L’Arrabbiata – Le Garde-vignes – Résurrection

II

Eugène s’était mis au lit, l’âme oppressée detristesse ; la fatigue de la route qu’il avait faite pendantle jour lui donna enfin quelques heures d’un sommeil agité, pleinde rêves douloureux. Il vit la belle jeune femme couchée dans unebière, ayant auprès d’elle la vieille servante qui lui offrait dela polenta. Mais comme la morte ne bougeait pas, la duègne poussaune plainte déchirante ; ses cris retentissaient toujours plussonores et plus perçants, jusqu’à ce qu’enfin le dormeurs’éveillât. Tout n’était pas illusion dans le songe qu’il venaitd’avoir. Il faisait déjà grand jour, et au pied de la tourelle, unefemme chantait d’une voix aiguë des paroles qu’il ne comprit pas.Il s’élança d’un bond vers la fenêtre et aperçut la vieilleservante qui, un panier au bras, gravissait le chemin escarpé de lamontagne. Elle s’interrompait parfois, puis, se tournant vers lechâteau, reprenait son refrain avec l’intention évidente d’êtreentendue de l’étranger. Quand elle le vit, elle répéta d’un tonplus accentué encore son improvisation monotone, dont il ne putdistinguer que le mot « couvent ». Elle mit ensuite undoigt sur ses lèvres, en signe de prudence, et disparut derrière unrocher.

Eugène, fort surpris, se retira de la fenêtre.Derrière lui se tenait Taddeo, dont l’œil scrutateur suivait tousses mouvements. Il affecta aussitôt l’indifférence et demanda d’unton respectueux si M. le capitaine avait des ordres à luidonner. Eugène cependant remarqua que, tout en parlant, il écoutaitattentivement la voix de la vieille, qui retentissait encore dansle lointain.

– Monsieur le marquis vous prie de l’excuser,ajouta-t-il, tandis qu’il se disposait à emporter les vêtements del’étranger ; il est obligé de sortir aujourd’hui et nereviendra que tard. Demain matin, si Monsieur le capitaine prolongeson séjour, il compte lui rendre visite.

Eugène répondit en peu de mots et d’un airdistrait. Puis il demanda s’il n’y avait pas au château d’autredomestique, car il avait besoin de quelqu’un pour porter sesinstruments d’arpentage.

– Il n’y a personne qu’une vieille femme quifait la cuisine, répondit vivement Taddeo, mais elle a la tête unpeu dérangée, elle pourrait perdre ou casser quelque chose. Quant àmoi, continua-t-il en s’approchant du bahut, il m’est défendu dequitter le château en l’absence de mon maître. Sans cela, je metrouverais fort honoré d’accompagner Monsieur le capitaine. Mais ily a près d’ici des petits bergers qui rendraient volontiers tousles services dont on aurait besoin.

L’officier n’entendit pas ces dernièresparoles. Le but principal de son séjour dans le pays étaitmaintenant si loin de sa pensée que, sortant une demi-heure aprèsde la Citadelle pour explorer les environs, il oublia de prendreses cartes. Il ne tarda pas à s’en apercevoir, et continualentement sa marche, l’esprit préoccupé de la sombre énigme de lanuit. Arrivé au sommet de la chaîne de collines qui enserre lavallée, il s’arrêta et porta ses regards sur le chemin qu’il venaitde parcourir. À une centaine de pieds au-dessous de lui, le châteaudressait ses murailles grisâtres ; du point où Eugène étaitplacé, il pouvait embrasser l’ensemble de l’édifice et plonger sonregard dans le petit jardin qui, malgré ses rosiers en fleur,éveillait des pensées lugubres comme la vue d’une tombe. Aucuneforme humaine ne se montrait dans la cour, et les fenêtres quidonnaient sur la montagne étaient fermées par d’épaisses jalousies.On aurait cru la maison inhabitée, sans la légère colonne de fuméequi s’élevait au-dessus des arbres, seul signe de vie que l’on pûtobserver dans cette demeure entourée de cyprès.

Un sentiment voisin de la haine s’alluma dansle cœur d’Eugène contre le maître du château. Quelle joien’aurait-il pas, en cas de guerre, à s’emparer de la citadelle, àen briser les portes et à mettre au jour les secrets quis’abritaient derrière ces murs ? Il demanderait à la pâleprisonnière quel était l’homme qui avait flétri sa jeunesse, et iltirerait vengeance de l’oppresseur.

Mais il était seul, impuissant, il n’avaitd’autre arme à employer que la patience. Il laissa échapper unsoupir, et, s’arrachant à la contemplation de la vallée, ils’avança vers le plateau qui surmonte les derniers escarpements dela montagne. Une dépression rocheuse du sol s’étendait au milieudes buissons dans la direction de l’ouest ; à l’extrémité, unmonastère élevait son modeste clocher au-dessus d’un petit bois depins. Il n’avait pas besoin de lever le plan de ce lieu, puisque lesentier de la vallée tournait au contraire à l’est ; il sedirigea néanmoins vers le cloître, poussé par le vague espoird’obtenir quelque information sur les habitants du château. Songuide lui avait appris, la veille, que tous les dimanches un moinese rendait à la Citadelle pour y dire la messe ; sans doute cereligieux devait avoir vu la triste recluse.

