Une Vengeance Anglaise

Chapitre 3

 

Plus d’un mois s’était passé, on était aux derniers jours dedécembre.

Depuis quelque temps, Samuel travaillait sans relâche ; lesopérations de la fin d’année étaient importantes dans la maisonBonnington et Cie, et ce n’était pas trop du concoursactif de tous les commis pour franchir ce redoutable 31 décembrequi, sur toutes les places, est un épouvantail pour le commerce.Toutefois, la maison Bonnington n’en était pas à redouter un pareilmoment, son crédit aurait pu rivaliser avec celui de la Banqued’Angleterre ; mais le patron avait parlé à Samuel d’uneliquidation possible, et ce dernier tenait sans doute à livrerrégulièrement ses comptes.

Samuel paraissait encore plus sombre qu’il ne l’avait étéjusqu’alors ; soit que ses préoccupations de comptableinfluassent sur son esprit, soit que sa vie eût été récemmenttroublée par un chagrin réel, on ne le voyait plus que de loin enloin dans les salons de M. Bonnington, et il se renfermaitplus que jamais dans un isolement complet. À la vérité, Samueltenait peu de place dans la vie de ceux qui le connaissaient, etdeux personnes seulement avaient dû s’apercevoir de cechangement : M. Gus-Brough et miss Lucy Bonnington.

M. Gus-Brough était obstiné : au milieu des recherchesstatistiques auxquelles il se livrait, cette individualitétaciturne et froide l’avait frappé malgré lui ; il s’étaitsenti pris du violent désir d’étudier de plus près cette nature àdemi sauvage, et il ne se passait pas de jour qu’il ne vînt, sousun prétexte quelconque, rôder autour de Lombard-street.

Quant à Lucy, ce qu’elle éprouvait est difficile à expliquer.Elle aimait Samuel avec tout l’abandon d’un cœur naïf et ellesouffrait dans cet amour confiant et pur, en songeant que Samuelétait malheureux, et qu’elle ne pouvait rien pour le consoler et ledistraire. La pauvre enfant avait bien pâli depuis un mois, et à lavoir ainsi rêveuse et triste, on l’eût prise pour une vaporeusevignette de la mélancolie.

Cependant les amours de miss Ophélia et du major Turnermarchaient bon train ; le major avait, disait-on,officiellement fait la demande en mariage, M. Bonningtonl’avait favorablement accueillie, et, à partir de ce moment,l’engagement était pour ainsi dire devenu public.

On était donc au 31 décembre de l’année 1838.

À cette époque, le lecteur se le rappelle peut-être, il semanifesta, sur presque toutes les places de l’Europe, une crise quia laissé de tous côtés des traces profondes et occasionné de cruelsdésastres. Toutes les maisons de banque, tous les comptoirsd’escompte, toutes les institutions de finance, avaient de bonneheure resserré leurs crédits, et une certaine perturbation s’enétait suivie dans les opérations commerciales, de telle sorte quelongtemps à l’avance on considérait la liquidation de la find’année comme une des plus inquiétantes que l’on eût eu à prévoir.À Londres, la préoccupation générale était visible, elle pesaitlourdement sur les transactions de toute nature ; chacunprenait ses mesures, et ce n’est qu’avec une prudence excessive,qui pouvait passer pour de la défiance, que les négociationss’entamaient, même entre les maisons les mieux établies.

Encore une fois, nous répéterons qu’une pareille crise, siinquiétante qu’elle fût, ne pouvait atteindre la maison Bonningtonet Cie. Récemment encore deux de leurs navires, venantde Calcutta, étaient arrivés à Liverpool avec des cargaisons quis’étaient vendues dans des prix fort élevés. M. Bonningtonavait d’ailleurs prévu toutes les éventualités, et aucun désastrene devait ni le compromettre ni même l’ébranler. Dès le matin du31, il avait revu ses échéances avec Samuel Hampden, la caisseregorgeait de bank-notes, et il pouvait attendre tranquillement lesévénements.

