Le voleur de feu Arthur Rimbaud

ARTHUR : Oui mais la Meuse y mène ! Nous prendrons une barque et le fleuve nous
laissera descendre où nous voudrons ! Nous irons jusqu’à la mer, Vitalie, nous danserons
sur les flots ! Si un orage éclate, nous contemplerons les éclairs zébrer le ciel en filaments
violets, et je te ferai voir des Indiens, la nuit verte des neiges éblouies, des lunules
électriques, des hippocampes noirs, des poissons d’or, des morves d’azur ! Et…
VOIX DE MADAME RIMBAUD : Vitalie ! Où es-tu ?
VITALIE : Cette fois elle ne crie pas dans nos souvenirs.
ARTHUR : Ah ben finalement, elle est venue à nous toute seule, la mère. File, va ranger
ce quignon et ne te fais pas prendre. Vitalie est reprise d’une quinte de toux.
Scène 3
ARTHUR accourant vers Izambard avec une lettre : Monsieur Izambard ! Monsieur
Izambard ! Regardez ! J’ai écrit une lettre à l’intention du célebre poète Théodore de
Banville, et je veux la lui envoyer avec quelques uns de mes propres poèmes. Pourriez-
vous la lire s’il vous plaît ?
IZAMBARD prenant la lettre et lisant à voix haute : « Cher maître, nous sommes aux
mois d’amour ; j’ai dix-sept ans… »
ARTHUR embarrassé : Oui, je me suis un peu vieilli, mais si je lui avoue que je n’ai que
quinze ans, il ne me prendra pas au sérieux.
IZAMBARD continuant : « L’âge des espérances et des chimères, comme on dit, – et
voici que je me suis mis, enfant touché par le doigt de la Muse, – pardon si c’est banal, – à
dire mes bonnes croyances, mes espérances, mes sensations, toutes ces choses des
poètes… »
ARTHUR l’interrompant : Vous lirez tout cela plus tard, quand vous serez seul, puis
vous me direz ce que vous en pensez.
IZAMBARD rangeant la lettre : Comme vous voudrez.
ARTHUR : Ma démarche doit vous paraître un peu… un peu bête, mais je voudrais
tellement quitter ce trou et me rendre à Paris, pour rencontrer des écrivains, m’en faire
connaître et qui sait en faire partie. Parce que c’est mort, ici. Charleville n’aime pas la
poésie. J’ai l’impression d’être dans un tombeau.
IZAMBARD : Mais pourquoi écrivez-vous précisément à Banville ?
ARTHUR : Parce que… parce que… Banville est un vrai poète ! Et aussi… il dirige un
collectif de poésies « Le Parnasse contemporain ». Imaginez un peu s’il accepte de
publier mes poèmes dans le prochain volume ! Récitant.
« Soleil et Chair du Sieur Arthur Rimbaud »
« Je regrette les temps de la grande Cybèle
Qu’on disait parcourir, gigantesquement belle,
Sur un grand char d’airain, les splendides cités ;
Son double sein versait dans les immensités
Le pur ruissellement de la vie infinie.
L’Homme suçait, heureux, sa mamelle bénie… »
Pensez-vous qu’il me répondra ?
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IZAMBARD : Voyons Arthur, vous voulez tout et tout de suite. Banville lira sûrement
vos poésies, car elles dégagent une grande force. Quant à savoir s’il vous fera publier, nul
ne saurait le dire.
ARTHUR : Peut-être que je lui ai écrit pour rien alors. Mais si je n’agis pas, je finirai par
étouffer !
IZAMBARD : Pas de défaitisme mon garçon ! Considérez cette lettre comme une
bouteille jetée à la mer. Et même si Banville ne vous répond pas, je pourrai vous mettre
en rapport avec d’autres écrivains de ma connaissance.
ARTHUR : Comment vous remercier ? Tout ce que vous faites pour moi, je… enfin…
Vous êtes très chic et j’espère ne jamais vous décevoir. Euh, je dois y aller, ma mère, ma
mère, vous comprenez…
IZAMBARD : Oui, oui, je comprends.
ARTHUR : Mais avant de vous quitter, je, euh…
IZAMBARD : Y a-t-il autre chose qui vous préoccupe ?
