Le Monastère des frères noirs

CHAPITRE XXI.

Outre les précautions dont nous venons de rendre compte, Lorédan se hâta d’écrire à l’archevêque. Il le prévenait que, devant se trouver à sept heures du soir dans la cathédrale, pour y recevoir un avis de la plus haute importance, on lui avait donné pareillement d’autre part la certitude que des ennemis acharnés depuis long-temps contre lui, devaient chercher à profiter de ce moment pour lui arracher la vie. En conséquence, il le priait de donner de son côté des ordres secrets, afin que les portes de l’édifice pussent être fermées à l’instant où il serait nécessaire de le faire ; que d’ailleurs lui, marquis de Lorédan, irait vers les sept heures du soir lui en dire davantage de vive voix.

Francavilla était généralement aimé ; la chose était si véritable, que ses propres parens le voyaient de bon œil. On sait comme cette amitié est rare ; aussi l’archevêque en donna la preuve dans cette circonstance ; alarmé par la lecture d’un écrit qui lui offrait des obscurités, il s’empressa de dépêcher vers Lorédan un prêtre digne par ses vertus de la confiance qu’il lui accordait : cet ecclésiastique devait demander au marquis de plus amples renseignemens et l’assurer que l’archevêque était prêt à le seconder en tout ce qu’il pourrait.

Lorédan alors parla plus clairement à l’envoyé ; il l’instruisit d’une partie de l’affaire, et comme celui qui l’écoutait était un homme de grand mérite, il n’eut pas de peine à lui faire comprendre l’importance du secret et la nécessité de ne pas éveiller la défiance des gens qu’on devait présumer être sur leurs gardes, et prêts à tout événement. Le prêtre lui promit que les mesures qu’il prendrait ne pourraient effrayer personne ; puis il se retira en convenant avec Lorédan qu’il arriverait vers les dix heures et demie au palais archiépiscopal.

Dans ces diverses occupations, Francavilla passa la journée ; il vit enfin approcher l’instant fatal, et alors passant sous ses vêtemens une cuirasse épaisse, il revêtit un riche costume, ceignit sa brillante épée, et n’oublia pas son poignard.

Déjà il avait vu, des fenêtres de sa chambre, qui donnaient sur la place de son palais, des hommes de mauvaise mine se promenant d’un air tranquille, mais qui épiaient tous les mouvemens qu’on faisait alentour.

Lorédan demeura persuadé que ce devait être les satellites des Frères Noirs, et plus que jamais, il s’applaudit des mesures de précautions qu’il avait prises ; enfin le soleil annonça six heures et demie, et notre héros se décida à partir.

Ses gens le précédaient et le suivaient en foule ; il prit le chemin de l’archevêché, suivi dans le lointain par les brigands qui ne pouvaient imaginer où il allait à une heure où l’on pensait qu’il devait se trouver autre part.

Le palais du prélat touchait à la cathédrale. On entrait dans l’église par plusieurs passages donnant dans les appartemens de l’archevêché, et c’était par là que Lorédan devait s’y introduire. Il fut d’abord trouver son vénérable parent, qui, malgré les ordres donnés sous la menace d’excommunication si on ne les observait pas, voulut néanmoins détourner le marquis du soin de poursuivre son entreprise. – « Restez, lui dit-il, j’enverrai un ecclésiastique à l’endroit indiqué ; il cherchera à observer le personnage qui viendra au rendez-vous ; et comme il ne doit s’y présenter que pour vous rendre service, il ne refusera pas de venir vous parler chez moi. »

Lorédan se montra plein de reconnaissance pour une proposition pareille ; mais il ne voulut point y accéder ; il ne savait point si le prince Luiggi consentirait à paraître devant l’archevêque, si cela ne contrarierait point ses projets, aussi fit-il connaître au prélat la nécessité où il était de se trouver au rendez-vous en personne.

Sept heures sonnèrent en ce moment ; il n’y avait pas une minute à perdre. Lorédan jetant sa toque élégante, en prit une plus simple ; il se revêtit du manteau commun qu’on lui avait recommandé de prendre, et sans plus tarder, il marcha vers le lieu du rendez-vous.