Vers midi, il sortit, laissant Samuel enfermé dans le bureau oùil se tenait d’habitude ; ce bureau avait un aspectparticulier ; il formait une sorte de carré oblong, figuré etdéfendu par un grillage solide, dans une vaste pièce, complètementisolée, et communiquant, à l’aide d’une porte bardée de fer, avecle cabinet même de M. Bonnington. Quand ce dernier s’éloigna,Samuel était assis à un pupitre mobile, et il mettait la dernièremain à ses écritures. M. Bonnington monta dans sa voiture, etse fit conduire à St-James-Park.

Sans être inquiet, M. Bonnington était soucieux… Unepréoccupation évidente tourmentait son esprit, et c’est pour pensertout à son aise qu’il fuyait Lombard-street.

En arrivant à St-James, il rencontra M. Gus-Brough, quivenait d’obtenir de l’administration des Omnibus le chiffre exactdes voyageurs transportés dans les 9,000 rues de Londres, pendantl’année écoulée.

Il marcha rapidement à la rencontre de son ami.

– Dieu pardonne, s’écria-t-il, si je m’attendais àrencontrer quelqu’un à cette heure dans St-James-Park, ce n’est pasà coup sûr le chef de la maison Bonnington etCie !

– Et pourquoi donc ?… fit M. Bonnington.

– Mais parce que nous sommes aujourd’hui au 31 décembre, etqu’à l’heure qu’il est plus d’une maison qu’on croyait solide esten train de disparaître.

– Dieu merci, repartit M. Bonnington, la situation n’arien d’inquiétant pour nous et personnellement, au contraire, j’aivu arriver cette fin d’année avec une réellesatisfaction !

– Expliquez-moi cela.

– Rien n’est plus simple, mon cher ami ; vous savezque je marie miss Ophélia ?

– J’en ai entendu parler.

– Avec le major Turner.

– Un homme honorable, fils d’un pair du royaume, et l’undes officiers les plus distingués des vingt régiments qu’entretientla Compagnie des Indes.

– Ce mariage fait le bonheur de ma fille, et il me permetde réaliser un projet que je nourris depuis longtemps.

– Lequel ?

– Celui de quitter Londres.

– Est-ce donc bien décidé ?

– Je partirai dans un mois.

– Et vous irez ?

– À Calcutta.

M. Gus-Brough regarda son interlocuteur avec une sorte destupéfaction.

– À Calcutta ! répéta-t-il ; vous m’aviez déjàparlé de ce projet, mais j’avoue que je n’y croyais pas… Au moins,n’y resterez-vous pas longtemps ?

– Je ne sais.

– Et vos enfants ?

– Le major Turner retourne dans l’Inde et il emmènenaturellement sa femme avec lui. Quant à Lucy, ce voyage est unegrande joie pour elle, et elle partira, sans laisser à Londres lemoindre regret…

Il y eut un court silence, pendant lequel M. Gus-Broughremua doucement la tête :

– Allons !… dit-il enfin, je ne veux pas essayer devous dissuader… l’Inde est, d’ailleurs, au dire de nosnaturalistes, un pays magique, qui a le don d’attirer et de retenirles imprudents qui s’y aventurent. Mais vous me croirez si vousvoulez, mon ami, vous ne semblez pas tout à fait libre enentreprenant ce voyage.

– Et vous avez raison ! fit M. Bonnington, carc’est le sentiment impérieux du devoir qui m’y rappelle.

– Comment cela ?

– Ah ! c’est une histoire singulière : tenez, unremords terrible qui, depuis vingt années, pèse sur mon cœur, et neme laisse pas un instant de repos.

– Vous ne m’aviez jamais parlé de cela ?

– Je cherchais à l’oublier moi-même.

– C’est donc grave ?

– Plus que vous ne pensez.

– Vous m’effrayez !

