Aventures de Lyderic

Chapitre 9

 

En même temps que Gunther félicitait sa sœur de sonaccouchement, il invita Lyderic à venir le voir avec Chrimhildeaussitôt qu’elle pourrait supporter le voyage, lui disant qu’ilavait des choses de la plus haute importance à lui communiquer.

Lyderic communiqua la lettre à sa femme : elle avait de soncôté grand désir de revoir son frère, de sorte que, comme, grâce àson bon naturel, elle avait oublié l’orgueilleux accueil de lareine Brunehilde, elle fut la première à l’inviter à revenir passerquelque temps à la cour du roi Gunther. Quant à la vieilleprincesse, elle eut bien quelque peine d’abord à donner sonconsentement à cette nouvelle absence, mais on lui promit de luilaisser son petit-fils, ce qui la détermina à ne plus s’opposer audépart de Lyderic et de Chrimhilde, qu’elle aimait maintenant àl’égal d’une fille.

Le comte de Flandre, au reste, s’était d’autant plus facilementdéterminé à laisser son fils à la vieille princesse, que Gunther nelui ayant pas même dit dans sa lettre que Brunehilde fût enceinte,il craignait de lui inspirer des regrets plus vifs encore en luirappelant sans cesse par la vue de son enfant qu’il avait été plusheureux que lui.

Lyderic et Chrimhilde partirent donc seuls pour la capitale desHiglands.

Ils furent reçus par Gunther avec les démonstrations de la joiela plus vive ; la fière Brunehilde elle-même parut contente deles recevoir, et, en apercevant Lyderic, son visage se couvritd’une vive rougeur, car elle ne pouvait oublier ce baiser quil’avait réveillée et dont elle n’avait jamais parlé à son mari.

De son côté, Lyderic avait jugé inutile de raconter à Gunthercette circonstance de son ambassade ; de sorte que Guntherattribuait la rougeur de Brunehilde à la joie qu’elle avait derevoir ses anciens amis.

Aussitôt que Lyderic et Gunther se trouvèrent seuls, ce qui netarda point, car tous deux en cherchaient l’occasion, Lydericdemanda à Gunther quelles étaient les choses importantes dont ilavait à l’entretenir.

Alors Gunther raconta à Lyderic une histoire étrange.

La nuit de ses noces, Brunehilde avait détaché sesjarretières ; avec l’une elle avait lié les mains de son mari,avec l’autre les pieds, et l’avait accroché à un faisceau d’armesqui était scellé dans la muraille, puis elle s’était couchéetranquillement.

Gunther alors avait voulu crier et appeler au secours ;aussitôt Brunehilde s’était relevée et l’avait si cruellementbattu, que le pauvre diable avait fini par promettre qu’il setiendrait tranquille et muet toute la nuit.

Sur cette promesse, Brunehilde s’était recouchée et avait dormitout d’une traite jusqu’au jour.

Au jour, elle s’était réveillée, et, touchée des supplicationsde Gunther, elle l’avait décroché.

Depuis lors, chaque nuit, la princesse en avait usé avec luicomme la première fois, seulement elle le battait plus cruellementencore.

Il ne restait d’autre ressource à Gunther que de se sauver lesoir dans une pièce voisine de la chambre nuptiale, et de s’ybarricader à double tour.

Telles étaient les choses importantes que Gunther avait àconfier à son ami Lyderic.

Ce ne fut pas sans raison que Gunther avait compté sur sonami.

Lyderic réfléchit un instant à ce qu’il venait d’entendre ;puis, posant la main sur l’épaule de Gunther :

– Sois tranquille, lui dit-il, et ce soir, quand les pageset les serviteurs se seront retirés, au lieu de sortir par laporte, ferme-la en dedans, et souffle la lampe, le reste meregarde. Je t’ai déjà soutenu dans les trois premières épreuves, jene t’abandonnerai pas dans la dernière.

– Tu seras donc là ? demanda Gunther.

– Je serai là, répondit Lyderic.

– Mais comment saurai-je que tu y es ?