Il avait à peine fait la moitié du chemin,qu’une forme humaine se leva tout à coup, près de lui, derrière lesbuissons. C’était la vieille servante dont le chant l’avait éveilléle matin. Elle avait couvert son visage d’une mante aux couleurssombres qui empêcha d’abord Eugène de la reconnaître ; ellefit signe au jeune homme de la suivre, et, repliant sa tête dansses épaules avec un mouvement d’oiseau de nuit effarouché par lalumière, elle se glissa silencieusement au milieu des rochers etdes broussailles vers une cabane abandonnée.

– Jurez-moi, par la Madone, que vous ne metrahirez pas, lui dit-elle. Vous paraissez bon et loyal, mais je neprononcerai pas une parole avant que vous ayez prêté ceserment.

L’officier prit sans hésiter l’engagementqu’elle demandait.

– Qu’attendez-vous de moi ?ajouta-t-il ; je suis prêt à faire tout ce qui peut seconcilier avec l’honneur d’un soldat.

Elle ne répondit pas sur-le-champ. Elles’était assise sur une pierre au fond de la cabane et semblaittrouver une amère jouissance à verser en liberté des larmes que,sans doute, elle était souvent contrainte de cacher. Eugène luitoucha l’épaule ; elle tressaillit et parut chercher à serappeler quel motif l’avait amenée en ce lieu.

– Dites-moi d’abord qui vous êtes et ce quevous venez faire au château, reprit-elle en l’examinant avecdéfiance de la tête aux pieds, malgré le serment qu’elle avaitexigé de lui. Comment a-t-il pu vous recevoir dans la Citadelle, oùpersonne n’habite, excepté nous et le désespoir ? Si vous êtesson ami, la vieille Barberine n’a rien à vous dire.

Il lui donna, en termes brefs, desexplications qui parurent la satisfaire. Le regard de la vieillefemme devint plus paisible ; elle tira de sa poche unetabatière d’écorce de bouleau, dont elle aspira une prise, puiselle ajouta :

– Connaissez-vous Milan, monsieur ?

– Un peu, répliqua Eugène. Cette ville a étéma première garnison, et j’y suis demeuré une année entière.

– Y retournerez-vous ? Il faudrait que cefût bientôt, sans quoi, il serait trop tard.

– Dites-moi ce que je dois y faire. Si lachose est importante…

– Si elle est importante ! réponditBarberine en levant les yeux au ciel. Hélas ! il y va de lavie ou de la mort ! Avez-vous entendu parler du comteT… ? L’avez-vous connu ? Du reste, que vous l’ayez connuou non, cela est égal ; si vous êtes réellement un hommed’honneur, un chrétien, si vous avez pitié du malheur, vous nerefuserez pas de porter une lettre à la comtesse. Voilà tout ce quej’avais à vous demander ; faites-le, et le ciel vousbénira.

– Donnez-moi cette lettre ; avant huitjours, elle sera remise fidèlement.

– Huit jours, murmura-t-elle, c’est long. Lalampe peut s’éteindre d’ici là ; mais s’il faut qu’il en soitainsi, Dieu sans doute sera miséricordieux. N’avez-vous pas survous du papier ?

– Pour quoi faire ?

– Pour écrire la lettre. Moi, pauvre femmeignorante, je n’en suis pas capable ; tout au plus ai-jeappris à lire. Et ma maîtresse n’aurait jamais voulu tracer uneligne ; si elle savait même que je vous ai parlé, je n’oseraisplus me présenter devant elle. C’est pour cela que, après avoirattendu bien longtemps, je me décide à demander votre aide. Mesvieilles jambes m’auraient bien portée à Milan, mais Monsieurm’aurait tuée, comme il l’a dit un jour. Et pourtant elle auraitété sauvée ! Je craignais d’agir contre sa défense, j’espéraisqu’elle changerait d’avis ; aujourd’hui les choses en sontvenues à un tel point qu’il est impossible d’attendredavantage.

Des sanglots éteignirent sa voix ;l’égarement se peignit de nouveau dans ses yeux, et elle parut neplus songer à la présence d’Eugène. Celui-ci avait tiré son carnet,dont il détacha une feuille.

– Que faut-il écrire ? demanda-t-il.

– Ah ! oui ! dit la vieille ens’essuyant les yeux du revers de la main. Voyons, commenceztoujours : « Chère Madame la comtesse ». – Je puisbien la nommer ainsi, sans ajouter gentilissima etillustrissima. Je suis entrée dans la maison à lanaissance de son premier enfant ; j’y étais quand le jeunecomte est mort ; puis la petite Giovanna est venue aumonde : « Barberine, me dit Madame la comtesse, tu n’aspas de lait pour la chère petite ; mais tu donnerais pourelle, je le sais, le sang de ton cœur ; ainsi tu resteras avecnous, je la confie à tes soins ». Hélas ! mon douxSauveur ! si j’avais pu savoir tout ce qui devait arriver,j’aurais mieux aimé mourir aux galères que d’élever l’enfant et dela voir ensuite se consumer de désespoir.

– Expliquez-vous plus vite, s’écria Eugèneavec impatience, le temps est précieux.

– Vous avez raison, Monsieur, mais vousconnaissez le proverbe : « La patience et l’argenttriomphent du monde entier. » Un autre dit aussi :« Celui qui supporte tout sans murmure est un saint ou unâne ». Écrivez donc ce que je vais vous dicter, car je ne puissouffrir plus longtemps et garder le silence.

– « Chère Madame la comtesse »,reprit l’officier.

– « La personne qui vous fait écrire estvotre fidèle Barberine. Elle veut vous apprendre que vous êtestrompée d’une manière infâme par quelqu’un, – que Dieu luipardonne ! – qui se conduit envers votre fille comme un Turcet un païen. Il vous a promis, à vous et au Seigneur Dieu, d’êtrepour elle un appui, de la porter sur ses mains, comme il est ditdans l’Évangile, de peur que son pied ne heurte contre quelquepierre. » – Avez-vous écrit ? Bien. Maintenant,continuez : « Au lieu de cela, il fait courir le bruitque ma jeune maîtresse est devenue folle, et qu’à cause de son mal,il la retient ici, où elle ne veut voir personne, pas même son pèreet sa mère. Mais c’est un odieux mensonge ; elle a sa raison,tout aussi bien que moi et Votre Seigneurie, soit dit avec lerespect que je vous dois. Elle a été enlevée de la ville etenfermée dans la Citadelle. Voilà ce qu’il a fait, celui que je nenommerai pas, car il m’a menacée de me tuer comme une bête enragéesi je révélais son crime. Mais je souffrirais mille morts plutôtque de garder le silence ; cela me brise le cœur de voir majeune maîtresse refuser de boire et de manger, passer les nuitssans dormir, comme si elle voulait être bientôt sous terre. Cela nedurera pas longtemps ainsi ; mon pauvre ange mourra ou perdraréellement la raison ; il le sait bien celui qui est coupablede tout le mal, mais il veut que les choses arrivent ainsi, et ilferme son cœur à la pitié. C’est pourquoi, ma gracieuse et chèredame, si vous voulez sauver votre enfant… » – Avez-vous miscela ? Nous arrivons maintenant au plus difficile ; je nesais moi-même que faire. Si j’écris, les parents viendront pourenlever ma maîtresse ; voudra-t-elle les suivre ? Car, ilfaut vous le dire, Monsieur le capitaine, elle ne parle que depénitence et de mort ; elle prétend qu’elle ne reverra jamaisle monde, et qu’il n’y a plus de bonheur pour elle sur la terre.Ah ! il a bien réussi, le cruel ! Un chagrin noir commela tombe la dévore lentement ; il aurait mieux valu pour ellequ’il lui plongeât un couteau dans le cœur que de la faire ainsimourir à petit feu.

Elle croisa les mains sur sa poitrine et semit à pleurer. Eugène entendit au-dehors un troupeau s’approcher dela cabane : c’étaient des chèvres que le berger poursuivait àgrands cris ; un moment, il parut sur le seuil, puis ils’éloigna aussitôt avec les bêtes indociles. L’officier, caché dansl’ombre, ne sut pas s’il avait été vu du paysan, mais la vieilledevait avoir été remarquée.

– Apprends-moi tout, Barberine, parle vite,reprit-il, on pourrait nous troubler ici, et je ne serais plus enétat de te venir en aide. Que s’est-il passé entre le marquis et tamaîtresse ? Il paraît impossible qu’un homme soit assezbarbare pour ensevelir vivante une femme jeune et belle, si elle asa raison et si elle est innocente.

La vieille le regarda et parut hésiter à luirépondre. Enfin, saisissant de nouveau avec ses doigts noueux uneprise de tabac, elle dit, après s’être avancée vers la porte pours’assurer que le berger ne revenait point :

– Innocente ! qui est-ce qui estinnocent, mon cher monsieur ? Le juste pèche sept fois parjour, et le châtiment suit la faute d’un pas boiteux, mais nul n’yéchappe. Est-il possible qu’une jeune fille de dix-sept ans, quel’on force à épouser un homme qu’elle n’aime pas, étouffe lesbattements de son cœur ? Ajoutez à cela que la pauvre enfantavait déjà donné le sien. Je crois encore l’entendre me dire :« Barberine, s’il faut que je devienne la femme du marquis,sois sûre qu’il arrivera un malheur ! » Comme je laconnaissais et comme je savais aussi que rien ne changerait lavolonté de son père, je pris le parti de m’éloigner pour ne pasvoir ce triste mariage. « Ma chérie, mon unique tendresse, luidis-je, la vieille Barberine n’a pas le courage d’être témoin deton malheur. Je retournerai dans le village où je suis née ;là je prierai pour toi nuit et jour. » Ainsi disais-je, et jene me laissai point retenir, car la noce était proche. Le cousinque ma pauvre Giovanna aimait depuis son enfance, Gino, étaitlieutenant de marine ; il ne pouvait venir à Milan ; levieux comte ne m’aurait pas permis d’ouvrir la bouche en faveur dupauvre garçon ; la comtesse elle-même appuyait le marquis, àcause de son titre et de ses richesses ; c’était, du reste, unhonnête homme, fort considéré, et qui méritait de l’être. Maisest-ce là ce que demande un cœur de dix-sept ans ? « Lepremier amour est le meilleur », dit le proverbe. Je partisdonc et je demeurai dans mon pays une année entière, vivant commes’il n’y avait pas eu au monde de comtesse Giovanna. Pourtant jesentais bien, à la tristesse de mon pauvre cœur, que les chosesn’allaient pas bien.

« Jugez de mon saisissement, quand, unjour, je reçois une lettre dans laquelle on me demande de me rendresur-le-champ à la villa du marquis, parce que ma jeune maîtresse abesoin de moi. Une espérance joyeuse me remplit d’abord :« Si elle avait un petit enfant ! pensais-je, son mariagea peut-être tourné mieux que je ne croyais. » Mais ce n’étaitpas Giovanna qui avait écrit la lettre, c’était lui, et la crainteme revint. J’arrivai le lendemain, à la nuit tombante. Ce futTaddeo qui me reçut : il avait alors l’œil caché par unbandeau : du reste, il était aussi laid qu’à présent. Sans melaisser seulement secouer la poussière qui me couvrait, il m’amena,non pas auprès de ma maîtresse, mais à la chambre du marquis. Je nel’avais encore vu que deux fois ; cependant, je remarquai unegrande altération sur son visage, et, à coup sûr, il n’y avaitaucune trace de joie paternelle.

« – Barberine, me dit-il, je vous ai faitvenir afin que vous teniez compagnie à la marquise ; elle estmalade, d’esprit, du moins, et je sais que vous lui êtesdévouée.

« – Bonté divine ! m’écriai-je, quem’apprenez-vous là, Monsieur le marquis ! ma petite Giovanna,qui était si gaie et qui remplissait toute la maison de sesrires !

« Il soupira si profondément que j’en euscompassion. Il me raconta ensuite qu’un voleur avait pénétré, lanuit, dans l’appartement de la marquise, que lui et Taddeol’avaient poursuivi, et qu’il en était résulté une lutte danslaquelle le serviteur avait perdu un œil. La frayeur et l’émotionavaient fait sur ma jeune maîtresse une impression si profonde, quedepuis ce temps elle refusait de voir personne et voulait s’enfuirdans un lieu où elle fût plus en sûreté que dans la villa. Il avaitsongé à son château du lac de Garde ; il se proposait de s’yrendre dès le lendemain matin, et d’y rester jusqu’à ce quel’agitation de sa femme fût calmée.

« Il me disait cela d’un ton si triste eten même temps si ferme, si résolu, qu’il ne me vint pas à l’espritle moindre doute. Il me congédia d’un signe et donna l’ordre à sondomestique de me conduire chez ma maîtresse. Dans quel état jetrouvai le pauvre ange ! Elle n’était pas reconnaissable. Jela vois encore, pâle et muette, assise sur un fauteuil ; pasune larme dans ses yeux, pas une parole à ses lèvres. Je fusbouleversée, car on dit, et on a raison : « Qui renfermeson mal en lui-même ne guérira pas ». Croiriez-vous qu’elle netourna seulement pas la tête pour me regarder ? À tous mestémoignages d’affection, elle ne répondait rien ; enfin elleme donna l’ordre de la laisser seule. Sainte Mère de Dieu !combien cela me brisa le cœur ! Le lendemain, nouspartîmes ; nous étions, la marquise et moi, dans lavoiture ; Taddeo conduisait ; à côté de lui avait prisplace la cuisinière Martina, que tout le monde croit simpled’esprit, parce qu’elle ne parle guère, mais cela ne l’empêche pasd’être plus avisée que bien d’autres. Le marquis nous suivait àcheval. Après avoir marché de la sorte nuit et jour, nous arrivâmesà ce cachot maudit ; la voiture roula sur le pont, et il mesembla entendre le bruit des pelletées de terre que l’on jette surun cercueil. Ma maîtresse paraissait insensible à tout ce qui sepassait autour d’elle. Dès qu’elle fut entrée dans sa chambre, ellese jeta sur un canapé où elle demeura comme une morte. Pas un motne fut échangé entre elle et son mari. La porte s’était à peinefermée sur nous que le marquis repartit à cheval, nous laissantseules avec l’affreux Taddeo, qui devint notre maître et notregeôlier.

