qui se froissait pas vu les déchirures dégriser le vent Le sentier entre les troncs comme une large rayure le hibou s’élance
repère l’ombre
la proie qui remue dans le désordre du monde la forêt se souvient du chant des ailes Le feu qu’on entend venir on dirait une bête prête à tout dévorer
au milieu d’un champ
de longues allumettes soudain la flèche soudain l’embrasement du cortège redouté
le feu promet l’éclaircie
qui donnerait envie de grandir Les vents et le mur se fracture avec le souffle qui poursuit l’œuvre du courant vif d’air refroidi
comme des oiseaux
les arbres se débattent cherchent la vague ou le rivage
la forêt disperse
nos fatigues masques et failles de nos illusions Un lit de mousse flotte sur le sol on dirait une cité venue d’un autre univers
un remous de fourmis
sur la pierre pèse un poids de lettres et de mots inconnus
l’amas d’étoiles
dessine une étrange constellation qui n’a pas de ciel L’aile très haute de la beauté perce le brouillard de vivre retombe entre les branches
l’animal saisit l’aile
qui gît au sol
comme une mémoire difforme
de l’histoire l’emporte loin
à l’intérieur du poème
la forêt rêve-t-elle
alors que j’avance
à petits pas de l’autre côté de la nuit
Mes forêts sont un champ silencieux
de naissances et de morts la mémoire de saisons qui se lèvent et retombent
mes forêts sont du temps qui s’immisce
à travers tronc branche racine elles traversent le feuillage du jour capturent l’ombre capturent l’éclat
elles sont la solitude disséminée