À se tordre

Chapitre 1

 

Il la rencontra un jour dans la rue, et la suivit jusque chez elle. À distance et respectueusement.

Il n’était pourtant pas timide ni maladroit,mais cette jeune femme lui semblait si vertueuse, si paisiblement honnête, qu’il se serait fait un crime de troubler, même superficiellement, cette belle tranquillité !

Et c’était bien malheureux, car il ne se souvenait pas avoir jamais rencontré une plus jolie fille, lui qui en avait tant vu et qui les aimait tant.

Jeune fille ou jeune femme, on n’aurait pas su dire, mais, en tout cas, une adorable créature.

Une robe très simple, de laine, moulait la taille jeune et souple.

Une voilette embrumait la physionomie, qu’on devinait délicate et distinguée.

Entre le col de la robe et le bas de la voilette apparaissait un morceau de cou, un tout petit morceau.

Et cet échantillon de peau blanche, fraîche,donnait au jeune homme une furieuse envie de s’informer si le reste était conforme.

Il n’osa pas.

Lentement, et non sans majesté, elle rentra chez elle.

Lui resta sur le trottoir, plus troublé qu’il ne voulait se l’avouer.

– Nom d’un chien ! disait-il, labelle fille !

Il étouffa un soupir :

– Quel dommage que ce soit une honnête femme !

Il mit beaucoup de complaisance personnelle à la revoir, le lendemain et les jours suivants.

Il la suivit longtemps avec une admiration croissante et un respect qui ne se démentit jamais.

Et chaque fois, quand elle rentrait chez elle,lui restait sur le trottoir, tout bête, et murmurait :

– Quel dommage que ce soit une honnête femme !

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