Robin Hood, le proscrit – Tome II

Chapitre 6

 

– Je serais bien aise de savoir commentse porte aujourd’hui l’évêque d’Hereford, disait Will Écarlate àson cousin Petit-Jean, qui, suivi de Much, accompagnait Will àBarnsdale.

– La tête du pauvre prélat doit être unpeu lourde, répondit Much ; quoiqu’on puisse présumer que SaSeigneurie a une certaine habitude de l’abus du vin.

– Votre observation est très juste, monami, reprit Jean ; monseigneur d’Hereford possède la facultéde boire considérablement sans perdre la raison.

– Robin l’a plaisamment traité, repritMuch ; en agit-il de même avec tous les ecclésiastiques qu’ilrencontre ?

– Oui, lorsque ces ecclésiastiques, àl’exemple de l’évêque d’Hereford, abusent de leur pouvoir spirituelet temporel pour dépouiller le peuple saxon. Il est même arrivé àRobin non seulement d’attendre la venue de ces pieux voyageurs,mais encore de se détourner de son chemin pour aller se mettre surleur passage.

– Qu’entendez-vous par cetteexpression : se détourner de son chemin ? demandaMuch.

– Une histoire que je vais vous racontertout en marchant vous expliquera mes paroles.

» Un matin, Robin Hood apprit que deux moinesnoirs, porteurs d’une forte somme d’argent destinée à leur abbaye,devaient traverser une partie de la forêt de Sherwood. Cettenouvelle fut très agréable à Robin ; nos fonds étaient enbaisse et cet argent nous arrivait avec un à-propos admirable. Sansrien dire à personne (l’arrestation de deux moines était une petiteaffaire), Robin revêtit une longue robe de pèlerin et alla seposter sur la route que devaient suivre les religieux.

» L’attente fut courte, les moines semontrèrent bientôt aux regards de Robin : c’étaient deuxhommes de haute taille, solidement campés sur la selle de leurschevaux.

» Robin s’avança à leur rencontre, les saluajusqu’à terre, saisit en se relevant la bride des chevaux, quimarchaient côte à côte et dit avec un accent lamentable :

» – Soyez bénis, saints frères, etpermettez-moi de vous dire combien je suis heureux de vous avoirrencontrés. C’est un grand bonheur pour moi et j’en remerciehumblement le ciel.

» – Que signifie ce déluge deparoles ? demanda un des moines.

» – Mon père, il exprime ma joie. Vousêtes les représentants du Seigneur, du Dieu de bonté, vous êtesl’image de la miséricorde divine. J’ai besoin de secours, je suisun malheureux, j’ai faim ; mes frères, je meurs de faim,faites-moi l’aumône de quelques provisions.

» – Nous n’avons pas de provisions avecnous, répondit le moine qui avait déjà pris la parole. Ainsi votreinutile demande doit s’arrêter là ; laissez-noustranquillement poursuivre notre route.

» Robin Hood, qui tenait déjà entre ses mainsla bride des chevaux, empêcha les moines de tenter une fuite.

» – Mes frères, reprit-il d’une voixencore plus douloureuse et plus défaillante, ayez pitié de mamisère et, puisque vous n’avez pas de pain à me donner, faites-moil’aumône d’une petite pièce de monnaie. J’erre dans ce bois depuishier matin, je n’ai encore ni bu ni mangé. Chers frères, au nom dela divine mère du Christ, faites-moi, je vous en conjure, cettehumble charité.

» – Voyons, bavard imbécile, lâchez labride de nos montures, laissez-nous en repos, nous ne voulons pasperdre notre temps avec un idiot de votre espèce.

» – Oui, ajouta le second moine enrépétant mot pour mot les paroles de son confrère, nous ne voulonspas perdre notre temps avec un idiot de votre espèce.

» – De grâce, bons moines, quelques pencepour m’empêcher de mourir de faim !

» – En supposant même que je voulussevous faire l’aumône, mendiant à tête dure, cela me seraitimpossible, nous ne possédons pas un denier.

» – Cependant, mes frères, vous n’avezpoint l’extérieur de gens dépourvus de ressources : vous êtesbien montés, bien équipés et vos joviales figures respirent lebonheur.

» – Nous avions de l’argent il y aquelques heures à peine, mais nous avons été dépouillés par desvoleurs.

» – Ils ne nous ont pas laissé un penny,ajouta le moine qui semblait avoir mission de répéter comme un écholes paroles de son supérieur.

» – Je crois fort, dit Robin, que vousmentez tous les deux avec une rare impudence.

» – Tu nous accuses de mensonge,misérable coquin ! s’écria le moine.

» – Oui ; d’abord vous n’avez pasété volés, car il n’y a pas de voleurs dans le vieux bois deSherwood ; ensuite vous me trompez en disant que vous êtessans argent. Je hais le mensonge et j’aime à connaître la vérité.En conséquence, vous trouverez naturel que je m’assure par mespropres investigations de la fausseté de vos paroles.