« Quand j’y réfléchis davantage, toutcela, vous le pensez bien, ne me parut pas clair. J’interrogeaiTaddeo : autant eût valu questionner le mur que voilà. Je nefus pas plus heureuse avec ma maîtresse ; mais le soir, commej’étais auprès de Martina, car la marquise m’avait encore éloignéed’elle, je parvins à connaître la vérité. Je puis comprendre lelangage de Martina, quoiqu’elle bégaie beaucoup et mette du temps às’exprimer. Quel était, croyez-vous, le voleur qui avait si forteffrayé Madame ? Ah ! mon cher monsieur, personne autreque Gino, et la prétendue frayeur ressemblait à la joie comme unegoutte de lait à une autre. Il faut vous dire que ma jeunemaîtresse dépérissait à Milan ; elle faisait de son mieux pourcacher sa tristesse, mais elle tomba malade, il fallut la conduireà la campagne. Que voulez-vous, Monsieur le capitaine ? on n’aqu’une fois dix-sept ans et il n’y a qu’un premier amour. Unesemaine se passe ainsi à la villa. Un soir, Martina voit entrerdans la cuisine un paysan, une lettre à la main. Il met le doigtsur ses lèvres, et voyant qu’elle est seule, il glisse le billetdans la poche de son tablier, puis le voilà parti. Martina regardel’adresse, c’était le nom de la marquise, elle lui porte la lettre.En la lisant, elle devient rouge de joie, la pauvre chérie ;elle écrit à la hâte quelques lignes et dit à Martina de les donnerau paysan quand il se présentera. Il ne reparut que deux joursaprès ; sans doute, il avait peur de Taddeo. Il aurait bienmieux fait de ne pas revenir, car il n’y a pas en enfer de démonplus rusé que ce misérable borgne, et alors, il avait encore sesdeux yeux.

« Que vous dirai-je ? Monsieur lecapitaine. Le soir, Gino entra dans la villa ; il croyaitn’avoir été vu de personne, mais déjà tout était connu. Il avait àpeine eu le temps d’échanger quelques mots avec son amie quand laporte de la maison s’ouvre avec fracas ; le marquis, queTaddeo avait fait prévenir, passe devant Martina, pareil à un angevengeur et armé de la foudre ; c’était son épée qui lançaitdes éclairs. Elle pense qu’il va tuer sa maîtresse, et elle montepour la secourir. Seigneur ! que pouvait la pauvre créaturecontre un tel furieux ! Le marquis était debout, immobile aumilieu de la chambre ; il cherchait à se contenir, mais latempête intérieure qui grondait en lui était si violente, que lalame de son épée tremblait dans sa main comme une flamme agitée parle vent. Il ne prononçait pas une parole, ni sa femme non plus.Elle s’était laissée tomber sur une chaise placée près du lit. Ellene semblait pas avoir peur, on eût dit une morte qui n’a plus rienà craindre en ce monde. Martina voyait tout cela, car on ne l’avaitpas entendue venir, et elle se tenait cachée dans l’ombre d’unearmoire.

« Soudain il se fit au-dehors un grandbruit. La fenêtre était restée ouverte, on distinguait la voix deTaddeo. « Au « meurtre ! criait-il, ausecours ! » Le marquis s’avança vers sa femme, et levason épée ; mais elle tourna les yeux vers lui, d’un air quisemblait dire : « Frappe, si tu en as lecœur ! » Il ne put supporter ce regard. Saisissant sonépée, il en appuya la pointe contre le plancher, la brisa et jetaau loin les tronçons. En ce moment Taddeo entra, le sang inondaitson visage et il tenait, – chose horrible à voir, – dans une de sesmains, l’œil que le fugitif lui avait arraché pendant la lutte. Ilprésenta au marquis une montre avec une petite chaîne.« Voici, Excellence, dit-il, tout ce que j’ai pu avoir. Il m’aéchappé, le misérable assassin. » Il sortit aussitôt, et sescris de douleur retentirent dans la maison. La bonne Martina courutpanser sa blessure, mais il la jugeait trop bornée pour lui parlerde cette affaire. Il écumait de rage et proférait d’épouvantablesmalédictions. Personne ne dormit dans la villa ; ce que nosmaîtres se dirent l’un à l’autre, Dieu seul le sait, Martinaentendit Monsieur le marquis entrer dans sa chambre, et s’yenfermer, Madame en fit autant. Elle n’ouvrit ni ne répondit quandMartina vint lui offrir ses services ; mais sa lumière brûlatoute la nuit.

