Les Aventures d’Arthur Gordon Pym de Nantucket

Chapitre 6Lueur d’espoir.

Tant que nous restâmes auprès de la caisse,Auguste ne me communiqua que les principales circonstances de cerécit. Ce ne fut que plus tard qu’il entra pleinement dans tous lesdétails. Il tremblait qu’on ne se fût aperçu de son absence, etj’éprouvais une ardente impatience de quitter mon infâme prison.Nous résolûmes de nous diriger tout de suite vers le trou de lacloison, près duquel je devais rester pour le présent, pendantqu’il irait en reconnaissance. Abandonner Tigre dans la caisseétait une pensée que nous ne pouvions supporter ni l’un ni l’autre.Cependant, pouvions-nous agir autrement ? Là était laquestion. Celui-ci semblait maintenant parfaitement calme, et, enappliquant notre oreille tout contre la caisse, nous ne pouvionsmême pas distinguer le bruit de sa respiration. J’étais convaincuqu’il était mort, et je me décidai à ouvrir la porte. Nous letrouvâmes couché tout de son long, comme plongé dans une profondetorpeur, mais vivant encore. Nous n’avions certainement pas detemps à perdre, et cependant je ne pouvais pas me résigner àabandonner, sans faire un effort pour le sauver, un animal quiavait été deux fois l’instrument de mon salut. Avec une fatigue etune peine inouïes nous le traînâmes donc avec nous ; Augusteétant contraint, la plupart du temps, de grimper par-dessus lesobstacles qui obstruaient notre voie avec l’énorme chien dans sesbras, trait de force et d’adresse dont mon affreux épuisementm’aurait rendu complètement incapable. Nous réussîmes enfin àatteindre le trou, à travers lequel Auguste passa le premier ;puis Tigre fut poussé dans le gaillard d’avant. Tout était pour lemieux, nous étions sains et saufs et nous ne manquâmes pasd’adresser à Dieu des grâces sincères pour nous avoir simerveilleusement tirés d’un imminent danger. Pour le présent il futdécidé que je resterais près de l’ouverture, à travers laquelle moncamarade pourrait aisément me faire passer une partie de saprovision journalière, et où j’aurais l’avantage de respirer uneatmosphère plus pure, je veux dire relativement pure.

Pour l’éclaircissement de quelques parties dece récit, où j’ai tant parlé de l’arrimage du brick, et qui peuventparaître obscures à quelques-uns de mes lecteurs qui ont peut-êtrevu un arrimage régulier et bien fait, je dois établir ici que lamanière dont cette très importante besogne avait été faite à borddu Grampus était un honteux exemple de négligence de lapart du capitaine Barnard, qui n’était pas un marin aussi soigneuxet aussi expérimenté que l’exigeait impérieusement la naturehasardeuse du service dont il était chargé. Un véritable arrimagedoit être fait avec la méthode la plus soignée, et les plusdésastreux accidents, à ma propre connaissance, sont souvent venusde l’incurie ou de l’ignorance dans cette partie du métier. Lesbâtiments côtiers, dans la confusion et le mouvement quiaccompagnent le chargement ou le déchargement d’une cargaison, sontles plus exposés à mal par manque d’attention dans l’arrimage. Legrand point est de ne pas laisser au lest ou à la cargaison lapossibilité de bouger, même dans les plus violents coups de roulis.À cette fin, on doit faire attention non seulement au chargement enlui-même, mais aussi à la nature du chargement, et si c’est unecargaison complète ou seulement partielle.

Pour la plupart des frets, l’arrimage seprépare au moyen d’un cric à main. Ainsi, s’il s’agit d’une chargede tabac ou de farine, le tout est pressuré si étroitement dans lacale du navire que les barils ou les pièces, quand on les décharge,se trouvent complètement aplatis et sont quelque temps sansreprendre leur forme première. On a recours à cette méthodeprincipalement pour obtenir plus de place dans la cale ; caravec une charge complète de marchandises telles que letabac et la farine, il ne peut pas y avoir de jeu ; il n’y aaucun danger que les pièces bougent, ou du moins il n’en peutrésulter aucun inconvénient grave. Il y a eu, à la vérité, des casoù ce procédé de pressurage au cric a amené les plus déplorablesconséquences, résultant d’une cause tout à fait distincte du dangerdes déplacements dans la cargaison. Il est connu, par exemple,qu’une charge de coton, serrée et pressurée dans certainesconditions, peut, par l’expansion de son volume, opérer desfissures dans un navire et occasionner des voies d’eau.Indubitablement, le même résultat aurait lieu dans le cas du tabaclorsqu’il subit sa fermentation ordinaire, sans les interstices quise forment naturellement sur la partie arrondie des pièces.

