Le Jardin des supplices

Chapitre 1

 

 

– Pourquoi ne m’avez-vous pas encoreparlé de notre chère Annie ?… Ne lui avez-vous pas appris monarrivée ici ?… Est-ce qu’elle ne viendra pasaujourd’hui ?… Est-ce qu’elle est toujours belle ?

– Comment ?… Vous ne savezpas ?… Mais Annie est morte, cher petit cœur…

– Morte ! m’écriai-je… Ce n’est paspossible… Vous voulez me taquiner…

Je regardai Clara. Divinement calme et jolie,nue dans une transparente tunique de soie jaune, elle étaitmollement couchée sur une peau de tigre. Sa tête reposait parmi descoussins, et de ses mains, chargées de bagues, elle jouait avec unelongue mèche de ses cheveux déroulés. Un chien du Laos, aux poilsrouges, dormait auprès d’elle, le museau sur sa cuisse, une pattesur son sein.

– Comment ?… reprit Clara… vous nesaviez pas ?… Comme c’est drôle !

Et, toute souriante, avec des étirements desouple animal, elle m’expliqua :

– Ce fut quelque chose d’horrible,chéri ! Annie est morte de la lèpre… de cette lèpre effrayantequ’on appelle l’éléphantiasis… Car tout est effrayant ici… l’amour,la maladie… la mort… et les fleurs !… Jamais je n’ai tant,tant pleuré, je vous assure… Je l’aimais tant, tant ! Et elleétait si belle, si étrangement belle !… Elle ajouta, dans unlong et gracieux soupir :

– Jamais plus nous ne connaîtrons le goûtsi âpre de ses baisers !… C’est un grand malheur !

– Alors… c’est donc vrai ?…balbutiai-je… Mais comment cela est-il arrivé ?

– Je ne sais… Il y a tant de mystèresici… tant de choses qu’on ne comprend pas… Toutes les deux, nousallions souvent, le soir, sur le fleuve… Il faut vous dire qu’il yavait alors dans un bateau de fleurs… une bayadère de Bénarès… uneaffolante créature, chéri, à qui des prêtres avaient enseignécertains rites maudits des anciens cultes brahmaniques… C’estpeut-être cela… ou autre chose… Une nuit que nous revenions dufleuve, Annie se plaignit de très vives douleurs à la tête et auxreins. Le lendemain, son corps était tout couvert de petites tachespourprées… Sa peau, plus rose et d’une plus fine pulpe que la fleurde l’althæa se durcit, s’épaissit, s’enfla, devint d’un griscendreux… de grosses tumeurs, de monstrueux tubercules lasoulevèrent. C’était quelque chose d’épouvantable. Et le mal qui,d’abord, s’était attaqué aux jambes, gagna les cuisses, le ventre,les seins, le visage… Oh ! son visage, son visage !…Figurez-vous une poche énorme, une outre ignoble, toute grise,striée de sang brun… et qui pendait et qui se balançait au moindremouvement de la malade… De ses yeux – ses yeux, cher amour ! –on ne voyait plus qu’une mince boutonnière rougeâtre et suintante…Je me demande encore si c’est possible !

Elle enroula autour de ses doigts la mèchedorée. Dans un mouvement, la patte du chien endormi, ayant glissésur la soie, découvrit entièrement le globe du sein qui darda sapointe, rose comme une jeune fleur.

– Oui, je me demande encore, parfois, sije ne rêve pas… dit-elle.

– Clara… Clara ! suppliai-je, éperdud’horreur… ne me dites plus rien… Je voudrais que l’image de notredivine Annie restât intacte dans mon souvenir… Comment ferai-je,maintenant, pour éloigner de ma pensée ce cauchemar ?…Ah ! Clara, ne dites plus rien, ou parlez-moi d’Annie, quandelle était si belle… quand elle était trop belle !…

Mais Clara ne m’écoutait pas. Ellepoursuivit : – Annie s’isola… se claustra dans sa maison,seule avec une gouvernante chinoise qui la soignait… Elle avaitrenvoyé toutes ses femmes et ne voulait plus voir personne… pasmême moi… Elle fit venir les plus habiles praticiens d’Angleterre…En vain, vous pensez bien… Les plus célèbres sorciers du Thibet,ceux-là qui connaissent les paroles magiques et ressuscitent lesmorts, se déclarèrent impuissants… On ne guérit jamais de ce mal,mais on n’en meurt pas non plus… C’est affreux !… Alors ellese tua… Quelques gouttes de poison, et ce fut fini de la plus belledes femmes.

