Oedipe

Oedipe Scène III

OEDIPE, ICARE, PHORBAS.

 

OEDIPE.

Ah! Phorbas, approchez!

ICARE.

Ma surprise est extrême:
Plus je le vois, et plus… Ah! seigneur, c’est lui-même;
C’est lui.

PHORBAS, à ICARE.

Pardonnez-moi si vos traits inconnus…

ICARE.

Quoi! du mont Cithéron ne vous souvient-il plus?

PHORBAS.

Comment?

ICARE.

Quoi! cet enfant qu’en mes mains vous remîtes;
Cet enfant qu’au trépas…

PHORBAS.

Ah! qu’est-ce que vous dites?
Et de quel souvenir venez-vous m’accabler?

ICARE.

Allez, ne craignez rien, cessez de vous troubler:
Vous n’avez en ces lieux que des sujets de joie.
Oedipe est cet enfant.

PHORBAS.

Que le ciel te foudroie!
Malheureux! qu’as-tu dit?

ICARE, à OEDIPE.

Seigneur, n’en doutez pas:
Quoi que ce Thébain dise, il vous mit dans mes bras:
Vos destins sont connus, et voilà votre père…

OEDIPE.

O sort qui me confond! ô comble de misère!
(A Phorbas.)
Je serais né de vous? le ciel aurait permis
Que votre sang versé…

PHORBAS.

Vous n’êtes point mon fils.

OEDIPE.

Eh quoi! n’avez-vous point exposé mon enfance?

PHORBAS.

Seigneur, permettez-moi de fuir votre présence,
Et de vous épargner cet horrible entretien.

OEDIPE.

Phorbas, au nom des dieux, ne me déguise rien.

PHORBAS.

Partez, seigneur, fuyez vos enfants et la reine.

OEDIPE.

Réponds-moi seulement; la résistance est vaine.
Cet enfant, par toi-même à la mort destiné,
(En montrant Icare.)
Le mis-tu dans ses bras?

PHORBAS.

Oui, je le lui donnai.
Que ce jour ne fut-il le dernier de ma vie!

OEDIPE.

Quel était son pays?

PHORBAS.

Thèbe était sa patrie.

OEDIPE.

Tu n’étais point son père?

PHORBAS.

Hélas! il était né
D’un sang plus glorieux et plus infortuné.

OEDIPE.

Quel était-il enfin?

PHORBAS se jette aux genoux du roi.

Seigneur, qu’allez-vous faire?

OEDIPE.

Achève, je le veux.

PHORBAS.

Jocaste était sa mère.

ICARE.

Et voilà donc le fruit de mes généreux soins?

PHORBAS.

Qu’avons-nous fait tous deux?

OEDIPE.

Je n’attendais pas moins.

ICARE.

Seigneur…

OEDIPE.

Sortez, cruels, sortez de ma présence;
De vos affreux bienfaits craignez la récompense:
Fuyez; à tant d’horreurs par vous seuls réservées,
Je vous punirais trop de m’avoir conservé.

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