Notre Dame de Paris – 1482 de Victor Hugo

Les deux extrémités de ce gigantesque parallélogramme étaient occupées, l’une par la fameuse table de marbre, si longue, si large et si épaisse que jamais on ne vit, disent les vieux papiers terriers, dans un style qui eût donné appétit à Gargantua, pareille tranche de marbre au monde ; l’autre, par la chapelle où Louis XI s’était fait sculpter à genoux devant la Vierge, et où il avait fait transporter, sans se soucier de laisser deux niches vides dans la file des statues royales, les statues de Charlemagne et de saint Louis, deux saints qu’il supposait fort en crédit au ciel comme rois de France. Cette chapelle, neuve encore, bâtie à peine depuis six ans, était toute dans ce goût charmant d’architecture délicate, de sculpture merveilleuse, de fine et profonde ciselure qui marque chez nous la fin de l’ère gothique et se perpétue jusque vers le milieu du seizième siècle dans les fantaisies féeriques de la renaissance. La petite rosace à jour percée au-dessus du portail était en particulier un chef-d’œuvre de ténuité et de grâce ; on eût dit une étoile de dentelle.
Au milieu de la salle, vis-à-vis la grande porte, une estrade de brocart d’or, adossée au mur, et dans laquelle était pratiquée une entrée particulière au moyen d’une fenêtre du couloir de la chambre dorée, avait été élevée pour les envoyés flamands et les autres gros personnages conviés à la représentation du mystère.
C’est sur la table de marbre que devait, selon l’usage, être représenté le mystère. Elle avait été disposée pour cela dès le matin ; sa riche planche de marbre, toute rayée par les talons de la basoche, supportait une cage de charpente assez élevée, dont la surface supérieure, accessible aux regards de toute la salle, devait servir de théâtre, et dont l’intérieur, masqué par des tapisseries, devait tenir lieu de vestiaire aux personnages de la pièce. Une échelle, naïvement placée en dehors, devait établir la communication entre la scène et le vestiaire, et prêter ses roides échelons aux entrées comme aux sorties. Il n’y avait pas de personnage si imprévu, pas de péripétie, pas de coup de théâtre qui ne fût tenu de monter par cette échelle. Innocente et vénérable enfance de l’art et des machines !
Quatre sergents du bailli du Palais, gardiens obligés de tous les plaisirs du peuple les jours de fête comme les jours d’exécution, se tenaient debout aux quatre coins de la table de marbre.
Ce n’était qu’au douzième coup de midi sonnant à la grande horloge du Palais que la pièce devait commencer. C’était bien tard sans doute pour une représentation théâtrale ; mais il avait fallu prendre l’heure des ambassadeurs.
Or toute cette multitude attendait depuis le matin. Bon nombre de ces honnêtes curieux grelottaient dès le point du jour devant le grand degré du Palais ; quelques- uns même affirmaient avoir passé la nuit en travers de la grande porte pour être sûrs d’entrer les premiers. La foule s’épaississait à tout moment, et, comme une eau qui dépasse son niveau, commençait à monter le long des murs, à s’enfler autour des piliers, à déborder sur les entablements, sur les corniches, sur les appuis des fenêtres, sur toutes les saillies de l’architecture, sur tous les reliefs de la sculpture. Aussi la gêne, l’impatience, l’ennui, la liberté d’un jour de cynisme et de folie, les querelles qui éclataient à tout propos pour un coude pointu ou un soulier ferré, la fatigue d’une longue attente, donnaient-elles déjà, bien avant l’heure où les ambassadeurs devaient arriver, un accent aigre et amer à la clameur de ce peuple enfermé, emboîté, pressé, foulé, étouffé. On n’entendait que plaintes et imprécations contre les Flamands, le prévôt des marchands, le cardinal de Bourbon, le bailli du Palais, madame Marguerite d’Autriche, les sergents à verge, le froid, le chaud, le mauvais temps, l’évêque de Paris, le pape des fous, les piliers, les statues, cette porte fermée, cette fenêtre ouverte ; le tout au grand amusement des bandes d’écoliers et de laquais disséminées da ns la masse, qui mêlaient à tout ce mécontentement leurs taquineries et leurs malices, et piquaient, pour ainsi dire, à coups d’épingle la mauvaise humeur générale.
