Les Aventures de Tom Sawyer

Chapitre 34

 

En l’espace de cinq minutes, la nouvelle serépandit dans le village. Une douzaine de barques, chargéesd’hommes, se détachèrent du rivage et furent bientôt suivies par levieux bac rempli de passagers. Tom Sawyer avait pris place dans lamême embarcation que le juge Thatcher. Dès que l’on eut ouvert laporte de la grotte, un triste spectacle s’offrit à la vue des gensréunis dans la demi-obscurité de l’entrée. Joe l’Indien gisait,mort, sur le sol, le visage tout près d’une fente de la porte commes’il avait voulu regarder la lumière du jour jusqu’à son derniersouffle. Tom fut ému car il savait par expérience ce que le banditavait dû souffrir ; néanmoins, il éprouva une telle impressionde soulagement qu’il comprit soudain au milieu de quelles sourdesangoisses il avait vécu, depuis sa déposition à la barre destémoins.

On retrouva près du cadavre le couteau de Joebrisé en deux. Le grand madrier à la base du portail présentait desmarques d’entailles multiples et laborieuses. Labeur bien inutile,car le roc où il s’appuyait formait un rebord sur lequel le couteauavait fini par se briser. Si la pierre n’avait pas fait obstacle,et si le madrier avait été retiré, cela n’eût rien changé carjamais Joe l’Indien n’aurait pu passer sous la porte, et il lesavait. Il avait tailladé le bois pour faire quelque chose, pourpasser le temps interminable, pour oublier sa torture. D’ordinaire,on découvrait toujours dans la grotte des quantités de bouts dechandelle laissés par les touristes. Cette fois, on n’en trouvaaucun, car Joe les avait mangés pour tromper sa faim. Il avaitégalement mangé des chauves-souris dont il n’avait laissé que lesgriffes.

Non loin de là, une stalagmite s’élevait,lentement édifiée à travers les âges par l’eau qui coulait goutte àgoutte d’une stalactite. Le prisonnier avait brisé la pointe de lastalagmite et y avait placé une pierre dans laquelle il avaitcreusé un trou pour recueillir la goutte précieuse qui tombait làtoutes les trois minutes avec la régularité d’une clepsydre. Unecuillerée en vingt-quatre heures. Cette goutte tombait déjà lorsqueles Pyramides furent construites, lorsque Troie succomba, lorsquel’Empire romain fut fondé, lorsque le Christ fut crucifié, lorsqueGuillaume le Conquérant créa l’Empire britannique, lorsqueChristophe Colomb mit à la voile, lorsqu’eut lieu le massacre deLexington. Elle tombe encore. Elle continuera de tomber lorsquetout ce qui nous entoure aura sombré dans la nuit épaisse del’oubli. Tout sur cette terre a-t-il un but, un rôle à jouer pourle futur ? Cette goutte n’est-elle tombée patiemment pendantcinq mille ans que pour étancher la soif d’un malheureuxhumain ? Aura-t-elle une autre mission à accomplir dans dixmille ans ? Peu importe. Bien des années se sont écouléesdepuis que le malheureux métis a creusé la pierre pour capter lesprécieuses gouttes. Mais ce sont désormais cette pierre, cettegoutte d’eau auxquelles s’attarde le plus le touriste, quand ilvient voir les merveilles de la grotte MacDougal. La « Tassede Joe l’Indien » a évincé le « Palais d’Aladin »lui-même.

Joe l’Indien fut enterré à proximité de lagrotte. On vint pour l’occasion de plus de quinze kilomètres à laronde. Les gens arrivèrent en charrettes, à pied, en bateau. Lesparents amenèrent leurs enfants. On apporta des provisions, et lesassistants reconnurent qu’ils avaient pris autant de bon temps auxobsèques du bandit qu’ils en eussent pris à son supplice.

Ceci eut au moins un avantage, celui de mettrefin à la demande de pétition adressée au gouverneur pour le recoursen grâce du criminel. Cette pétition avait déjà réuni de nombreusessignatures et on avait formé un comité d’oies blanches chargéesd’aller pleurnicher en grand deuil auprès du gouverneur, del’implorer d’être un généreux imbécile et de fouler ainsi sondevoir aux pieds. Joe l’Indien avait probablement le meurtre decinq personnes sur la conscience. La belle affaire ! S’ilavait été Satan lui-même, il y aurait encore eu assez de poulesmouillées prêtes à griffonner une pétition de recours en grâce et àtirer une larme de leur fontaine toujours disposée à couler.