M. Bonnington sourit amèrement.

– Une heure, mon ami, reprit-il aussitôt, une heure d’oublia suffi pour troubler à jamais mon existence. Écoutez. C’était àCalcutta, la veille de mon départ pour Londres ; le bateauétait en rade, il n’attendait plus qu’un dernier chargementimportant pour s’éloigner, et moi, retenu par quelques amis,j’étais resté à terre, où un banquet devait nous réunir et scellernos adieux. Je voulais partir cependant, j’avais comme unpressentiment de l’infamie de cette nuit, et aujourd’hui, quand jeme rappelle cette date fatale du 20 juin 1818, je me prends encoreà frissonner et à avoir honte de moi-même. Le dîner s’étaitprolongé fort avant dans la nuit ; mes amis étaient tous plusjeunes et plus fous que moi ; les vins de France nous avaientversé l’ivresse à longs flots. Quand je sortis, je n’avais plusconscience de mon être. – Cependant, en me retrouvant le matin surle pont du navire qui fuyait vers la Grande-Bretagne, j’emportaisle remords d’avoir commis une action indigne d’un hommed’honneur…

– Et n’avez-vous fait aucune démarche pour laréparer ?

– J’ai fait tout ce qu’il m’était humainement possible defaire, mais toutes mes recherches sont restées infructueuses.

– Et dans cet état, vous voulez y allervous-même ?

– Oui, certes.

– Eh bien, je vous approuve, Bonnington ; sans doute,vous avez été coupable, puisque vous l’avouez vous-même, mais Dieu,qui a vu votre repentir et vos remords, vous conduira peut-êtreenfin là où vous attendent le pardon et le repos.

Comme ils en étaient là de leur conversation, ils virent venir àeux le major Turner, le visage pâle et les traits bouleversés.

M. Bonnington se hâta d’aller à sa rencontre :

– Qu’y a-t-il donc, major, lui dit-il en lui tendant lamain, et pourquoi cet air sinistre et cette pâleur sur votrefront ?

Le major jeta avant de répondre un regard singulier surM. Gus-Brough.

– Je viens de Lombard-street, monsieur Bonnington, dit-ilalors, et c’est à grand’peine que j’ai pu savoir la direction quevous aviez prise. J’avais à vous parler de choses importantes.

– Que se passe-t-il donc ?

– C’est à vous que je viens le demander.

– Hâtez-vous alors, mon ami, car votre attitude commence àm’inquiéter.

Le major eut un singulier sourire, et jeta une seconde fois unregard soupçonneux sur M. Gus-Brough. Ce dernier s’enaperçut.

– Si je dois gêner votre conversation, commença-t-il.

– Vous ! interrompit Bonnington avec vivacité :ce ne peut être la pensée du major… il sait que Gus-Brough, dePiccadilly, est mon meilleur ami, et…

– Puisqu’il en est ainsi, poursuivit le major ens’inclinant, j’arrive au fait.

– Voyons ! voyons !

– Lorsque j’ai eu l’honneur de vous demander la main demiss Ophélia, je croyais avoir affaire à un homme d’une rigoureuseprobité, et sur l’honneur duquel je pouvais compter comme sur celuide mes ancêtres.

– Eh bien !… fit Bonnington, dont les joues secolorèrent d’une légère rougeur.

– Eh bien ! savez-vous ce que l’on dit à l’heure qu’ilest dans la Cité, sur la maison Bonnington etCie ?

– Sur ma parole, monsieur Turner, je serais curieux de lesavoir.

– On dit, monsieur, que depuis quelques mois vous avezparfaitement pris vos mesures en vue de cette fin d’année, que vospréparatifs sont faits pour quitter l’Angleterre et passer sur lecontinent ; enfin, depuis ce matin, depuis une heure, toute laplace a appris avec stupéfaction que la maison Bonnington et Cieavait suspendu ses payements.

M. Bonnington devint livide :

– Que dites-vous ? balbutia-t-il interdit.

– Ce que vous ne pouvez ignorer, je pense.

– Vous me croyez donc capable d’une pareilleaction ?

– Tout Londres le croit comme moi, à cette heure !

– Mais c’est une calomnie !

– Vous le prouverez difficilement.

– M. Hampden était là, cependant.

Le major haussa les épaules.

– Et sans doute, monsieur, puisque je l’ai vu moi-même, etque, devant moi, deux traites de mille livres chacune ont étérefusées par lui.

– C’est impossible.

– J’étais présent.