» En achevant cette menaçante réponse, Robinlaissa tomber la bride des chevaux et porta la main sur un sac quipendait à la selle du premier moine. Celui-ci, épouvanté, éperonnason cheval et s’éloigna au galop, suivi de près par le secondfrère. Robin, qui, vous le savez, a des jambes de cerf, rejoignitles voyageurs, et d’un tour de main les démonta l’un etl’autre.

» – Bon mendiant, épargnez-nous, murmurale gros moine, ayez pitié de vos frères ; nous n’avons, jevous l’assure, ni argent ni provisions à vous offrir ; il estdonc raisonnablement impossible d’exiger de nous un secoursimmédiat.

» – Nous ne possédons rien, bon mendiant,ajouta l’écho du moine supérieur, pauvre diable fort maigre et quel’épouvante avait rendu livide. Nous ne pouvons vous donner ce quenous n’avons pas.

» – Eh bien, mes pères, reprit Robin, jeveux bien ajouter foi à l’apparente sincérité de vos paroles. Aussivais-je vous indiquer un moyen pour obtenir les uns et les autresun peu d’argent. Nous allons nous agenouiller tous les trois etdemander à la sainte Vierge de venir à notre secours. Notre chèreDame ne m’a jamais abandonné à l’heure du besoin et je suis sûrqu’elle accordera à mes supplications une faveur suprême. J’étaisen prière lorsque vous êtes arrivés au bas de la route et, croyantque le ciel vous envoyait à mon aide, je vous ai adressé ma modesterequête. Votre refus ne m’a point désespéré ; vous n’êtes pasles mandataires de la divine Providence, voilà tout ; maisvous êtes ou vous devez être des hommes pieux ; nous allonsprier et nos voix réunies porteront mieux l’invocation aux pieds duSeigneur.

» Les deux moines refusèrent de s’agenouilleret Robin Hood ne parvint à les y contraindre qu’en les menaçant devisiter leurs poches. »

– Comment, interrompit Will Écarlate, ilsse mirent tous les trois à genoux pour demander au ciel un envoid’argent ?

– Oui, répondit le narrateur et ilsprièrent, sur l’ordre de Robin, à haute et intelligible voix.

– Ce tableau devait être plaisant, ditWill.

– Très plaisant. Robin avait eu la forcede conserver son sérieux ; il écoutait gravement la prière desmoines : « Sainte Vierge, disaient-ils, envoyez-nous del’argent, pour nous sauver du danger. » Il est inutile de vousdire que l’argent n’arrivait pas. La voix des moines avait pris deminute en minute un accent plus triste et plus lamentable, si bienque Robin Hood, ne pouvant plus garder son sérieux devant cetétrange spectacle, se mit joyeusement à rire.

» Les moines, rassurés par ce transport defolle gaieté, essayèrent de se mettre debout ; mais Robin levason bâton et demanda :

» – Avez-vous reçu de l’argent ?

» – Non, répondirent-ils, non.

» – Priez encore. Les moines subirentpendant une heure cette fatigante torture ; ils en arrivèrentà se tordre les mains, à se désespérer, à s’arracher les cheveux, àpleurer de rage. Ils étaient accablés de fatigue etd’humiliation ; cependant ils prétendaient toujours qu’ils nepossédaient rien.

» – La sainte Vierge ne m’a jamaisabandonné, leur disait Robin en manière de consolation ; jen’ai pas encore entre les mains les preuves de sa bonté, mais ellesne se feront pas attendre. Ainsi, mes amis, ne vous découragez pas,priez au contraire avec plus de ferveur. Les deux moines selamentèrent tellement que Robin finit par se lasser de lesentendre.

» – Maintenant, mes chers frères, leurdit-il, voyons un peu quelle somme d’argent le ciel vous aenvoyée.

» – Pas un denier ! s’écria le grosmoine.

» – Pas un denier ! répétaRobin ; comment cela ? Mes bons frères, dites-moi,pouvez-vous être bien certains que je n’ai pas d’argent, bien queje vous ai affirmé le vide de mes poches ?

» – Non, en effet, nous ne pouvons enêtre certains, dit un des moines.

» – Il y a alors un moyen de vous enassurer.

» – Lequel ? interrogea le grosmoine.

» – Un moyen bien simple, reprit Robin,il faut me fouiller ; mais comme il vous importe fort peu quej’aie oui ou non de l’argent, et que la question m’intéresse seul,je vais me permettre de regarder dans vos poches.

» – Nous ne pouvons subir un pareiloutrage ! s’écrièrent les moines d’un commun accord.

» – Il n’y a point d’outrage, mesfrères ; je désire vous prouver que, si le ciel a écouté mesprières, il m’a envoyé un secours par vos pieuses mains.

» – Nous n’avons rien, rien.

» – C’est ce dont je vais m’assurer.Quelle que soit la somme d’argent qui vous est échue en partage,nous la diviserons en deux parts, une pour vous, l’autre pour moi.Fouillez-vous, je vous prie, et dites-moi ce que vous possédez.

