Étienne-Léon de Lamothe-Langon
LE MONASTÈRE DES FRÈRES NOIRS
L’ÉTENDARD DE LA MORT
(1825)
J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer !
RACINE
DÉDICACE À Mlle. HYACINTHE G… DE M…
Jusqu’à ce jour je n’ai rendu
Qu’à la beauté mon pur hommage ;
Et, phénomène assez rare en notre âge,
À nul pouvoir je ne me suis vendu :
D’un pareil cas, sans trop se faire accroire,
Il est permis de tirer quelque gloire,
Lorsque surtout un bien faible talent
Ne laisse point à l’orgueil insolent
Le droit de partager la place
Où de grands noms inscrits avec éclat
Brillent sur le nouveau Parnasse
Qui s’élève en colonne, et décore avec grâce
Le magasin de monsieur Ladvocat.
Français en tout, à l’honneur, à ma belle,
À mes sermens resté toujours fidèle,
D’un nœud nouveau craignant de me lier,
Si quelquefois je change de modèle,
J’aime à parer mon simple bouclier
D’un nom charmant qui sans cesse rappelle
L’heureux accord de tout ce qui séduit :
Vertus, beautés, dont l’attrait éblouit ;
Douce candeur, franchise naturelle
Taille élégante, esprit par fois rêveur,
C’est vous alors, Hyacinthe, ô ma sœur !
C’est votre nom que je prends pour égide ;
En lui tout mon pouvoir réside.
De ce Mystérieux, de ce sombre roman,
Que Radcliff et son noir génie
Ont inspiré sans doute à ma folle manie,
Il doit être le talisman.
D.L.L.