– Je te parlerai à l’oreille, comme j’ai fait au château deSégard. Gunther se jeta dans les bras de son ami, lui jurant qu’iln’oublierait jamais ce dernier service, le plus grand de tous ceuxqu’il lui avait rendus.

La journée se passa en fêtes ; le roi et la reine desHiglands avaient l’air d’être au mieux ensemble ; aussi toutle monde déplorait-il la stérilité de leur union, seul nuage quipût obscurcir le ciel d’un aussi bon ménage, Brunehilde consentantà paraître la servante le jour, pourvu qu’elle fût la maîtressependant la nuit.

Le soir arriva sans que Brunehilde se doutât en rien du complotqui était tramé contre elle.

Quand l’heure de se retirer fut venue, Lyderic conduisitChrimhilde à sa chambre, et, lui disant qu’il avait à causerd’affaires d’État avec Gunther, il la laissa seule, contre sonhabitude.

Cet abandon momentané fit grande peine à Chrimhilde ; maisson âme, à elle, était faite de dévouement, comme celle deBrunehilde était faite d’orgueil, et, lorsque Lyderic lui eut ditque cette absence avait pour but de rendre un grand service à sonfrère, elle ne retint plus son mari.

En conséquence, Lyderic passa dans la chambre voisine, mit sursa tête le casque qui rend invisible, et s’achemina vers la chambredu roi.

La porte en était ouverte.

Comme d’habitude, des pages et des serviteurs, portant chacunune torche à la main, venaient de conduire leurs souverains danscette chambre témoin depuis un an de si étranges choses.

Lyderic se glissa parmi eux, et, voyant que le roi regardaitavec inquiétude, il s’approcha de lui en disant :

– Me voilà.

Dès lors le visage de Gunther reprit toute sa sérénité, et sonregard cessa de s’arrêter malgré lui sur le malencontreux faisceaud’armes, auquel il devait les plus mauvaises nuits qu’il eûtpassées de sa vie.

À l’heure habituelle, les serviteurs et les pages se retirèrent,emportant les flambeaux et ne laissant qu’une seule lampeallumée.

Alors Brunehilde, qui jusque-là avait gardé l’apparence d’unefemme soumise, se leva fièrement, et, avec la démarche d’une reine,s’avança vers son mari.

Mais celui-ci, ayant demandé tout bas à Lyderic s’il était là,et en ayant reçu une réponse affirmative, s’élança vers la porte,et, l’ayant fermée à la clef, mit la clef dans sa poche, au lieu des’enfuir comme il en avait l’habitude.

Brunehilde frappa Gunther si rudement, qu’il alla tomber sur latable où était la lampe, la renversa, et qu’il l’éteignit ; desorte que la chambre se trouva dans l’obscurité.

– Tu vois ? dit tout bas Gunther à Lyderic.

– Oui, répondit Lyderic ; et maintenant, mets-toi dansun coin et laisse-moi faire.

Alors Lyderic s’avança à la place de Gunther, et, commeBrunehilde crut que c’était toujours son mari, et que, parexpérience, elle avait appris à connaître sa supériorité sur lui,elle voulut lui saisir les mains pour les lui lier comme elle avaitdéjà fait.

Mais cette fois les choses ne se passèrent pas ainsi que decoutume, et, au contraire, ce fut Lyderic qui prit Brunehilde parles poignets et qui les lui lia avec le ceinturon ; puis ilattacha Brunehilde au faisceau d’armes et disparut.

En sortant, ses pieds rencontrèrent un léger obstacle près de laporte.

Il se baissa pour voir ce que c’était et ramassa quelque chosede soyeux.

Quand il fut arrivé à la lumière, il reconnut la ceinture queBrunehilde portait ordinairement, et dans laquelle, suivant sonhabitude, se trouvait passé un large anneau d’or à sesarmoiries.

En rentrant chez lui, Lyderic trouva Chrimhilde fortinquiète.

Alors, comme il n’avait point de secret pour elle, il luiraconta ce qui venait de se passer, et lui montra l’anneau et laceinture qu’il avait trouvés.

Chrimhilde les voulut avoir.

Lyderic s’y refusa un instant ; puis, comme il vit que sonrefus ne faisait qu’augmenter les désirs de sa femme, il lui donnal’anneau et la ceinture en la priant de ne jamais dire d’où ils luivenaient.

