Les précieuses ridicules de Molière

Cathos

Tout à fait bien.

Mascarille

Tapinois, en cachette : il semble que ce soit un chat qui vienne de prendre une souris : tapinois. Magdelon

Il ne se peut rien de mieux.

Mascarille

Me dérobe mon coeur, me l’emporte, me le ravit. Au voleur, au voleur, au voleur, au voleur ! Ne diriez-vous pas que c’est un homme qui crie et court après un voleur pour le faire arrêter ? Au voleur, au voleur, au voleur, au voleur !

Magdelon

Il faut avouer que cela a un tour spirituel et galant.

Mascarille

Je veux vous dire l’air que j’ai fait dessus.

Cathos

Vous avez appris la musique ?

Mascarille

Moi ? Point du tout.

Cathos

Et comment donc cela se peut-il ?

Mascarille

Les gens de qualité savent tout sans avoir jamais rien appris. Magdelon

Assurément, ma chère.

Mascarille

Ecoutez si vous trouverez l’air à votre goût. Hem, hem. La, la, la, la, la. La brutalité de la saison a furieusement outragé la délicatesse de ma voix ; mais il n’importe, c’est à la cavalière.

(Il chante.)

Oh, oh ! je n’y prenois pas…

Cathos

Ah ! que voilà un air qui est passionné ! Est-ce qu’on n’en meurt point ?

Magdelon

Il y a de la chromatique là dedans.

Mascarille

Ne trouvez-vous pas la pensée bien exprimée dans le chant ? Au voleur ! … Et puis, comme si l’on crioit bien fort : au, au, au, au, au, au, voleur ! Et tout d’un coup, comme une personne essoufflée : au voleur !

Magdelon

C’est là savoir le fin des choses, le grand fin, le fin du fin. Tout est merveilleux, je vous assure ; je suis enthousiasmée de l’air et des paroles. Cathos

Je n’ai encore rien vu de cette force-là.

Mascarille

Tout ce que je fais me vient naturellement, c’est sans étude.

Magdelon

La nature vous a traité en vraie mère passionnée, et vous en êtes l’enfant gâté.

Mascarille

A quoi donc passez-vous le temps ?

Cathos

A rien du tout.

Magdelon

Nous avons été jusqu’ici dans un jeûne effroyable de divertissements.

Mascarille

Je m’offre à vous mener l’un de ces jours à la comédie, si vous voulez ; aussi bien on en doit jouer une nouvelle que je serai bien aise que nous voyions ensemble.

Magdelon

Assurément, ma chère. Mascarille

Ecoutez si vous trouverez l’air à votre goût. Hem, hem. La, la, la, la, la. La brutalité de la saison a furieusement outragé la délicatesse de ma voix ; mais il n’importe, c’est à la cavalière.

(Il chante.)

Oh, oh ! je n’y prenois pas…

Cathos

Ah ! que voilà un air qui est passionné ! Est-ce qu’on n’en meurt point ?

Magdelon

Il y a de la chromatique là dedans.

Mascarille

Ne trouvez-vous pas la pensée bien exprimée dans le chant ? Au voleur ! … Et puis, comme si l’on crioit bien fort : au, au, au, au, au, au, voleur ! Et tout d’un coup, comme une personne essoufflée : au voleur !

Magdelon

C’est là savoir le fin des choses, le grand fin, le fin du fin. Tout est merveilleux, je vous assure ; je suis enthousiasmée de l’air et des paroles.

Cathos

Je n’ai encore rien vu de cette force-là. Mascarille

Tout ce que je fais me vient naturellement, c’est sans étude.

Magdelon

La nature vous a traité en vraie mère passionnée, et vous en êtes l’enfant gâté.

Mascarille

A quoi donc passez-vous le temps ?

Cathos

A rien du tout.

Magdelon

Nous avons été jusqu’ici dans un jeûne effroyable de divertissements.

Mascarille

Je m’offre à vous mener l’un de ces jours à la comédie, si vous voulez ; aussi bien on en doit jouer une nouvelle que je serai bien aise que nous voyions ensemble.

Magdelon

Cela n’est pas de refus.

Mascarille

Mais je vous demande d’applaudir comme il faut, quand nous serons là ; car je me suis engagé de faire valoir la pièce, et l’auteur m’en est venu prier encore ce matin. C’est la coutume ici qu’à nous autres gens de condition les auteurs viennent lire leurs pièces nouvelles, pour nous engager à les trouver belles, et leur donner de la réputation ; et je vous laisse à penser si, quand nous disons quelque chose, le parterre ose nous contredire. Pour moi, j’y suis fort exact ; et quand j’ai promis à quelque poète, je crie toujours : « Voilà qui est beau !  » devant que les chandelles soient allumées.

Magdelon

Ne m’en parlez point : c’est un admirable lieu que Paris ; il s’y passe cent choses tous les jours qu’on ignore dans les provinces, quelque spirituelle qu’on puisse être.

Cathos

C’est assez : puisque nous sommes instruites, nous ferons notre devoir de nous écrier comme il faut sur tout ce qu’on dira.

Mascarille

Je ne sais si je me trompe, mais vous avez toute la mine d’avoir fait quelque comédie.

Magdelon

Eh ! il pourroit être quelque chose de ce que vous dites.

Mascarille

Ah ! ma foi, il faudra que nous la voyions. Entre nous, j’en ai composé une que je veux faire représenter. Cathos

Hé, à quels comédiens la donnerez-vous ?

Mascarille

Belle demande ! Aux grands comédiens. Il n’y a qu’eux qui soient capables de faire valoir les choses ; les autres sont des ignorants qui récitent comme l’on parle ; ils ne savent pas faire ronfler les vers, et s’arrêter au bel endroit : et le moyen de connoître où est le beau vers, si le comédien ne s’y arrête, et ne vous avertit par là qu’il faut faire le brouhaha ?

Cathos

En effet, il y a manière de faire sentir aux auditeurs les beautés d’un ouvrage ; et les choses ne valent que ce qu’on les fait valoir.

Mascarille

Que vous semble de ma petite-oie ? La trouvez-vous congruante à l’habit ?

Cathos

Tout à fait.

Mascarille

Le ruban est bien choisi.

Magdelon

Furieusement bien. C’est Perdrigeon tout pur. Mascarille

Que dites-vous de mes canons ?

Magdelon

Ils ont tout à fait bon air.

Mascarille

Je puis me vanter au moins qu’ils ont un grand quartier plus que tous ceux qu’on fait.

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