» Les moines obéirent machinalement ;chacun d’eux mit la main à sa poche et n’en retira rien.

» – Je vois, mes frères, dit Robin Hood,que vous voulez me donner le plaisir de vous fouiller. Ehbien ! soit.

» Les moines opposèrent encore une viverésistance ; mais Robin Hood, armé de son terrible bâton, lesmenaça d’un ton si sérieux de les rouer de coups, qu’ils serésignèrent à subir une minutieuse visite.

» Après quelques minutes de recherche, RobinHood réunit cinq cents écus d’or.

» Désespéré de la perte de ses écus, le grosmoine demanda anxieusement à Robin :

» – Ne partagerez-vous point cet argentavec nous ?

» – Pensez-vous qu’il vous ait été envoyépar le ciel depuis que nous sommes ensemble ? répondit Robinen regardant les deux hommes avec sévérité. – Les moinesgardèrent le silence. – Vous avez menti, vous avez protesté nepas avoir d’argent alors que vous portiez dans vos poches la rançond’un honnête homme ; vous avez refusé l’aumône à celui qui sedisait affamé et mourant ; croyez-vous l’un et l’autre que cesoit la conduite d’une âme chrétienne ? Je vous pardonnenéanmoins et je veux tenir en partie la promesse que je vous aifaite. Voilà, pour chacun de vous, cinquante écus d’or. Allez, etsi vous rencontrez sur votre route un pauvre mendiant,souvenez-vous que Robin Hood vous a laissé le pouvoir de lui veniren aide.

» À ce nom de Robin Hood, les moinestressaillirent et attachèrent sur notre ami un regard plein destupeur.

» Sans prendre garde à leur mine effarée,Robin les salua du geste et disparut dans la clairière.

» À peine le bruit de ses pas se fut-il perdudans l’éloignement, que les deux moines se précipitèrent sur leurschevaux et s’enfuirent sans tourner la tête. »

– Il fallait que Robin fût costumé avecbeaucoup d’art pour ne pas avoir été reconnu par les moines, ditMuch.

– Robin Hood possède en cela une habiletémerveilleuse ; du reste, vous avez dû vous en apercevoir à samanière de contrefaire la vieille femme. Je pourrais vous raconterdes centaines de tours où il s’est déguisé et n’a jamais étéreconnu et je vous assure que ce fut une bonne plaisanterie quecelle qu’il joua au shérif de Nottingham.

– Oui, dit Much, le tour était joli et ila eu du retentissement ; chacun se moqua du shérif etapplaudit à l’audace de Robin Hood.

– Quelle est donc cette histoire ?demanda William ; je n’en ai jamais entendu parler.

– Comment, vous ne connaissez pasl’aventure de Robin déguisé en boucher ?

– Non ; contez-la-moi,Petit-Jean.

– Volontiers. » Il y a environquatre ans, une grande disette de viande se fit sentir dans lecomté de Nottingham ; les bouchers maintenaient si haut leprix de la viande, qu’il n’était permis qu’aux gens riches d’enfournir leur table. Robin Hood, qui est toujours à l’affût desnouvelles, apprit cet état de choses et résolut de porter remèdeaux souffrances des malheureux. Un jour de marché, Robin se mit enembuscade sur le chemin que devait suivre à travers la forêt deSherwood un marchand de bestiaux, principal fournisseur de la villede Nottingham. Robin rencontra son homme monté sur un cheval pursang, et chassant devant lui un immense troupeau de bêtes à cornes.Robin acheta le troupeau, la jument, le costume du boucher, sadiscrétion et comme garantie de cette dernière emplette, il confial’homme à nos soins jusqu’à son retour dans la forêt. » Robin,qui avait l’intention de donner sa viande à très bas prix, pensaque, s’il négligeait de s’assurer une protection, celle du shérifpar exemple, les bouchers pourraient s’entendre entre eux et rendrenulles ses bonnes intentions à l’égard des pauvres. » Leshérif tenait une grande auberge où se réunissaient les marchandsdes environs lorsqu’ils venaient à Nottingham. Robin savait celaet, afin de prévenir toute collusion entre ses confrères et lui, ilconduisit les bestiaux sur la place du marché, choisit parmi euxl’animal le plus gras et l’emmena à l’auberge du shérif. »Celui-ci se tenait sur le seuil de sa porte et il tomba enadmiration devant le jeune bœuf conduit par Robin. Notre ami,enchanté de l’accueil peut-être intéressé du shérif, lui dit qu’ilpossédait le plus beau troupeau du marché et qu’il serait heureuxde pouvoir lui faire accepter ce jeune bœuf.

» Le shérif se récria modestement sur larichesse de ce don.

» – Sir shérif, reprit Robin, je suisétranger aux coutumes du pays, je ne connais pas mes confrères etj’ai grand peur qu’ils ne me cherchent querelle. Je vous serai doncobligé de vouloir accorder votre protection à un homme trèsdésireux de vous être agréable.

» Le shérif jura aussitôt (sa reconnaissanceégalait pour le moment la grosseur du bœuf) qu’il ferait pendre lecompagnon assez audacieux pour inquiéter notre ami ; il juraencore que Robin était aimable garçon et le plus joli boucher quieût jamais vendu de la viande.

» Tranquillisé sur ce point important, Robingagna la place du marché et lorsque la vente commença, une foule depauvres gens vint s’informer du prix de la viande ;malheureusement pour leur petite bourse, ce prix était toujourstrès élevé.

» Après avoir vu s’établir les prix, Robinoffrit pour un penny autant de viande que ses confrères endonnaient pour trois.

» La nouvelle de ce bon marché extraordinairese répandit promptement dans la ville et les pauvres accoururent detoute part. Robin leur donna pour un penny la même quantité deviande que ses confrères pouvaient matériellement en donner pourcinq. Bientôt on apprit à tous les coins du marché que Robin nevendait qu’aux pauvres. Alors on commença à avoir de lui uneexcellente opinion et ses confrères, peu enclins à suivre sonexemple, le regardèrent comme un prodigue, qui dans un accès defolle générosité gaspillait la meilleure partie de son bien. Cettesupposition passée à l’état de vérité, les bouchers envoyèrent àRobin les gens auxquels ils ne pouvaient rien vendre.

» Vers le milieu du jour, les marchands debestiaux se réunirent et d’un commun accord, ils décidèrent qu’ilfallait lier connaissance avec le nouveau venu. L’un d’eux sedétacha du groupe, s’approcha de Robin et lui dit :

» – Charmant ami et frère, votre conduitenous paraît étrange ; car, soit dit sans vous offenser, ellegâte tout à fait le métier de boucher. Mais, en revanche, comme vosintentions sont excellentes, nous ne pouvons que vous féliciter etapplaudir des deux mains à un sentiment de générosité admirable.Mes compagnons, très enthousiasmés de la bonté de votre cœur, mechargent de vous présenter leurs compliments et une invitation àdîner.

» – J’accepte de grand cœur cetteinvitation, répondit gaiement Robin et je suis prêt à vous suivreoù il vous plaira de m’emmener.

» – Nous avons l’habitude de nous réunirdans l’auberge du shérif, répondit le boucher, et si rien ne vouséloigne de cette maison…

» – Comment donc ! interrompitRobin ; je serai au contraire très heureux de me trouver encompagnie d’un homme que vous honorez de votre confiance.

» – S’il en est ainsi, messire, nousallons joyeusement finir la journée. »

– Vous étiez donc avec Robin ?demanda Much, surpris de voir entrer le narrateur dans tous cesdétails.

– Cela va sans dire ; pensez-vousque j’eusse consenti à laisser Robin exposé sans défense au dangerd’être reconnu ? Il m’avait ordonné de me tenir àl’écart ; mais je n’avais pas cru devoir tenir compte de cetterecommandation : je m’étais placé presque à ses côtés. Tout àcoup il s’aperçut de ma présence, il me saisit la main et mereprocha ma désobéissance d’un ton de colère. Je lui expliquai àdemi voix le motif qui m’avait obligé à transgresser ses ordres. Ilse calma aussitôt et, me regardant avec ce doux sourire que vousconnaissez : « Mêle-toi à la foule, mon cher Jean,dit-il, et, tout en veillant à ma sûreté, veille attentivement à latienne. S’il t’arrivait malheur, je ne m’en consolerais pas. »J’obéis à Robin et je disparus dans les groupes. Lorsque Robin,accompagné de la joyeuse bande des bouchers, se dirigea vers lademeure du shérif aubergiste, je me mis à sa suite et j’entrai aveclui dans la salle à manger.

» Je me fis servir un bon repas et je prisplace dans l’embrasure d’une fenêtre.

» Ce jour-là Robin était fort gai ; il semit à table avec ses hôtes et, vers la fin du dîner, il les engageaà boire le meilleur vin de la cave, ajoutant qu’il se chargeait decette dernière dépense. Comme vous devez le penser, l’offregénéreuse de Robin fut accueillie par de joyeuxapplaudissements ; le vin circula dans tous les coins de lasalle et j’eus ma part dans la distribution.

» Au moment où la joie des convives arrivait àson apogée, le shérif se présenta sur le seuil de la porte.

» Robin l’invita à s’asseoir. Il accepta et,comme Robin lui paraissait à bon droit le héros de la fête, ildemanda des nouvelles de Robin.

» – C’est un rusé gaillard ! s’écriaun des bouchers ; une fine lame, un rare esprit, un bongarçon.

» Le shérif m’aperçut alors. Je n’étais pasivre et le calme de mon visage lui inspira le désir dem’interroger.

» – Ce jeune homme, me dit-il endésignant Robin du regard, doit être un prodigue qui, après avoirvendu terres, maison ou château, a l’intention de gaspillerfollement son argent.