Il y avait entre autres un groupe de ces joyeux démons qui, après avoir défoncé le vitrage d’une fenêtre, s’était hardiment assis sur l’entablement, et de là plongeait tour à tour ses regards et ses railleries au dedans et au dehors, dans la foule de la salle et dans la foule de la place. À leurs gestes de parodie, à leurs rires éclatants, aux appels goguenards qu’ils échangeaient d’un bout à l’autre de la salle avec leurs camarades, il était aisé de juger que ces jeunes clercs ne partageaient pas l’ennui et la fatigue du reste des assistants, et qu’ils savaient fort bien, pour leur plaisir particulier, extraire de ce qu’ils avaient sous les yeux un spectacle qui leur faisait attendre patiemment l’autre.
– Sur mon âme, c’est vous, Joannes Frollo de Molendino ! criait l’un d’eux à une espèce de petit diable blond, à jolie et maligne figure, accroché aux acanthes d’un chapiteau ; vous êtes bien nommé Jehan du Moulin, car vos deux bras et vos deux jambes ont l’air de quatre ailes qui vont au vent. – Depuis combien de temps êtes- vous ici ?
« Par la miséricorde du diable, répondit Joannes Frollo, voilà plus de quatre heures, et j’espère bien qu’elles me seront comptées sur mon temps de purgatoire. J’ai entendu les huit chantres du roi de Sicile entonner le premier verset de la haute messe de sept heures dans la Sainte-Chapelle.
– De beaux chantres, reprit l’autre, et qui ont la voix encore plus pointue que leur bonnet ! Avant de fonder une messe à monsieur saint Jean, le roi aurait bien dû s’informer si monsieur saint Jean aime le latin psalmodié avec accent provençal.
– C’est pour employer ces maudits chantres du roi de Sicile qu’il a fait cela ! cria aigrement une vieille femme dans la foule au bas de la fenêtre. Je vous demande un peu ! mille livres parisis pour une messe ! et sur la ferme du poisson de mer des halles de Paris, encore !
– Paix ! vieille, reprit un gros et grave personnage qui se bouchait le nez à côté de la marchande de poisson ; il fallait bien fonder une messe. Vouliez-vous pas que le roi retombât malade ?
– Bravement parlé, sire Gilles Lecornu, maître pelletier-fourreur des robes du roi ! » cria le petit écolier cramponné au chapiteau.
Un éclat de rire de tous les écoliers accueillit le nom malencontreux du pauvre pelletier-fourreur des robes du roi.
« Lecornu ! Gilles Lecornu ! disaient les uns.
– Cornutus et hirsutus, reprenait un autre.
– Hé ! sans doute, continuait le petit démon du chapiteau. Qu’ont-ils à rire ? Honorable homme Gilles Lecornu, frère de maître Jehan Lecornu, prévôt de l’hôtel du roi, fils de maître Mahiet Lecornu, premier portier du bois de Vincennes, tous bourgeois de Paris, tous mariés de père en fils ! »
La gaieté redoubla. Le gros pelletier-fourreur, sans répondre un mot, s’efforçait de se dérober aux regards fixés sur lui de tous côtés ; mais il suait et soufflait en vain : comme un coin qui s’enfonce dans le bois, les efforts qu’il faisait ne servaient qu’à emboîter plus solidement dans les épaules de ses voisins sa large face apoplectique, pourpre de dépit et de colère.
Enfin un de ceux-ci, gros, court et vénérable comme lui, vint à son secours.
« Abomination ! des écoliers qui parlent de la sorte à un bourgeois ! de mon temps on les eût fustigés avec un fagot dont on les eût brûlés ensuite. »

La bande entière éclata.
« Holàhée ! qui chante cette gamme ? quel est le chat- huant de malheur ?
– Tiens, je le reconnais, dit l’un ; c’est maître Andry Musnier.
– Parce qu’il est un des quatre libraires jurés de l’Université ! dit l’autre.
– Tout est par quatre dans cette boutique, cria un troisième : les quatre nations, les quatre facultés, les quatre fêtes, les quatre procureurs, les quatre électeurs, les quatre libraires.
– Eh bien, reprit Jehan Frollo, il faut leur faire le diable à quatre.
– Musnier, nous brûlerons tes livres.
– Musnier, nous battrons ton laquais.
– Musnier, nous chiffonnerons ta femme.
– La bonne grosse mademoiselle Oudarde.
– Qui est aussi fraîche et aussi gaie que si elle était veuve.
– Que le diable vous emporte ! grommela maître Andry Musnier.
– Maître Andry, reprit Jehan, toujours pendu à son chapiteau, tais-toi, ou je te tombe sur la tête ! »
Maître Andry leva les yeux, parut mesurer un instant la hauteur du pilier, la pesanteur du drôle, multiplia mentalement cette pesanteur par le carré de la vitesse, et se tut.
Jehan, maître du champ de bataille, poursuivit avec triomphe :
« C’est que je le ferais, quoique je sois frère d’un archidiacre !
– Beaux sires, que nos gens de l’Université ! n’avoir seulement pas fait respecter nos privilèges dans un jour comme celui-ci ! Enfin, il y a mai et feu de joie à la Ville ; mystère, pape des fous et ambassadeurs flamands à la Cité ; et à l’Université, rien !
– Cependant la place Maubert est assez grande ! reprit un des clercs cantonnés sur la table de la fenêtre.
– À bas le recteur, les électeurs et les procureurs ! cria Joannes.
– Il faudra faire, un feu de joie ce soir dans le Champ- Gaillard, poursuivit l’autre, avec les livres de maître Andry.
– Et les pupitres des scribes ! dit son voisin.
– Et les verges des bedeaux !
– Et les crachoirs des doyens !
– Et les buffets des procureurs !
– Et les huches des électeurs !
– Et les escabeaux du recteur !
– À bas ! reprit le petit Jehan en faux-bourdon ; à bas maître Andry, les bedeaux et les scribes ; les théologiens, les médecins et les décrétistes ; les procureurs, les électeurs et le recteur !
– C’est donc la fin du monde ! murmura maître Andry en se bouchant les oreilles.
– À propos, le recteur ! le voici qui passe dans la place », cria un de ceux de la fenêtre.
Ce fut à qui se retournerait vers la place.
« Est-ce que c’est vraiment notre vénérable recteur maître Thibaut ? demanda Jehan Frollo du Moulin, qui, s’étant accroché à un pilier de l’intérieur, ne pouvait voir ce qui se passait au dehors.
– Oui, oui, répondirent tous les autres, c’est lui, c’est bien lui, maître Thibaut le recteur. »
C’était en effet le recteur et tous les dignitaires de l’Université qui se rendaient processionnellement au- devant de l’ambassade et traversaient en ce moment la place du Palais. Les écoliers, pressés à la fenêtre, les accueillirent au passage avec des sarcasmes et des applaudissements ironiques. Le recteur, qui marchait en tête de sa compagnie, essuya la première bordée ; elle fut rude.
« Bonjour, monsieur le recteur ! Holàhée ! bonjour donc !
– Comment fait-il pour être ici, le vieux joueur ? Il a donc quitté ses dés ?
– Comme il trotte sur sa mule ! elle a les oreilles moins longues que lui.
– Holàhée ! bonjour, monsieur le recteur Thibaut !

Tybalde aleator{4} ! vieil imbécile ! vieux joueur !
– Dieu vous garde ! avez-vous fait souvent double-six cette nuit ?
– Oh ! la caduque figure, plombée, tirée et battue pour l’amour du jeu et des dés !
– Où allez-vous comme cela, Tybalde ad dados{5}, tournant le dos à l’Université et trottant vers la Ville ?
– Il va sans doute chercher un logis rue Thibautodé », cria Jehan du Moulin.
Toute la bande répéta le quolibet avec une voix de tonnerre et des battements de mains furieux.
« Vous allez chercher logis rue Thibautodé, n’est-ce pas, monsieur le recteur, joueur de la partie du diable ? »
Puis ce fut le tour des autres dignitaires.
« À bas les bedeaux ! à bas les massiers !
– Dis donc, Robin Poussepain, qu’est-ce que c’est donc que celui-là ?
– C’est Gilbert de Suilly, Gilbertus de Soliaco, le chancelier du collège d’Autun.
– Tiens, voici mon soulier : tu es mieux placé que moi ; jette-le-lui par la figure.
– Saturnalitias mittimus ecce nuces{6}.
– À bas les six théologiens avec leurs surplis blancs !
– Ce sont là les théologiens ? Je croyais que c’étaient les six oies blanches données par Sainte-Geneviève à la ville, pour le fief de Roogny.
– À bas les médecins !
– À bas les disputations cardinales et quodlibétaires !
– À toi ma coiffe, chancelier de Sainte-Geneviève ! tu m’as fait un passe-droit. – C’est vrai cela ! il a donné ma place dans la nation de Normandie au petit Ascanio Falzaspada, qui est de la province de Bourges, puisqu’il est Italien.
– C’est une injustice, dirent tous les écoliers. À bas le chancelier de Sainte-Geneviève !
– Ho hé ! maître Joachim de Ladehors ! Ho hé ! Louis Dahuille ! Ho hé ! Lambert Hoctement !
– Que le diable étouffe le procureur de la nation d’Allemagne !
– Et les chapelains de la Sainte-Chapelle, avec leurs aumusses grises ; cum tunicis grisis !
– Seu de pellibus grisis fourratis{7} !
– Holàhée ! les maîtres ès arts ! Toutes les belles chapes noires ! toutes les belles chapes rouges !
– Cela fait une belle queue au recteur.
– On dirait un duc de Venise qui va aux épousailles de la mer.
– Dis donc, Jehan ! les chanoines de Sainte- Geneviève !
– Au diable la chanoinerie !

– Abbé Claude Choart ! docteur Claude Choart ! Est-ce que vous cherchez Marie la Giffarde ?
– Elle est rue de Glatigny.
– Elle fait le lit du roi des ribauds.
– Elle paie ses quatre deniers ; quatuor denarios.
– Aut unum bombum{8}.
– Voulez-vous qu’elle vous paie au nez ?
– Camarades ! maître Simon Sanguin, l’électeur de Picardie, qui a sa femme en croupe.
– Post equitem sedet atra cura{9}.
– Hardi, maître Simon !
– Bonjour, monsieur l’électeur !
– Bonne nuit, madame l’électrice !
– Sont-ils heureux de voir tout cela », disait en soupirant Joannes de Molendino, toujours perché dans les feuillages de son chapiteau.
Cependant le libraire juré de l’Université, maître Andry Musnier, se penchait à l’oreille du pelletier- fourreur des robes du roi, maître Gilles Lecornu.
« Je vous le dis, monsieur, c’est la fin du monde. On n’a jamais vu pareils débordements de l’écolerie. Ce sont les maudites inventions du siècle qui perdent tout. Les artilleries, les serpentines, les bombardes, et surtout l’impression, cette autre peste d’Allemagne. Plus de manuscrits, plus de livres ! L’impression tue la librairie. C’est la fin du monde qui vient.

– Je m’en aperçois bien aux progrès des étoles de velours », dit le marchand fourreur.
En ce moment midi sonna.
« Ha !… » dit toute la foule d’une seule voix. Les écoliers se turent. Puis il se fit un grand remue-ménage, un grand mouvement de pieds et de têtes, une grande détonation générale de toux et de mouchoirs ; chacun s’arrangea, se posta, se haussa, se groupa ; puis un grand silence ; tous les cous restèrent tendus, toutes les bouches ouvertes, tous les regards tournés vers la table de marbre. Rien n’y parut. Les quatre sergents du bailli étaient toujours là, roides et immobiles comme quatre statues peintes. Tous les yeux se tournèrent vers l’estrade réservée aux envoyés flamands. La porte restait fermée, et l’estrade vide. Cette foule attendait depuis le matin trois choses : midi, l’ambassade de Flandre, le mystère. Midi seul était arrivé à l’heure.