ARTHUR : Oui, je n’ai plus rien à lire.
IZAMBARD lui tendant un livre : Tenez, j’ai là un volume qui risque de vous tenir
longtemps.
ARTHUR lisant la couverture : « Les Misérables » de Victor Hugo. Merci beaucoup et à
demain !
Scène 4
Vitalie écrit à son bureau pendant que sa mère coud.
VITALIE se relisant sans être entendue : « Printemps 1870. J’ai compté les marronniers
sous les allées : il y en cent onze, alors qu’autour de la promenade de la Gare, il n’y en a
que soixante-treize. » Elle s’arrête et soupire. Que d’occupations mesquines et pénibles.
Je n’arrive pas à vaincre mon ennui. Elle se met à tousser.
MADAME RIMBAUD : Que se passe-t-il ?
VITALIE : Rien maman, rien.
MADAME RIMBAUD : Tu es toute rouge ! Tu es souffrante à nouveau ?
VITALIE : Non, rassure-toi.
MADAME RIMBAUD : Toujours ta maladie de poitrine.
VITALIE : Ou l’ennui peut-être.
MADAME RIMBAUD : Que dis-tu ?
VITALIE : J’ai trop vite été retirée du pensionnat. Là-bas on m’apprenait le chant… et
personne ne chante, ici à Charleville, à part les oiseaux, lorsqu’il y en a.
MADAME RIMBAUD : Deux ans d’école, c’est bien assez pour ton éducation. A
présent tu dois apprendre à repriser les chaussettes, broder une nappe, coudre un col, bref,
à tenir impeccablement une maison et à te taire.
VITALIE : Une maîtresse de maison jouit d’un mari néanmoins.
MADAME RIMBAUD : Pas toutes.
VITALIE : Et je me sens bien seule, je ne vois plus Arthur.
MADAME RIMBAUD : Ah ça, ce n’est pas de ma faute s’il traîne sur le chemin de
l’école avec son professeur de français. Mais tiens, le voilà justement, je vais lui toucher
deux mots. Entre Arthur. Tu es en retard, Arthur.
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ARTHUR : Navré, j’étais avec Monsieur Izambard.
MADAME RIMBAUD : Ça je ne le sais que trop. Désignant son livre. Et que tiens-tu là ?
ARTHUR : Ça ? C’est un roman qu’il m’a prêté.
MADAME RIMBAUD : Montre-le-moi.
ARTHUR : Mais…
MADAME RIMBAUD : Montre-le-moi je te dis. Lui arrachant le livre. « Les
Misérables », qu’est-ce encore que cela ?
ARTHUR : De la littérature, simplement.
MADAME RIMBAUD : Il ne faut pas mettre n’importe quel livre entre les mains des
enfants.
ARTHUR : Victor Hugo n’écrit pas n’importe quel livre et je ne suis plus un enfant.
MADAME RIMBAUD : Je vais le rendre à Monsieur Izambard, et lui écrire une lettre
pour lui déconseiller de te permettre des lectures aussi… dangereuses. Ces pages sentent
méchamment le soufre !
ARTHUR outré : Non ! Laisse-moi ce livre ! N’envoie pas ce mot !
MADAME RIMBAUD : Arthur ! Je n’ai pas d’ordre à recevoir de toi. De plus, je vais le
rencontrer pour lui dire ce que je pense de son enseignement. Et sans mâcher mes mots,
crois-moi.
ARTHUR explosant : Mais de quel droit ? C’est le meilleur professeur qu’il y ait jamais
eu dans ce foutu collège ! Il me comprend, lui ! Il ne m’interdit pas de vivre !
MADAME RIMBAUD : J’estime qu’un professeur digne de ce nom ne doit pas faire lire
Victor Hugo à ses élèves. Cet homme a des idées pernicieuses.
ARTHUR : Des idées pernicieuses ? Il est républicain, c’est ça ? Et alors ?
MADAME RIMBAUD : Tu es trop jeune, trop influençable. Cet Hugo, c’est l’ennemi de
l’ordre. Il a été banni pour ça.
ARTHUR : Banni par qui ? Par la petite bourgeoisie bien pensante ! Toujours les mêmes
crevards vérolés !