» – C’est possible, répondis-je avecindifférence.

» – Peut-être possède-t-il encore quelquebien ? reprit le shérif.

» – C’est vraisemblable, messire.

» – Pensez-vous qu’il soit disposé àvendre à bon compte le bétail qui peut lui rester ?

» – Je l’ignore ; mais il y a unmoyen bien simple de s’en assurer.

» – Lequel ? demanda niaisement leshérif.

» – Pardieu ! c’est de le luidemander.

» – Vous avez raison, sir étranger. Celadit, le shérif s’approcha de Robin et, après lui avoir adressé depompeux éloges sur sa générosité, il le félicita du noble emploiqu’il faisait de sa fortune.

» – Mon jeune ami, ajouta le shérif,n’avez-vous point encore à vendre quelques bêtes à cornes ? Jevous trouverai un acheteur et, tout en vous rendant ce service, jeme permettrai de vous dire qu’un homme de votre rang et de votreextérieur ne peut, sans compromettre sa dignité, se faire marchandde bestiaux.

» Robin comprit parfaitement le véritablemobile de cette astucieuse réflexion ; il se mit à rire etrépondit à l’obligeant shérif qu’il possédait un millier de bêtes àcornes dont il se déferait volontiers moyennant cinq cents écusd’or.

» – Je vous en offre trois cents, dit leshérif.

» – Au cours actuel, reprit Robin, mesbêtes valent l’une dans l’autre deux écus par tête.

» – Si vous consentez à me vendre letroupeau en bloc, je vous donnerai trois cents écus, tout en vousfaisant remarquer, mon galant gentilhomme, que trois cents écusd’or seront mieux placés dans votre bourse que mille bêtes à cornesdans vos pâturages. Allons, décidez-vous ; le marché tient-ilpour trois cents écus d’or ?

» – C’est trop mal payé, répondit Robinen me jetant un furtif regard.

» – Un cœur libéral comme le vôtre,milord, reprit le shérif en essayant de la flatterie, ne sauraitmarchander pour quelques écus. Allons, le marché est fait. Tapezlà. Où sont vos bestiaux ? je désirerais les voir tousensemble.

» – Tous ensemble ! répéta Robin enriant d’une idée qui lui traversait l’esprit.

» – Certainement, mon jeune ami, et sil’endroit où se trouve ce magnifique troupeau n’est pas trèséloigné d’ici, nous pouvons y aller à cheval et conclure le marchésur les lieux. Je vais prendre de l’argent et si vous êtesraisonnable, l’affaire se terminera avant notre retour àNottingham.

» – Je possède à un mille environ de laville plusieurs mesures de terre, répondit Robin ; mesbestiaux y sont parqués et vous pourrez les voir tout à fait àvotre aise.

» – À un mille de Nottingham, reprit leshérif, plusieurs mesures de terre… Je connais les environs et jene puis cependant me rendre compte de la situation de votrepropriété.

» – Silence, murmura Robin en se penchantvers le shérif ; je désire, pour des raisons particulières,cacher mon nom et mes qualités. Un mot explicatif sur l’emplacementque mon bétail occupe trahirait un incognito nécessaire à mesintérêts. Vous comprenez, n’est-ce pas ?

» – Parfaitement, mon jeune ami, réponditle shérif en clignant de l’œil d’un air malin ; les amis sontà craindre, la famille à redouter ; je comprends, jecomprends.

» – Vous possédez une pénétrationd’esprit admirable, reprit Robin d’un air de mystère et je suistenté de croire que nous nous entendrons à merveille. Ehbien ! si vous le voulez, nous allons mettre à profitl’inattention des bouchers et nous esquiver secrètement. Êtes-vousprêt à me suivre ?

» – Comment donc ! c’est moi quivous attends. Je vais faire seller nos chevaux en toute hâte.

» – Allez, je vous rejoins sansretard.

» Le shérif sortit de la salle et, sur l’ordrede Robin, j’allai retrouver nos joyeux compagnons, qu’en cas demésaventure j’avais prudemment postés à distance du son du cor etje leur annonçai la visite du shérif.

» Quelques minutes après mon départ, le shériffit monter Robin dans son appartement particulier, le présenta à safemme, jeune et jolie personne d’une vingtaine d’années et, lepriant de s’asseoir, il lui dit qu’il allait s’occuper de compterson argent.

» Lorsque le shérif rentra dans la chambre oùil avait laissé Robin en tête à tête avec sa femme, il trouva lejeune homme aux pieds de la dame.

» Cette vue irrita fort l’ombrageuxépoux ; mais son espoir d’entraîner Robin dans un marché dedupe lui donna la force de dompter sa colère. Il se mordit leslèvres et dit à Robin :

» – Je suis prêt à vous suivre, mongentilhomme.

» Robin envoya un baiser à la jolie dame et, àla grande fureur du mari scandalisé, il lui annonça son prochainretour.

» Bientôt après, le shérif et Robin sortirentà cheval de la ville de Nottingham.

