Une laborantine

Une laborantine

de Paul Bourget

Chapitre 1

Marcel Breschet, professeur de Seconde au lycée de Nevers, sortait de sa classe en discutant avec son collègue de Première, Émile Chardon. L’un et l’autre se lamentaient sur la décadence des études classiques.

– Pas un de mes élèves qui soit capable de me traduire une page de latin à livre ouvert, disait Breschet.

– Et pas un des miens, répondait son ami,qui sache composer un thème sans solécisme. C’est à désespérer de notre métier si l’on continue à nous inonder de Primaires.

– Quand je lis les copies des lauréats de l’ancien concours général, reprit Breschet, je vois ce que valaient les humanités d’autrefois. Quels devoirs que ceux d’un Sainte-Beuve, d’un Taine, d’un Michelet, pour ne citer que trois noms entre des centaines !

– Aussi ai-je décidé, fit l’autre, de quitter l’Alma mater. Mon année finie, j’entre dans la presse. Un de mes premiers articles sera sur ton Janus, situ persévères dans ton idée de cette thèse. Car où te mènera-t-elle ?

– À une chaire de faculté, répondit Breschet. C’est toute l’ambition de mon père. Pense donc, il est fonctionnaire dans le sang, par réaction contre les à-coups del’existence de mon grand-père, l’industriel. Il ne m’a laisséentrer dans l’Université qu’à la condition que j’y ferais macarrière. Il veut que je finisse recteur comme il a finitrésorier-payeur général à Auxerre… Mais voilà qui est prodigieux,s’écria-t-il en s’arrêtant, lui ici ! Pourvu qu’il ne soitrien arrivé à maman !…

Il venait d’apercevoir à l’extrémité de la rueSaint-Étienne, qui jouxte le lycée, la silhouette de son père,immobile et l’attendant. Le fonctionnaire retraité se déplaçait sirarement que sa seule présence indiquait un événement d’autant plusextraordinaire qu’il n’avait même pas annoncé sa venue à son fils.Il habitait près d’Avallon, à Montigny, petit village qui domine laCure, retiré là sur un domaine appartenant à sa femme. Il avait dû,pour être à Nevers à l’heure de la sortie des classes, prendre lepremier train du matin.

– Ta mère est donc malade ?interrogea Chardon.

– Elle ne l’était pas hier.

– Si elle l’était aujourd’hui, ton pèret’aurait averti par téléphone.

– Il a l’air tellement préoccupé !Mais il nous a vus. Adieu, Émile.

– Fais-moi tenir des nouvelles, réponditl’autre. Tire simplement ton mouchoir de ta poche, s’il n’y a riende ce que tu crains et que tu te sois fait, comme à ton habitude,« un cachot en Espagne », style Chamfort.

– Quel ami !… répondit Breschet enserrant la main de son collègue auquel, deux minutes plus tard, iladressait le signe promis. À sa question : « Ma mère neva pas plus mal ? » son père avait réponduaussitôt :

– Plutôt mieux. Son cœur bat toujours unpeu la chamade. Ce sont des arythmies purement nerveuses quin’exigent pas encore la digitale. La spartéine suffit, mais ayantune décision grave à prendre et tout de suite, j’ai pensé qu’ilétait plus sage, pour lui éviter une émotion, d’en causer en tête àtête avec toi, d’autant plus que la chose te concerne un peu.

– Moi ? fit Marcel.

– Oui, indirectement. Mais j’auraisscrupule de ne pas t’avoir demandé ton avis… Tu sais mes relationsavec ton grand-père, ou plutôt mon absence de relations ?

– Il n’est pas malade ? demanda lejeune homme du même accent qu’il avait tout à l’heure pourcommuniquer à Chardon son sursaut d’inquiétude. Celui-ci avait tropraison d’appliquer à cet inquiet, l’à peu près épigrammatique deChamfort.

– Non. Mais il m’a écrit, pour lapremière fois depuis des années. Quand j’ai reconnu l’écriture surl’enveloppe, j’ai espéré un mouvement de cœur qui nousrapprocherait. – Et comme Marcel lui avait pris la main et la luiserrait : – Lis la lettre, continua-t-il, tu constateras quec’est toujours la même chose.

Marcel avait pris l’enveloppe que lui tendaitson père. Il put voir à sa déchirure qu’elle avait été ouvertenerveusement, alors que l’ancien trésorier-payeur généralappliquait d’habitude aux choses de sa correspondance le soin leplus méticuleux, – un des innombrables petits signes de ladiscipline de son ancien métier. – La brouille entre son père etson grand-père était un des chagrins intimes de Marcel. Ses doigtsà lui-même tremblaient un peu pour déplier le feuillet quicontenait seulement quelques lignes. Elles avaient pour lui unesignification trop pénible. Il s’agissait d’une demande d’argent,et c’était la fréquence de pareilles requêtes qui avaitirrévocablement séparé les deux hommes.

« Mon cher Antoine, » disait cettelettre, « si je m’adresse à toi comme je le fais, malgré lasuppression de tout rapport entre nous depuis quatorze ans, c’estque j’y suis forcé par une nécessité très urgente. Tu as unefortune établie et liquide. Je suis en bonne voie de refaire lamienne, mais je ne peux pas disposer d’un capital comme celui dontj’ai besoin immédiatement : cent mille francs. Si tu l’exiges,je t’expliquerai de vive voix le motif de cette lourde dépense.Fixe-moi un rendez-vous, à la date et à l’endroit qui teconviendront. Mais je te donne dès aujourd’hui ma parole que leservice que je te demande touche à mon honneur. Ceservice, tu peux me le rendre sans te gêner, et moi, jeconsidérerai cette avance comme un prêt. Je m’en acquitterai auxéchéances et j’ajoute, aux intérêts que tu voudras bien fixertoi-même. J’ajoute encore que le malentendu qui nous tient éloignésl’un de l’autre depuis si longtemps continue à m’être, avec lavieillesse commençante, d’autant plus pénible qu’il me prive detout rapport avec toi d’abord, puis avec mon filleul, et je necesse pas de vous aimer tous les deux, crois-en ton père, avec lemeilleur de mon cœur. »

La signature : Marcelin Breschet, tracéeen caractères plus appuyés que ceux de la lettre, témoignait d’uneémotion d’autant plus impressionnante que cette étrange missiveavait été rédigée évidemment avec le parti pris d’éviter touteeffusion sentimentale. Elle décelait entre les deux hommes un deces drames familiaux d’autant plus inapaisables que les événementsn’y sont qu’une occasion de conflit entre d’irréductiblesoppositions de caractères. Une partie de ces événements étaitconnue du demi-filleul, car le parrainage du grand-père Marcelinavait été, volontairement, mutilé dans le prénom de Marcel, par lamère qui haïssait son beau-père, à cause de procédés que son mariavait résumés en tendant la lettre, par ces mots si simples, maischargés pour lui et pour sa femme d’un sens si pesant :« Toujours la même chose. » Il les répéta en reprenant lalettre. Puis il se tut, tandis que son fils et lui contournaient lavieille église Saint-Étienne qui a baptisé la rue et dont lastructure auvergnate faisait d’ordinaire, quand il passait là,l’objet de ses commentaires. C’est qu’il se souvenait, devant cettemerveille du onzième siècle, d’une église de la même date, celle deChauriat dans le Puy-de-Dôme, associée à ses premières impressionsd’adolescence. Chauriat est tout voisin de Vertaizon dont lesBreschet sont originaires. Disons dès à présent que ces Breschet seprétendaient les descendants du célèbre chirurgien de ce nom,Gilbert Breschet, fils d’un tailleur du pays, qui fut l’élève deBonnet, le restaurateur de l’enseignement de la médecine enAuvergne après la Révolution. Gilbert Breschet finit commeprofesseur à la Faculté de médecine de Paris, et il remplaçaDupuytren à l’Institut. Cette parenté imaginaire, fondée sur unesimilitude de nom, a joué un rôle trop décisif dans l’orientationde cette modeste famille, pour qu’il n’y eût pas lieu de l’indiqueraussitôt.

– Eh bien ! dit Marcel, eninterrompant ce pénible silence, il me semble que, sous cette formedont je comprends que la sécheresse vous ait affecté, il n’y a passeulement une demande d’un prêt d’argent. Ce mot d’honneur est unrappel à la solidarité du nom. C’est tout de même une tentative derapprochement entre lui et nous.

– S’il n’y avait pas eu dix fois desdemandes d’argent analogues avant notre brouille et rédigées d’unemanière plus ou moins habile, je penserais comme toi, mais il y aeu ces demandes et toujours à la suite de quelque désastre dans unede ces entreprises d’imprudentes affaires qu’il a si audacieusementmultipliées, combien de fois !

– Il faut penser pourtant, réponditMarcel, que nous lui devons d’être nous. Mais oui. S’il n’avait paseu à vingt ans cet esprit d’entreprise qui lui a fait vendre notrepetite campagne de Vertaizon pour fonder à Saint-Amand-Tallende uneusine de papier, que serions-nous ? De pauvres cultivateurssans aucune instruction. Avec les premiers gains de cette usine,qui a si bien réussi d’abord, il a pu te mettre au lycée deClermont. Ensuite il a pris sur ses gains, pourtant diminués, dequoi assurer ta préparation à la Cour des comptes et auxFinances.

– Je n’ai pas dit qu’il manquait degénérosité, mais de prudence. S’il avait su borner cet espritd’entreprise, il n’aurait pas quitté Saint-Amand où, pour lui, ilgagnait trop peu, et le voilà montant cette société qui devaitfournir à Clermont le gaz et l’électricité, en perçant dans lamontagne des galeries souterraines pour dériver les eaux. Il échoueet, voulant se rattraper, il fonde usine sur usine. Dentelles,tulles, lacets, fabrication de vitraux, machines agricoles,coutellerie, quelle est l’industrie familière à l’Auvergne dont ilne se soit occupé, avec des alternatives de réussites etd’avortements, et des procès, et des procès ! Le tout pouraboutir à cette installation à Paris, où il s’est occupé d’affairesde Bourse et d’automobiles. Et m’a-t-il assez souvent reproché àmoi la médiocrité de ma vie de fonctionnaire ! Mais êtrefonctionnaire, je te l’ai dit quand je t’ai conseillé d’entrer dansl’Université, c’est le traitement assuré à la fin du mois, l’aidequand on est malade, la retraite dans la vieillesse, sans comptercette honorabilité qui permet l’entrée par le mariage dans unefamille bien établie. Ainsi le mien, car enfin, c’est par ta mèreque nous avons ce domaine du Morvan où je compte bien achever mesjours, où M. le recteur Marcel Breschet achèvera également lessiens. Quel contraste entre ma destinée et celle de ton grand-pèredont je ne conteste pas les supériorités en intelligence et eninitiative !

Puis, montrant la lettre qu’il tenait encore àla main :

– Et voilà le résultat : cent millefrancs à emprunter, ce qui prouve que cette nouvelle entreprise deconstructions, où j’ai su par mon banquier qu’il s’est engagé,pourrait bien finir par la faillite. Quel est le sens de ce motd’honneur, souligné ? Cent mille francs ! Je luien ai avancé déjà tout autant, j’ai fait le compte, depuis que monmariage m’a mis à l’aise. Il faut lui rendre cette justice, qu’ils’est toujours acquitté de sa dette. Puis comme les demandes semultipliaient, j’ai, d’accord avec ta mère, coupé court à cesavances, avec l’espoir de l’assagir. C’est alors qu’il s’estbrouillé avec nous, sous le prétexte que nous n’avions pas de cœur.Pas de cœur ! Quand je n’ai pensé qu’à son intérêt !Encore aujourd’hui, pourquoi ai-je voulu te voir et te communiquertout de suite cette lettre que ta mère ignore ? Ce motd’honneur, l’énormité du chiffre du prêt, l’idée d’unecatastrophe possible, – je n’ai pas cru pouvoir, dans unecirconstance aussi énigmatique, m’abstenir de te parler à toi. Tues l’héritier du nom et de la fortune. Que penses-tu ?

– Je pense qu’en effet, il y a là uneénigme et qu’il faut savoir la vérité. Ne pouvez-vous pas aller àParis et vous informer ?

– Comment expliquer mon voyage à tamère ? Dans son état de santé, je n’ose pas lui montrer cettelettre, et alors…

Un nouveau silence tomba entre eux.

– Mais toi ? fit Antoine Breschet,ne pourrais-tu pas y aller, à Paris, et voir tongrand-père ?

– Voir mon grand-père ? balbutiaMarcel, que l’étonnement arrêta dans sa marche.

– Oui. Je ne suis venu à Nevers que pourte demander cela.

– Alors je devrai lui porter votreréponse, et quelle sera-t-elle ? Un refus, d’après lessentiments que vous m’avez exprimés sur sa lettre.

– Tu reconnais toi-même qu’il y a là uneénigme, et par conséquent qu’une enquête est nécessaire.

– Et vous voulez me charger de cetteenquête ?

– Oui, répondit le père. J’ai vu tonproviseur ce matin, dès mon arrivée. Je lui ai dit qu’une affairede famille très urgente exigeait ta présence à Paris. Il est sicontent de ton service qu’il est prêt à t’accorder un congé. Ilveut seulement causer avec toi avant de téléphoner au recteur, pouren fixer la durée d’après les besoins de ta classe. Ah ! luiencore, c’est un fonctionnaire, à la fois strict et humain.Naturellement je n’ai pu rien conclure de définitif sans avoircausé avec toi. Mais tu ne me feras pas cela, de me refuser unedémarche dont je t’expliquerai la nature, quand tu auras acceptécette mission, car c’en est une, et que ton père te demanded’accepter.

Il passait dans l’accent d’ordinaire un peusolennel de l’ancien trésorier-payeur général une émotion contenue,d’autant plus touchante pour son fils qu’il avait depuis longtempsdeviné cette sensibilité secrète. Si pénible que lui fût cettedémarche inattendue auprès de son grand-père, il n’eut pas la forced’opposer un refus à une demande exprimée avec cette voix, avec ceregard, et il s’entendit prononcer la phrased’acceptation :

– Je ferai ce que tu désires, monpère.

– Merci, répondit Antoine Breschet. Tu esun bon fils, Marcel. Mais il n’y a pas de temps à perdre. D’aprèsce que m’a dit le proviseur, le maximum de ton absence doit être dequinze jours. Nous sommes aujourd’hui mercredi. Tu devras donc êtrerentré à Nevers pour l’autre jeudi et il ne s’agit pas seulement devoir ton grand-père. L’enquête dont tu vas te charger suppose desrecherches de renseignements assez compliquées. Mais monte tout desuite chez le proviseur. Moi, je prends à une heure le train pourAvallon. Je vais à la gare. Tu me retrouveras là, où nousdéjeunerons. À ton hôtel, nous ne pourrions pas causer assezlibrement, et il faut que je te parle de choses plus graves encoreque cette lettre de ton grand-père, et qui doivent resterconfidentielles.

« Des choses graves et qui doivent resterconfidentielles ? » se disait le jeune homme une heureplus tard, après sa visite chez le proviseur, homme excellent etqui lui avait, tout en lui accordant le congé demandé, conseilléd’utiliser son séjour à Paris pour faire quelques recherchesprofitables à la Bibliothèque nationale en vue de sa thèse surJanus, tant il s’intéressait aux travaux et à l’avenir de son jeuneprofesseur. Le temps de passer chez son ami Chardon, pour luiannoncer ce subit voyage, et il marchait vite, le long de la rue duRempart, impatient de rejoindre son père et d’apprendre le mystèreauquel celui-ci avait fait allusion. Marcel avait toujours eul’idée que la brouille entre le correct fonctionnaire etl’aventureux industriel supposait quelques motifs secrets,étrangers à des questions pécuniaires, toujours correctementréglées, le fonctionnaire l’avouait lui-même. Les convictionsreligieuses de sa femme avaient dû la trouver plus implacable pourdes écarts de conduite privée que le veuvage du grand-pèrejustifiait aux yeux du monde, mais non pas pour une dévote sincèrecomme était Mme Breschet.

Il ne se trompait pas, et, à peine assis entête à tête, dans un coin retiré du buffet, le père commença sur unton embarrassé :

– Ta mission, Marcel, est double. Elle secomplique, je te répète le mot, d’une enquête dont j’auraisscrupule à te charger, s’il ne s’agissait pas, comme le ditlui-même ton grand-père, de notre honneur. Posons d’abordles faits : tu arrives chez lui sans l’avoir prévenu. Il croitque tu lui apportes ma réponse à sa lettre. Il veut aussitôt savoirsi elle est favorable, à moins que…

– Et si je lui dis aussitôt qu’elle nel’est pas…

– Tu lui cites les termes mêmes de salettre et sa promesse de s’expliquer de vive voix sur le motif desa demande.

– Oui, mais à vous.

– Tu me représentes. Mais je le connais.Il est probable qu’il n’a pas cherché auprès de moi seul ces centmille francs, et dans les quarante-huit heures écoulées entrel’envoi de sa lettre et ta venue, il les aura demandés, trouvéspeut-être ailleurs. Auquel cas il te laissera parler le premiersans t’interroger, d’autant plus qu il aurait sans doute quelquehonte à te donner certaines explications. Tu dois bien penser quenotre rupture officielle ne m’empêche pas de recueillir lesmoindres détails qui peuvent m’initier à son existence. Je ne doisle faire qu’avec une discrétion qui ne me permet pas d’obtenir desrenseignements très précis. J’ai su cependant qu’il n’a pastoujours vécu comme son âge et sa situation de chef de famille, –il le reste malgré tout, – lui en faisaient un devoir. Or, il m’estrevenu, ces temps derniers, qu’il passait pour s’intéresserbeaucoup à une jeune fille, une Mlle Paule Gauthierqui exerce une profession dont le nom t’étonnera comme il m’aétonné. C’est une « Laborantine ».

– En ma qualité d’universitaire, ditMarcel, j’en sais le sens, moi, de ce mot, d’ailleurs très récent.Il est officiel et s’applique aux infirmières, particulièrementinstruites en chimie ou en bactériologie, qui travaillentexclusivement dans les laboratoires, les Labos, commeelles disent elles-mêmes. Peut-être grand-père a-t-il été souffrantet a-t-il dû se faire faire une prise de sang, par une de cespersonnes, qu’il aura trouvée sérieuse et travailleuse…

– Elle est en tout cas fort jolie,interrompit Antoine Breschet. Et les cent mille francs pourraientbien être destinés à une de ces réparations d’honneur que cesdemoiselles ont le talent de s’assurer.

– Comment voulez-vous que jesache ?…

– Je t’ai parlé d’une enquête, insista lepère. Il faut aussi que tu te renseignes sur cette Société deconstructions dans les quartiers du Bois de Boulogne, qu’occupaientles fortifications : on m’y a fait allusion aussi. N’y a-t-ilpas là quelque nouvelle aventure de Bourse ?

– Mais cette petite campagne n’est guèredans mon rayon, pour parler comme les gens du commerce.

– Alors tu refuses ? demanda le pèreaprès un nouveau silence. Je ne peux pourtant pas laisser une tellelettre sans réponse, et quitter Montigny, c’est inquiéter ta pauvremère et risquer une petite crise.

– Eh bien ! dit Marcel avec fermeté,j’irai à Paris.

Il ajouta : Le proviseur m’a d’ailleurssuggéré de prendre à la Bibliothèque nationale quelques notes pourma thèse sur Janus.

– Voilà qui est bien, dit AntoineBreschet. Ce conseil je te l’aurais donné moi-même. Tu es unprofesseur. Un professeur est un fonctionnaire. Il doit penser àson métier à travers tout. D’ailleurs cette thèse, c’est la raisonde ton voyage que je donnerai à ta mère. Il faut que je puisse luimontrer toutes tes lettres. Pas un mot, par conséquent, sur tesvisites à ton grand-père et sur le résultat de ton enquête. Tu neme parleras que de ton travail. En rentrant à Nevers, tu me dirasce que tu auras découvert, et si tu estimes que nous devons ou nonavancer les cent mille francs. Il m’est si dur de la refuser cetteavance. C’est une grosse somme, mais qui nous sera certainementrendue. De cela non plus, pas un mot à ton grand-père, si voustouchez à cette question d’argent. Il est très fier, et la moindreidée, d’un doute sur ce règlement le froisserait. Et puis, monenfant, sache que tu m’es bien secourable en consentant cettepénible démarche.

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