Chrimhilde le lui promit, et dans ce moment sans doute elleavait l’intention de tenir sa promesse.

Le lendemain, du plus loin que Gunther aperçut Lyderic, il allaà lui et lui serra la main d’un air triomphant ; quant àBrunehilde, elle parut au contraire honteuse et attristée, et commene pouvant se pardonner la victoire que son mari avait remportéesur elle.

Avec la faiblesse de la femme, ses petites passions étaientaussi venues à Brunehilde, et cette haine instinctive qu’elle avaitressentie pour Chrimhilde s’augmenta bientôt au point que les deuxfemmes ne pouvaient se rencontrer sans échanger l’une avec l’autredes paroles piquantes.

Sur ces entrefaites, des troubles éclatèrent dans le nord dupays des Higlands, et Gunther fut obligé de quitter sa capitalepour aller les apaiser.

Il prit donc congé de Lyderic et de Chrimhilde, laissant àBrunehilde le soin de remplir envers eux les devoirs del’hospitalité.

Mais Brunehilde ne se vit pas plutôt seule, qu’elle traitaLyderic et Chrimhilde avec une hauteur à laquelle ni l’un nil’autre n’étaient habitués.

Ce n’était rien pour Lyderic, qui croyait savoir la cause de cemépris apparent ; mais il n’en était point ainsi deChrimhilde, qui ressentait doublement, pour elle et pour son mari,les insultes qu’on lui faisait.

Enfin, les insultes lui devinrent insupportables, et ellerésolut de s’en venger.

Alors, comme vint le saint jour du dimanche, sans rien dire àson mari de ce qu’elle allait faire, elle passa à son doigtl’anneau et serra autour de sa taille la ceinture que Lyderic avaittrouvés chez Brunehilde pendant la nuit où il avait lutté avecelle, et, étant partie pour l’église en même temps que Brunehilde,au moment d’y entrer, elle prit le pas sur elle. Alors Brunehildel’arrêta.

– Depuis quand, lui dit-elle, la vassale prend-elle le passur la reine ?

– Depuis, répondit Chrimhilde, que je porte cette ceintureet cet anneau.

À ce geste, Brunehilde jeta un cri et tomba évanouie entre lesbras de ses femmes ; quant à Chrimhilde, elle entra avecassurance dans l’église et s’agenouilla à la place d’honneur.

Mais elle n’y fut pas plutôt, qu’elle se rappela qu’elle avaitmanqué à la promesse qu’elle avait faite à son mari, et qu’ellecalcula avec effroi quelles pouvaient être les suites terribles desa désobéissance : aussi, à peine le saint sacrifice de lamesse fut-il terminé, qu’elle rentra au palais, et qu’ayant ététrouver Lyderic elle le supplia de partir à l’instant même, nepouvant pas, lui dit-elle, endurer plus longtemps les humiliationsque lui faisait subir sa belle-sœur.

Lyderic, qui n’était point fâché de mettre un terme à toutes cesdissensions, fixa son départ au lendemain, et se présenta chezBrunehilde pour prendre congé d’elle.

Mais Brunehilde refusa de le recevoir, et Lyderic, prenant cerefus pour une nouvelle insulte, au lieu d’attendre le lendemain,partit le soir, sans même écrire à Gunther pour lui apprendre lacause de son départ.

Quelques jours s’étaient écoulés à peine depuis que Lyderic etChrimhilde avaient quitté la capitale des Higlands, lorsque Gunthery rentra, après avoir heureusement apaisé les troubles quil’avaient appelé dans le nord de ses États.

Son premier soin fut de se rendre auprès de la reine ;mais, au lieu de la voir toute joyeuse ainsi qu’il s’y attendait,il la retrouva en larmes, et, comme il s’avançait vers elle pour laserrer dans ses bras, elle tomba à ses genoux, en lui demandantvengeance contre Lyderic.

– Qu’a-t-il donc fait ? demanda Gunther étonné.