Pour le coup c’était trop fort.
On attendit une, deux, trois, cinq minutes, un quart d’heure ; rien ne venait. L’estrade demeurait déserte, le théâtre muet. Cependant à l’impatience avait succédé la colère. Les paroles irritées circulaient, à voix basse encore, il est vrai. « Le mystère ! le mystère ! » murmurait-on sourdement. Les têtes fermentaient. Une tempête, qui ne faisait encore que gronder, flottait à la surface de cette foule. Ce fut Jehan du Moulin qui en tira la première étincelle.
« Le mystère, et au diable les Flamands ! » s’écria-t-il de toute la force de ses poumons, en se tordant comme un serpent autour de son chapiteau.
La foule battit des mains.
« Le mystère, répéta-t-elle, et la Flandre à tous les diables !
– Il nous faut le mystère, sur-le-champ, reprit l’écolier ; ou m’est avis que nous pendions le bailli du Palais, en guise de comédie et de moralité.
– Bien dit, cria le peuple, et entamons la pendaison par ses sergents. »
Une grande acclamation suivit. Les quatre pauvres diables commençaient à pâlir et à s’entre-regarder. La multitude s’ébranlait vers eux, et ils voyaient déjà la frêle balustrade de bois qui les en séparait ployer et faire ventre sous la pression de la foule.
Le moment était critique.
« À sac ! à sac ! » criait-on de toutes parts.
En cet instant, la tapisserie du vestiaire que nous avons décrit plus haut se souleva, et donna passage à un personnage dont la seule vue arrêta subitement la foule, et changea comme par enchantement sa colère en curiosité.
« Silence ! silence ! »
Le personnage, fort peu rassuré et tremblant de tous ses membres, s’avança jusqu’au bord de la table de marbre, avec force révérences qui, à mesure qu’il approchait, ressemblaient de plus en plus à des génuflexions.
Cependant le calme s’était peu à peu rétabli. Il ne restait plus que cette légère rumeur qui se dégage toujours du silence de la foule.
« Messieurs les bourgeois, dit-il, et mesdemoiselles les bourgeoises, nous devons avoir l’honneur de déclamer et représenter devant son éminence Monsieur le cardinal une très belle moralité, qui a nom : Le bon jugement de madame la vierge Marie. C’est moi qui fais Jupiter. Son Éminence accompagne en ce moment l’ambassade très honorable de monsieur le duc d’Autriche ; laquelle est retenue, à l’heure qu’il est, à écouter la harangue de monsieur le recteur de l’Université, à la porte Baudets. Dès que l’éminentissime cardinal sera arrivé, nous commencerons. »
Il est certain qu’il ne fallait rien moins que l’intervention de Jupiter pour sauver les quatre malheureux sergents du bailli du Palais. Si nous avions le bonheur d’avoir inventé cette très véridique histoire, et par conséquent d’en être responsable par-devant Notre- Dame la Critique, ce n’est pas contre nous qu’on pourrait invoquer en ce moment le précepte classique : Nec deus intersit{10}. Du reste, le costume du seigneur Jupiter était fort beau, et n’avait pas peu contribué à calmer la foule en attirant toute son attention. Jupiter était vêtu d’une brigandine couverte de velours noir, à clous dorés ; il était coiffé d’un bicoquet garni de boutons d’argent dorés ; et, n’était le rouge et la grosse barbe qui couvraient chacun une moitié de son visage, n’était le rouleau de carton doré, semé de passequilles et tout hérissé de lanières de clinquant qu’il portait à la main et dans lequel des yeux exercés reconnaissaient aisément la foudre, n’était ses pieds couleur de chair et enrubannés à la grecque, il eût pu supporter la comparaison, pour la sévérité de sa tenue, avec un archer breton du corps de monsieur de Berry.

Auteurs::

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer