La Mare au Diable

La Mare au Diable

de George Sand

Notice

Quand j’ai commencé, par la Mare au Diable, une série de romans champêtres que je me proposais de réunir sous le titre de Veillées du Chanvreur, je n’ai eu aucun système, aucune prétention révolutionnaire en littérature.Personne ne fait une révolution à soi tout seul, et il en est,surtout dans les arts, que l’humanité accomplit sans trop savoir comment, parce que c’est tout le monde qui s’en charge. Mais ceci n’est pas applicable au roman de mœurs rustiques : il a existé de tout temps et sous toutes les formes, tantôt pompeuses, tantôt maniérées, tantôt naïves. Je l’ai dit, et dois le répéter ici, le rêve de la vie champêtre a été de tout temps l’idéal des villes et même celui des cours. Je n’ai rien fait de neuf en suivant la pente qui ramène l’homme civilisé aux charmes de la vie primitive. Je n’ai voulu ni faire une nouvelle langue, ni me chercher une nouvelle manière. On me l’a cependant affirmé dans bon nombre de feuilletons, mais je sais mieux que personne à quoi m’en tenir sur mes propres desseins, et je m’étonne toujours que la critique en cherche si long, quand l’idée la plus simple, la circonstance la plus vulgaire, sont les seules inspirations auxquelles les productions de l’art doivent l’être. Pour la Mare au Diable en particulier, le fait que j’ai rapporté dans l’avant-propos, une gravure d’Holbein, qui m’avait frappé, unescène réelle que j’eus sous les yeux dans le même moment, au tempsdes semailles, voilà tout ce qui m’a poussé à écrire cette histoiremodeste, placée au milieu des humbles paysages que je parcouraischaque jour. Si on me demande ce que j’ai voulu faire, je répondraique j’ai voulu faire une chose très touchante et très simple, etque je n’ai pas réussi à mon gré. J’ai bien vu, j’ai bien senti lebeau dans le simple, mais voir et peindre sont deux ! Tout ceque l’artiste peut espérer de mieux, c’est d’engager ceux qui ontdes yeux à regarder aussi. Voyez donc la simplicité, vous autres,voyez le ciel et les champs, et les arbres, et les paysans surtoutdans ce qu’ils ont de bon et de vrai : vous les verrez un peudans mon livre, vous les verrez beaucoup mieux dans la nature.

Nohant, 12 avril 1851. George Sand.

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