L’épouvante me clouait les lèvres. Je regardaiClara, sans avoir l’idée d’une seule parole.

– J’ai appris de cette Chinoise, continuaClara, un détail vraiment curieux… et qui m’enchante… Vous savezcombien Annie aimait les perles… Elle en possédait d’incomparables…les plus merveilleuses, je crois, qui fussent au monde… Vous voussouvenez aussi avec quelle sorte de joie physique, de spasmecharnel, elle s’en parait… Eh bien, malade, cette passion lui étaitdevenue une folie… une fureur… comme l’amour !… Toute lajournée, elle se plaisait à les toucher, à les caresser, à lesbaiser ; elle s’en faisait des coussins, des colliers, despèlerines, des manteaux… Mais il arriva cette choseextraordinaire : les perles mouraient sur sa peau… elles seternissaient d’abord, peu à peu… peu à peu s’éteignaient… aucunelumière ne se reflétait plus en leur orient… et, en quelques jours,atteintes de la lèpre, elles se changeaient en de menues boules decendre… Elles étaient mortes… mortes comme des personnes, mon cheramour… Saviez-vous qu’il y eût des âmes dans les perles ?…Moi, je trouve cela affolant et délicieux… Et, depuis, j’y pensetous les jours…

Après un court silence, elle reprit :

– Et ce n’est pas tout !… Maintesfois, Annie avait manifesté le désir d’être emportée, quand elleserait morte, au petit cimetière des Parsis… là-bas… sur la collinedu Chien Bleu… Elle voulait que son corps fût déchiré par le becdes vautours… Vous savez combien elle avait des idées singulièreset violentes en toutes choses !… Eh bien, les vautoursrefusèrent ce festin royal, qu’elle leur offrait… Ilss’éloignèrent, en poussant d’affreux cris, de son cadavre… Ilfallut le brûler…

– Mais, pourquoi ne m’avez-vous pas écrittout cela ? reprochai-je à Clara. Avec des gestes lents etcharmants, Clara lissa l’or roux de ses cheveux, caressa lafourrure rouge du chien qui s’était réveillé, et elle ditnégligemment :

– Vraiment ?… Je ne vous avais rienécrit de tout cela ?…

Vous êtes sûr ?… Je l’ai oublié sansdoute… Pauvre Annie ! Elle dit encore :

– Depuis ce grand malheur… tout m’ennuieici… Je suis trop seule… Je voudrais mourir… mourir… moi aussi… ah,je vous assure !… Et si vous n’étiez pas revenu, je crois bienque je serais déjà morte…

Elle renversa sa tête sur les coussins,agrandit l’espace nu de sa poitrine…, et avec un sourire… unétrange sourire d’enfant et de prostituée, tout ensemble :

– Est-ce que mes seins vous plaisenttoujours ?… Est-ce que vous me trouvez toujours belle ?…Alors, pourquoi êtes-vous parti si… si longtemps ? Oui… oui…je sais… ne dites rien… ne répondez rien… je sais… Vous êtes unepetite bête, cher amour !…

J’aurais bien voulu pleurer ; je ne lepus… J’aurais bien voulu parler encore ; je ne le pusdavantage…

Et nous étions dans le jardin, sous le kiosquedoré, où des glycines retombaient en grappes bleues, en grappesblanches ; et nous finissions de prendre le thé… D’étincelantsscarabées bourdonnaient dans les feuilles, des cétoines vibraientet mouraient au cœur pâmé des roses, et, par la porte ouverte, ducôté du nord, nous voyions se lever d’un bassin, autour duqueldormaient des cigognes dans une ombre molle et toute mauve, leslongues tiges des iris jaunes, flammés de pourpre.

