L’Élixir de vie

L’Élixir de vie

de Jules Lermina

Préface

Peut-on prolonger la vie humaine ?

Telle est la question qui, secrètement ou non,se pose tôt ou tard devant l’esprit investigateur du savant, qu’il s’agisse d’un alchimiste ou d’un professeur du Collège de France.

Les écoles spiritualistes, qui considéraient la vie comme quelque chose d’immatériel, de complet et d’existant par soi-même, fournissaient aux audacieux de solides arguments de recherche. Mais la froide argumentation positiviste de l’École de Médecine de Paris vint détruire ces beaux rêves au nom de l’expérimentation pure, et la vie ne fut plus que le résultat plus ou moins parfait d’actes chimiques accomplis d’après des lois déterminées dans l’intimité des tissus.

Cette lutte entre les deux tendances opposées est bien curieuse à suivre. – Bichat sentant la puissance efficiente de la vie vient la définir : ce qui résiste à la mort ; mauvaise définition pour le philosophe ;excellente pour le médecin qui, tôt ou tard, constate la force curative de cette puissance mystérieuse. – Claude Bernard jure de savoir à quoi s’en tenir et, renversant la définition spiritualiste de Bichat, il fait de l’étude de la vie la préoccupation constante de ses recherches. De superbes résultats sur les fonctions particulières de divers organes sont acquischemin faisant, mais le but à atteindre semble reculer sans cesseet le célèbre adversaire de Bichat se déclare vaincu dans un de sesderniers ouvrages[1] : (jecite de mémoire) « La vie, c’est ce qui fait qu’un œuf depoule et un œuf de rossignol, constitués chimiquement de même,produisent l’un une poule, l’autre un rossignol. »

Sans vouloir nous attarder plus que de mesuresur cette question qui touche trop aux « CausesPremières », constatons l’existence en l’homme d’une force quirenouvelle sans cesse les éléments usés et conserve la forme ducorps.

Les expériences de Flourens, faisantmanger de la garance aux animaux, sont venues en effet prouver queles cellules matérielles les plus dures et les plus résistantes ducorps humain, les cellules osseuses, mettent au maximum unmois à se renouveler. Il en résulte, ainsi que le remarqueMaldan[2], qu’une personne que nous voyons aubout de trois ou quatre mois n’est plus la même, matériellementparlant, que celle que nous avons vue quatre mois avant. Pourtantla physionomie n’a pas changé ; la forme générale du corps nonplus ; il faut donc qu’il y ait dans l’homme une certaineforce qui conserve les formes acquises indépendamment durenouvellement incessant des cellules.

Où se trouve donc cette force ?

Dans l’homme, elle est charriée partout par unpetit élément cellulaire, le globule sanguin, qui vient redonner laforce aux organes qui en ont besoin et qui court ensuite quérirlui-même une nouvelle provision de cette force pour revenir denouveau. – Cela s’appelle la circulation.

Empêchez le globule d’arriver à un organe, cetorgane meurt bientôt, ce qui nous indique que le globulesanguin est bien le siège de cette force qui n’est autre que lavie.

Un premier moyen, bien grossier, de redonnerla vie à celui qui en manque est donc de lui infuser directementune certaine quantité de globules sanguins vivants. Cela s’appellela transfusion du sang et c’est là le procédé de rajeunissement decertains riches Orientaux.

Mais la force dans l’homme n’est pas seulementfixée sur cet élément qui circule toujours : la nature aménagé un peu partout une série de réservoirs dans lesquels cetteforce vient se condenser, se mettre en tension, s’accumuler pourêtre répartie ensuite au fur et à mesure des besoins. Cesréservoirs sont des ganglions nerveux réunis souvent en plexus etleur ensemble constitue le mystérieux système de la vie organiquereprésenté par le nerf grand sympathique.

Tout autour du cœur, tout le long de lacolonne vertébrale, dans l’intérieur de l’abdomen se trouventdes centres de réserve de force vitale, centres sousl’influence desquels se meuvent tous les organes qui marchent sanssubir l’action de notre volonté.

Or, un fait depuis longtemps connu des Indouset des Orientaux, c’est que la vie, ainsi mise en réserve peutsortir hors de l’être humain et venir agir à distance.

Celui qui possède le secret de cette actionpourra donc, non plus soutirer le sang qui doit le revivifier,procédé tout au plus digne des ignorants, mais s’adresser auxréserves vitales et, invisiblement, attirer en lui la force qui luimanque.

À ceux qui douteraient de l’action de la viehors de l’homme, je citerai les délicates et rigoureusesexpériences de William Crookes, de la Société royale deLondres[3] sur la Force Psychique et son action àdistance, action vérifiée par des appareils mécaniquesenregistreurs.

Nous voici donc retombés dans le domaine duMagnétisme animal et du Spiritisme, me direz-vous ?

Appelez-le comme vous voudrez. Que m’importe.Il s’agit là de faits réels, indiscutables, que les Académiesadmettront dans quelques dizaines d’années.

Puisque je suis lancé sur ce terrain de lascience occulte, pourquoi n’irais-je pas jusqu’au bout deshypothèses en vous racontant l’origine de la vie humaine d’aprèsles occultistes.

Vous n’ignorez pas, n’est-ce pas, que la vieest en réserve dans les ganglions nerveux du grand sympathique.D’où vient-elle avant d’être condensée là ?

Du globule sanguin, soit directement, soit parl’intermédiaire du cervelet, si l’on en croit les admirablestravaux, malheureusement peu connus, du Dr Luys[4].

Ce globule sanguin, où puise-t-il cette forcequ’il porte partout sous l’influence de l’oxydation del’hémoglobine ?

Dans l’air qui baigne et qui vivifie tous lesêtres vivants de la terre, soit directement, soit endissolution.

Toute composition chimique mise à part, d’oùvient l’air ?

Un occultiste de haute valeur,Chardel[5], montre que l’atmosphère terrestrerésulte de l’action du Soleil sur notre Terre. – L’Air est unemodalité de la Force solaire.

L’origine première de la Vie, c’est donc leSoleil qui, par une série de transformations successives, arrive àse loger dans un ganglion nerveux sous forme de vie humaine.

Quand je brûle du bois, croyez-vous que jefais autre chose que d’extraire le Soleil que ce bois avaitcondensé, alors que le végétal était vivant ?

Il en est de même pour la vie dans toutes sesmodalités.

Un troisième moyen plus mystérieux encore queles précédents consiste donc à aller chercher secrètement leséléments vivificateurs dans le Soleil lui-même ; mais alorsnous faisons de la Magie, mot qui sonne mal aux oreilles dessavants contemporains et que les littérateurs se chargeront dureste de leur faire comprendre mieux que nous pourrions le fairenous-même.

Il existe en effet de nos jours de véritablescentres de recherches où est étudiée la Magie dans toutes sesbranches. – Le Groupe indépendant d’études ésotériques, laRevue l’Initiation[6] traitent deces questions et de nombreux chercheurs : Stanislas deGuaita, F.-Ch. Barlet, Julien Lejay, Polti et Gary, AugustinChaboseau appliquent la Science Occulte à nos diversessciences contemporaines.

La liste se grossit chaque jour davantage desMages-Littérateurs représentant toutes les écoles, depuis lecatholique ultramontain Joséphin Péladan, l’initiateur dumouvement, jusqu’au charmant poète Gilbert AugustinThierry, en passant par le catholique socialiste PaulAdam et les poètes Alber Jhouney, ÉmileMichelet, Paul Marrot et L. Mauchel. Voilàdonc une nouvelle école qui se lève à l’horizon, école tout à lafois scientifique, artistique et sociale, et au nom de tous sespartisans je remercie Jules Lermina d’avoir prêté sontalent de littérateur à l’exposition de cette thèse que la vie peuts’infuser mystérieusement d’un être à l’autre, secret redoutable del’Élixir de Vie des anciens alchimistes et des initiés del’Orient.

Mais peut-on devenir immortel ?

Demandez à MM. les docteurs BrownSequart et Variot ou attendez la prochaine nouvellede Jules Lermina.

PAPUS.

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