Le lendemain de l’enterrement, Tom emmena Huckdans un endroit désert afin d’avoir avec lui une importanteconversation. Grâce à la veuve Douglas et au Gallois, Huck était aucourant de tout ce qu’avait fait Tom pendant sa maladie, mais ilrestait certainement une chose qu’il ignorait et c’était d’elle queson ami voulait l’entretenir. La tristesse se peignit sur le visagede Huck.

« Tom, dit-il, je sais de quoi tu veux meparler. Tu es entré au numéro 2 et tu n’y as vu que du whisky. Jesais bien que c’est toi qui as découvert le pot aux roses et jesais bien aussi que tu n’as pas trouvé l’argent, sans quoi tu teserais arrangé pour me le faire savoir, même si tu n’avais rien ditaux autres. Tom, j’ai toujours eu l’impression que nous nemettrions jamais la main sur ce magot.

– Tu es fou, Huck. Ce n’est pas moi quiai dénoncé l’aubergiste. Tu sais très bien que la taverne avaitl’air normale le jour où je suis allé au pique-nique. Tu ne terappelles pas non plus que cette nuit-là tu devais monter lagarde ?

– Oh ! si. Il me semble qu’il y ades années de cela. C’est cette nuit-là que j’ai suivi Joe l’Indienjusque chez la veuve.

– Tu l’as suivi ?

– Oui, mais tu ne le diras à personne. Ilse peut très bien que Joe ait encore des amis et je ne veux pasqu’on vienne me demander des comptes. Sans moi, il serait au Texasà l’heure qu’il est. »

Alors Huck raconta ses aventures à Tom quin’avait entendu que la version du Gallois.

« Tu vois, fit Huck, revenu par ce détourau sujet qui les occupait, celui qui a découvert du whisky aunuméro 2 a découvert aussi le trésor et l’a barboté… En tout cas,mon vieux Tom, je crois que nous pouvons en faire notre deuil.

– Huck, je vais te dire une chose :cet argent n’a jamais été au numéro 2 !

– Quoi ! Aurais-tu donc retrouvé latrace du trésor, Tom ?

– Huck, le coffre est dans lagrotte. »

Les yeux de Huck brillèrent.

« Tu en es sûr ?

– Oui, absolument.

– Tom, c’est vrai ? Tu n’es pas entrain de te payer ma tête ?

– Non, Huck. Je te le jure sur tout ceque j’ai de plus cher. Veux-tu aller à la grotte avec moi etm’aider à en sortir le coffre ?

– Tu penses ! J’y vais tout desuite. À une condition pourtant. C’est que tu me promettes que nousne nous perdrons pas.

– Mais non, tu verras. Ce sera simplecomme bonjour.

– Sapristi ! Mais qu’est-ce qui tefait dire que l’argent…

– Huck, attends que nous soyons là-bas.Si nous ne trouvons pas le coffre, je te jure que je te donne montambour et tout ce que je possède. Je le jure !

– Entendu… J’accepte. Quand yvas-tu ?

– Maintenant, si le cœur t’en dit. Tesens-tu assez fort ?

– Est-ce que c’est loin à l’intérieur dela grotte ? Je me suis levé il y a trois jours et j’ai encoredes jambes de coton. Je ne pourrais pas faire plus d’un kilomètreou deux.

– Il y a une dizaine de kilomètres enpassant par où tout le monde passe. Mais moi, je connais un fameuxraccourci. Je suis même le seul à le connaître. Tu verras. Jet’emmènerai et te ramènerai en bateau. Tu n’auras pratiquement rienà faire.

– Alors, partons tout de suite, Tom.

– Si tu veux. Il nous faut du pain, unpeu de viande, nos pipes, un ou deux petits sacs, deux ou troispelotes de ficelle à cerf-volant et une boîte de ces nouvellesallumettes qu’on vend chez l’épicier. »

Un peu après midi, les deux garçons« empruntèrent » la barque d’un brave villageois absentet se mirent en route. Lorsqu’ils furent à quelques kilomètresau-delà du « creux de la grotte », Tom dit àHuck :

« Tu vois la falaise en face. Il n’y a nimaison, ni bois, ni buisson, rien. Ça se ressemble pendant deskilomètres et des kilomètres. Mais regarde là-bas, cette tacheblanche. Il y a eu là un éboulement de terrain. Ça me sert de pointde repère. Nous allons aborder. »

C’est ce qu’ils firent.

