L’Autre Alceste

J’ai vu le vizir Assaf errer, son cimeterre à la main, autour dela salle de cristal, car la salle a trois cent
soixante-cinq portes, et il ne sait par laquelle j’entrerai pouraller vers son maître. Je ne veux pas tout de suite prendre l’âmede Salomon, mais je voudrais quelque chose qui émane de lui etparticipe de sa sagesse et de la splendeur de son corps. Je veuxavec mes ciseaux verts cueillir une touffe de la candeur de sabarbe, du moins : puisque son crâne ferme comme une voûte polie lecellier de son cerveau, où des djinns savants brassent sonintelligence. Mais quand j’aurai avec mes ciseaux tranché cetentacule visible de l’esprit du roi des prophètes, la feuille delaquelle pend le principe de sa vie croulera de l’arbreSidrat-Almuntaha, l’oiseau vert absorbera son âme et son corpsastral naviguera à l’ombre de mes rames sur les eaux calmes quiencorbellent le paradis des croyants. Plaise à Dieu que cettesatisfaction me soit laissée, et que je ne trouve pas en frappant àl’une des portes de la salle de cristal – je préférerais croisermes ciseaux minuscules contre le cimeterre circulaire du vizir – lecadavre étendu sur le parquet transparent, l’âme envolée vers leshauteurs où perche le simurg, et le corps astral flottant dansl’air mobile pour venir s’asseoir à l’avant de ma barque, derrièremoi, m’avertissant par son poids léger mais sur ma barque encoreplus frêle, qu’il faut que je rame vers la justice d’Ankir et deMenkir.

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