» Robin conduisit son compagnon par lessentiers les plus déserts du bois au carrefour où nous devions lerencontrer.

» – Voici, dit Robin en étendant le brasvers une délicieuse vallée du vieux Sherwood, quelques-unes de mesmesures de terre.

» – Vous me dites une chose parfaitementabsurde et fausse, répondit le shérif, qui crut à unemystification. Cette forêt et tout ce qu’elle renferme est lapropriété du roi.

» – C’est possible, repartit Robin ;mais, comme je m’en suis emparé, tout cela est à moi.

» – Comment, à vous ?

» – Sans doute ; vous allez bientôtapprendre de quelle manière.

» – Nous sommes dans un endroit désert etdangereux, dit le shérif ; le bois est infesté debrigands ; que Dieu nous garde de tomber entre les mains dumisérable Robin Hood ! Si un pareil malheur nous arrivait,nous serions bientôt dépouillés de tout ce que nous possédons.

» – Nous verrons bien ce qu’il fera,répondit Robin en riant ; car il y a mille à parier contre unque tout à l’heure nous allons nous trouver face à face aveclui.

» Le shérif devint très pâle et jeta dans lestaillis des regards très effarés.

» – Je souhaiterais, dit-il, que vospropriétés fussent placées dans un endroit moins mal entouré et sivous m’eussiez averti des dangers qui les environnent, biencertainement je ne serais pas venu ici.

» – Je vous affirme, mon cher monsieur,reprit Robin, que nous sommes sur mes terres.

» – Que voulez-vous dire ? dequelles terres parlez-vous ? demanda le shérif avecanxiété.

» – Il me semble, répondit Robin, que mesparoles ont une signification fort claire. Je vous montre cesclairières, ces vallées, ces carrefours et je vous dis :« Voilà mes propriétés. » Ne dites-vous pas, en parlantde votre femme : « Ma femme ? »

» – Oui, oui, sans doute, balbutia leshérif. Et comment vous nommez-vous, je vous prie ? J’ai hâtede connaître le nom d’un aussi riche propriétaire.

» – Votre légitime curiosité va bientôtêtre satisfaite, répondit en riant Robin Hood. – Au mêmeinstant un immense troupeau de daims traversa le sentier.– Tenez, tenez, messire, regardez à votre droite ; voiciune centaine de mes bêtes à cornes ; elles sont grasses etbelles à voir, qu’en dites-vous ?

» Le shérif tremblait de tous ses membres.

» – Je voudrais bien n’être pas venu ici,dit-il en explorant les profondeurs du bois d’un regard alarmé.

» – Pourquoi donc ? demandaRobin : le vieux Sherwood est, je vous l’assure, uneravissante demeure ; d’ailleurs, qu’avez-vous àcraindre ? ne suis-je pas avec vous ?

» – C’est là justement sujet de moninquiétude, sir étranger ; depuis quelques instants, jel’avoue, votre compagnie ne m’est rien moins qu’agréable.

» – Fort heureusement pour moi, il existepeu de gens qui soient de cet avis, sir shérif, répondit Robin enriant ; mais puisque, à mon grand déplaisir, vous êtes dunombre de ces gens-là, il est inutile de prolonger notretête-à-tête.

» Cela dit, Robin s’inclina d’un air ironiquedevant son compagnon et porta un cor de chasse à ses lèvres.

(J’avais oublié de vous dire, mes amis, quenous suivions pas à pas les deux promeneurs. Au premier appel nousaccourûmes.)

» Le shérif épouvanté faillit tomber à larenverser sur son cheval.

» – Que désirez-vous, mon noblemaître ? dis-je à Robin. Veuillez, je vous prie, me donner vosordres, ils seront exécutés à l’instant même. »

– Vous parlez toujours ainsi à Robin,Petit-Jean ? fit observer Will Écarlate.

– Oui, Will, parce que c’est mon devoiret mon plaisir, répondit le grand jeune homme avec bonhomie.

» – J’ai amené jusqu’ici le puissantshérif de Nottingham, répondit Robin ; Sa Seigneurie désireexaminer quelques-unes de mes bêtes à cornes et partager monsouper. Veillez, mon cher lieutenant, à ce que notre hôte soittraité avec les égards et la splendeur dus à sa distinction.

» – On lui servira les mets les plusrecherchés, répondis-je, car je suis certain qu’il paiera son dînertrès généreusement.

» – Payer ! exclama le shérif ;qu’entendez-vous par-là ?

» – L’explication viendra à son heure,messire, répondit Robin ; et maintenant, permettez-moi derépondre à la question que vous m’avez fait l’honneur de m’adresseren entrant dans le bois.

» – Quelle question ? murmura leshérif.

» – Vous m’avez demandé monnom. »

» – Hélas ! gémit l’aubergiste.

» – Je m’appelle Robin Hood, messire.

» – Je le vois bien, dit le shérif enmontrant du regard la joyeuse troupe.