– C’est faux, vous dis-je.

– Monsieur Bonnington !…

M. Bonnington prit sa tête dans ses mains et pressaconvulsivement son front près d’éclater.

– Voyons, dit-il avec une fiévreuse exaltation, voyons,major Turner, Dieu merci ! nous ne sommes plus des enfants, etnous savons la valeur des mots… Eh bien ! ce que vous affirmezest impossible… vous avez été abusé… vous vous êtes trompévous-même, la maison Bonnington et Cie a dans sa caisseune somme dix fois supérieure à celle qui lui était nécessaire, etil serait insensé de croire…

– Voulez-vous vous en assurer par vous-même ?

– Mais vous m’accompagnerez ?

– Je suis à vos ordres.

– Avec mon ami Gus-Brough.

– Nous irons tous les trois.

– Eh bien, ne perdons pas de temps… Ma voiture est près dela grille, en un quart d’heure nous serons dans Lombard-street…partons.

La voiture brûla le pavé, et la distance fut franchie enquelques minutes. Dès qu’ils furent arrivés devant la maison deM. Bonnington, ce dernier sauta le premier à terre, et, aumoment d’entrer, il rencontra un garçon de recette de la Banque,qui sortait la sacoche vide sous le bras.

– M. Samuel est-il à la caisse ? demanda enpassant M. Bonnington à cet homme.

Le garçon haussa les épaules :

– Eh ! sans doute, Votre Honneur, répondit-ilbrusquement, M. Hampden est bien à sa place, mais c’est lacaisse qui n’est pas à la sienne.

Et il s’éloigna.

M. Bonnington s’était élancé dans l’escalier qui conduisaità son bureau. Ses deux compagnons avaient peine à le suivre.

Ce qui se passait en ce moment dans son cœur serait biendifficile à dire. Une épouvante sans nom s’était emparée de sonesprit, ses tempes battaient avec force, un nuage épaisobscurcissait sa vue. Quand il atteignit son cabinet, il étaitpâle, effaré, hors de lui, et paraissait près d’être foudroyé parune attaque d’apoplexie.

Il courut à la porte qui communiquait avec la caisse, et lasecoua de ses deux bras vigoureux.

Mais la porte était fermée en dedans et ne bougea pas.

– Samuel ! cria-t-il alors d’une voix éperdue ettremblante, Samuel ! c’est moi… ouvrez.

Le silence seul répondit à ce cri, et il se retourna morne versle major et M. Gus. Son regard avait comme l’étrange fixité dela folie !

– Il se passe ici quelque chose d’inouï, messieurs, dit-ilaussitôt avec un calme affecté, mais le ciel a mesuré le courageaux épreuves que nous avons à subir ; je serai fort jusqu’aubout… Messieurs, veuillez me suivre.

Ils firent le tour des bureaux, et quelques minutes après ilsarrivaient à cette vaste salle dont nous avons parlé, et danslaquelle avait été établi le bureau de M. Samuel Hampden.

Samuel était assis à son pupitre, deux bougies brûlaientallumées près de lui, il paraissait calme et écrivait.

M. Bonnington s’élança vers lui.

– Enfin ! s’écria-t-il avec animation, enfin, je voustrouve, monsieur, et vous allez m’expliquer…

À la vue de son patron, Samuel s’était levé… une légère pâleurcouvrait son visage ; mais son regard était ferme, et unsourire plein d’amertume vint même un instant plisser le coin deses lèvres.

– Je vous attendais, monsieur, répondit-il avecsang-froid ; seulement j’avais mes raisons pour ne pas vousouvrir tout à l’heure.

– Mais c’est une infamie.

– Peut-être.

– Vous ignorez donc ce que l’on dit à cette heure dansLondres de la maison Bonnington et Cie.

– Je le sais.

– Cependant, ce matin, monsieur, la caisse était enmesure.

– Elle l’est encore.

Et Samuel tira, en parlant ainsi, deux poignées de bank-notes,qu’il jeta négligemment sur son bureau. M. Bonnington adressaun regard triomphant au major.

