables constellés!… Et décorés à pois
de soleils soutenables! Orgueil souple
et retombant avec déférence pour lui-
même comme pour les spectateurs.
– La floraison est un paroxysme.
La fructification est déj à sur le chemin
du retour.
L’enthousiasme (qui est beau par

lui-même) porte ses fruits (qui sont bons
ou mauvais).
La floraison est une valeur esthé-
tique, la fructification une valeur
morale : l’une précède l’autre.
– Le bon est la conséquence du
beau. L’utile (graine) est la conséquence
du bon.
– Le bon peut être aussi beau que
le beau (oranges, citrons) . L’utile est
le plus souvent esthétiquement mo-
deste.
La fleur est le paroxysme de la
jouissance de l’individu.
– Le fruit n’est que l’enveloppe, le
protecteur, le frigidaire, l’humidaire de
la graine.
La graine est le joyau spécifique,
c’est la chose, le rien.
– La graine qui n’a l’air de rien est
– en effet – la chose. »
*
Au paroxysme de sa propre jouissance
spécifique et de la satisfaction visuelle
et olfactive qu’il cause, le panache du
mimosa retombe et les soleils qui le

constellent se contractent et jaunissent :
ils ont vécu.
Vision paradisiaque, bosquet de
nobles autruches empêchées, par quel
scrupule s’éteignent-elles, montrent-elles
tant de découragement?
– Par déférence pour elles-mêmes et
pour les spectateurs : oh! pardon, sem-
blent-elles dire, de nous être si ostensi-
blement réjouies ! D’avoir si ostensible-
ment joui…. Bosquet de fumées
végétales… Le mimosa ne se concevrait-
il pas lui-même comme une fumée, un
encens? Et ne serait-il pas découragé par
son poids et sa fixité?
*
Il Y a foule de poussins d’or
sur l’avenue bosquet d’hypersensibles
plumes
Il y a foule de poussins d’or
entre deux infinis d’azur
piaillant la note complémentaire.
*
Parvenu à ce point, j’allai à la bibliothèque consulter le Littré, la Grande
Encyclopédie, le Larousse :
Paroxysme, de ‘ltOCp&, indiquant l’ad-
jonction – et oçùve v, rendre aigre. La
plus forte intensité d’un accès, d’une
douleur.
Paroxyntique, les jours paroxyn-
tiques : les j ours où les paroxysmes
ont lieu.
Enthousiasme, de ÈV, en et 6eoc;, dieu.
Premier senS : fureur divine : état phy-
sique désordonné comme celui des sibyl-
les qui rendaient leurs oracles en pous-
sant des cris, écumant, roulant des
yeux.
Geyser : non, ne convient pas.
Mimosa, s. f. (mais d’après les bota-
nistes s. m.) : nom latin d’un genre de
légumineuses dont la plus connue est la
sensitive (mimosa pudica). Étymolo-
gle : VOIr mlmeux.
Mimeux : se dit des plantes qui, lors-
qu’on les touche, se contractent. Les
plantes mimeuses. Étym. : de mimus,
parce qu’en se contractant ces plantes
semblent représenter les grimaces d’un
mIme.
Eumimosa. Ce curIeux petit arbuste

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