» – Quant à ce que nous entendons parpayer, le voici. Nous tenons table ouverte pour les pauvres ;mais nous faisons largement rembourser nos dépenses par les hôtesqui ont le bonheur d’avoir une escarcelle bien fournie.

» – Quelles sont vos conditions ?demanda le shérif d’une voix lamentable.

» – Nous n’avons pas de conditions etnous ne fixons pas de prix ; nous prenons sans compter toutl’argent que possède notre convive. Ainsi, par exemple, vous avezdans votre poche trois cents écus d’or.

» – Seigneur ! seigneur !murmura le shérif.

» – Votre dépense coûtera trois centsécus.

» – Trois cents écus !

» – Oui, et je vous engage à mangerautant que possible, à boire autant que vous pourrez le faire, afinde ne point payer ce que vous n’aurez pas consommé.

» Un excellent repas fut servi sur l’herbe. Leshérif n’avait pas faim, il mangea donc fort peu ; mais enrevanche il but considérablement. Nous supposâmes que cette soifdémesurée était un effet de son désespoir.

» Il nous donna les trois cents écus d’or, etsitôt que la dernière pièce eut disparu dans mon escarcelle, ilmanifesta un vif désir de nous fausser compagnie. Robin fit amenerle cheval du shérif, aida celui-ci à se mettre en selle, luisouhaita un bon voyage et le pria très instamment de ne pasl’oublier auprès de sa charmante femme.

» Le shérif ne répondit point à noscompliments ; il avait une telle hâte de quitter le bois qu’ilmit son cheval au galop et s’éloigna sans mot dire.

» Ainsi se termina l’aventure de Robin Hoodavec les bouchers de Nottingham. »

– Je voudrais bien, dit Will Écarlate,mettre mon habileté à l’épreuve en me déguisant un jour. Avez-vousdéjà tenté une métamorphose, Petit-Jean ?

– Oui, afin d’obéir à un ordre deRobin.

– Et comment vous en êtes-voustiré ? demanda Will.

– Assez bien pour ce dont il s’agissait,répondit Jean.

– Et de quoi s’agissait-il ? demandaMuch.

– Voici. Un matin Robin Hood se disposaità aller rendre une visite à Halbert Lindsay et à sa jolie petitefemme, lorsque je lui fis observer qu’il y avait du danger pour luià pénétrer ouvertement dans la ville. Après ce qui s’était passéavec le shérif à propos de la vente imaginaire des bestiaux, nousavions fort à redouter une sérieuse vengeance. Robin Hood se moquade mes craintes et me répondit que pour mieux tromper son monde, ilfallait se déguiser en Normand. Il revêtit à cet effet unmagnifique costume de chevalier, alla voir Halbert et de la maisondu jeune garde, il se rendit à l’auberge du shérif. Là il fitgrande dépense, complimenta la femme de son hôte sur sa gracieusebeauté, causa avec le shérif qui le comblait de prévenances, puis,quelques minutes avant de quitter la maison, il emmena le shérif àl’écart et lui dit en riant :

» – Mille fois merci, mon cher hôte, pourl’accueil plein de courtoisie que vous avez daigné faire à RobinHood.

» Le shérif n’était pas encore revenu de lastupeur dans laquelle l’avaient jeté les paroles de Robin quecelui-ci avait disparu. »

– Très bien ! dit William ;mais cette nouvelle preuve de l’habileté de Robin ne nous apprendpas de quelle manière vous vous êtes déguisé, Petit-Jean.

– J’ai pris le costume d’un mendiant.

– Dans quelle circonstance ?

– Pour obéir, comme je viens de vous ledire, à un ordre de Robin. Robin voulait mettre mon habileté àl’épreuve ; il désirait savoir si j’étais capable de seconderson admirable adresse. Le choix du déguisement me fut laissé et,ayant appris la mort d’un riche Normand dont les propriétésavoisinaient la ville de Nottingham, je résolus de me mêler auxpauvres qui devaient escorter son convoi mortuaire. J’avais sur latête un vieux chapeau orné de coquilles, un énorme bâton, l’habitd’un pèlerin, un sac pour y renfermer mes provisions de bouche etune petite bourse destinée à recevoir les aumônes en argent. Mesvêtements avaient un extérieur misérable et je ressemblais si bienà un véritable pauvre que nos gais compagnons furent tentés de mefaire l’aumône.

» À un mille environ de notre retraite, jerencontrai plusieurs mendiants ; comme moi ils se dirigeaientvers le château du défunt. L’un de ces coquins paraissait êtreaveugle, le second boitait douloureusement ; les deux derniersn’avaient d’autre signe distinctif que de misérables haillons.

» – Voilà, me dis-je en les considérantdu coin de l’œil, des gaillards qui peuvent me servir demodèle ; je vais les accoster et faire en sorte de m’instruireà leur école. Bonjour, mes frères, m’écriai-je d’un airgracieux ; je suis enchanté du hasard qui nous rapproche. Quelchemin suivez-vous ?

