Le Docteur Omega (Aventures fantastiques de trois Français dans la Planète Mars)

Chapitre 11LA GUERRE DANS MARS

Un des serpents venait d’enfoncer son dardfourchu dans le mollet du docteur.

Les Mégalocéphales qui nous accompagnaientfrottèrent immédiatement la blessure avec leurs tentacules et,quelques minutes après, notre ami ne ressentait plus aucunedouleur.

Nous rentrâmes dans nos appartements et nousnous endormîmes sous la garde de nos affreux geôliers.

Le lendemain, quand nous nous réveillâmes, ilsnous offrirent des pilules et des tablettes avec une affabilité quime sembla suspecte.

Bien que le docteur fît preuve de la plusbelle assurance, j’étais néanmoins très inquiet. Les Martienssemblaient, il est vrai, nous avoir en haute estime, cependant ilétait à craindre que ces êtres énigmatiques ne méditassent quelqueatroce vengeance. Quand je faisais part de mes appréhensions auvieux savant, il se contentait de hausser les épaules.

– Monsieur Borel, me disait-il, vous vousforgez des idées ridicules… Les Martiens n’ont aucune raison pournous mettre à mal… Nous les intéressons bien trop… Cessez donc devous alarmer… Moi, je suis tout à fait tranquille et je ne songeplus qu’à une chose, construire un nouveau Cosmos.

– Et la répulsite ! pensez-vous quevous pourrez la fabriquer ici ?…

– Mais, mon pauvre ami, vous me semblezn’avoir guère plus de mémoire qu’un linot… la répulsite, n’enavons-nous pas ? Et l’enveloppe qui est restée au bord de lamer ?

– C’est vrai, fis-je… je n’y pensaisplus.

Et en effet… telle était la confusion de mesidées que j’avais complètement oublié l’enveloppe mise en réservedans la grotte…

Le docteur me confia qu’il était décidé àapprendre rapidement la langue martienne, afin de pouvoir demanderà nos hôtes les pièces et les ouvriers nécessaires à laconstruction d’un véhicule automobile… Il était impossible que legrand Razaïou ne fît pas droit à cette demande.

En attendant, que se réalisât ce rêve, nousétions toujours traités par nos gardiens comme de gros animauxinoffensifs. On continuait à nous gaver de pilules nutritives etnous engraissions à vue d’œil. Fred surtout prenait un embonpointinquiétant ; ce n’était plus un homme, mais un paquet degraisse… Quant au docteur, son petit cou de poulet s’était épaissiet ses jambes grêles avaient presque doublé…

Moi, je prenais du ventre et ne pouvais plusboutonner ma culotte… Nous résolûmes de manger moins de pilules etde faire un peu plus d’exercice.

Chaque jour, nous nous astreignions à unemarche de deux heures. Nous faisions cinquante fois le tour dujardin sur lequel donnait notre appartement, et c’était pour nosgardiens une joie véritable que de nous voir trotter ainsi devanteux…

Je commençais à savoir beaucoup de motsmartiens, mais je ne pouvais les assembler pour former des phrases…et cela me désespérait. Il faut croire que les« Grosses-Têtes » devinèrent ma pensée, car un jour ellesarrivèrent avec de grandes tablettes sur lesquelles étaientdessinés des caractères bizarres, qui ressemblaient assez auxinscriptions cunéiformes de l’Asie occidentale. Nous ne tardâmespas à apprendre que le langage martien se composait de syllabesgutturales et chantantes et que les mots, suivant l’intonationqu’on leur donnait, avaient plusieurs significations.

C’est ainsi que ghô voulait dire toutà la fois, arbre, nez, œil et genou… Selon que l’on filait le sonou qu’on le retenait, on obtenait des mots différents…

Comme je suis musicien, je parvins très vite àsaisir « l’intonation martienne », mais le docteur etFred étaient de fort mauvais élèves et désespéraient leursmaîtres.

Ils arrivaient assez bien à répéter les sonsqu’ils entendaient, mais quand il leur fallait le faire sans qu’onles leur soufflât, ils n’émettaient que des cris bizarres, quitenaient le milieu entre le roucoulement des pigeons et le bêlementdes chèvres.

La langue martienne étant toute musicale,j’avais pris le soin de tracer sur un calepin, en face de chaquemot, une portée de cinq lignes où je figurais par des notes lesintonations que j’avais retenues. Il est vrai que le docteur Omégase rattrapait sur l’écriture… À l’aide d’un pinceau trempé dans unesubstance verte il traçait avec une facilité surprenante, sur destablettes grises, les hiéroglyphes les plus compliqués…

Au bout de deux mois, je m’exprimais assezcouramment dans la langue martienne et le docteur l’écrivait trèscorrectement.

Quant à Fred, il parlait un martien« petit nègre » qui faisait beaucoup rire lesMégalocéphales.

Lorsque nos maîtres jugèrent que nous étionssuffisamment garagoulô(instruits), ils nous présentèrentde nouveau au Grand Razaïou…

Ce fut à moi qu’échut l’honneur de parler auroi martien.

Je lui exprimai tout d’abord le plaisir quej’éprouvais à me trouver en présence du plus grand cerveau de laplanète Mars et je l’assurai de mon dévouement ainsi que de celuide mes compagnons.

Ce début fut très goûté de Razaïou, qui merépondit presque aussitôt :

– Je vois que vous êtes des bêtesintelligentes… bien plus intelligentes que lesgagâyou.

(Les gagâyou sont des Martiensarrivés à un âge très avancé et dont l’intelligence s’est éteintepeu à peu.)

Puis Razaïou m’interrogea sur mon pays.

– Tu es sans doute, me dit-il, de cetteplanète ronde et lumineuse que nous apercevons d’ici quand la nuittombe… et avec laquelle, depuis si longtemps, nous cherchons àcommuniquer… sans succès…

Et il m’apprit alors que, depuis un nombreincalculable d’années, les Martiens allumaient chaque soir des feuximmenses dans l’espoir qu’on leur répondrait de la Terre.

Quand je lui narrai comment nous étionsparvenus dans Mars, le Roi ouvrit de grands yeux et parutenthousiasmé, mais nous nous aperçûmes plus tard qu’il n’avaitabsolument rien compris à nos explications et que la question de lagravitation lui était totalement étrangère[2].

Il sembla encore plus étonné quand je luiappris que j’avais quarante ans et le docteur soixante, et que, surTerre, on ne dépassait guère soixante-dix ans.

Dans la planète Mars, la longévité estprodigieuse… la moyenne de la vie est de trois cents ans.

Pendant les deux cents premières années, lesMartiens sont Vizadôs(actifs), puis ils deviennentGagâyou, c’est-à-dire inutiles, et ne peuvent plus rendreaucun service à la collectivité… Quand l’âge a affaibli leursfacultés, on les parque dans de grandes cités où ils sont servispar des Noussaï(esclaves au petit cerveau) et ils achèventlà leur existence.

Un Mégalocéphale m’apprit que Razaïou avaitcent cinquante-sept ans et la reine Bilitii cinq ans…

Il n’y a point, sur la planète Mars, d’enfanceni d’adolescence ; quelques semaines après qu’il a vu le jour,un Martien arrive à sa pleine croissance. Le cerveau seul atteintprogressivement son développement…

Après nous avoir interrogés sur l’organisationéconomique et politique de la Terre, Razaïou nous renvoya en nousdisant que nous étions désormais libres de circuler dans sa planèteet qu’il allait donner des ordres pour que ses sujets nousentourassent du plus grand respect.

La nouvelle de cette réception n’avait pastardé à se répandre dans la ville, aussi quand nous sortîmes dupalais, fûmes-nous acclamés par une population en délire…

Des milliers de nains nous entouraient, sepressaient contre nous et nous devions marcher avec prudence pourne point les écraser… Il y eut cependant un malheur. Fred, toujourstrès maladroit, posa son large pied sur un Martien qu’il réduisiten bouillie mais la foule ne prêta aucune attention à cet accident…Dans la planète Mars on ne s’émotionne pas aussi facilement quechez nous, et la mort d’un homme n’a aucune importance… surtout sicet homme n’est pas un intellectuel.

Nous rentrâmes au Métal Hôtel – c’estainsi que j’avais baptisé le réservoir de tôle qui nous servait dedemeure – et nous absorbâmes quelques pilules pour notre dîner.

Le lendemain, dès l’aube, les Mégalocéphalesvinrent nous réveiller et nous annoncèrent que nous pourrionssortir quand nous le désirerions et qu’une ploplô (voitureautomobile) serait à notre disposition.

Depuis longtemps nous brûlions du désir devisiter la ville dans laquelle nous nous trouvions et qui senommait Musiolii.