Le soleil s’était couché depuis quelque temps, et déjà les ombres de la nuit commençaient à couvrir les voûtes élevées de la cathédrale, les énormes piliers qui la soutenaient, étaient ensevelis en partie dans les ténèbres, et du côté de l’orient offraient déjà un asile à ceux que de mauvaises intentions ou un intérêt quelconque conduisaient dans le saint édifice. Peu de personnes s’y trouvaient ; en ce moment quelques lampes allumées çà et là les montraient toutes occupées à de pieux exercices.

Lorédan, non sans un battement de cœur involontaire, s’avançait avec précaution, jetant autour de lui des regards inquiets. Il ne craignait pas ses adversaires sur un champ de bataille, mais le poignard d’un assassin lui faisait horreur. En traversant la nef située en face du sanctuaire, il s’agenouilla, et sa fervente prière s’éleva vers le trône du Très-Haut. Après avoir donné quelque temps à l’effusion de son âme, il se releva, et cherchant la septième chapelle, il arriva enfin au deuxième pilier ; c’était là qu’il devait attendre, et il s’appuya sur son épée, tournant le dos à la muraille.

Le bruit d’une porte éloignée se fit entendre, et le son aigu qu’elle produisit en se fermant, attira toute l’attention de notre héros ; en même temps un personnage revêtu du costume des Frères noirs s’avança, regardant si le marquis se trouvait à son poste, et reconnaissant qu’il était fidèle à ses engagemens, il vint à lui.

Lorédan croyant à sa démarche le reconnaître pour Luiggi, et voulant lui parler, quitte sa position et fait deux pas en avant ; soudain un second Frère-Noir s’élance de derrière un banc qui le cachait, il court sur celui qui attendait Lorédan, et lui enfonce un poignard dans la poitrine ; le blessé pousse un cri sourd, et tombe sur le pavé.

Lorédan se recule, met l’épée à la main pour fondre à son tour sur l’assassin ; mais celui-ci lève son capuce, et à la faveur d’une lampe voisine, fait voir les traits de Luiggi…

Francavilla éperdu n’en demande pas davantage ; il acquiert la preuve que son ami, par cette action hardie, l’a sauvé des complots d’un meurtrier. – « Oh ! Luiggi, lui dit-il. »

– « Paix, répond le prince, suis-moi, sortons de l’église, tu n’es pas ici en sûreté. »

– « Tu te trompes, répond Lorédan, je suis environné d’une foule de gens qui veillent sur moi. » Il dit, et sans attendre la réponse de son ami, il donne le signal, et ses gens, ceux de l’archevêque, accourent des lieux qui les cachent, et en même temps les portes de l’église sont fermées avec soin.

Tout ceci parut déplaire à Luiggi, il se hâta de rabaisser son capuce, et faisant quelques pas, fut se retirer dans une chapelle voisine, comme pour se dérober à la vue de ceux qui allaient arriver.

La suite de Lorédan se récria à l’aspect du Frère-Noir étendu sur le marbre, et dont le sang s’écoulait par une large plaie.

Le marquis voulut connaître son ennemi, s’approcha, leva le voile qui le couvrait, pensant que l’assassin était le père Prieur ; mais, ô confusion éternelle ! le misérable meurtrier était Ferdinand Valvano…

Un cri d’horreur échappa à Lorédan, il s’empressa de jeter un linge sur la figure de son détestable ami, et ordonna qu’avec le plus grand soin on le transportât dans l’archevêché, sans qu’il se trouvât quelqu’un d’assez hardi pour oser lever le voile dont il l’avait couvert.

Ce soin pris, il chercha autour de lui le prince Montaltière, pour l’emmener hors de ce lieu, et pour lui dérober cet affreux spectacle ; car Lorédan ne pouvait croire que le vertueux Luiggi eût voulu sciemment commettre un fratricide ; il pensait avec raison que ce seigneur, en frappant le Frère Noir, n’avait cru immoler qu’un agent de son coupable frère.

Dans cette pensée, il se rendit dans la chapelle où il avait vu Luiggi se réfugier, espérant l’y rencontrer encore ; mais sa recherche fut vaine, il ne le trouva nulle part ; il observa que, par plusieurs passages on pouvait s’évader de ce lieu, et il ne douta point que le prince n’en eût profité pour se soustraire aux regards comme au danger d’un premier moment de confusion.