« Maintenant, mon petit Huck, fit Tom,cherche-moi ce trou par lequel je suis sorti avec Becky. On va voirsi tu y arrives. »

Au bout de quelques minutes, Huck s’avouavaincu. Tom écarta fièrement une touffe de broussailles etdécouvrit une petite excavation.

« Nous y voilà ! s’écria-t-il.Regarde-moi ça, Huck ! C’est ce qu’il y a de plus beau dans lepays. Toute ma vie, j’ai rêvé d’être brigand, mais je savais quepour le devenir il me fallait dénicher un endroit comme celui-là.Nous l’avons maintenant et nous ne le dirons à personne, à moinsque nous ne prenions Joe Harper et Ben Rogers avec nous. Bienentendu, il va falloir former une bande, sans quoi ça neressemblerait à rien. La bande de Tom Sawyer… Hein, avoue que çasonne bien ! Avoue que ça a de l’allure, non ?

– Si, tout à fait. Et qui allons-nousdévaliser ?

– Oh ! presque tout le monde. Tousceux qui tomberont dans nos embuscades. C’est encore ce qu’il y ade mieux.

– Et nous les tuerons ?

– Non. Nous les garderons dans la grottejusqu’à ce qu’ils paient une rançon.

– Qu’est-ce que c’est que ça, unerançon ?

– C’est de l’argent. Tu obliges les gensà demander à leurs amis tout ce qu’ils peuvent donner et, au boutd’un an, s’ils n’ont pas réuni une somme suffisante, tu les tues.En général, c’est comme cela que ça se passe. Seulement, on ne tuepas les femmes. On s’arrange pour les faire taire. C’est tout.Elles sont toujours belles et riches et elles ont une peur bleuedes voleurs. On leur prend leur montre et leurs bijoux, maistoujours après avoir enlevé son chapeau et en leur parlantpoliment. Il n’y a pas plus poli que les voleurs. Tu verras ça dansn’importe quel livre. Alors, elles tombent amoureuses de toi et,après deux ou trois semaines dans la grotte, elles s’arrêtent depleurer et ne veulent plus te quitter. Si tu les chasses, ellesreviennent. Je t’assure que c’est comme ça dans tous leslivres.

– Dis donc, Tom, mais c’est épatant cettevie-là. Je crois que ça vaut encore mieux que d’être pirate.

– Oui, ça vaut mieux dans un sens parcequ’on n’est pas loin de chez soi et qu’on peut aller aucirque. »

Sur ce, les deux camarades, ayant débarquétout ce qu’il leur fallait, pénétrèrent dans le trou. Tom ouvraitla marche. Ils fixèrent solidement leur ficelle et, après avoirlongé le couloir, arrivèrent au petit ruisseau. Tom ne put réprimerun frisson. Il montra à Huck les restes de sa dernière chandelle etlui expliqua comment Becky et lui avaient vu expirer la flamme.Oppressés par le silence et l’obscurité du lieu, les deux garçonsreprirent leur marche sans mot dire et ne s’arrêtèrent qu’àl’endroit où Tom avait aperçu Joe l’Indien. À la lueur de leurschandelles, ils constatèrent qu’ils étaient au bord d’une sorte defaille, profonde de dix mètres à peine.

« Huck, fit Tom à voix basse, je vais temontrer quelque chose. Tu vois là-bas ? Là, juste sur le grosrocher. C’est dessiné avec la fumée.

– Tom, mais c’est une croix !

– Et maintenant, où est ton numéro2 ? Sous la croix, hein ? C’est exactement là que j’ai vuJoe brandir sa chandelle. »

Huck contempla un instant l’emblème sacré etfinit par dire d’une voix tremblante :

« Tom, allons-nous-en !

– Quoi ! Tu veux laisser letrésor ?

– Oui, ça m’est égal. Le fantôme de Joel’Indien rôde sûrement par ici.

– Mais non, Huck, mais non. Il rôde là oùJoe est mort. C’est à l’entrée de la grotte, à une dizaine dekilomètres d’ici.