– Sire, répondit Brunehilde, il m’a insultée gravement, etvous a insulté plus gravement encore ; car, s’étant procuré,je ne sais comment, la ceinture et l’anneau que vous m’avez dérobéspendant la nuit, il les a donnés à Chrimhilde, en lui disant quec’était lui qui me les avait pris : et vous savez bien lecontraire, monseigneur, puisque vous avez été un an sans me lespouvoir enlever.

Gunther devint très pâle, car il crut qu’il avait été trahi parLyderic ; et relevant sa femme.

– C’est bien, lui répondit-il, mais n’avez-vous parlé decela à personne ?

– À personne qu’à vous, monseigneur, dit Brunehilde.

– Eh bien ! continuez d’être aussi discrète, réponditGunther, et, sur mon âme, vous serez vengée.

Et Brunehilde, la fière reine, se releva à demi consolée, à laseule idée de vengeance que lui promettait Gunther.

Cependant, comme Gunther était brave, sa première idée fut de sevenger bravement en accusant Lyderic de mensonge et en l’appelanten combat particulier ; mais aussi, comme il connaissait, pourles avoir éprouvés à son profit, la force et le courage de Lyderic,il résolut de prendre, avant d’en venir à ce combat, toutes lesprécautions que pouvait lui offrir la prudence réunie à laloyauté.

La plus urgente de ces précautions était de se procurer unearmure à l’épreuve de la lance et de l’épée ; mais, ne s’enrapportant à personne du choix de cette armure, il se mit un matinen route pour aller la commander lui-même au forgeron Mimer.

Au bout de cinq ou six jours de marche, Gunther arriva donc à laforge, où il trouva Mimer, Hagen et les autres compagnons, quicontinuaient de forger les plus belles et les plus fortes armes quise pussent voir.

Gunther leur expliqua minutieusement son armure telle qu’il lavoulait, et promit de la payer un tel prix que maître Mimer et sescompagnons, voulant de leur côté faire de leur mieux, demandèrent àGunther contre qui il voulait se servir de cette armure, afin d’enproportionner la force à celle de l’adversaire qu’ils devaientconnaître, quel qu’il fût, tous les chevaliers de l’Occident sefournissant chez eux.

Gunther répondit que cet adversaire était Lyderic, premier comtede Flandre.

Alors Mimer secoua la tête, et comme Gunther lui demandait ceque signifiait ce geste :

– Seigneur chevalier, répondit-il, vous avez là uneméchante besogne : il n’y a si bonne armure qui puisse vousdéfendre contre l’épée Balmung, qui a été forgée sur cette enclumepar Lyderic lui-même, et il n’y a si bonne épée qui puisse blesserLyderic, car il a tué le dragon dont le sang rend invulnérable, et,comme le chevalier Achille, il n’y a qu’une place du corps où onpuisse le frapper, car il s’est baigné dans le sang du dragon, et,à l’exception d’un endroit où est tombée une feuille de tilleul, ila tout le corps couvert d’une écaille qui, toute fine qu’elle est,est plus impénétrable que le plus impénétrable acier.

– Et à quel endroit cette feuille est-elle tombée ?demanda Gunther.

– Voilà ce que j’ignore, répondit le forgeron.

Alors Hagen, le premier compagnon, qui, comme on se le rappelle,avait donné à Mimer le conseil d’envoyer Lyderic à la Forêt-Noire,s’avança et dit à Gunther :

– Sire chevalier, avec les traîtres, il faut agirtraîtreusement. Si vous voulez me donner la moitié de la somme dontvous comptiez payer l’armure, et donner l’autre moitié à maîtreMimer, je me charge de vous débarrasser de Lyderic, et, quand ilsera mort, vous conquerrez ses États.

– Et quel moyen comptez-vous employer pour cela ?

– Cela me regarde, monseigneur ; rapportez-vous-en àmoi, répondit Hagen.

– Eh bien ! soit, dit Gunther, faites comme vousl’entendrez ; voici la moitié de la somme que je comptaismettre à l’armure, l’autre moitié vous sera payée quand vousm’aurez débarrassé de Lyderic.

C’est ainsi que fut fait le pacte entre Gunther, roi desHiglands, le forgeron Mimer et son premier compagnon Hagen.