Certain que son ami s’était éloigné sans pouvoir connaître le coup qu’il avait porté, il s’empressa de revenir joindre le cortège au milieu duquel le corps de Ferdinand, placé sur un brancard, cheminait vers le palais archiépiscopal ; on l’y transportait en marchant lentement, chacun ignorant encore si c’était l’assassin ou la victime. Lorédan seul au moment de l’action eût pu dire la vérité ; mais sa belle âme n’avait garde de le faire, il voulait par ses soins ramener son ennemi à de plus dignes sentimens.

L’archevêque de Palerme, instruit de ce qui venait de se passer, se hâta d’envoyer chercher un homme savant dans l’art de guérir les plaies ; il avait longtemps étudié la médecine, la chirurgie, chez les Arabes, et après de longues courses, était venu fixer son séjour dans Palerme, sa patrie.

Cet habile homme s’effraya à la première inspection de la profondeur de la blessure ; mais après un mûr examen il prétendit que les parties nobles n’étant pas attaquées par le coup qui avait seulement pénétré bien avant dans les chairs, il pouvait y avoir espérance de guérison.

À cette assurance, la joie de Francavilla fut extrême ; il prit à part le chirurgien, lui promit une énorme récompense si ses soins rendaient la vie à l’agonisant, et puis il supplia le prélat de ne laisser pénétrer dans la chambre où gisait Valvano qu’un petit nombre de serviteurs discrets, et se retira.

Son principal désir en cet instant était de laisser ignorer le nom du blessé ; il redoutait avec juste raison pour lui la colère de Frédéric Ier, et peut-être Valvano eût-il plus mal passé son temps encore, si le roi eût été instruit du lieu qui le renfermait.

L’archevêque à qui la famille Montaltière et Valvano étaient également chers, donna ses ordres en conséquence ; il essaya de détourner la curiosité publique ; ce fut sans peine qu’il y parvint ; un assassinat n’était pas une chose si rare en Sicile, pour qu’on s’en occupât longtemps. On sut seulement comme une affaire ordinaire, que le marquis Francavilla avait échappé au poignard d’un bandoléro, par le dévoûment d’un de ses amis, et que le coupable était tombé lui-même sous les coups du généreux défenseur de Lorédan.

Celui-ci revint fort tard dans son palais, accompagné par son cortège accoutumé. Nul accident ne troubla sa marche. Il était impatient de se trouver seul, espérant que Luiggi lui donnerait de ses nouvelles ; aussi donna-t-il l’ordre à ses gens de laisser venir à lui toutes les personnes qui demanderaient à lui parler.

Mais son attente fut vaine, nul individu ne se présenta. Ce silence affecta Lorédan ; il l’attribua, après mille conjectures, à la connaissance enfin acquise par Montaltière du crime involontaire qu’il avait commis. Cette découverte, sans doute, se dit-il, aura brisé son âme, et après m’avoir sauvé, il sera revenu dans sa retraite implorer la clémence du ciel. Mais qu’il doit souffrir d’étranges peines, et que son noble cœur doit lui reprocher le coup funeste qu’il a porté.

Vers les six heures du matin on entra dans la chambre de Lorédan. Il sommeillait vers cette heure, où après de vives inquiétudes, les sens rafraîchis par la rosée du matin s’abandonnent au repos. Il crut qu’on allait lui annoncer la venue de Luiggi, ou tout au moins un message de sa part ; il se trompa dans son idée ; ce fut le chirurgien qu’on lui amena.

Lorédan en le quittant la veille, lui avait fait promettre de venir le trouver dès qu’il pourrait laisser le blessé sans qu’il eût à craindre pour ses jours ; voulant causer avec lui plus particulièrement, et Derfamo ayant rencontré l’heure favorable, s’était empressé de se rendre à l’invitation du marquis, dont il attendait de brillantes récompenses ; il lui apprit que le blessé était dans un profond anéantissement dont il ne pourrait sortir de plus de trois semaines.