– Non, Tom, le fantôme n’est pas loin. Ildoit tourner autour du trésor. Je m’y connais en fantômes, et toiaussi pourtant. »

Tom commença à redouter que son ami n’eûtraison, mais soudain, une idée lui traversa l’esprit.

« Écoute, Huck, nous sommes des idiots,toi et moi. Le fantôme de Joe ne peut pas rôder là où il y a unecroix. »

L’argument était de poids. Huck en fut toutébranlé.

« J’avoue que je n’avais pas pensé àcela, Tom. Mais tu as raison. Nous avons finalement de la chancequ’il y ait cette croix. Allons, il faut essayer de descendre et dedénicher le coffre. »

À l’aide de son couteau, Tom se mit en devoirde tailler des marches grossières dans l’argile. Les deux garçonsfinirent par atteindre le fond de la faille. Quatre galeriess’ouvraient devant eux. Ils en examinèrent trois sans résultat. Àl’entrée de la quatrième, tout contre le rocher marqué d’une croix,ils découvrirent un réduit qui leur avait échappé tout d’abord. Surle sol était étendue une paillasse avec des couvertures. Unevieille paire de bretelles gisait dans un coin ainsi qu’une couennede bacon et un certain nombre d’os de volaille à demi rongés. Maisnulle trace de coffre ! Tom et Huck eurent beau chercher, ilsne trouvèrent rien.

« Dis donc, Huck, fit notre héros, Joeavait dit : « sous la croix ». Or, nous ne pouvonspas être plus près de la croix que nous le sommes en ce moment.D’un autre côté, je ne pense pas que le trésor soit enfoui sous lerocher, parce que ça doit être impossible de creuser dans lapierre. »

Ils cherchèrent une fois de plus, puiss’assirent, découragés.

« Hé, Huck, fît Tom au bout d’un moment,il y a des empreintes de pied par ici et des taches de suif. Çafait presque le tour du rocher mais ça s’arrête brusquement. Ildoit bien y avoir une raison à cela. Moi, je parie que le coffreest enterré au pied du rocher. Je vais creuser l’argile. On verrabien.

– Ce n’est pas une mauvaise idée »,fit Huck.

Tom sortit son couteau. À peine avait-ilcreusé quelques centimètres que la lame heurta un morceau debois.

« Huck ! Tu asentendu ? »

Huck se mit à creuser à son tour. Les deuxcompères eurent tôt fait de découvrir et de déplacer les quelquesplanches qui formaient comme une trappe. Cette trappe, elle-même,dissimulait une excavation naturelle sous le rocher. Tom s’yfaufila, tendit sa chandelle aussi loin qu’il put, mais sansapercevoir l’extrémité de la faille. Il voulut aller plus avant,passa sous le rocher ; l’étroit sentier descendait par degrés.Tom en suivit les contours, tantôt à droite, tantôt à gauche, Hucksur ses talons. Soudain, après un tournant très court, Toms’exclama :

« Mon Dieu, Huck, regarde-moiça ! »

C’était bien le coffre au trésor, niché dansun joli creux de roche. À côté, on pouvait voir un baril de poudrecomplètement vide, deux fusils dans leur étui de cuir, deux outrois paires de mocassins, une ceinture et divers objets endommagéspar l’humidité.

« Enfin, il est à nous ! s’écriaHuck en se précipitant vers le coffre et en enfouissant les mainsdans les dollars ternis. Nous sommes riches, mon vieuxTom !

– Huck, j’étais sûr que nous mettrions lamain dessus. C’est presque trop beau pour être vrai, hein ?Dis donc, ne nous attardons pas ici. Essayons de soulever lecoffre. »

Le coffre pesait bien vingt-cinq kilos. Tomréussit à le soulever, mais il fut incapable de le déplacer.

« Je m’en doutais, dit-il. J’ai bien vuque c’était lourd à la façon dont Joe et son complice l’ont emportéquand ils ont quitté la maison hantée. Je crois que j’ai eu raisond’emmener des sacs. »

L’argent fut transféré dans les sacs et déposéau pied du rocher marqué d’une croix.

« Maintenant, allons chercher les fusilset les autres affaires, suggéra Huck.

– Non, mon vieux. Nous en aurons besoinquand nous serons des brigands. Laissons-les où ils sont, puisquec’est là que nous ferons aussi nos orgies. C’est un joli coin pourfaire des orgies !

– Qu’est-ce que c’est, desorgies ?