– Dans le premier moment, poursuivit Samuel, vous avez pucroire que votre caissier était un fripon, et qu’il avait disparuemportant quelques mille livres sterling sur le continent. Celapouvait être, en effet, mais ce vol ne m’eût pas enrichi, vous lesavez bien ; et d’ailleurs, en disparaissant de la sorte, jen’aurais pas atteint le but que je me suis proposé.

– Quel but ? balbutia M. Bonnington en serapprochant.

M. Gus-Brough et le major s’étaient rapprochés également,et ils écoutaient avec avidité.

Cependant Samuel avait repris les bank-notes, et sans mêmetourner son regard vers les trois personnages qui suivaient sesmouvements, il venait de les présenter de chaque main à la flammedes deux bougies.

Les billets de banque prirent feu aussitôt.

M. Bonnington poussa un cri de rage à cette vue et secramponna furieux au guichet du bureau.

– Misérable ! cria-t-il en secouant rudement legrillage de fer, qu’il essayait de briser, mais c’est ma fortuneque vous détruisez !

– La vôtre et la mienne, monsieur Bonnington.

– C’est mon honneur, à moi…

– Je le savais.

– Celui de mes enfants, de ma pauvre Lucy…

Samuel frémit à ce nom, lâcha une poignée de bank-notes etessuya son front baigné de sueur.

– Je le savais… répéta-t-il d’une voix plus sourde.

M. Bonnington se tordait les bras de désespoir.

– Mon Dieu ! disait-il, cet homme est insensé ;il n’a pitié ni de mes prières, ni de mes larmes… Je suis perdu,déshonoré !…

– Oui, monsieur, déshonoré ! interrompit Samuel d’unaccent cruel.

– C’est une lâcheté.

– Non, une vengeance.

– Mais que vous ai-je donc fait, malheureux !

Samuel remua lentement la tête.

– Oh ! rien, sans doute, répondit-il en scandant sesparoles ; j’étais trop jeune alors, j’avais cinq ans à peine,je ne comprenais même pas encore la honte et le déshonneur… aussi,j’ai attendu !… j’ai porté dix années le poids de ce souvenir,j’ai appris à maudire votre nom, et ce n’est qu’aujourd’hui quej’ai pu venger ma pauvre sœur.

– Votre sœur !…

– Souvenez-vous de Calcutta !…

– Que dites-vous ?

– Je dis, monsieur Bonnington, que la dette du 20 juin 1818est enfin payée, et que, dès ce moment seulement, nous sommesquittes.

En parlant ainsi, Samuel alla tranquillement ouvrir la porte ducabinet de M. Bonnington, mais à peine y fut-il entré qu’ilrecula, frappé de surprise.

Miss Lucy était là, agenouillée et le visage baigné delarmes.

– Vous, miss, vous ! s’écria Samuel éperdu.

– Oui, monsieur, répondit la jeune fille.

– Et vous m’avez entendu ?

– Oh ! vous avez été bien cruel envers mon pauvrepère.

– Si vous saviez ?

– Je sais tout.

– Mais qui vous l’a dit ?

– Votre sœur elle-même.

– Vous la connaissez ?

Lucy eut un sourire radieux à travers ses larmes.

– Monsieur Samuel, répondit-elle doucement, vous n’étiezpas seul à vous rendre, chaque soir, dans le quartier de laFlotte.

Samuel n’en voulut pas entendre davantage ; il se laissatomber à genoux devant la jolie enfant, et lui prit vivement lesmains :

– Oh ! pardon ! pardon, miss, lui dit-il avecenthousiasme, je suis un malheureux, et je ne méritais pas la bontéque vous me témoignez… Mais parlez, parlez, et s’il est en monpouvoir de racheter ma faute.

– Il est trop tard maintenant, dit miss Lucy, vous avezrendu tout retour impossible ; mon père est déshonoré parvous… Tout Londres connaît et commente sa honte… et qui sait mêmes’il y pourra survivre ?

Samuel ne répondit pas ; il comprenait trop bien lajustesse de cette observation. Il pressa les mains de Lucy dans unedernière étreinte, et se hâta de gagner sa chambre.

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