Deux Mégalocéphales s’offrirent à nousaccompagner et nous partîmes.

Le docteur ayant manifesté l’intention de voirune usine, on nous conduisit au Giilôz, vaste exploitationqui ressemble un peu au Creusot.

Là, nous pûmes enfin nous rendre compte dutravail des Martiens.

Les ouvriers qu’on y emploie sont légion… Dansune seule machinerie il n’y en a pas moins de cinq mille.

Et tous ces petits hommes travaillent avec uneactivité surprenante.

Au moyen de leurs tentacules, ils font mouvoirdes ressorts et des leviers qui communiquent avec d’énormes enginsd’une complication merveilleuse.

Le Martien étant par sa nature un être d’unefaiblesse extrême, supplée par des mécanismes perfectionnés à laforce qui lui manque.

L’électricité, qui est encore mal connue cheznous, remplace dans les usines martiennes les cubilots et lesfoyers…

On peut dire qu’elle a atteint dans Mars sondernier perfectionnement… Grâce à elle, des milliers d’appareils,des bras d’acier, des chariots de fonte, des treuils de fer selèvent et s’abaissent, glissent, tournent, s’enfoncent, remontentavec une précision inimaginable.

Figurez-vous une montre immense dans laquelletous les rouages admirablement combinés concourraient à communiquerune force que l’on dirait intelligente.

Sans efforts, les ouvriers martiensaccomplissent des travaux de géants…

L’usine dans laquelle nous nous trouvionsavait la spécialité de fabriquer des trottoirs roulants…

Des blocs de métal se succédaient sansinterruption dans des glissières et passaient immédiatement sousdes laminoirs qui les réduisaient en quelques secondes à l’état deplaques de quelques centimètres d’épaisseur…

Ensuite un chariot à mouvement ininterrompuprenait ces plaques et les transportait au dehors où elles setrouvaient automatiquement empilées par vingt, trente ouquarante…

La roue étant inconnue des Martiens, toutglisse sur des cylindres creux, renforcés au centre et auxextrémités…

Je vis aussi fabriquer des maisons dans cetteusine, car sur la planète Mars on ne construit pas les habitationsen brique ou en pierre ; tout édifice, qu’il soit palais ouchaumière, est en métal et se monte ou se démonte en l’espace dequelques minutes ou de quelques heures. J’ai su par la suite queles Martiens avaient adopté ce genre de construction afin depouvoir transporter leurs villes où ils voulaient. La raison en estsimple. Pendant la période zônartiz (été) certainesrégions deviennent inhabitables à cause de la chaleur.

Alors commence un exode qui dure quelquesjours et les villes qui s’élevaient dans le Sud se trouvent, avecune rapidité surprenante, transportées au Nord.

Lorsque le froid se fait sentir, le mêmedéménagement s’opère du septentrion au midi.

Seules, les usines demeurent dans les endroitsoù elles ont été installées, mais elles sont pourvues d’appareilsréfrigérants qui permettent aux ouvriers de travailler sans êtreincommodés.

D’ailleurs, l’ouvrier ne joue ici qu’un rôlesecondaire…

Chacun a sa place définie, marquée, l’unpousse toujours le même levier, l’autre dirige toujours la mêmecourroie ; l’intelligence n’entre pour rien dans le travailmanuel. Les « grands cerveaux » ont conçu les puissantesmachines de construction, les acéphales ne font que les actionneret le travail est tellement bien divisé que jamais il ne se produitd’accident comme dans nos usines.

La population de la planète Mars comprendquatre catégories : les savants ou grands ingénieurs, lesgiiloï ou ouvriers, les bafourosou agriculteurset les gagâyous ou inutiles qui sont formés par toutes lesclasses de la société.

En cas de guerre car, hélas ! lesMartiens, malgré leur intelligence, ne sont pas encore parvenus àvivre en paix avec leurs voisins, ce sont lesMégalocéphales ou grands cerveaux et les bafourosqui vont au combat…

Les ouvriers restent dans les usines où ilscontinuent à produire les engins de destruction…

Les femmes remplacent alors lesbafouros à la culture des champs et rien n’est arrêté dansla vie de la planète…

Il semblera peut-être bizarre que je parled’agriculture et l’on se figure sans doute qu’elle n’a dans Marsqu’une minime importance.

Quelle erreur !

Les Martiens cultivent beaucoup plus que leshabitants de la Terre pour la raison bien simple qu’ils sont, commeje l’ai déjà dit, végétariens.

Chez eux, le blé est remplacé par une espèced’herbe, dite herbe rouge, qui forme le fond principal del’alimentation.

Cette herbe rouge produit des épis coniquesqui contiennent une poudre jaune appelée postoûm.

C’est avec cette poudre que l’on fabrique lespilules nutritives et j’étonnerai sans doute le lecteur en luidisant que, pour fabriquer une seule pilule de deux grammes il fautprès de trente kilos de postoûm. Cette poudre est d’abordexposée au soleil, puis passée au feu, et ce qui en reste constitueun principe excessivement nourrissant… Quelquefois on y mêle desgrains de titilas (sorte de poivre bleu) et demouzaia (sel), mais on n’opère ce mélange que dans lafabrication des pilules destinées au Grand Razaïou, à sa famille etaux Mégalocéphales.

Le peuple ne fait usage que de simple résidude postoûm.

Quant aux animaux, qui sont très rares dansles environs des villes, ils se nourrissent de smala(cactus).

Le docteur Oméga était rayonnant depuis qu’ilavait le droit d’aller où il voulait. Quelquefois, il partait seulet revenait, à la nuit tombante, les poches bourrées de pierres etde déchets de métal… Je me demandais ce qu’il pourrait bien fairede ces objets quand, un jour, à mon grand étonnement, je trouvaisur la table d’acier, que l’on avait fabriquée sur nos indications,un appareil qui ressemblait beaucoup à une pile électrique…

– Qu’est-ce donc que cela ?demandai-je au savant…

– Cela, monsieur Borel, dit-il ensouriant, c’est, ou du moins ce sera, notre boîte aux lettres.

Je crus qu’il était devenu fou…

Mais il reprit aussitôt…

– Dans quelques semaines, j’auraiconstruit un appareil de télégraphie sans fil d’une puissanceprodigieuse, grâce auquel nous pourrons communiquer avec laTerre…

– Hum ! fis-je…

– Vous verrez… vous verrez !…murmura le docteur…

Mais des événements imprévus vinrent retarderla réalisation de ce rêve.

Les « Cococytes » ou Martiens du Sudavaient déclaré la guerre au Grand Razaïou.

Le motif du conflit était des plus graves.Trop à l’étroit sur leurs terres, les Cococytes voulaient agrandirleurs domaines afin de pouvoir cultiver plus d’herbe rougeet fabriquer par conséquent plus de pilules nutritives.

En un mot c’était une invasion.

Depuis longtemps déjà, Razaïou s’attendait àcette lutte pour la vie et il avait accumulé dans ses arsenaux desquantités énormes d’engins de destruction.

Un matin, la ville de Musiolii présenta uneanimation inaccoutumée. Des véhicules bizarres sillonnaient lesrues ; une foule de Martiens, portant sur le dos une petiteboîte de fer, montait à la hâte dans des voitures automobiles etles « Grosses-Têtes » donnaient des ordres brefs quiétaient aussitôt exécutés… Partout un violent et retentissantfracas faisait trembler le sol.

J’interrogeai un de nos gardiens. Il m’appritque l’armée de Razaïou se portait à la rencontre des Cococytes…

– Ne pourrions-nous faire partie del’expédition ? demandai-je…

– Le Grand Razaïou m’a justement prié devous amener au Palais.

Nous partîmes donc pour la montagne et le roides Martiens nous reçut aussitôt.

En quelques mots, il nous mit au courant de lasituation et nous fit comprendre qu’il serait heureux de nous voirà ses côtés pendant la guerre… Pour nous flatter, sans doute, ilajouta que nous pourrions lui être d’une grande utilité…

Le docteur ne se souciait guère de partir encampagne juste au moment où il allait mettre au point son appareilde télégraphie sans fil, mais il lui fut impossible de déclinerl’aimable invitation de Razaïou.

Le soir, nous nous mettions en route.

Razaïou et son état-major occupaient uneautomobile blindée ; le docteur, Fred et moi nous suivionsdans une autre en compagnie de cinq« Grosses-Têtes »…

L’armée nous avait précédés.

Un service de transports merveilleusementréglé avait, en quatre jours, emmené vers le Sud près de cinqmillions de Martiens.