Tout à coup, Clara me demanda :

– Voulez-vous que nous allions donner àmanger aux forçats chinois ?… C’est très curieux… trèsamusant… C’est même la seule distraction vraiment originale etélégante que nous ayons, dans ce coin perdu de la Chine…Voulez-vous, petit amour ?…

Je me sentais fatigué, la tête lourde, toutmon être envahi par la fièvre de cet effrayant climat… De plus, lerécit de la mort d’Annie m’avait bouleversé l’âme… Et, la chaleur,au-dehors, était mortelle comme un poison… – J’ignore ce que vousme demandez, chère Clara… mais je ne suis pas remis de ce longvoyage à travers les plaines et les plaines… les forêts et lesforêts… Et ce soleil… je le redoute plus que la mort !… Etpuis, j’aurais tant voulu être tout à vous… et que vous fussieztout à moi, aujourd’hui…

– C’est cela !… Si nous étions enEurope, et que je vous eusse demandé de m’accompagner aux courses,au théâtre, vous n’auriez pas hésité… Mais c’est bien plus beau queles courses.

– Soyez bonne !… Demain,voulez-vous ?

– Oh ! demain… répondit Clara, avecdes moues étonnées et des airs de doux reproche… toujoursdemain !… Vous ne savez donc pas que c’est impossibledemain ?… Demain ?… mais c’est tout à fait défendu… Lesportes du bagne sont fermées… même pour moi… On ne peut donner àmanger aux forçats que le mercredi ; comment ne le savez-vouspas ?… Si nous manquons cette visite aujourd’hui, il nousfaudra attendre, toute une longue, longue semaine… Comme ce seraitennuyeux !… Toute une semaine, pensez donc !… Venez,petite chiffe adorée… oh ! venez, je vous en prie… Vous pouvezbien faire cela pour moi…

Elle se souleva à demi, sur les coussins… Latunique écartée laissa voir, plus bas que la taille, entre lesnuages de l’étoffe, des coins de sa chair ardente et rose. D’unebonbonnière d’or, posée sur un plateau de laque, elle tira, du boutde ses doigts, un cachet de quinine, et, m’ordonnant dem’approcher, elle le porta, gentiment, à mes lèvres.

– Vous verrez comme c’est passionnant…tellement passionnant !… Vous n’avez pas idée, chéri… Et commeje vous aimerai mieux ce soir !… comme je t’aimerai follement,ce soir !… Avale, cher petit cœur… avale… Et comme j’étaistoujours triste, hésitant, pour vaincre mes dernières résistances,elle dit, avec des lueurs sombres, dans ses yeux…

– Écoute !… J’ai vu pendre desvoleurs en Angleterre, j’ai vu des courses de taureaux et garrotterdes anarchistes en Espagne… En Russie, j’ai vu fouetter par dessoldats, jusqu’à la mort, de belles jeunes filles… En Italie, j’aivu des fantômes vivants, des spectres de famine déterrer descholériques et les manger avidement… J’ai vu, dans l’Inde, au bordd’un fleuve, des milliers d’êtres, tout nus, se tordre et mourirdans les épouvantes de la peste… À Berlin, un soir, j’ai vu unefemme que j’avais aimée la veille, une splendide créature enmaillot rose, je l’ai vue, dévorée par un lion, dans une cage…Toutes les terreurs, toutes les tortures humaines, je les ai vues…C’était très beau !… Mais je n’ai rien vu de si beau…comprends-tu ?… que ces forçats chinois… c’est plus beau quetout !… Tu ne peux pas savoir… je te dis que tu ne peux passavoir… Annie et moi, nous ne manquions jamais un mercredi… Viens,je t’en prie !