« Le lendemain, le marquis dit à Martinaqu’un voleur s’était introduit dans la maison, et il la chargea deporter au village voisin, où se trouvait un poste de gendarmerie,la déclaration qu’il venait d’écrire. Puis il envoya Taddeo, lafigure encore toute sanglante, chez le chirurgien le plus proche.La plaie se guérit vite, mais aucun docteur au monde ne pouvait luirendre un œil, voilà pourquoi il a tant de haine contre mamaîtresse. J’en savais assez maintenant. Le matin de très bonneheure j’allai chez Madame, quoiqu’elle ne m’eût pas appelée. Elleétait éveillée déjà, et je vis bien qu’elle n’avait guère reposé.Je lui dis que je savais tout, mais qu’elle ne devait pass’affliger de la sorte, la pauvre chère âme ; que ce n’étaitpas un si grand péché d’avoir adressé quelques paroles à soncousin, et que, pour moi, si l’on m’avait contrainte d’épouser unvieillard, j’aurais fait encore pis. « Bien sûr, ajoutai-je,si M. Gino savait « où vous êtes, ni le ciel ni l’enferne l’empêcheraient de vous délivrer, dût-il pour cela mettre le feuaux quatre coins de la Citadelle, ou s’ouvrir un passage à traversles rochers. » Mais si vous croyez, Monsieur, que tous mesdiscours l’aient consolée, vous vous trompez grandement, c’étaitcomme si j’avais parlé à un sourd. Enfin, par manière deconversation, je lui dis que le marquis avait quitté le château.« Où est-il allé ? » demanda-t-elle en se levantprécipitamment. Et comme je ne le savais pas, elle se mit àtrembler de tous ses membres. « Il va le chercher,disait-elle, il n’aura point de repos qu’il ne l’ait rejoint, etalors, c’en est fait de lui. » – « Ou de votre tyran,dis-je pour la calmer ; dans ce cas, vous seriez libre. »Elle ne m’entendait pas ; jusqu’au retour du marquis elle futinquiète et agitée comme une âme en peine. Il apportait des lettresde ses parents qui la calmèrent un peu. Ces lettres disaient qu’ilétait demeuré tout le temps à la ville pour mettre ordre à sesaffaires, et qu’il avait donné sa démission afin de se consacrerentièrement aux soins qu’exigeait la santé de sa femme. Madame lacomtesse recommandait à sa fille de chasser les idées noires, ellel’assurait de sa tendresse et du chagrin qu’elle avait d’êtreempêchée de venir au château. Puis elle apprenait toutes sortes denouvelles de la ville, entre autres que son cousin Gino s’étaitembarqué à Gênes pour aller en Afrique avec la flotte. Ce fut lameilleure consolation. Il était à l’abri de la vengeance dumarquis. Elle me donna la lettre à lire, mais elle ne me dit rien,car elle n’ouvrait guère la bouche, si ce n’est pour prier.Ah ! Monsieur le capitaine, un tigre pleurerait des larmes desang, s’il la voyait, mais ce monstre, son mari…

– Le marquis vit-il tout à fait séparé de safemme ? demanda Eugène, qui avait écouté avec une attentioncroissante le récit de la nourrice.

– Il ne lui parle jamais, répondit Barberine,et il ne la rencontre que le dimanche à la chapelle, où ilsviennent tous les deux entendre la messe. Il s’agenouille à sescôtés, mais il ne la regarde pas ; en sortant, il s’inclinedevant elle sans prononcer un mot, puis il retourne à sa chambre.Du reste, il ne la laisse manquer de rien ; il lui envoie deslivres, des ouvrages d’aiguille, et j’ai reçu l’ordre de lui servirpour ses repas tout ce qu’il y a de plus délicat. Mais vous lesavez : « Mieux vaut du pain bis avec le contentement quedes chapons avec le cœur chagrin », et « une demi-once deliberté est préférable à dix livres d’or » ; c’est aumoins mon idée. Aussi après avoir passé plusieurs mois dans cetteaffreuse prison, voyant les jours raccourcir et l’hiver approcher,je pris mon courage à deux mains. J’allai trouver Monsieur, je luidis que les choses ne pouvaient pas durer ainsi, que Madame nevivrait pas longtemps si cela continuait, qu’il y avait honte àfaire souffrir la pauvre créature et que s’il croyait de la sortegagner son amour, il en était à deux cents lieues, car onapprivoise mieux un chien avec des caresses qu’avec la chaîne.« Je sais très bien, ajoutai-je, qu’elle n’est pas aussi follequ’on le dit, c’est pour autre chose que vous la retenez dans cechâteau, mais cela ne m’étonnerait pas si elle perdait à la fin laraison. » J’ignore aujourd’hui comment j’ai pu prendre sur moid’avoir tant d’audace ; il me laissait aller, et un motamenait l’autre. Quand j’eus fini, il me répondit d’une voix aussitranquille que s’il m’eût dit bonjour : « Je vous ferairemarquer, Barberine, que j’ai toujours dans mon cabinet des armeschargées ; je vous engage donc à ne parler de tout ceci ni àmoi ni à d’autres, sans cela je serais obligé de vous tuer comme unchien. Maintenant sortez, et répétez à Martina ce que je viens devous dire, dans le cas où ce serait elle qui vous aurait mis cesidées dans la tête. » Sainte Mère de Dieu ! quelle fut mafrayeur ! Je ne sais pas comment je gagnai la porte, tant ilétait terrible avec son air calme ! Depuis ce temps, je ne mesuis plus jamais senti le courage de revenir là-dessus avec lui.Six mois se passèrent encore. Un jour, Madame reçut une lettre desa mère ; elle ne me la montra pas, mais je la lus encachette. Il y avait là-dedans que son cousin était venu à Paris,qu’il avait eu un duel avec un officier parce que tous les deuxfaisaient la cour à une danseuse, qu’il avait reçu une balle aucœur et qu’il était mort sur le coup. La comtesse écrivait cela,sans se douter de l’effet que cette nouvelle devait produire sur safille. La lettre arriva un vendredi ; Madame eut un accès defièvre qui dura jusqu’au dimanche. Je lui conseillai de ne pasaller à la chapelle, mais il n’y avait pas moyen de la retenir.Elle part donc. Après la messe, quand au moment de sortir elle setrouve près du marquis, elle commence à lui parler d’une voix sibasse que je n’entendais rien.

