les forêts creusent
parfois une clairière au-dedans de soi La déchirure j’écoute un chant de vagues qui chutent à l’horizon l’éternité flotte sur la montagne
le vent défait la lumière
cherche un visage pour les orages à venir
une lame cogne
contre les mâts de nos rêves casse la branche du temps L’écorce un bruit de scie brouille le silence perce le mur de nos frêles illusions
les forêts grincent
et ce gémissement secoue nos solitudes L’humus s’il était la racine et s’il était du ciel devenu herbe un commencement posé sur la pierre
s’il était la voix
qu’on n’entend plus une sorte de clarté qu’on aurait saccagée Le mur de bois alors que l’écorchent les flèches de pluie des vagues de vents luttent avec les veilleurs
des mangeoires se balancent
comme des girouettes égarées au milieu d’un vaste bouquet fané
le fouillis sauvage
attend l’éclaircie
les forêts nous promettent
l’écume et les embruns sur l’épaule du présent l’écorce du souvenir La cime on dirait une goutte de terre pour le nuage qui passe
une falaise d’où s’élancer
quand on refait les saisons
bientôt le regard se brouille
avec le sommet qui s’effrite on quitte l’instant aigu La bête bondit avec sa soif un goût de froid dans la gueule nos questions d’enfants jamais réparées
on pourrait l’abattre
et avec elle
l’écho des finitudes
Les racines
fendent le sol
comme des éclairs
avancent dans leur solitude
et tremblent
pareilles à une vaste cité de bois