LES HEURES DE L’INSPIRATION
Je vous salue, heures silencieuses, quel’étoile du soir balance autour de mon front pour l’inspirer !Oh ! ne fuyez point sans me bénir, sans me laisser quelquespensées divines !
À la porte du ciel, un esprit a parléainsi : « Hâtez-vous, heures saintes, qui dépassez sirarement les portes dorées des cieux, allez vers ce jeunehomme,
» Qui chante à ses frères leMessie ; protégez-le de l’ombre bienfaisante de vos ailes,afin que solitaire il rêve l’éternité.
» L’œuvre que vous lui allez inspirertraversera tous les âges : les hommes de tous les sièclesl’entendront ; il élèvera leurs cœurs jusqu’à Dieu et leurapprendra la vertu. »
Il dit : le retentissement de la voix del’esprit a comme ébranlé tous mes os, et je me suis levé, comme siDieu passait dans le tonnerre au-dessus de ma tête, et j’ai étésaisi de surprise et de joie !
Que de ce lieu n’approche nul profane, nulchrétien même s’il ne sent pas en lui le souffle prophétique !Loin de moi, enfants de la poussière :
Pensées couronnées qui trompez mille fous sanscouronne, loin de moi : faites place à la vertu, noble,divine, à la meilleure amie des mortels !
Heures saintes, enveloppez des ombres de lanuit ma demeure silencieuse ; qu’elle soit impénétrable pourtous les hommes ; et si mes amis les plus chers s’enapprochaient, faites-leur signe doucement de s’éloigner.
Seulement, si Schmied, le favori des muses deSion, vient pour me voir, qu’il entre… Mais, ô Schmied, nem’entretiens que du jugement dernier, ou de ton auguste sœur.
Elle est digne de nous comprendre et de nousjuger : que tout ce qui dans nos chants n’a pas ému son cœurne soit plus… que ce qui l’a ému vive éternel !
Cela seul est digne d’attendrir les cœurs deschrétiens, de fixer l’attention des anges qui viennent parfoisvisiter la terre.