« Il l’écoute d’abord en silence, puis iltire de sa poche une montre, celle-là même que Taddeo lui avaitremise ; l’aiguille était sur la douzième heure :« Il est minuit, signora Marchesa », dit-il.Là-dessus, il la salue respectueusement et sort si vite que j’ai àpeine le temps de m’élancer pour recevoir dans mes bras Madame, quiperdait connaissance.

« Que dites-vous de cela, Monsieur lecapitaine ? Un chrétien peut-il croire que ses péchés luiseront pardonnés s’il ne pardonne pas ? Est-ce qu’elle neméritait pas l’indulgence ? Elle était si jeune ! Et puiselle avait donné son cœur à Gino, dès qu’elle avait commencé às’occuper d’autre chose que de ses poupées. D’ailleurs,n’était-elle pas assez cruellement punie, puisque son cousinl’avait sacrifiée et s’était sacrifié lui-même pour unedanseuse ? »

La vieille aspira violemment une prise detabac et parut attendre qu’Eugène éclatât en malédictions contre lemarquis ; mais il demeura pensif, enfonçant dans la terre lebout de sa canne.

– Et depuis cette époque ? dit-ilenfin.

– Depuis, nous avons vécu comme si nous avionsvolé au ciel le soleil, la lune et les étoiles. Oui, mon chermonsieur, quand on se promène dans les montagnes, et que l’onaperçoit de loin la Citadelle au milieu des arbres, on peut trouvercela très joli. Plusieurs fois des étrangers sont venus s’asseoirsur le pont et dessiner le château. Mais plus d’une belle noisettea une amande noire, émiettée par les vers. Personne ne pense quenous étouffons entre ces murs et que le chagrin nous ronge. Aprèsle jour où il lui avait fait voir la montre, ma maîtresse eutpendant plusieurs semaines des accès de fièvre. Frère Ambroise, quise connaît aux maladies, venait chaque jour lui tâter le pouls, etil allait ensuite chez Monsieur pour lui donner des nouvelles. Lemarquis a le cœur bien dur, n’est-ce pas ? Cependant, une foisque j’entrais dans sa chambre sans être attendue, j’ai vu qu’ilavait pleuré. Quelques instants après, comme Madame se trouvaitmieux, je lui conseillai de faire une nouvelle tentative. Ellem’envoya le remercier de ses attentions et lui demander s’ilconsentirait à la recevoir. Il me regarda avec son grand air froidet répondit qu’il regrettait de ne pouvoir lui parler, mais que desoccupations pressantes l’en empêchaient. Que dites-vous de cela,Monsieur le capitaine ? On venait à peine de l’arracher à lamort. Oh ! le meurtrier, le Caraïbe ! Elle ne laissaéchapper aucune plainte, aucun murmure ; elle était toujoursplus muette et plus résignée, comme quelqu’un qui ne vit que pourmourir. Même envers Taddeo qui lui veut tant de mal, elle est ladouceur même. Elle m’a dit, il n’y a pas longtemps, que ses yeux nepouvaient plus supporter la lumière du soleil. Je le crois bien,elle pleure tant quand elle est seule ! Maintenant, elleveille la nuit et se couche le jour ; j’ai beau lui répéterque les ténèbres la rendent plus triste, lui enfoncent son chagrinplus avant dans le cœur, elle ne m’écoute pas et nous vivons commedes chauves-souris. Monsieur ne paraît guère s’occuper denous ; à la messe, il est toujours le même : il portesans cesse sur lui la montre, on peut le voir à la chaîne, de sortequ’elle n’a pas le cœur de lui adresser la parole. Pauvreâme ! À quoi pense-t-elle ? Uniquement à descendre dansla tombe, et c’est un mot bien vrai que celui qui dit :« Perdre son argent, c’est beaucoup, mais perdre l’espoir,c’est tout perdre ». Par la Madone ! cher monsieur, sirien ne lui vient en aide, la vie se tarira en elle comme leruisseau de notre vallée pendant les grandes chaleurs. Le chagrinsèche son sang dans ses veines, et un matin il faudra que j’ailletrouver Monsieur pour lui dire : « Vous avezréussi ; notre pauvre ange est dans un monde où nos péchésseront pardonnés par un Sauveur miséricordieux. Et maintenant,tuez-moi comme vous m’en avez menacée, sans cela, j’irai à Milan etje crierai dans toutes les rues que vous êtes unassassin ».