J’étais assez curieux de savoir de quellefaçon les belligérants en viendraient aux mains – aux tentaculesplutôt – je supposais que ce serait surtout un combatd’automobiles, une charge foudroyante de véhicules lancés à toutevitesse les uns contre les autres, mais je me trompais, comme on vale voir…

Après trois jours de marche, nous nousarrêtâmes dans une plaine immense, qui était couverte detroupes.

Nous avions rejoint l’armée.

Razaïou monta sur un observatoire métalliqueet nous le vîmes explorer longuement l’horizon.

Enfin, une automobile arriva à toute vitesseet ceux qui la montaient poussèrent ce cri :

– Ozaia ! Ozaia ! (Lesvoici !… les voici !…)

Le Roi demeura à son poste et donna sesdernières instructions.

Nous remarquâmes alors que les troupesmartiennes se formaient sur trois lignes ; derrière ceslignes, un carré de cinq cent mille soldats environ se tenait prêtà donner en cas de besoin.

J’étais monté avec le docteur sur la premièreplateforme de l’observatoire de Razaïou et je distinguais trèsnettement une bande noire qui s’avançait vers nous.

Les Cococytes approchaient.

Soudain une lueur verdâtre courut sur laplaine et nous aperçûmes des nains qui tournoyaient et s’abattaientdans toutes les directions.

L’action était engagée. Mais de quels enginsse servaient donc les soldats ?

On ne les voyait faire aucun mouvement, onn’entendait aucun bruit et cependant la mort fauchait des rangéesentières de combattants.

Un « Mégalocéphale » quej’interrogeai me donna l’explication de ce mystère…

Chaque soldat martien avait en main une boîtecarrée et cette boîte c’était son arme…

Il lui suffisait de presser un ressort pourqu’aussitôt s’ouvrît un petit diaphragme qui donnait passage à unrayon de feu, et telle était la puissance de ce rayon, qu’à centmètres il brûlait tout ce qu’il rencontrait… Rien n’était effrayantà voir comme ces gnomes qui s’incendiaient à distance en braquantdevant eux une sorte de kodak.

Mais il faut croire que les engins desCococytes étaient moins perfectionnés, moins puissants, car l’arméede Razaïou ne semblait point diminuer.

Ses lignes s’étaient à peine éclaircies,tandis que, dans les rangs adverses, on apercevait d’effroyablestrouées et un grand nuage de fumée noire…

Bientôt les Cococytes battirent en retraite,poursuivis par les soldats de Razaïou…

Alors la fumée augmenta, une grande chaleurarriva jusqu’à nous ; on aperçut au loin de petits foyersbrillants et ce fut tout…

Razaïou descendit de son observatoire et,sautant sur son automobile, se lança dans la direction du champ debataille… Le docteur et moi le suivions dans la voiture d’un« Mégalocéphale »…

Le lieu du combat était jonché de petits corpsnoirs, recroquevillés, tordus, affreusement calcinés, et lesvainqueurs achevaient de brûler complètement les morts pours’éviter la peine de les enterrer.

Le Grand Razaïou, après avoir contemplé avecune évidente satisfaction l’immense charnier qu’il avait devantlui, reprit le chemin de Musiolii, suivi d’une nuéed’automobiles.

Un peu avant d’entrer dans la ville, il mitpied à terre et fit, au milieu de ses troupes, une entréetriomphale…

Les Martiens du Nord avaient, en quelquesheures, écrasé ceux du Sud !

*

**

Le docteur se remit immédiatement autravail.

Enfin, un jour, il me dit :

– Ce soir, monsieur Borel… nous allonstenter une grande expérience… Aidez-moi à transporter tout cetattirail en plein air… Quand la Terre commencera à briller… je luienverrai ma première dépêche……

Et, comme j’avais l’air incrédule, ilajouta :

– Oui… je communiquerai avec la Terre.Puisque les ondes électriques se comportent à travers l’espace defaçon analogue aux ondes lumineuses… il n’y a donc rien quis’oppose à ce que je réussisse… Voyez mon appareil… Voici mesélectrodes, ma bobine d’induction, il ne nous reste plus qu’àélever notre antenne. Si mon appareil est trop faible, j’enconstruirai un autre ; je puis en faire un énorme,gigantesque, prodigieux, car ces petits Martiens sont d’habilesouvriers… Voyez le fini de ces pièces… je n’ai eu qu’à fournir desdessins et un ingénieur les a fait exécuter…

Une heure après, le docteur Oméga, le cœurbattant d’émotion, s’installait devant ses électrodes…

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