» – Nous suivons la route, réponditsèchement le gars auquel je m’étais particulièrement adressé.

» Les compagnons du drôle me toisèrent de latête aux pieds et leur figure exprima un étonnement craintif.

» – Ne prendrait-on pas ce gaillard-làpour la tourelle de l’abbaye de Linton ? dit un des pauvres ense reculant.

» – On peut me prendre sans crainte de setromper pour un homme qui n’a peur de rien, répondis-je d’un ton demenace.

» – Allons, allons, la paix !grommela un mendiant.

» – La paix, soit, repris-je ; maisqu’y a-t-il donc à gruger au bout de la route, que je vois surgirde toute part notre sainte confrérie des haillons ? Pourquoidonc les cloches de l’abbaye de Linton tintent-elles d’une façon silamentable ?

» – Parce qu’un Normand vient demourir.

» – Vous allez donc à sonenterrement ?

» – Nous allons prendre notre part deslargesses que l’on distribue aux pauvres diables comme nous àl’occasion des funérailles : vous êtes libre de nousaccompagner.

» – Je le crois bien et je ne vousremercie pas de la permission, répondis-je d’un ton moqueur.

» – Grand manche à balai crasseux !s’écria le plus valide des mendiants, nous ne sommes pas disposés,puisqu’il en est ainsi, à supporter plus longtemps ta sottecompagnie. Tu ressembles à un véritable coquin et ta présence nousest désagréable. Va-t’en et reçois en guise de compliment cettefêlure sur la tête.

» En achevant ces mots, le grand gueuxm’allongea sur le crâne un coup épouvantable.

» Cette agression inattendue me mit en fureur,continua Petit-Jean. Je tombai sur le bandit et, d’un tour de main,je lui administrai une volée de coups.

» Le misérable devint bientôt impuissant à sedéfendre et demanda grâce.

» – À vous maintenant, chiensmaudits ! m’écriai-je en menaçant de mon bâton les autresmécréants. Vous auriez ri, je vous assure, mes bons amis, de voirl’aveugle ouvrir les yeux et suivre mes mouvements avec épouvante,le boiteux courir à toutes jambes vers le bois. J’imposai silenceaux braillards, car ils criaient à m’assourdir et je fisméthodiquement retentir mon bâton sur leurs fortes épaules. Unebesace déchirée par mes coups laissa échapper quelques piècesd’or ; le coquin auquel appartenaient les écus se jeta à deuxgenoux devant son trésor ; il espérait sans doute le dérober àmes regards.

» – Oh ! Oh ! m’écriai-je,voilà qui change la face des choses, misérables gueux, ou pourmieux dire, voleurs que vous êtes. Vous allez me donner à l’instantmême et jusqu’à la dernière obole l’argent que vous possédez, sinonje vous réduis tous les trois en compote. Les lâches me demandèrentgrâce une fois encore et comme mon bras commençait à se fatiguer defrapper sans relâche, je me montrai généreux.

» Lorsque j’abandonnai les mendiants, lespoches remplies de leurs dépouilles, ils pouvaient à peine se tenirdebout.

» Je repris bien vite, enchanté de mesprouesses, car il y a justice à dévaliser les voleurs, le chemin dela forêt.

» Robin Hood, entouré de sa bande joyeuse,s’exerçait au tir de l’arc.

» – Eh quoi ! Petit-Jean,s’écria-t-il en me voyant paraître, vous voilà de retour ?N’avez-vous pas eu le courage de jouer jusqu’au bout votre rôle defrère mendiant ?

» – Pardonnez-moi, cher Robin, j’airempli mon devoir et ma quête a été productive. Je rapporte sixcents écus d’or.

» – Six cents écus d’or !s’écria-t-il ; vous avez donc dévalisé un prince del’Église ?

» – Non, capitaine, j’ai récolté cettesomme parmi les membres de la tribu des mendiants.

» Robin Hood prit un air grave.

» – Expliquez-vous, Jean, medit-il ; je ne puis croire que vous ayez dépouillé de pauvresgens.

» Je racontai l’aventure à Robin, en luifaisant observer que des mendiants cousus d’or ne pouvaient êtreque des voleurs de profession.

» Robin fut de mon avis et son visage repritaussitôt une expression souriante. »

– La journée avait été bonne, dit Much enriant, six cents écus d’or d’un seul coup de filet !

– Le soir même, reprit Jean, Jedistribuai aux pauvres des environs de Sherwood la moitié de monbutin.

– Brave Jean ! dit Will en serrantla main du jeune homme.

– Généreux Robin ! voulez-vous dire,William ; car, en agissant ainsi, je ne faisais qu’obéir auxordres de mon chef.

– Nous voici arrivés à Barnsdale, ditMuch ; la route ne m’a pas semblé longue.

– Je dirai cela à ma sœur, cria Will enriant.

– Et moi j’ajouterai, répondit Much, queje n’ai cessé un seul instant de penser à elle.

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