Le même jour, Gunther repartit pour sa capitale, et Hagen, ayantpris son long bâton à la main et portant son paquet sur son dos,s’achemina vers le château de Buck.

Il y arriva le troisième jour, et demanda à parler au comteLyderic ; et Lyderic, ayant appris qu’un voyageur demandait àlui parler, ordonna que ce voyageur fût amené devant lui.

À peine l’eut-il aperçu, qu’il reconnut Hagen, le premiercompagnon de maître Mimer.

Comme Lyderic avait une mémoire tout à fait oublieuse du mal, ilreçut admirablement bien Hagen, et lui demanda ce qui l’amenait àsa cour.

Hagen répondit que, s’étant pris de querelle avec maître Mimerpour affaires de son état, il l’avait quitté, et que, s’étantrésolu d’aller offrir ses services comme armurier à quelque nobleseigneur, il avait pensé avant tout à son ancien camarade de forge,et venait en toute humilité mettre ses petits moyens à sadisposition.

Or, comme Lyderic savait que Hagen était, après maître Mimer, lepremier armurier qui existât, il le retint à l’instant même à sonservice, et lui confia la surveillance de toutes ses forges et detoutes ses armureries.

Cette importante acquisition fut vue d’un très bon œil par toutle monde, excepté par Peters, car il connaissait le mauvais naturelde Hagen et la haine qu’il portait à son maître ; mais Lydericne fit que rire de ses inquiétudes, et Hagen fut installé auchâteau dans l’emploi qui avait été créé pour lui.

Quelques jours après, Lyderic reçut de Gunther une lettre quilui annonçait que l’insurrection avait fait de tels progrès dansses États, qu’il le suppliait de venir à son secours avec sesmeilleurs chevaliers.

À l’instant même, Lyderic, oubliant la mésintelligence quirégnait entre les deux reines, ordonna que tout fût prêt le plustôt possible, et commanda à ses cent meilleurs hommes d’armes des’appareiller de leur mieux pour l’accompagner dans le royaume desHiglands.

Cet ordre avait répandu la joie dans le comté de Flandre, car,pour ces hommes de fer, la guerre était une fête ; il n’yavait que la vieille princesse et Chrimhilde qui, l’une parpressentiment maternel, et l’autre par connaissance du caractère deson frère, virent avec peine cette excursion.

Or, il arriva que Chrimhilde, ayant exposé assez haut sescraintes pour être entendue de Hagen, celui-ci s’approcha d’elle etlui dit :

– Noble dame, je sais ce qui cause vos inquiétudes :votre époux est invulnérable par tout le corps, excepté en un seulendroit où est tombée une feuille de tilleul, et vous craignezqu’il ne soit frappé justement en cet endroit ; mais, si vousvoulez faire une marque à son vêtement à cet endroit, je le suivraipar-derrière, et j’écarterai tous les coups qui pourraient lemenacer.

Chrimhilde accueillit cette offre comme une inspiration du ciel,remercia Hagen, et promit qu’elle broderait une petite croix sur lapartie de l’habit qui couvrait la partie vulnérable, afin que Hagenpût défendre cette partie.

C’était tout ce que voulait celui-ci.

Au jour fixé, Lyderic et ses cent hommes d’armes étaientprêts ; et, selon son habitude, le comte de Flandre n’avaitd’autre arme que son épée : il était vêtu d’un pourpoint quelui avait fait Chrimhilde, et sur lequel, au-dessous de l’épaulegauche, était brodée une petite croix.

Au moment du départ, Peters vint supplier le comte de ne pointemmener Hagen ; mais Hagen, dans une guerre, était un hommetrop précieux par son habileté à fabriquer et à réparer les armes,pour que Lyderic s’en privât : aussi ne fit-il que rire descraintes de Peters, et constitua-t-il Hagen intendant général deson armurerie.

Lyderic prit congé de sa mère et de sa femme, avec sa confianceordinaire dans la fortune : il avait l’épée Balmung, dont ilconnaissait la trempe ; il avait le fouet d’or du roi desNiebelungen ; enfin il avait le casque qui rendinvisible : c’était, avec son courage, des garanties plus quesuffisantes pour la victoire.

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