C’est quand on embarque une portion decargaison que le danger du mouvement est particulièrement àcraindre, et qu’il faut prendre toutes les précautions pour segarder d’un tel malheur. Ceux-là seulement qui ont essuyé unviolent coup de vent, ou, mieux encore, ceux qui ont subi le roulisd’un navire, quand un calme soudain succède à la tempête, peuventse faire une idée de la force effroyable des secousses. C’est alorsque la nécessité d’un arrimage soigné, dans une cargaisonpartielle, devient manifeste. Quand un navire est à la cape(surtout avec une petite voile d’avant), si son avant n’est pasparfaitement construit, il est fréquemment jeté sur le côté ;ceci peut arriver toutes les quinze ou vingt minutes, en moyenne,sans qu’il en résulte des conséquences bien sérieuses pourvuque l’arrimage soit convenablement fait. Mais, si on n’y a pasapporté un soin particulier, à la première de ces énormesembardées, toute la cargaison croule du côté du navire qui estappuyé sur l’eau, et, ne pouvant retrouver son équilibre, comme ilferait nécessairement sans cet accident, il est sûr de faire eau enquelques secondes et de sombrer. On peut, sans exagération,affirmer que la moitié des cas où les navires ont coulé bas par degros temps, peut être attribuée à un dérangement dans la cargaisonou dans le lest.

Quand on charge à bord une portion decargaison de n’importe quelle espèce, le tout, après avoir étéarrimé d’une manière aussi compacte que possible, doit êtrerecouvert d’une couche de planches mobiles, s’étendant dans toutela largeur du navire. Sur ces planches il faut dresser de fortsétançons provisoires, montant jusqu’à la charpente du pont, quiassujettissent ainsi chaque chose en sa place. Dans les chargementsde grains ou de toute autre denrée analogue, il est nécessaire deprendre encore d’autres précautions. Une cale, entièrement pleinede grains en quittant le port, ne se trouvera plus qu’aux troisquarts pleine en arrivant à destination, et cela, bien que le fret,mesuré boisseau par boisseau par le consignataire, dépasseconsidérablement (en raison du gonflement du grain) la quantitéconsignée. Cela résulte du tassement pendant le voyage, et cetassement est en raison du plus ou moins gros temps que le navirepeut avoir à subir. Si le grain a été chargé d’une manière lâche,si bien assujetti qu’il soit par les planches mobiles et lesétançons, il sera sujet à se déplacer si considérablement dans unelongue traversée qu’il en peut résulter les plus tristes malheurs.Pour les prévenir, il faudra, avant de quitter le port, employertous les moyens pour tasser la cargaison aussi bien quepossible ; il y a pour cela plusieurs procédés, parmi lesquelson peut citer l’usage d’enfoncer des coins dans le grain. Mêmeaprès que tout cela sera fait et qu’on aura pris des peinesinfinies pour assujettir les planches mobiles, tout marin qui saitson affaire ne se sentira pas du tout rassuré, s’il survient uncoup de vent un peu fort, ayant à son bord un chargement de grains,ou, pis encore, un chargement incomplet. Cependant nous avons descentaines de caboteurs, et il y en a encore plus des différentsports d’Europe, qui naviguent journellement avec des cargaisonspartielles, et même de la plus dangereuse nature, sans prendreaucune espèce de précautions. C’est miracle que les accidents nesoient pas plus fréquents. Un exemple déplorable de cetteinsouciance, parvenu à ma connaissance, est celui du capitaine JoëlRice, commandant la goélette le Fire-Fly, qui faisaitroute de Richmond (Virginie) à Madère, avec une cargaison decéréales, en l’année 1825. Le capitaine avait fait nombre devoyages sans accident sérieux, bien qu’il eût pour habitude de nedonner aucune attention à son arrimage, si ce n’est de l’assujettirselon la méthode ordinaire. Il n’avait jamais fait de traverséeavec un chargement de grains, et, en cette occasion, le blé avaitété chargé à bord d’une manière assez lâche et ne remplissait guèreplus de la moitié du bâtiment. Pendant la première partie de sonvoyage, il ne rencontra que de petites brises ; mais, arrivé àune distance d’une journée de route de Madère, il fut assailli parun fort coup de vent du nord-nord-est qui le força à mettre à lacape.

Il amena la goélette au vent sous une simplemisaine, avec deux ris, et le navire se comporta aussi bien qu’onpouvait le désirer, n’embarquant pas une goutte d’eau. Vers lanuit, la tempête se calma un peu, et la goélette commença à rouleravec moins de régularité, se comportant toujours bien, toutefois,quand tout à coup un violent coup de mer la jeta sur le côté detribord. On entendit alors tout le chargement de blé se déplacer enmasse ; l’énergie de la secousse fut telle, qu’elle fit sauterla grande écoutille. Le navire coula comme une balle de plomb. Celaarriva à portée de voix d’un petit sloop de Madère, qui repêcha undes hommes de l’équipage (le seul qui fut sauvé), et qui avaitl’air de jouer avec la tempête aussi aisément qu’aurait pu le faireune embarcation habilement manœuvrée.

L’arrimage à bord du Grampus étaittrès grossièrement fait, si toutefois on peut appeler arrimagequelque chose qui n’était guère qu’un amas confus, un pêle-mêle debarriques d’huile[3] et dematériel de bord. J’ai déjà parlé de la disposition des articlesdans la cale. Dans le faux pont, il y avait, comme je l’ai déjàdit, assez de place pour mon corps entre le second pont et lesbarriques d’huile ; un espace était resté vide autour de lagrande écoutille, et l’on avait aussi laissé vides plusieurs placesassez considérables à travers l’arrimage. Près de l’ouverturepratiquée par Auguste dans la cloison du gaillard d’avant, il yaurait eu assez de place pour une barrique tout entière, et c’estdans cet endroit que je me trouvai pour le moment assez commodémentinstallé.

Pendant le temps que mon camarade avait mis àregagner son cadre et à rajuster ses menottes et sa corde, le jouravait complètement paru. Vraiment, nous l’avions échappébelle ; car à peine avait-il fini tous ses arrangements que lesecond descendit avec Dirk Peters et le coq. Ils parlèrent quelquesminutes du navire faisant voile du Cap-Vert, et ils semblaientextrêmement impatients de le voir paraître. À la fin, le coqs’avança vers la couchette d’Auguste et s’assit au chevet. Jepouvais tout voir et tout entendre de ma niche, car la plancheenlevée n’avait pas été remise à sa place, et je craignais à chaqueinstant que le nègre ne tombât contre la vareuse suspendue pourcacher l’ouverture, auquel cas tout était découvert, et nous étionstous les deux sacrifiés, indubitablement. Notre bonne étoilecependant l’emporta, et bien qu’il touchât souvent le vêtement dansles coups de roulis, il ne s’y appuya jamais assez pour découvrirla chose. Le bas de la vareuse avait été soigneusement fixé à lacloison, de sorte qu’elle ne pouvait pas osciller et révéler ainsil’existence du trou. Pendant tout ce temps, Tigre était au pied dulit, et semblait avoir recouvré en partie la santé, car je pouvaisle voir de temps en temps ouvrir les yeux et tirer longuement sarespiration.