En parlant ainsi, elle se mit à sangloter.

– Calme-toi, bonne Barberine, ditl’officier ; nous n’en sommes pas là ; tout ce qu’il serapossible de faire pour empêcher ce malheur affreux, je le ferai, jete le promets, comme si ta maîtresse était ma propre sœur. Mais àquoi servira-t-il de porter cette lettre à Milan ? Je crainsque cela n’aggrave le mal au lieu d’y remédier. Selon touteapparence, Madame la marquise ne songe point à chercher l’appui deses parents. C’est chose délicate que de se mêler des affaires defamille ; il est indispensable que je voie ta maîtresse pourm’assurer de son consentement. Tu pourrais m’ouvrir, cette nuit, lagrille du jardin ; de mon côté, j’aurai soin de ne pas laisserfermer celle de la tour.

– Y pensez-vous ? dit la vieille d’un aird’effroi. Vous ne savez pas comme on nous surveille. Nous neprenons pas l’air un moment, sans que Taddeo nous épie. Il a peurque nous nous sauvions, comme des chats, par-dessus les murs dujardin ; et que deviendrait-il s’il n’avait plus personne àtourmenter ? D’ailleurs, Madame ne consentirait pas à vousvoir.

– Mais tu peux lui dire, Barberine, que c’estun ami qui voudrait, avant de partir pour Milan, lui demander sielle n’aurait pas à lui confier quelque message pour sa mère. Tusauras que je ne suis pas un étranger pour ta maîtresse ; j’aidansé avec elle à Venise, lorsqu’elle n’était encore qu’une belleet rieuse jeune fille.

– Serait-il vrai ? dit la vieille, en leregardant d’un air de surprise mêlé de joie. Oui, cela est, je n’endoute pas ; on ne saurait mentir avec un visage honnête etbeau comme le vôtre. C’est le ciel même qui vous envoie pour nousdélivrer, j’en suis sûre maintenant. Si donc vous croyez ne pouvoiragir autrement, je ferai de mon mieux pour vous aider. Tenez, moncher monsieur, j’ai dit en quittant le château que j’allais aucouvent demander de la poudre pour faire dormir Madame, qui n’a pasfermé l’œil depuis trois jours : ce n’était qu’un prétextepour vous parler ; ma maîtresse ne prend presque pas de cettedrogue, et nous en avons encore beaucoup. Eh bien ! ce soir,je mettrai le tout dans la bouteille de vin que Martina va chercherau cellier pour ce brigand de Taddeo. Nous sommes obligées depasser par sa chambre pour entrer dans le jardin, car la grille nes’ouvre jamais. Une fois qu’il sera endormi, je viendrai vousouvrir, et je m’arrangerai de façon à conduire Madame prendrel’air ; le bon Dieu fera le reste. Ah ! si vous lavoyiez, Monsieur, vous auriez d’elle une si grande compassion que,pour la sauver, vous couperiez votre main droite !

– À quelle heure m’ouvriras-tu ?demanda-t-il.

– Je ne puis pas vous le dire encore ;Madame dormira peut-être. Dans tous les cas je viendrai puiser del’eau dans la cour, et en même temps je chanterai ; écoutezbien mes paroles, elles vous feront connaître l’heure. Maintenant,que la Mère de bénédiction vous protège, mon cher monsieur !Restez ici jusqu’à ce que je sois loin, car si ce démon de Taddeoflairait la moindre chose, il serait capable de ne pas boireaujourd’hui une seule goutte de vin, pour mieux tenir ouvert sonméchant œil. Moi, je vais aller au couvent, car dimanche, il nemanquera pas de s’informer si l’on m’a vue. Adieu, Monsieur lecapitaine, que le ciel vous bénisse mille fois !

Elle reprit son panier, serra autour d’elleles plis de son manteau, et quitta la cabane d’un pas furtif,regardant sans cesse autour d’elle si personne ne l’épiait.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer