Lettre XCV
Je vous prie, monsieur, de vouloir bien avoir la bonté de me remettre cette clef que vous m’aviez donnée pour mettre à la place de l’autre ; puisque tout le monde le veut, il faut bien que j’y consente aussi.
Je ne sais pas pourquoi vous avez mandé à M. Danceny que je ne l’aimais plus ; je ne crois pas vous avoir jamais donné lieu de le penser, et cela lui a fait bien de la peine et à moi aussi. Je sais bien que vous êtes son ami, mais ce n’est pas une raison pour le chagriner, ni moi non plus. Vous me feriez bien plaisir de lui mander le contraire la première fois que vous lui écrirez et que vous en êtes sûr, car c’est en vous qu’il a le plus de confiance, et moi quand j’ai dit une chose et qu’on ne la croit pas, je ne sais plus comment faire.
Pour ce qui est de la clef, vous pouvez être tranquille ; j’ai bien retenu tout ce que vous me recommandiez dans votre lettre. Cependant, si vous l’avez encore et que vous vouliez me la donner en même temps, je vous promets que j’y ferai bien attention. Si ce pouvait être demain en allant dîner, je vous donnerais l’autre clef après-demain à déjeuner et vous me la remettriez de la même façon que la première. Je voudrais bien que cela ne fût pas long, parce qu’il y aurait moins de temps à risquer que maman ne s’en aperçût.
Et puis, quand une fois vous aurez cette clef-là, vous aurez bien la bonté de vous en servir aussi pour prendre mes lettres, et comme cela, M. Danceny aura plus souvent de mes nouvelles. Il est vrai que ce sera bien plus commode qu’à présent ; mais c’est que d’abord cela m’a fait trop peur ; je vous prie de m’excuser et j’espère que vous n’en continuerez pas moins d’être aussi complaisant que par le passé. J’en serai aussi toujours bien reconnaissante.
J’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissante servante.
De…, ce 28 septembre 17**.