Au bout de quelques minutes, le second et lecoq remontèrent, laissant derrière eux Dirk Peters, qui revintaussitôt qu’ils furent partis, et s’assit juste à la place occupéetout à l’heure par le second. Il commença à causer avec Augusted’une manière tout à fait amicale, et nous nous aperçûmes alors queson ivresse, très apparente pendant que les deux autres étaientavec lui, était feinte en grande partie. Il répondit à toutes lesquestions de mon camarade avec une parfaite facilité. Il lui ditqu’il ne doutait pas que son père eût été recueilli, parce que lejour où on l’avait largué en dérive, juste avant le coucher dusoleil, il n’y avait pas moins de cinq voiles en vue ; enfinil se servit d’un langage qu’il essayait de rendre consolateur, etqui ne me causa pas moins de surprise que de plaisir. À dire vrai,je commençais à concevoir l’espérance que Peters pourrait bien nousservir d’instrument pour reprendre possession du brick, et je fispart de cette idée à Auguste aussitôt que j’en trouvai l’occasion.Il pensa comme moi que la chose était possible, mais il insista surla nécessité de s’y prendre avec la plus grande prudence, parce quela conduite du métis ne lui paraissait gouvernée que par le plusarbitraire caprice ; et vraiment il était difficile de deviners’il avait jamais l’esprit bien sain. Peters remonta sur le pont aubout d’une heure à peu près et ne redescendit qu’à midi, apportantalors à Auguste une fort belle portion de bœuf salé et de pudding.Quand nous fûmes seuls, j’en pris joyeusement ma part, sans medonner la peine de repasser par le trou. Personne ne descendit dansle gaillard d’avant de toute la journée, et le soir je me mis dansle cadre d’Auguste, où je dormis profondément et délicieusementpresque jusqu’au point du jour. Il m’éveilla alors brusquement,ayant entendu du mouvement sur le pont, et je regagnai ma cachetteaussi vivement que possible. Quand il fit grand jour, nous vîmesque Tigre avait entièrement recouvré ses forces et ne donnait aucunsigne d’hydrophobie ; car il but avec une remarquable aviditéun peu d’eau qu’Auguste lui présenta. Pendant la journée, il reprittoute sa première vigueur et tout son appétit. Son étrange folieavait été causée sans aucun doute par la nature délétère del’atmosphère de la cale, et n’avait aucun rapport avec la ragecanine. Je ne pouvais assez me féliciter de m’être obstiné à leramener avec moi de la caisse. Nous étions alors au 30 juin, etc’était le treizième jour depuis que le Grampus étaitparti de Nantucket.

Le 2 juillet, le second descendit, ivre selonson habitude, et tout à fait de bonne humeur. Il vint au cadred’Auguste, et, lui donnant une tape sur le dos, lui demanda s’il seconduirait bien désormais, au cas où on le relâcherait, et s’ilvoulait promettre de ne plus retourner dans la chambre. Mon ami,naturellement, répondit d’une manière affirmative ; alors legredin le mit en liberté, après lui avoir fait boire un coup à unflacon de rhum qu’il tira de la poche de son paletot. Ils montèrentensemble sur le pont, et je ne revis pas Auguste pendant troisheures à peu près. Il descendit alors, en m’annonçant, comme bonnesnouvelles, qu’il avait obtenu la permission d’aller partout où illui plairait sur le brick, en avant du grand mât toutefois, etqu’on lui avait donné l’ordre de coucher, comme d’ordinaire, dansle gaillard d’avant. Il m’apportait aussi un bon dîner et une bonneprovision d’eau. Le brick croisait toujours pour rencontrer lenavire parti du Cap-Vert, et il y avait maintenant une voile en vuequ’on croyait être le navire en question. Comme les événements deshuit jours suivants furent de peu d’importance et n’ont pas derapport direct avec les principaux incidents de mon récit, je vaisles jeter ici sous forme de journal, parce que je ne veux cependantpas les omettre entièrement.

3 juillet. Auguste me fournit troiscouvertures, avec lesquelles je m’arrangeai un lit passable dans macachette. Personne ne descendit de la journée, excepté moncamarade. Tigre s’installa dans le cadre, juste à côté del’ouverture, et dormit pesamment, comme s’il n’était pas encoretout à fait remis des atteintes de sa maladie. Vers le soir, unebrise soudaine surprit le brick, avant qu’on eût le temps de serrerla toile, et le fit presque capoter. Cependant cette bouffée secalma immédiatement, et nous n’attrapâmes aucune avarie, sauf notrepetit hunier qui se déchira par le milieu.

Dirk Peters traita Auguste tout le jour avecune grande bonté, et entra avec lui dans une longue conversationrelative à l’océan Pacifique et aux îles qu’il avait visitées dansces parages. Il lui demanda s’il ne lui plairait pasd’entreprendre, avec l’équipage révolté, un voyage de plaisir etd’exploration dans ces régions, et lui dit que malheureusement leshommes inclinaient peu à peu vers les idées du second. Augustejugea fort à propos de répondre qu’il serait très heureux deprendre part à l’expédition, qu’il n’y avait d’ailleurs rien demieux à faire, et que tout était préférable à la vie de pirate.