Le sang qu’il a perdu l’a affaibli à tel point, dit-il, qu’un long espace de temps s’écoulera avant qu’il puisse ouvrir la bouche ; mais plus sa faiblesse est grande, plus je crois sa vie en sûreté ; il faut seulement multiplier les soins, ne pas les négliger une minute, et dans un mois on pourra lui permettre de parler. »

Cet arrêt prononcé par un homme dont le mérite était reconnu, causa un vif chagrin à Lorédan. Il s’était flatté de pouvoir plus tôt parvenir à se faire reconnaître par Ferdinand, à s’expliquer avec lui, à tirer de lui l’aveu du motif de sa haine cruelle ; et maintenant cet espoir s’éloignait étrangement. Le marquis, malgré son envie de finir avec cet ennemi de nouvelle espèce, était trop enclin d’un autre côté à partir de Palerme. Son amour lui commandait impérieusement d’aller rejoindre sa belle ; il lui avait juré de quitter la ville le 24 du mois au plus tard, et une telle promesse s’accordait mal avec les trois semaines au moins que Derfamo exigeait avant de permettre une explication avec Valvano.

Lorédan garda pour lui les réflexions ; il se contenta de remercier le chirurgien de son zèle ; lui donna une bourse pleine d’or pour premier gage de ses promesses, et le renvoya en lui recommandant toujours de ne rien négliger pour améliorer le sort du malade, et surtout de veiller à ce que nul étranger ne s’introduisît dans l’appartement où il souffrait.

Dans le cours de la journée, Francavilla retourna chez l’archevêque ; celui-ci savait déjà la décision du docteur, et connaissait combien elle devait contrarier le marquis ; aussi tout ce qu’il put faire fut de l’exhorter à la patience, et de lui conseiller d’aller à Rosa Marini, où l’amour et les convenances l’attendaient.

C’était aussi la résolution de Lorédan ; mais il craignait que durant son absence le malade ne fût pas bien soigné. L’archevêque devait donner la bénédiction nuptiale aux futurs époux ; et lui-même, peu de jours après le départ de Lorédan, devait se mettre en route pour aller le rejoindre au château d’Altanéro, où la cérémonie du mariage devait se faire, comme nos lecteurs le savent déjà ; aussi le marquis témoigna au prélat de vives inquiétudes sur ce qui pourrait arriver à Ferdinand durant leur absence.

L’archevêque le rassura sur ce point ; il lui promit de laisser un ecclésiastique intelligent chargé spécialement de veiller sur Valvano, et en qui on pouvait avoir toute confiance ; en même temps il lui apprit qu’il venait d’écrire au couvent de Santo Génaro pour se plaindre de la conduite de l’abbé et de plusieurs Frères-Noirs, les menaçant de porter ses plaintes au tribunal de la monarchie, s’ils ne renonçaient à leurs criminelles menées. « Je m’attends, poursuivit-il, qu’ils me parleront de l’absence de leur supérieur, et je leur enjoins de me faire parvenir la réponse à ma lettre, par le messager qui la leur portera, au château d’Altanéro, où je ne tarderai pas à me rendre. »

Lorédan eût dispensé le prélat de cet excès de zèle ; mais comme la chose était faite, il ne lui témoigna pas son opinion à ce sujet ; il l’en remercia au contraire malgré ce que tout bas il pouvait en penser. Ayant perdu toute espérance de parvenir à rencontrer Luiggi, il songea à se mettre en route pour Altanéro, espérant peut-être rencontrer en chemin la belle Ambrosia.

On l’avait instruit qu’à l’heure où il se trouvait dans la cathédrale de Palerme, on vit plusieurs bandits de mauvaise mine se promener sous les portiques extérieurs de cet édifice, comme s’ils eussent attendu quelqu’un ; mais en voyant les portes se fermer, ils s’étaient empressés de prendre la fuite sans attendre qu’on vînt les charger.

Cette révélation confirma à Lorédan l’existence d’un complot tramé contre lui ; il en avait déjà eu la preuve quand le bandit Orphano était venu le trouver lui-même, trompé par son déguisement, pour l’engager à entrer dans la troupe scélérate des satellites des Frères-Noirs ; on doit croire que plus vivement dans son âme il reconnut les services de Luiggi, et pensa avec un chagrin extrême qu’il ne pourrait donner de ses nouvelles à Palmina.

Ayant pris congé de l’archevêque, il partit le 24 au matin, à la tête d’une nombreuse escorte, allant vers l’objet de ses amours, et espérant bientôt s’unir par un hymen sacré à une femme digne de toute sa tendresse. Il marchait avec précaution, envoyant toujours au devant de sa troupe des hommes d’armes en éclaireur, ne voulant pas se laisser surprendre par de misérables brigands que, à force ouverte, il n’eût pas redoutés.

Mais la mort de leur chef les avait épouvantés sans doute, car aucun ne se présenta sur son passage. On rencontrait seulement de temps en temps dans le lointain des cavaliers qui avaient l’air d’être placés en vedettes ; et quand ils voyaient passer Lorédan, ils rentraient dans les défilés dont la route était semée. Leur vue engageait à une perpétuelle vigilance ; ils tinrent cette conduite jusque sous les remparts d’Altanéro.

Dès qu’on put être aperçu des hautes tours de cette forteresse, un cavalier qui l’habitait en partit à toute bride, pour venir au devant des voyageurs. Lorédan n’eut pas de peine à reconnaître en lui son cher Amédéo ; ils s’embrassèrent avec un sincère plaisir, et le marquis lui demanda si ses courses aventureuses avaient eu un heureux résultat.

« Hélas ! dit Grimani, ne me parlez plus de mon étourderie, j’ai passé nombre de jours à courir au hasard sans parvenir à obtenir aucun résultat satisfaisant. J’ai pu connaître la dame rencontrée par le chevalier Impériali, ce n’était point mon inconnue ; elle marchait librement en la compagnie de ses gens, dont le chevalier s’était exagéré la mauvaise mine. Tout ce que mon voyage a produit de plus clair a été une querelle périodique de mon cher oncle, qui trouva le moyen de la recommencer trois ou quatre fois par jour ; aussi j’allais partir pour Palerme, si enfin vous n’étiez arrivé. »

Lorédan lui exprima ses regrets au sujet de ses recherches infructueuses, et lui demanda tout de suite s’il n’avait pas vu le duc Ferrandino et sa fille.

« Ils arrivèrent hier au soir, répondit Amédéo à Rosa Marini ; le matin je me suis empressé d’aller leur rendre mes devoirs ; ils m’ont dit que les ordres du roi vous retenaient à Palerme jusqu’après le 22 ; je n’ai pas voulu les tirer de cette erreur, imaginant que sans doute vous n’aviez pas jugé convenable de leur apprendre la véritable cause de votre prolongation de séjour. »

« – Et vous avez bien fait, mon ami, lui répliqua Lorédan ; il m’eût été trop pénible de leur dévoiler tous les événemens qui m’ont environné depuis quelque temps ; et maintenant plus que jamais je me sais bon gré de leur en avoir fait un mystère. »

« Cependant, reprit Amédéo, tout a dû s’éclaircir aujourd’hui ; vous pouvez lire clairement dans les choses qui nous ont paru surprenantes. »

» Leur merveille a augmenté ; voilà tout ce que je puis vous dire ; j’en sais moins qu’auparavant ; j’ai vu tomber mon ennemi à mes pieds ; mais le secret de sa trame ne m’a pas encore été découvert. » Lorédan devinant sans peine quelle devait être la curiosité de son cousin, lui raconta rapidement ce qui s’était passé dans la journée du 22 a Palerme ; il lui dit comment il avait été sauvé d’une mort certaine (car nous avons oublié de dire, en retraçant la scène de la cathédrale, qu’on avait trouvé un poignard dans la main de Ferdinand Valvano, à l’instant où on l’avait relevé) par l’action hardie de Luiggi. « Hélas, poursuivit Lorédan, mon ami n’a pu sauver mes jours qu’en se souillant d’un fratricide. »

Amédéo frémit en écoutant ce récit ; comme Francavilla, il demeura convaincu que Luiggi n’avait cru punir qu’un satellite de son frère ; dans le cas contraire, il eût pu avertir Lorédan du piège qu’on lui tendait ; mais il ne se fût pas chargé de frapper lui-même le meurtrier.

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