MADAME RIMBAUD : Arrêtons là, veux-tu ! Tu es trop jeune pour avoir des idées en
politique.
ARTHUR : J’ai le droit de penser ce que je veux ! J’ai le droit de lire ce que je veux !
MADAME RIMBAUD : Pas ce livre obscène ! Un écrivain digne de ce nom ne doit pas
utiliser le… le mot de Cambronne ! Oui parfaitement ! J’ai entendu dire qu’il était
imprimé en toutes lettres dans ce roman !
ARTHUR : Le mot de Cambronne ? « Merde » c’est ça ? Hugo a écrit « merde » ! Mais
comme il a raison, bon sang, le vieux poète, de dire merde à Napoléon ! Moi aussi je lui
dis merde, je dis merde à tout, tu m’entends ? Merde !
MADAME RIMBAUD le giflant : Ça suffit ! Puisque tu oses me répondre aussi
grossièrement, tu passeras la nuit au grenier, une fois de plus ! Tu es chez moi et tu n’es
pas encore en âge de me manquer de respect ! Arthur sort une gambier de sa poche. Et si
je t’attrape encore à fumer en cachette, ça sera l’interdiction formelle de sortir et de lire
quoique ce soit !
Scène 5
Madame Rimbaud, Arthur et Vitalie s’en vont promener.
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MADAME RIMBAUD : Vitalie, as-tu pris tes gants et ton mouchoir blanc ? Vitalie
acquiesce. Arthur, le parapluie se porte toujours de la main droite et redresse ton chapeau.
Arthur enfonce le chapeau sur sa tête. Pas comme ça voyons ! Tu vas te décoiffer ! Voilà,
allons-y dignement pour la promenade.
VITALIE : Il fait chaud, ce n’est pas fréquent à Charleville, même en juillet.
MADAME RIMBAUD : Soleil ou pas, je ne sais pas si l’été sera beau, avec cette guerre
qui fait rage depuis le 19 juillet.
VITALIE : Ne t’en fais pas, Napoléon va rapidement mettre les Prussiens au pas.
MADAME RIMBAUD : Je n’aime pas ça quand même. Qui sait ce qui pourrait arriver.
On raconte les pires choses sur Bismarck.
ARTHUR : Du coup il m’intéresse ! Si seulement il pouvait nous crever cet Empire !
MADAME RIMBAUD : C’est ça, contrarie-moi, si c’est tout ce que tu sais faire.
ARTHUR : Alors j’arrête les études si je ne sais rien faire d’autre.
MADAME RIMBAUD : Arthur, tu ne vas pas recommencer ! Tu ne vas pas arrêter tes
études alors que tu as reçu tous ces prix en fin d’année !
VITALIE : Sept prix, dont celui du Concours Académique ! La suprême récompense ! Et
autant de beaux livres ! Quel tonnerre d’applaudissements quand le proviseur t’a appelé
lors de la distribution ! Dommage que Monsieur Izambard n’était pas la pour te féliciter !
MADAME RIMBAUD : D’autant qu’il ne te reste qu’une année avant le bac.
ARTHUR : Et après ? Qu’est-ce que je ferai après ? Notaire de province ? J’aimerais
mieux me brûler la cervelle tout de suite…
MADAME RIMBAUD : C’est très respectable.
VITALIE : Tu seras la fierté de la famille !
ARTHUR : Les études ne servent à rien ! Je ne veux plus avoir de compte à rendre à
personne ! Je veux aller à Paris et rencontrer des écrivains ! La vraie vie est ailleurs !
VITALIE rêveuse : Paris… Ça doit être si différent d’ici, Paris. On doit s’y amuser.
MADAME RIMBAUD : Tais-toi Vitalie ! Toi tu prends toujours la défense d’Arthur,
même quand il est fou ! Qu’est-ce qu’il irait faire à Paris ? Il n’y connaît personne !
ARTHUR : Monsieur Izambard a beaucoup de relations à Paris.
MADAME RIMBAUD : Encore ce Monsieur Izambard ! On peut dire qu’il a fait des
dégâts, celui-là, en quelques mois. J’espère qu’il ne remettra plus les pieds au collège de
Charleville.
ARTHUR : Rassure-toi, c’est quelqu’un de trop bien pour pourrir dans ce trou ! Quant à
moi, j’irai à Paris, que tu le veuilles ou non !
MADAME RIMBAUD : Tu continueras tes études, tu m’entends ? S’il le faut, je
t’enfermerai dans un internat ! A présent le sujet est clos, tu ne vas pas nous gâcher ce
beau dimanche. Plus un mot ou je te gifle.
VITALIE : Oui, assez de visages tristes ! Il fait beau et j’ai envie de m’amuser ! Sais-tu
Maman que toutes mes amies se plaignent parce que leur père est parti à la guerre ? Et
mon papa à moi, il est absent depuis toujours. Est-ce que je m’en plains, moi ? Non,
n’est-ce pas ?
MADAME RIMBAUD : Tu es une brave fille.
VITALIE : Tout le monde parle de la guerre, je ne sais pas trop ce que c’est, mais tout le
monde s’inquiète, c’est drôle. Tu te souviens, la semaine dernière ? Les militaires
défilaient à Charleville, au roulement du tambour. Ils paraissaient tout raides sur leurs
chevaux. Ils brandissaient leurs fusils et la foule applaudissait. La plupart étaient si jeunes.
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Arthur s’est éclipsé pendant cette réplique. Oh, regarde ces fleurs de l’autre côté de la
prairie, maman ! Est-ce que je peux aller les cueillir ?
MADAME RIMBAUD : Si tu veux, mais ne t’éloigne pas, ne te salis pas et fais-toi
accompagner par Arthur, c’est plus prudent.
VITALIE : Arthur ? Tu viens avec moi ? Arthur ? Où est-il ? Il a laissé tomber son
parapluie.
MADAME RIMBAUD regardant autour d’elle : Je me disais aussi qu’il s’était fait
discret tout à coup. Arthur ? Il a disparu !
VITALIE : Il a dû aller chercher un livre à la maison, tu sais comment il est.
MADAME RIMBAUD : Ne raconte pas de bêtises, la maison est fermée, c’est moi qui ai
la clef.
VITALIE : Alors je ne sais pas, il a rencontré quelqu’un qui…
MADAME RIMBAUD : Tu es au courant de quelque chose ?
VITALIE : Mais non… mais non… Il a dû…
MADAME RIMBAUD : Tu es sûre que tu ne me caches rien ?
VITALIE : Rien je t’assure.
MADAME RIMBAUD : Est-ce qu’il s’est confié à toi ces derniers temps ? Est-ce qu’il
t’aurait parlé d’un projet quelconque ? Parle !
VITALIE : Il ne m’a rien dit.
MADAME RIMBAUD regardant partout : Bien, nous allons l’attendre une demi-heure.
S’il n’est pas là, nous rentrerons à la maison.
VITALIE en aparté : C’est pourtant vrai, je n’en sais rien. Dieu sait si pourtant je le
couvre, Arthur. Je sais qu’il fume en cachette avec son ami Ernest. Je sais qu’il a volé
deux recueils du poète Paul Verlaine à la librairie parce que notre mère ne lui donne pas
un sou. Je sais qu’un soir de concert, sur la place de la gare, il a embrassé les tresses
d’une jeune fille et qu’il s’est enfui aussitôt, quel grand timide sous ses airs rebelles. Je
sais aussi qu’il traîne dans les cafés pour boire de la limonade. Mais tout cela je le garde
pour moi. On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans.
MADAME RIMBAUD : Une heure que nous l’attendons.
VITALIE : Il vaut mieux que nous rentrions. Il reviendra de lui-même à la maison.
MADAME RIMBAUD : Tant pis pour ce petit drôle, je lui fermerai la porte au nez et il
dormira dehors. Il veut partir ? Hé bien qu’il parte, ce n’est pas moi qui vais le retenir, ce
vaurien. Qu’il aille voir ailleurs si l’herbe est plus verte.
VITALIE : Le soir tombe. Comme tout est calme.
MADAME RIMBAUD : Oui, c’est la guerre, tout est silencieux et sinistre. Le pays est
infesté de Prussiens. Mais alors Arthur ? Peut-être qu’ils vont le capturer, ou le tirer
comme un lapin ?
VITALIE : Il pleut. Elle se met à tousser.
MADAME RIMBAUD : Tant pis pour lui, il n’a même pas son parapluie, ça lui
apprendra. Il se sera réfugié dans un café, et comme il n’a pas d’argent, on l’aura chassé.
Mais il n’a pas seulement un manteau, il va se trouver mal.
VITALIE : C’est le couvre-feu.
MADAME RIMBAUD : Où, où peut-il bien être ? Chez son camarade Ernest ?
VITALIE : La famille d’Ernest habite Mézières.
MADAME RIMBAUD : Et Mézières est assiégé par les Allemands ! Il va lui arriver un
malheur, j’en suis sûre, je ne le reverrai jamais !
12

VITALIE : Il reviendra, ne t’inquiète pas. Moi j’ai confiance, je sais qu’on nous le
ramènera.
MADAME RIMBAUD : « On » ? Je me demande qui s’occuperait de me le ramener.
Tout le pays est sens dessus dessous.
VITALIE : Rentrons, maman. Peut-être qu’Arthur nous attend devant la porte.
MADAME RIMBAUD : Tu as raison, que faire d’autre de toute facon ? Et puis ce n’est
pas bon pour ta maladie, de rester ici dans le froid. S’il ne rentre pas pendant la nuit,
j’avertirai la police. Ah, si cet Izambard habitait encore Charleville, il aurait pu nous
renseigner. Elles s’en vont tandis qu’Izambard s’adresse au public.
IZAMBARD : Je n’aurais pu renseigner davantage Madame Rimbaud. Arthur n’a parlé
de sa fugue à personne. Il n’a emporté que ses poèmes et il a sauté dans un train pour
Paris. Les contrôleurs l’ont vite appréhendé. Pas de billet. 15 francs d’amende. Bien
entendu, il ne les avait pas. A la capitale, ils l’ont remis aux gendarmes qui l’ont
emprisonné pour vagabondage. C’est de la prison de Mazas qu’il m’a écrit cette lettre.
Sortant la lettre et la lisant. « Vous m’avez toujours été comme un frère : je vous
demande instamment votre aide. Venez ici me réclamer en répondant de moi. Faites tout
ce que vous pourrez et écrivez à ma pauvre mère pour la consoler. »
Scène 6
Un juge interroge Arthur, en costume de prisonnier trop grand.
JUGE : Nom, prénom, âge, adresse !
ARTHUR : Rimbaud, Arthur, dix-huit ans.
JUGE : Dix-huit ans, vraiment ? Tu viens de Charleville il paraît ?
ARTHUR : Oui.
JUGE : Oui Monsieur le juge ! Adresse à Charleville et nom des parents. Silence. Alors ?
ARTHUR : Je n’ai rien à dire.
JUGE : Tu crois ça ? Et ici, quelle est ton adresse à Paris ? Silence. Bon ! Vagabondage à
Paris, et tu prétends venir de Charleville… Charleville, cité frontalière. Tu ne veux pas
donner ton adresse à Charleville, parce que tu n’en as pas, parce qu’en fait, tu ne viens
pas de Charleville, mais d’un peu plus loin vers l’est. Tu viens de la Prusse !
ARTHUR : Mais pas du tout ! Qu’est-ce que vous allez chercher ?
JUGE frappant du poing : Je t’ai déjà dit de m’appeler Monsieur le juge ! Si tu me
donnes le nom et l’adresse de tes parents, je pourrai peut-être croire que tu viens de
Charleville. Silence. Je suis décidé à te laisser une seconde chance. Si tu me dis qui
t’envoie à Paris et la mission dont tu es chargé, on tâchera de s’arranger par la suite.
ARTHUR : Mais enfin, de quelle mission parlez-vous ? Je ne comprends rien à ce que
vous racontez. C’est grotesque !
JUGE : Je suis persuadé que tu es un espion allemand !
ARTHUR : Quelle idée ! Regardez-moi… Monsieur le juge. Je suis trop jeune pour…
JUGE exhibant une liasse de papiers : Et ça ? On l’a trouvé dans tes poches.
ARTHUR : Ne… ne touchez pas à ça !
JUGE : Ces papiers sont donc si précieux ?
ARTHUR : Oui mais… pour moi uniquement. Ce sont mes poèmes !

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