– Je ne sais pas, mais les brigands fonttoujours des orgies, et nous en ferons. Allez, viens, nous sommesrestés ici assez longtemps. Il est tard, je crois. Et puis, jemeurs de faim. Nous mangerons un morceau et nous fumerons une pipedans la barque. »

Après avoir émergé des buissons de sumac etjeté un regard prudent alentour, ils trouvèrent le champ libre etregagnèrent la barque où ils se restaurèrent. Ils repartirent aucoucher du soleil. Tom longea la côte pendant le long crépuscule,tout en devisant gaiement avec Huck. Ils accostèrent à la nuittombée.

« Maintenant, dit Tom, nous irons cacherle magot dans le bûcher de la veuve. Demain matin, je monterai teretrouver. Nous compterons les dollars, nous les partagerons etnous dénicherons une cachette dans les bois où ils seront ensûreté. Pour le moment, reste ici à surveiller notre trésor. Moi,je vais filer et « emprunter » la charrette à bras deBenny Taylor. Je serai de retour dans une minute. »

En effet, Tom ne fut pas long. Il revint avecla charrette, y chargea les deux sacs, les dissimula sous de vieuxchiffons et se mit en route en remorquant sa précieusecargaison.

Comme ils passaient devant la ferme, leGallois parut sur le pas de sa porte et interpella les deuxcompères.

« Hé ! qui va là ?

– Huck et Tom Sawyer.

– Ah ! tant mieux. Venez avec moi,les enfants. Tout le monde vous attend. Allons, plus vite ! Jevais vous aider à tirer votre voiture. Tiens, tiens, mais ce n’estpas aussi léger que ça en a l’air, ce qu’il y a dedans. Qu’est-ceque c’est ? Des briques ? De la ferraille ?

– De la ferraille, dit Tom.

– Je m’en doutais. Les gars du village sedonnent plus de mal à trouver des bouts de fer qu’ils vendront dixsous, qu’ils ne s’en donneraient à travailler et à gagner ledouble. Mais quoi, la nature humaine est ainsi faite. Allons, plusvite que ça ! »

Les garçons auraient bien voulu savoirpourquoi le Gallois était si pressé.

« Vous verrez quand vous serez chez laveuve Douglas, leur déclara le vieil homme.

– Monsieur Jones, risqua Huck, un peuinquiet. Nous n’avons rien fait de mal ? »

Le Gallois éclata de rire.

« Je ne sais pas, mon petit Huck. Je nepeux pas te dire. En tout cas, la veuve Douglas et toi vous êtesbons amis, n’est-ce pas ?

– Oui, elle a été très gentille pourmoi.

– Alors, ce n’est pas la peine d’avoirpeur, pas vrai ? »

Huck n’avait pas encore répondu mentalement àcette question que Tom et lui étaient introduits dans le salon deMme Douglas par M. Jones.

La pièce était brillamment éclairée et toutesles notabilités du village se trouvaient réunies. Il y avait là lesThatcher, les Harper, les Rogers, tante Polly, Sid, Mary, lepasteur, le directeur du journal local. Tous s’étaient mis sur leurtrente et un. La veuve accueillit les deux garçons aussiaimablement qu’on peut accueillir deux individus couverts de terreglaise et de taches de suif. Tante Polly rougit de honte à la vuede son neveu et fronça les sourcils à son intention. Néanmoins,personne ne fut aussi gêné que les deux explorateurs eux-mêmes.

« Tom n’était pas encore rentré chez lui,déclara M. Jones, et j’avais renoncé à vous les ramener, quandje suis tombé par hasard sur Huck et sur lui. Ils passaient devantchez moi et je les ai obligés à se dépêcher.

– Vous avez joliment bien fait, fit laveuve. Venez avec moi, mes enfants. »

Elle les emmena dans une chambre à coucher etleur dit : « Maintenant, lavez-vous et habillez-vousproprement. Voilà deux complets, des chemises, des chaussettes,tout ce qu’il faut. C’est à Huck… Non, non, Huck. Pas deremerciements. C’est un cadeau que nous te faisons, M. Joneset moi. Oui, c’est à Huck, mais vous êtes à peu près de la mêmetaille. Habillez-vous. Nous vous attendrons. Vous descendrez quandvous serez devenus élégants. »

Sur ce, Mme Douglas seretira.

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