– Puisque c’est si beau, ma chère Clara…et que cela vous fait tant de plaisir… répondis-jemélancoliquement… allons donner à manger aux forçats…

– Vrai, tu veux bien ?…

Clara manifesta sa joie, en tapant dans sesmains, comme un baby à qui sa gouvernante vient depermettre de torturer un petit chien. Puis elle sauta sur mesgenoux, caressante et féline, m’entoura le cou de ses bras… Et sachevelure m’inonda, m’aveugla le visage de flammes d’or et degrisants parfums…

– Que tu es gentil… cher… cher amour…Embrasse mes lèvres… embrasse ma nuque… embrasse mes cheveux… cherpetit voyou !… Sa chevelure avait une odeur animale sipuissante et de si électriques caresses que son seul contact, surma peau, me faisait instantanément oublier fièvres, fatigues etdouleurs… et je sentais aussitôt circuler, galoper en mes veinesd’héroïques ardeurs et des forces nouvelles…

– Ah ! comme nous allons nousamuser, chère petite âme… Quand je vais aux forçats… ça me donne levertige… et j’ai, dans tout le corps, des secousses pareilles à del’amour… il me semble, vois-tu… il me semble que je descends aufond de ma chair… tout au fond des ténèbres de ma chair… Ta bouche…donne-moi ta bouche… ta bouche… ta bouche… ta bouche !…

Et leste, preste, impudique et joyeuse, suiviedu chien rouge qui bondissait, elle alla se remettre aux mains desfemmes, chargées de l’habiller…

Je n’étais plus très triste, je n’étais plustrès las… Le baiser de Clara, dont j’avais, sur les lèvres, le goût– comme un magique goût d’opium –, insensibilisait mes souffrances,ralentissait les pulsations de ma fièvre, éloignait jusqu’àl’invisible l’image monstrueuse d’Annie morte… Et je regardai lejardin d’un regard apaisé…

Apaisé ?… Le jardin descendait en pentesdouces, orné partout d’essences rares et de précieuses plantes… Uneallée d’énormes camphriers partait du kiosque où j’étais,aboutissait à une porte rouge, en forme de temple, qui donnait surla campagne… Entre les branches feuillues des arbres gigantesquesmasquant, à gauche, la vue, j’apercevais, par places, le fleuve quiluisait, comme de l’argent poli, sous le soleil… J’essayai dem’intéresser aux multiples décorations du jardin… à ses fleursétranges, à ses monstrueuses végétations… Un homme traversal’allée, qui conduisait en laisse deux panthères indolentes… Ici,au milieu d’une pelouse, se dressait un immense bronze,représentant je ne sais quelle divinité, obscène et cruelle… Là,des oiseaux, grues à manteau bleu, toucans à gorge rouge del’Amérique tropicale, faisans vénérés, canards casqués et cuirassésd’or, vêtus de pourpres éclatantes comme d’antiques guerriers,longirostres multicolores, cherchaient l’ombre, au bord desmassifs… Mais, ni les oiseaux, ni les fauves, ni les Dieux, ni lesfleurs ne pouvaient fixer mon attention, ni le bizarre palais qui,à ma droite, entre les cedrèles et les bambous, superposait sesclaires terrasses garnies de fleurs, ses balcons ombreux et sestoits coloriés… Ma pensée était ailleurs… très loin, très loin…par-delà les mers et les forêts… Elle était en moi… sombrée en moi…au plus profond de moi !…

