Oedipe

Oedipe Scène IV

OEDIPE.

Le voilà donc rempli cet oracle exécrable
Dont ma crainte a pressé l’effet inévitable!
Et je me vois enfin, par un mélange affreux,
Inceste et parricide, et pourtant vertueux.
Misérable vertu, nom stérile et funeste,
Toi par qui j’ai réglé des jours que je déteste,
A mon noir ascendant tu n’as pu résister:
Je tombais dans le piège en voulant l’éviter.
Un dieu plus fort que toi m’entraînait vers le crime;
Sous mes pas fugitifs il creusait un abîme;
Et j’étais, malgré moi, dans mon aveuglement,
D’un pouvoir inconnu l’esclave et l’instrument.
Voilà tous mes forfaits; je n’en connais point d’autres.
Impitoyables dieux, mes crimes sont les vôtres,
Et vous m’en punissez!… Où suis-je? Quelle nuit
Couvre d’un voile affreux la clarté qui nous luit?
Ces murs sont teints de sang; je vois les Euménides
Secouer leurs flambeaux vengeurs des parricides;
Le tonnerre en éclats semble fondre sur moi;
L’enfer s’ouvre… O Laïus, ô mon père! est-ce toi?
Je vois, je reconnais la blessure mortelle
Que te fit dans le flanc cette main criminelle.
Punis-moi, venge-toi d’un monstre détesté,
D’un monstre qui souilla les flancs qui l’ont porté.
Approche, entraîne-moi dans les demeures sombres;
J’irai de mon supplice épouvanter les ombres.
Viens, je te suis.

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