4 juillet. Le navire en vue se trouvaêtre un petit brick venant de Liverpool, et on le laissa poursuivresa route sans l’inquiéter. Auguste passa la plus grande partie deson temps sur le pont, dans le but de surprendre tous lesrenseignements possibles sur les intentions des révoltés. Ilsavaient entre eux de violentes et fréquentes disputes, et au milieud’une de ces altercations, un nommé Jim Bonner, un harponneur, futjeté par-dessus bord. Le parti du second gagnait du terrain. Ce JimBonner appartenait à la bande du coq, dont Peters était aussi unpartisan.

5 juillet. Presque au point du jouril nous vint de l’ouest une brise carabinée, qui vers midi sechangea en tempête, si bien que toute la toile fut réduite à lavoile de senau et à la misaine. En serrant le petit hunier, Simms,un des simples matelots, appartenant aussi à la bande du coq, tombaà la mer ; il était très ivre, et il se noya sans qu’on fit lemoindre effort pour le sauver. Le nombre total des hommes à bordfut alors réduit à treize, à savoir : Dirk Peters, Seymour, lecoq noir, … Jones, … Greely, Hartman Rogers, et William Allen, tousdu parti du coq ; le second, dont je n’ai jamais su le nom,Absalon Hicks, … Wilson, John Hunt, et Richard Parker, ceux-cireprésentant la bande du second ; enfin Auguste et moi.

6 juillet. La tempête a tenu bontoute la journée, entremêlée de grosses rafales et accompagnée depluie. Le brick a ramassé pas mal d’eau par ses coutures, et l’unedes pompes n’a pas cessé de fonctionner, Auguste pompant à son tourcomme les autres. Juste à la tombée de la nuit, un grand navirepassa tout auprès de nous, qu’on n’aperçut que quand il fut àportée de voix. On supposa que ce navire était celui qu’on guettaitdepuis longtemps. Le second le héla, mais la réponse se perdit dansle mugissement de la tempête. À onze heures, nous embarquâmes parle travers un gros coup de mer, qui emporta une grande partie de lamuraille de bâbord et nous fit d’autres légères avaries. Vers lematin, le temps se calma, et, au lever du soleil, il ne ventaitpresque plus.

7 juillet. Nous avons eu à supportertoute la journée une houle énorme, et le brick, étant peu chargé, aroulé horriblement, et même plusieurs articles dans la cale se sontdétachés, comme je pus l’entendre distinctement de ma cachette.J’ai beaucoup souffert du mal de mer. Peters a eu, ce jour-là, unelongue conversation avec Auguste, et il lui a dit que deux hommesde son parti, Greely et Allen, étaient passés du côté du second,déterminés à se faire pirates. Il a fait à Auguste plusieursquestions, que celui-ci n’a pas parfaitement comprises. Pendant unepartie de la soirée, on s’est aperçu que le navire faisait beaucoupplus d’eau, et il n’y avait guère moyen d’y remédier, car ilfatiguait horriblement, et c’était par les coutures que l’eaus’introduisait. On a lardé une voile, qui a été fourrée sousl’avant, ce qui nous a été de quelque secours, de sorte qu’on acommencé à maîtriser la voie d’eau.

8 juillet. Au lever du soleil, unebrise s’est élevée de l’est, et le second a fait mettre le cap ausud-ouest pour attraper quelqu’une des Antilles et mettre àexécution son projet de piraterie. Aucune opposition n’est venue dela part de Peters, non plus que du coq, du moins à la connaissanced’Auguste. L’idée de s’emparer du navire parti du Cap-Vert a étécomplètement abandonnée. La voie d’eau a été facilement maîtriséepar une seule pompe fonctionnant d’heure en heure pendant troisquarts d’heure. On a retiré la voile de dessous l’avant. Hélé deuxpetites goélettes dans la journée.

9 juillet. Beau temps. Tous leshommes employés à réparer la muraille. Peters a encore eu unelongue conversation avec Auguste et s’est expliqué un peu plusclairement qu’il n’avait fait jusqu’alors. Il a dit que rien aumonde ne pourrait le contraindre à entrer dans les idées du second,et même il a laissé entrevoir l’intention de lui arracher lecommandement du brick. Il a demandé à mon ami s’il pouvait comptersur son aide en pareil cas ; à quoi Auguste a répondu :« Oui », sans hésitation. Peters lui a dit alors qu’ilsonderait à ce sujet les hommes de son parti, et il l’a quitté.Pendant le reste de la journée, Auguste n’a pu trouver l’occasionde lui parler en particulier.

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