Apaisé ?…

À peine Clara eut-elle disparu derrière lesfeuillages du jardin que le remords d’être là me saisit… Pourquoiétais-je revenu ?… À quelle folie, à quelle lâcheté avais-jedonc obéi ?… Elle m’avait dit un jour, vous vous souvenez, surle bateau : « Quand vous serez trop malheureux, vous vousen irez ! »… Je me croyais fort de tout mon passé infâme…et je n’étais, en effet, qu’un enfant débile et inquiet…Malheureux ?… Ah oui ! je l’avais été, jusqu’aux pirestortures, jusqu’au plus prodigieux dégoût de moi-même… Et j’étaisparti !… Par une ironie vraiment persécutrice, j’avaisprofité, pour fuir Clara, du passage à Canton d’une missionanglaise – j’étais décidément voué aux missions – qui allaitexplorer les régions peu connues de l’Annam… C’était l’oubli,peut-être… et peut-être la mort. Durant deux années, deux longueset cruelles années, j’avais marché… marché… Et ce n’avait été nil’oubli, ni la mort… Malgré les fatigues, les dangers, la fièvremaudite, pas un jour, pas une minute, je n’avais pu me guérir del’affreux poison qu’avait déposé, dans ma chair, cette femme dontje sentais que ce qui m’attachait à elle, que ce qui me rivait àelle, c’était l’effrayante pourriture de son âme et ses crimesd’amour, qui était un monstre, et que j’aimais d’être unmonstre !… J’avais cru – l’ai-je cru vraiment ? – merelever par son amour… et voilà que j’étais descendu plus bas, aufond du gouffre empoisonné dont, quand on en a une fois respirél’odeur, on ne remonte jamais plus. Souvent, au fond des forêts,hanté de la fièvre, après les étapes – sous ma tente –, j’avais crutuer, par l’opium, la monstrueuse et persistante image… Et l’opiumme l’évoquait plus formelle, plus vivante, plus impérieuse quejamais… Alors, je lui avais écrit des lettres folles, injurieuses,imprécatoires, des lettres où l’exécration la plus violente semêlait à la plus soumise adoration… Elle m’avait répondu deslettres charmantes, inconscientes et plaintives, que je trouvais,parfois, dans les villes et les postes où nous passions… Elle-mêmese disait malheureuse de mon abandon… pleurait, suppliait… merappelait. Elle ne trouvait pas d’autres excuses quecelle-ci : « Comprends donc, mon chéri – m’écrivait-elle–, que je n’ai pas l’âme de ton affreuse Europe… Je porte, en moi,l’âme de la vieille Chine, qui est bien plus belle… Est-ce désolantque tu ne puisses te faire à cette idée ? »… J’appris,ainsi, par une de ses lettres, qu’elle avait quitté Canton où ellene pouvait plus vivre sans moi, pour venir avec Annie habiter uneville plus au sud de la Chine, « qui étaitmerveilleuse »… Ah ! comment ai-je pu si longtempsrésister au mauvais désir d’abandonner mes compagnons et de gagnercette ville maudite et sublime, ce délicieux et torturant enfer, oùClara respirait, vivait… en des voluptés inconnues et atroces, dontje mourais maintenant de ne plus prendre ma part… Et j’étais revenuà elle, comme l’assassin revient au lieu même de son crime…

Des rires dans le feuillage, de petits cris…un bondissement de chien… C’était Clara… Elle était vêtue, moitié àla chinoise, moitié à l’européenne… Une blouse de soie mauve pâle,semée de fleurs à peine dorées, l’enveloppait de mille plis, touten dessinant son corps svelte et ses formes pleines… Elle avait ungrand chapeau de paille blonde, au fond duquel son visageapparaissait, pareil à une fleur rose dans de l’ombre claire… Etses petits pieds étaient chaussés de peau jaune…

Quand elle entra dans le kiosque, ce fut commeune explosion de parfums…

– Vous me trouvez drôlement fagotée,n’est-ce pas ?… Ô l’homme triste d’Europe, qui n’a pas ri, uneseule fois, depuis qu’il est de retour… Est-ce que je ne suis pasbelle ?…

Comme je ne me levais pas du divan où jem’étais allongé :

– Vite ! vite !… mon chéri… Caril faut que nous fassions le grand tour… Je mettrai mes gants enroute… Allons… Venez !… Non… non… pas vous !…ajouta-t-elle, en repoussant doucement le chien qui jappait,bondissait, frétillait de la queue…

Elle appela un boy et lui recommanda de noussuivre avec le panier à viande et la petite fourche.

– Ah ! m’expliqua-t-elle… trèsamusant !… Un amour de panier tressé par le meilleur vannierde la Chine… et la fourche… tu vas voir, une amour de petitefourche dont les dents sont de platine incrusté d’or, et le manchede jade vert… vert comme le ciel aux premières lueurs du matin…vert comme étaient les yeux de la pauvre Annie !… Allons nefaites pas cette vilaine figure d’enterrement, chéri… et venezvite… vite…

Et nous nous mîmes en marche par le soleil,par l’affreux soleil qui noircissait l’herbe, fanait toutes lespivoines du jardin, et me pesait au crâne, ainsi qu’un lourd casquede plomb.

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