Scène V
Jocaste,Étéocle,Antigone,Créon,Attale
Attale
Polynice, Seigneur, demande uneentrevue ;
C’est ce que d’un héraut nous apprend lavenue.
Il vous offre, Seigneur, ou de venir ici,
Ou d’attendre en son camp.
Créon
Peut-être qu’adouci
Il songe à terminer une guerre si lente,
Et son ambition n’est plus si violente.
Par ce dernier combat il apprendaujourd’hui
Que vous êtes au moins aussi puissant quelui.
Les Grecs mêmes sont las de servir sacolère,
Et j’ai su depuis peu que le roi sonbeau-père,
Préférant à la guerre un solide repos,
Se réserve Mycène, et le fait roi d’Argos.
Tout courageux qu’il est, sans doute il nesouhaite
Que de faire en effet une honnêteretraite.
Puisqu’il s’offre à vous voir, croyez qu’ilveut la paix.
Ce jour la doit conclure ou la rompre àjamais.
Tâchez dans ce dessein de l’affermirvous-même,
Et lui promettez tout, hormis le diadème.
Étéocle
Hormis le diadème, il ne demande rien.
Jocaste
Mais voyez-le du moins.
Créon
Oui, puisqu’il le veut bien
Vous ferez plus tout seul que nous ne saurionsfaire,
Et le sang reprendra son empire ordinaire.
Étéocle
Allons donc le chercher.
Jocaste
Mon fils, au nom des dieux,
Attendez-le plutôt. Voyez-le dans ceslieux.
Étéocle
Eh bien, Madame, eh bien ! qu’il vienne,et qu’on lui donne
Toutes les sûretés qu’il faut pour sapersonne.
Allons.
Antigone
Ah ! si ce jour rend la paix auxThébains,
Elle sera, Créon, l’ouvrage de vos mains.