Chapitre 11
La nuit suivante, je me rendis sous le vieux chêne. Ellyss’élança à ma rencontre comme si j’avais été déjà une vieilleconnaissance. Je ne la craignais plus, comme la veille ;j’étais presque heureux de la retrouver et n’essayais même pas devoir clair en moi-même. J’avais seulement envie de voler encoreplus loin au-dessus d’étranges contrées.
Le bras d’Ellys m’enlaça de nouveau et nous nous détachâmes dusol.
« Allons en Italie, lui soufflai-je à l’oreille.
— Où tu voudras, mon bien-aimé », répondit-elle d’une voix douceet grave.
Elle tourna son visage et il ne me parut plus aussi transparentque la veille ; il y avait en même temps quelque chose de plusféminin et de plus sérieux, et qui me rappelait l’être charmantentrevu à l’aube, au moment de nous quitter.
« Cette nuit est une grande nuit, reprit ma compagne. Elle estrare…, seulement lorsque sept fois treize… — là-dessus, quelquesmots m’échappèrent, — les secrets se dévoilent à cette heure…
— Ellys ! suppliai-je. Qui es-tu ? Dis-le-moienfin ! »
Elle leva son bras blanc sans répondre. La trace rouge d’uneplanète brillait au ciel noir, à l’endroit qu’elle désignait de sonindex tendu, au milieu des petites étoiles.
« Comment dois-je te comprendre ?… Est-ce que, pareille àcette comète qui navigue entre les planètes et le soleil, tunavigues entre les hommes et… et quoi ? »
Mais sa main me couvrit soudain les yeux… comme si la brumelaiteuse d’une humide vallée m’avait frappé au visage…
« En Italie !… En Italie ! chuchota-t-elle. Cette nuitest une grande nuit !… »